[Nacho]

Sentant qu'il commençait à avoir l'avantage, Nacho continuait son assaut puis éjecta son adversaire en arrière d'un puissant coup de pied au niveau du thorax pour le faire reculer et le déstabiliser. Il le fixa un instant puis lui fit signe de venir.

[Kintaro]

Trainant des pieds en arrière sur quelques mètres, Kintaro serrait les dents, ayant senti le coup, mais il en fallait plus pour le vaincre. Néanmoins il ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire à l'idée d'affronter un puissant combattant. Il en oublierait presque la supposée raison de sa venue, sauf que l'arène en elle-même le ramena à la réalité. Pour répondre à sa provocation, il tenait fermement sa hache, il fit un bond en direction de son adversaire, tentant de le frapper avec un coup de hache horizontal.

[Nacho]

Constatant que son adversaire répondit à sa provocation, Nacho esquissa un léger sourire et se préparait à le recevoir avec ses lames.
Cependant, le temps d'un instant, il perdit le contrôle de son corps et sa vue se brouillait légèrement. Il aperçut au loin une forme étrange se dessiner jusqu'à progressivement laisser place à un loup au pelage sombre et ensanglanté, couvert de blessures. Ses pupilles jaunes luisaient intensément et fixait le gladiateur au loin.

"Fils." Le loup ne dit qu'un mot, par la pensée, un seul, avant de disparaître subitement.

Nacho reprit ses esprits à temps et esquiva de justesse le coup porté par son opposant, cependant, il reçut une légère coupe au niveau de son torse, du sang se mit à couler, colorant le sable de rouge sous ses pieds.

"Merde, mais, qu'est-ce que c'était..." baragouina le guerrier blessé.

Cette situation provoqua la colère sur le visage de son maître, Eladio, qui observait l'affrontement depuis les gradins aux côtés des autres familles de nobles.

[Kintaro]

Le guerrier de Yamato, profitant de la situation, continua donc du coup d'enchaîner les coups de hache, même si pour une quelconque raison il avait l'impression que quelque chose clochait, car de son point de vue son coup n'aurait pas dû faire mouche. Il resta donc un minimum sur ses gardes, au cas où qu'il profite d'une faille entre ses attaques pour frapper.

[Arène impériale]

Les combats se déroulaient depuis un moment désormais. Dans la loge impérial, Morwaydd Ier observait d'un oeil distrait le spectacle, ayant tout de même applaudi les vainqueurs successifs. De toute évidence, le souverain n'avait pas la tête aux festivités. Tout le contraire de Hjalmar, son premier garde du corps.

Assis juste derrière son suzerain, sur la rangée supérieure, il ne manquait pas d'exprimer son enthousiasme par de fortes acclamations. Il appréciait notamment ce combat entre le colosse venu de Yamato et le Gerudo esclave, applaudissant à chaque coup porté et levant sa chope à la santé des guerriers.

Autours d'eux, tout le gratin de la capitale, et de l'empire, était présent. Dans la loge impériale-même, on pouvait voir notamment Deirena Rianon, la fille ainée de Morwaydd. Elle siégeait à la droite de celui-ci, et de l'autre côté se tenait son mari, l'omniprésent Pellinor de Glenmoran, le grand maître de l'ordre de Valengaard.

Passablement agacé, ce dernier voyait avec désarroi que ses chevaliers n'avaient guère brillé lors du tournoi. Certes, ce n'étaient pas ses meilleurs éléments qui avaient concouru, mais tout de même... Il n'allait tout de même pas envoyer Gothard de Montfort pour détrôner Psaro l'Exterminateur.

Sur les loges adjacentes, on pouvait y voir nombre d'illustres têtes, la plus haute noblesse des quatre coins de l'empire. On pouvait voir notamment l'archiduc de Cimérie Sigmund Ermaner, le chancelier Ambrosius Turiano ou encore l'oncle de celui-ci, le puissant et ancien maître de l'arcannat Parcivius.

La garde Varuna veillait au grain, chaque membre, à l'exception de Hjalmar, restait debout aux extrémités de la loge, contrôlant ainsi qui pouvait y entrer ou en sortir. Leur haute stature, couplé à leur immobilisme, leur donnait un aspect de statue intemporelle.

Tout ce décorum semblait parfaitement ordonné, et pourtant, un grain de sable vint perturber ce précieux équilibre. Le réprouvé, l'honni Scyathus Orthelo se trouvait dans les gradins. Un nom porteur d'une bien triste histoire, et d'une réputation peu reluisante.

Le Seigneur Astral n'avait pourtant cure des réactions que sa présence engendrait. Il semblait même s'en amuser, s'il était seulement possible de déchiffrer son expression sous son légendaire masque d'argent.

"Excusez-moi... Pardon... J'ai affaire..." soufflait-il aux nobliaux outragés en les dérangeant, de sa voix rocailleuse et exagérément grave. Il se dirigeait sans aucun doute possible vers la loge impériale. Lorsqu'il passa devant Parcivius, son vieil ennemi, il sembla rire sous son masque tandis que ce dernier le snobait royalement.

Il se présenta ensuite devant les Skaelun montant la garde, croisant leurs immenses haches devant l'intru.

"Pas un pas de plus, mage.
- Vous devez me confondre avec un autre, messieurs... Je désire seulement m'entretenir avec sa majesté.
- Sa Majesté n'a pas le temps de traiter avec toi.
- Vous savez, si vous ne me laissez pas passer, je risque bien de trouver un moyen plus... déplaisant pour vous, d'arriver jusqu'à l'empereur.
- T'as pas de vieilles à escroquer en ce moment, toi ?"

Cette dernière saillie avait été lancée par Hjalmar, qui avait quitté son siège pour voir ce qui se passait. Au courant de la réputation d'escroc notoire de Scyathus, il l'acueillait avec un sarcasme féroce. Il maintenait toutefois une certaine prudence, la main posée sur sa ceinture. Il savait aussi que le seigneur astral était un mage terrifiant.

"Capitaine Hjalmar Ysmerin... C'est un honneur. J'ai connu l'un de vos prédécesseurs il y a plus d'un siècle, Harald l'Ours. C'était un homme simple... et efficace.
- Ben ça, Harald l'Ours... Même mon grand-père était pas né à cette époque. C'est vrai que vous êtes un ancien, Scyathus.
- Vous connaissez ma réputation, je ne suis plus bon qu'à soutirer de l'argent aux sots voulant connaître leur avenir. Je ne suis d'aucun danger pour sa majesté, je souhaite simplement lui glisser deux mots.
- Ouais, ouais... Allez, restez près de moi dans ce cas."

