[Brigade]

L'équipe reprit la route dès le lendemain matin. Avant cela, Siegfried avait demandé à Ferdiad de ne pas parler de l'affrontement de cette nuit, malgré la blessure que le monstre lui avait infligé. Il préférait éviter de ramener le sujet sur la table. Après quelques heures de marche, ils étaient enfin sortis de cette maudite forêt.

- C'est encore loin ?
- Nous y sommes presque.

Soudain, une question vint à l'esprit de Kansho. Il se surprenait lui-même de ne pas la lui avoir poser plus tôt.

- Au fait, tu as une idée de qui pourrait être derrière toute cette histoire ?
- Malheureusement, oui, répondit Gaheris, l'air triste. Et je ne comprends pas comment cela puisse-t-il être possible. Mais je pense que le responsable est mon oncle Rodrick.
- Il aurait donc essayé de t'assassiner pour accéder à la tête de la maison ? suggéra Freya, sur le dos de son pégase.
- J'en ai bien peur. Il doit avoir ses raisons, mais...
- Qu'est-ce qui pourrait justifier de tuer son propre neveu ? cracha Bakuya, lui coupant la parole.

Gaheris haussa les épaules, n'ayant aucune réponse pertinente à donner.

Aux alentours de midi, ils s'arrêtèrent en face d'une grotte à l'aspect sinistre. A sa vue, le noble d'Athréa était devenu nettement plus sérieux. Il repensait au duel qu'il avait mené contre le démon, et regrettait de ne pas l'avoir exterminé à ce moment-là.

- C'est ici. C'est son antre, fit l'ancien noble, déterminé à prendre sa revanche.
- Un quelconque conseil à nous donner, pour le combattre ?
- Les attaques physiques sont inefficaces contre lui, et les arts arcaniques ne lui font pas grand-chose non plus. Il peut aussi manipuler sa structure physique à sa guise.
- Tu me rappelles comment t'as fait pour survivre ?
- La magie blanche. C'est sa seule faiblesse. Mais dans mon état actuel, je n'arrive pas à l'utiliser efficacement.

Instantanément, ils comprirent que cet adversaire ne serait pas facile à abattre. Le seul membre du groupe capable d'utiliser la magie - et à un niveau très correct - était Kansho, mais la magie blanche n'était pas sa branche de prédilection. Devinant que les attentes reposaient sur lui, il prit la parole, disant :

- S'il y est vraiment très vulnérable, alors je devrais pouvoir faire un truc. Il me faudra juste un peu de temps. Vous devrez l'occuper en attendant.
- Ce sera long ? fit Bakuya, qui sentait déjà le problème arriver.
- Fais-moi juste confiance.

En prononçant sa phrase, il avait fait un clin d'oeil à son ami épéiste, levant le pouce d'un air assuré, alors que ce dernier poussa un soupir.

- On verra bien ce que ça va donner, lâcha simplement Siegfried.

https://www.youtube.com/watch?v=K-Lv7jfF-8w

Le chef de la Brigade passa devant Gaheris, le laisser diriger la marche étant désormais trop dangereux pour lui. Les autres le suivirent rapidement, avec Freya qui fermait la marche. Elle avait envoyé son canasson se balader dans le ciel. Comme pour la bataille souterraine, l'amener avec eux dans l'antre du démon ne serait pas raisonnable.

Une fois au fond de la grotte, ils remarquèrent que les dimensions étaient nettement plus grandes ici. Le plafond était bien plus haut et les murs plus éloignés les uns par rapport aux autres.

- Il n'est pas loin... souffla Gaheris, sur ses gardes.
- Tu ne crois pas si bien dire, brave petit.

Une voix particulièrement sombre et imposante résonna dans la caverne, interpellant les membres du groupe. Sans crier gare, une lame noire tranchante comme une épée apparut de nul part, essayant d'empaler le noble. La lance de Siegfried s'interposa pour stopper l'attaque, repoussant l'assaillant à l'apparence étrange, difforme. Un être qui ressemblait plutôt à une ombre, avec un masque sur le visage.

- Pantera !
- Le seul et l'unique. Moi aussi, je me souviens de toi. Tu étais un peu plus grand, la dernière fois.
- Rends-moi mon état d'origine ! Rompt la malédiction !

Un rire macabre retentit dans la caverne, alors que le corps du démon s'agitait.

- Ce n'est pas très poli de rendre visite à une vieille connaissance juste pour lui demander un service. Tes parents ne te l'ont pas appris ? Oh, mince, c'est vrai. ILS SONT MORTS !

Ricanant une fois de plus, il se jeta avec une extrême agilité vers Gaheris, mais fut stoppé dans sa course par Ferdiad. Sa hache de guerre l'avait réceptionné avant qu'il ne puisse l'atteindre. Après cela, Bakuya donna un coup d'épée avec pour objectif de lui trancher la tête. Mais lorsque son épée entra en contact avec le corps de Pantera, sa lame glissa sur sa "peau", comme si la structure de son corps était devenue molle.

L'être maléfique s'éloigna un court instant. Il fixait les compagnons de Gaheris à travers son masque, se réjouissant de cette situation. Des ombres se mirent à recouvrir le sol et les murs. Un énorme rictus et des yeux veineux s'étaient formés dans la masse obscure et inquiétante qu'était devenu le corps de Pantera.

- Bien, bien... Très bien ! Allez-y, attaquez-moi tous ensemble ! Continuez de m'amuser. Lorsque ce ne sera plus le cas, l'heure de votre mort aura sonné.

[Brigade]

https://www.youtube.com/watch?v=k4lWcij-xp0

Dès l'instant où Pantera avait changé d'apparence, la Brigade des étoiles était passée à l'attaque. Chaque membre avait un rôle spécifique. Bakuya et Freya profitaient de leur agilité exceptionnelle pour agiter leurs armes tout en esquivant les attaques du démon, contre qui ils ripostaient directement. Ferdiad, lui, de par sa robustesse, assurait la protection de Gaheris et de Kansho.

Ce dernier complétait la défense de son ami avec sa lance, en plus d'invoquer constamment des barrières magiques autour des autres brigadiers. Ils pouvaient compter sur lui pour avancer sans crainte, et c'est ce que leur leader faisait. Siegfried, quant à lui, déterminait la ligne de front à lui seul. A chaque fois qu'il parait un coup de lame noire de Pantera, il faisait un pas en avant, approchant de plus en plus de la source du corps du démon.

- Très intéressant... Il semblerait que vous ayez l'habitude de combattre ensemble. Excellent.

Les attaques se multiplièrent, stoppant l'avancée de la Brigade qui fut contrainte de s'arrêter pour se défendre face à la multitude de frappes. Le contrôle qu'exerçait l'être ténébreux sur son corps lui permettait de créer des lames aussi tranchantes qu'une épée, ou de devenir aussi solide qu'un rocher.

- Vous mourrez donc tous ensemble !

Les assauts gagnèrent une nouvelle fois en intensité, forçant cette fois-ci les combattants à reculer, à l'exception de Siegfried. Le lion faisait fi des attaques de la créature, qui ne l'effrayait aucunement. Soudain, une lame acérée alla le toucher au visage. Il l'esquiva de justesse, son visage affichant malgré tout une coupure au niveau de sa joue. Du sang en coulait, provoquant un rire moqueur chez son ennemi.

De son côté, même Bakuya semblait débordé par les assauts incessants du monstre. La parole tournée vers Kansho, il s'écria :

- Ça donne quoi ton truc ?!
- Pas possible, j'arriverai jamais à gérer ça en même temps que tout ce bordel !
- Putain !

Réfléchissant à ce qu'il pourrait faire, il observa autour de lui. Une idée lui vint à l'esprit lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de Pantera, qui jonchaient les murs et le plafond. Il s'approcha ensuite de Freya et de Kansho, leur faisant part de son plan.

Après un acquiescement commun, le bretteur inspira profondément, gagnant en concentration. L'air calme, il se mit à esquiver et contrer toutes les attaques de Pantera avec une aisance impressionnante. Il avait changé sa trajectoire et se déplaçait vers la gauche de la caverne. Freya, elle, faisait exactement la même chose dans la direction opposée. Son extrême dextérité lui permettait de passer entre les offensives de la créature, se faufilant tel un félin. Du point de vue de leur adversaire, leur formation ressemblait presque à une danse.

Lorsqu'ils arrivèrent à un mètre du mur, ils bondirent simultanément avec grâce. A la suite d'une incantation, Kansho fit apparaître une barrière sous chacun d'eux, leur permettant d'effectuer un double saut pour atteindre leur cible : un oeil de Pantera.

Une fois à portée, ils plantèrent leurs armes, provoquant un giclement de sang noir ainsi qu'un cri de douleur. Profitant alors de l'étourdissement que cela infligeait à la créature, Siegfried se rua à son tour pour perforer un autre oeil se trouvant plus au fond dans la grotte.

- Il en aura pas fallu beaucoup pour te faire hurler, commenta-t-il, esquissant un léger sourire sadique, et également fier de la stratégie de ses camarades.

La masse d'ombre se replia temporairement sur elle-même. Une aura magique noire se formait autour. Seul Kansho et Gaheris pratiquaient les arts arcaniques, mais tous pouvaient ressentir une pression inquiétante provenant de cet amas ténébreux.

- Vous croyez vraiment que cela sera suffisant ?! Moi, Pantera, l'Exalté, l'Avaricia, je ne tolèrerais pas une pareille arrogance de la part de misérables humains !

Après s'être pleinement mobilisée, l'accumulation ombreuse commença à adopter une nouvelle forme. Une silhouette humanoïde de plus de 2 mètres se présenta à eux, arborant un masque blanc quelque peu similaire au précédent, mais différent. Il était armé d'une épée émettant une lumière rouge, intimidante.

Bakuya et Freya se préparaient déjà à le prendre d'assaut, mais avant qu'ils ne se ruent sur le démon, Siegfried leur barra la route avec son bras. Il s'approchait de l'Exalté d'un pas lent et assuré.

- Protégez Kansho et Gaheris.

Au même moment, le démon envoya ses ombres assaillir les membres de la Brigade, à l'exception de leur chef qui continuait de marcher jusqu'à lui.

- Tu es très confiant, pour un humain. Mais est-ce dû à une force extraordinaire, ou à une bêtise sans pareil ?
- Te faire crever les yeux t'a dit donc rendu à ce point aveugle ? Pour un être supérieur, ça fait particulièrement tâche.

Le rire de Pantera résonna une fois de plus dans la caverne. Il était devenu plus lugubre et troublant.

- J'ai donc obtenu réponse à ma question, stupide insecte.

[Erinor]

Après un voyage périlleux au sein des marches de Valdarin, le groupe d'aventuriers avait enfin posé le pied en Erinor, la terre des Elfes noirs. Le nord du pays était marécageux, humide, et une chaleur étouffante y régnait. Ils avaient croisé leur premier Noldeor, sur le dos d'un immense échassier des marais, la créature servant de moyen de transport privilégié sur ces terres.

Le Noldeor les avait toisé du haut de sa monture avec un regard méprisant, avant de lâcher un petit "Pffff... Ces N'wahs..."

"Charmant accueil." avait rétorqué Hjalmar, comprenant la signification du mot. C'était un terme dépréciatif que les Noldeor utilisaient pour parler des étrangers, tout simplement.

Ils arrivèrent plus tard dans la première ville sur leur chemin, Asgen. Leur présence ne passa bien évidemment pas inaperçue, et dès qu'ils franchirent les portes de la ville, un groupe de Noldeor trainant se mit à les suivre.

"Ignorez-les. Ils n'attendent que ça. commença Hector.
- Si ils cherchent la castagne, je la leur donnerai volontiers ! lui répondit Hjalmar.
- Et si leurs gardes s'en mêlent ? Peu importe que la faute leur incombe, c'est nous qui serons traités en criminels.
- Eh bien, on s'occupera des gardes aussi. répondit le Zélote sèchement.
- Ha ! Bien parlé, l'ami masqué !"

Justement, à la simple mention des gardes, une dizaine d'entre eux débarquèrent, se mettant à encercler le groupe. Leur aspect unique conféré par leurs armures de chitine leur donnait à la fois un air exotique et menaçant.

"Les étrangers ne sont pas les bienvenus ici.
- On avait remarqué, oui. répondit Hjalmar d'un air de défi.
- Vous venez de Thurinian, en plus. Nous avons ordre d'amener tous les intrus à la grande prêtresse.
- Vous n'avez pas d'Archonte à Asgen ?"

Les Archontes, la classe dirigeante de la société Noldeor, étaient les puissants seigneurs à la tête des différentes maisons. Il y en avait en général à chaque ville importante. Cette question posée par Scyathus fut vue comme une provocation par le garde, qui voyait sa cité être raillée pour son manque d'importance.

"Vous ferez bientôt moins les malins, sales N'wah ! Suivez-nous !"

Ils furent amenés devant un grand temple pyramidal, fait de calcaire gris mais recouvert de magnifiques ornements dorés. Ils entrèrent par une porte, pour emprunter des escaliers afin d'arriver dans le bureau de la prêtresse.

Sur le chemin, Hector analysa les statues présentes, et en déduisit qu'il s'agissait d'un temple dédié à la Reine de la Nuit, Erebos. La déesse-mère du panthéon Noldeor.

La femme qui siégeait en ces lieux toisa les nouveaux arrivants. La grande prêtresse.

"Merci, capitaine. Vous pouvez nous laisser, maintenant."

Sa voix était suave, profonde, et terriblement mélodieuse, comme le chant d'un oiseau. Ses yeux rouges étaient comparables à des rubis, sa chevelure argentée, contrastant avec son teint de peau, brillait de mille feux. Hjalmar resta subjugué devant elle un moment. C'était une femme absolument magnifique.

"Vous êtes sûre, Dame Nur'shalda ? Ces N'wah sont armés, et ils viennent de l'empire maudit...
- Ils n'en feront rien, je vous le garantis. Qu'Erebos vous bénisse."

Les gardes quittèrent alors la salle, laissant les quatre aventuriers debout, devant le grand bureau de la prêtresse. Celle-ci se leva, et d'un pas grâcieux, elle se posa contre son bureau, les bras croisés.

"Ta langue va quitter ta bouche, Skaelun. fit-elle, amusée, devant l'expression béate de Hjalmar.
- Mes excuses, dame... Nur'shalda. répondait-il en reprenant sa contenance et son air seigneurial.
- Que voulez-vous de nous ? enchaîna rapidement le Zélote, d'un ton sec.
- J'ai été prévenue de votre arrivée par... notre Mère.
- Ou bien par des espions."

La prêtresse sourit devant le pragmatisme affiché par le Zélote.

"Qui sait ? Quoi qu'il en soit, je sais vers où votre but se dirige. Vous voulez interroger la Morag Kreshna, c'est bien cela ? Par rapport à la mort de votre empereur.
- Tu es bien informée. lui répondit Hector. Cela m'étonnerait qu'Erebos soit aussi précise dans les signes qu'elle daigne t'envoyer.
- En effet, chevalier. Vous êtes suivis depuis un moment. En même temps, vous ne passez pas inaperçus dans ces contrées. Mais ces détails n'importent pas. Ce qui compte, c'est comment vous comptez échanger vos faveurs avec celles de la Morag Kreshna.
- Qui a parlé d'un échange de faveurs ? On arrive, on les massacre et on fait parler les survivants.
- Toi-même tu n'y crois pas, Skaelun. La Morag Kreshna est omnipotente en son bastion. Il vous faut vous faire inviter par le grand maître. Là, vous pourrez avoir une discussion avec lui, et éventuellement échanger des informations... s'il ne vous tue pas avant.
- Une invitation ? On va prendre le thé ensemble ?
- Tu ne crois pas si bien dire..."

Elle tendit alors une lettre, avec un sceau marqué par la Main, le symbole de la guilde de tueurs. Hjalmar cassa le sceau avant de lire attentivement le contenu de la lettre.

"... C'est une blague ? C'est tout ? Il y a mon nom, celui d'Hector... Oh, Scyathus t'as de la chance ! C'est écrit "grand seigneur Orthello, maître des étoiles". T'as fait quoi pour mériter qu'on te cire les pompes comme ça ?
- Le Maître Lynden Telvanni est une vieille connaissance... Et c'est quelqu'un qui sait encore ce que représente la courtoisie.
- T'aurais pu nous dire ça plus tôt.
- Tu ne me l'as pas demandé.
- Par contre, désolé, mais t'es mentionné nulle part. fit-il en s'adressant au Zélote. Ca sera pas un problème, si ?
- L'étiquette de la Morag Kreshna est très stricte. Vous autres n'y voyez qu'un ramassis de tueurs. Mais ce sont également les prêtres de Kreshna, et les garants d'une philosophie et d'un art de vivre très spécifique. Si votre ami n'est pas mentionné dans la lettre, sa présence pourrait incommoder le grand maître." répondit alors Nur'shalda.

Ils se mirent alors à réfléchir à quelle était la meilleure stratégie à adopter. En soi, le Zélote était une pièce rapportée, qui avait offert son aide mais n'avait que faire du destin de Thurinian. Sa présence n'était pas vitale lorsqu'ils rencontreraient le grand maître de la Morag Kreshna. Mais en même temps, ils ne se voyaient pas l'abandonner alors qu'ils lui étaient redevables. Scyathus parla alors.

"Je saurai convaincre le Grand Maître que nous ne cherchons pas à l'offenser."

Hector et Hjalmar acquiescèrent silencieusement, tandis que le Zélote hocha la tête.

"Très bien. répondit Nur'shalda. Dans ce cas, gardez bien précieusement la lettre sur vous. Je bénis notre rencontre et vous souhaite bonne route, Sera. Qu'Erebos guide vos pas.
- Vous reverra-t-on un jour, gente dame ? demanda Hjalmar d'un ton charmeur.
- Nos chemins se recroiseront, Hjalmar Ysmerin. Et plus vite que vous ne l'imaginez."

Elle leur adressa un chaleureux sourire, avant qu'Hector ne la salue et quitte la pièce en premier. Suivirent Hjalmar et Scyathus. Le Zélote resta quelques secondes supplémentaires, regardant sous son masque la belle prêtresse.

"... Je recherche l'Aigle Noir. Il est en Elserath, n'est-ce pas ?
- C'est un chemin bien dangereux que tu as décidé d'emprunter, Zélote...
- Répondez à ma question. "

Elle hocha la tête à l'affirmative. Puis elle désigna un étrange anneau argenté que portait l'individu masqué à son doigt.

"Cet anneau... Es-tu toi aussi l'enfant d'Andaruil ?
- Je ne suis personne.
- Bien futile est ta décision d'enfouir ton identité et ton passé. Tôt ou tard, ils te rattraperont.
- Je n'ai que faire de tes conseils, prêtresse."

Celle-ci ferma les yeux et soupira, avant de lui répondre :

"Je prierai pour toi, fils d'Andaruil. Qu'Erebos te montre le chemin."

Sans même répondre, le Zélote quitta la pièce, d'un pas contrarié. Il avait eu au moins la confirmation qu'il espérait : sa cible se trouvait ici, en Elserath.

[Miyu]

https://www.youtube.com/watch?v=IVageTGZa88&ab_channel=JakubVobo%C5%99il

Sélène conduisit la Samurai vers son bien-aimé, Psaro l'Exterminateur, au sommet du château. Ils entrèrent dans une tour baignée de lumière, créant une atmosphère à la fois mystérieuse et tendue. Dans la pièce circulaire se tenaient deux personnes : Psaro, grand elfe aux cheveux d'argent et au regard sombre, et son ami, Eldwyn Aurea, un noble de Thurinian, éternellement jeune et membre de l'Arcanat.

Eldwyn, le blondinet charmant, se leva et se dirigea vers la sortie, s'arrêtant à la hauteur de Miyu.

- Ainsi, voilà-donc la Samurai du bout du monde.

Il fixa Miyu de ses yeux troublants, puis ajouta :

- J'ai entendu dire que vous cherchiez de l'argent pour aller à Havrempire. Si vous survivez à cette altercation, j'aurai un travail pour vous. Je vous attendrai près du Palais Impérial.

Méfiante, Miyu plongea son regard dans celui d'Eldwyn, hésitant sur sa proposition. Celui-ci s'éclipsa avec un sourire en coin, laissant derrière lui Psaro et Sélène. Cette dernière suivait Eldwyn du regard, attendant qu'il soit bien parti avant de se calmer.
Psaro l'Exterminateur rompit le silence, s'adressant directement à Miyu.

