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2024 (S7), Chapitre 45 (n°307) : Apprendre de ses erreurs

Dimanche 24 novembre 2024, Autodromo José Carlos Pace, São Paulo
Il y a un an, j’étais au maximum de ma concentration et j’avais un objectif en tête : concrétiser un rêve de gosse et devenir champion du monde. Aujourd’hui, je suis là en me disant que finir neuvième ne serait pas si mal ; mathématiquement ça sera entre la huitième et la dixième mais, de manière plus réaliste, je vais devoir faire attention à Vandoorne, qui n’est qu’à sept points. J’aimerai bien pouvoir me concentrer sur les douze points d’écart avec Sergio mais la réalité fait que Stoffel est un danger pour ma triste neuvième place.
Pour cet énième week-end de galère, je suis rejoint par mon père tandis que Stefan est absent à cause des problèmes de santé de son grand-père dont il est très proche et à qui les médecins ne pronostiquent plus que quelques jours à vivre. C’est la deuxième fois que Stefan ne fait pas le déplacement cette saison et, même si je lui apporte mon soutien dans des moments difficiles, ça permet d’apprendre à faire sans lui alors que la question se posera bientôt, quand ses envies de paternité se matérialiseront. L’hiver qui approche est certainement le dernier que l’on passera ensemble avant cette interruption momentanée de notre collaboration.

La qualification d’hier a été perturbée par une légère averse qui n’a eu qu’une seule conséquence : la sortie en Q1 de Nyck de Vries, piégé par un mauvais timing. De mon côté, je n’ai pas su faire mieux que dixième, battu par Sérgio devant son public.

Grille de départ :
1 Leclerc (FER) 2 Ráfaga (AUD)
3 Verstappen (AUD) 4 Ricciardo (FER)
5 Russell (MCL) 6 Ticktum (REN)
7 Vandoorne (REN) 8 Pöpfer (SAU)
9 Sette Câmara (RBR) 10 Kofler (RBR)
11 Ocon (SAU) 12 Gasly (AMR)
13 Ghiotto (DAL) 14 Schumacher (DAL)
15 Sigthórsson (HAA) 16 Maini (CHR)
17 de Vries (MCL) 18 Zhou (CHR)
19 Pérez (HAA) 20 Wighels (AMR)
21 Gelael (WIL) 22 Zoranović (WIL)

Dès le départ, la tension s’échappe du peloton et, à la sortie des S de Senna, je pointe au douzième rang. Ocon et Gasly me l’ont faite à l’envers mais, d’un côté, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même si je me suis endormi dans la courte pleine charge qui emmenait au premier virage.
Déterminé à reprendre des places, je me place derrière Ocon dans la montée de Ferradura et, arrivé au freinage qui suit, Esteban s’en va à l’aéroport en loupant atrocement son freinage, me permettant de revenir au onzième rang. Deux tours plus tard, je me rend coupable d’un homicide sur Pierre Gasly alors que le français verrouille l’intérieur dans les S ; devant la défense du pilote Aston Martin, je me décide à prendre l’extérieur et, avec une survitesse démentielle, je suis en mesure de m’infiltrer à l’intérieur lors du virage 2 pour revenir dans les points. Je n’ai pas souvenir qu’un dépassement de la sorte ait déjà eu lieu mais, malheureusement, la beauté du dépassement n’influe pas sur le nombre de places gagnées.

L’abandon de Russell et un léger travers de Pöpfer - les Sauber ne sont pas des as de la trajectoire, aujourd’hui - me permettent d’atteindre le top 8 et ma chasse n’est pas finie : les Renault et Sérgio sont juste devant. C’est néanmoins une fin de relais solitaire que je vis, incapable de réellement me montrer menaçant sur mes trois adversaires. Alors que j’ai tenté le traditionnel overcut pour tenter un rapproché sur mes trois principales cibles, un team radio vient relancer l’intérêt de la course et de tout le championnat.

Richard : Drapeau jaune dans le secteur 3, fais attention, tu arrives dans la zone.
Niki : Pour quoi ?
Richard : Ráfaga s’est crashé près des stands. Attention aux débris.
Niki : Oh m**** (rires). Quel idiot (rires) !

Est-ce qu’on tient l’un des team radios les plus iconiques de ces dernières années ? Peut-être, mais quel con ! Oh quel con ! Leader du championnat, maître de son destin, en contrôle au championnat. Dans le mur ! Je ne suis pas certain que ça soit déjà arrivé, je ne suis pas certain que ça arrivera à nouveau et je ne suis pas certain qu’il existe meilleur candidat pour faire un truc pareil que ce crétin uruguayen.

