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Sujet : [Fic] Slavetale

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erosdog erosdog
MP
Niveau 10
20 janvier 2018 à 18:44:25

La clé tourna dans la serrure, les deux jeunes hommes enfonçant la porte comme si la mort était à leur trousse. Ils la refermèrent derrière eux avec précipitation, leur supplice touchant enfin à sa fin. Ils tendirent toutefois l’oreille quelques secondes pour vérifier que la maison était bien vide ; on n’était jamais trop sûr.
Puis ils se jetèrent l’un sur l’autre, tels deux aimants que l’on aurait enfin libéré. La pression sociale s’était envolée, le salon se transformant en havre d’amour où ils pouvaient être qui ils voulaient, faire ce qu’ils voulaient. Les seules contraintes réfrénant leur union n’étaient plus celles imposées par les autres via la terreur, mais celles qu’ils s’imposaient à eux-mêmes par pudeur. Ils ne feraient pas tout aujourd’hui, ils commenceraient doucement, consommant avec modération la passion coulant dans leurs veines.
Ils tourbillonnèrent vers la chambre de Victor, les chaussures volant dans un coin du salon. Enlacés ainsi, leurs bouches fusionnées en un baisé, ils ne formaient qu’un seul être. Les deux moitié d’un même corps réunies ; des âmes sœurs.
La porte s’ouvrit lentement, le rythme ayant ralenti à celui d’un doux slow. Vaillance vint coincer son amant entre le mur et son corps, pressant contre lui pour rendre leur baiser d’autant plus intense. Ses mains étaient plaquées contre les siennes, l’accrochant contre la paroi tel un prisonnier. Il se voyait obligé de subir la douce torture infligée par le monstre, sa langue tenue en otage. Mais c’était là quelque chose qu’il souffrait avec joie, car il l’avait désiré si longtemps. Il savait ce qui était à venir, et combiné à ce qui était déjà, cela créait en lui un cocktail explosif dans lequel sa raison se noyait pour ne laisser le contrôle de son corps qu’à l’instant et au plaisir.
Vaillance se trouvait à peu près dans le même état, pressant toujours plus loin son corps contre celui de Victor comme pour ne faire qu’un. D’abord sa poitrine, puis le reste de son buste, son bassin, et finalement son corps entier vint rejoindre celui de l’humain devant lui.
Enfin, Victor dégagea ses mains pour venir les glisser sous le T-shirt de Vaillance. Ses chaînes brisées, l’humain était libre de rendre la pareille à son tortionnaire. C’est ainsi que ses doigts vinrent glisser le long de la fourrure de son amant, à contre-sens pour bien se faire sentir. Le monstre frissonna sous ce contact, tentant par réflexe de s’éloigner du toucher en s'arquant ; stratégie peu efficace étant donné qu’il était déjà collé contre Victor, incapable de se rapprocher davantage.
Alors que le jeune homme remontait ses mains de pianiste, le sang se mit à battre de plus en plus fort aux oreilles du monstre. Son cœur battait la chamade, prêt à se rompre d’un trop plein de passion embrasée trop rapidement. Il était encore maître de ses gestes, mais il sentait qu’il était à deux doigts de perdre le contrôle. Doigts que Victor maniait parfaitement, comme s’il avait été écrit en lui depuis tout ce temps comment le combler. Finalement, l’humain arriva à court de place pour remonter, laissant Vaillance torse nu devant lui après une seconde consacrée au retrait total du vêtement. L’humain sentait la chaleur de son amant irradier tout contre lui, rendu fou par le tissu qui le couvrait encore, le séparant du contact total.
Mais c’était sans compter sur son compagnon qui l’aida à s’en débarrasser. Lui était moins habile de ses mains, trop concentré sur sa langue. Prises de rapides mouvements saccadés, elles mirent peu de temps à parcourir les courbes de Victor, lui arrachant presque son T-shirt sur les derniers centimètres. Ils se trouvaient enfin totalement l’un contre l’autre, fourrure contre peau, cœur contre cœur.
Leur manège continua ainsi durant de longues minutes délicieuses, avant que le monstre ne prenne les devants en descendant ses mains un peu trop bas. Celles-ci vinrent effleurer le bas du dos de son amant, avant de revenir à la charge, plus sûres d’elles. Elles s’aventurèrent plus bas, plus longtemps, avant de finalement céder à la tentation et de rester là, empoignant la chair au travers du tissu. Le jeune homme sursauta, prit d’une courte pique de douleur stimulante. Mais Vaillance ne s’arrêta pas là, bien au contraire. Il prit plaisir à laisser glisser ses mains, sentant l’humain frissonner contre lui.
Il concéda finalement au vœu inaudible de son amant, faisant revenir ses mains vers l’avant de son corps pour défaire le bouton du jeans qui devenait encombrant. Puis la fermeture éclair, avant d’abaisser lentement le vêtement, révélant avec ardeur l’objet de son désir. Celui-ci était tout de fois caché sous une ultime couche de vêtements, qu’il faudrait défaire avant de pouvoir satisfaire les pulsions passionnées qui le prenaient.
Victor était assommé sous toutes les sensations qui prenaient possession de lui, son esprit obnubilé par les milliards de nerfs qui s’activaient, envoyant tous le même message irrésistible. Mais il parvint toutefois à réunir la concentration nécessaire pour rétablir l’égalité entre eux.
Finalement, dans un élan embrasé, il repoussa Vaillance avec force, l’envoyant sur le lit juste derrière. Le monstre se laissa faire, s’écroulant sur le matelas avec un sourire avide aux lèvres. Les deux prirent quelques minutes pour ôter correctement leur pantalon, les laissant uniquement en sous-vêtements l’un devant l’autre.
L’humain contempla son amant s’offrant ainsi à lui. Il n’avait jamais eu encore l’occasion de le voir nu, et son corps était encore plus attrayant que couvert de tout ce tissu inutile. Son ventre et son aine étaient couverts d’une fourrure beaucoup plus claire qu’ailleurs, presque blanche, qui prenait source au creux de sa gorge. Mais celle-ci semblait encore plus douce, encore plus belle que le reste, et Victor n’avait pas les mots pour décrire son désir d’y toucher, de s’y réfugier, de profiter d’une si belle création, d’une telle œuvre d’art. Il remarqua également l’entrejambe de son amant qui pressait contre le tissu, mourant d’envie d’être libérée. Le tout semblait semblable au sien sous cette barrière visuelle. Quelque part, c’était rassurant ; il était en terrain connu.
Vaillance, lui, découvrait avec une certaine surprise que le corps de son amant n’était pas si glabre qu’il n’y paraissait. Il aurait dû s’en rendre compte avant, et quelque part ce n’était pas vraiment si surprenant, mais cela lui donnait une excentricité en plus à explorer par rapport à son propre corps. Quelle nouvelle sensation cette peau à moitié couverte lui procurerait-elle ? Serait-ce aussi doux que le reste ?
Victor ne tarda pas à refermer l’espace entre eux de quelques pas. Il s’allongea à son tour, non pas aux côtés de Vaillance, mais directement sur lui, venant reposer sur sa fourrure pour mieux atteindre sa bouche, pour mieux se rapprocher et ne faire qu’un avec lui. Sa peau dénudée picotait partout où elle entrait en contact avec le pelage de son amant. Ses gestes se faisaient plus erratiques, plus pressants ; son esprit envahit d’un millier de fantaisies. Mais un léger doute l’habitait néanmoins. Et maintenant, quoi ? Devait-il directement satisfaire le désir de son amant, devait-il patienter davantage et le couvrir de baisers ?
Finalement, il n’eut pas à se poser la question car Vaillance prit les devants. Il roula sur le côté, échangeant leurs positions en un battement de cils. À nouveaux, Victor se retrouvait sous son emprise, sous sa douce domination. Le monstre s’arracha à la bouche du jeune homme, et laissa ses lèvres glisser le long de son cou, non sans y déposer une gerbe de baisers qui lui arrachèrent maints soupirs. Mais le plus irrésistible était toutefois ses mains, qui au lieu de rester sagement passives venaient à l’assaut de son intimité, survolant le tissu et couvrant l’endroit de caresses sensuelles. Pendant ce temps, le monstre continuait de descendre, laissant une traînée de baisers derrière lui. Il prit son temps pour parcourir le chemin, ses mains se chargeant de faire patienter Victor. Toutefois, elles n’allaient jamais trop loin, laissant l’engouement grimper quant au clou du spectacle.
Enfin il arriva, déposant un dernier baiser sur le bas ventre de l’humain. D’un lent mouvement Vaillance s’occupa du dernier vêtement, révélant le corps entier de son amant. Victor fut soudain prit d’une certaine timidité ainsi vulnérable. Lui n’avait pas de fourrure pour se protéger, et il se demanda soudain si cela était bien raisonnable. Mais le sourire tendre et plein d’amour que Vaillance lui adressa fut suffisant pour calmer ses doutes. Il se sentait à l’aise avec lui, il pouvait se montrer tel qu’il était, sans rien derrière quoi se cacher. Vaillance ne le jugerait pas, ne se servirait pas de ce qu’il se passait contre lui, au contraire, il serait à jamais associé au plaisir et à la douceur.
“Ça va ? Tu veux que j’aille plus loin ?” Demanda-t-il d’une voix suave, à laquelle Victor répondit précipitamment “Oui ! C’est… Parfait.”
Le monstre sourit “Ok... dit moi juste quand…” commença-t-il, légèrement timide
“D’accord.” Fit Victor, comprenant de quoi il parlait. Et sans plus attendre son amant accomplit ce qu’il était venu faire. Sa langue vint remonter le long du membre du jeune homme, ses lèvres se refermant autour de celui-ci une fois qu’elles furent positionnées au-dessus. Le monstre vint apposer quelques caresses sur l’intimité de son amant grâce à sa langue alors qu’il débuta de lents va et viens sensuels. Victor serra les dents. Le contact était surprenant, et plaisant. C’était inédit, exaltant de nouveauté. Il pouvait sentir les douces mains et le visage duveteux de Vaillance passer sur ses cuisses lors de son mouvement. Des frissons remontèrent le long du dos de l’humain en même temps que le souffle chaud de Vaillance, le poussant à laisser de nouveau échapper quelques soupirs de bien-être. Ceux-ci se muèrent rapidement en légers gémissements lorsqu’il mit plus de cœur à l’ouvrage, y allant franchement. Son expérience était nulle sinon pour les fantasmes de son imagination, mais la détermination appliquée à combler son amant était suffisante. Cela ne faisait que quelques instants que le monstre avait commencé, mais Victor sentait déjà approcher l’apogée. C’était surprenant ; il était plus endurant habituellement. Mais c’était la première fois qu’une telle tornade de sensation le prenait, et il ne savait plus où donner de la tête pour tenir encore plus longtemps. Les portes du septième ciel étaient là ; il fit un dernier effort pour prévenir son amant qu’il était sur le point de finir. Vaillance retira sa bouche et termina à la main, arrachant un gémissement de jouissance à son amant. Celui-ci s’arqua dans une dernière tentative pour prolonger son bien-être, avant de retomber, haletant.
Vaillance lui laissa quelques secondes de repos en essuyant le tout dans les draps. Peu importe s’ils laissaient des traces, c’était lui qui s’occuperait du linge de toute façon.
Soudain, Victor lui attrapa le bras et l’attira à lui. Il vint déposer un baiser fiévreux sur ses lèvres humides pour le remercier. Mais ce n’était pas tout, il comptait bien lui rendre la pareille. Lui faire ressentir, de façon meilleure encore, la passion et la jouissance qui venait de prendre possession de lui.
Il allongea Vaillance à sa place, avant de descendre à son tour le long de son corps, enfouissant son visage dans la fourrure du monstre pour déposer maints baisers directement sur sa peau sensible. Ses mains vinrent donner un avant-goût de ce qui l’attendait au monstre, poussant le zèle jusqu’à s’aventurer dans le sous-vêtement de Vaillance. Lorsqu’il fut assez proche, il lui enleva le bout de tissu, révélant l’organe de son amant. Celui-ci, à sa grande surprise, n’était pas couvert de pelage, c’était d’ailleurs la seule partie de son corps qui n’en présentait pas. En effet, la fourrure remontait jusqu’à sa base, englobant même ses testicules, mais s’éclaircissait au-delà jusqu’à disparaître pour ne laisser que la peau. Toutefois, Victor n’était pas venu faire une description de l’intimité du monstre. Il vint déposer quelques baisers autour de celle-ci, puis il s’empressa d’imiter ce que le monstre venait de lui faire, prenant soin de reproduire ce qui lui avait le plus plu ; mouvements de langue et cadence particulière. C’était étrange de sentir ainsi un objet étranger dans sa bouche. Le membre ardent s'agitait au contact de sa langue et de ses lèvres qui le parcouraient tout en longueur ; aucune partie de celui-ci n’échappait aux caresses. Mais dans l’ensemble, c’était plutôt excitant d’avoir ainsi le contrôle sur une partie si intime du corps de Vaillance, de pouvoir lui faire tout ce qui lui plaisait, selon son gré.
Près de lui, il pouvait entendre le souffle de son amant s’accélérer, entrecoupé de gémissements. Cela le poussait à continuer son ouvrage avec toujours plus de passion, donnant tout ce qu’il pouvait pour satisfaire Vaillance. Et, de la même façon que Victor n’avait pas su résister longtemps aux délices du monstre, celui-ci l'avertit rapidement qu’il était sur le point de se relâcher. L’humain termina alors avec sa main, s’appliquant à arracher le doux gémissement de jouissance aux lèvres de Vaillance. Cela lui procura une fierté intense : il avait réussi à donner tout ce plaisir, toute cette jouissance à son amant grâce à rien d’autre que son propre corps et son dévouement. Et le magnifique son que vaillance laissait échapper était comme un trophée, une preuve qu’il avait bel bien réussi cela, que tout était de son propre fait.
Finalement, ils retombèrent tous deux sur le matelas, à bout de force, exténués par le cocktail d’hormones et de sensations qu’ils venaient de vivre. Ils vinrent se lover dans les bras l’un de l’autre, ne prenant pas la peine de se rhabiller. Leurs lèvres s’unirent une dernière fois, la passion ayant laissé place à la tendresse. Nul besoin de se remercier pour cette virée si délicieuse, nul besoin de se dire des mots d’amour, tout cela venait d’être échangé quelques minutes auparavant. Ils venaient de se témoigner toute leur affection de la façon la plus physique qui soit, de façon concrète, s’abandonnant à leurs sentiments. Désormais, la simple chaleur de leurs bras suffisait amplement, remplaçant et surpassant tous les mots qu’ils pourraient prononcer. Aucun ne serait aussi fort, aussi doux, aussi bon que leur étreinte.
Et ils s’endormirent ainsi, succombant aux effets secondaires de la dopamine, dans une étreinte de pur amour. Consacrant par la même occasion la preuve qu’une telle union - que tous s’accordaient pour qualifier de contre nature - était viable, et fertile de bonheur.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
20 janvier 2018 à 18:45:02