- Ikeda. As-tu réfléchis à notre échange dans l'arène ?

Sa voix était froide et calme, mais portait une lourdeur sous-jacente.

- Je n'ai qu'une parole.

Répondit la Samurai, d'un ton déterminé. Psaro acquiesça, puis posa une question troublante :

- Je respecte cela. Toi qui viens de l'autre bout du monde, toi qui n'as jamais connu la paix, que penses-tu de l'Empire ?

- Il est pourri par la corruption. Mais il abrite aussi des âmes valeureuses. J'en ai rencontré, en protégeant votre Empereur.

- Ne souhaiterais tu pas leur octroyer une voix ? Libérer les chaînes qui les retiennent ?

- Leur moment de gloire viendra. Les Dieux sourient aux braves.

Psaro fit une pause, se retournant pour regarder au loin à travers les larges vitres de la pièce. Une aura sombre entourait son être.

- J'ai révélé aux intouchables, aux parias, une vérité oubliée. Un chemin vers le pouvoir, caché. La Guerre civile qui arrive... J'ai reçu une vision. Un Empire pris par les flammes. L'Arcanat diraient que chercher la puissance revient à chercher les ténèbres. Et les Nobles diraient que la puissance est une récompense de la trahison. Mais le pouvoir appartient à ceux qui n'ont pas peur de le saisir. Ceux assez braves pour s'en servir ouvertement. L'Empire a été contrôlé par des tyrans, et des Conseils d'ignares.

Il se retourna vers Miyu, la regardant droit dans l'oeil.

- Le moment est venu de nous libérer. Je ne serai plus jamais soumis à quiconque. Je ne me courberai plus devant cet Empire. J'ai accompli ce que tant de guerriers prétendent faire sans y parvenir : j'ai brisé mes chaînes.

- Pourquoi vouloir détruire le voile, alors ? Attaquer le monde ?

- Attaquer ? Non. Faire table rase. Marcher sur cet Empire comme porteur de lumière. Ramener l'Ordre Naturel, la fin de la soumission, la fin de l'esclavage. J'ai réuni mes partisans, dormant dans l'Empire, ou au-dessous de la terre, l'heure est bientôt venue de se lever. La société repose sur des mensonges que nous avons répété aux hommes depuis la nuit des temps. Bientôt, j'apporterai la vérité, par la force.

Miyu croisa les bras, en désaccord total avec les intentions de l'elfe. Une tension grandissante s'installa, et Sélène recula prudemment, s'attendant à ce que la situation dégénère.

- Je me bats pour rétablir l'ordre dans mon pays, Psaro. Je me bats pour la paix, et je suivrai mon seigneur jusqu'en enfer s'il le faut. J'ai commis des atrocités en son nom, j'ai causé la mort de femmes et d'enfants, j'ai combattu des démons. Les souvenirs de ces actes me hantent chaque nuit, mais je les ai commis pour le bien de Yamato, pour apporter la paix dans mon pays. Que reste-t-il si tu abandonnes le mensonge de la paix, Psaro ? Le chaos. Et le chaos engloutira tout, indifférent à l'enfer, un gouffre qui nous dévorera tous.

https://youtu.be/k0bp32opLxI?t=105

Un sourire glacial apparut sur le visage de Psaro, tandis que Sélène affichait une expression de plus en plus inquiète.

- Le Chaos n'est pas un gouffre. Le Chaos est une échelle. Beaucoup échouent en essayant de l'escalader, sans jamais avoir une seconde chance. La chute les brise. Certains ont l'occasion de la gravir et la refusent, s'accrochant à l'Empire, aux dieux ou à toute autre illusion. Seule cette échelle existe, et son ascension est la seule réalité. Je l'ai vu... Le Chaos emportera le monde.

- Tu es perdu, Psaro l'Exterminateur.

Fit Miyu, dégainant son Wakizashi, Psaro empoigna son sabre en réponse, et les deux semblaient se tourner autour, lentement.

- Et tu es aveugle, Miyu Ikeda.

https://www.youtube.com/watch?v=jFi796_rCl4&ab_channel=RichaadEB-Topic

Miyu s'élança en avant, son Wakizashi fendait l'air avec une rapidité fulgurante. Chaque coup portait l'empreinte de sa maîtrise et de sa détermination. Psaro esquivait avec une agilité surprenante, se déplaçant avec une grâce féline, évitant de justesse les attaques meurtrières de la samurai.

Les échanges étaient rapides et intenses, un ballet mortel entre la force brute de Psaro et la précision mortelle de Miyu. Les étincelles volaient à chaque collision d'acier, emplissant la pièce d'une ambiance électrique. Leurs mouvements étaient fluides, presque chorégraphiés, mais empreints d'une tension palpable.

Miyu utilisait sa maîtrise des flammes pour renforcer ses attaques. Des vagues de chaleur s'échappaient de son Wakizashi à chaque coup porté, menaçant de brûler l'air autour d'elle. Psaro, lui, se servait de son agilité surhumaine pour esquiver les flammes mortelles, se jouant des attaques de la samouraï avec une adresse déconcertante.

Le duel se poursuivit, une danse mortelle entre les deux combattants. Leurs souffles se mêlaient au grondement des armes s'entrechoquant, créant une symphonie de violence et de détermination. Chacun cherchait la faille de l'autre, tentant de percer sa défense et de trouver l'ouverture décisive.
Puis soudainement, Psaro sembla s'arrêter. Le temps sembla s'arrêter. Fudo Myo-O apparut, Dieu des Flammes de la Guerre, sa chevelure bleue virevoltant en arrière. Ses bras étaient croisés et il regardait Psaro, parlant à Miyu.

- Votre combat est inutile et destructeur. Je peux en finir maintenant, si tu acceptes ma puissance.

Miyu resta là quelques instants, hésitante. L'idée de perdre de sa personnalité à chaque fois qu'elle laisserait le contrôle au Dieu des Flammes ne lui plaisait que peu. Elle avait déjà combattu Psaro, après avoir enchaîné une journée entière de combats. Cette fois, ce serait différent.

- Non. Je vais m'occuper de lui.

- Alors détruis le.

Le temps repris son cours, et soudain, Miyu effectua un mouvement rapide et précis, envoyant une rafale de flammes en direction de Psaro. Leur puissance était telle qu'elle engloba l'Exterminateur, l'encerclant de flammes vives. Mais à la surprise de Miyu, Psaro érigea un bouclier d'énergie noire qui repoussa les flammes.
Miyu et Psaro se combattaient avec une intensité croissante, repoussant leurs limites physiques et mentales.

- Psaro... Je vais en finir ici... ET MAINTENANT !

Finalement, un dernier échange d'attaques scella leur sort. Miyu parvint à trouver l'ouverture tant recherchée et porta un coup dévastateur à Psaro. Son Wakizashi traversa son corps et pénétra profondément dans sa poitrine.
Le sang sombre de l'Exterminateur coulait, et Miyu haletait, épuisée.

- Tu es forte, Samurai.

- J'ai affronté plus fort que toi.

Déclara t-elle, faisant allusion à Uesugi Kenshin, le Dieu de la Guerre Incarné.

- Et comme lui, tu ne m'as pas vaincu.

Magré la lame plantée dans son corps, la main de Psaro attrapa Miyu par la gorge, et la rejeta d'une force surhumaine. Il retira le Wakizashi et le lui jeta. Elle regardait de son oeil, surprise, commençant à regretter d'avoir refusé l'offre de Fudo Myo-O.
Psaro contracta ses muscles, ses yeux commençaient à blanchir, et sa stature à grandir, sa dulcinée poussa un cri de peur. Diverses marques de l'Abysse apparaissaient sur son corps et son visage, et une masse noire et dure renforçait son corps. Ses cheveux volaient tout seul en l'absence de vent.

C'était lui. Psaro l'Exterminateur. Le Roi des Tréfonds. Le Roi des Monstres. Son coeur démoniaque pompait son sang corrompu à toutes les extrémités de son corps, et ses pas lents et décidé traduisaient l'envie d'en finir.

- Tu comprends maintenant à qui tu fais face, Samurai.

Miyu eut un léger rire, se transformant rapidement presque en un fou rire.

- Alors te voilà vraiment, Psaro... Roi des Monstres.

Elle se releva, le sourire aux lèvres.

- Mais tu ne comprends pas à qui tu fais face non plus. A une putain de tarée.

Commençait à ajouter Miyu, tournant le dos au monstre, et rengainant son Wakizashi.

- Sarabada !

Dit-elle, dans son langage, fonçant dans une fenêtre pour sauter la tête la première. Face à Psaro, sa mort aurait été certaine, ici. Lorsqu'elle tomba au sol après quelques secondes, elle sentait que certaines de ses côtes étaient brisées, mais au moins, elle était en vie. Malgré ça, elle affichait un grand sourire. Elle n'attendait qu'une chose, le prochain combat.

[Red Moon]

https://youtu.be/PrSnBKAGI1A

Le groupe s'était mis en route afin de s'enfoncer dans un coin reculé de la région. Ils se tenaient à plusieurs dizaines de kilomètres de la capitale et arrivèrent à ce qui ressemblait une auberge. Ou du moins... Ça y ressemblait.

Desmond ouvrit la marche et s'approcha de l'entrée, faisant signe à ses acolytes de le suivre. Malheureusement, l'entrée semblait un peu trop étroite pour que le titan puisse passée, mais cela n'allait pas être un problème puisqu'il allait rester dehors comme à son habitude, gardant un oeil sur le chariot. Le chef et la renarde pénétrèrent dans l'enceinte qui était peuplé d'innombrables bandits de tous les coins du pays. C'était en vérité non pas une véritable auberge, mais plutôt un repère de malfrats en tout genre. L'endroit était sale et sentait le chien mouillé mêlé à la bière. Dans un endroit pareil, Desmond et surtout Izumi passaient pour des nobles. La renarde portait une cape pour cacher ses oreilles et ses queues, mais la brillance de ses vêtements blancs attisaient les regards. Ils arrivèrent face au barman qui nettoyait les verres et était remarquablement grand et costaud, portant une fière moustache. A la vue du semi démon, il se mit à sourire.

"- Desmond... Ça fait une paye." Fit le barman.
"- En parlant de paye... Ou on en est, aujourd'hui ?" Demanda le sang mêlé.
"- Eh bien..."

Se baissant au niveau de son bar, il ouvrit un tiroir où était répertorié énormément de fiches de recherches. De cette masse de papier, il en sortit trois et les étala sur le comptoir face aux deux voyageurs. Sur ces affiches, on pouvait reconnaître le visage dessiné des Desmond, Izumi et Arkhan, tous les trois sous l'appelation de Red Moon, le groupe de mercenaires recherché.

"- 550 000 pour toi... 450 000 pour la petite dame et 600 000 pour ton pote le géant. C'est que vous commencez à être célèbre." S'exclama l'homme derrière le comptoir.
"- Arkhan a plus que moi, sérieusement ?" Fit Desmond, étonné.
"- Faut dire que les buffles de trois mètres courent pas la région... D'ailleurs, il est où ?"
"- Il est contrarié que t'ai pas agrandi la porte pour lui..."
"- Ah, un grand sensible, hein ? Je vois, je vois..."

S'approchant de son affiche, Izumi fit une grimace, quelque peu dérangée par son portrait.

"- Ils auraient pu faire un effort sur le dessin. Ça ne me ressemble pas du tout... !" S'exclama-t-elle.
"- Je leur ferais passer le message, princesse, pour qu'ils rajoutent des perles et des papillons."

Sa remarque fit rire Desmond sous le regard agacée de la renarde.

"- Ok, bon. J'adorerais discuter avec toi Col, mais on aurait besoin de se refaire un peu. Qu'est-ce que tu as à nous proposer ?" Questionna le métis.

Finissant de nettoyer ses verres, il se mit à regarder autour de lui et s'approcher de Desmond pour parler à voix basse, de manière à ce que personne ne l'entende.

"- Il y a des bruits qui court sur un assassin qui n'est pas du coin s'en prendre à certains de mes gars. On raconte que c'est un samouraï fantôme..." Chuchota-t-il.
"- Un samouraï fantôme ? Tu veux me faire peur avec tes histoires pour enfant ?"
"- Ce n'est ni un esprit, ni un spectre. C'est un homme, en chair et en os. On l'appelle le fantôme car... Il est invisible. Il tue ses proies sans jamais montrer son visage. Un samouraï qui ne connait pas l'honneur..."

Sa description interpella la renarde qui tendit une oreille. Malgré la capuche sur sa tête, la taille de ses oreilles étaient telles que son audition était plus développée que celle des humain. Elle pencha à son tour la tête pour participer à la conversation.

"- Un Samouraï du clan Takeda ?"
"- Qu'est-ce que j'en sais. C'est pas commun de voir ce genre de type sur le continent. On ignore ce qu'il désire... Mis à part que c'est un chasseur de tête terrifiant. Peut être qu'il s'est tiré de son pays parce qu'il était recherché là bas ? En tout cas... Il parait qu'il opère près de Greenbell, à un jour de voyage d'ici." Finit le dénommé Col, se redressant.
"- Un chasseur de tête, hein ? Eh bien, c'est même probable qu'il vienne nous voir avant qu'on le trouve... Merci pour ton aide, Col." S'exclama Desmond, se relevant de son tabouret.
"- A ton service. Passe le bonjour au grand bavard pour moi."

Le duo sortit alors de l'auberge. Ils avaient maintenant un objectif et une cible à traquer.

"- Takeda ? D'où tu sors ça ?" Questionna le métis démon à la renarde.
"- Quand j'étais petite, j'entendais des légendes pour faire peur qui contaient les histoires d'assassins au sein de ce clan. On raconte que c'était des samouraïs dénués d'honneur qui avaient désertés l'armée. Depuis, ils agissent dans l'ombre, tranchant la tête de leur cible pour de l'or." Répondit-elle, abaissant sa capuche.
"- T'écoutais ce genre d'histoire quand t'étais gosse ?" Fit-il en haussant un sourcil.
"- Je suis plutôt curieuse, tu sais ? Puis c'est pas comme si ces histoires me faisaient peur." Dit-elle, avec assurance.
"- On verra quand on le croisera." Conclut-il, esquissant un sourire mesquin.

Rejoignant Arkhan près du chariot, celui-ci les attendait patiemment les bras croisés.

"- Col te passe le bonjour." Commença Desmond, au kossith démon.
"- Mmf..."

Maintenant qu'ils étaient briefés et avaient un objectif, ils purent se mettre en route vers leur prochaine destination, mais surtout... Leur prochaine cible.

[Brigade]

https://www.youtube.com/watch?v=YKLijZfJVzs

La joute débuta entre l'Avaricia et le lion bleu, sa lance s'entrechoquant avec le sabre rouge du démon. Chaque impact résonnait en écho dans l'antre de Pantera. Dans un sens, la violence des échanges lui rappelait sa confrontation dans les souterrains de Tir Edessa, contre ce dénommé Uriel. Malgré tout, Siegfried restait particulièrement confiant.

Juste après une nouvelle parade, une ombre noire en forme de lame sortit du corps du monstre, blessant Siegfried au niveau de son épaule. Instantanément, ce dernier riposta par un coup d'estoc vif comme l'éclair, enfonçant sa lance dans le voile sombre qu'était son adversaire. Néanmoins, l'attaque fut inefficace. Elle ne semblait pas l'affecter.

En poussant un rire moqueur et amusé, l'Exalté retourna à l'assaut, combinant son sabre écarlate à plusieurs lames qui sortaient de son organisme.

A la vue de ce spectacle et de son impuissance, Gaheris serra le poing. Il ne supportait pas cette situation, bien loin d'être à leur avantage malgré leur supériorité numérique. Mais face à un adversaire capable d'attaquer comme un bataillon entier, ce n'était pas un facteur très impactant. En l'occurrence, tous les autres brigadiers étaient sur la défensive pour le défendre, à l'exception de Kansho qui préparait quelque chose.

- T'en as encore pour longtemps ? s'écria Freya, parant une attaque entre chaque mot.
- Patience, patience... Faites juste confiance en votre leader et en moi.

Le visage inquiet, Gaheris priait intérieurement pour que son confrère à la chevelure flamboyante ait raison.
De son côté, Siegfried était devenu moins agressif dans sa façon de combattre. Il avait cessé d'attaquer pour se focaliser sur ses parades et ses esquives, abordant un style défensif.

- Tiens, où est donc passée ta confiance absolue, humain ? Tu as l'air de regretter tes paroles. Et malheureusement pour toi... je suis tout sauf magnanime !

La silhouette obscure leva son bras avant vers le lancier, projetant un terrible jet de foudre rouge. L'électricité balaya Siegfried contre un mur de la grotte, qui cracha une gerbe de sang à son contact sous le regard alarmé de ses camarades.

- Sire Siegfried !

Un profond rire moqueur retentit, en même temps que Pantera vibrait d'amusement.

- Tu ne te sens pas bien ? Tu as besoin d'aide ? Quel dommage que tes petits copains soient incapable de t'apporter leur soutien, retenus par ma toute-puissance !

Sans prononcer le moindre mot, le chef de la Brigade des étoiles se releva, retournant directement au combat. En réaction, la créature laissa s'échapper un soupir, presque déçue de son choix.

- C'est tout ? N'as-tu donc rien de nouveau à me proposer ?
- Non. Je ne suis pas un mage. Tout ce que je peux, et que je vais faire, c'est te frapper.
- C'est bien dommage. Dans ce cas, il est temps pour toi de mourir.

Une salve d'attaque fusait à nouveau. Faisant virevolter sa lance avec force et dextérité, Siegfried se défendait du mieux qu'il le pouvait, esquivant et bloquant la plupart des lames noires. Toutefois, ils n'étaient pas capable de toutes les éviter. A force d'accumuler des dégâts, il finirait par être réellement en mauvaise posture.

Surgissant en face de lui, Pantera profita qu'il était occupé à bloquer plusieurs ombres pour lui trancher la cage thoracique avec son épée rouge. La lame fit mouche, mais ne passa pas profondément dans la chair du guerrier. Son armure avait réussi à encaisser l'attaque, bien qu'elle s'en trouvait désormais brisée.

- Tu as le mérite d'être bien équipé.

En même temps, sa tunique fut déchirée par une ombre, affichant une partie de son torse. A ce moment-là, Gaheris, qui avait une vue plus développée que le commun des mortels, remarqua une blessure dans le corps du lion. Comme si un animal avait planté ses crocs en lui.

- Mais... c'est impossible, est-ce qu'il...

Il fut interrompu par la voix de Kansho, qui cria en direction de Siegfried.

- Vas-y, donne tout !

Soudain, le regard du combattant s'endurcit. L'air sérieux, il se rua vers le démon pour passer à l'offensive. Celui-ci, qui était de toute façon immunisé aux attaques de la sorte, ne comprenait pas ce changement d'attitude.

- Allons bon, tu sais bien que c'est inutile. Arrête un peu ton ciné-

https://www.youtube.com/watch?v=n6WPRsDQd_o

Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, il sentit son bras armé se faire trancher par la lance de Siegfried. Son sabre chuta au sol, perdant sa lumière en même temps qu'il poussait un gémissement de douleur.

- Je le sais bien. Je n'arriverai jamais à te tuer, puisque je suis incapable de réellement te blesser. Mais ça ne te rend pas invulnérable à la douleur pour autant.

Il se craqua le cou, avant d'effectuer quelques moulinets avec sa lance en marchant vers Pantera d'un air menaçant.

- Comme je te l'ai dit, je vais te cogner. Encore, encore et encore, jusqu'à ce que tu regrettes d'être immortel.

A la fois apeuré et enragé, l'Exalté envoya un déluge de foudre vers Siegfried, similaire au précédent. Mais cette fois, Siegfried plaça son bras non-armé devant lui pour le bloquer. D'un revers de la main, il dégagea le déferlement électrique sur sa gauche. La main brûlante, il se jeta sur Pantera pour transformer ses mots en actes.

Il fit tournoyer sa lance au-dessus de lui un instant, puis l'abattit sur le crâne de la silhouette ombreuse, pulvérisant son masque blanc. Il enchaîna en perforant à de multiples reprises son corps, qui laissait s'échapper un liquide noir à chaque fois qu'un trou se formait. Lorsque des ombres s'attaquaient à lui, il les parait avec une violence telle que Pantera pouvait sentir cette partie de son organisme engourdie.