Ils descendirent les marches pour atteindre le siège de l'empereur. Ce dernier semblait presque heureux d'être dérangé, contre toute attente.

"Qu'y a-t-il, Hjalmar ?
- Scyathus Orthello, votre Majesté. Il souhaite vous glisser un mot rapidement.
- Qu'il vienne."

Le mage s'avança, et s'agenouilla respectueusement devant le maître de Thurinian.

"Votre majesté, je suis porteur d'un avertissement...
- J'en ai connu des milliers, vous savez... Ma vie a été cela, une succession d'avertissements, de provocations, de défis...
- L'ombre plane sur vous, votre Majesté... Soyez extrêmement vigilants les jours à venir... car une tempête approche. Je ne connais pas la nature de la menace, mais la survie de votre règne se jouera bientôt. Le Dragon... a les yeux clos."

À cette dernière phrase cryptique, l'empereur sembla comme secoué de l'intérieur, comme s'il comprenait quelque chose qui échappait à Hjalmar. D'habitude inébranlable et serein après toutes ces années d'expérience, il semblait inhabituellement perturbé. Il reprit toutefois vite sa contenance, regardant le mage étoilé de ses yeux verts profonds.

"J'ai fait face à toutes les crises du monde pour la survie de Thurinian... Et je continuerai à le faire jusqu'à mon dernier souffle. N'ayez crainte pour moi, Scyathus, je surmonterais toutes les menaces.
- Très bien... J'ai tout de même la conscience tranquille de vous avoir averti, Majesté."

L'empereur congédia alors le mage, pressé par Hjalmar de quitter la loge. Le guerrier de Skaeling regarda Scyathus s'éloigner, s'enfoncer dans la masse humaine des spectateurs... Pour disparaitre totalement de sa vision, absorbé par la masse. Pas de doute, se disait-il, ce Scyathus... C'était un sacré personnage.

[???]

Le combat entre Nacho et Kintaro faisait rage, amusant les spectateurs qui se montraient particulièrement agités. Ils appréciaient grandement le spectacle qui leur était proposé, les quelques derniers matchs avant celui-ci ayant été assez expéditifs.

Parmi eux, une femme observait le duel ainsi que les alentours avec attention, jetant des regards discrets un peu partout. Elle portait un masque pour cacher son visage et une capuche. Elle souhaitait probablement faire profil bas.

- Ça devient enfin intéressant, vous ne trouvez pas ?

A sa droite, un homme aux cheveux blancs, recouvert de bandages noirs qui dissimulaient une partie de son visage, ne lui laissant qu'un seul oeil de visible. Il portait un kimono blanc, usé et en piteux état. Quelques chaînes brisées et rouillées en pendaient.
L'homme lui avait adressé la parole d'un air nonchalant, restant debout à côté d'elle.

- En effet, répondit-elle simplement, taciturne.
- Au premier abord, lorsque l'on pose un premier regard sur eux, on croirait ne voir que deux montagnes de muscle comme on en voit très souvent dans cet environnement.

Il marqua un temps de pause, tandis que les armes des combattants s'entrechoquèrent avec brutalité, faisant s'écrier la foule.

- Alors qu'en réalité, l'un est un guerrier à la recherche d'une collection d'artefact ancien, et l'autre un gladiateur en quête d'identité. Ça nous offre une toile tout de suite plus jolie, n'est-ce pas ?

La femme se tourna vers lui à nouveau, méfiante.

- Qui êtes-vous ?
- Ah, mince, je pensais m'être présenté ! Aster. Je ne suis qu'un humble vagabond.

L'homme aperçut ensuite qu'une place s'était libérée un peu plus loin.

- Eh bien, peut-être que nos chemins se recroiseront. Pour l'heure, je dois y aller. Non pas que votre compagnie me déplaît, mais j'aimerais pouvoir profiter du spectacle assis. A bientôt.

Il effectua un signe pour la saluer, puis se hâta d'aller rejoindre la place qu'il avait vue, plusieurs rangées plus loin. La femme restait silencieuse, perplexe et méfiante quant à cet individu qu'elle avait du mal à cerner.

[Nacho]

L'affrontement entre les deux guerriers continuait de battre de son plein, les coups s'enchaînaient, la fatigue s'accumulait et la sueur avec, les blessures devenaient progressivement plus grandes et le sang coulait, venant teindre le sable de l'arène de rouge.
Cependant, l'un des deux combattants était dans un état plus critique, il s'agissait du champion de sa propre arène, le Gerudo esclave. Outre ses blessures physiques plus graves, il peinait à rester concentré, il était dans une lutte acharnée entre son corps et son esprit. C'était la première fois de sa vie qu'il ressentait ces sensations de perte de contrôle.
Il subissait également les remarques odieuses de son maître depuis les gradins, ce dernier était en train de subir un profond sentiment de honte devant la noblesse de l'Empire mais surtout devant la famille impériale. C'était toute son activité lucrative qui était désormais en jeu, son champion était en train d'entacher la réputation de son arène.

Le colosse originaire de Yamato trouva une faille dans les mouvements de son opposant et en profita pour lui asséner un terrible coup de pommeau de sa géante hache qui vint percuter le crâne du gladiateur roux. Ce puissant coup porté à la tête vint complètement déstabiliser ce dernier et il tomba un instant dans les vapes provoquant la joie de la foule en délire.

Alors au sol, Nacho releva la tête quelques secondes plus tard, sa vision était trouble, il serrait les dents de douleur et empoigna le sable de ses mains, la colère l'envahissait. Il marmonnait quelques jurons et insultes à l'encontre de son adversaire qui lui restait impassible face à ce comportement mais tout de même sur ses gardes.
Sans crier gare, Nacho se releva d'un coup et hurla de toutes ses forces en levant les bras en l'air, le visage furieux.

"ASSEZ !"

Ses yeux virent au rouge écarlate et des marques de la même couleur comme des tatouages apparurent sur l'ensemble de son corps, il dégageait une aura maléfique et l'atmosphère devint lugubre. Nacho était comme entouré de magie noire, démoniaque. Sans plus attendre, il bondit en direction du guerrier de Yamato, le poing en avant, pour lui asséner un coup de poing.