Remis de mes émotions, j’entrevois donc la possibilité de progresser au classement ; mine de rien, la victoire n’est qu’à trois secondes devant ! Bien loin de vouloir viser un deuxième succès de rang à Sao Paulo, je me dis qu’un top 5 serait déjà bien et c’est mon objectif alors que la course reprend après quatre tours de neutralisation. Dès la relance, les deux Renault se prennent à la gorge et ça a une conséquence assez peu géniale pour l’équipe ; Ticktum a sauté à l’intérieur dans les S de Senna et, refusant de s’écarter, Vandoorne est contraint de passer hors de la piste après le contact roue contre roue avec Dan. Ayant dépassé Stoffel, je me retrouve donc sixième et même rapidement cinquième lorsqu’un nouveau coup de théâtre frappe Interlagos : trop agressif en voulant dépasser Leclerc pour la deuxième place et maintenir ses espoirs de titre en vie, Max Verstappen s’est mis dans le mauvais sens de la marche à Descida do Lago et le titre qu'il était en passe de voler à son équipier vient probablement de s’envoler.

Malgré ce heurt, Max n’abandonne rien et c’est sans surprise qu’il remonte depuis la neuvième place qui était la sienne après son accrochage pour me dépasser alors qu’il ne reste qu’une dizaine de tours. Après deux énormes coups du sort, la course perd beaucoup de sa saveur et le thriller épique devient une triste procession alors que tout le monde se rend peu à peu compte que la situation comptable n'évoluera plus ; il ne se passera plus rien dans ma course et c’est donc au sixième rang que je conclus l’ultime manche de la saison.

Classement final du Grand Prix :
1 Ricciardo (Ferrari)
2 Leclerc (Ferrari)
3 Sette Câmara (Red Bull)
4 Verstappen (Audi)
5 Ticktum (Renault)
6 Kofler (Red Bull)
7 Ocon (Sauber)
8 Vandoorne (Renault)
9 Pöpfer (Sauber)
10 de Vries (McLaren)

Championnat pilotes Championnat constructeurs

Dans le tour de décélération, la joie est double pour moi ; Sérgio vient de décrocher son quatrième podium en F1 - et de la saison - pour son Grand Prix national en résistant aux assauts de Verstappen dans les derniers tours et, en tant qu’ami, je suis heureux pour lui. En tant que fan maintenant, je suis ravi et presque soulagé de connaître l’identité du champion du monde 2024 : Daniel Ricciardo. Il l’a fait ! Les scénarios étaient connus de tout le monde et l'un des plus improbables de tous vient de se produire.
Ca fait dix ans que tout le monde souhaite à Ricky Bobby d’amasser au moins une couronne et, alors que beaucoup avaient perdu espoir, le ratel a montré sa ténacité dans son dernier combat pour obtenir ce précieux sésame qu’il mérite tant.