-Résumé-

Le chapitre s'ouvre sur Victor et Vaillance dans les bras l'un de l'autre sur le balcon de la tour Copperheinmer. Ils se demandent comment profiter de la journée, avant de décider que comme Oscar n'est pas là pour quelques jours, ils peuvent sortir librement ou presque. Ils se rendent donc dans un parc non loin, en faisant toutefois attention à ne pas montrer le moindre signe de leur amour. Victor les emmène dans une partie recluse du parc, où après quelques minutes d'escalades ils peuvent profiter d'un peu d'intimité et d'une belle vue sur la ville.
Là, leurs baisers se muent en une découverte mutuelle de leurs corps, avant qu'ils ne reviennent à la raison et décident de rentrer pour ne pas se faire surprendre, car les conséquences seraient terribles si un monstre et un humain étaient surpris à s'aimer.
Finalement, une fois rentrés ils se précipitent dans la chambre de Victor, consumés par la passion. Ils y poussent alors l'exploration de leurs corps, puis succombent finalement au désir de faire l'amour. Une fois leur union consacrée, ils s'endorment tranquillement dans le lit de Victor, serrés l'un contre l'autre avec amour.

Gamopli Gamopli
MP
Niveau 10
20 janvier 2018 à 19:15:04

Ah, le chapitre qu'on attendait tous ! J'espère que dans le prochain, ils iront plus en profondeur [[sticker:p/1kki]]

Oisivete Oisivete
MP
Niveau 6
20 janvier 2018 à 19:22:59

un chapitre tout mignon, tout beau comme on les aimes... ça fait plaisir un peu de douceur dans ce monde de brute! [[sticker:p/1lmh]]

SheogorathEV2 SheogorathEV2
MP
Niveau 14
21 janvier 2018 à 01:03:34

Oh you touch my tralala... ( ͡ʘ ͜ʖ ͡ʘ)

Message édité le 21 janvier 2018 à 01:03:56 par SheogorathEV2
Steellar Steellar
MP
Niveau 10
21 janvier 2018 à 16:07:06

"-Avertissement de contenu potentiellement choquant ; résumé détaillé à la fin-"
Un bon chapitre approche [[sticker:p/1kkq]]

JamesTheLemmon JamesTheLemmon
MP
Niveau 6
23 janvier 2018 à 07:55:56

Exellent chapitre, tout mignon.

Message édité le 23 janvier 2018 à 07:56:56 par JamesTheLemmon
Devastator999 Devastator999
MP
Niveau 2
23 janvier 2018 à 16:06:54

Le 23 janvier 2018 à 07:55:56 JamesTheLemmon a écrit :
Exellent chapitre, tout mignon.

Pas vraiment mignon...

Message édité le 23 janvier 2018 à 16:07:07 par Devastator999
SheogorathCDC SheogorathCDC
MP
Niveau 10
23 janvier 2018 à 21:06:04

Le 23 janvier 2018 à 16:06:54 Devastator999 a écrit :

Le 23 janvier 2018 à 07:55:56 JamesTheLemmon a écrit :
Exellent chapitre, tout mignon.

Pas vraiment mignon...

Sisi.

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
06 février 2018 à 19:01:59

Yes !!! MxGreen m'a écouté et remis la fic !!!

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
06 février 2018 à 19:06:56

Il me semblait pas qu'elle avait disparu... :question: mais si c'est vraiment le cas merci d'avoir fait en sorte qu'elle revienne :-)

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
06 février 2018 à 19:23:20

Le 06 février 2018 à 19:06:56 erosdog a écrit :
Il me semblait pas qu'elle avait disparu... :question: mais si c'est vraiment le cas merci d'avoir fait en sorte qu'elle revienne :-)

De rien.... maintenant SUIIIIIITE ! :diable:

SheogorathCDC SheogorathCDC
MP
Niveau 10
06 février 2018 à 20:20:38

:cimer:

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
07 février 2018 à 09:39:47

De rien sheo, mais du coup tu devra appuyer ma théorie qui dit que le prochain TES se passera au Marais Noir :oui:

SheogorathCDC SheogorathCDC
MP
Niveau 10
07 février 2018 à 12:44:39

Le 07 février 2018 à 09:39:47 Orion-Is-Back a écrit :
De rien sheo, mais du coup tu devra appuyer ma théorie qui dit que le prochain TES se passera au Marais Noir :oui:

Fake. TES VI ANGOULEME! :fou:

Ewelxyn Ewelxyn
MP
Niveau 51
09 février 2018 à 17:08:53

Bonne fic

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
11 février 2018 à 21:37:45

12246 mots
Voilà voilà... Je me suis légèrement laissé emporter =D
J'espère que vous allez aimer lire ce chapitre autant que j'ai aimé l'écrire.

N'oubliez pas de laisser un commentaire, ça me ferait très plaisir.