[Viktor]

Le son des marches en bois se craquèrent sous le pied du chef de la police et de son équipe qui rejoignirent enfin le balcon de l'Empereur. Ce dernier était accompagné de multiples personnalités de l'Empire toutes aussi importantes les unes que les autres. Les gardes se rangeaient pour laisser Viktor et Héléna passer, alors qu'ils firent une révérence au souverain de l'Empire. Un des garde présent sur les lieux, qui portait le symbole des capitaines le rejoignit directement.

"- Monsieur ! Vous venez apprécier le spectacle ?" S'exclama le capitaine.
"- On peut dire ça. Tu peux disposer ton escouade et surveiller les tribunes. Mon équipe se charge du reste." Répondit le chef de la police.
"- Bien..."

Disposant ses hommes et lui même, le soldat laissa la surveillance de l'Empereur à Viktor et ses quelques hommes, affiliés à la police militaire. Il était rare de voir l'Empereur demander un service d'escorte à la police, mais sa sécurité était en jeu dans un moment pareil et Viktor était la personne la plus fiable pour ce travail. Pendant ce temps, Héléna était accoudée à la barrière qui les séparait de la vue sur l'arène et profita du spectacle.

[Kintaro]

Un peu surpris par le regain d'énergie de son adversaire, le natif de Yamato plaça son hache en avant pour bloquer le coup de poing, mais ce dernier le fit traîner sur plusieurs mètres en arrière. Il sentait que son bras entier suite à l'impact du coup. Un large sourire apparu sur son visage, cet affrontement commençait vraiment à devenir intéressant. De la fumée se mit à entourer ses avant-bras, qui commencèrent à prendre une teinte rougeâtre, il pointait ensuite le combattant avec sa hache, faisant à son tour un signe pour qu'il vienne.

[Nacho]

Le gladiateur ne semblait plus raisonner, il était tel une bête sauvage et fonça tête baissée dans la direction de son adversaire comme un taureau pourchassant un toréro. Son corps se métamorphosait progressivement laissant place à un être malnutri, brûlant, laissant de la fumée s'échapper, sa seule présence réchauffait l'atmosphère. Ses yeux, rouges, luisaient intensément au loin tels un phare par une nuit brumeuse.

[Kintaro]

Kintaro se contentait simplement de lever sa hache et de l'abaisser d'un coup sec quand son adversaire arriverait auprès de lui, il était intrigué de voir ce que ce changement de forme allait lui réserver, mais également si elle était sans danger pour lui.

[Nacho]

Le combattant à l'apparence désormais cadavérique se prit le coup de hache de son adversaire de plein fouet et qui le stoppa net dans sa course, lui laissant une longue plaie le long de son corps mais malgré la puissance de la frappe portée, cela ne semblait étrangement pas mortel.
Nacho donna un puissant coup de paume dans le thorax du guerrier de Yamato, qui expulsa ce dernier au loin, faisant un vol plané. Par la suite, le démon ferma un instant ses yeux et plaça ses bras en avant, paumes ouvertes. Il semblait se concentrer intensément. Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, deux gigantesques flux d'énergie rougeâtres jaillirent de l'intérieur de ses mains et se déplacèrent à toute vitesse en direction du colosse blond, jusqu'à lui saisir chaque bras, telles des tentacules.

"Je vais à présent aspirer ton énergie vitale, mortel." dit Nacho d'une voix rauque.

Agacé mais à la fois effrayé par la situation qui dégénérait complètement, Eladio du haut des gradins supérieurs, ordonna à ses hommes en contre bas d'intervenir. Ces derniers non pas sans hésitation, pénétrèrent alors dans l'arène pour aller combattre le gladiateur devenu démon.

Au même instant, un éclair verdâtre vint frapper ce dernier et le fit lâcher prise, libérant ainsi Kintaro de son étreinte. Des chaînes dorées entourèrent subitement le démon roux et se resserrèrent sur son corps jusqu'à complètement l'immobiliser. Nacho tenta en vain de se débattre mais perdit immédiatement ses nouveaux pouvoirs et retrouva son apparence humaine puis s'écroula au sol de fatigue, inconscient.

"Je ne te laisserai pas détruire ce monde, démon." dit une voix féminine avant de se retourner en direction du guerrier de Yamato. "La victoire est tienne."

Il s'agissait en réalité de la mystérieuse étrangère Neyrelle qui s'était finalement montrée au grand jour. Les chaînes dorées qui entravaient Nacho disparûrent alors mais ce dernier demeurait inconscient.

"Cependant... Tu voudrais bien m'aider à le porter s'il te plait ?" demanda Neyrelle à Kintaro avec un sourire.

[Kintaro]

Kintaro n'eu pas le temps de se libérer de lui-même qu'il fut sauvé par une femme qui avait calmé très rapidement son adversaire. Il l'observait attentivement alors qu'il était en train de reprendre son souffle, se demandant ce qu'était cette apparence apparemment "démoniaque". Il se souciera de ce détail plus tard, il replaça donc sa hache dans l'étui accroché dans son dos, s'approchant du guerrier inconscient pendant que la teinte rougeâtre disparaissait de ses avant-bras, ne laissant que les tâches de sang. Il répondit à la femme en souriant:

- Je veux bien oui, c'est la moindre des choses que je puisse faire.

[Arène]

Bien après le duel opposant Kintaro à Nacho...

Certains combattants avaient réussi à gravir les échelons de l'Arène avec succès. Bakuya et Miyu se trouvaient tous deux en position de pouvoir remporter le grand prix en accédant à la finale, mais tout serait décidé lors de leur prochain affrontement.

Leurs noms retentirent dans l'arène, et une fois de plus, la samouraï foula le sol avec ses sandales en paille. Elle prit fermement son menpo qui pendait autour de son cou et le releva pour l'attacher, scrutant son adversaire. Celui-ci semblait être originaire de Yamato, bien qu'il ne semblât pas arborer les attributs typiques des guerriers de cette région.

- De quel clan viens-tu ? Qui est ton seigneur ?
S'enquit-elle, la main posée sur le manche de son wakizashi.

Bakuya observait son adversaire avec autant d'attention. Il avait déjà combattu des guerriers de Yamato. Leur style de combat au sabre ne leur était donc pas inconnu. Mais probablement aucun n'effleurait le niveau de son adversaire actuel.

- Je ne suis pas de l'archipel. Mon père l'était, mais je ne l'ai pas vraiment connu. C'est ma mère qui m'a élevé, en Thurinian.

Il marqua un temps de pause, posant également sa main sur la poignée de son épée.

- Qu'en est-il de toi ? Ton armure se démarque de celles des quelques guerriers de Yamato avec qui j'ai croisé le fer.

