[Hector]

Alors que se déroulait la finale du Tournoi du Dragon, Hector avait préféré assister au tournoi de joute, certes moins populaire, qui se déroulait en parallèle, toujours accompagné d'Alric, de Blade ainsi que des deux mercenaires rencontrés quelques heures plus tôt, à savoir Kansho et Freya.

Ils en étaient alors à la première demi-finale, opposant Cioran de Courland, un jeune chevalier affilié à l'ordre de Valengaard, à Juan Orvielo, un fier tournoyeur originaire de Calderia, célèbre dans tout l'empire pour ses participations.

Alors que l'on sonna l'heure de la première charge, l'attention d'Hector fut distraite par une silhouette singulière qu'il remarqua dans le public : d'une immense stature, près de deux mètres, encapuchonné, on pouvait tout de même distinguer des cheveux blancs tomber en cascade derrière son cou. Ses yeux bleus et pâles luisaient comme ceux d'un chat en pleine nuit, et son visage semblait avoir été sculpté dans le marbre, emprunt d'une gravité et d'un charisme anciens. C'était un elfe noir, Hector en était sûr.

Le fracas des armes ramena le vieux chevalier à la réalité, et il se tourna soudain vers la piste : Juan Orvielo, le vétéran des tournois, était étendu par terre, à côté de sa lance brisée en deux, et de débris de bois provenant de son bouclier désormais fracassé. Quelques mètres plus loin, Cioran de Courland, triomphant, recevait les acclamations de la foule.

Hector applaudit légèrement d'un oeil distrait, souhaitant retrouver la trace de ce singulier Noldeor qu'il avait aperçu dans les gradins. Mais ses yeux avaient beau chercher, il semblait s'être volatilisé.

"Comment un elfe noir a-t-il pu se rendre librement jusqu'à Tir Edessa ? Nous ne sommes plus en guerre, mais ça reste suspect. Les gardes l'ont-ils vu ?"

Intrigué, il demanda à Blade de rester avec Alric. Il devait aller vérifier quelque chose.

Il partit à l'opposé de la foule, alors que la seconde demi-finale allait bientôt débuter. Son intuition lui hurlait de retrouver cet elfe, il le sentait.

Il passa un grand portique, donnant sur une rue bondée. Impossible, dans ces conditions-là, de retrouver quelqu'un. Il se décida alors à obtenir un point de vue plus élevé. Il se dirigea vers la tour de garde à côté du portique, se disant que si les gardes le reconnaissaient, ils le laisseraient certainement rester quelques minutes dessus.

Il grimpa péniblement à l'échelle sur une quinzaine de mètres, puis lorsqu'il arriva au sommet, il écarquilla des yeux. Les deux gardes postés gisaient dans une mare de sang. Il s'approcha prudemment, observant leurs blessures. Ils avaient été égorgés, par une attaque furtive apparemment. Il n'y avait aucune trace de lutte, preuve de l'efficacité des tueurs.

Il se précipita ensuite vers la rambarde pour inspecter les toits, et ce qu'il vit lui glaça le sang. Non pas un, ni deux, mais... toute une escouade d'assassins était en train de progresser à grande vitesse sur les toits de la ville. Habillés en tenues aux couleurs rouge et brunes, il les reconnut immédiatement... Les agents de la Morag Kreshna, la guilde d'assassins la plus célèbre au monde. Des Noldeor. Ils se dirigeaient droit vers l'arène impériale... où siégeait l'empereur.

Il fallait agir au plus vite. Hector descendit à toute vitesse, et se mit à bousculer tout le monde sur son chemin. Lorsqu'il retomba sur Alric et les autres, il ne perdit pas de temps et leur cria :

"À l'arène, vite ! Je n'ai pas le temps de vous expliquer !"

[Blade]

- Mais enfin, qu'est-ce que... commença Kansho, avant d'être coupé.
- Plus tard, on a pas le temps.

Blade s'était fait la même réflexion, mais il connaissait son ami. Le voir afficher une expression de stupeur pareille, ça n'annonçait vraiment rien de bon. Ils hochèrent de la tête et commencèrent leur course en direction de l'arène, avec Hector en tête du groupe.