Chapitre 17 :

Frisk tira sur la fermeture éclair, s’assurant dans un tintement métallique que son sac était bien fermé. Elle souleva la lanière, la passa autour de son épaule et fit quelques pas vers la porte de sa chambre, jetant un dernier coup d’œil alentours pour vérifier qu’elle n’avait rien oublié. Son bureau était chargé de classeurs, de feuilles volantes et de stylos. On pouvait discerner le contour métallique d’un ordinateur sous la masse de figurines et autres livres. Mais malgré cela, la jeune fille savait exactement où se trouvait quoi. D’un coup d’œil, elle sut que rien de tout cela n’était important ; un espace vide sur la droite sortait du lot là où se trouvait habituellement son téléphone, la pile de livres était plus basse qu’à l’accoutumée, et le bloc-notes où elle avait noté toutes les informations dont ils auraient besoin était soigneusement rangé dans son dos. Son regard se tourna vers son armoire, vidée de son contenu tel un animal que l’on aurait dépecé. Sa valise l’attendait dans l’entrée, elle ne manquerait de rien.
La jeune fille sortit avec la boule au ventre. Cela devenait concret, le voyage qu’ils préparaient depuis des semaines était sur le point de débuter. Elle repensa furtivement aux efforts combinés qu’ils avaient mis en place pour organiser tout cela si vite. Durant des jours et des jours ils avaient fouillé les moindres recoins du net, interrogés tous ceux à qui ils pouvaient penser, suivi des pistes. Ils avaient rencontré d’innombrables culs-de-sac, recueilli des informations prometteuses, recoupé des témoignages, des articles, des renseignements glanés çà et là sur quelques sites internet obscurs. Souvent elle s’était crue dans la peau d’un détective, jouant le rôle principal d’un roman noir.
Et après maintes déceptions, ils avaient enfin quelque chose qui tenait la route. Une voie à suivre, solide, en laquelle ils avaient foi. Tout concordait : la chronologie, l’acheteur, le lieu ; ils avaient enfin trouvé comment tout assembler afin de former une image claire, à la façon d’une de ces œuvres d’art confuses qui projetaient une ombre évidente une fois éclairée sous le bon angle.
Alors, sans plus tarder, ils s’étaient empressés de planifier leur mission. De détective, ils étaient devenus militaires, prévoyant minutieusement les détails de leur intervention. Tout était consigné dans le précieux carnet que Frisk portait.
Dans l’entrée étaient empilées toutes leurs valises. Ils partaient pendant quelques jours, et avaient donc empaqueté tout le nécessaire. Ils avaient aussi inventé un prétexte pour pouvoir se libérer ainsi ; ils devaient rester discrets, ne pas attirer l’attention sur ce qu’ils faisaient. En soi, rien d’illégal, mais les suspicions pourraient aller loin, et percer à jour leurs véritables intentions.
-T’es prête petite ? Demanda Sans, les yeux rivés sur son téléphone. Il en avait récupéré un vieux qui traînait au fond d’un tiroir, cela leur servirait si jamais ils venaient à devoir se séparer.
-Ouaip, répondit Frisk en posant son sac à côté des autres. Tu sais où en sont Tata et Undyne ?
-Nope.
La jeune fille fit quelques pas dans le salon, ne supportant pas d’être immobile plus de quelques secondes. Qu’est-ce qu’elles pouvaient bien faire pour mettre autant de temps ? Ils avaient décidé de partir de bonne heure, mais à ce rythme-là…
-J’arrive ! Fit Johanna depuis sa chambre. L’humaine franchit le pas de la porte quelques secondes plus tard. Elle se dirigea vers la cuisine, vérifiant que le gaz et l’eau étaient bien coupés.
-C’est bon, on va pouvoir y aller, dit-elle alors qu’Undyne les rejoint, ayant visiblement elle aussi finit de se préparer.
Johanna ouvrit la porte en tirant une valise derrière elle. La monstre s’empara de deux lourds bagages, un sous chaque bras. Sans, fidèle à lui-même, ne prit qu’un tout petit sac tandis que Frisk récupérait celui qu’elle avait posé.
Une fois arrivés à la voiture, ils empilèrent tout dans le coffre, parvenant par miracle à faire en sorte que rien ne déborde. Johanna alla s’asseoir derrière le volant, Undyne à sa droite alors que Sans et Frisk se mirent sur la banquette arrière. Chacun s'installa confortablement pour le trajet qui serait assez long ; quelques centaines de kilomètres.

La radio diffusait une station nationale de musique, de la pop énergique pour éviter de mourir d’ennui sur la route plate et redondante. Frisk regardait filer les arbres par la fenêtre, jetant de temps à autre un coup d’œil à son téléphone. Le squelette, lui, était toujours absorbé par l’écran, et la jeune fille se demandait par quelle étrange magie la batterie de l’appareil n’était pas encore à plat. Peut-être que Sans avait des pouvoirs qui permettaient aux objets électroniques de durer indéfiniment ? Tellement pratique.
-Qu’est-ce que vous pensez qui nous attend ? Demanda Frisk, brisant le silence.
-J’en sais rien gamine. Répondit Undyne. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre...
-Surtout avec ces gens-là, ajouta Sans.
-Surtout avec ces gens-là… Répéta la femme poisson. On sait à peu près ce qu’il va se passer mais… il va falloir être prêts à improviser… à négocier surtout. Ajouta-t-elle en cherchant ses mots.
Frisk ne dit rien, pensant à la situation. C’était vrai qu’ils ne pourraient vraiment prévoir ce qui les attendait. Ils n’étaient même pas sûrs qu’Asgore soit encore en vie. Et après le cuisant échec qu’ils avaient essuyé lorsqu’ils avaient voulu aller sauver Papyrus… Le roi avait été acheté par quelque vile personne, qui ne le voyait sûrement que comme un moyen de récolter de l’argent. Les combats étaient probablement spectaculaires, et devaient de fait attirer beaucoup de monde et de paris. Mais surtout, ils devaient être sanglants. Frisk frissonna à l’idée des monstres éventrés disparaissant en poussière sous les acclamations de la foule. Non, Asgore était fort, il aurait survécu, il aurait gagné tous ses combats. Son père ne serait pas mort comme ça, il était le monstre le plus fort qu’elle connaissait, elle ne pouvait même pas concevoir sa défaite.
-Mais on l’a déjà fait pourtant. Dit finalement la jeune fille. Quand on est allés te chercher toi Undyne, on savait pas à quoi s’attendre, et pourtant on a réussi. On ne savait pas quoi dire, et pourtant, te voilà.
Personne ne dit rien. Undyne s’éclaircit la gorge avant de répondre. C’est différent, fit-elle, j’étais dans une cellule, et tout cela était une mise en scène. Là...
-Tu sais Frisk, fit Johanna, il faut que tu sois prête à… peut-être que…
-Asgore n’est peut-être plus là petite, reprit froidement Sans, ne tournant pas autour du pot.
-Je sais… rétorqua Frisk sur un ton défaitiste. Mais j’y crois, j’ai espoir.
-Tant mieux, on va en avoir besoin. Répondit le squelette.
La radio reprit le dessus alors que le silence retomba dans l’habitacle. Il valait mieux partir pessimiste, surtout après la dernière fois, que de subir à nouveau ce déchirement. Mais la jeune fille ne parvenait à se défaire de cet espoir insensé. Elle savait qu’Asgore était là, qu’il l’attendait, qu’ils seraient bientôt réunis. Il le fallait, elle ne pourrait supporter la mort d’un autre de ses proches. Elle ne pourrait supporter la perte de ses deux parents.
Le regard perdu dans la forêt alentours, Frisk espérait simplement qu’il n’ait pas été stupide, que sa bonté ne se soit pas retournée contre lui. Il tenait à ses sujets, mais la jeune fille priait pour qu’il n’ait pas fait la mauvaise décision, qu’il ne se soit pas sacrifié pour permettre à quelques-uns d’entre eux de vivre plus longtemps. Sur ce point au moins, elle pouvait remercier les colliers qui ne l’auraient probablement pas laissé faire…