Journaliste : Niki, quel genre de course est-ce que c’était pour vous ?
Niki : Meh...Pas mauvaise, le résultat est correct, la course s’est bien passée. Mais ça n’était pas non plus ma meilleure performance ni la course la plus enrichissante de ma carrière, c’est sûr. Après tout ce qui s’est passé cette saison, disons que ça me convient.
Journaliste : Vous voilà donc neuvième du classement final de cette saison...Quelle est votre impression ?
Niki : Ca fait mal pour mon orgueil ! J’espérais autre chose pour cette saison après ce qui s’est passé l’an dernier mais aussi après ce qui s’est passé en 2022. Je ne m’attendais pas à finir aussi loin des premières places, ça fait un peu mal mais ça m’incite à essayer de m’impliquer un peu plus pour tenter de faire mieux l’an prochain. En tout cas c’est comme ça que je positive (rires).
Journaliste : Au moment de la sortie d’Arturo Ráfaga, on vous a entendu rire à la radio. Ce n’est pas très fairplay…
Niki : C’était nerveux...C’était nerveux. C’est juste que...Je trouve ça phénoménal. Arturo était en tête du championnat, à ce stade de la course il était champion virtuel et il se plante tout seul sans raison. J’ai du mal à y croire, je n’ai pas encore vu les images mais je vais les regarder pour bien comprendre, parce que c’est impressionnant de se dire qu’il a réussi à se crasher à ce moment précis de la saison ! Mais je ne vais même pas essayer de jouer un rôle, je suis ravi qu'il ne soit pas devenu champion et je suis très heureux pour Daniel.
Journaliste : Un petit mot justement pour Daniel Ricciardo, qui prend sa retraite juste après avoir remporté le titre ?
Niki : Daniel est un champion. Je ne parle même pas du fait qu’il vient de gagner le titre mais du personnage qu’il est ; une discussion posée avec lui vous suffit à comprendre comment il raisonne et, à travers son raisonnement, vous voyez que c’est un champion. Il est en F1 depuis un bail, il a couru un tas de Grand Prix et il a toujours su montrer qu’il est un des meilleurs de sa génération. Il a battu Vettel, il a battu Verstappen, il a battu Leclerc, c’est un grand pilote. Le fait qu’il remporte le titre est un énorme soulagement pour beaucoup de monde, que ça soit pour les fans ou même pour nous, dans le paddock, car ça nous aurait tous fendu le coeur de regarder Danny quitter la F1 sans cette couronne. Il a eu une carrière exceptionnelle, il a eu quelques moments chauds mais il s’en est toujours sorti et je trouve que la récompense est même un peu trop faible par rapport à son talent. C’est sûr qu’un titre est déjà une belle récompense mais le talent de ce gars en valait deux, peut-être trois. Je me dis qu’il doit être absolument ravi en ce moment, je ne l’ai pas croisé pour l’instant mais j’ai vu les images du podium, il a un sourire encore plus grand que d’habitude et putain, ça fait plaisir de le voir comme ça. Il a accompli son rêve en pilotant pour l’écurie de ses rêves, c’est un truc énorme pour lui et il le mérite. Il manquera à la F1, non seulement en tant que pilote mais aussi en tant que mec, parce qu’avec son sourire et ses blagues bizarres il arrivait à faire sourire tout le monde, tout le monde ici est l’ami de Daniel et c’est quelque chose de très rare dans un paddock aussi compétitif. Bonne continuation Monsieur Ricciardo.

Après la course, je n’ai aucunement reculé devant l’invitation de Nyck pour aller boire un verre dans la cité pauliste. DannyRic a choisi l’option famille plutôt que nos sales têtes pour fêter son titre et, à vrai dire, je le comprend totalement. Je crois que je ferai pareil, à sa place.
Mais puisque je ne suis pas à sa place, j’ai décidé d’arroser ma saison ratée - l’idée était la même pour mon acolyte batave - même si je n’ai pas veillé tard ; je suis revenu à l’hôtel vers vingt-et-une heures et j’ai passé la soirée avec mon père, avec qui on a débriefé la saison. Le supporter rouge qu’il est est ravi, d’autant plus qu’il aime Ricciardo comme tous les fans de F1. Je suis plus dans la mesure car je pense que, sans cette sale affaire de l’été, Verstappen aurait triomphé mais, dans le fond, ça permet au moins à Daniel de gagner le titre avant de partir. Il faut voir le positif…
Après cela, mon père et moi avons pris l’avion direction l’Europe, où de nombreuses missions m’attendent au cours de l’hiver : la préparation d’une course d’endurance à pied qui se déroulera en mai, un peu de ski en accord avec Red Bull avec qui j’ai négocié deux semaines dans la poudreuse à condition de consacrer trois jours à un tournage promotionnel, l’inauguration de mon école de pilotage à Innsbruck mais surtout ma vie de famille. Il y a Lena, qui pinaille pour que je passe plus de temps avec elle au pays, mais il y a aussi ces deux petites choses, Isabel et Adrian, à qui j’avais promis il y a douze mois que je leur accorderai plus d’importance ; vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’ai honte de ne pas avoir honoré cette promesse-là. Avant de pouvoir faire tout cela, en revanche, ÖRF m’attend à Schönbrunn pour un interview dans le but de débriefer une année 2024 qui ne m’aura pas vraiment souri.

Rafaga ce boulet

J'aurais adoré voir Niki aller voir Rafaga pour le troller

Ricciardo champion bravo

PS : je réagis vite mais je me fais chier au taff

Ce final à la Abu Dhabi 2010

N'empêche pour la 3e fois de sa carrière, Kofler finit derrière son équipier alors que c'était la première fois qu'il était le plus expérimenté de son équipe

Rafaga qui se retire de la compétition suite à cette humiliation

Dommage qu’on est pas eu la confrontation ente Niki et Arturo

Le 04 mars 2020 à 17:54:33 Wazzathecaptain a écrit :
Ce final à la Abu Dhabi 2010

Bonjour

N'empêche pour la 3e fois de sa carrière, Kofler finit derrière son équipier alors que c'était la première fois qu'il était le plus expérimenté de son équipe