En témoignant de la violence incomparable dont il faisait preuve, l'héritier de la maison d'Athréa était bouche bée. Il en venait presque à avoir pitié de Pantera. Son expression changea rapidement pour laisser place à la panique, toutefois, lorsque Siegfried posa un genou à terre, le souffle alourdi. L'Avaricia, elle, fut profondément étonnée face à ça. Sa surprise laissa ensuite place à de la férocité, puisqu'elle vit en l'arrêt de ce carnage une occasion pour elle de se venger.

Mais avant que ses ombres acérées ne perforent le lancier, il aperçut une lumière aveuglante provenant du groupe de brigadiers. Kansho se tenait là, abaissé et les yeux fermés, soufflant une incantation. Des faisceaux de lumière apparurent autour de Pantera, tout comme des halos magiques se mirent à l'envelopper. Subitement, il sentit ses forces le quitter. Luttant avec ardeur, il poussa un hurlement de rage en faisant gonfler son organisme. Le sortilège faisait effet, mais cela restait insuffisant. Dans l'amas ténébreux, un immense oeil s'était formé. Il était similaire aux précédents, à l'exception que les veines étaient encore plus prononcées.

- C'est pas vrai, même comme ça ?! fit Bakuya, stupéfait par l'acharnement de la créature.
- Misérables humains ! Vous pensiez vraiment qu'un vulgaire sort de magie blanche viendrait à bout de moi ?! Je suis Pantera ! L'Exalté ! L'Avaricia ! MAINTENANT, VOUS ALLEZ-

Une force invisible l'empêcha de terminer sa phrase. Il sentit une pression titanesque écraser son organisme, comme si la gravité elle-même s'écroulait sur son être. A côté de lui, il aperçut Siegfried qui s'appuyait sur sa lance. Malgré son piteux état, il le regardait de haut avec mépris, observant son corps être compressé par la technique du mage de la Brigade.

- IMPOSSIBLE !

Kansho termina son incantation, ouvrant les yeux. Le corps de Pantera se recroquevilla littéralement sur lui-même, perdant en volume jusqu'à devenir minuscule. Les ombres disparurent une à une, rejoignant le petit être qu'il était devenu. Le mage sortit alors un flacon, vide, à l'intérieur duquel il le plaça pour l'enfermer, scellant ainsi définitivement l'issue du combat.

[Circé]

Alors que Miyu escaladait la tour avec Sélène, Circé, Soma et Asmodée descendaient, cherchant à atteindre les profondeurs du château maudit. L'Elfe Noire avait communiqué avec les Démons pour localiser la carte, qui se trouvait apparemment sous le château. La tâche de trouver la carte n'avait pas été difficile, mais sortir de là s'avérait être le véritable défi.

En chemin, Soma ne put s'empêcher de remarquer que la pièce semblait différente à la remontée. Il interrogea Circé à ce sujet, cherchant des réponses à leur situation périlleuse.

- Cette pièce était pas supposée être différente ?

- Si, bien sûr. Nous sommes juste traqués.

Répondit Circé avec un calme déconcertant, comme si c'était une évidence.

- La chose impie qui nous scrute.. Que Tyrnal nous protège.

- Allez, Enfant de Choeur, je suis sûr que ce n'est rien que le Grand Inquisiteur de l'Empire ne peut pas démolir. Je suis sûr que ça foutrait une bonne claque à l'Ordre de Valengaard.

- Amusant. Il est vrai, ces ignares ont beau lutter contre ces maudits Elfes, face aux Démons seule l'Inquisition sait agir. Si mes cardinaux étaient là, ce château serait déjà démolit.

- Les cardinaux, ceux que tu as rendu aveugle ?

- Ceux là.

Affirma simplement Asmodée. Soma, commençant à sentir qu'ils étaient suivi, tenta de détendre la situation.

- Ah, merde. Poupée, tu sais ce qui nous suit ?

- Oh ? Une Idée du Chaos.

- Une quoi du quoi ?

- Si ! Ces choses incompréhensibles qui peuvent rendre fou ceux qui la voient. La moitié de ma tribu a faillit se faire raser par l'un de ces monstres, heureusement que le Chaman était là !

Soma se retourna, prenant une courte pause, de la sueur perlait sur son front.

- Et... Et ton Chaman est là, ou pas... ?

Balbutia Soma, incapable de détourner le regard. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit la transformation de la pièce autour d'eux. Ce qui était autrefois une salle ordinaire avait disparu pour laisser place à une grotte mystique, où l'espace et le temps semblaient perdre leur logique. Le sol ressemblait à un miroir liquide, et le plafond était parsemé d'étoiles.

Mais ce qui captiva complètement Soma, c'était l'être qui se tenait devant eux. C'était une abomination indescriptible, à mi-chemin entre une créature insectoïde et minérale, avec un crâne humain fendu et un œil unique brillant comme une galaxie. L'être cosmique se mouvait avec grâce, lévitant et tournoyant vivement.

- Bien sûr que non, il est en Noldéor !

Répondit Circé avec évidence tout en regardant l'abomination qui se tenait devant eux.

- Une... Une idée du Chaos...

Souffla t-il.
Soma sentait sa compréhension de la réalité se distordre dans son esprit. Ces créatures étaient des avatars du Chaos Primordial, invoqués par la corruption des Dieux à l'aube du monde. Et maintenant, l'un d'entre eux se dressait devant eux, invoqué sous le palais de Psaro l'Exterminateur.

- N'wah.

Cracha Circé, serrant sa prise sur son sceptre d'ébonite. Le Grand Inquisiteur, lui, fit tournoyer son sabre doré, concentrant sa magie quasi divine. Des ailes bleutées bénies apparurent dans son dos, et son sang bouillonnait d'une colère froide en voyant cet affront à Tyrnal se dresser ici-même.

https://www.youtube.com/watch?v=BSpR0DJEgxM&ab_channel=HeavenPierceHer-Topic

- Quelle... ABOMINATION !

L'abomination des étoiles se mouvait tel un dragon, ses mandibules s'agitant pour charger droit sur les trois. Soma, tétanisé, était incapable de bouger, voyant sa compréhension de la réalité se distordre dans son psyché. Asmodée et Circé étaient plus chanceux, tous deux versés dans les arts mystiques, leur esprit était assez fort pour résister à l'existence même de cette chose.

-Nous sommes le début. Vous êtes la fin.

La créature cosmique se mit en mouvement, se précipitant vers eux tel un dragon, ses mandibules menaçantes prêtes à les déchiqueter. Soma était tétanisé, incapable de bouger, tandis que Circé bombardait la créature avec des pics de glace qui semblaient se briser contre le corps météorique de l'abomination.

- Chaos. Votre genre ne connaît rien d'autre que la faim. Un affront envers les Dieux.

La lame dorée d'Asmodée s'allongea dans des flammes divines, et l'homme en armure riait d'un rire fou à lier.

- Haha... HAHAHA...! CHAOS, PREPARE A ÊTRE NOYE SOUS LA VENGEANCE DIVINE !

Asmodée bondit dans une explosion divine, invoquant des lames éthérées fusant sur la créature Chaotique, et se plantant dans ses flancs. La chose n'eut pas de réponse, alors qu'Asmodée déchargeait sa lame sous le "ventre" de l'entité surnaturelle.
Un coup de queue balaya l'Inquisiteur, qui fut empoigné par l'un des bras squelettique de la créature, le serrant sous son armure. Du sang giclait des ouvertures métalliques de l'armure d'Asmodée, et celui-ci, se baignant dans la douleur, hurlait tel un fou :

- Haha... PLUS ! Plus de douleur ! EST-CE TOUT CE QUE TU PEUX FAIRE, CHAOS ?! JE VEUX PLUS !

Asmodée frappa violemment la créature, brisant l'un de ses bras. Mais la créature resta imperturbable, démontrant une puissance qui semblait dépasser la compréhension humaine.

- Je suis l'augure de votre ascendance, Humain. Les dieux ne peuvent rien.

Annonça froidement la chose, balayant Asmodée avec force. Circé, elle, continuait à bombarder la chose. Elle n'allait même pas prendre la peine d'invoquer des Démons, car cela serait inefficace face à un avatar du Chaos Primordial. De la sueur perlait sur son front et elle craignait que le Grand Inquisteur ne suffise pas à détruire la chose.
Dans une éblouissante démonstration d'énergie divine, Asmodée déchaîna une salve de projectiles sacrés, chacun pulsant d'un pouvoir d'outre-monde. Ils filèrent à travers l'air, laissant derrière eux des traînées d'éclatante luminosité, tandis que l'Idée du Chaos tissait et esquivait avec une force folle.

- DEUS... VULT... ABOMINATION !

Hurla Asmodée, chargeant tel un projectile pour transpercer la chose, lui ôtant sa queue dans un souffle lourd.
Malgré les dégâts, la chose ne fléchissait pas ni ne faiblissait. Pendant que Miyu se battait contre Psaro au sommet, Circé, Asmodée et Soma se retrouvaient aussi dans leur combat, sous la terre. Un combat qu'ils ne pourraient pas gagner, à moins que... Circé hésitait, la sueur perlait sur son front, et elle voyait que les chances de s'en sortir vivant diminuaient à chaque instant. Allait-elle le faire ? Asmodée fut balayé une dernière fois, et l'avatar du Chaos fit claquer ses larges mandibules, prêt à couper l'homme en deux.

- Sale N'wah... !

https://www.youtube.com/watch?v=e_U7ZST3_Fw&ab_channel=Shir%C5%8DSagisu-Topic

Gronda Circé, faisant s'abattre un torrent de lave sur la chose, détournant son attention. Elle lâcha directement son bâton, ouvrant son sac de cuir pour y dégainer un tome corrompu. Elle allait le faire, sa magie faisait léviter le livre dont les pages défilèrent devant ses yeux. Les mains de Circé s'entouraient d'une aura rouge. Sa bouche s'ouvrait sans même qu'elle ne la contrôle, et les paroles étaient forcées hors d'elle, déblatérant des vérités incompréhensibles issues du livre maudit du prophète Koslun.

- Encore une fois, seront chantées les louanges lorsque sera invoqué le Dieu inaccessible, celui qui existe seul. Mais lui, le Dieu inaccessible, projettera de lui-même une puissance de lumière pour venir à vous, à l'endroit du vrai Dieu, et vous donner le caractère du trésor du vrai Dieu. Et cela vous achèvera dans chaque plérôme, et fera de vous un rang dans ce trésor.

Son corps se crispait, des sortes de tentacules chaotiques émergeaient du livre, l'une d'elle pénétrant le ventre de Circé, ses yeux brillaient et semblaient presque fondre, transformés en flammes divines.

- Retirez-vous, Chaos, archonte de l'existence primordiale, car nous avons reçu le mystère des douze éons et de leurs défenses, car nous invoquons l'Ordre !

Cria Circé, sa voix portant une puissance étrange.
Des sortes de chaînes divines fusaient du corps de Circé, pénétrant à travers la pierre chaotique formant le corps de la chose et la restreignant.

- Et encore, lorsque ils emmènent mon âme vers l'endroit de tous les rangs de Jachthanabas, le grand, puissant archonte qui est plein de colère, le successeur de l'archonte des ténèbres extérieures, Adversaire, l'endroit où toutes les formes changent, celui qui est puissant, qui est répandu sur le chemin du Milieu, et qui dérobe les âmes par le vol, lorsque ils emmènent mon âme vers cet endroit, elle leur donnera le mystère de leur peur, qui est l'Ordre !

Le voile se déchirait à travers le chaînes, créant des brèches happant la chose maudite, la gravité perdait son sens et la réalité se déroulait sous les yeux brûlant de l'Elfe Noire, démantelant l'idée du Chaos. Circé hurlait, comme éprise de douleur. Un hurlement guttural alors que ses propres chaînes la retenaient elle aussi, du sang coulait de tous ses orifices.

- KOSLUN... ! IL VOIT !KOSLUN VOIT ! KOSLUN VOIT !

Les cris refroidissants de Circé dépassaient les sons stridents de l'Idée du Chaos Primordial. Des cris de douleur sortant même Soma de sa trance. Lorsque l'abomination disparut, les chaînes partirent elles aussi, tout comme les brèches. Circé retomba à quatre pattes, le livre devant elle. Elle haleta, les yeux écarquillés quelques instants. Elle se sentait comme violée. Les vérités de ce monde défilaient dans son psyché, incompréhensibles, même pour elle expérimentée avec l'Abysse.

- Koslun... Koslun... Koslun... Quelle idée... Le Chaos. Le Chaos...! Le Paradis... Fermé. Les Cités d'Or...! Rétribution... Divine !

Lorsque Soma s'approcha de l'Elfe, elle l'empoigna avec une force surhumaine.

- Hé ça v...

- LA TRESORERIE DIVINE ! Ah... Aaaah... Nérévar me garde.

Souffla t-elle, se calmant légèrement. La pièce redevenait normale, et il était temps de s'enfuir d'ici.
Lorsqu'ils sortirent finalement du château, ce fut pour retrouver Miyu étalée au sol, entourée de morceaux de verre. Circé n'avait pas dit un mot sur le chemin de la sortie, perdue dans ses pensées, jusqu'à ce qu'elle vit Miyu.

- Miyu... ?!

- Quelqu'un a pas quelque chose à bouffer... ?

Fit la Samurai, un sourire aux lèvres.

[Tir Edessa]

https://www.youtube.com/watch?v=JCtj1KO9lP0

La procession s'avançait, lentement, recueillant les murmures affligés de la populace. Ils s'avancèrent jusqu'à un grand balcon, qui surplombait l'allée et offrait une vue imprenable sur le quartier, et sur le palais des Rianon.

Là, le Hiérarque, prêtre suprême de l'empire, s'agenouilla devant le cercueil avec déférence, avant de se relever et de se tourner vers la population. De sa voix tonnante et habitée par la parole divine, il commença à prononcer l'éloge du défunt empereur :

"Aenelion a choisi pour notre bien-aimé souverain une vie de lutte, une vie de dépassement. À peine sacré, il vit l'empire perdre son plus grand serviteur de ces derniers siècles, le Lion Léandros. Puis il dut faire face aux guerres, aux invasions des Sarjuk. Avec une grande intelligence, et avec l'appui de sa Foi brûlante, Morwayd Rianon sut maintenir l'intégrité de l'empire, pendant plus de cinquante ans. Il fut un souverain sage, un père aimant, et un homme de la plus haute distinction. Qu'Aenelion l'accueille sous ses cieux éternels, qu'il bénisse sa descendance, et qu'il continue à faire prospérer l'empire sous des jours heureux !"

La foule applaudit l'éloge. Bien que la moitié de ce qu'avait avancé le Hiérarque pourrait être sérieusement débattue, Morwaydd Ier avait toujours joui d'une certaine popularité au sein de la capitale.

Le Hiérarque céda alors sa place au centre de l'esplanade à Parcivius, le vieux maître de l'Arcanat. L'archimage planta ses yeux bleus translucides dans ceux du peuple, instantanément captivé par ce vieillard charismatique.

"Peuple de Tir Edessa... Voilà plusieurs jours que nous sommes en deuil, que nous pleurons pour ce drame des plus épouvantables, que nous nous inquiétons en nous demandant de quoi notre futur sera fait... Rassurez-vous, car la Divine Providence a trouvé son chemin, et l'avenir s'éclaircit !"

Au milieu de la foule, Alric écoutait avec attention, mais depuis quelques secondes, il éprouvait une sensation curieuse. Il se sentait faiblir, et son esprit semblait presque appelé ailleurs. Il s'appuya sur son bâton de prêtre, tremblotant, avant que Blade ne le remarque et lui offre son soutien. Parcivius continuait son laïus, imperturbable.

"Des forces au sein de Thurinian oeuvrent dans l'ombre... Intéressées par leurs seuls objectifs, elles cherchent à nous détruire, à asservir l'empire pour bâtir un nouvel ordre... Je n'ai pas besoin de vous citer de noms, mais je vous parle bien sûr de... L'ORDRE DE VALENGAARD, ET LA COURONNE DES SKAELUN !!!"

La seule mention de ces factions fit grogner les spectateurs de mécontentement. Désormais hurlant chaque phrase, habité par son discours, Parcivius continua à enflammer la foule.

"Ces félons, ces ennemis de l'intérieur désirent s'emparer du trône du Dragon PAR LA FORCE ! Ils veulent marcher sur Tir Edessa et vous asservir ! Vous, peuple de la capitale, représentants de la plus illustre cité d'Eos ! Ces êtres fous et impies pensent avoir la légitimité avec eux, car chacun retient otage l'une des filles de notre défunt souverain ! Et que dire des Noldeor, cette ignoble race, qui s'introduisent dans nos terres pour aller assassiner notre souverain ! Ils désirent la guerre, ils auront L'ABYSSE !"

Alric serra des dents, car en plus de son état étrange, un vacarme assourdissant se répandit, avec une foule désormais en délire, transcendée par l'appel à la guerre de l'Archimage.

"Face à cette situation, il est de notre responsabilité de protéger les intérêts de Thurinian... et de châtier les traîtres !"

À ces mots, deux gardes vinrent alors rejoindre Parcivius, trainant avec eux un homme en haillons, pieds nus, couvert de chaînes. Son visage ensanglanté témoignait d'un traitement violent qu'il avait reçu. Quelques rares nobles pouvaient le reconnaître : il s'agissait du seigneur William de Glenmoran, frère de Pellinor. Le frère du grand maître de Valengaard. Il fut forcé à s'agenouiller par les gardes, qui le tenaient fermement par le cou. La foule se mit alors à l'insulter, et à lui jeter tout ce qui lui passait par la main. Après quelques secondes de ce déchaînement, Parcivius reprit la parole.

"Oui, peuple de Tir Edessa, votre colère est légitime ! Toutefois, le sire William ici présent est accusé de conspiration contre la couronne impériale, et de crime de lèse-majesté. La sanction encourue est la mort, et le verdict ne peut être prononcé que par le souverain de l'empire !"

L'incompréhension gagna alors la foule. Le noeud-même de cette situation était qu'il n'y avait aucun héritier légitime au trône : les seules enfants de l'empereur étaient des femmes, et dans la société thurinienne, voir une femme sur le trône était une quasi-aberration, d'autant plus que celles-ci étaient aux mains de factions dissidentes...

"Voilà de quoi vous réjouir, peuple de Tir Edessa ! La Providence nous a éclairé, et elle nous a envoyé un miracle !"

https://youtu.be/n_anXqGD36A?t=248

Alric se sentait presque partir, murmurant "le dra... le dra..." alors que des rafales de vent lointaines se faisaient ressentir parmi la foule. Elles étaient de plus en plus violentes, à intervalles réguliers.

"Je vous présente, citoyens Thuriniens, votre nouvel empereur ! Le seul fils de Morwaydd Rianon, le souverain légitime ! CAEDWYNN RIANON !"

Un rugissement formidable retentit, à travers toute la ville. Comparable à un coup de tonnerre, il ne pouvait appartenir qu'à une seule bête : un dragon. L'être ailé surgit des nuages, se laissant contempler dans toute sa grandeur et sa magnificence par le peuple de Tir Edessa.

"Il est là... Le dragon..." murmura alors Alric.

Le dragon se stabilisa au dessus de la foule, et descendit doucement en battant de ses formidables ailes, tandis que la foule s'écartait pour ne pas finir écrasée sous ses gigantesques pattes. Dépourvu de cornes, recouvert d'écailles grises sombres, il était de dimensions gigantesques, mesurant plus de soixante mètres en longueur. Sa gueule gigantesque pouvait aisément engloutir un cheval et son cavalier en entier. Sa simple vue suscitait un mélange de terreur absolue et d'admiration béate.

Le dragon rugit au milieu de la foule, et laissa descendre de son cou un jeune homme aux cheveux argentés. Médusés, les habitants le laissèrent avancer jusqu'à l'esplanade. C'était un jeune homme au visage anguleux, au sourire mesquin et portant un cache-oeil.

Il se tint alors devant la foule, amusé par la fascination qu'il engendrait, tandis que Parcivius arriva derrière lui pour poser la main sur son épaule. Le message était clair.