La réponse de Bakuya fit naître un sourire sur les lèvres de Miyu. Elle prit une pause, savourant l'instant avant de répondre, dégainant d'abord son katana plutôt que son wakizashi.

- Quel dommage. Je ne peux pas le blâmer. La guerre est une épreuve rude.
Dit-elle d'une voix chargée d'une étrange mélancolie.

Son visage passa du sourire à un sérieux glacial, et elle se positionna avec assurance, pointant la lame de son katana vers le sol, ses deux bras tendus.

https://www.youtube.com/watch?v=N3472Q6kvg0

- Mon armure est celle des samurais. Elle appartient à mon défunt frère, Ikeda Hazo. Je suis Ikeda Miyu, le Démon Rouge des Quatre Rois des Enfers ! Héritière du clan Ikeda et Générale du glorieux Oda Hidetada, légitime Shogun de Yamato !

Sa voix trahissait une fierté indéniable, portant en elle l'héritage d'une longue lignée de guerriers. Elle attendait, impatiente de voir son adversaire lancer le premier assaut, prête à affronter tout ce qui se dresserait sur son chemin.

Face à l'aura naturelle menaçante dégagée par la Générale, nombreux auraient été impressionnés, voire intimidés. Dans le cas de Bakuya, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire combatif, tandis qu'un frisson d'excitation lui traversait le corps. La fierté dont faisait preuve Miyu à l'égard de sa patrie l'encouragea à se présenter à son tour.

- Bakuya Heikegani, bretteur de la Brigade des étoiles. Voyons voir si les Enfers sont capables d'aller au-delà des cieux !

Il dégaina l'une de ses deux épées, fusant ensuite à toute vitesse vers la Générale pour tenter de lui porter un coup d'estoc dans les cotes.

Le sourire fou de la Samurai réapparut lorsque son adversaire la chargea, et sa lame se leva pour que le plat des deux épées glissent l'un contre l'autre, et avec force, Ikeda utilisait le poids de son corps pour bousculer Bakuya.
Elle releva sa lame au-dessus de sa tête, à l'horizontale, et pausa le dos de son katana sur la paume de son autre main, elle avait la main droite sur le manche, et la gauche sur la lame, utilisant ainsi une technique de demie épée afin de mieux guider son prochain coup, et d'y donner plus de force, sa cible était le bras d'épée de Bakuya.

Réagissant très rapidement, ce dernier para le katana de justesse, imitant ensuite la technique de la Générale. Il se servit de son autre main gantée pour renforcer la pression émise par son épée, essayant de dégager son arme pour l'atteindre avec un coup de pied fulgurant dans l'abdomen.

- Pas mal !
Répliqua Miyu d'un ton teinté d'enjouement, sans détourner le regard de la lame de son adversaire. Puis, avec une agilité étonnante, elle projeta son buste vers le coup de pied de Bakuya. Sa réaction inhabituelle face à cette attaque déconcerta les spectateurs, mais elle avait un plan bien précis en tête. Grâce à la courbure de son armure et à un mouvement fluide, elle fit glisser le pied de son opposant, lui permettant ainsi de fermer rapidement la distance qui les séparait. Dans un geste foudroyant, elle lança une estocade précise vers l'aisselle du combattant, visant un point faible exposé.

Pris par surprise par la riposte de la samurai, Bakuya n'eut pas le temps d'esquiver l'attaque. Il se déplaça de quelques centimètres, bondissant en arrière pour diminuer les dégâts, mais l'on pouvait apercevoir sa tenue afficher une teinture rouge à l'endroit où elle avait frappé.
L'instant suivant, il retourna à l'assaut, feintant une frappe au visage pour dissimuler une balayette du pied gauche.

Prise par surprise, Miyu se retrouva balayée par son adversaire. Elle chuta lourdement au sol, déséquilibrée, mais elle ne se laissa pas abattre. Profitant de la légère distance qui s'était créée, elle tendit rapidement sa main vers Bakuya, puis les flammes infernales jaillirent de ses doigts, se dirigeant droit vers lui. Dans un mouvement fluide, elle se releva tout en maintenant la pression avec ses flammes. D'un geste déterminé, elle leva sa main verticalement, provoquant une véritable pluie enflammée autour des deux combattants. Les flammes dansaient et crépitaient, enveloppant l'arène d'une aura ardente et menaçante. C'était un spectacle saisissant qui captiva l'attention du public, les yeux écarquillés devant cette démonstration de maîtrise du feu. Miyu était prête à embraser le champ de bataille et à réduire son adversaire en cendres.

Tout juste à temps, le mercenaire parvint à éviter le déluge de flamme à bout portant, non sans qu'un bout de sa cape bleue ne prenne feu. Il décida donc de la retirer, puis l'utilisa pour se défendre des déflagrations qu'il ne pouvait éviter.

- Vous avez tous le sens du spectacle, en Yamato ?

En même temps, il s'approcha de la Générale, dissimulé derrière sa cape désormais embrasée. Lorsqu'il la lâcha, il réapparût dans son champ de vision armé de deux épées, avec lesquels il s'apprêtait à la frapper en croix.

La puissante attaque de Bakuya frappa Miyu de plein fouet, même si une partie de son armure épaisse réussit à ignorer une partie des dégâts. Cependant, l'absence de protection autre que de la soie sur son bras droit exposé laissa place à une entaille, faisant couler un mince filet de sang qui entâcha aussi son Kote partiellement déchiré. La douleur aigüe qui se répandit dans son membre ne fit qu'attiser sa détermination.

https://www.youtube.com/watch?v=XU0A-np55vU

- Non, je suis juste une tarée.
Répliqua-t-elle avec un rire amusé, puisant dans sa force surhumaine pour charger son compatriote. Ses coups s'abattirent avec une fureur verticale, résonnant dans l'arène telle une symphonie brutale.

- Mais si tu aimes le spectacle, tu devrais venir affronter le Dieu de la Guerre à mes côtés, Uesugi Kenshin. Il fait gronder les cieux!
Lança-t-elle, ponctuant ses mots par des assauts incessants. Chaque mouvement de son corps était une déclaration de défi, montrant à Bakuya qu'elle n'était pas seulement une guerrière intrépide, mais aussi complètement chaotique, se battant de façon folle.

Même en usant de ses deux épées, l'épéiste peinait à résister à la fureur de la Reine des Enfers. Non seulement elle frappait avec une force comme il en avait rarement encaissé, mais ses frappes étaient difficiles à lire et prévoir. Lorsqu'un guerrier combat, il suit un flux spécifique et logique, comme le courant d'une rivière.