Finalement, au courant de l’après-midi, le véhicule s’immobilisa dans un parking. Les pneus crissèrent sur les cailloux alors que le vrombissement du moteur se tut subitement.
-Nous y voilà… Releva Johanna avec une certaine appréhension, une certaine anxiété même, mettant des mots et un ton sur ce que tous pensaient. Ils ne pouvaient plus revenir en arrière désormais. Quoi qu’il se passait, c’était définitif.
L’endroit était lugubre de par son calme, comme une région désertée de toute vie. En cette heure méridienne, les oiseaux auraient dû voler un peu partout, et les rues être occupées par quelques passants. Mais à l’orée de la petite ville où ils étaient arrivés, rien de tout cela ne prenait place ; seules les grosses maisons de pierres les dévisageaient gravement. Le ciel gris prélevait tout contraste au paysage, ne laissant à l’œil qu’un tapis d’herbe vert terne au sol. Le seul bruit qui venait troubler le silence était le sifflement glaçant du vent dans les grands sapins derrière eux. On se serait cru à l’aube d’une tempête, ou juste après l’apocalypse. Comme si tous les êtres vivants s’étaient volatilisés du jour au lendemain, sans laisser de traces.
Sans fit claquer la portière derrière lui, menant quelques pas hésitants à l’extérieur. C’était… déconcertant, de voir un endroit aussi vide. Ils ne s’attendaient pas exactement à trouver quelque chose de grandiose, mais au moins quelque chose. Il relu une nouvelle fois le panneau en face de la route. Non, ils étaient bel et bien au bon endroit.
-Et maintenant ? Demanda Undyne à moitié sortie de la voiture, s’appuyant sur le toit et la portière. Elle avait beau fouiller les alentours des yeux, aucun signe de quoi que ce soit sortant de l’ordinaire ; une simple campagne des plus classiques.
-J’en sais rien… Répondit Frisk en faisant quelques pas à son tour. Johanna la suivit prestement. Ils avaient beau fouiller intensément du regard les alentours, rien ne leur sautait aux yeux. Ils cherchaient, mais sans savoir quoi, les yeux glissants sur le bitume sans trouver où prendre prise.
Ils s’éloignèrent un peu plus du véhicule, en direction de la ville. S’il y avait quelque chose, ce serait forcément là.
-Vous pensez qu’on aurait pu se tromper ? Fit Johanna, perplexe.
-Non j’ai vérifié, on est bien au bon endroit. Rétorqua le squelette. Lui et Undyne se tenaient en retrait, ne sachant trop comment la population locale réagirait à la vision d’un monstre ; certaines parties du monde étaient encore vierge de toute présence non-humaine, et beaucoup tenaient à ce que cela reste ainsi.
-Qu’est-ce qu’on fait alors ? Ça sert à rien de rester plantés là. Dit la femme poisson.
-On a peut-être raté quelque chose ? Répondit Johanna. Un panneau ou quelque chose comme ça ?
-Attendez, là ! S’exclama Frisk en s’approchant d’un poteau de bois. Une affiche y était placardée, faisant la publicité d’un grand spectacle dans le coin. À première vue, on aurait pu la confondre avec une annonce de cirque, mais un examen plus en détail lui révéla qu’il s’agissait de ce qu’ils étaient venus chercher.
La jeune fille arracha le bout de papier du clou par lequel il était maintenu. En se rapprochant des autres, elle en fit la lecture à voix haute.
-Ne manquez pas le grand spectacle de combat de monstre ! Tous les mardis et vendredis de 22h à minuit, venez admirer le roi des monstres se battre !
Elle releva la tête vers eux, fière d’avoir trouvé cette indication.
-Il est en vie… Fit Undyne, incrédule. Un semblant de sourire se forma au coin de ses lèvres. Elle n’osait pas y croire, ils étaient au bon endroit, ils touchaient au but !
-Fais voir l’adresse. Demanda Johanna en prenant l’annonce.
-Y a pas d’adresse précise-
-Mais un chemin pour y aller. Répondit l’humaine en coupant sa nièce. On est quel jour aujourd’hui ? Lundi ?
-Yep, répondit Sans.
-Demain soir donc… Marmonna Johanna. Autant aller chercher un hôtel tout de suite, ajouta-t-elle.
Les autres approuvèrent, et ils se mirent donc en quête d’un endroit où passer la nuit. Par chance ils trouvèrent un endroit non loin qui acceptait la clientèle monstre, et prirent donc deux nuits dans une chambre pour cinq ; ils ne repartiraient pas le lendemain soir à minuit, et il fallait bien quelque part où loger Asgore.
La chambre était assez modeste, mais ils n’en demandaient pas plus. Dotée d’un lit double, d’un lit superposé et d’un autre simple, elle semblait aménagée pour les familles nombreuses. Il fut décidé que Johanna et Frisk dormiraient dans le lit double, tandis que celui simple serait laissé à Asgore.
La nuit se passa sans encombre, et le lendemain matin ils étaient tous prêts en milieu de matinée pour se rendre à cette fameuse arène où le roi était retenu.

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11 février 2018 à 21:37:59

Ils suivirent le chemin du prospectus et arrivèrent rapidement à l’endroit indiqué. C’était le bon endroit, impossible de s’y méprendre : une sorte de grande arène se dressait devant eux, semblable à un grand stade médiéval. La structure était faite de métal et de bois, facilement démontable comme les tribunes d’un cirque en plein air. Les plus hautes rangées culminaient à une vingtaine de mètres et l’ovale s'étalait sur environ cent cinquante mètres, la moitié en largeur, ce qui donnait à l’ensemble une certaine prestance, les laissant se sentir minuscules aux pieds de l’immense structure.
Le terrain devant était entièrement vide, le show n’était pas censé commencer avant la fin de journée et les clients n’avaient donc rien à faire ici. Toutefois l’absence de caravanes ou autres véhicules où auraient pu habiter le personnel était plus surprenante ; sûrement devaient-ils vivre à l’intérieur même de la structure.
Un large trou face à eux faisait office d’entrée, éventrant sans ménagement les plaques de bois. Un cerceau de métal brodé d’épaisses ampoules colorées faisait le tour de celle-ci, toutefois aucune lumière ne s’en échappait pour l’instant. De plus, un grand panneau trônait au-dessus de l’arche, indiquant à grand renfort de couleurs ce qu’il se tramait ici.
Le groupe fit une halte avant d’aborder l’arène, récapitulant le plan qu’ils avaient élaboré. Ils devaient se faire passer pour des acheteurs intéressés par Asgore. Après tout, c’était bel et bien ce qu’ils étaient. Ou plutôt, Johanna prétendrait être ici pour acheter. Sans et Undyne, eux, seraient ses gardes du corps. Ils avaient eu du mal à trouver un prétexte pour la présence de Frisk, avant qu’une idée aussi belle que simple leur vienne : elle dirait être la stagiaire de Johanna, venue pour en apprendre plus sur le monde des affaires.
Ils se retournèrent tous les quatre en direction de l’entrée. C’était maintenant ou jamais qu’il faudrait être bon, tout donner pour s’assurer d’atteindre leur but. Ils prirent une grande inspiration avant d’entamer le pas. Leur plan tenait, à peu près, la route. Ça allait marcher, ils pouvaient le faire.
Il n’y avait personne à l’entrée, les employés devaient être occupés aux préparatifs de la soirée. Ils pénétrèrent dans le bâtiment en silence, cherchant à ne pas se faire remarquer. Après tout, s’ils pouvaient parvenir à leur objectif sans que personne ne les voie, ce serait tant mieux.
L’intérieur était sombre, la seule lumière dont ils disposaient venant des faibles rayons de soleil filtrant dans le trou derrière eux. Le couloir, qui se trouvait être légèrement penché vers le haut, devint de plus en plus obscur à mesure qu’ils s’y enfonçaient, si bien qu’ils se voyaient obligés de progresser prudemment afin de ne pas heurter quoi que ce soit. Une odeur âcre assaillit soudain leurs narines, comme venue tout droit d’une ménagerie qui n’aurait été nettoyée depuis sa création. Et c’était probablement de cela dont il s’agissait ; l'insupportable effluve devait venir de l’endroit où ils retenaient les monstres en captivité. L’hygiène n’était sûrement pas leur préoccupation principale. Après tout, les monstres n’étaient pas sujets aux maladies humaines.
Au loin, ils aperçurent un point blanc qui se fit de plus en plus grand. Ils atteignaient enfin l’autre bout de ce tunnel oppressant. Le groupe pressa le pas et déboucha finalement en plein milieu des gradins, quelques mètres au-dessus de là où il était rentré.
L’arène était encore plus impressionnante depuis l’intérieur. Des centaines et des centaines de sièges se suivaient en dizaines de rangées, si bien qu’ils se demandèrent comment les organisateurs pouvaient trouver autant de personnes pour être présentes lors de leurs spectacles. Les gens devaient venir de loin cela dit ; ils avaient un argument de vente inédit.
Les strapontins étaient installés à plusieurs mètres au-dessus du sol de l’arène, sûrement pour garantir la sécurité des spectateurs. L’endroit où les combats avaient lieu était assez sommaire : une grande étendue de sable et de gravillons en grès, arborant çà et là les traces rougeâtres des affrontements précédents ou les sillons des obstacles installés périodiquement.
De puissants projecteurs étaient montés en haut des gradins, probablement pour lutter contre les ténèbres une fois la nuit tombée, quoique de vulgaires projecteurs ne seraient d’aucune utilité contre le genre de ténèbres qui avait élu domicile ici. Sur la barrière qui empêchait les spectateurs de chuter dans l’arène étaient installés à intervalles réguliers des sortes de coupoles. Les cendres qui s’y trouvaient indiquaient que des feux devaient y être allumés durant les combats, pour rendre le tout plus authentique.
En somme, la structure avait été aménagée pour respecter tous les codes du showbiz, du petit détail lumineux aux décors tribaux. La dernière chose qu’ils remarquèrent toutefois fut une sorte de salle de contrôle occupant le coin de l’ovale opposé à là où ils étaient. Cela leur rappela quelque peu le bureau du directeur de l’usine où ils étaient allés chercher Papyrus.
Sans plus attendre, ils entreprirent donc leur marche vers cet endroit : c’était sûrement là que le directeur se trouvait.