"Thuriniens ! Voici votre nouvel empereur ! CAEDWYN RIANON !"

Les gardes aux alentours s'agenouillèrent, de même que les chevaliers de l'ordre de la Vouivre. Leur adhésion représentait un coup politique important, eux qui étaient en quelque sorte les écuyers en bataille des cavalier-dragons. Très vite, la foule entière ploya le genou, devant un Caedwynn visiblement très amusé par cette sensation de toute-puissance.

Alric ne comprit pas immédiatement ce qui se passait, mais fut forcé à se baisser par Blade, afin de ne pas attirer l'attention.

"Mon premier acte en tant que souverain de Thurinian... est d'exécuter les traîtres !"

Il pointa alors à son dragon le frère du maître de Valengaard, William. L'énorme dragon s'avança, contemplant avec délectation sa proie terrifiée. Il ouvrit la gueule, et un déluge de flammes ardentes s'abattit sur le traître, incinérant au passage un garde qui se tenait un peu trop près.

Mais nul n'avait cure de ce détail. La foule avide de sang avait ce qu'elle voulait, une mise à mort spectaculaire et un appel à la guerre, derrière un nouveau souverain. Pour le meilleur et pour le pire, Caedwyn Rianon allait régner désormais. Et son ère s'ouvrait avec une déclaration de guerre contre Valengaard. L'empire allait inexorablement se déchirer.

[Miyu]

Après son retour du Château de Psaro l'Exterminateur, Miyu se dirigea vers le Palais Impérial pour rencontrer Eldwyn. Cependant, elle fut arrêtée par la procession impériale. Le Grand Inquisiteur les avait également laissés pour observer de plus près la procession. Pour Miyu, cette scène rappelait les récits d'Oda Hidetada à propos de Thurinian. Un dragon... Elle n'en avait jamais vu de sa vie, et ici, l'un d'eux brûlait le frère du chef de l'Ordre de Valengaard. Malgré ses blessures, Ikeda affichait un sourire fier.

- Je vois que le fils Rianon a une sacrée paire de couilles. Dommage qu'il soit sur le point de créer une guerre civile.

- Tu penses qu'il faut combien de boniches pour nettoyer les merdes de ce truc... ?

Commenta Soma, à la fois amusé et terrorisé.
Circé, elle, restait silencieuse, ses grands yeux fixés sur la bête tyrannique. Elle avait combattu une horreur existentielle un peu plus tôt, mais la vue d'un dragon majestueux était tout aussi étrange pour elle.

Une autre personne prit la parole non loin de là. C'était Eldwyn Aurea, qui regardait l'Empereur sans détourner les yeux, s'adressant à Miyu.

- Peut-être que cette situation t'aidera à comprendre notre point de vue, Ikeda. Si tu pouvais voir le monde comme je le vois... Tu comprendrais que c'est inévitable. Le Chaos va emporter ce monde.

- Pourquoi vouloir travailler avec moi ? J'ai essayé de tuer Psaro il y a quelques heures seulement.

Répondit Miyu, sans non plus regarder Eldwyn.

- Car je suis convaincu que tu verras un jour les choses comme moi. Jusqu'où iras-tu, Miyu ? Je suis curieux. Peut-être qu'arrivée à Havrempire, tu te rendras compte de ce qui hante cet Empire. Et de la solution.

Il tourna la tête vers Miyu, Eldwyn affichait un grand sourire chaleureux, presque inquiétant.

- Suivez-moi.

Il se retira de la procession, suivi par Miyu, Circé et Soma. Le blondinet les guida jusqu'à un endroit ombragé sous un pont. En dessous se trouvaient Arcann d'Armagnac et un grand chevalier en armure lourde, un combattant au service de Psaro, qui était normalement le garde du corps de Dame Sélène, Sire Rosegarde. Miyu fronça les sourcils en voyant Arcann aux côtés d'Eldwyn.

- Ah ! Samurai ! Quelle aubaine.

- Arcann d'Armagnac.

Le roux hocha la tête, souriant.

- Eldwyn et moi avons un objectif en commun. Une mission si je puis dire.

- Vous serez payée grassement, Ikeda.

Ajouta le blondinet.

- Quelle est la nature de la mission ?

- Eh bien... Par charité, nous souhaitons délivrer un "paquet" hors de la ville.

Eldwyn tourna la tête, faisant un signe derrière lui, et le colosse sortit de l'ombre.

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- Voilà notre... Bonne action.

- Oh merde...!

Souffla Soma, les yeux écarquillés. C'était un Kossith. Un Masque était ancré sur ses cornes, et son corps était enchaîné, quant à son cou, il était bloqué par un lourd collier. Ses lèvres, elles étaient cousues.

- Même l'Ordre de Valengaard ne ferait pas ça à un Noldéor menaçant d'exploser le Palais Impérial.

Commenta Arcann, les bras croisés.
Eldwyn posa sa main sur le corps musclé du Kossith silencieux.

- C'est un survivant d'un affrontement entre Kossith et Shar-Kata. Je l'ai surnommé "Hissera". L'Espoir. Les tensions montent lentement entre l'Empire et les Kossith, qui attendent toujours ce qui leur a été promis. Le nouvel Empereur, ou même le Conseil, chercheraient sûrement à renvoyer ce Kossith à son peuple pour qu'ils continuent à le torturer de cette manière. Mais il pourrait être plus utile. Je veux le libérer. Il doit être guidé hors de cette ville sans éveiller les soupçons, et sans que je sois impliqué. J'aimerais qu'il soit emmené à l'Arcanat pour y trouver refuge et se développer.

Miyu croisa les bras, et Circé observait le grand Kossith.

- C'est un... Un mage surpuissant.

Sentait-elle. Miyu plissa l'oeil, regardant Arcann et Eldwyn.

- J'ai rencontré le Dictateur des Kossith. Je pense qu'il voudrait savoir.

- Vous avez rencontré le Stech ? Si c'est le cas, alors vous savez comment les Kossith traitent ceux qui quittent leurs rangs. Le Stech condamnerait cette pauvre créature.

- Si tu souhaites tant le libérer, pourquoi ne pas utiliser les richesses de ta famille noble ?

- La Noblesse Thurinienne se rendra bientôt compte que la présence des Kossith n'est pas juste un test de foi, mais une menace ouverte. Pour l'instant, nous sommes peu à pouvoir agir. Aider ce mage montre que l'hérésie des Kossith ne peut pas être ignorée. Sa fuite est vitale.

- A quoi bon lui donner sa liberté ?

Commença Miyu, regardant le Kossith dans ses yeux blancs sous son masque.

- Une vie dans cet état n'est pas une vie.

- C'est pourtant plus que ce qu'il a. Je ne peux rien faire de plus.

- Pour moi, c'est comme libérer un oiseau en jetant la cage avec. Est-ce qu'il peut au moins se battre ?

- Pour être honnête, je ne sais même pas s'il arrive à fonctionner normalement avec ces liens et ce collier. Mais je pense qu'il sait que nous sommes son seul espoir.

- Tu "penses" ?

- Il a suivi tous les ordres donnés jusqu'ici et n'a montré aucune agression. A sa place, n'importe qui aurait fui. Kossith ou pas, je suis convaincu qu'il ne cherche que la liberté.

- Tu penses qu'il était traqué par les siens ?

- Aucune créature dotée de pensée ne se soumettrait à... une telle chose. S'il ne fuyait pas avant, il fuit maintenant.

Miyu resta quelques instants, pensive, plongeant son unique oeil sur la créature.

- Bien. Je le sortirai d'ici. Pas par les rues. Nous passerons par les égouts.

Eldwyn afficha un sourire de gratitude, tendant une bourse lourde à Miyu.

- Voilà le paiement. Je te souhaite bonne chance, Samurai.

Miyu hocha simplement la tête, faisant signe au Kossith de la suivre.
Sous le pont, ils se dirigèrent sous une ouverture, laissant Arcann, Eldwyn et le Chevalier à leurs affaires. Une odeur nauséabonde envahissait les égouts, et Miyu commençait déjà à regretter d'avoir accepté cette mission, mais la bourse qu'Eldwyn avait donné était suffisante pour forcer la main de Roméo Morosini.

- Qu'est-ce qu'Arcann faisait avec l'ami de Psaro... ?

Demanda Circé.

- Il suit sa cause.

Répondit Miyu avec un peu de dégoût. Elle allait devoir choisir entre un laquais de Psaro et un type de Valengaard. Quel choix.
Ils s'avançaient dans les égouts, entendant des voix proches. Après quelques minutes, ils arrivèrent devant un groupe de bandits.

- Hé, matez ça ! Encore un ramassis de couillons qui pensent pouvoir traverser les égouts.

Le chef des bandits prit une pause, regardant le Kossith.

- C'est quoi ce truc enchaîné comme la pute d'un archonte Noldéen ? Hah, t'es une sorte de chaudasse avec les Kossith ? Je me demande combien on paierai pour ton animal de compagnie, gamine.

Hissera émit un grognement bas en réponse.

- Hé boss, je crois pas qu'il apprécie trop que vous menaciez sa maîtresse. On devrait les laisser passer, non ?
Demanda avec hésitation l'un des bandits.

- Une voix de la raison. Je me demande ce qu'il branle avec vous.
Commenta Miyu, amusée. Le chef des bandits dégaina un poignard et s'approcha de Miyu. Elle s'apprêtait à dégainer, mais le Kossith tendit la paume de sa main, et une onde de choc transforma le groupe de bandits en tas de viande hachée.

[Viktor]

Le discours du vieux sage avaient captivé le groupe qui était suspendu à ses lèvres, mais l'arrivé du dragon et l'exécution les chamboula, leur soutirant un visage presque terrifié par l'apparition de la créature majestueuse, symbole de l'Empire. Pour une fois, Viktor pensa qu'il n'avait pas été sollicité pour une exécution puisqu'on avait à faire à un cas encore plus important, une déclaration de guerre... La venue immédiate d'un nouvel Empereur et de son souhait pour partir en guerre marqua immédiatement Viktor qui haussa un sourcil, non enchanté par cet avis.

"- Heeeeein ?! C'est vraiment ce qui est en train de se passer, la ?!" S'écria Johan, ayant du mal à réaliser.

Héléna tenait dans son bec une cigarette alors qu'elle croisa le regard de l'épéiste noir. D'un simple échange de regard, les deux personnes se comprenaient. Le pays allait bel et bien se déchirer face à cette décision. Bien sûr, ils ne manquaient pas de s'agenouiller en tant que représentant de l'ordre, mais cet évènement marquait le début d'un nouvel ère qui les terrifiait.

"- Et maintenant, Viktor... Qu'est-ce qu'on fait ?" Demanda la femme au bras de fer.
"- On se prépare... A la guerre." Répondit-il d'un ton calme et sérieux à la fois.

[???]

Dans la maison d'Athréa, un noble était assis à son bureau. Une tonne de papier sur son bureau, il semblait très préoccupé. Toute son attention était dirigée vers la gestion de son domaine, qui avait rarement été aussi complexe. Après un certain temps, il entendit quelqu'un frapper à la porte. Il fit signe au visiteur d'entrer dans la pièce. Celui-ci, de stature impressionnante, avait une apparence macabre de la tête au pied. Sa sombre armure était recouverte de griffe en acier, et son heaume ressemblait au crâne d'un démon. Ses iris rouges provoquaient un sentiment d'inconfort.

S'avançant vers le noble, il prit la parole d'une voix aussi sinistre que son allure.

- J'écoute.
- Un de mes hommes l'a vu dans une auberge. Il aurait obtenu les faveurs d'un groupe de mercenaire. Apparemment, il prévoit de venir nous voir.
- Peu probable. Pour ça, il faudrait d'abord qu'ils viennent à bout de Pantera. Si ce n'est que ça, j'aurais mieux fait de ne pas venir.
- Il a aussi dit dans son rapport qu'il s'agissait de la Brigade des étoiles. Ce nom te dit quelque chose ?

Le chevalier noir resta pensif un instant, détournant le regard.

- Mmh... en effet. Cela fait longtemps que je n'ai pas croisé leur chef, je me demande ce qu'il vaut, maintenant. Et s'il est accompagné, il pourrait peut-être battre ce vermisseau des abysses.

Il souffla un faible rire sombre, soudainement intéressé par la tournure des événements.

- Quand dois-je frapper ?
- Lorsqu'ils viendront. Ce n'est même pas certain qu'ils le feront, mais si c'est le cas, ils ne tarderont pas à nous rendre visite.

Le mercenaire acquiesça silencieusement, avant de se retourner, commençant à partir. Une fois arrivé au niveau de la porte, il s'arrêta un instant, souhaitant ajouter un dernier mot.

- Les choses auraient été bien plus simples si tu l'avais directement tué, dès le début.

Il quitta ensuite la salle, sous le regard impassible du noble qui ne répondit pas.

[Brigade]

Après avoir coincé Pantera dans la fiole, Kansho se mit à l'inspecter de près. Il n'était plus qu'une petite boule de ténèbres, disposant d'un oeil en son centre. Celui-ci, qui n'avait pas perdu le don de la parole pour autant, s'exclama, exaspéré.

- Qu'est-ce que tu regardes ?
- Une tâche, j'imagine ?

Kansho ne pouvait s'empêcher de pouffer de rire. Auparavant sinistre et terrifiante, sa voix était désormais celle d'un petit familier, particulièrement aiguë. Cela avait le mérite d'agacer Pantera, qui ne pouvait toutefois rien faire pour empêcher ses moqueries.

Gaheris, quant à lui, inspectait les blessures de Siegfried, qui était assis sur un rocher. Il posa la main sur celle que la créature nocturne lui avait infligé le jour précédent, l'air inquiet.

- Sire Siegfried, vous avez été mordu pour un Gila-Kora, et vous n'avez rien dit !?
- Quel est le problème ? demanda Freya, qui n'avait jamais fait face à cette espèce.
- Leurs aptitudes physiques et leur taille impressionnante en font des animaux déjà dangereux à affronter. Mais le plus gros problème, c'est le venin qu'elle projette en plantant leurs crocs dans la chair de leur victime. Cela leur permet de chasser des animaux plus gros et forts qu'eux.

Ferdiad écoutait attentivement, également surpris. Siegfried lui avait omis ce détail durant leur confrontation. Ce dernier se sentait beaucoup plus lourd. Combiné à ses blessures dû à son combat contre Pantera, il avait du mal à se déplacer.

Comment a-t-il pu y résister de la sorte ? Avec une bonne morsure, ils sont capable de paralyser un éléphant. Que cachez-vous, Sire Siegfried ?

Alors que le garçon était plongé dans ses pensées, Bakuya s'approcha du flacon, regardant les restes de l'Avaricia avec un léger sourire sadique.

- Bon, du coup, faut qu'on t'écrase par terre pour que tu lui rendes son apparence ?
- Je pourrais augmenter la température à l'intérieur de la fiole, aussi, ajouta Kansho. Ou alors, on le donne à manger au pégase. Il doit avoir un système digestif plus puissant que la norme. Après, il risque pas de changer de couleur une fois transformé en merde.
- Même pas en rêve, rappliqua-t-elle immédiatement, l'air sévère.

Paniqué, la boule noire s'empressa de répondre, suant intérieurement à chacune des alternatives lancées.

- Attendez, attendez ! Ok, je vais coopérer, pas besoin de me torturer ! Mais le fait est que... me vaincre était suffisant.
- Tu te fous de notre gueule ? Pourquoi c'est toujours un gamin alors ? dit un Bakuya prêt à dégainer son épée pour découper ce qu'il restait du démon.
- Je vous dis que je ne peux rien faire de plus ! La malédiction a été rompue. Pour le reste, c'est à lui de se débrouiller et de puiser en son fort intérieur.

Les yeux rouges de Gaheris se posèrent sur l'Exalté, qu'il toisa pendant quelques instants.

- Je pense qu'il dit vrai. Je n'ai pas l'impression qu'il soit en train de mentir.

Il se redressa, s'approchant du flacon pour lui parler de plus près.

- Tu travailles pour le comte Rodrick, n'est-ce pas ?

Pantera resta muet un instant, quelque peu hésitant à l'idée de répondre. Mais dans ces conditions, il n'était pas vraiment en position de ne pas le faire.

- C'est exact.
- Je le savais... murmura Gaheris, déçu. Pourquoi l'avoir fait ? Tu n'as pas l'air de nous apprécier, nous, les humains.
- Oh mais tu as raison. Je n'aurais jamais accepté, en temps normal, mais il n'était pas seul. Il avait un... chien de garde assez costaud, avec lui.

Pendant un instant, il sembla frissonner alors qu'un mauvais souvenir resurgissait dans sa mémoire.

- Il a engagé un mercenaire. Un chevalier avec un casque en forme de squelette. On dirait qu'il est tout droit sorti des Abysses.
- Le Faucheur.

Siegfried avait pris la parole, attirant l'attention de Pantera qui acquiesça.

- Tu le connais ? demanda Bakuya, les bras croisés.
- C'est un mercenaire légendaire qui apparaît rarement sur le champ de bataille. Certains disent qu'il s'agit d'un démon, d'autres d'un soldat d'élite appartenant à l'Empire. Beaucoup pense qu'il n'existe pas et qu'il n'est qu'une légende. Un véritable fantôme. Sa présence détermine souvent le camp victorieux lors d'une bataille.
- Tu l'as déjà affronté ?
- Il y a longtemps, oui.

Le lion se tourna ensuite vers Gaheris. Il paraissait plus sérieux depuis la mention de ce nouvel ennemi.

- Je vais être honnête avec toi : si ton oncle a fait appel à lui, on n'a pas à faire avec n'importe qui. Tu ne le connais peut-être pas aussi bien que tu ne le penses. Cela dit...

Il posa ensuite une main sur son épaule, esquissant un demi-sourire confiant.

- Tu récupéreras ce qui te revient de droit, dans tous les cas. Sois-en certain. Faucheur ou pas, la Brigade termine toujours ce qu'elle entreprend.
- Même sans son leader.

Tous les regards, étonnés, se dirigèrent vers Ferdiad, qui n'avait pas encore pris la parole depuis la fin du combat.

- Vous allez rester à l'écart, pour la fin.
- Enfin, Ferdiad, tu rigoles ?
- Absolument pas. Je veillerai même à ce que vous ne fassiez rien.
- Et les laisser affronter le Faucheur à trois ?
- A quatre, répliqua Kansho, qui plaça son bras par dessus l'épaule de Gaheris. Si le petit grandit d'ici là, on devrait s'en sortir.

Le chef de la Brigade était abasourdi quant à cette décision. Mais dans un sens, il était vrai que, dans son état, il ne leur serait sans doute pas d'une très grande aide.

- C'est insensé...
- Hé, on fait quoi de lui du coup ? demanda Freya à l'égard de Pantera.

Après une longue hésitation générale, Gaheris tendit le bras, invitant Kansho à lui donner la fiole.

- Je le prends avec moi.
- Tu es certain ?
- Bien sûr. Quand je serai redevenu adulte, je serai le plus à même de le neutraliser.

Le mage effectua un hochement de tête, puis lui jeta le récipient. L'héritier d'Athréa le rangea dans une sacoche, puis le groupe commença à marcher jusqu'à la sortie de la grotte. Ils passeraient la nuit dans le coin pour se reposer, avant de partir le lendemain pour la dernière ligne droite : la récupération du trône.

[Red Moon]

En chemin vers Greenbell, le groupe voyageait toujours avec leur chariot fétiche conduit par deux chevaux robustes. Ils parcouraient des kilomètres et des kilomètres avec. Izumi s'occupait de les nourrir et de leur faire boire le plus souvent possible à cause de la chaleur. La majorité du trajet, elle passait son temps à écrire dans son petit carnet, la tête rivée vers les nuages pour avoir de l'inspiration. Arkhan demeurait silencieux, les bras croisés, presque éteint... Il avait ce côté introverti qui le rendait effrayant lorsqu'il s'éveillait. Le contraste était amusant par rapport à la renarde qui était juste en face de lui et pourtant cohabitaient ensemble. Desmond, lui comme à son habitude sortit de sa poche intérieur un flacon de whisky qu'il consomma pour se donner du coeur à l'ouvrage.