Il est moins expérimenté que Sette Câmara

Bordel, Audi ces loosers

Deux titres de champion pilotes qui leur tendent les bras et qu'ils laissent filer alors qu'ils sont les meilleurs intrinsèquement Pourtant c'est le rôle de Ferrari de se saborder

Après l'abandon de Rafaga, quand Verstappen a fait son erreur, j'ai cru que mon scénario était en marche Mais bon Ricciardo qui gagne c'est bien plus cool

Esteban s’en va à l’aéroport en loupant atrocement son freinage
7 Ocon (Sauber)

Je crois que ya un truc que j'ai pas compris, selon moi ta phrase signifiait un abandon d'Ocon

Pöpfer qui finit la saison avec 13 entrées consécutives dans les points et Sigthorsson qui fait l'inverse

Il est moins expérimenté que Sette Câmara

Expérience =/= Nombre de GP

Le 04 mars 2020 à 20:10:16 DorotheaWierer a écrit :
Bordel, Audi ces loosers

Deux titres de champion pilotes qui leur tendent les bras et qu'ils laissent filer alors qu'ils sont les meilleurs intrinsèquement Pourtant c'est le rôle de Ferrari de se saborder

Après l'abandon de Rafaga, quand Verstappen a fait son erreur, j'ai cru que mon scénario était en marche Mais bon Ricciardo qui gagne c'est bien plus cool

Esteban s’en va à l’aéroport en loupant atrocement son freinage
7 Ocon (Sauber)

Je crois que ya un truc que j'ai pas compris, selon moi ta phrase signifiait un abandon d'Ocon

Pöpfer qui finit la saison avec 13 entrées consécutives dans les points et Sigthorsson qui fait l'inverse

Il est moins expérimenté que Sette Câmara

Expérience =/= Nombre de GP

En même temps tu veux qu'il fasse quoi avec une voiture qui pue la merde même Perez a pas brillé sur la 2eme partie de saison

Rafachoke putain mais...
Super content que t'es choisi Ric comme champion

Maintenant est-ce que le cliffhanger cette saison sera claqué au sol ?

Le 04 mars 2020 à 21:58:45 [-Monarch-] a écrit :
Rafachoke putain mais...
Super content que t'es choisi Ric comme champion

Maintenant est-ce que le cliffhanger cette saison sera claqué au sol ?

Tu parles du suicide de Gabi?

Le 04 mars 2020 à 20:10:16 DorotheaWierer a écrit :
Bordel, Audi ces loosers

Deux titres de champion pilotes qui leur tendent les bras et qu'ils laissent filer alors qu'ils sont les meilleurs intrinsèquement Pourtant c'est le rôle de Ferrari de se saborder

Une grande équipe à n'en pas douter
En vrai j'avais envie de tempo, ça le faisait pas qu'ils deviennent champion dès leur 3e ou 4e saison avec une telle façon, je me suis dit que j'allais les temporiser un peu

Esteban s’en va à l’aéroport en loupant atrocement son freinage
7 Ocon (Sauber)

Je crois que ya un truc que j'ai pas compris, selon moi ta phrase signifiait un abandon d'Ocon

Non, je voulais dire qu'il a tellement loupé son freinage qu'il aurait pu arriver sur le parking de l'aéroport, qui est situé à quelques bornes du circuit
C'est une micro réf aux commentaires TF1 quand Raikkonen a fait son excursion en 2012, je sais plus si c'est Moncet ou Laffite mais y'en a un des deux qui a dit "Il s'en allait à l'aéroport là" et ça m'a marqué

Pöpfer qui finit la saison avec 13 entrées consécutives dans les points et Sigthorsson qui fait l'inverse

Imaginez un duo Sigthorsson-Rafaga chez Williams bordel

Maintenant est-ce que le cliffhanger cette saison sera claqué au sol ?

En vrai j'en suis plutôt content, il est pas ouf mais j'en ai une meilleure perception que celui des saisons 4, 5 et 6
Du moins c'est un pur cliffhanger, dans le sens où c'est dur de savoir ce qu'il y a derrière

Le 04 mars 2020 à 22:10:10 Pimpolofist a écrit :

Le 04 mars 2020 à 21:58:45 [-Monarch-] a écrit :
Rafachoke putain mais...
Super content que t'es choisi Ric comme champion

Maintenant est-ce que le cliffhanger cette saison sera claqué au sol ?

Tu parles du suicide de Gabi?