Soudain, un énorme bruit d'explosion retentit, les faisant s'arrêter quelques instants.

- Ça venait du port ! s'écria Kansho, la tête tournée dans la direction de l'explosion.

Freya reprit sa course, du côté du port cette fois-ci. Elle posa deux doigts sur ses lèvres, puis siffla. Le son résonna dans le ciel et, après quelques instants, un cheval ailé fit son apparition. Il descendit jusqu'à elle, attendant qu'elle lui monte dessus, puis battit des ailes pour gagner en altitude. Lorsque le port fut en vue, la cavalière devint stupéfaite, horrifiée par ce qu'elle voyait.

Au delà d'un immense écran de fumée, elle pouvait apercevoir un incendie au milieu des constructions qui avaient été anéanties par l'explosion. En même temps, des soldats de l'Empire et des forces de police essayaient tant bien que mal de contenir la situation, mais la tâche était tout sauf aisée.

[Circé]

Cherchant désespérément à s'échapper du Palais, Circé avait recours à son sortilège trompeur pour duper les rares gardes qui se tenaient sur son chemin. Le livre maudit qu'elle tenait entre ses mains, pesant de tout son poids, chuchotait des vérités obscures, tandis que son esprit se débattait pour résister à l'envie d'ouvrir le tome qui l'appelait irrésistiblement. La sorcière noire ressentait une pression grandissante dans son crâne, elle qui était habituée à pactiser avec des démons et à pratiquer de sombres rituels devait maintenant lutter contre son propre instinct pour résister à l'appel insidieux de ce livre. Elle savait que céder à cette tentation sans une préparation adéquate pourrait entraîner des conséquences désastreuses.

Alors qu'elle repassait dans la salle qui abritait le corps incorruptible de Saint Vehk, Circé tourna la tête vers la précieuse relique, cherchant un soutien ou une protection dans cette situation périlleuse.

https://youtu.be/ATLA5BTFedU?t=45

- ... Le corps !
Son cœur se serra dans sa poitrine, tandis que ses yeux s'écarquillaient d'effroi. Le cadavre sacré avait disparu. La vitre protectrice qui le recouvrait avait été brisée en morceaux, et le corps du vénéré Saint Vehk, l'un des fondateurs d'Avalon, avait été dérobé sous son nez. Une goutte de sueur perla sur son front, tandis qu'une vague de panique s'emparait d'elle. Elle avait certes commis un vol sacrilège en s'emparant du livre maudit, mais quelqu'un d'autre avait osé voler un Saint, et cela dépassait tout ce qu'elle aurait pu imaginer.

[Palais impérial]

Au même moment, alors que plusieurs fuyards cherchaient à quitter le complexe avec leur butin respectif, deux soldats arrivèrent dans la salle où se situait précédemment Izumi. Ils tombèrent, horrifiés, sur l'installation pyrotechnique, ne sachant pas comment réagir.

"Oh..."

Une cuvette sembla déborder d'un liquide verdâtre, et tout s'embrasa subitement. Une terrible explosion engloutit la totalité de la salle, et une bonne partie de l'aile droite du palais.

[Arène impériale]

https://www.youtube.com/watch?v=4cPvtOfkkIM

Alors que venait de s'achever la spectaculaire finale, et que les élites se disputaient encore sur le sort à réserver à Miyu Ikeda, deux gardes arrivèrent en trombe dans la loge impériale, essoufflés.

Viktor alla directement écouter leur rapport, avant de vite retourner devant l'empereur. D'un ton calme, imperturbable, il annonça la nouvelle à Morwaydd Ier.

"Votre Majesté... Des installations explosives ont été découvertes dans la ville. Une au port, l'autre vers l'arsenal de la porte ouest... Il vous faut quitter les lieux, Tir Edessa n'est plus sûre.
- Alors Hjalmar restera avec moi. Occupez-vous d'évacuer la population, Viktor. Nous avons des milliers de personnes dans les rues, la tâche ne sera pas aisée. Je compte sur vous..."

Soudain, une première déflagration titanesque retentit, causant un mouvement de panique. Elle provenait du port.