Traversant les vallées, le métis démon réfléchit de quelle manière ils pourraient retrouver les assassins. En vérité, ce n'est pas comme s'il pouvait demander à un boulanger de leur indiquer leur emplacement. Déjà car ce pauvre homme n'en saurait rien, mais en plus Red Moon s'exposerait à se faire découvrir. C'était une mission compliquée en réalité. S'allumant un cigare, Desmond était plongé dans ses pensées durant le trajet, cherchant à trouver une solution pour les retrouver. Et s'ils surveillaient une potentielle cible pour attendre qu'elle se fasse assassiner par le dit assassin pour ensuite le cueillir ? Le problème, c'est que ça risquerait de prendre du temps...

"- Et si je chantais une chanson ?" Fit Izumi, brisant le silence.
"- Oh bordel... La route est encore longue." Répliqua Desmond, sortit de ses pensées.

La renarde aimait bien profiter d'un temps radieux pour se donner à une chanson ou à un poème pour passer l'ennui du voyage. Heureusement pour le groupe, le soleil ne mit pas longtemps à commencer à se coucher, signe qu'il fallait s'arrêter et camper pour arriver à destination le lendemain. Ils arrivèrent près d'une forêt, ce qui leur permettait de s'abriter pour la nuit.

"- Bien... On va s'arrêter ici." Fit Desmond, descendant du chariot.
"- Euh... Il ne risquerait pas d'y avoir des loups, hein ?" Demanda Izumi, un peu hésitante.
"- Tu veux dire au milieu des créatures fantastiques, des licornes, des centaures et des esprits de la forêt ?" Rétorqua le métis, sous le ton de la rigolade.
"- C'est pas drôle !"

Tendant soudainement l'oreille, Izumi pouvait entendre ce qui ressemblait à un cours d'eau.

"- On dirait qu'il y a une source dans la forêt... On pourrait remplir nos gourdes." Remarqua-t-elle.
"- Bonne idée. Je vais m'en occuper. Reste avec Arkhan, il va garder un oeil sur toi."
"- Oké"

Saisissant les gourdes, le chef du groupe se mit en route, laissant ses compagnons derrière lui pour s'enfoncer dans la forêt. Il se dirigea vers le point désigné par Izumi où devait se situer une source d'eau. A mesure qu'il avança, il pouvait entendre des sons de torrent mais aussi de cascade... Ce qui le surprenait, cependant, c'est qu'il marcha plusieurs dizaines de minutes dans la forêt sans rien trouver.

"- Eh bien, c'est qu'elle entend de loin. J'ai toujours rien trouvé... !" Marmonna le métis.

Soudain, repoussant enfin une dernière branche, il tomba nez à nez avec une immense source d'eau. C'était un véritable oasis au milieu de cette large forêt.

"- Nom d'une catin alléché... !" Fit-il, ébahit.

Sa découverte le subjugua, mais il était aussi content d'être enfin arrivé à son objectif. Il saisit alors les gourdes avant de commencer à les remplir dans la source.

Soudain, son instinct lui hurla quelque chose. Desmond était un homme prévoyant et surtout un malfrat avéré. Mais en plus, son sang de démon lui offrait des propriétés qui lui permettait d'avoir des sens aiguisés. Il resta figé quelques instants avant de doucement déposer les gourdes sur le sol, se redressant doucement. Il le savait, cette pression... Était celle d'un regard. Tournant légèrement la tête, il analysa des feuilles qui bougeaient autour des branches d'un arbre, attirant son attention...

Puis d'un envol fulgurant, une chouette décolla de l'arbre d'où le bruit venait pour s'envoler ailleurs. Malgré cela, le semi démon n'était toujours pas serein. Il y avait autre chose... ! Un sifflement jaillit dans ses oreilles, contractant ses muscles. D'un mouvement rapide et pratiquement instantané, Desmond saisit un projectile en direction de sa nuque entre ses doigts qu'il analysa rapidement... Un shuriken. Une arme coupante de Yamato qui signifiait que c'était l'oeuvre d'un assassin.

"- Tes petits jeux ne marcheront pas contre moi... Montre toi." Déclara Desmond, décidé.

De son angle mort, une silhouette apparut des feuillages pour se dévoiler. C'était un humain qui était vêtu d'une armure légère noire et d'une cape de la même couleur afin d'être discret. Il portait un sabre japonais qui était positionné dans son dos ainsi que de multiples autres projectiles de lancer attachés à son ceinture. A son allure, Desmond reconnu directement que cet homme était un assassin. Mais ce l'intrigua le plus était ce masque de la bouche d'un démon qui masquait son visage.

"- Tu m'as découvert... Tu es bien l'homme que je cherchais, Desmond le Flamboyant." S'exclama le Samouraï.
"- Alors c'est toi, le type qui sévit dans la région ? Comment tu m'as trouvé ?" Demanda le chef de Red Moon.
"- Cela fait un moment que je te suis... Une telle proie ne passe pas inaperçu." Fit-il d'un ton prononcé par le souffle derrière son masque.
"- Si tu débarques ici en me lançant ce truc par derrière..." Commença-t-il, jouant avec le shuriken entre ses doigts avant de le jeter.
"... C'est que t'es décidés à me tuer, c'est bien ça ?"
"- Décidément, tu es vraiment malin..." Répondit l'assassin sous le ton de l’ironie.

Soudain, le métis démon esquissa un sourire mesquin, haussant légèrement les sourcils comme s'il se moquait de son adversaire.

"- Je crois qu'il y a un malentendu sur qui est la proie ici."

[Miyu]

La Samurai observa le Kossith solitaire, tourbillonnant des flammes autour de ses bras et grondant violemment à travers les fils qui lui cousaient les lèvres. Son état rappelait le sort sordide infligé au prophète Koslun par les Thuriniens. Pourquoi les Kossith feraient-ils subir cela à leurs propres semblables ?

- Du calme, Hissera. C'est fini.

Dit-elle, pointant les bandits transformés en tas de chair.

- Tu as réagi parce-qu'ils nous menaçaient ?

Demanda t-elle au Kossith torturé, ce à quoi il répondit évidemment d'un grognement guttural.

- Tu... Tu pourrais plutôt faire des gestes ? Ou taper du pied sur le sol ? Ou un truc du genre ?

- Hah, je parie qu'il veut juste jouer à attraper le nonosse et quelques caresses sur le ventre !

Commenta Soma, amusé.

- Au moins il s'est calmé quand je lui ai dit. Peut-être que j'ai utilisé la bonne phrase ?

Le Kossith répondit d'un grognement lent.

- J'aurais dû m'attendre à cette réponse. Enfin, si possible, on va éviter ce genre de crises. Je serai triste de devoir ramasser Circé à la petite cuillère.

- C'est vrai qu'il faudrait au moins une pelle.

Répondit l'Elfe Noire. Le Kossith émit, à nouveau, un grognement.

Lorsqu'ils reprirent leur chemin, avançant vers l'est, les égouts abandonnés commencèrent peu à peu à ressembler à une vieille caverne. Quelques insectes et reptiles y trouvaient refuge, mais rien de terrifiant. Enfin, la lumière du jour leur apparut. Miyu se félicita d'avoir évité bien des ennuis en passant par là plutôt que par la ville, du moins le pensait-elle.

En émergeant, ils furent baignés par la lumière du soleil, découvrant la côte impériale et se retrouvant face à un petit campement de Kossith. Ce n'étaient pas des Shar-Kata, mais une dizaine de Kossith, arborant fièrement des drapeaux Kossith qui montraient clairement qu'ils étaient des troupes du Stech.
Miyu plissa l'oeil mais s'avança vers le groupe de Kossiths, avec Hissera à ses côtés. L'un du groupe s'approcha pour rencontrer les intrus, il portait une armure vaguement similaire à celle du Stech, ses cheveux argentés contrastait à ses yeux noirs et dorés.

- Arrêtez-vous, basra vashedan. Je suis Arvaarad, et je revendique la possession de Saarebas à vos côtés. Les membres de son Karataam ont été tués par des Shar-Kata, mais leurs corps ne mènent qu'ici, à Saarebas, et à vous, Samurai.

Grogna solennellement le chef du groupe en armure lourde, confirmant par ailleurs à Miyu qu'Arvaarad était un titre et pas un nom. Miyu plissa l'oeil, échangeant un regard avec Soma derrière. Ils avaient en effet été piégés par Eldwyn, elle s'y attendait aisément mais l'argent en valait probablement la peine.

- Je viens de l'autre côté. Je doute avoir tué ces Kossith.

Répondit-elle, regardant de son oeil les quelques cadavres immolés de Kossith. Les autres Kossith qui suivaient Arvaarad s'approchèrent, les bras croisés, tandis que leur chef répliqua.

- Et pourtant, vous voilà avec Saarebas. Son crime est sa liberté, et sa laisse est tenue par d'ignorants Basra. Nous ne permettrons pas que ce danger perdure. Saarebas sera confiné comme il se doit.

Miyu croisa les bras, prête à argumenter.

- Et s'il ne veut pas revenir ?

Arvaarad s'approcha de Hissera, plongeant son regard intense dans le sien.

- Saarebas, montre-nous que ta volonté reste soumise à la Triandria !

Hissera s'agenouilla en grognant, exprimant sa soumission forcée. Calmement, Arvaarad se tourna vers Miyu.

- Il vous suit uniquement parce-qu'il veut être mené. Utilisé. Il n'a aucun autre but.

Miyu soupira, se tournant vers Hissera.

- Eldwyn l'appelait Hissera, tu es Saarebas ?

Arvaarad répondit d'un ton extrêmement explicatif par rapport à la tension de la situation.

- Saarebas est son nom et son titre. C'est l'accusation et l'admission d'être touché par la même magie Chaotique qui a forgé notre prophète, Koslun.

- Je vois. Et tu es Arvaarad ?

Enchaîna Miyu, cherchant à comprendre le rôle de cet homme dans tout cela.

- Oui. Mon rôle est de tenir la laisse des Saarebas, et de chasser les gris qui renient la Triandria... Ou les Bas qui n'ont pas encore reçu l'illumination.

Finit-il d'un ton bien plus sec.

- Il est déjà enchaîné et a été torturé. Vous voulez le claquer dans une cage en plus de ça. Quel intérêt ?

Arvaarad se retourna, prenant un ton bien plus posé.

- Le pouvoir qu'il possède, que tous les Saarebas possèdent, est puisé de l'Abysse même. Leur sort est un rappel à ce que les Thurinians ont fait à Koslun, mais aussi une admission du nécessaire. Sans ça, ces mages bénis sont hantés par les forces primordiales de ce monde. Ils ne peuvent pas être contrôlés. Nous les restreignons car ils sont dangereux, contagieux. Même votre Arcanat ne comprendrait pas cela.

Miyu prit un instant pour regarder Hissera dans les yeux, essayant de percer son masque de torture. Elle soupira, consciente qu'elle devait prendre une décision diplomatiquement délicate.

- ... Je ne vous le laisserai pas. Il choisira son propre chemin.

- Il veut ce que le Triumvirat demande. Rien de plus... ! Sale Basra, je vais forcer la raison dans ton crâne !

Grogna Arvaarad, brandissant un sceptre envoyant un signal paralysant à Saarebas. Miyu dégaina son wakizashi et s'engagea dans une lutte directe, créant ainsi un nouvel incident diplomatique au sein de l'Empire de Thurinian.

Les guerriers Kossith lancèrent une charge violente, mais Miyu esquiva gracieusement les premières attaques, se déplaçant avec une agilité et une rapidité déconcertantes. Pendant ce temps, Circé fit appel à ses pouvoirs magiques, générant des éclairs dans ses mains qu'elle projeta avec une précision dévastatrice. Les éclairs frappèrent les Kossith de plein fouet, les envoyant valser dans le sable brûlant.

Profitant de la diversion créée par Circé, Miyu se faufila derrière l'un des Kossith et porta un coup précis à sa nuque. L'ennemi s'effondra lourdement, mort. Miyu se lança alors dans une danse mortelle avec Arvaarad, son katana tranchant l'air avec grâce face à cette montagne de muscles. Elle parait habilement les coups du Kossith et contre-attaqua avec une précision chirurgicale, cherchant les failles dans sa défense.

L'issue du combat était déjà décidée lorsque Miyu réussit à trancher la tête d'Arvaarad d'un coup sec. Son corps tomba lourdement au sol, et la Samurai, voyant Saarebas paralysé, s'empara du sceptre pour le briser net.

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Une onde de choc parcourut Saarebas, qui se releva lentement.

- Je suis... Libéré. Etrange sensation. Mauvaise... Mais vous méritez l'honneur.

Hésita Saarebas, regardant autour de lui sous son masque. Il s'approcha de Miyu, la regardant droit dans l'oeil.

- Vous êtes maintenant... Basvaarad. Digne d'être suivie. Je remercie votre intention, bien qu'elle était... mal placée. Je connais la volonté d'Arvaarad. Je dois revenir comme exigé. Telle est la volonté de la Triandria.

Les mots de Saarebas avait une étrange sonorité, comme si parler lui était douloureux, le grand Kossith se tournait vers la mer en expliquant cela, regardant le soleil couchant. Miyu fronça les sourcils, perplexe devant la décision inébranlable de Saarebas.

- Même après tout ça, tu souhaites mourir... ?

Saarebas s'arrêta.

- Je ne veux pas mourir, je veux vivre selon mes croyances.

Expliqua t-il sous ses sutures retenant ses lèvres.

- Ce qui veut dire, mourir.

Conclut Miyu.

- Oui. Est-ce si difficile à imaginer ?

- Non. Mais je viens de démolir ton Arvaarad. Il n'a pas réussi à me tuer malgré sa certitude. Peut-être a t-il tort à propos de toi aussi.

- Perdre face à vous ne lui donne pas tort. Il parlait la Triandria. Ainsi ai-je choisi.

- Exister n'est pas un choix.

- C'est le seul choix. Asit tal-eb. Ainsi soit-il.

Expliqua Saarebas, dans une leçon de religion sur la foi Kossith. Malgré le fait que leur religion soit identique à la religion Thurinienne, leur philosophie est intégralement différente.
Miyu eut un soupir, pensant maintenant au pire.

- Peut-être que tu pourrais aller voir ce connard d'Eldwyn, ça ne peut pas être pire que mourir.

- Le Noble n'était pas honnête. Je ne peux dire ce qu'il souhaitait, mais c'était une certitude hors de la Triandria. Et son garde empestait la mort.

- Et les Shar-Kata ? D'autres des tiens vivent hors de la Triandria. Tu pourrais les rejoindre.

- Ils ne sont pas les miens. Je suis Kossith. Ils ne le sont pas.

- Ils ont choisi d'être libres.

- Libres... ? Ils ont refusé leur nature. Je ne peux pas... choisir de "ne pas être".

Miyu eut un peu de regret. Elle semblait comprendre et à la fois ne rien comprendre de la logique des Kossith.

- Et si je ne les avais pas zigouillés, tu aurais pu partir avec les Kossith ?

- Non.

- Tu étais condamné dès le début... ?

- J'étais hors de mon Karataam. Peut-être ai-je été corrompu. Je ne peux le savoir. La façon dont je reviens est mon choix.

Miyu eut un soupir, au fond elle comprenait ce concept, comme certains Samurai, dont elle, sont prêts à s'éteindre par honneur.

- Mon travail a pris fin lorsque nous avons quitté la ville. Choisis donc.

Un sourire se forma sur le visage de pierre de Saarebas, le seul sourire que Miyu vit sur cet être. Il regardait la Samurai avec sympathie.

- Tu connais la certitude. Tu es plus proche des Kossith que tu ne l'admets. Ton rôle ne changerait que peu si tu acceptais le Triumvirat. Merci, Basvaarad. Souviens-toi de ce jour.

Il se tourna vers le soleil couchant, levant ses bras dans un tourbillon de flammes qui dévoraient sa propre chair. Il s'immola ainsi, s'agenouillant dans un silence profond malgré la douleur. Même Miyu fut impressionnée par cette mise à mort, témoignage de la détermination des Kossith. Voyant que Saarebas ne bougeait plus sous les flammes, elle se retourna.
Circé regarda la Samurai, curieuse.

- Ca ne s'est pas bien passé, si ?

- Je me doutais qu'Eldwyn voulait nous niquer.

- Quel genre de Noble ne voudrait pas niquer tout ce qui bouge ?

Répondit Soma. Miyu soupira.

- Allons voir le Stech.

Décida t-elle.

[Desmond]

Les deux hommes soutenaient leur regard, tandis que l'atmosphère s'alourdit drastiquement sous une lumière rougeâtre qui était émise par un Soleil couchant. La réflexion sur l'eau lui donnait cette couleur rosée, qui sublimait l'arène dans laquelle ils se tenaient. Fronçant les sourcils, le samouraï semblait bien décidé à descendre ici bas le dit "Flamboyant" pour l'ajouter à son tableau de chasse. Suite à ses mots, il comprit qu'il cachait quelque chose.

"- Que veux-tu dire par la ?" Demanda l'assassin, intrigué.
"- Si je me suis isolé, c'est dans l'unique but de t'attraper. Je savais que tu ne te montrerai pas en présence d'Izumi et Arkhan."
"- Je m'occuperai d'eux plus tard... Pour l'instant, tu es le premier sur ma liste à abattre."
"- C'est marrant... J'allais dire la même chose."

https://youtu.be/Gq6AjwmKrQU?list=RDGq6AjwmKrQU

Dégainant leurs armes respectives, l'assassin choisit une position de combat traditionnelle au katana, signifiant qu'il avait l'expérience de combat d'un épéiste confirmé sous l'étendard du Soleil levant. Face à lui, le malfrat proposait unu position plus singulière, se tenant droit et plein d'ouvertures. Cette pose amusa le samouraï masqué qui se rua sur son opposant pour le jauger avec un simple coup d'estoc. Ce dernier répondit avec un bref coup d'épée dans le but de dévier son coup. Les deux guerriers s'approchèrent alors vivement pour opposer leurs lames dans un fracas métallique qui résonna dans l'arène alors qu'ils se regardaient droit dans le blanc des yeux.

Ce bref échange leur permettait de juger leurs forces et le regard acéré de Desmond fit comprendre au samouraï qu'il avait un manque sur la puissance offensive. Il le repoussa alors brutalement en appuyant fermement sur sa lame avec sa deuxième main.

"- Tu vas devoir trouver mieux que ça, l'ami." Envoya le métis démon.
"- Tsss..."

Le contraste de personnalité était vraiment marqué entre les deux hommes. L'un affichait une expression désinvolte, insoucieux et confiant tandis que son adversaire arborait un visage plus sérieux, froid et pragmatique. Cette rencontre explosive confrontait cependant une expérience de tueur similaire entre les deux combattants, bien qu'ils avaient des compétences opposées. Desmond avait un style de combat plus féroce et son opposant combattait avec précision et vitesse.

Le tempo de la prochaine offensive fut lancée par le chef de Red Moon, dégageant l'eau autour de lui sous la pression de sa ruée. De multiples coups lourds, il envoya son épée horizontalement dans le but de trancher son opposant, mais celui-ci parvenait à parer de manière optimale et avec un effort moindre chacun de ses coups. Soudain, il trouva une ouverture et envoya un coup de pied dans l'abdomen du flamboyant qui le déstabilisa avant de tenter un vif coup latéral pour lui trancher la tête immédiatement. Ce coup létal aurait eu raison de lui s'il n'avait pas esquivé de manière instinctive en se courbant vers l'arrière. Enchaînant avec un saut arrière, il prit les distances avec l'assassin. Cette tentative lui arracha un sourire.

"- Héhé... Tu caches bien ton jeu. Je n'ai pas vraiment l'habitude d'affronter des épéistes nippons, alors ne m'en veux pas si je suis un peu rouillé."
"- C'est trop tard si tu veux t'enfuir."
"- M'enfuir... ?"

Riant aux éclats, le métis démon affichait une mine amusé avant de tenter une nouvelle attaque, cette fois plus brutale et rapide qu'avant. Son style était toujours basée sur la force de ses coups, mais il avait accéléré, la cadence, assaillant son opposant d'une multitudes de coups qu'il peina à bloquer.

"- Qui a parler de s'enfuir ?!" Rétorqua Desmond, s'esclaffant.