Non, il parle du retour de Naïma je crois

Non, je voulais dire qu'il a tellement loupé son freinage qu'il aurait pu arriver sur le parking de l'aéroport, qui est situé à quelques bornes du circuit

C'est une micro réf aux commentaires TF1 quand Raikkonen a fait son excursion en 2012, je sais plus si c'est Moncet ou Laffite mais y'en a un des deux qui a dit "Il s'en allait à l'aéroport là" et ça m'a marqué

Ah ok je savais pas, bien placé alors

Rafaga et son mental friable

Content que Ricciardo termine sur un titre, il le mérite bien !

Comme annoncé en fin d'épisode, demain il sera question d'un interview récap de la saison pour Niki.
Rendez-vous entre 18h et 20h

Saison 7 : https://docs.google.com/document/d/1KZi5n0g1M9dJ-3vZO_PDAyQRutLPMqfoXFlNWozXvdM/edit?usp=sharing

2024 (S7), Chapitre 46 (n°308) : Dans le rétro

PARTIE 1

Mercredi 27 novembre 2024, Schönbrunn
En ce mercredi froid de novembre, me voici de retour au pays et même plus précisément dans la capitale. Schönbrunn, vous le savez sûrement maintenant, c’est dans la banlieue de Vienne et c’est là qu’on trouve les bureaux de la rédaction d’ORF1, la chaîne qui diffuse la Formule 1 en Autriche - et qui accessoirement emploie ma petite amie - et qui me réclamait pour une interview depuis pas mal de temps. Après mon interview avec Wurzy avant la tournée asiatique, la chaîne n’avait pas assez du “héros national” à diffuser à l’antenne, j’imagine, je me suis donc dit que la fin de la saison était l’occasion rêvée pour rendre visite à mes compatriotes journalistes et notamment à Hausi, en charge du questionnaire du jour.

Le sujet principal de l'entretien est un débriefing de l'année 2024 mais également un entretien d'Arturo Ráfaga, diffusé par une télé uruguayenne, où il ne s'est pas pris pour de la merde. Tout le monde en a pris pour son grade, de Verstappen à Ricciardo en passant bien évidemment par moi. Je suis d'ailleurs le principal écorché de l'affaire et l'attaque personnelle menée par Arturo envers moi me donne une fantastique opportunité de lâcher les chevaux à son sujet.