Ils arrivèrent rapidement devant la cabine métallique. L’entrée était barrée par une porte de service, arborant un panneau “réservé au personnel”. Johanna s’approcha et toqua énergiquement, faisant vibrer le métal qui résonna gravement.
-Jonny je te jure que si tu viens encore me casser les couilles avec tes popcorns à la con je vais t’étrangler avec. Devant. L’entrée. C’est pas compliqué bordel ! Fit une puissante voix exaspérée. Johanna recula légèrement avant de réitérer son action.
Il y eut un grand soupir à l’intérieur, suivit du bruit de quelqu’un frappant du poing sur une table.
-On peut pas être tranquille 5 minutes ? Reprit la voix. Il y eut des bruits de pas, lourds, que le revêtement au sol ne parvint pas totalement à étouffer.
La porte s'entrouvrit, révélant dans l’interstice un homme trapu en costume. Ses yeux perplexes arrivaient au niveau de ceux de Johanna, et son ventre protubérant remua alors qu’il recula pour ouvrir plus grand.
-Qu’est-ce que vous m’voulez ? Aboya-t-il.
-Bonjour, nous sommes ici pour affaires, répondit la tante de Frisk.
Le visage de son interlocuteur s'apaisa, piqué d’une certaine curiosité.
-Pour affaire vous dites ? Johanna acquiesça. Je me souviens pourtant pas d’avoir demandé quoi que ce soit. Qu’est-ce que vous voulez me vendre ? Des assurances ? Votre religion à la con ?
-Non, rien de tout cela. À vrai dire je suis ici pour acheter. Vous avez quelque chose qui m’intéresse.
Il la regarda de haut en bas, l’air suspicieux. Ses yeux se portèrent sur Undyne, puis sur Sans.
-Et eux là, ils sont là pour quoi ?
-Ce sont mes gardes du corps, on sait jamais par les temps qui courent.
-Hmpf, fit-il d’un air condescendant. Entrez donc, et dites-moi ce que vous voulez, j’ai pas de temps à perdre.
Les quatre compagnons pénétrèrent donc dans la pièce, jetant un léger coup d’œil aux alentours. Le sol était recouvert d’une sorte de moquette, et les murs d’un papier peint assez chic quoi que plutôt simple. Au centre trônait un épais bureau de bois, orienté de façon à ce que son utilisateur soit face à la pièce, et à la grande baie vitrée qui donnait une vue imprenable sur l’arène, celle qu’ils avaient vu en arrivant. Un monstre se tenait droit comme un i dans un coin, vêtu d’une tenue de garde ; quelle ironie. L’homme s’installa sur un large fauteuil de cuir, derrière le bureau.
-Alors, dites-moi tout. Commença l’humain en s’installant confortablement dans son siège en cuir. Visiblement, il n’était pas le moins du monde dérangé, tout à son aise sur ce terrain.
-J’ai entendu dire que vous faisiez combattre des monstres ici ? Commença Johanna.
-Correct.
-Je ne savais pas qu’on pouvait faire ça, les colliers sont pas censés les en empêcher ?
L’homme soupira.
-Écoutez ma petite dame, si vous êtes flic, ce que je fais ici est totalement légal.
Mais bien sûr, pensa Johanna. Au lieu de ça elle répondit simplement ; non, juste curieuse.
-Enfin bref, reprit-elle. Comme je vous l'ai dit vous avez quelque chose qui m’intéresse, un monstre plus précisément.
L’homme la regarda d’un regard plus perçant, elle avait toute son attention désormais.
-J’ai une affaire similaire à la vôtre, en quelque sorte. J’achète des monstres, puis je les loue à des individus en tant que garde du corps. Dès que j’ai entendu parler de cet endroit, j’ai tout de suite su qu’il regorgerait de grand potentiel pour mon business.
-Venez-en au fait. La coupa-t-il.
-Je ne recherche pas n’importe quel monstre, je veux les plus forts, les plus grands, les plus impressionnants. Un champion. Votre champion. J’ai entendu dire qu’il ne s'agissait de pas moins que le roi des monstres, et cela m’intéresse grandement.
-Hors de question. Répondit-il sans même prendre une seconde pour y réfléchir. J’ai fait jouer toutes mes relations pour l’obtenir, et il me rapporte plus d’argent en une soirée que vous ne pourrez m’en proposer en une vie. Ajouta-t-il, sur le point de lui rire au nez.
Johanna le regarda en silence, c’était évident qu’il allait refuser. Restait maintenant à le convaincre.
-Vos spectateurs doivent se lasser de regarder toujours le même combat. Ça leur fera du bien un peu de renouveau. Je vous offre une possibilité d’apporter ça tout en vous en tirant par le haut avec un joli pactole.
-Foutaises, les gens viennent de tout le pays pour le voir, il fait trembler les foules comme personne. Cette créature c’est la poule aux œufs d’or, et vous le savez très bien, c’est pour ça que vous le voulez.
-Voyons, je ne vous insulterais pas en essayant de vous arnaquer ainsi. Vous aurez évidemment une compensation qui vaut largement la peine, ainsi qu’un soutien matériel de la part de mon entreprise.
-Arrêtez vos conneries ! Je sais très bien que vous vous foutez de ma gueule, qui vient faire des affaires avec sa fille et deux gardes du corps ? Sortez d’ici, j’ai un spectacle à préparer moi, pas de temps à perdre avec cette merde.
-Ce n’est pas ma fille, c’est ma stagiaire. Je lui apprends comment tout ça marche.
-Et bah vous faites un boulot de merde. Prends pas exemple sur ça gamine. Maintenant dégagez avant que j’appelle la sécurité.
-Et si je rajoute des monstres en plus ? Offerts, ceux que vous voulez. Et nous avons du très bon choix.
L’homme se pencha sur l’interphone de son bureau, appuyant sur le bouton de communication. Sa bouche s’ouvrit pour parler mais Johanna l’interrompit.
-D'accord, d'accord. Fit-elle en levant les bras en signe de reddition. Vous faites un très mauvais choix, reconsidérez le.
Ils reculèrent tous les quatre vers la sortie, défaits. Ils n’obtiendraient pas Asgore ainsi, mais alors de quelle façon ? Peut-être en se faufilant dans les coulisses ? Mais comment les empêcher d’assassiner le monstre à distance via son collier ?
-Attendez ! S’exclama Frisk alors qu’elle était à quelques pas de la sortie. Si je le bas, si je bats votre champion, est-ce que vous nous le donnerez ?
-Frisk ! S’écria Johanna alors que l’humain fut pris d’un rire tonitruant.
-Battre mon champion, manquerait plus que ça. Il t’écrabouillerait en une seconde petite.
-Donc vous dites qu’il y a moyen ? Pensez-y, tous les gens qui viendront pour voir un humain se battre contre un monstre, tout cet argent, ça vaut bien le prix du monstre non ?
-Tu es si désespérée que ça ? Répondit-il. Ou tu veux juste faire bonne impression devant la madame ?
-Peu importe. Est-ce que c’est possible.
-Frisk c’est hors de question. Dit Johanna en agrippant le bras de la jeune fille, qui se dégagea d’un coup sec. L’homme semblait réfléchir. Elle pouvait voir les rouages tourner dans son esprit, pesant le pour et le contre d’une telle transaction.
-Ma foi. Fit-il finalement. C’est vrai que ça pourrait rapporter gros.
-Les paris, les entrées, tout ce genre de choses, tout cet argent.
-Mmmm. Soupira-t-il, voyant déjà les billets danser devant ses yeux. Ça me semble faisable. Mais je ne peux pas accepter, si tu meurs, je serai dans la merde.
-Si je meurs, ce sera le monstre qui prendra.
L’homme réfléchit davantage. C’était vrai, il n’aurait qu’à faire appel à ses contacts. L’affaire conclurait à une défaillance technique du collier ; le monstre était trop fort et avait échappé à son emprise. Toutefois, aucune crainte à avoir pour les gens normaux : seuls les monstres boss pouvaient lutter ainsi, et il n’en existait que deux sur la planète, dont un incarcéré. Et cela serait encore plus facile à enterrer si elle restait en vie ; si un emmerdeur allait le dénoncer aux flics, l’enquête ne dépasserait pas la mise en examen.
-Frisk laisse tomber. Lui intima Sans. De toute façon, le collier l’empêchera de te toucher.
-Ta gueule le squelette, personne t’as parlé. Répondit L’humain. C’est totalement faisable, j’ai le contrôle entier de mes monstres. Aucune restriction des colliers ne s’applique dans la zone, c’est bien pour ça que je me suis mis ici.
-Alors, marché conclu ? Fit Frisk en tendant la main.
-Marché conclu, répondit l’humain en serrant la main de la jeune fille, un sourire mauvais sur le visage. Cette petite gamine toute frêle ne serait pas de poids face à son géant. Son champion l’écraserait, et lui pourrait récupérer l’argent tout en gardant sa créature. Que du bénéfice finalement. Mais il se garderait bien de le dire.
Johanna, Sans et Undyne, choqués, suivirent Frisk en dehors de la pièce. Une fois la porte refermée et suffisamment éloignés, elle leur dit simplement qu’elle avait un plan, qu’elle avait déjà battu Asgore et qu’elle pourrait recommencer. Les objections de sa famille n’eurent aucun effet sur elle, elle était déterminée, elle allait gagner.