"Trop tard ! Vite, préparez l'évacuation !" Viktor commanda alors à ses hommes d'aller faire évacuer les dizaines de milliers de personnes présentes dans l'arène, mais ces dernières avaient déjà commencé à le faire, dans une confusion et un chaos indescriptibles. Les hommes piétinaient ceux qui étaient devant eux, jouaient des coudes, se poussaient dans tous les sens... La panique avait gagné la foule.

Et la deuxième déflagration sonna, faisant sursauter même l'empereur, alors que l'hystérie redoublait. Un garde annonça qu'elle provenait de l'arsenal de la porte ouest, le plus vaste de toute la ville. Qui sait combien de soldats avaient péri dans celle-ci ?

Hjalmar ne quittait plus l'empereur des yeux, désormais. Il posait sa main sur son dos et le faisait avancer devant lui, tandis que son lieutenant Haestein ouvrait le chemin, et que le reste de la garde Varunna s'efforçait de créer un passage sécurisé pour le souverain.

"Seigneur, le palais n'est peut-être pas sûr. Il faut quitter la ville sans tarder.
- Que Tyrnal foudroie les responsables de ça... Je suis sûr que ce sont les Noldeor.
- Aucun rapport ne l'indique pour l'instant. On n'a pas vu de peaux grises ici depuis des lustres."

C'est alors qu'une troisième explosion retentit, faisant manquer un battement de cœur à l'empereur.

"Le palais est attaqué ! Celle-là provenait du palais !" hurla un garde quelques secondes après. Désormais, les dés étaient jetés. Il fallait effectivement quitter Tir Edessa.

Morwaydd se tourna alors vers le siège de sa fille, soucieux de constater qu'elle avait disparu.

"Deirena... Où est-elle ?
- Pellinor l'a emmenée avec ses gardes. C'est un crétin, votre Majesté, mais il la protègera bien. Concentrons-nous sur votre propre sécurité.
- Et les spectateurs ?
- Nous ne pouvons rien faire de plus, Viktor est parti coordonner les efforts de la garde. Si on l'aide, on ne pourra pas vous protéger.
- Alors... Les rues ne sont plus sûres. Il va falloir passer par les tunnels souterrains. L'entrée se trouve près des couloirs des combattants.
- Très bien, sire. On y va ! Dans les couloirs de l'arène !" hurla-t-il à ses hommes.

Lorsque le groupe pénétra dans ces couloirs, ils tombèrent nez à nez avec les combattants ayant participé au tournoi quelques heures plus tôt. Par précaution, les gardes Varunna formèrent une barrière humaine devant leur souverain, et montrèrent tous leurs imposantes haches en évidence pour faire passer le message.

[Miyu]

Miyu, perdue dans ses pensées et encore ressentant les séquelles de sa défaite face à Psaro, se tenait immobile dans la salle des guerriers. L'envie de prier et de demander conseil aux dieux l'avait saisie, mais son regard se posa sur la statuette sacrée de Fudo Myo-o, qui gisait brisée en morceaux de bois blanc. Sa mâchoire se crispa, ajoutant une nouvelle déception à la liste des épreuves qu'elle avait traversé. Elle contempla pendant quelques instants le visage enflammé représenté sur la statuette, son esprit rempli de questions sans réponses.

Soudain, une voix s'éleva dans son esprit, claire et impérieuse :
- Tends la main.

- Eh... Hein ?
Miyu se tourna vivement, cherchant l'origine de cette voix. Était-elle en train de devenir folle ? Ses pensées furent brutalement interrompues par une série d'explosions qui retentirent à l'extérieur, secouant la ville. Peu de temps après, l'Empereur et sa garde rapprochée firent leur entrée précipitée dans la salle. Leur air alarmé et leurs armes prêtes à l'action ne laissèrent aucun doute quant à la gravité de la situation. Quant à Psaro, le champion, il était déjà parti, laissant derrière lui une atmosphère tendue et inquiétante.