Miyu, elle, n'avait plus aucun rythme défini. Son flux changeait à chaque attaque. Pour Bakuya, qui ne jurait que par la lame et le combat, c'était comme faire face à un combattant qui changeait constamment de personnalité, d'identité. Le style de combat de Miyu n'était pas une rivière, mais un véritable volcan en éruption.

Après un certain temps, il réussit à parer et repousser la Générale avec succès, forçant et frappant avec ses deux lames pour la dégager et reprendre son souffle.

- Je comprends maintenant... l'origine de ton surnom, Démon Rouge... lâcha-t-il, essoufflé et un genou à terre.

L'assaut de la samurai avait laissé de nombreuses blessures sur le bretteur. De multiples coupures et quelques os fracturés par la simple force des coups, sans oublier les brûlures causées par les flammes auparavant.

Bakuya se redressa, puis respira profondément. Il ferma les yeux pour se concentrer quelques instants et reprendre ses esprits. Lorsqu'il les rouvrit, il semblait animé d'une combativité nouvelle.

- J'apprécie la proposition, mais ma lame appartient déjà à quelqu'un d'autre !

Soudain, il se jeta vers Miyu, paraissant plus rapide qu'avant. Toujours avec ses deux épées, il bondit pour essayer de la trancher à l'atterrissage d'un double coup d'épée circulaire.

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L'attaque frénétique de Bakuya entra en contact avec la Samurai, qui réagit instantanément en dégainant sa seconde lame et les croisant pour tenter d'intercepter le coup. Même avec la force puisée dans de sombres rituels, Miyu sentit ses ressources vaciller face à cette attaque singulière de son adversaire.

Sa main gauche fléchit, laissant échapper son wakizashi qui chuta lourdement sur le sol. Le choc des deux épées brisa le sode de son armure sur le côté gauche, et bien que les lames de l'épaulière aient tenu bon, quelques lacets avaient cédé, laissant présager d'une épaule douloureuse en-dessous. Malgré cela, un sourire s'afficha sous son menpo, tandis qu'elle haletait légèrement.

- Je comprends. C'est bien dommage ; la guerre t'aurait forgé, et sa violence aurait éveillé une nouvelle facette en toi. Je le vois dans tes yeux. La volonté de te surpasser. La volonté de devenir le meilleur. Jusqu'où iras-tu, Bakuya ?!
Déclara-t-elle avec une voix empreinte de défi.

D'un geste vif, elle lança une série d'attaques à une vitesse telle que chaque coup engendrait des bourrasques de vent. Sa main gauche, soutenue par son épaule blessée, demeurait posée sur la poignée de son pistolet, prête à dégainer et à tirer au cas où son adversaire chercherait à riposter. Miyu n'était pas seulement une experte du combat rapprochée, mais aussi un fleuron de l'arme à feu.

C'était impossible à discerner, naturellement, à cause de l'intensité de l'affrontement et la vitesse des combattants, mais les pupilles de Bakuya suivaient le moindre mouvement du katana de la samurai. Il était tellement concentrée que ses yeux devinrent humides, puisqu'il ne prenait le temps de fermer ses paupières à aucun moment. Il ne pouvait pas se le permettre. Il ne suffisait que d'une seule erreur, d'un seul blocage raté pour qu'il perde le duel, et potentiellement la vie.

Sans crier gare, il vit une opportunité dans une frappe de Miyu, qu'il contra à l'aide d'une habile parade, dégageant sa garde. Le choc avait été d'une telle violence que l'une de ses deux épées se brisa.

Bakuya la lâcha, agrippant ainsi son autre arme à deux mains, puis se rua sur Miyu pour en finir avec un coup d'épée vertical dévastateur.

Cependant, au milieu de son attaque, le sourire du Démon Rouge s'élargit. La Générale Ikeda dégaina son arme à feu, et pointa instantanément son adversaire avec. Instantanément, Bakuya eut le réflexe de mettre son épée devant lui pour se défendre, ajustant sa lame de sorte à ce qu'elle soit dans la trajectoire de la balle...

Sauf que Miyu ne tira pas. Son pistolet n'était là que pour servir de feinte.

Elle s'avança près de Bakuya, courbée vers l'avant et le sabre en arrière. Il était enveloppé d'un brasier dévastateur. Sachant que son adversaire n'aurait pas le temps d'esquiver, cette fois-ci, Ikeda fit déferler son katana sur Bakuya, qui encaissa une terrible déflagration de plein fouet. Le coup le repoussa sur plusieurs mètres et provoqua un écran de fumée.

Une fois dissipé, aux yeux des spectateurs apparût un Bakuya tremblant, peinant à tenir debout à l'aide de son épée. La tenue carbonisée et des marques de brûlure au visage, il tomba quelques secondes après, défait, incapable de poursuivre le combat.

Ikeda Miyu avait triomphé.

- Tu es fort, Bakuya. Si nous nous revoyons, j'aimerais me battre à nouveau contre toi.

[Desmond]

Un sourire se dessina sur le visage du chef de Red Moon, qui signifiait qu'il avait dévoré le combat des yeux et apprécié ce spectacle offert par les deux guerriers.

"- Ils rigolaient pas, eux..."

Sous le tonnerre d'applaudissement de l'ensemble des spectateurs dans l'arène, Desmond se rappela de sa venue et se leva de sa place, s'éclipsant rapidement dans la foule pour sortir des tribunes. Il connaissait le chemin pour se rendre à l'arrière du palais, profitant que l'heure de la finale allait approcher. Le plan était d'aider Izumi à sortir d'ici. Soit en faisant diversion, soit en lui frayant un chemin.

"- Ok, faisons ça..." Pensa-t-il à voix haute, se craquant les phalanges.

S'approchant d'un mur qui menait vers l'intérieur, il s'échauffa les épaules puis les bras. Une aura flamboyante entoura ses bras tel des anneaux alors que des écailles se formèrent dessus, se solidifiant comme de la pierre. Ses bras étaient imprégnés d'une aura ardente, boostant ses capacités de combat, à la fois en force et en vitesse.

"- HA !"

Envoyant un puissant direct du droit, il enfonça le mur qui s'embrasa aussitôt et explosa sous la puissance du coup du délinquant, créant un nuage de poussière face à lui. Le chemin était libre... Du moins, c'est ce qu'il pensait. S'enfonçant dans le palais, il pouvait retrouver face à lui deux gardes qui avaient parfaitement remarqué sa présence. A en juger par leur armure, ils étaient de la garde royale, chargée de surveiller le palais des intrus.