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11 février 2018 à 21:38:26

Le soleil était tombé depuis plusieurs heures déjà quand les premiers spectateurs purent enfin rentrer dans l’arène. Une foule immense se tenait à l'extérieur, si grande qu’on n’en voyait pas le bout. Même pour cet endroit qui recevait habituellement une grande quantité de visiteurs, c’était un nombre exceptionnel. Depuis son bureau, le directeur se félicitait de la décision qu’il avait prise, voyant déjà les caisses se renflouer jusqu’à la rupture. Ce soir, c’était le soir.
Depuis les coulisses, Frisk menait à bien les derniers préparatifs. Elle entrerait sur scène dans quelques dizaines de minutes, et elle devait être absolument prête pour se mesurer à l’ampleur de la tâche qu’elle avait décidé de relever. Elle avait passé l’après-midi à tenter de convaincre sa tante, morte d’inquiétude, sans grand succès. Ce qui avait finalement fait pencher la balance était l’appui de Sans, probablement convaincu par son expérience personnelle : Frisk était persuadée qu’il se souvenait de ces timelines, celles où les choses tournaient mal.
Undyne avait tenté de l’entraîner quelque peu, de lui apprendre quelques techniques et les points faibles d’Asgore. Et bien que Frisk se soit sagement soumise à cette répétition, ses aptitudes au combat excédaient amplement celles de la guerrière, même lorsque la détermination de cette dernière était poussée à son paroxysme. Pour Undyne, Frisk n’avait passé qu’une journée sous terre, sans se battre une seule fois. Mais pour la jeune fille, son séjour avait duré des mois, voire peut-être des années, si bien qu’elle était capable de terrasser n'importe quel monstre les yeux fermés, même Asgore.
L’humaine s’empara de son téléphone. Pas celui qu’elle utilisait tous les jours, mais la vieille brique en métal que sa mère lui avait donné dans les ruines. Contre toute attente, l’appareil fonctionnait toujours, ainsi que les améliorations apportées par Alphys. Frisk parcouru rapidement quelques menus, s’arrêtant avant de cliquer pour s’assurer qu’elle était bien seule, avant de finalement appuyer sur le bouton de validation.
Le téléphone se métamorphosa entre ses mains, fondant dans une sorte de bouillie visqueuse. L’amalgame de métal se rigidifia de nouveau et s’anima pour prendre la forme d’une petite boite de quelques dizaines de centimètres de large.
Frisk la posa sur un banc de la salle, en enlevant doucement le couvercle. À l’intérieur se trouvaient plusieurs cases, une par équipement qu’elle avait amassé dans l’Underground. Huit compartiments, pour les huit enfants qui avaient donné leurs vies sous terre.
Sa main se dirigea sans hésiter vers le dernier d’entre eux, dont elle extirpa un pendentif en forme de cœur. Elle le tint à hauteur de ses yeux par la chaîne en or, le laissant tourner lentement dans la lumière. Il brilla d’un reflet sombre. Contrairement à son jumeau, aucune inscription n’était gravée dans celui-ci, et elle put le sentir battre très légèrement contre sa poitrine en l’équipant. Instantanément, elle se sentit beaucoup plus forte, comme entourée d’un puissant bouclier invisible. Son âme était comme enfermée dans une lourde armure de métal, impénétrable et rassurante. Toutefois Frisk put entrevoir l’ombre qui accompagnait l’objet ramper à la bordure de sa conscience. La chose ne tentait nulle offensive, se contentant de regarder celle qui osait prétendre à son pouvoir, attendant la bonne opportunité tel un prédateur caché. Mais l’humaine avait appris à la dompter, à ne pas se laisser surprendre.
La jeune fille secoua la tête, revenant à la réalité. Elle se saisit du second médaillon. Le contact l’apaisa immédiatement, comme une douce mélodie fredonnée au creux de son oreille. Le médaillon doré était légèrement tiède, comme si un être cher venait de l’enlever pour le lui donner, et que le métal avait conservé un peu de sa chaleur agréable.
Elle enfoui l’objet dans sa poche, avant de refermer la boite sans se saisir de la moindre arme. Cette fois, contrairement à toutes les autres fois, le combat ne se terminerait pas par la mort d’un de ses participants. Même si les conditions étaient semblables - un combat pour la liberté - l’issue serait différente. Car les rôles étaient inversés ; c’était Frisk qui se battait pour la bonne cause cette fois, et elle ne ferait pas les mêmes erreurs que son père.
L’humaine porta sa main sur le côté de la boite, pressant un bouton qui enclencha une nouvelle transformation. L’objet se liquéfia à nouveau avant de reparaître sous la forme d’un simple téléphone, qu’elle enferma dans un casier avec ses autres affaires. Elle leva les yeux vers l’horloge au-dessus de la porte. L’heure approchait. Alors elle se leva solennellement, et s’engagea dans le couloir qui menait à l’arène. Du coin de l’œil, elle aperçut une branche posée contre le mur qu’elle attrapa en passant, se souvenant avec une certaine mélancolie de sa chute dans les ruines.
Et c’est les yeux brûlants de détermination qu’elle se planta devant la lourde grille qui la séparait du centre de l’arène. Elle pouvait entendre les acclamations du public par-dessus les intenses battements de son cœur et le sifflement dans ses oreilles. Frisk leva les yeux vers le ciel étoilé qui filtrait entre les barreaux, soufflant lentement. Elle pourrait le faire, elle y arriverait.
Une puissante corne de brume résonna dans l’arène, imposant le silence sur tous les spectateurs. Tous retinrent leur souffle alors que les barrières se levèrent, impatients de voir les combattants entrer en scène.

-Debout là-dedans ! Fit un des gardes de l’arène en raclant un bâton contre les barreaux métalliques dans un tintement répétitif et angoissant. Il arriva finalement devant la bonne cellule, déverrouillant la lourde porte d’acier. Derrière celle-ci se trouvait Asgore, roulé en boule dans un des coins. Comme chaque jour, il n’avait pas bougé depuis qu’ils l’avaient jeté là après le dernier combat. Ses haillons et sa fourrure crasseuse se confondaient avec les murs noirs dans la pénombre, mais le garde n’avait nul besoin de le voir, sachant à l’avance où il allait se trouver.
Sans ménagement, il lui jeta l’armure qu’il transportait. Les lourdes pièces de métal s'abattirent sur le monstre, l’arrachant à sa transe dans un sursaut. Il regarda autour de lui comme un animal surpris et effrayé, avant de remarquer l’équipement à ses pieds.
-T’as cinq minutes, bouge ton sale cul de monstre.
Asgore ne réagit pas, et ce fut son collier qui le força à se lever pour enfiler ce qui lui était présenté. Dans des gestes mécaniques répétés maintes et maintes fois, aussi bien sous-terre que dans cette geôle, le roi passa le pantalon de métal, puis le lourd plastron brillant qui contrastait avec son poil sale, avant d’attacher sa cape déchirée à ses épaulettes dont la dorure s’était effacée depuis longtemps.
Tel un automate préprogrammé, il emprunta ensuite le chemin vers les grilles de l’arène. Les premières fois, il avait marché dans ces longs couloirs avec appréhension, peur, colère ou tristesse, mais aujourd’hui, plus rien, pas même de la résignation, rien. Son corps était présent mais son esprit était loin, refoulé depuis longtemps à l’abri du monde réel afin de ne pas se perdre dans la folie. À moins que ce ne soit cela la folie.
Les acclamations se faisaient de plus en plus fortes à mesure qu’il approchait. Toutefois, elles semblaient encore plus fortes que d’habitude aujourd’hui ; encore plus de ces hommes assoiffés de sang étaient venus voir ses combats fratricides.
Il arriva derrière les barreaux à l’instant où la corne de brume retentit, signalant le début du combat. La barrière se releva et, sans perdre une seconde, il s’avança dans l’arène. Autant mettre un terme à tout cela rapidement, qu’il puisse revenir dans sa cellule, jusqu’à ce qu’il faille recommencer.
Il fut accueilli par les cris tonitruants de la foule, qui explosa lorsqu’il tendit le bras pour invoquer son trident. De puissantes flammes s’élevèrent du sol, formant une sorte de tornade dont l’œil se trouvait au centre de sa paume. Celles-ci plongèrent pour former une sorte de boule incandescente qui s’étendit en une fraction de seconde, formant le manche de l’arme et ses pics acérés. Ceux-ci étaient immaculés, comme à chaque fois, alors qu’ils avaient fait couler le sang d’innombrables innocents.

Frisk fit ses premiers pas dans l’arène, regardant autour d’elle avec curiosité. Les gradins étaient noirs de monde, si bien qu’elle ne pouvait distinguer sa famille qui devait se trouver là, quelque part, troublée et terrifiée à l’idée qu’il puisse arriver quoi que ce soit.
Face à elle, Asgore se dressait dans toute sa hauteur. Il était encore assez loin, et elle ne pouvait donc distinguer à quel point il avait changé, mais déjà à cette distance elle pouvait dire que quelque chose n’allait pas. Impossible de mettre le doigt dessus, mais elle se sentit soudain mal à l’aise, comme si celui qu’elle observait n’était pas vraiment Asgore, plus vraiment Asgore. Peut-être était-ce les détails de sa démarche, de sa posture, mais quelque chose la frappait, quelque chose qui lui permettait d’affirmer que le monstre face à elle n’avait rien à voir avec le père digne et glorieux qu’elle connaissait.
Les deux combattants se positionnèrent l’un en face de l’autre, attendant le signal du début du combat. Asgore avait la tête baissée, comme honteux à l’avance de ce qu’il s’apprêtait à commettre, n’osant jeter le moindre regard à sa prochaine victime de peur que son visage terrifié ne hante ses pensées à jamais.
La tension dans l’air était palpable, et même la foule s’était tue pour mieux assister à ce choc symbolique, à cette reconstitution du combat millénaire opposant homme et bête. Asgore agrippait fermement son trident et Frisk sa branche, prête à démontrer à nouveau que la violence n’était pas solution, que même avec le collier elle serait capable de tourner ce combat en autre chose qu’un massacre. Elle révèlerait aux milliers de personnes présentes la troisième voie, la seule qui n’avait pas une issue funeste.
Finalement, le cor résonna à nouveau, fissurant l’air lourd de ses vibrations graves qui secouèrent chaque être présent. Il y eut un moment de flottement, une seconde irréelle où le temps sembla s’arrêter, avant que l’affrontement ne débute véritablement.
Asgore releva la tête et s’élança sur la jeune fille arme en avant. Frisk fit un bond sur le côté, réveillant sa mémoire musculaire. Elle avait mené ce combat tellement de fois qu’elle savait comment esquiver chaque attaque du roi.
Celui-ci se retourna, les bras entourés d’une puissante flamme. Le monstre étendit les mains et le brasier se propulsa vers la jeune fille, ondulant comme doté d’une volonté propre. Frisk, contre toute attente, se jeta dans les vagues embrasées, se faufilant avec agilité dans les trous laissés par les serpents de feu. Malgré l’air troublé par la chaleur, elle put jeter un coup d’œil au visage d’Asgore. Elle s’attendait à le voir arborer la même expression que sous terre, une expression de regret et d’abnégation. Mais au lieu de cela ce fut un visage blanc qui l'accueilli, vide de toute vie, comme couvert d’un voile. Ses yeux vitreux n’exprimaient rien, sa bouche formait une ligne droite et ses traits étaient muets, relâchés dans une absence totale de tout sentiment. Le visage du roi était moins expressif que celui d’un cadavre ; ce dernier assumant au moins son absence de vie.
Frisk n’avait pas l’habilité des monstres à percevoir les âmes, mais cela n’était pas nécessaire pour réaliser que celle d’Asgore l’avait abandonnée depuis longtemps, réfugiée au fin fond de lui. Le corps qu’elle avait face à elle n’était qu’une coquille vide contrôlée par le collier, voyant presque l’âme du roi comme un parasite qu’il fallait, à défaut d’éliminer, enfermer.
Prise dans ses pensées, elle faillit manquer d’esquiver le coup de trident lancé dans sa direction. Frisk n’avait pas vu le monstre se rapprocher et l’arme passa à quelques centimètres de son visage. Il était temps de contre attaquer.
-Papa ? Cria-t-elle à l’intention d’Asgore, profitant qu’il soit juste à côté d’elle. Le roi répondit d’un nouveau coup de trident. Frisk essaya à nouveau, sans succès. Rien n’y faisait, le roi restait sourd à ses complaintes.
Un cercle de feu s’éleva autour de la jeune fille. Asgore recula pour se placer hors de portée, traversant les flammes comme si elles n’étaient que de simples illusions. Pourtant, la chaleur qu’elles émettaient était bien réelle. Soudain, le cercle se rétrécit, menaçant de condamner l’humaine à une lente mort au bûcher.
Pourtant, Frisk ne paniqua pas. Elle tourna simplement sur elle-même, cherchant un trou par lequel se dérober aux flammes. D’autres cercles s’élevaient partout autour d’elle alors qu’elle trouva enfin son échappatoire, juste à l’instant où le brasier se referma. L’humaine enchaîna ainsi, trouvant toujours une ouverture pour se soustraire au feu ardent.
Dès qu’elle put, Frisk se jeta sur Asgore pour lui asséner un coup à l’aide de son bâton. Pas pour le blesser, mais comme on donnerait une tape à quelqu’un pour le réveiller. Peut-être, se disait-elle, qu’il fallait simplement le réveiller, le ramener sur terre comme s’il était simplement en train de dormir debout.
-Papa, c’est moi ! Frisk ! Appela-t-elle à nouveau, accueilli par un nouveau coup de trident. Leurs yeux se croisèrent, mais aucune lueur n’y était apparue. À la place, les orbites du roi se mirent à flasher en orange, en bleu, puis à nouveau en orange. Le trident se mua en faux et, par reflexe, Frisk sauta au travers du coup qui lui était porté. Elle traversa le métal comme par magie, ressortant indemne de l’autre côté. L’humaine eut juste le temps de se retourner puis de se figer, voyant un flash bleu la traverser sans lui infliger le moindre dommage. Enfin, l’arme brillant d’un puissant orange revint vers elle, et comme la première fois Frisk se contenta de sauter au travers, ne subissant pas de blessures.
Sa conscience reprit le dessus sur son instinct, la laissant comme à chaque fois haletante et hagarde, se demandant comment elle avait bien pu survivre à des coups pareils.
Leurs yeux se croisèrent à nouveaux durant une seconde de flottement, comme si le roi s’attendait à une contre-attaque. Mais nulle riposte ne vint de la part de Frisk, sinon un nouvel appel désespéré pour réveiller la conscience d’Asgore. Mais rien n’y faisait, le roi restait enfermé dans son corps automate, son collier clignotant furieusement. La faux se fondit à nouveau en trident, que le monstre abattit sur Frisk, tentant de lui asséner un violent coup latéral. La jeune fille sauta en arrière pour esquiver, se baissant juste à temps pour éviter un second coup. Le roi enchaîna en tendant sa main libre, projetant un trait de flamme ininterrompu qui roussi le sol à l’endroit où Frisk se tenait quelques instants avant de plonger sur le côté. Elle se redressa maladroitement, titubante, et évita de justesse une percée de l’arme ardente. La jeune fille s’étala de tout son long, roulant sur son flanc par instinct pour ne pas se faire écraser par le roi chargeant.
L’humaine se releva à quatre pattes, se propulsant à l’aide de ses deux bras pour récupérer le plus vite possible une posture adéquate sur deux jambes. Tel un animal de corrida, Asgore se stoppa dans son élan et se retourna avec fureur, fixant la jeune fille d’un air menaçant. Frisk avait confiance en son collier pour mitiger ses blessures eût un coup été inévitable. Cependant, elle préférait ne pas mettre cette confiance au défi, juste au cas où. Le trident était une arme purement magique, mais elle n’avait jamais combattu à la surface ; peut-être les règles régissant les combats étaient différentes. Elles devaient l’être, d’ailleurs, puisque son âme était toujours à l’abri dans sa poitrine. Raison de plus pour ne pas tenter le diable.