Ernst : Niki, premièrement, tu es en vacances depuis quelques jours. Comment tu te sens ?
Niki : Épuisé ! La saison m’a mis sur les nerfs, mentalement, physiquement, j’ai encaissé pas mal et maintenant, l’adrénaline redescend. Ca va faire du bien, après avoir été à bloc pendant deux ans parce que, en réalité, je crois que je n’ai pas vraiment eu de pause l’hiver dernier avec toute l’excitation autour de la saison 2023 ; jusqu’à début janvier, on me sollicitait pour des interviews pour revenir sur la défaite, le sacre de George Russell, le départ de Sebastian Vettel, du coup ça a empiété sur mon hiver et j’ai presque enchaîné les deux saisons.
Ernst : Après une saison décevante, tu as terminé neuvième au championnat pour ta première saison avec Red Bull. Est-ce qu’on tire plus de cette saison qu’on ne tire d’une saison comme la précédente ?
Niki : Oui, j’imagine que oui, sinon ça va mal se passer pour moi (rires). Le fait de ne plus être dans l’un des fauteuils de favori m’a fait mal, j’ai commis quelques erreurs, mais maintenant je sais comment réagir face à tout ça, je crois.
Ernst : L’enfer des premières courses, à quoi ressemblait-il ?
Niki : C’était frustrant pour moi, très frustrant. Au début, j’ai bien cru que j’étais embarqué dans une galère monstre mais, maintenant, c’est déjà mieux. Avec Sérgio, nous allons commencer notre travail en simulateur prochainement pour la nouvelle voiture et, si elle est meilleure que celle qu’on a eu cette année, ça ira bien, je pense. En tout cas, cette année, j’ai eu l’impression de passer beaucoup de temps à l’usine pour pas grand-chose puisqu’on n’est pas parvenus à régler nos problèmes les plus handicapants et j’ai un peu l’impression d’avoir perdu mon temps, même si ce n’est pas le cas.
Ernst : Parle-nous de ce duo autrichien, RedBull-Kofler...
Niki : Il a fallu du temps pour trouver les marques, l’écurie trustait les premières places tous les ans depuis quinze ans et, soudainement, on s’est retrouvé plus proche du milieu de peloton que de l’avant de la course, je crois que personne n’a réellement compris ce qui se passait mais on a pris en pleine tête les effets des réductions budgétaires pour rentrer dans les clous pour l’an prochain. Ca n’est pas arrivé chez Audi ou chez Ferrari mais c’est arrivé chez nous, je ne sais pas trop, c’est bizarre.
Ernst : Au risque de me faire taper sur les doigts, je vais te considérer comme un pilote âgé : tu fêteras ton centième Grand Prix à Abu Dhabi pour l’entame de la saison 2025 et, à vingt-six ans, qu’est-ce que tu attends pour la suite ?
Niki : J’attend la réussite, sur tous les plans, comme n’importe quel être humain. C’est un peu con de le dire comme ça mais c’est ce dont j’ai envie. Je suis un compétiteur, j’ai ça dans mon sang depuis vingt ans et la réussite est la seule chose qui m’a toujours importé, que ça soit dans une voiture ou dans la vie de tous les jours.
Ernst : Et cette réussite, par quoi passe-t-elle, selon toi ?
Niki : Elle passe par une exigence envers moi-même, encore plus au volant d’une F1 : dès lors que vous n’êtes pas la meilleure version de vous-même, alors c’est que vous êtes perfectible et, si vous êtes perfectible, c’est qu’un type plus parfait que vous peut vous battre à tout moment. Plus on approche de la perfection de soi-même, moins on a de chances d’être battu.
Ernst : Maintenant que la saison est finie pour de bon, quand est-ce que tu vas te poser et te dire “Bon, d’accord, il s’est passé ceci, cela, je dois travailler sur cet aspect” ? Est-ce que ce processus aura lieu, tout d’abord ?
Niki : Oui, bien sûr. Chez un athlète de haut niveau, la remise en question est très fréquente, les plus habiles la pratiquent entre chaque course, mais c’est sûr que la trêve estivale et le break hivernal sont les deux périodes les plus propices à ça, parce qu’on continue à se préparer pour le pilotage sans piloter ; la frustration du manque de piste fait qu’on se pose des questions, sur les méthodes de travail, sur l’ataraxie, tout un tas de choses.
Ernst : L’ataraxie ? Tu penses pouvoir la trouver ? Il y a quand même des moments marquants de ton année qui ont été spécialement troublants…
Niki : Tout dépend de ce que tu appelles un moment “troublant”.
Ernst : En mai par exemple, tu te fais agresser par un inconnu dans le paddock en Espagne et, deux semaines après, tu navigues dans les rues de Monaco pour finir deuxième de la course. Est-ce que tu t’es posé des questions après cet événement ou est-ce que tu t’es dit “Je passe à autre chose, je verrai après” ?
Niki : Le Grand Prix d’Espagne était...particulier. Mais comme tu dis, j’ai rapidement passé l’éponge. Je ne ressens pas le besoin de retravailler cet événement dans ma tête parce que j’ai déjà zappé. La police n’a identifié personne, la FIA ne m’a pas été d’une grande aide non plus, j’ai tourné la page et je ne crois pas que j’y reviendrai dans mon travail mental. Je préfère être dans le calme et ressasser ce qui a été raté en Formule 1, je ne ressasse pas la cuisson de mon steak ou la musique que j’ai écouté pendant ma séance de musculation. Je suis focalisé sur les erreurs faites en piste, à l’usine, les choses qui n’étaient pas bonnes dans mon travail au quotidien, ce genre de choses. Ca viendra quand je trouverai le temps de me poser dans un environnement propice à la réflexion.
Ernst : Quel genre d’endroit ?
Niki : Un grand espace, de préférence à un endroit où il fait froid, c'est là que je préfère être. L’idéal, ce serait de trouver un moment pour partir deux ou trois jours en altitude, avec un minimum de personnes voire même tout seul, histoire de pouvoir penser à voix haute. Je ne réfléchis pas dans un canapé ou dans un avion, j’ai besoin de me sentir tout petit et j’adore la montagne par rapport à ça. Dans un monde aussi connecté et artificiel que celui dans lequel on vit, j’aime bien revenir à l’essentiel.