Miyu scruta les gardes de son unique œil, reconnaissant en eux des combattants redoutables. Malgré la confusion et les questions qui tourbillonnaient dans son esprit, elle n'avait aucun problème à garder son sang-froid et posa une question essentielle d'une voix calme et résolue :

- Quelle est la situation ?
Son instinct militaire reprenait le dessus, et elle se préparait à faire face à une nouvelle menace qui se profilait.

[Siegfried]

https://www.youtube.com/watch?v=b_sfgrag1wk

La succession d'explosion avait provoqué une panique générale au sein du festival. Au sein de l'arène, les forces de l'ordre avait du mal à contrôler la foule tant elle était agitée. Les spectateurs se bousculaient et ne tenaient pas compte des gens se trouvant autour d'eux.

Un citoyen en particulier se frayait un chemin à travers le public. A un moment précis, il poussa violemment un vieil homme qui tomba brusquement. Il était aveuglé par la panique et ne pensait plus qu'à sa propre survie.

Soudain, il sentit quelqu'un agrippé son bras. Il lui était devenu impossible d'avancer, car Siegfried le tenait avec force. En même temps, Ferdiad aidait le vieil homme à se relever.

- Lâche-moi putain, je veux pas crever ici !
- Et vous allez survivre, sois-en certain, parce que je suis ici. Tout comme le chef de la police, celui de la garde Varunna et même l'Empereur. Alors cesse de paniquer et récupère ton sang-froid.

Sans savoir comment l'expliquer, l'homme récupéra son calme en l'espace de quelques secondes. Le discours de Siegfried couplé à son regard bleu perçant semblaient avoir fait effet. Il prit une grande bouffée d'air, effectua un hochement de tête, puis se dirigea vers la personne qu'il avait bousculée pour l'aider à se déplacer.

- Dépêchons-nous, dit Ferdiad. J'ai entendu le sifflement de Freya un peu plus tôt. Nous devons les rejoindre.

Siegfried acquiesça, et le duo continua de se faufiler pour échapper à l'arène.

[???]

A l'extérieur de l'arène, la femme encapuchonnée se tenait au milieu du festival. Elle avait arrêté de regarder le tournoi juste avant la finale, ayant vu ce qu'elle était venu observer à l'origine. Malgré la situation alarmante, elle ne semblait pas particulièrement inquiète.

Elle aperçut une foule de gens courir dans une certaine direction, comme s'il fuyait quelque chose. Un monstre du cirque de Vaiga avait profité de la panique pour s'échapper. C'était un énorme reptile, aussi imposant qu'un rhinocéros. D'un simple coup de queue, il pulvérisa le mur d'une bâtisse située à côté d'un stand.

Le dinosaure s'arrêta subitement, apercevant un enfant en pleurs. Il s'était foulé la cheville. Incapable de s'enfuir, il regardait l'animal avec effroi, assis contre un tonneau.

A l'instant où il voulait le dévorer, la gueule du reptile ne rencontra que le baril en bois, la fracassant grâce à la puissance de sa mâchoire. La femme avait extirpé le garçon de là, le sauvant d'une mort certaine. Se tenant contre elle, il put voir que son bras droit arborer un long gantelet en or.

Très rapidement, la guerrière dégaina une immense lame dorée, probablement plus grande que la combattante elle-même. D'un redoutable coup d'épée, vif comme l'éclair, elle trancha la nuque du monstre comme dans du beurre, sa tête tombant au sol en même temps que son corps désormais sans vie.

Un chevalier arriva peu après. Son regard se tourna vers le cadavre du monstre, stupéfait.

- Mais... qui...

Silencieuse, elle s'avança vers lui et lui tendit le gamin pour qu'il puisse lui venir en aide. Elle leur tourna ensuite le dos, disparaissant comme si elle n'avait jamais été là.

[Bakuya]

Endormi depuis la fin de son duel, le bretteur fut délivré de sa torpeur lorsque l'explosion retentit, comme si son instinct de survie lui avait ordonné de se réveiller. En observant les autres combattants, et en voyant le piteux état d'Ikeda et l'absence de Psaro, il devina rapidement qui avait remporté la finale.

Encore endolori à cause de son dernier combat, il se redressa et s'appuya contre un mur, écoutant ce que les gardes royaux allaient répondre à la Générale de Yamato.