L'objectif du dit flamboyant était de briser la garde de son adversaire par la force brut et celui-ci pouvait clairement voir l'écart de puissance en voyant le fer de son sabre trembler à chaque offensive du chasseur de tête de la lune rouge. Le samouraï avait du mal à comprendre ce style à la fois insouciant et désinvolte, comme s'il balançait son épée de manière aléatoire. Il était en réalité imprévisible et donnait une grande valeur de force à ses attaques, ce qui lui permettait de rapidement prendre l'ascendant sur un adversaire plus faible que lui.

"- Je vois que je vais devoir passer à la vitesse supérieur aussi !" S'exclama l'assassin, choisissant une position plus offensive.
"- Tiens donc... ? Alors j'enclenche la deuxième !"
"- Quoi ?!"

Cette fois, les déplacements de l'assassin étaient plus rapides et ses coups visaient les angles morts de Desmond. Celui-ci avait l'habitude des adversaire qui tentaient de combler le manque de force par la vitesse et il s'occupa d'esquiver comme il pouvait, s'éloignant avec d'amples coups d'épées, tournoyant autour de lui même. Il effectua ensuite un large coup verticale, de bas en haut, pour fendre l'eau sous ses pieds et en projeter sur la samouraï qui se protégea avec ses bras. Ensuite, le métis tenta un coup d'épée surpuissant que l'assassin put parer par réflexe, se retrouvant projeter avec violence plusieurs mètres en arrière.

https://youtu.be/rbmy6hWv8l8

"- Pourquoi ça ne suffit pas... ?!" Fit l'assassin, reprenant son souffle.
"- Tu sembles avoir oublié une chose importante. Les types comme toi, j'en ai combattu toute ma vie... Et vous faites tous la même erreur. Vous me combattez comme si j'étais un homme... Mais je suis bien plus que ça."
"- Kso... !"

Rangeant son katana dans son fourreau, le samouraï effectua des mudras avec ses main comme pour entamer le début d'une technique. Il posa ensuite sa main sur le sol et marqua un symbole, comme s'il dessinait un cercle d'invocation. Un nuage de fumée l'entoura alors, dissimulant sa silhouette en son sein... Desmond plissa les yeux pour tenter de discerner quelque chose à travers et il remarqua sa silhouette se multipliait. Lorsque la fumée de dissipa ce n'est plus un, mais cinq assassins qui lui faisaient face. L'original se tenait toujours au centre avec son katana, tandis que chacun d'eux avait une arme différente. L'un avait une lance, un autre avec des poings ninjas avec des griffes, puis un autre avait une grande faux et le dernier un kusarigama.

"- Des clones ?!" S'étonna Desmond.
"- Tu veux parier ?" Fit l'assassin, prêt à en découdre.

Les multiples assassins se ruèrent ensuite sur le Flamboyant, celui-ci préparant son épée en position défensive pour recevoir les attaques. Il tenta de bloquer les coups d'estocs du lancier, mais en même celui qui tenait la faux tenta de le trancher sur son flanc. Basculant sur le côté, il parvint à parer l'attaque mais du rapidement se replier lorsque le kusarigama manqua de lui trancher la tête. Toutes ses armes étaient bien réelles et Desmond comprit très rapidement qu'il faisait face à cinq véritables personnes.

"- Putain, ce sont pas des clones... ! Vous êtes tous réels !" S'écria-t-il.
"- Nous sommes..."

Les cinq assassins se placèrent en ligne, tous armés et en position de combat, prêt à surgir sur Desmond pour l'assaillir.

"- ... Les cinq assassins de Suwa !" Firent-ils tous à la fois.

Pour la première fois du combat, Desmond grimaça mais un sourire en coin de bouche persista, signe qu'il se sentait dans de beaux draps mais gardait le désir de combattre. Il serra le manche de son épée, décidé à les accueillir, même s'il était clairement en désavantage. Les cinq samouraïs se ruèrent sur lui comme des bêtes affamés dans le but de le tuer maintenant.

"- Desmond !"

Soudain, une multitudes de kunaïs équipés de parchemins arrivèrent face aux assassins pour les couper dans leur élan et explosèrent, ce qui les freina dans leur offensive et les força à s'arrêter. Une silhouette apparut alors dans les airs avant de retomber dans l'arène où se tenait les combattants, glissant sur l'eau.

https://youtu.be/Gq6AjwmKwmKrQU?list=RDGq6AjwmKrQU&t=87

"- Maintenant !" S'écria la jeune femme.

Les assassins sentirent une lourde présence s'approcher d'eux à toutes vitesses et décidèrent de rapidement se disperser, comme s'ils allaient tous se faire subitement pulvériser. Déboulant derrière eux, une silhouette géante avait tenté de toutes les abattre en un coup fulgurant, laissant une trainée enflammée dans l'air suite au passage de son épée maudite.

Voyant ses camarades le rejoindre, Desmond esquissa un sourire soulagé, sentant que l'issue du combat était déjà en leur faveur.

"- Les gars... !"
"- Heureusement qu'on a mit au point ce plan pour essayer de le coincer." S'exclama Izumi, le rejoignant.
"- Cinq pour le prix d'un. Je sens qu'on va bien s'amuser..." Répliqua Arkhan, serrant le poing face à lui.

Voyant que cette fois, c'était face à Red Moon au complet dont il devait faire face, l'assassin grimaça derrière son masque mais se doutait que cette éventualité pouvait survenir, d'où l'appel à ses alliés. Desmond rangea son épée sur son dos, se craquant les phalanges aux côtés de ses équipiers.

"- OK ! ON Y VA !" Hurla-t-il avec enthousiasme.

Le groupe se mit alors en action, Desmond ouvrant la marche en courant à toute vitesse en direction des assassins. Son premier adversaire fut le guerrier qui portait des poings ninjas et se positionnait déjà de manière à l'accueillir. Le Flamboyant se rua sur lui pour tenter d'assaillir sa garde avec de multiples coups de poings qu'il peinait à bloquer. Suite à ça, il lui laissa volontairement une grosse ouverture pour lui permettre de répliquer.

"- Royal Guard !" Cita, Desmond.

Plaçant ses bras de manières défensives, ses yeux écarquillèrent d'une lumière rouge vive. Il para instantanément la contre attaque du ninja avec un coup de paume qui dévia un coup de poing avant de lui insérer un monstrueux coup de poing dans l'estomac qui l'envoya au sol.

De son côté, Izumi était poursuivit par le ninja à la lance et celui à la faux. Malheureusement pour eux, ils en bavaient pour suivre sa vitesse mais avaient comprit qu'il était difficile pour elle de répliquer et agissait comme un soutien principalement. Les deux autres sortirent alors un grand filet qu'il utilisèrent pour coincer Arkhan, celui-ci se retrouvant entraver dans ses mouvements.

"- Merde..." Fit la princesse, entendant les hurlements de son compagnon.

Faisant face à ses deux assaillants, elle attendit qu'ils tentèrent une offensive commune pour les surpasser. Alors que la lance tenta de l'empaler et la faux de la trancher, elle sauta en avant pour bondir par dessus leurs épaules et arriver au niveau d'Arkhan pour trancher les filets avec un kunaï. Alors que l'assassin au katana et celui au kusarigama s'étaient préparés à découper le titan prisonnier, celui-ci poussa un puissant hurlement, se délivrant grâce à la renarde. Un combattant essaya de le frapper avec le fléau de métal au bout de sa chaîne, mais le colosse saisit instantanément la chaîne pour attirer le ninja vers lui et lui attraper sa tête entre ses gigantesques griffes avant de l'encastrer violemment dans le sol.

"- Derrière toi, Arkhan !" S'écria Izumi.

Tournant les yeux, le kossith démon remarqua qu'il allait se faire prendre à revers par les deux assaillants d'Izumi et sauta dans les airs avec une étonnante agilité pour les esquiver. Lorsqu'il atterrit au sol, il repoussa complètement l'eau qui l'entourait et força les attaquants à se replier. La renarde déambula alors par surprise et en repoussa un en direction d'Arkhan avec un coup de pied retourné dans le dos. Celui-ci ne manqua pas l'opportunité et fit gronder sa lame fétiche, Apollyon, pour l'envoyer trancher en deux l'assassin à la faux d'un coup flamboyant qui immola son corps aussitôt.

Poussant un hurlement, le ninja qui était armé d'une lance tenta d'empaler la Main du Diable mais la pointe de sa lame manqua de pénétrer la peau de roche du titan, celui-ci le regardant d'un regard si dur, que son opposant était déjà mort à l'intérieur.

"- Hors de ma vue."

Saisissant son épée, il l'abattit avec violence sur le ninja qui se fit trancher par la lame de feu d'Arkhan, n'ayant aucun moyen de riposter face à cet ennemi invincible. L'assassin originel c'en croyait pas ses yeux d'avoir vu toute son escouade se faire démolir à cette vitesse par Red Moon. Desmond lui faisait désormais face, lui faisant signe de la main d'attaquer avec un sourire suffisant.

"- J'aurai ta tête, enfoiré !" S'écria l'assassin, de rage.

Se ruant sur lui, Desmond se plaça en position défensive et envoya la paume de sa main frapper le coude du samouraï du bras avec lequel il allait attaquer avec son sabre. Profitant de cette occasion, il enflamma son poing pour lui envoyer droit dans l'abdomen.

https://imgur.com/a8o0OQG

Lui arrachant un cri de douleur, Desmond pouvait voir le samouraï le regarder dans les blancs des yeux. Renforçant son poing avec des écailles qui le recouvraient, le Flamboyant utilisa de son pouvoir de démon pour augmenter la puissance de son attaque.

"- BALROG FIST !"

S'élançant dans les airs, Desmond créa avec son poing un véritable tourbillon de flammes qui emmena son adversaire avec lui d'une puissance époustouflante. Il ne pouvait pas se défendre contre l'offensive de Desmond qui avait placé toute sa puissance dans cet unique coup de poing, se posant ensuite au sol avec le poing serré dans un fracas détonnant.

https://imgur.com/MUa077S

[Hector]

"Alors c'est là qu'ils se terrent..." souffla Hjalmar. Après des jours de marche, durant lesquels ils avaient aussi emprunté un échassier, ils étaient enfin là, à Korneka, la ville sanctifiée par Kreshna. Le groupe se tenait présentement devant le quartier général de la Morag Kreshna, une grande pyramide similaire à celle qu'ils avaient vu dans la ville précédente.

Un Noldeor arriva alors devant eux, vêtu comme un prêtre. Son crâne était rasé, son oeil droit était une grande tâche rouge sombre sans pupille.

"Bienvenues, Serra. Mon nom est Jiub. Entrez donc, le Grand Maître vous attend."

Jiub guida alors le groupe à travers la bâtisse. Pour un quartier général d'assassins, l'endroit avait l'air étonnamment propre, spacieux, ordonné et silencieux. À première vue, c'était un temple comme il en existait des centaines d'autres.

Ils déambulèrent à travers de longs couloirs, avant de s'arrêter devant une double porte ornée de motifs et de gravures.

"La chambre du Grand Maître. Vous pouvez entrer. Sauf vous." fit-il en direction du Zélote. Le tueur de monstres s'arrêta et regarda Jiub, hésitant à lui obéir.

"On nous a assuré que sa présence n'était pas un problème. fit Hector.
- Je me porte garant de sa conduite. ajouta Scyathus.
- Navré, mais les règles sont claires. Si je devais désobéir aux ordres du Maître, même les plus anodins, ce dernier aurait le droit de mettre fin à ma vie sur le champ.
- Et bah, il rigole pas celui-là... répondit Hjalmar. C'est toujours comme ça ici ?
- La Morag Kreshna est l'école de la discipline. La règle est source de vie, la briser revient à mourir.
- Très bien, j'attendrai ici."

En dépit des protestations des autres, Ildarion accepta d'attendre dans le couloir. Jiub hocha la tête de satisfaction, et ouvrit la porte, laissant Scyathus, Hjalmar et Hector entrer.

La salle était somptueusement décorée. Les murs étaient rouges, recouverts de peintures et de sculptures venant des quatre coins d'Eos. Au centre, une table d'acajou sur laquelle se dressait un service à thé, avec trois sièges qui attendaient les convives. En face, le fameux Grand Maître était présent. Un vieux Noldeor de petite taille, à la carrure assez frêle. Pourtant, ses yeux étaient ceux d'un vieux tigre. Sa posture en apparence détendue était parfaitement défensive. Et il dégageait une énergie, une aura proprement terrifiantes. Une aura de mort, comme si chacune des milliers de vie qu'il avait prise durant sa carrière était là, derrière lui, hurlant à l'agonie.

"Vous voilà donc. Parfait, le thé est à la bonne température. Je suis honoré de recevoir de tels invités de marque. Notamment vous, Scyathus.
- Cela faisait longtemps, Lynden. Le plaisir est partagé.
- Allez, asseyez-vous donc."

Ils s'assirent, observant cet individu dont chaque cellule avait été entraînée à tuer, de toutes les manières possibles et imaginables.

Sur la table se dressait une théière, ainsi que deux tasses. Seulement deux. Lynden Telvanni commença à verser le thé, d'abord dans la tasse des invités, puis dans la sienne. Il poussa alors la tasse spécifiquement vers Hector. Tous le regardèrent alors d'un air suspicieux.

Lynden sourit alors, et se saisit de sa tasse avant de boire une gorgée.

"Allons, allons... Vous êtes dans l'antre des serviteurs de Kreshna. Si nous vous voulions morts, il y avait mille et une occasions qui s'étaient offertes à nous auparavant."

Toujours suspicieux, Hector but alors une gorgée, comme son interlocuteur.

"Très bien... Maintenant, nous pouvons parler sérieusement. Vous souhaitez savoir quelque chose, n'est-ce pas ?
- L'empereur. Vous l'avez tué. lui asséna Hector d'un ton sombre.
- Vous voulez me poser une question, ou bien c'est une affirmation ?
- On va jouer cartes sur table, l'elfe." répondit Hjalmar.

Au silence marqué par le maître de la Morag Kreshna, Hjalmar se maudit un instant de l'avoir appelé ainsi. Lui qui avait pourfendu mille monstres, ce vieillard était plus terrifiant que n'importe lequel d'entre eux.

"Vous n'êtes pas fin négociateur, n'est-ce pas ?
- Excusez-le, Lynden. répondit alors Scyathus. Tel un enfant, il réclame à grands cris, mais il ne sait pas quoi demander au fond."

Hjalmar aurait bien enfoncé son poing dans le masque de fer du mage, mais le sourire amusé de Lynden l'en dissuada.

"Bien, recommençons. Vous avez quelque chose à me demander, n'est-ce pas ?
- Hum... Alors... Qui vous a payé pour assassiner l'empereur ?
- Ah. Nous y voilà. C'est mieux. Déjà, sachez que livrer l'identité de son employeur n'est jamais une bonne idée. Cela vaut pour la plus misérable crapule comme pour nous, monsieur le Comte de Lothian.
- Mais vous seriez disposé à nous le dire, en échange d'une autre information ?
- Mmh... Peut-être. Mais qu'avez-vous d'intéressant pour moi ? Rien, je le crains. Vous êtes des parias dans votre propre empire, désormais. Vous n'avez rien qui puisse m'intéresser.
- Alors pourquoi nous avoir fait venir ici si vous aviez déjà prévu de nous envoyer paître ? tonna soudainement Hjalmar, à bout de patience.
- Le plaisir de la conversation. Bien que je sois légèrement déçu sur ce point.
- Le plaisir de... Oh, tu commences à me chauffer toi !"

Soudain, Hector fut pris d'une violente quinte de toux. Il se leva, continua et se mit à cracher du sang, plié en deux.

"Merde... Hector ! HECTOR ! QU'AVEZ-VOUS FAIT ?"

Le vieux maître sourit, rétorquant :

"La théière de l'assassin a deux compartiments séparés. Un pour le professionnel, et un pour la cible. Vous ne connaissiez pas ce vieux tour ?
- RAAAAAH ! FILS DE PUTE !"

Hjalmar se leva brusquement, s'emparant de sa hache pour l'abattre sur Lynden. L'action sembla se dérouler au ralenti. Le vieil elfe, avec une grâce et une agilité exceptionnelles, passa tranquillement sous l'arme du Skaelun avant de lui infliger un coup à la poitrine. Ni trop puissant, ni trop rapide. Le timing et la précision étaient tout bonnement parfaits.

Hjalmar se plia alors en deux, lâchant son arme. Puis Lynden porta l'estocade finale, donnant un coup de paume sur le coeur de son adversaire. Hjalmar s'effondra alors, les yeux révulsés, immobile. Son cœur ne battait plus. Il était cliniquement mort.

Scyathus se leva à son tour, préparant des barrières défensives devant le vieillard déchaîné. Hector convulsait toujours par terre. La porte s'ouvrit alors avec fracas, et l'on put voir le Zélote, tenant Jiub avec un poignard placé sous sa gorge. Amusé, Lynden s'arrêta un instant.

"Ha... L'indésirable. Vous pensez qu'un assassin a de la compassion pour la vie de ses semblables ?
- Ce n'est pas une question de compassion, mais de règles. Je connais vos codes, en tant que Grand Maître, vous avez le devoir de veiller sur vos disciples lorsqu'ils ne sont pas en mission.
- Certes, mais Jiub a failli à son devoir en vous laissant entrer. Et cet échec peut entraîner sa mort.
- Vous voulez jouer avec les mots ? Alors allons-y. Il ne me laisse pas entrer, c'est moi qui l'y force. C'est moi que vous devriez tuer.
- Très juste, très juste, Serra. Je vois que nous avons un grand législateur parmi nous.
- Vos règles font la force de la Morag Kreshna, mais également sa faiblesse. Vous ne pouvez pas vous sortir de ce carcan. Alors faisons un marché équitable. Ma vie contre celle de mes compagnons. Sauvez-les.
- Votre grandeur d'âme est fort appréciable... Qui sait, peut-être que vos compagnons ne vous méritent pas.
- Ils ont encore beaucoup à accomplir.
- Très bien... Dans ce cas..."

Tranquillement, le vieillard se pencha vers Hector, lui faisant mâcher une herbe dissipant vite le poison. Il regarda ensuite Hjalmar, étendu au sol sur le dos, raide mort. Du moins, seulement en apparence. Lynden frappa de sa paume le coeur du Skaelun, de la même manière que lorsqu'il l'avait terrassé. Le coeur se remit à battre, et Hjalmar se redressa dans un grand hoquet de stupeur et d'incompréhension. Il avait expérimenté la mort médicale, mais son âme n'était pas réellement partie. Elle avait juste été capturée par ce maître de la Mort qu'était Lynden Telvanni.

"Bien. Redressez-vous, maintenant. Vous pouvez remercier votre camarade masqué, il a plus de jugeotte que vous."

Tremblant encore, Hjalmar se tint debout, posant ses mains sur le dossier de son siège, tandis qu'Hector reprenait son calme.

"C'était amusant. Je vais cesser de vous torturer davantage et vous donner ce que vous vouliez. Mais avant cela, je vais nommer mon prix. Et je veux cet anneau."

Il désigna alors du doigt l'anneau argenté du Zélote. Celui-ci demeura interdit un moment. Pour donner sa propre vie, il n'avait pas hésité un seul instant, mais renoncer à cet anneau semblait infiniment plus couteux.

"Qu'a-t-il de si spécial ? interrogea Hjalmar.
- C'est un des trois anneaux andariens. Vous n'en avez jamais entendu parler ? répondit Scyathus.
- Ah... Je crois que ça me dit un truc. Une vieille histoire d'elfes.
- Forgés par le grand seigneur de Teldrion, Andaruil, et légués à ses trois fils. Chaque anneau a de grands pouvoirs et est lié à un élément particulier. On dit qu'ils sont aussi porteurs d'une malédiction, car Andaruil et ses fils sont tous morts, en à peine une décennie.
- Et donc toi, t'es en possession de l'un d'eux. On peut savoir comment ?
- Non. fit sèchement le Zélote."

Celui-ci contempla quelques secondes sa bague. Elle était dorée et sertie d'un rubis, à la brillance éclatante. Il soupira, avant de le détacher de son doigt et de le tendre au Grand Maître.

"Ah... L'anneau de Feu. Il appartenait à l'aîné, Thranduil. fit-il, satisfait de son acquisition.
- Maintenant, à votre tour. dit Hector.
- Certes, certes. Vous voulez savoir qui nous a embauché ? Eh bien, pour vous dire la vérité, nous ne le savons pas."