PARTIE 1 JUSTE AU-DESSUS

2024 (S7), Chapitre 46 (n°308) : Dans le rétro

PARTIE 2

Ernst : Je sais que tu ne vas pas vouloir me parler de tes objectifs pour 2025 alors on va parler de la lutte pour le titre dans laquelle tu seras impliqué l'an prochain...
Niki : Tu es optimiste (rires).
Ernst : Comment est-ce que tu vas aborder cet objectif que tu te fixeras l'an prochain ?
Niki : Normalement. L'an dernier j'ai fait des trucs qui n'étaient pas dignes de moi, j'ai considéré les enjeux différemment parce que j'étais dans la lutte au titre, que je le voulais et que j'étais prêt à tout pour y arriver. Avec le recul, c'était probablement la pire approche à adopter, quand je revois des images de mes conférences de presse je me demande combien j'avais de balais dans le cul, c'est horrible ! Si les astres s'alignent plutôt bien et que je me retrouve à jouer un podium final ou un titre, j'aurai cette expérience de 2023 dans un coin de ma tête, je pense que maintenant je sais comment gérer la situation.
Ernst : Et si tu te retrouves dans cette lutte, qui aimerais-tu affronter ?
Niki : Peu importe, premièrement car ce n'est pas à moi qui le choix reviendra, deuxièmement parce que j'essaierai de le battre, que ça soit Russell, Verstappen ou un autre.
Ernst : On sait que tu entretiens des rapports différents avec certains de tes adversaires...Ca ne te donne pas plus ou moins envie de les affronter ? Je pense à Arturo Ráfaga, envers qui tu t'es montré plutôt critique et qui t'a rendu la pareille très récemment.
Niki : Une partie de moi a envie d'affronter un type comme Arturo pour lui apprendre deux-trois choses sur la vie et lui montrer pourquoi je m'entête à dire qu'il n'a pas le calibre d'un champion du monde, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a une part de risque si on se retrouve nez-à-nez, le risque étant qu'il parvienne à terminer devant.
Ernst : Cette rivalité, entre toi et lui...C'est assez violent, pas vrai ?
Niki : Ce n'est pas spécialement violent. On a des personnalités conflictuelles, on s'accroche souvent en piste et en-dehors, mais je n'appellerai pas ça de la violence.
Ernst : Pour que tu rigoles quand il perd le titre et pour qu'il déclare que tu es le "pilote le plus surcoté de l'Histoire de la F1", c'est qu'il y a quand même une petite guerre entre vous deux...
Niki : J'ai vu son entretien auquel tu fais référence, oui. Ca m'a fait marrer. Parce qu'il prétend que je suis un pilote sans talent et que ma saison 2023 était un accident, il dit même à un moment que les classements généraux sont un très bon reflet du niveau de chacun. En faisant ça, il montre au monde entier qu'il ne connaît pas plus de choses en F1 qu'en bobsleigh et de ce fait il prémâche mon travail qui consiste à montrer au monde entier que l'arnaque, dans l'histoire, c'est lui. Le seul point commun qu'on a est d'être deux pilotes qui veulent réussir, tout le reste ce ne sont que des différences. Différences d'approche, de mentalité, de professionnalisme, de morale, d'intelligence, tout ce que vous voulez. Et les différences résident souvent dans le fait que j'ai la bonne méthode et qu'il a la mauvaise. De nous deux, il n'y en a qu'un qui a des heures d'entraînement et de sommeil fixes, il n'y en a qu'un qui sait développer une voiture, il n'y en a qu'un qui fait autre chose qu'utiliser son pied droit, il n'y en a qu'un qui a du respect pour ses adversaires et celui-là, c'est moi. Alors quand on voit que Ráfaga est capable de s'incruster dans une lutte au titre alors qu'il ne sait qu'appuyer sur l'accélérateur et tourner le volant, c'est extrêmement frustrant et ça donne rapidement envie de le remettre à sa place. Ce mec est une énigme car il est le seul pilote du plateau qui ne sait pas comment être un bon athlète, pourtant il arrive à faire des résultats corrects. Alors oui, j'ai envie de le remettre à sa place et, si nos voitures de l'an prochain sont du même niveau, je me mettrai en tête de rectifier le tir en lui infligeant une correction appropriée tout au long de la saison.
Ernst : Tu n'es pas tendre avec lui, c'est un discours violent que tu tiens contre lui...
Niki : Je suis le seul à mettre des mots sur la frustration que les vingt autres ressentent. Tout le monde a envie de voir ce type se prendre un mur, parce qu'on en sue depuis vingt ans pour en arriver là et qu'un opportuniste arrive à nous battre parce que ci, parce que ça. C'est incroyablement frustrant de l'intérieur et je ne suis pas sûr que les téléspectateurs puissent réellement comprendre la portée de cela. Avec Ráfaga, on revient à l'image du pilote rock-star qui ne fait rien de ses journées et c'est extrêmement insultant pour les Lauda, les Prost, les Schumacher, les Hamilton, qui contribuent depuis quarante ans à faire prendre conscience aux gens que nous sommes des monstres physiques et mentaux et non pas des trompe-la-mort fortunés.
Ernst : Plus précisément, tu lui reproches son attitude au quotidien, pas vrai ?
Niki : Complètement, parce que les pilotes de ma génération sont les premiers pilotes qui n'ont jamais vraiment été confrontés aux questions du style "Est-ce que vous fumez encore avant le départ comme à l'époque ?" ou "Pourquoi est-ce que vous prétendez être des athlètes alors que c'est la voiture qui fait tout ?". Les gens ont fini par comprendre qu'être un pilote de haut niveau nécessite une hygiène de vie irréprochable et un corps incroyablement préparé. Les caméras ont fini par se braquer sur nous, on a obtenu des images de pilotes à l'entraînement et les gens ont fini par comprendre que nous sommes les athlètes les plus affûtés au monde. Certains athlètes sont particulièrement polyvalents, puissants, rapides ou autres, nous notre particularité est d'allier légèreté et force et ça, les gens l'ont enfin compris. Ils ont aussi compris notre routine, ce qu'on traverse, parce que des pilotes légendaires se sont efforcés de renvoyer une image de travailleurs acharnés. Sauf qu'à cause de types comme Ráfaga, on retombe dans ces histoires d'athlètes en papier mâché, de soirées arrosées quasi-quotidiennes, et c'est horriblement énervant de savoir qu'un seul type est responsable de la mauvaise image de vingt autres qui ne demandent rien d'autre que du respect et de la considération pour ce qu'ils font tous les jours.
Ernst : Coupez ! C’était super de pouvoir m’entretenir avec toi, merci pour ton temps. Elle pèse lourd, ta dernière réponse.
Niki : Je n’ai fait que dire ce que je crois être vrai.
Ernst : Tu peux être fier de ça, cette mentalité que tu as. Tu as insisté sur les bons points, je pense que le public ne sera pas insensible à ton discours sur ta vie quotidienne. Ca leur permettra d'en savoir plus sur les coulisses de la vie d'un pilote, ça redonne de l’humanité à ce métier que tu fais.
Niki : J'avais à coeur d'exposer mes regrets sur cette vision qu'ont les gens du sport. On vit dans une époque sur-médiatisée, un tête-à-queue et tu te fais chambrer pendant trois semaines, un crash et tu es harcelé pendant trois mois, un échec et tu es critiqué pendant trois ans. Tout le monde ne comprend pas très bien ce qu'il y a derrière, il me tient à coeur d'être suivi par des gens qui comprennent de quoi nos vies sont faites. J'ai besoin de parler publiquement de la galère que c'est, d'être ambitieux comme un pilote.
Hausi : Attention à ce que ça ne te monte pas trop à la tête, quand même...L'ambition, c'est bien, mais ne laisse pas cette ambition devenir obsessionnelle.
Niki : Tu sais, Hausi, il n’y a rien de pire que de manquer d’ambition ; si la médiocrité te convient alors tu te condamnes à y rester. Si tu ne te dis pas que, demain, tu pourrais être meilleur que tu ne l'es aujourd’hui, alors tu te coucheras demain soir en étant aussi médiocre que tu l’es en ce moment...