[Arène impériale]

"Reculez." menaça un garde en direction des guerriers, particulièrement envers celle qui venait de Yamato.

"Du calme Hrolf." intervint Hjalmar d'un ton autoritaire. Sa voix forte avait le don de rassurer dans cette situation confuse. Il s'avança alors, se présentant devant tous ces inconnus. Le capitaine de la garde jaugea les différents protagonistes présents dans la pièce, avant d'expliquer :

"On ne sait pas ce qui se passe. La capitale est attaquée, mais l'ennemi nous est inconnu. Nous allons passer par les souterrains, dont l'entrée se situe juste ici, dans une des cellules."

Ce n'était certainement pas très prudent de la part d'un garde du corps d'annoncer le trajet de son protégé à des inconnus, encore moins lorsqu'il s'agissait de la sécurité de l'empereur. Mais Hjalmar avait une idée derrière la tête, à vrai dire guidée par son instinct plus que par sa raison.

"Nous vous laissons le choix... Aidez-nous à escorter l'empereur en lieu sûr. Vous serez grassement rémunérés pour cela, une fois arrivés à destination. Quant à toi, ton crime te sera sûrement pardonné." fit-il en direction de Miyu.

"Si vous refusez, en revanche... Bah, on pourrait dire qu'on doit vous tuer par principe de précaution, mais nous n'avons pas de temps à perdre en réalité. L'enjeu est trop important."

[Bakuya]

Merde, j'espère que les autres vont bien...

Il dégaina son épée, l'inspectant. Elle était particulièrement abimée à cause de son duel contre Miyu. Quelques fissures pouvaient être aperçues, signifiant qu'elle ne tiendrait pas longtemps, à l'image de son porteur qui ne s'était toujours pas pleinement remis de ses blessures.

- Pas le choix, j'imagine, souffla-t-il en s'avançant près de la garde Varunna, qu'il regardait avec curiosité.

Quelle ironie tout de même. Plus tôt dans la journée, on était presque des ennemis à mort, et maintenant on est forcé de faire équipe.

Bakuya se tourna ensuite vers ses compères participants du tournoi, observant qui comptait faire de même.

[Kintaro]

Le natif de Yamato, qui était en train de se remettre de son dernier combat, ne savait pas trop quoi penser de la situation, lui qui est venu participer à ce tournoi juste pour vérifier de la véracité d'une certaine rumeur se retrouvait embarquer dans une drôle de galère. Cependant l'aspect "rémunération" que le garde venait de mentionner pouvait être intéressante si ça lui permettait d'avancer dans ses recherches. Il répondit, tout simplement:

- Je veux bien vous aider en tout cas.

[Nacho]

Le bruit assourdissant des multiples explosions mais également des cris ambiants des citoyens pris de panique avaient soudainement réveillé le gladiateur esclave. Il se frotta les yeux et mis une main sur sa tête, il souffrait d'une forte migraine. A la vue de la mystérieuse guerrière Neyrelle qu'il avait rencontré en Calderia le mois dernier, il sursauta de surprise et s'approcha d'elle d'un pas hésitant.

- Toi.. Neyrelle, c'est ça ? Je t'ai attendue tout ce temps, et puis, il se passe quoi ici ?!
- Nous n'avons pas le temps pour les questions, pour l'heure, nous devons accompagner la garde impériale et l'Empereur en personne, répondit Neyrelle avant de se retourner en direction de la garde Varunna pour confirmer sa venue. Nous...
- Attends, je dois aller voir mon Maître, le tournoi est fini, et puis j'ai entendu des explosions, si jamais... déclara le Gerudo, confus.
- Tu te soucis encore de ce vieil esclavagiste ?! Il est probablement mort, il ne manquera à personne.
- Tu as raison, pardonne moi, qu'il crève ce sale rat !
- Allons-y maintenant, il n'y a pas de temps à perdre.

[Hjalmar]

"Ha, parfait, alors on peut y aller dans ce cas !"

Le colosse du nord faisait preuve d'un enthousiasme étonnant pour de telles circonstances, alors que l'empereur arborait une mine bien sombre. Sans doute pensait-il déjà aux conséquences de cette journée. Lorsque le soleil se lèverait le lendemain, l'empire serait probablement en guerre. Restait désormais à savoir contre qui...