Message édité le 11 février 2018 à 21:39:51 par erosdog
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11 février 2018 à 21:40:11

L’humaine s’arracha à ses pensées alors que le roi entreprit une nouvelle salve d’attaques. Il semblait infatigable à faire tournoyer ainsi son lourd trident, mais Frisk, elle, était loin de l’être. Sa dernière performance sportive de la sorte remontait si loin qu’elle n’en avait aucun souvenir, et elle s'essoufflait rapidement. Devoir articuler ainsi son corps était bien plus exténuant que de simplement manœuvrer son âme ; elle n’avait aucun entraînement, et bientôt elle commettrait une erreur. Elle donna tout ce qu’elle avait pour sauter, se baisser, se jeter au sol, mais elle sentait ses membres s’alourdir et ses poumons brûler. Il était temps de changer de stratégie, car elle perdrait à coup sûr au jeu de la longueur. Et cette fois, pas de retour en arrière. Elle s’excusa de trahir ainsi sa promesse, de se laisser aller à la violence, mais elle n’avait pas le choix.
Armée simplement de sa branche, Frisk se jeta sur Asgore. Et elle frappa une première fois, un coup qui ricocha contre l’épaisse cuirasse du monstre. Elle roula pour éviter un coup de trident, avant de contre-attaquer par derrière, puis de tenter de percer l’armure entre les plaques qui la composaient. Le tout semblait ridicule : comment espérait-elle faire le moindre dégât avec une minuscule branche ? Mais contre les monstres la puissance brute n’était qu’un faible paramètre de l’équation, la détermination comptait tout autant. Cette branche était tour à tour dans son esprit un glaive affûté, une lourde masse ou une hache sanglante, et c’était tout ce qui comptait. Frisk était déterminée à mettre fin à tout cela, à sauver son père à tout prix, même s’il fallait pour cela le blesser. Et même si sa détermination n’était pas suffisante pour concurrencer celle des autres humains, elle outrepassait largement celle d’Asgore, créée artificiellement par le collier. Comparer leur volonté aurait été comme confronter le feu d’une étoile et celui d’une brindille.
Frisk frappait, encore et encore, sans la moindre relâche. Ses dents étaient serrées, sa bouche écumante et ses jointures blanchies. Contre toute attente, l’armure du roi se pliait sous les coups, laissant apparaître quelques marques là où la branche s'abattait.
Mais le roi ne se laissa pas prendre au jeu. Il se retourna vivement et attrapa Frisk par l’épaule, la soulevant sans efforts tel un golem et la projetant à quelques mètres. La jeune fille frappa le sol, fort. Elle tenta de se soulever à quatre pattes, le souffle coupé. Son bâton se trouvait entre elle et le roi, ayant échappé à sa prise en vol. Frisk se redressa difficilement, reculant pour se mettre en sécurité. Elle irait récupérer son arme, mais d’abord elle devait en éloigner le roi. Asgore, le regard vide de toute empathie, marcha lentement et implacablement, écrasant de sa botte d’acier l’arme de la jeune fille. La branche se brisa en mille morceaux, laissant Frisk démunie.
Haletante, couverte de poussière et de sueur, et à bout de forces, l’humaine se demandait comment elle pourrait bien gagner ce combat. Ses victoires sous terres l’avaient enhardie au point de la rendre aveugle à ses faiblesses. Elle s’était surestimée, crue capable de vaincre le grand roi dans un contexte totalement différent de celui où elle l’affrontait habituellement. Sous terre, le géant était criblé de regrets et de honte, l’empêchant de mener le moindre combat sérieux. Mais ici, il n’était plus aux commandes, c’était le collier qui prenait toutes les décisions. Ainsi libéré du frein sentimental, le corps d’Asgore révélait toute sa puissance, donnant une vision terrifiante de ce que le guerrier d'antan avait dû être.
Non. Elle ne se laisserait pas avoir par la peur. Elle garderait espoir et détermination. Frisk connaissait bien cela, ce sentiment d’être totalement démuni. Elle l’avait ressenti contre Undyne, contre Sans, contre Asgore et Asriel, contre tous ceux qu’elle avait dû battre. Et pourtant, elle se tenait ici, en vie. Elle avait survécu. Elle avait vaincu. Elle était restée déterminée.
Poussant un cri de rage, elle se rua dans la mêlée, dansant entre les coups de trident pour frapper de toutes ses forces contre l’armure du roi. Ses poings s’enfonçaient dans le métal comme s’il était fait de glaise, imprimant la marque de ses phalanges dans le plastron. La douleur était intense, après tout elle frappait réellement du métal. Du métal magique qui se déformait sous la détermination brûlant dans son âme, certes, mais du métal tout de même.
Le roi encaissa les coups sans broncher, tentant de riposter de ses propres armes, mais la jeune fille se faufilait entre ses membres. C’était là un avantage qui lui était conféré par l’absence d’armure, elle était agile, et pouvait réagir bien plus vite que le roi puissant mais lourd.
Leur danse semblait ainsi ne jamais prendre fin. Tel le soleil et la lune pris dans un cycle éternel, ils dominaient chacun à tour de rôle. Tantôt Frisk était forcée de reculer pour ne pas être empalée par la lame effilée du roi, tantôt Asgore reculait sous les coups acharnés de l’humaine. Elle ne parvenait à traverser son armure, mais le métal déformé restreignait déjà ses mouvements. La détermination était poussée à son paroxysme et, comme lorsqu’elle avait vidé l’Underground, Frisk était obnubilée par la violence, totalement absorbée dans le combat. Elle agissait par instinct, comme si son corps aussi ne lui appartenait plus, mais était guidé par une force extérieure qui savait quoi faire, comment l’exploiter. Une force primitive, instinctive, un démon qui tirait les ficelles depuis les confins de son esprit.
Le roi se replia sur lui-même, poussant Frisk à attaquer toujours plus vivement. Ça y était, elle y était presque, elle était sur le point de le vaincre.
Et soudain, elle sentit une onde de choc la traverser, suivie dans la seconde d’une intense sensation de brûlure. L’impression de voler vint ensuite, avant qu’elle ne soit percutée par quelque chose de dur, vidant ses poumons d’un coup sec. Le roi s’était relevé dans une furieuse explosion embrasée, et était désormais dressé les bras en l’air comme un ours poussant son cri de guerre.
Frisk glissa sur le sol, roulée en boule. Tout son corps la brûlait, et de la fumée se dégageait de ses vêtements. Pourtant, sa peau était intacte, nulle trace du moindre coup n’y figurait, sinon les nombreuses égratignures dues à la chute. Mais alors, comment se faisait-il qu’elle avait l’impression qu’on venait de la sortir d’un bain de lave ?
Elle réalisa en un instant. C’était une attaque magique qu’elle venait de subir, son corps ne portait donc aucune séquelle. Et d’ailleurs, maintenant que la jeune fille y prêtait attention, la brûlure semblait se répandre en vagues depuis sa poitrine. Frisk ne mit pas longtemps à connecter les points, son âme avait subi l’attaque de plein fouet, et se remettait difficilement du choc. Le pendentif avait sûrement dû bloquer la majorité des dégâts, et c’était d’ailleurs uniquement pour ça qu’elle était encore en vie.
Tout en se traînant au sol pour reculer, l’humaine sortit le médaillon de sous son vêtement. Une épaisse fissure le parcourait tout du long, et le battement si puissant qu’il avait produit durant le combat était presque éteint, imperceptible.
Revenue à ses sens, Frisk tenta de se relever, mais ses membres ne répondaient plus. L’adrénaline était retombée suite au choc, et la fureur guerrière qui l’habitait quelques secondes auparavant s’était volatilisée. Ses jambes et ses poings la torturaient, comme tout le reste de son corps d’ailleurs qui semblait couvert de courbatures. Elle n’avait que la force de se traîner en arrière, tentant d’échapper au roi qui avançait lentement vers elle.