Le 07 mars 2020 à 19:15:25 Haryanto a écrit :
SpoilAfficherMasquerVraiment très heureux de cet entretien car on a deux choses en même temps : un débriefing goût Niki + une plongée dans son état d'esprit et ses méthodes de travail
J'espère que l'épisode vous aura plu

G pas lu mdr

Très bon entretien même si j'ai pas grand chose de particulier à dire, si ce n'est qu'au niveau des mots, Niki a mis KO ce no-brain de Rafaga Plus qu'à le faire sur la piste

Niki : Tu sais, Hausi, il n’y a rien de pire que de manquer d’ambition ; si la médiocrité te convient alors tu te condamnes à y rester. Si tu ne te dis pas que, demain, tu pourrais être meilleur que tu ne l'es aujourd’hui, alors tu te coucheras demain soir en étant aussi médiocre que tu l’es en ce moment...

Le 07 mars 2020 à 22:25:24 DorotheaWierer a écrit :

Niki : Tu sais, Hausi, il n’y a rien de pire que de manquer d’ambition ; si la médiocrité te convient alors tu te condamnes à y rester. Si tu ne te dis pas que, demain, tu pourrais être meilleur que tu ne l'es aujourd’hui, alors tu te coucheras demain soir en étant aussi médiocre que tu l’es en ce moment...

Tu peux pas imaginer à quel point je suis fier de commencer à attribuer des citations comme ça à Niki