"Vous aurez sans doute besoin d'une aide supplémentaire."

Cette voix rocailleuse et inquiétante qui avait surgi de derrière les gardes Varunna, était celle de Scyathus, le mage stellaire. Son chapeau démesurément large luisait à travers la pénombre, le rendant immédiatement reconnaissable.

"Scyathus... souffla l'empereur. On dirait que vous aviez vu juste tout à l'heure.
- À moins qu'il en sache beaucoup sur ce qu'il se passe aujourd'hui et qu'il veuille se donner le bon rôle... Ca serait pas ça, hein ?" rétorqua Hjalmar d'un ton suspicieux.

"Je n'ai fait que révéler ce que me disent les astres, rien de plus. Si tu veux me passer les fers, Varunna, alors viens me chercher.
- Bah... On verra ça plus tard, allons-y !"

Il y avait effectivement une trappe dissimulée dans l'une des cellules, avec une échelle qui descendait de quelques mètres. Un par un, les membres de cette escouade improvisée descendirent, prenant soin que l'empereur soit au milieu. L'avant-garde de Varunna s'équipèrent de torches et ouvrirent la voie, progressant lentement à travers un environnement poisseux, humide et extrêmement sombre.

Tandis qu'il marchait juste derrière l'empereur, Hjalmar se retourna vers ceux qui étaient positionnés juste derrière lui dans la colonne, à savoir les combattants du tournoi.

"Au fait, beaux combats ! Dommage pour vous, Psaro a encore raflé la mise, mais c'était quand même beau à voir ! Toi, tu te bats comme un vrai Skaelun !" déclairait-il à Kintaro.

"Et toi... quelle bête sauvage ! Un vrai Berserker ! Dommage qu'on t'aie coupé dans ton élan..." fit-il en direction de Nacho.

[Nacho]

Le gladiateur répondit au compliment du garde impérial, il semblait confus.

"Merci. Même si en réalité je ne me souviens de presque rien... Je suppose que j'ai perdu. Ça a dû être un combat bien violent pour que j'en perde la mémoire."

Neyrelle de son côté demeurait silencieuse et concentrée en arpentant ces longs couloirs poisseux à l'odeur nauséabonde, elle ne souhaitait pas parler de la situation.

[Bakuya]

L'épéiste avait le regard dirigé vers la samurai, qui demeurait à l'écart, de son côté. Il en profita alors pour interpeller ses camarades et Hjalmar, parlant avec discrétion de sorte à ce qu'elle ne puisse pas l'entendre.

- Je n'ai pas pu voir la finale. Qu'est-ce que ça a donné ? demanda-t-il, lui qui avait été inconscient durant le match opposant Miyu à l'Exterminateur.

[Kintaro]

- Merci du compliment, répondit le guerrier en souriant. C'est vrai c'est dommage qu'il ait raflé la mise, mais c'est toujours agréable de se heurter à des murs et d'affronter plus fort que soi, mon sang bouillit rien qu'en éprouvant cette sensation.

Le guerrier espérait au fond qu'à l'avenir il pourrait de nouveau se confronter à ce Psaro.

[Hjalmar]

"Ouais, comme un vrai Berserker ! Quoique, c'était encore plus impressionnant. J'avais encore jamais vu d'effets pareils, avec les éclairs et tout... Mais tu ne t'en souviens pas." faisait-il à un Nacho assez perplexe.

"Mais la finale... Psaro a fait du Psaro ! Il l'a laissée espérer un peu, et c'est vrai qu'elle est très forte. Mais ce vieil elfe n'est pas le champion pour rien, c'est un vrai monstre." répondait-il à Bakuya quant au résultat du tournoi.

[Bakuya]

Alors il l'a battue facilement ?

- Je vois...

La réponse de Hjalmar laissa Bakuya pensif. Peut-être avait-il influencé l'issue du combat, en affaiblissant la Générale lors de leur combat. Mais de là à ce que le chef de la garde royale décrive le champion ainsi...