Hector serra le poing. Hjalmar foudroya du regard le vieillard, se retenant de l'insulter de toutes ses forces. Même Scyathus était perplexe.

"Nous avons reçu une missive, avec deux noms marqués dessus. Ceux du chancelier et de l'empereur. Avec une partie du paiement. De l'or, énormément d'or. Ainsi qu'un autre anneau andarien, drôle de coïncidence. Celui de l'eau."

Cette coïncidence était plus que troublante, en effet.

"Mais j'ai mieux pour vous. Si je vous disais qu'en réalité, nous n'avons pas tué l'empereur ?
- Vous voulez dire que...
- Les rapports de nos hommes sont formels. Premièrement, il y avait d'autres individus présents sur les lieux, et ceux-là ne sont pas affiliés à notre organisation. Nous avons été devancés.
- Pourtant, ils se battaient côte à côte contre nous.
- Certes. Mes hommes sont réactifs et intelligents, ils s'adaptent vite et savent identifier l'ennemi à chaque situation. Nous ne sommes pas particulièrement jaloux, nous savons partager nos cibles quand le besoin se fait ressentir. Et puis, il y a mieux encore...
- Mieux ?
- Le cadavre de votre empereur... La description des plaies est troublante, vous ne trouvez pas ?
- Il avait un trou noir au torse. La peau était nécrosée. répondit Hector.
- De la nécrose aussi rapide ? Et puis ses yeux étaient éteints, vides. Cela signifie que son âme a été capturée. Et si on prend tout cela en compte, cela ne fait aucun doute... L'arme qui a tué votre empereur est Amaroth. La Dévoreuse.
- La Dévoreuse...?
- Une épée plus vieille que le monde connu... Une épée qui date de l'ère des dieux. Elle absorbe les âmes de ses victimes, les enchaîne à tout jamais pour alimenter sa propre puissance. répondit alors Scyathus, fasciné par la tournure de la conversation.
- Elle est dotée d'une volonté propre. ajouta Lynden. Mais son propriétaire actuel est connu. C'est un jeune seigneur Noldeor. On l'appelle l'Aigle Noir. "

Le Zélote se tendit instantanément à l'écoute de ce nom, tandis que les autres ignoraient totalement de qui il s'agissait.

"Et donc... ce type est dans la région, à l'heure actuelle ? demanda Hjalmar.
- Il était à Elserath il y a peu, notre capitale. Mais il y a eu des rumeurs sur une dispute entre lui et le Grand Prince, Athys Otreloth. Il a sûrement dû partir loin, à l'heure qu'il est.
- Si on se rend à Elserath, on pourra peut-être savoir d'où il vient.
- Hum... J'en doute. Le Grand Prince ne sera pas aussi cordial que moi. La capitale est sur le pied de guerre, surveillant avec attention les événements chez vous... D'ailleurs, félicitations, il parait que vous avez un nouvel empereur.
- Que... Quoi ?
- Un bâtard caché de Morwaydd, manipulé par votre archimage de l'Arcanat, selon les rumeurs."

Hector resta un instant interdit. Cette information était d'une importance capitale. Ils allaient devoir changer leurs plans, et retourner en Thurinian au plus vite. Et tant pis pour l'Aigle Noir.

"Nous devrions rentrer, dans ce cas. évalua-t-il.
- Surtout que cette nouvelle ne va pas plaire à tout le monde. ajouta Hjalmar, pensant tout de suite à son frère.
- En tout cas, merci pour votre accueil. Ce fut fort... instructif, ajouta un Scyathus amusé de ce qu'il avait vu, tandis que tous les autres gardaient une mine plus sombre et maussade.
- Plaisir partagé, Scyathus. Que Kreshna guide vos pas et vous protège de vos ennemis.
- À commencer par toi, vieillard. répondit Hjalmar.
- Allez, partez avant que je ne vous tue une seconde fois."

[Miyu]

https://www.youtube.com/watch?v=wttGNtDHLMQ&ab_channel=SurfieExtends

La soirée tombait sur le Port de la capitale alors que Miyu et son groupe s'approchaient. Ils pénétrèrent dans le quartier sombre et sinistre, réservé aux Kossith.

- Les gens ont toujours la trouille de passer dans ces coins du port la nuit. J'ai jamais compris pourquoi, les tarés vont quand même venir te poignarder en plein jour.

Commenta Soma, regardant autour de lui. Ils atteignirent enfin la zone surveillée par les Kossith, et Circé décida de les attendre à cet endroit.

- Je... Je vais vous attendre ici, d'accord ?

Haussant simplement les épaules, Miyu continua son chemin, passant entre les groupes de Kossith. Ces géants gris les observaient calmement, leurs visages froids à peine visibles dans l'obscurité de la nuit. Lorsqu'ils atteignirent la cour protégée où le Stech résidait, le garde les laissa simplement entrer. Miyu s'avança vers le trône surélevé, où le Stech était assis en train de discuter avec l'un de ses subordonnés.

- ...Nous avons un but, mais quand viendra le moment de partir, allons-nous laisser Tir Edessa dans cet état ? Cet Empire n'est qu'une source de souillure.

Commenta-t-il à son subordonné avant de lever les yeux pour observer la Samurai. Il la scruta pendant quelques instants de ses yeux froids avant de la saluer.

- Nous n'avons que peu à discuter, Humaine. J'aimerai réfléchir au sort de cet Empire.

Miyu fit fi de la requête du Stech, prenant ainsi la parole.

- J'ai eu une confrontation avec des Kossith sous vos ordres.

Le Stech eut un court silence, pensif, puis répondit.

- Il y a eu plusieurs incidents. Je suppose que vous faites référence à Arvaarad, retrouvé mort après avoir traqué Saarebas. Je pensais que rien ne pouvait menacer Arvaarad.

Souffla le Kossith avec un peu de déception dans la voix. Miyu haussa un sourcil.

- Vous n'êtes pas en colère ?

- Une menace a été éliminée. C'est tout ce qui compte. Le reste est... impressionnant. Mais ne réitérez pas cela.

- J'ai de bonnes raisons de penser qu'un Noble Thurinian ait monté le coup.

Révéla Miyu solennellement.

- Amis et ennemis se mêlent dans cet océan de corruption. Je peux à peine distinguer un groupe de l'autre. Mais je vois que cela signifie quelque chose pour vous, donc j'apprécie le risque que vous avez pris

Miyu hocha la tête aux mots du Stech, ajoutant ceci.

- Saarebas a choisi la mort plutôt que de quitter les Kossith.

- C'est une bonne chose.

Déclara le Stech.

- Est-ce tout ce que vous avez à commenter ?

Demanda Miyu, désagréablement surprise de la réaction minime du leader militaire des Kossith.

- Je n'insulterai pas Saarebas en suggérant que faire le bon choix a été difficile. J'attends autant de chaque Kossith. Je doute que Saarebas ait jamais reçu un plus grand honneur de son vivant que ma réaction actuelle.

Compréhensive, miyu hocha à nouveau la tête.

- Bien. Voilà tout ce que j'avais à vous dire.

Le Stech, approbateur, la salue.

- Panahedan, humaine.

Lorsqu'elle se retira avec Soma, celui-ci eut une petite réaction.

- Je pensais qu'il nous aurait fait pendre par les couilles. Il est de bonne humeur.

[Morrigan]

Suite à sa rencontre avec les survivants de l'attaque de la Morag Kreshna, Morrigan avait quitté à son tour la taverne "Le Manchot" située dans les bas quartiers de la ville. Elle n'avait pas récolté plus d'informations qu'elle ne le voudrait mais avait fait d'intéressantes connaissances, qui sait, peut être les reverrait t-elle dans un futur proche. Elle avait dans l'idée de quitter momentanément Tir Edessa afin d'élargir son champ de recherches sur les commanditaires de l'attentat. C'est dans cette optique qu'elle retourna dans les souterrains de la capitale, et plus particulièrement le réseau d'égouts où elle résidait avec ses compagnons, afin d'y réunir ses affaires et préparer son voyage.

Elle arpentait les longs couloirs souterrains depuis maintenant plusieurs minutes mais une étrange odeur atteignirent ses narines. Ce n'était pas l'habituelle odeur de déjections cette fois-ci mais plutôt une odeur de fer et plus Morrigan avançait, plus cette odeur devenait présente jusqu'à ce qu'une odeur de chair pourrie vienne prendre le dessus. Songeuse, la nécromancienne se demandait ce qu'il se passait jusqu'à ce qu'elle entende plusieurs cris résonner à travers les tunnels au loin. Des cris de terreur qui venaient du repère où elle et ses proches vivaient. Soudain, elle remarqua des traces de sang encore frais sur les parois du tunnel souterrain et l'eau à ses pieds n'était plus marron mais désormais rougeâtre. Plus de doute, un meurtre était en train d'avoir lieu en ce moment même.

Elle pressa alors le pas et au détour d'une intersection, elle tomba nez à nez avec un elfe qui était en train d'agoniser, gravement blessé au ventre. Cet elfe, elle le connaissait très bien, il s'agissait de son ami Afael. A sa vue, Morrigan s'empressa de lui porter secours et s'agenouilla à sa hauteur puis couvrit la plaie béante à son ventre avec ses mains. L'elfe crache un peu de sang puis prit la parole, parler le faisait souffrir.

"Morrigan, t-tu es là... Enfin...
- Que s'est t-il passé ? Qui t'a fait ça ?! demanda la nécromancienne, prise de panique.
- C'est Maraal... Lui, et tous les autres... Ils sont devenus fous... Ils-"

De nouveaux cris d'effroi et de douleur vinrent lui couper la parole, ils étaient de plus en plus forts. Morrigan serrait les dents et fronçait les sourcils de colère.

"Mais putain, que se passe t-il là bas, au repère ?
- Ils ont enlevés des n-nobles... Ils les massacrent... Psaro...
- Psaro ? Quoi ? Qu'est-ce que le champion de l'Arène vient faire là dedans ?
- Il a dit qu'il nous sauverait... Et puis...

L'elfe perdait progressivement ses forces, ses paupières se fermaient lentement et il continuait de marmonner des choses incompréhensibles, inaudibles pour la jeune femme.

"Afael? Tu es toujours avec moi? J'te sauverai, continue de presser ta plaie et garde tes forces, je trouverai un moyen pour te soigner."

Soudain, l'elfe hurla de douleur, les yeux écarquillés et du sang coulait de ces derniers puis le long de ses joues. Ses pupilles s'effacèrent, laissant son orbite de blanc, tout comme le teint de sa peau qui était désormais livide.

"PSARO NOUS SAUVERA ! PSARO NOUS SAUVERA ! hurlait l'elfe tout en se relevant."

Il poussa son amie puis empoigna sa dague accrochée à sa ceinture et tenta de la planter en plein cœur. Cependant, l'elfe désormais devenu fou, implosa soudainement, ne laissant qu'une large marre de sang aux pieds de la nécromancienne qui était choquée parce qu'elle venait d'assister. Tout s'était passé si vite. Elle reprit ses esprits puis continua d'avancer jusqu'au repère qui était une large salle au centre du réseau d'égouts avec désormais le but de tirer cette affaire au clair et de venger la mort effroyable de son ami.

[Red Moon]

Le combat était venu à son terme et tous les assassins avaient été neutralisés. Desmond s'étira le poignet, faisant disparaître les écailles de son bras. Il pouvait entendre des pas derrière lui dans l'eau, se retournant brièvement pour apercevoir ses alliés revenir à lui. Izumi posa une main sur sa hanche, remarquant que l'eau sur laquelle ils se tenaient avait viré au rouge suite à leur combat et le sang versé.

"- J'espère que tu as eu le temps de remplir les gourdes, avant..." Fit-elle, ce qui interpella le chef.
"- Oh... Oui, j'allais oublier."

Alors qu'il se dirigea vers les gourdes qu'il avait laissé près du rivage, il entendit des gémissements. Ils provenaient du samouraï avec qui il livra le duel au départ. Il avait une main posée sur la poitrine, ayant probablement plusieurs côtes cassés et avait du mal à respirer, crachant du sang.

"- Tiens... T'es encore en vie ?" Demanda le métis démon.

Il changea alors soudainement de direction, marchant vers l'assassin qui agonisait. Au même moment, Izumi sentit ses poils s’hérisser et remarqua un léger changement dans l'atmosphère... Le Soleil s'était couché et la nuit était désormais tombé, mais le changement climatique était soudainement brutal. Arkhan remarqua que le renarde avait un comportement bizarre.

"- Qu'il y a t-il ?" Demanda-t-il, intrigué.
"- Je ne sais pas, c'est... Quelque chose de bizarre. Il fait froid, tout à coup... !"

Un vent frais s'installa dans l'arène où ils se tenaient tous, recouvrant pas à pas entièrement la zone. Les feuilles se gelèrent doucement et la vie donnait l'impression de s'arrêter. L'eau se mit aussi à geler, tandis que le métis continuait sa route vers l'assassin.

"- Desmond, attend !" S'écria Izumi, paniquée.
"- Hein ?"

https://youtu.be/Zl-sEpLz7yg

Voyant que le gèle recouvrait entièrement la zone et se dirigeait vers le corps de l'assassin, celui-ci encore visiblement en vie d'un maigre souffle, Desmond eut le réflexe de s'éloigner de quelques pas. Les courants d'airs se mirent à rejoindre un seul et même point, formant un léger tourbillon mêlé à une zone d'ombre. Une silhouette se forma près du samouraï et se hissa jusqu'à atteindre une taille humaine, dévoilant enfin son apparence. La personne se tenait de dos, dévoilant une peau entièrement noire qui s'approchait de la texture de la cendre. Ses cheveux étaient noirs et étaient soumis à une force mystique qui les faisait léviter. Des inscriptions magiques bleutés recouvraient son corps. Il portait simplement des morceaux de tissus aussi noirs qui recouvraient sa taille. Il se retourna alors brièvement, regardant le groupe d'un regard à la fois sombre et mystérieux, de ses yeux éclairés et transcendés d'une énergie magique.

Sans dire un mot, sa simple présence suffisait à donner la chair de poule à Izumi qui restait près d'Arkhan. Se dernier fronça les sourcils et gardait une main sur le manche de son épée. Son instinct lui disait de se méfier de cet individu. C'est Desmond qui se lança le premier pour entamer la discussion.

"- Qui es-tu... ?"

Laissant le silence planer quelques secondes, l'inconnu se mit à se mouvoir doucement, marchant près du samouraï au sol.

"- Je suis... Seulement un opportuniste." Parla-t-il d'une voix résonnante.

Il esquissa alors un léger sourire qui eut pour effet de mettre mal à l'aise Desmond, restant lui aussi sur le qui-vive.

"... Allons, n'ayez pas peur. Ce n'est pas dans tes habitudes de ressentir la crainte. N'est-ce pas, Desmond ?"
"- Comment connais-tu mon nom ?"
"- Disons que je suis simplement au courant de tout. Je sais ce que vous avez fait. Que vous avez tenté d'enfreindre le palais de ce pauvre Empereur et avez essayé de voler un illustre trésor. Mais rassurez vous, il est entre de bonnes mains..."
"- Comment tu sais tout ça ? Tu étais là bas ?"
"- J'ai rendu visite à ton frère, oui."
"- Mon frère... ?!"

Des tonnes de questions résonnèrent dans la tête du métis, ne comprenant rien à la situation dans laquelle il se tenait. Izumi et Arkhan se regardaient, eux aussi déboussolés par les évènements et l'apparition de cet être mystique.

"- Mais je ne suis pas la pour ça... Enfin, pas directement. Les ténèbres se préparent à plonger le monde dans le chaos et baigner ses habitants dans les abysses... Et je suis bien décider à mener mon projet à son terme, alors... J'ai besoin de savoir ce que vous valez."
"- Comment ça ?"

Rien de ce qu'il disait n'avait de sens pour Desmond, qui ne comprenait toujours pas quel était l'objectif de l'étranger. Ce dernier se mit à rire doucement et fit apparaître dans sa main une dague. Celle-ci émettait une lueur mauve et une étrange force recouvrait la lame, comme si elle était enchantée.

De son autre main, il saisit le samouraï encore à la frontière entre la vie et la mort et l'analysa du regard rapidement, avant de tourner les yeux vers le trio.

"- Qu'est-ce qu'il va lui faire... ?" S'inquiéta Izumi.
"- Ça sent pas bon." Fit Arkhan.

Desmond s'avança d'un pas, posant la main sur le manche de son épée.

"- Eh, lâche le ! Il est à moi !" S'exclama Desmond, d'un ton dur.
"- Ah oui ? Eh bien... Le voila." Dit l'étranger, esquissant un sourire malicieux.

Empoignant sa dague, il la planta dans le coeur du samouraï qui poussa un cri alors qu'il était à peine conscient. L'étranger le relâcha alors, sous les yeux médusés de ses interlocuteurs.

"- Montre moi ce dont tu es capable, Desmond le Flamboyant."
"- Attend... !"

L'étranger se mit alors à rire avant de leur tourner le dos et de disparaître dans une brume givrée. Sans qu'il puisse comprendre l'origine de l'inconnu, ils apercevaient le samouraï être prit de convulsions et crier de douleur. Sa blessure émit une lueur éblouissante d'une couleur pourpre tandis qu'il sentait ses muscles se contracter et son corps se transformer.

"- Qu'est-ce qu'il se passe ?!" Hurla Izumi, paniquée.
"- Il se transforme."

Sa peau se déchira et ses membres grandissaient, lorsque tout son corps prit de l'ampleur et augmenta sa corpulence. Il se releva sur ses jambes et sentit une force incroyable l'imprégner. Sa chair était à vif, mais un étrange pouvoir émit par la blessure de la dague se matérialisa en une glace qui parcourait l'intégralité de son corps et le recouvrait telle une armure et remplaça sa peau. Ses yeux émettaient une lueur rougeâtre, effrayante et son regard dégageait une frénésie intense. Il était impossible pour eux de savoir si le samouraï était encore conscient de ce qu'il faisait, mais il était dénué de parole, se contentant de hurler à la nuit. Sa transformation avait atteint son terme et l'assassin était devenu méconnaissable, mesurant maintenant trois mètres et était d'une carrure impressionnante, portant toujours le masque qui lui recouvrait le visage.

[Morrigan]

Morrigan finit par atteindre une grande salle, située au centre du réseau d'égouts, qui était le lieu de son repaire où elle et ses compagnons résidaient et planifiaient leurs opérations à la surface. Cependant, les lieux avaient drastiquement changé et Morrigan fit face à un spectacle macabre. Des corps dénudés étaient accrochés sur des pics aux extrémités de la pièce, parfois il n'y avait que la tête qui y était accrochée. Des dizaines et des dizaines de cadavres, dont ceux d'enfants, jonchaient un peu partout dans le salle et les murs étaient recouverts de sang, l'odeur y était insoutenable. Au centre de la pièce se trouvait un groupe d'une douzaine d'individus, quelques elfes et des humains, des deux sexes, ils étaient autrefois les compagnons de la nécromancienne. Mais ils n'étaient vraisemblablement plus du tout eux-mêmes, certains mangeaient des cadavres, d'hommes, d'autres buvaient du sang. Face à eux se trouvait un humain vêtu d'une soutane de prêtre blanche recouverte de sang.

"Maraal ! s'écria la jeune femme rousse."

C'est alors que les cannibales se retournèrent tous dans sa direction, ils grognaient, ils tenaient désormais plus de la bête sauvage que de l'homme. Le présumé Maraal, habillé comme un prêtre, se retourna à son tour. Lui, semblait encore lucide.

"Morrigan, te voilà enfin, nous t'attendions !
- Tu peux m'expliquer ce bordel? Et qu'est-ce qu'ils leur arrivent aux autres ? C'est toi qui as buté Afael enfoiré?!
- Oulah, du calme mon enfant. Viens donc te joindre à nous, je t'expliquerai en chemin, le rituel va bientôt commencer.
- Je me fous de tes délires, parle! hurla la nécromancienne, la colère commençait à s'emparer d'elle."

Le prêtre sanguinaire perdit son air enjoué et affichait désormais un regard sérieux à l'encontre de son opposante.