Brusquement, elle se figea. Frisk pouvait sentir l’air brûlant juste dans son dos, signe qu’il valait mieux ne pas reculer davantage. Un rapide coup d’œil en arrière et sur les côtés lui apprit qu’elle était entourée d’un mur de flammes. L’humaine comprit subitement : elle était prise au piège.
Asgore s’avançait, le trident en avant. Aucune expression n’était gravée sur son visage, et c’était infiniment plus terrifiant qu’un sourire victorieux ou des yeux enragés l’auraient été. Il se posa juste devant l’humaine impuissante et leva son trident sous les acclamations de la foule galvanisée.
Un ange passa, comme si l’automate lui laissait le temps de dire ses derniers mots. Frisk n’en revenait pas, c’était comme ça qu’elle allait mourir ? Qui l’eût cru… il semblerait que finalement personne ne pouvait échapper à son passé, et au destin qui l’avait forgé. Après tout, elle méritait amplement cette sentence. Et pas prononcée par quiconque, par le roi des monstres en personne. Cela serait son paiement pour tout ce qu’elle avait fait dans les passés effacés, et pour toutes les conséquences de ses actes dans celui présent.
Frisk ferma les yeux, en paix avec elle-même. Elle avait côtoyé la mort si souvent que, étrangement, celle-ci ne lui faisait plus peur. C’était comme être réuni avec une vieille connaissance, pour de bon cette fois.
Elle entendit le métal bouger pour suivre le bras puissant d’Asgore qui ne tarderait pas à briser son âme, elle sentit l’air déchiré par l’arme, mais étrangement, le coup mettait longtemps à venir, comme s’il venait de se stopper.
Frisk rouvrit les yeux, pour tomber nez à nez avec une lance azurée qui bloquait le trident, placée pile dans l’interstice entre deux pointes. L’humaine secoua la tête, incrédule, mais elle ne parvenait pas à remarquer son ange gardienne dans les tribunes. Elle remercia mentalement Undyne, essayant de réfléchir à ce qu’elle pourrait bien faire pour se tirer de là.
Asgore releva son trident, mais se stoppa, perplexe. Il fixait la lance avec attention, comme s’il ne parvenait pas à comprendre comment un humain avait été capable de cela.
Tenant toujours l’arme dans sa main droite, il approcha l’autre du pic sortant du sol. Il la posa dessus, révérencieusement, comme si l’objet aurait pu l’exterminer au moindre faux mouvement. Le roi la manipula doucement, les sourcils froncés.
Ses yeux se rivèrent sur Frisk, immobile et ne sachant que faire. Les bruits de la foule leur étaient inaudibles, comme s’ils étaient plongés dans leur propre monde. Puis son regard revint sur la lance, et à nouveau sur l’humaine, l’expression d’incompréhension sur son visage ne s'estompant pas.
Frisk, qui le fixait dans les yeux, réalisa soudain qu’une vague lueur d’intelligence était revenue au fond des yeux d’Asgore. Comme si le collier, incapable de comprendre ce qu’il venait de se passer, avait rendu les manettes au roi. Et celui-ci, réveillé après un si long sommeil, ne semblait pas non plus capable de comprendre ce qu’il se passait.
-Papa ? Demanda Frisk avec espoir. Tu… tu me reconnais ?
Asgore reporta son attention sur elle. Il semblait concentré pour tenter de remettre ce visage familier, mais inconnu. Son regard témoignait de l’effort, mais il se trouvait incapable de faire le lien, comme si sa mémoire lui faisait défaut.
-C’est moi, Frisk.
-F...risk ? Répéta-t-il avec un gros effort, tel un alien apprenant à parler une langue inconnue.
-Oui. Fit la jeune fille, les larmes aux yeux. C’est moi, c’est Frisk.
La lueur dans les yeux d’Asgore se faisait plus lumineuse de seconde en seconde. Ses facultés mentales semblaient se restaurer petit à petit. Après si longtemps recluse au fin fond de son esprit, il était normal que sa conscience peine à revenir. Mais elle reprenait possession de ce qui lui revenait de droit, impossible à arrêter, comme si on avait ouvert une brèche dans un barrage et que l’eau s’en écoulait abondamment.
Le roi regarda autour de lui, incapable de comprendre ce qu’il se déroulait. Pourquoi avait-il cette arme dans la main ? Pourquoi cette jeune fille était-elle à ses pieds ? Pourquoi autant d’humains hurlant, sifflant, frappant dans leurs mains ?
Frisk se releva doucement, sans commettre le moindre geste brusque comme pour ne pas énerver la bête sauvage en face d’elle. Cela semblait irréel, elle avait l’impression de se tenir face à un lion qui pourrait lui arracher le crâne d’une seconde à l’autre d’un seul coup de griffe.
Tout aussi lentement, Frisk enfouit sa main dans sa poche, réalisant avec soulagement que le second collier s’y trouvait toujours. Elle serra la chaîne et l’extirpa de son vêtement, laissant le pendentif osciller devant elle. La jeune fille avait réussi à captiver l’attention d’Asgore, et peut-être que la vision du collier la ramènerait entièrement à la réalité.
Elle attendit qu’il reporte son attention sur elle pour tendre le bras vers l’avant, entraînant de fait le médaillon brillant qui attira les yeux du roi. Celui-ci fixa le bijou doré de la même façon qu’il avait fixé Frisk, mais cette fois ci il semblait parvenir à replacer l’objet dans sa mémoire.
Il tendit lui aussi la main, attrapant le collier pour le rapprocher de son visage. L’humaine ne fit aucune opposition à son geste, lâchant complètement l’objet. Asgore plaça le pendentif dans la paume de sa main, absorbé dans sa contemplation. Il approcha l’autre main avec laquelle il le fit bouger légèrement, regardant ce qui y était inscrit.
-A… Asriel. Mon… fils. Murmura-t-il difficilement. Frisk approuva d’un hochement de tête enthousiaste. Tu n’es pas… Qui… qui es-tu ?
-Frisk... ta fille. Répondit l’humaine, blessée. Tu… tu ne me reconnais pas ?
-Frisk… Répéta-t-il dans ses pensées. Je… Si...Ma fille ? Reprit-il lentement, comme pour assimiler l’information. Tu… tu es ma fille ? Oui.... Tu… es ma fille. Je… je me souviens.
Le roi baissa la tête vers le collier dans sa paume, reculant comme soudain pris d’un choc. Il releva la tête vers l’humaine. L’intelligence était revenue dans ses yeux, mais une expression de surprise était gravée sur son visage. Que… Qu’est-ce que tu fais ici ? Demanda-t-il brusquement. Que- Où sommes-nous ? Fit-il, affolé, en regardant autour de lui. Non… Non. Murmura le roi en reculant, tournant sur lui-même comme incapable de croire ce qu’il se passait. Tu ne devrais pas être ici, dit-il. C’est dangereux. Je- Pourquoi es-tu ici ?
-Je suis venue pour toi. Pour te sauver.
-Non. Tu ne comprends pas. Cet endroit… Toi ? Une humaine ? Non… c’est impossible. Pas toi, pas ma fille.
-Ne t’en fais pas, tout va bien. Répondit Frisk en se voulant rassurante, tendant une main apaisante vers le roi, mais le visage terrorisé de son père l’inquiétait.
-Je- Je ne… Je n’ai pas le contrôle. Je ne contrôle pas mon corps. Tu… Va-t’en, va-t’en d’ici. C’est dangereux.
Et, comme si le collier venait de percevoir le signal pour revenir en scène, la diode au cou du roi se remit à clignoter. Mais cette fois, au lieu d’un automate inexpressif, c’était son père terrifié qu’elle affrontait. Terrifié par sa propre puissance retournée contre lui, contre les siens. La force même qu’il avait cultivée pour protéger son peuple se retrouvait exploitée pour l’anéantir, un cauchemar rendu réel.
Asgore tendit le bras contre sa volonté, et le trident s’y matérialisa dans une gerbe de flammes. Frisk recula, c’était tout ce qu’elle pouvait faire. Elle était arrivée au bout du combat, et sans l’aide d’Undyne, elle serait déjà morte.
-Frisk ! Non ! Cria Asgore au travers de ses dents serrées pour tenter de résister à la force du collier. Mais l’emprise de la machine était bien trop forte, même pour lui. Il avait essayé maintes et maintes fois, mais le collier gagnait toujours, et par conséquent, il gagnait toujours. Chaque combat se soldait par sa victoire, peu importe ses efforts pour se laisser mourir.

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