Par rapport aux autres participants du tournoi, lui inclus, il était à un tout autre niveau. Du moins, pour l'instant. Grâce au Tournoi du Dragon, l'épéiste avait pu se trouver de nouveaux sommets à atteindre.

Son regard se tourna ensuite vers le seul mage du groupe. Il avait un look pour le moins singulier, même pour un sorcier. C'était difficile à expliquer, mais il dégageait quelque chose de désagréable. Peut-être que Kansho, lui qui s'y connaît davantage dans les arts arcaniques, pourrait lui donner une explication précise. Mais en l'état, il préférait éviter d'avoir à faire à lui.

[Hjalmar]

Le groupe continuait à s'enfoncer dans les couloirs resserrés des catacombes. Un bruit d'eau, au départ lointain, se rapprochait petit à petit. Soudain, une source de lumière naturelle fit son apparition, et ils arrivèrent enfin dans une salle plus vaste, desquelles descendaient des dizaines de canalisations. L'odeur était évidemment infecte, mais cet espace large leur permettait au moins de s'étendre.

"Navré pour l'odeur, Majesté... On devra interdire aux citoyens de chier dans les latrines la prochaine fois."

Cela eut au moins l'effet de faire sourire le vieil empereur, peut-être pour la première fois de la journée.

Toutefois, une chose inquiétait le Skaelun. Il semblait y avoir une autre odeur, légèrement dissimulée par celle des eaux usées.

Soudain, un grognement retentit, et une immense ombre jaillit d'hors l'un des grands tunnels. L'ombre fondit sur le groupe, et d'un violent coup, envoya valser un garde Varunna.

"Ognar ! Vite, en position !" hurla alors Hjalmar, tandis que tous pouvaient dévisager l'imposante bête qui leur faisait face.
Une gueule emplie de crocs acérés, un visage de bouc déformé par trois yeux jaunes, brillants et maléfiques, une rangée de cornes longues et effilées... Et par dessus tout, un corps de char d'assaut aussi bien bipède que quadrupède. C'était un fiellon. Normalement trouvable dans les forêts lointaines de Valdarin, celui-ci se trouvait juste devant eux... dans les égouts de la capitale.

Hjalmar avait sa hache en main. Il aurait adoré tenter ce défi et aller occire la bête en d'autres circonstances, mais il devait avant tout veiller sur l'empereur, et rester prudent.

[Nacho]

Le Gerudo fut surpris par l'imposante bête à la musculature surhumaine qui se dressait devant lui, il n'avait jamais vu ce genre de créature en Calderia, elle ne devait certainement pas être friande de la sécheresse des plaines arides de la région. Il dégaina ses deux cimeterres et approcha le monstre d'un pas assuré, ouvrant la marche du groupe. Il effectuait quelques pas chassés pour jauger la créature et voir sa réaction avant de finalement bondir dans sa direction pour essayer de lui trancher les pattes.

De son côté Neyrelle déploya son bouclier ainsi que son sabre mais restait en arrière pour le moment.

[Bakuya]

- Putain, qu'est-ce qu'il fout là ?! s'écria instantanément Bakuya, qui se posait réellement la question.

Suivant l'exemple du gladiateur, il se déplaça sur le flanc gauche du monstre, et tenta de lui trancher les cotes d'un coup d'épée à l'horizontal.

[Miyu]

La Samurai ne montra aucune réaction devant la monstruosité qui se dressait devant elle. Si elle n'avait pas déjà connu la défaite auparavant, son visage aurait sans doute arboré un sourire triomphant. Yamato, plongé depuis près d'un siècle dans une guerre incessante, était habitué aux brèches qui se formaient entre l'Abysse et le monde réel, et les batailles étaient souvent ponctuées de tentatives d'invasions démoniaques, voire menées directement contre les démons.

- C'est comme ça que sonne le bonheur.

Sa voix était calme, mais sa mise en garde arriva trop tard, car l'instant d'après, une salve de projectiles en plomb fusait en direction de la créature, provoquant un vacarme assourdissant. Son autre main restait fermement posée sur le manche de son katana, prête à intervenir si la situation venait à se dégrader davantage.