"- Eh, toi ! Tu es Desmond, le flamboyant !" S'exclama l'un d'eux, se mettant en garde.

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Esquissant un sourire et sautillant sur place, le métis démon envoya plusieurs coups de poing dans le vide pour s'échauffer avant de soi même se mettre en garde, plaçant un poing près de son visage.

"- Vous me permettez cette petite danse ?" Envoya-t-il, faisant un signe du doigt pour leur dire de venir à lui.
"- Attrapons le !"

Le premier s'avança pour tenter de porter à Desmond un coup d'épée horizontal, mais ce dernier esquiva en se déplaçant sur le côté, lui envoyant un crochet du droit dans le casque qui le sonna le temps de quelques instants. Sentant le second arriver, il enchaîna sur un saut vrillé, entourant ses jambes à leur tour d'une aura enflammé et envoya un puissant coup de pied dans l'épaule du deuxième garde pour le repousser. A deux contre un, il était en désavantage numérique mais il se sentait tout de même confiant. Après tout, son pouvoir démoniaque lui offrait une puissance dépassant celle d'un homme.

"- Allez, vous pouvez faire mieux." Répliqua-t-il aux gardes.

Ces derniers se hâtèrent pour l'encercler et il attrapa l'épée du premier, l'empoignant avec sa main draconique pour l'attirer à lui et lui envoyer un puissant coup de poing au ventre qui l'envoya s'écrouler quelques mètres plus loin. Suite à ça, l'autre s'approcha pour tenter de l'embrocher, mais l'instinct de Desmond était suffisamment aiguisé pour voir le coup arriver. Se baissant lorsque le coup d'épée partit, il fit une balayette au garde avant d'enchaîner sur une jolie descente du coude dans le foie qui l'immobilisa immédiatement au sol.

"- J'arrive Izumi !"

Sans perdre de temps, le métis démon démarra une course vers la salle du trône, étant prêt à faire face aux gardes qu'il croisait s'il était repéré.

[Izumi]

Dans l'obscurité la plus totale, la jeune renarde parvenait à se frayer un chemin grâce à ses capacités de félin. Le but pour elle était de trouver une sortie au bout de ce chemin. Elle parvenait à progresser au sein de tunnel et marcha pendant plusieurs minutes avant de finalement remarquer que les murs à chacun de ses côtés s'étendaient vers l'extérieur. Elle venait de déboucher sur une salle plus grande. Elle entendit un bruit plutôt bizarre, qui s'apparentait à des sons venant de conduis en métal.

"- Difficile de distinguer quoi que ce soit ici... Mais je ne vois pas de lumière. Où est la sortie ?"

Par chance, elle avait emporté avec elle ses parchemins. Elle se procura l'un d'eux pour appliquer un sort qui se matérialisa en une douce lumière blanche sur le morceau de papier. Le tenant entre ses doigts, elle fit le tour de la pièce des yeux, avant d'apercevoir quelque chose d'étrange. Plissant les yeux et s'avançant avec son parchemin, elle remarqua une installation de différents appareils de chimie. Des alambics, des chaudrons... Toute l'installation était relié par des tuyaux et un liquide semblait bouillir à intérieur. Ouvrant légèrement la bouche, un sentiment de frayeur parcourait son corps alors qu'elle lâcha le parchemin, devenant entièrement figée.

"- Qu'est-ce que c'est... ? C'est... !"

Faisant un pas en arrière, elle s'empressa alors de courir dans la direction opposé et revenir sur ses pas. Ce qu'elle venait de trouver ici n'était de toute évidence absolument pas normal. Pire, ça n'envisageait rien de bon et Izumi l'avait comprit. Ce genre d'installation... C'était une bombe.

[Miyu]

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Après une journée entière de combats acharnés, le moment tant attendu de la finale était enfin arrivé. Les deux adversaires qui avaient survécu à une série de duels impitoyables se retrouveraient une dernière fois dans l'arène, au cœur du Festival du Lion. Les élus, désignés par le Dieu Serosh lui-même, étaient Psaro l'Exterminateur et la Samurai de Yamato, Ikeda Miyu.

La Samurai se tenait fièrement sur le sable brûlant de l'arène, tournant son regard vers l'Empereur avant le début du combat. Sa voix résonna, empreinte de solennité et de dévotion.

- Ô, Empereur immortel de Thurinian, dompteur de Dragons, descendant des dieux... ! Je vous dédie ce combat et vous offre cette offrande !

Elle fléchit un genou dans le sable, déposant devant elle un sac de cuir épais. D'un geste ferme, elle le défit, dévoilant trois têtes coupées, l'une d'entre elles appartenant à un noble. Ces têtes étaient celles des guerriers de l'Ordre de Valengaard qu'elle avait terrassés plus tôt.

- J'ai vaincu ces ennemis en votre honneur, et je vous offre leurs têtes !
Déclara-t-elle avec une fierté indomptable.

Elle présenta les têtes coupées à l'Empereur, ignorant totalement les conséquences potentielles de son geste. Elle ne se rendait pas compte qu'elle venait probablement de provoquer un incident diplomatique grave, risquant de compromettre l'alliance entre les deux Empereurs. La tension dans l'air était palpable, et le silence qui s'ensuivit auprès de la foule était lourd de conséquences incertaines.

[Hjalmar]

"Par Woldan... Bordel de merde..."

D'abord stupéfait, le Skaelun affichait désormais une expression enjouée, faisant tout son possible pour ne pas éclater d'un rire sonore. L'ambiance dans le reste des gradins, en revanche, était d'un silence de plomb. Tous étaient abasourdis.

Soudain, un noble se leva en hurlant :

"C'est un scandale ! Arrêtez-la !"

Il fut vite repris par d'autres, puis toute la tribune représentant les chevaliers de Valengaard était désormais debout, à pointer du doigt l'étrangère, hurlant au crime et au châtiment.

Non loin de l'empereur, le seigneur Pellinor gardait sa contenance mais manifestait une véritable colère froide dans sa voix.

"Sire, dit-il à l'empereur, un tel acte de barbarie ne peut rester impuni ! Que l'on arrête cette étrangère et qu'on la pende haut et court."