"Afael a rejeté notre sauveur, il a reçu le châtiment qu'il méritait, rien de plus.
- Votre sauveur? C'est quoi ces conneries merde?! répondit Morrigan en avançant d'un pas.
- Psaro l'Exterminateur nous a illuminé de sa grande sagesse, de son savoir divin, il nous délivrera de ce monde décadent, rempli de guerres, d'inégalités, de souffrance. Lorsqu'il déchirera le voile, il marchera sur ce monde impie et nous l'accompagnerons, il nous sauvera! répondit Maraal en levant les bras et en fermant les yeux, démontrant sa foi inébranlable.
- C'était nécessaire d'étriper tous ces pauvres innocents et de transformer nos amis en bêtes sauvages ?!
- Rien n'est gratuit en ce monde mon enfant, si nous voulons atteindre notre but, il doit y avoir des sacrifices.
- Merde, je ne te reconnais même plus. Je ne t'ai jamais rejoint pour ça... Notre crédo c'était la liberté, un monde libre, nous n'étions pas des meurtriers, nous volions aux plus riches pour donner aux plus pauvres. Et voilà que tu te mets à la botte d'une sorte de prophète qui t'a complètement retourné la tête! Tu as massacré des innocents!
- Tu te donnes le droit de nous juger, toi as assassiné Tessa, qui as rejoint le culte du Dieu des morts, Oltuan, depuis le décès du petit? Assez! Mes enfants, votre sœur a fait son choix et il est lourd de conséquences, elle doit payer! "

Le prêtre plaça sa main en avant et la douzaine de cannibales se rua alors à toute vitesse en direction de Morrigan, ils grognaient comme des chiens et avaient la bave aux lèvres, ils se déplaçaient même à quatre pattes. La nécromancienne fit de même, paume de main en avant, et des dizaines de flèches d'os apparurent tout autour d'elle, sans crier gare, elles vinrent se planter à toute vitesse dans le crâne des cannibales, leur ôtant instantanément la vie.

"Je suis désolé mes amis..."

Un dernier projectile d'os, cette fois de la taille d'une lance, fonda en direction de Maraal et lui transperça le cœur sans qu'il n'eut le temps de s'en apercevoir. Suite à cela, il hurla de douleur et subitement, il s'entoura d'une large bulle de sang magique. L'entièreté des cadavres qui jonchaient au sol se mirent tous à imploser et le sang qui en résulta, se mit à l'éviter et alla se greffer sur la bulle de sang du prêtre, la faisant alors croître à grande vitesse. Le rituel venait de commencer.
Morrigan, ébahie par les nouveaux pouvoirs de son ancien chef et compagnon, n'en resta pas là, elle invoqua à nouveau plusieurs projectiles fait d'os et les projeta en direction de l'immense bulle de sang qui ne cessait de grandir, jusqu'à recouvrir près de la moitié de la pièce. Toute offensive était vaine.

La bulle finit par éclater pour faire place à un nouvel être, entièrement couvert de sang et d'une taille imposante de plusieurs mètres. Son visage était un crâne, il portait une couronne ainsi qu'un collier au bout duquel se trouvait une large croix et sur laquelle y était logée en son centre une pierre précieuse, ce qui semblait être un rubis. Mais sa particularité physique la plus singulière était les deux énormes artères qui partaient de son dos. Dénué de jambes, il lévitait.

"La magie du sang... constata Morrigan, reculant d'un pas.
- C'est la fin, bientôt je siègerai aux côtés de mon maître, tu ne peux rien, humaine."

Sa voix résonnait à travers la pièce. Aussitôt qu'il ait terminé sa phrase, il saisit la nécromancienne à l'aide ses deux énormes artères et commença à lui pomper le sang comme une sangsue. Cette dernière essayait de lutter et de s'extirper de son emprise, en vain. Si elle ne trouvait pas un moyen pour lui faire face, elle mourait à coup sûr.

"Tu ne me laisses donc pas le choix."

Morrigan ferma un instant les yeux pour se concentrer, faisant fit de la douleur et de la pression que son corps tout entier subissait. Elle recitait plusieurs vers en langage elfique où le nom du Dieu de la Mort noldeor, Oltuan, revint à plusieurs reprises. Le prêtre, devenu démon, observait sa proie avec intérêt, la laissant faire.
Après plusieurs longues et intenses minutes, le crâne accroché à la ceinture de la nécromancienne se détacha tout seul et se mit à léviter. Les cavités oculaires brillaient d'une lumière verte. Soudain, au sol, une dizaine de squelettes sortirent des entrailles de la terre. A leur tour, ils étaient enveloppés d'une lueur verte. Ils étaient vêtus de quelques vêtements, déchirés, et armés de sabres. Certains portaient un chapeau, d'autres un bandana.
Parmi eux, un onzième squelette se leva, il était beaucoup plus imposant, mesurant deux mètres avec une forte carrure. Il était vêtu d'un long manteau rapiécé ainsi qu'un large chapeau de pirate. Une lueur jaunâtre illuminait la cavité de son œil droit, lui donnant un air de borgne.

"Observe, Maraal! Te souviens-tu de ces pirates ? Cette calle dans laquelle tu m'as trouvée, où j'étais faite prisonnière ? Ils sont soumis à ma volonté désormais, ils reviennent d'entre les morts pour servir leur maîtresse, mené par leur capitaine d'autrefois, Alastor, Œil des mers!
- Intéress-

Le démon sanguinaire n'eut pas le temps de terminer sa phrase que son artère droite fut subitement coupée par le capitaine pirate qui surgit de nulle part. Ce dernier rattrapa sa maîtresse en plein vol dans ses bras puis la déposa au sol.

"Merci Alastor, je commençais à étouffer avec ses tentacules.
- Au plaisir Mademoiselle, une idée pour terrasser ce machin? demanda le capitaine en plaçant son sabre sur son épaule, toisant le démon de sang.
- La tempête d'os.
- Héhé, c'est parti! "

Maraal hurla de colère, pour s'être fait avoir si bêtement. Son artère sectionnée repoussa immédiatement et avec, il balaya violemment d'un revers les squelettes qui se trouvaient au sol, les annihilant tous d'un coup.

"Tes pantins ne peuvent rien contre moi, maudite sorcière!
- Tu parles trop!"

C'était de nouveau le capitaine qui bondit dans sa direction pour lui asséner plusieurs coups de sabre, tranchant sa chair de part et d'autre, qui, cependant, se regénérait presque aussitôt. Ce dernier se fit éjecter avec véhémence au loin par un coup de tentacule sanguinaire. Au sol, Morrigan avait profité de l'inattention du prêtre pour mettre en place sa stratégie. Elle concentrait sa magie dans sa main droite puis sans crier gare, posa sa paume par terre. C'est alors qu'un large cercle constitué d'ossements vint entourer Maraal, drainant son énergie vitale afin de momentanément l'immobiliser.

- Maintenant, Alastor !

L'Œil des Mers fit à son tour usage de sa magie, bien qu'il était lui même un pantin magique, il brandit son sabre en avant et une puissante tornade vint entourer la prison d'os. Les deux sorts cumulés créèrent un nouveau sort, qu'ils surnommaient la tempête d'os. Qui causa d'énormes dégâts au démon sanguinaire mais également aux alentours, menaçant le plafond de s'écrouler sur eux.
Armée d'une épée d'os, Morrigan se jeta sur Maraal pour lui transpercer le dos et le faire tomber au sol. Sans plus attendre et profitant de la faiblesse de son adversaire, elle trancha l'artère gauche. Alastor l'avait aussitôt rejointe et trancha à son tour, l'artère droite du monstre. Ce dernier hurlait de douleur. La nécromancienne se mit maintenant à taillader son dos.

"Bouffe le sol sac à merde, je ne laisserai pas des tarés comme toi en vie. Je n'ai pas pu sauver mon fils, mais je me jure, aujourd'hui, de protéger le monde des malades dans ton genre. Retourne en enfer attendre ton sauveur, car il te rejoindra bientôt, j'en fais mon affaire personnelle!!" criait Morrigan, la larme à l'oeil et à bout de force.

Dans un ultime effort, elle planta son épée dans le crâne du démon, ce qui l'acheva. Voyant que sa maîtresse était venue à bout de ce monstre, Alastor disparut de son propre gré dans un nuage de poussière, faisant un dernier geste de sa main pour signifier un au revoir.

[Red Moon]

https://youtu.be/2fjPKjh37mc

La Lune commençait peu à peu à éclairer cette arène dont toute la source d'eau avait été gelée suite à la venue de l'étranger. Il avait laissé un présent au sein de l'assassin qui lui permit de muter en un ennemi encore plus dangereux... Celui-ci empoigna fermement son katana et y imprégna de la glace à partir de son bras qui lui permit de rallonger la lame afin de se battre avec un outil à sa mesure, de la taille d'un véritable Odachi, mais fait de glace. Il posa sa lame sur son épaule, regardant le groupe de mercenaire avec un regard perçant, les préparant au combat.

"- Ce type... Il possède un pouvoir qui transforme les gens en monstre ?" Se demanda Desmond.
"- C'est terrifiant... ! Est-ce qu'on peut le battre ?" Questionna à son tour Izumi.

Arkhan s'avança alors de quelques pas, faisant un signe de la tête à ses équipiers.

"- Restez derrière moi. Sous cette forme, c'est moi qui suit le plus capable de l'affronter."
"- On ne sait ce dont il est capable. On doit agir ensemble." Proposa la renarde, s'armant de ses kunaïs malgré la goute de sueur sur son front.
"- Ouais, je suis aussi de cet avis." Répliqua le métis.

Soudain, le colosse de glace hurla d'un cri semblable à celui d'un bête sauvage, signalant qu'il allait attaquer. Il s'approcha du groupe d'un pas lourd et vif à la fois, fissurant la glace sous ses pieds à cause de son poids.

"- Quelqu'un à un plan ?!" Demanda Izumi, pressée.

Arkhan fit un signe de la tête pour dire qu'il n'en avait aucune idée, tandis que Desmond affichait un sourire amusé, regardant leur adversaire avec fascination.

"- Un plan ? Il n'y a pas de plan !" S'exclama-t-il, ce qui interpella la renarde.

Le samouraï surpuissant accéléra le pas et se dirigea vers le trio en courant, les alarmant aussitôt.

"- Red Moon, avec moi !" S'écria le dit Flamboyant, s'armant de son épée.

Le groupe se mit aussi à courir en direction du colosse pour l'affronter de face. Desmond ouvrit la marche et se positionna pour réceptionner le colosse qui tenta une puissante frappe offensive avec un coup de sabre vers le bas. Le chef de Red Moon plaça son épée en opposition pour tenter de parer le coup mais la puissance était telle qu'il parvint à le dévier, mais il sentait son bras s'engourdir suite au choc de l'attaque. Une telle force qui était capable de faire ressentir ainsi à Desmond était sans nulle doute celle d'un monstre. Sans perdre de temps, le métis démon s'avança pour tenter de lacérer le colosse de glace avec toute la force qu'il pouvait mais ses coups pénétraient à peine le blindage de glace du titan.

"- Putain, il est solide !"

Armée de ses kunaïs, Izumi tenta de passer dans son angle mort et de lui lancer ses projectiles dans la nuque, mais le seul effet que cela procurait était le regard menaçant de leur adversaire.

"- Mes kunaïs non plus ne peuvent pas l'atteindre !" S'écria Izumi au groupe.

Hurlant afin de répondre à cette attaque de derrière, le monstre muté empoigna son odachi pour tenter de frapper Izumi, mais la lame de la Main du Diable vint bloquer ce coup. La renarde fut subjuguée de voir que pour la première fois, Arkhan serrait les dents. La puissance du colosse était telle que même le kossith démon avait du mal à repousser la force du monstre.

Au même moment, Desmond comprit qu'avec son épée il n'était pas capable de pourfendre sa carapace et décida de la jouer à sa manière, imprégnant ses bras et ses jambes de son énergie démoniaque, les enflammant et renforçants lui aussi d'une carapace d'écaille. Il profita qu'Arkhan le tenait en respect pour le mitrailler de coups en tout genre, coups de poings et coup de pied. Face à un ennemi de glace, la meilleure manière était d'essayer de fragiliser son armure avec des coups flamboyant.

En guise de réponse, le titan de glace fit un saut verticale afin d'envoyer violemment son sabre trancher le sol en poussant un hurlement qui transperça leurs oreilles de terreur. Le coup brisa la glace et déferla à travers tout le lac gelé, les forçant à esquiver s'ils ne voulaient pas se faire emporter. Il profita de la négligence de Desmond pour lui asséner un coup de sabre en revers. Le métis parvint à dévier le coup avec ses bras renforcés mais il se fit projeter contre un arbre.

"- Desmond !" S'écria Izumi, se sentant impuissante.

Agacé par la situation, Arkhan s'approcha du titan afin de lui envoyer de multiples coups d'épées enflammées, mais celui-ci répondit de la même manière, avec autant de force. Le choc entre l'épée de feu et l'odachi de glace créèrent un véritable choc thermique qui envoyait des particules de couleur de tous les cotés, gelant les arbres touchés ou les brulant.

Poussant un hurlement de guerre, Arkhan brisa la défense du colosse en lui envoyant un puissant coup d'épée horizontale qui le désarma en envoyant son sabre se planter dans le sol. Suite à ça, il porta un coup tranchant au torse qui évoqua de la fumée en réaction à la fusion de la glace. Seulement, le temps d'une seconde plus tard, sa blessure se referma en renforçant encore sa chair d'une couche de glace, ce qui énerva encore plus Arkhan.

"- Va au diable !"

Levant son épée au dessus de sa tête, il fit un bref saut afin de mettre toute sa force dans ce coup d'épée verticale que son adversaire vint réceptionner en posant ses mains sur la lame du démon kossith.

"- Quoi ?!"

Cette fois, c'est à son tour de se faire désarmer car le colosse de glace usa de sa force pour envoyer son épée se planter dans le sol avec la puissance de ses mains. Aussitôt, Arkhan s'approcha et tenta de charger le titan, mais celui-ci fit de même et les deux colosses s'échangèrent un duel de force, chacun tenant les mains de l’autre. Au même moment, la renarde aida le semi démon à se relever, pendant qu'ils regardaient le combat se dérouler sous leurs yeux.

"- Il est fort, vraiment fort !" Fit Desmond, légèrement essoufflé.
"- Il doit bien y avoir un moyen de percer son armure." S'exclama Izumi, réfléchissant.
"- J'ai peut être une idée..."

Arkhan utilisa sa force pour tenter de repousser le monstre et serrait les dents, mais ce dernier parvint à prendre l'ascendant et lui envoya un coup de tête dans la mâchoire pour le faire lâcher prise. Profitant de son avantage aussitôt, il empoigna son odachi enfoncée dans la glace pour envoyer un coup tranchant à l'épaule du kossith. Le coup était suffisamment fort pour percer l'armure d'Arkhan, lui arrachant un cri de douleur et faisant couler son sang. En guise de réponse, il tenta de lui rentrer dedans mais le titan de glace plaça ses bras autour de lui pour essayer de le soulever. Le choc de ces deux titans était impressionnant, tant par leur démonstration de force que par leur endurance et cela était d'autant plus perceptible par la puissance qui se dégageait de leur confrontation. Le samouraï muté parvint alors à soulever Arkhan entièrement avant de le jeter violemment contre le sol, plusieurs mètres plus loin, dans un fracas de glace ahurissant.

"- Eh, l'affreux ! Bat toi contre moi !"

Interpellé par la direction d'où venait la voix, le monstre se tourna pour chercher où était son assaillant. Le Flamboyant arriva directement sur son flanc et lui envoyait de puissants coups de pieds circulaires enflammés pour tenter de percer son armure de glace.

"- Maintenant !"

S'étant placée au préalable, la renarde surgit de derrière le monstre pour lui envoyer des kunaïs équipés de parchemins explosifs qui se plantèrent dans son dos. Ceux-ci firent une explosion qui eut pour conséquence de fragiliser la glace du colosse sans pour autant la briser. D'un mouvement rapide, il envoya son sabre fendre la glace au sol pour envoyer des débris sur la renarde. Bien qu'elle pu en esquiver la majorité, elle n'eut le temps de voir déambuler le colosse qui lui porta un puissant revers de la main et la projeta aussi en direction d'Arkhan.

"- IZUMI !" Hurla Desmond.

Frappé par la colère, le chef du groupe se rua sur le monstre et tenta de lui envoyer un coup de pied enflammé à la tempe. Le choc était violent mais pas suffisant pour l'atteindre. Le samouraï transformé lui attrapa alors la jambe pour aussi l'envoyer rencontrer la glace une première fois avant de le lancer une seconde fois pour qu'il s'écrase quelques mètres plus loin.

Desmond eut du mal à réaliser la tournure des évènements. Trouvant la force de se relever, il pouvait voir qu'Arkhan était au sol, ainsi qu'Izumi, les deux gesticulant sur le sol et hors jeu pour le moment. Il sentit un élan de rage lui traverser le corps.

"- Espèce d'enfoiré... Tu vas me le payer !"

Contractant ses muscles, Desmond concentra toute sa force démoniaque qui se manifesta en un champ de flamme qui le recouvrait et propagea sur sa peau une multitudes d'écailles. Tout son corps s'enveloppait de sa "peau" de démon, renforçant ses muscles et lui offrait une couche protectrice jusqu'à recouvrir son visage et lui donnant des traits acérés. Il entamait une transformation vers sa forme démoniaque, faisant exploser son énergie dans un torrent de flamme pour dévoiler au monstre à qui il faisait face sa véritable apparence... Son véritable pouvoir. Celui du Flamboyant.

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"- Maintenant, je vais tout donner !" S'écria-t-il, s'armant de son épée.

Le monstre le regardait avec curiosité et cette vision lui procura un désir de combat plus fort, hurlant une nouvelle fois pour démontrer sa rage. Les deux opposants s'affrontèrent dans un duel en face à face surpuissants. Les coups de Desmond étaient bien plus forts et plus rapides. Le monstre tenta de lui porter un coup frontal avec son odachi, mais le métis para sa lame rapidement, lui rendant le double. Il parvenait à esquiver tous les coups de monstre et à lui infliger de multiples coups tranchants de tous les côtés.

De leur côté, Izumi parvint à trouver la force de se relever auprès de son compagnon.

"- Arkhan ! Est-ce que tu peux me projeter dans les airs ?"

Posant fermement un poing au sol pour se relever à son tour, le kossith regarda la renarde avec un air dubitatif, comprenant difficilement ou elle voulait en venir.

"- Qu'est-ce que tu as derrière la tête, encore ?"
"- Un plan pour nous tirer de la !"
"- Mmh... Ok."

S'empressant de s'exécuter, la Main du Diable passa ses mains autour de la taille de la jeune femme pour la passer par dessus sa tête et viser suffisamment haut dans le ciel pour la projeter. Exécutant alors son mouvement, il lança la renarde avec assez de force pour qu'elle arrive dans le ciel, à une dizaine de mètres au dessus du lieu du duel. S'armant ensuite de ses kunaïs explosifs, elle prit le temps de viser avant d'initier une nouvelle tentative.

"- Desmond à toi de jouer !" S'écria-t-elle.

Envoyant une nouvelle salve de kunaïs explosifs, elle visa directement la nuque du monstre avant d’atterrir plus loin. Cette fois-ci l'explosion fit mouche car la couche de glace sur sa nuque s'envola en éclat. Desmond remarqua que le plan avait porté ses fruits.

"- Formidable !"

Il profita de ce moment où le samouraï était vulnérable pour se ruer sur lui. Ce dernier tenta de l'arrêter en essayant de l'attraper avec sa main, mais Desmond se faufila et fit glisser son épée contre le sol avant de lui porter un coup de bas en haut, pour le projeter dans les airs. Suite à ça, il vint se hisser à son niveau pour lui porter une multitudes de coups tranchants sur ton son corps pour le submerger et l'empêcher de se régénérer au niveau de la nuque. Tournoyant sur lui même, il lui envoya ensuite un puissant coup de pied dans le dos pour le projeter vers le bas, l'envoyant s'écraser au sol sur le ventre. Empoignant alors son épée à deux mains, il entama une descente fulgurante en se laissant tomber et dirigea sa lame à la verticale en direction de la nuque du monstre.

"- C'EST FINI !"

Son atterrissage brisa la glace qui recouvrait le lac et créa une épaisse brume ainsi qu'un vent qui dévasta toute l'arène. Le choc allait jusqu'à faire vibrer le sol et créer un tremblement de terre qui se propagea sur l'ensemble de la forêt.