L'empereur restait muet. L'air profondément soucieux, il semblait étudier la meilleure solution possible pour sortir d'une impasse pareille. D'un côté, tout ce qui sapait l'autorité morale de Valengaard n'était pas pour lui déplaire, mais de l'autre... C'étaient là des chevaliers thuriniens avant tout, qui avaient été massacrés par cette envoyée de Yamato. Il devait y avoir des conséquences lourdes de sens à cet acte.

D'un simple geste du doigt, il ordonna aux gardes d'intervenir. Des soldats en armure entrèrent alors dans l'arène, formant un cercle complet autours des deux finalistes du tournoi.

[Miyu]

La Samurai observait avec stupeur les soldats qui l'encerclaient, ignorant complètement la situation qui se déroulait autour d'elle. Certains appelaient à son exécution par pendaison, tandis que d'autres la regardaient avec une terreur palpable. La tension était à son comble.

- Est-ce là un défi ?
Lança-t-elle d'une voix empreinte d'audace, dégainant l'une de ses lames, persuadée qu'elle devrait prouver sa force. Malgré son unique œil, elle avait mémorisé les positions de chacun de ses assaillants et anticipé leurs différentes approches d'attaque. Cependant, au fur et à mesure qu'elle scrutait les visages de ses adversaires, elle percevait dans leurs yeux une lueur de colère. Son arme retomba lentement, glissant de nouveau dans son fourreau.

- Bande de buveurs de lait.
Lâcha-t-elle avec mépris.

-Je pensais que vous seriez capables de faire face à la gloire sans ciller. Ces hommes sont morts dans l'éclat et l'honneur. J'ai épargné leur destinée infâme, celle de s'éteindre lentement sous le poids de la vieillesse et de la maladie.

Pour Ikeda, qui n'avait jamais connu la paix ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, il était difficile de comprendre les subtilités de l'Empire et ses manières plus civilisées. Son seigneur avait certainement omis cette différence.

La Samurai plongea une main dans une bourse de cuir et en sortit une lettre scellée, qu'elle brandit bien haut devant l'assemblée.

- J'ai ici une lettre de Sa Sainteté, le glorieux Empereur Yamato, descendant de la Déesse Solaire Amaterasu Omikami, et allié de mon seigneur, le Dairokuten Maou, Oda Hidetada, puissant Roi Démon du Sixième Ciel. Entre descendants divins, entre empereurs, vous devriez certainement pouvoir vous comprendre.

Psaro l'Exterminateur, vêtu de noir de la tête aux pieds, s'approcha de la Samurai. Son allure était aussi frappante que ses cheveux argentés. Le tueur d'hommes jeta un regard méprisant aux gardes, conservant cette froideur qui lui était propre. Chacun de ses pas lents laissait une empreinte lourde dans le sable.

- En tant que tête de la famille Aquilae et champion de cette arène, je souhaite ardemment que mon adversaire soit graciée.
Déclara-t-il d'une voix froide mais assurée.

- En vous présentant ces têtes, elle cherche à vous honorer. Ces gestes peuvent sembler sauvages, mais ils devraient vous rappeler que l'Empire n'est pas le seul à exister dans ce monde. Des guerres font rage depuis des décennies de l'autre côté du globe. C'est pourquoi je vous adresse cette requête : permettez-nous de nous affronter dans cette finale.

Le silence s'abattit sur l'arène alors que les mots de Psaro résonnaient dans les esprits de tous ceux présents. Les regards se tournèrent vers l'Empereur, en attente de sa décision qui scellerait le destin des combattants et peut-être même celui de l'alliance entre les deux empires.

[Arène impériale]

Après un moment d'hésitation, l'un des gardes s'approcha prudemment de Miyu pour se saisir de sa lettre. Il repassa ensuite à travers les grilles, et, le temps que la lettre atteigne l'empereur, un curieux phénomène se produisit.

Une clameur s'éleva, lentement, progressivement. Elle partait des rangs les plus hauts des gradins, là où la populace s'amassait. Comme une vague, la clameur se propagea.

"Psaro... Psaro... Psaro ! PSARO !! PSARO !!!"

La foule acclamait les mots de son grand champion, celui qu'elle venait voir tous les ans pour qu'il fasse parler son art. Ils désiraient un dernier combat, un grand bain de sang.

Dans les loges impériales, Hjalmar hocha la tête d'un air satisfait, estimant que la plèbe faisait le bon choix. Ce combat promettait d'être spectaculaire, et il aurait été dommage de ne pas le laisser se dérouler pour quelques pédants de Valengaard, estimait le Skaelun.

L'empereur, pendant ce temps, lisait attentivement le contenu de la lettre, tout en notant bien l'engouement de la foule autour de lui. Pellinor de Glenmoran s'efforçait de ne pas exploser de colère, tandis que sa femme, la princesse Deirena Rianon, faisait part de son dégoût envers la sauvage de Yamato auprès de ses demoiselles.

Après avoir lu, l'empereur se leva de son siège, réduisant au silence toute l'assemblée. Puis d'une voix marquée par les âges, mais toujours forte, il clama :

"Miyu Ikeda... Je ne puis accéder à la requête de votre souverain. Nous pourrons discuter de cela plus tard en privé, si jamais vous gardez votre tête... car j'ai décidé d'écouter la voix du peuple de Thurinian. Votre crime est grand, et la méconnaissance de nos lois ne vous en rend pas moins coupable. Votre châtiment s'apparentera à une exécution en règle, car vous affronterez le champion de notre arène, Psaro."

La foule éclata de joie, à l'exception de quelques seigneurs de Valengaard assez hardis pour signifier leur mécontentement.
Sous un bruit assourdissant, les gardes se retirèrent, laissant les deux combattants seuls pour se faire face.

[Miyu]

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Ikeda arborait un visage froid, ses pensées en proie à un tourbillon de déception et de déshonneur. Elle venait de faire chanceler une alliance qui aurait pu changer le cours de l'histoire, et cette réalisation la frappait comme un coup de poignard. Si ses espoirs d'une entente avec la famille d'Armagnac s'effondraient également, alors elle se résoudrait à commettre Harakiri. Mais il était trop tôt pour abandonner tout espoir, et elle maudissait en silence cet Empire d'êtres sans épine dorsale. Son regard se posa brièvement sur le Stech des Kossith, son visage sculpté dans la pierre semblait trahir un sourire léger face à la situation. Peut-être serait-il plus compréhensif ? Mais ce n'était pas le moment d'y penser.

- Je dois te remercier, Psaro l'Exterminateur.
Dit-elle d'une voix calme mais empreinte de frustration.

- Les êtres comme toi et moi, imprégnés par la violence; nous sommes des parias, Ikeda. Lorsque vient le moment de se battre, nous sommes des héros. Une fois la paix venue, les gens essaient d'oublier.

Ces paroles résonnaient dans l'esprit d'Ikeda, lui rappelant les réalités auxquelles elle était confrontée. La vie des guerriers était faite de gloire éphémère, d'exploits oubliés et d'un avenir incertain.

- Les étoiles les plus brillantes s'éteignent le plus vite.
Répondit-elle.

Psaro avait lui aussi été coupable par le passé d'avoir tué des hauts placés, il ne le savait que trop bien, et n'hésitait jamais à faire paraître son dégoût pour l'hypocrisie de la société.
Pour la dernière fois, Miyu foula le sol de l'arène, ses sandales en paille déchirées après ses précédents combats, son corps endolori mais son âme brûlante du désir de vaincre. En cet instant précis, elle ne se battait pas seulement pour forger une alliance avec Yamato, mais pour prouver sa force au monde entier. Et elle le ferait en défiant le plus grand duelliste de tous les temps, Psaro L'Exterminateur.

Alors qu'elle rejoignit son coin de l'arène, l'astre noir se dirigea vers le centre, son regard froid fixé sur la samurai, son long sabre à la main. Les deux adversaires se tenaient face à face, dans le tumulte de la foule scandant le nom de Psaro. Ils appelaient l'exterminateur, espérant qu'il terrasserait la sauvage de Yamato en bonne et due forme.

- Tu es bien loin de Yamato, samurai.
Déclara d'une voix calme le tueur d'hommes, dont les paroles parvinrent aux oreilles de Miyu. Elle observa son adversaire, choisissant de dégainer son katana plutôt que son wakizashi. Leur regard unique se croisa, et durant cet instant fugace, Miyu ne discerna dans les yeux de son adversaire que de la haine, dissimulant une âme aussi sombre que la nuit. Elle comprenait désormais la nature démoniaque de son adversaire, d'une part similaire à la sienne.

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C'est elle qui amorça le duel en s'avançant, sa lame brandie au-dessus de sa tête pour assaillir Psaro. Son attaque fut habilement parée et l'épéiste enchaîna en frappant violemment le menpo de Miyu avec le pommeau de son épée, l'étourdissant quelques secondes.

Sans relever la tête, elle tendit la main vers Psaro, déclenchant une tempête de flammes qui engloutit une bonne partie de l'arène. Sans hésiter un instant de plus, elle se lança à travers ses propres flammes, son épée braquée devant elle. Ikeda était connue à Yamato pour son style de combat fou et imprévisible. Elle ne craignait pas la mort et était prête à tout.

Lorsque les flammes se dissipèrent, la foule put observer un échange de coups, les lames sifflant dans l'air et se heurtant violemment. Psaro reculait tandis que Miyu avançait.

D'un geste de la main, la montagne de muscles projeta Miyu en arrière par une explosion, la faisant retomber sur le dos. L'Exterminateur s'approchait lentement, et alors qu'elle n'avait pas le temps de se relever, elle leva son bras gauche. Le vacarme qui s'ensuivit assourdit l'arène. Du sang coulait de l'épaule de Psaro, et Miyu abaissa son pistolet pour se relever rapidement, dégainant son wakizashi. Elle tenait désormais deux lames, et tel une tornade, elle se jeta sur Psaro, celui-ci parant chacun de ses coups avec la vitesse et la précision d'un faucon.

- Rejoins-moi à Yamato, je te promets la gloire, les titres et les terres!
Cracha Miyu, ce qui provoqua un rire sarcastique de la part de l'elfe. Celui-ci tenta une estocade rapide, promptement parée par la samurai.

- Et être le chien de garde d'un seigneur ? Ici, comme à l'autre bout du monde, la civilisation se dirige vers l'enfer. Regarde-toi, samouraï, tu n'es même plus entièrement humaine.

La réponse déconcerta Miyu, et l'elfe en profita pour lui asséner un puissant coup de pied, la faisant reculer de quelques mètres. Le regard de Miyu brûlait maintenant de la flamme de l'ambition.

- Je le sens en toi. Tu as bu du sang de démon, tu as sacrifié ton humanité. Et pour quoi ? Une contrée en ruines. Ton destin n'est que cendres, humaine.

- Non. Je me moque de mon humanité tant que je peux apporter la paix à mon pays. Je me bats pour que de ces ruines émerge la vie, et pour tous ceux que j'ai vu mourir à mes côtés, face contre terre. Et toi, Psaro ? Peux-tu en dire autant ?

En un clin d'œil, l'astre noir se précipita tel une comète sur Miyu, enchaînant les coups d'épée, sa force étant telle que même Ikeda, née dans la guerre, peinait à la contenir. Un coup brisa l'une des cornes de son casque, et un autre frappa le menpo, faisant couler le sang par les trous du nez du masque, teignant la moustache en poils de yak d'un rouge vif. Miyu porta sa main à son masque, remarquant que son nez était probablement fracturé. Elle l'ignora et tenta de progresser, mais une tempête foudroyante anéantit sa tentative de percée, la forçant à fléchir le genou au sol.

Psaro abaissa sa lame et tendit une main salvatrice vers la samouraï, humiliée et haletante.

- Tu es forte, samurai. La guerre t'a conféré cette force, je peux le voir dans ton œil marqué. Mais après ta guerre, tu seras une paria. La société n'a pas de place pour des gens comme nous. Tu peux te battre pour une cause qui finira par te rejeter, ou te battre pour créer un véritable monde meilleur. Rejoins-moi, et nous restaurerons le droit naturel de ce monde.

Ikeda fronça les sourcils avant de porter la main à son menpo, l'abaissant pour que Psaro puisse contempler le visage ensanglanté de la guerrière.

- Tu te trompes, Psaro. Ma lame n'appartient qu'à glorieuse Yamato. Je suis le feu incarné, et toutes les flammes sont éphémères. Peu importe ce qui m'arrive ensuite !

Elle se releva, chargeant une dernière fois l'elfe. Les aciers s'entrechoquèrent une ultime fois, et la guerrière, épuisée, tomba au sol. Son nez dans le sable, son regard se tournant vers son adversaire. Psaro lui tourna le dos pour quitter l'arène.

- Quel gâchis.
Soupira le vainqueur, acclamé par la foule.
Miyu n'était pas morte, mais cette finale l'avait pleinement humiliée. Elle qui avait toujours su retourner les situations à son avantage, pour une fois, avait été vaincue dans tout les sens du terme.