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Sujet : [Fic] Slavetale

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erosdog erosdog
MP
Niveau 10
04 avril 2018 à 22:57:13

Fort heureusement, Reitex ne se réveilla que plusieurs heures plus tard. Vaillance en avait profité pour sortir acheter des vêtements pour le petit, essayant de deviner la taille et en s’inspirant de ce qu’il portait déjà. C’était difficile de trouver quelque chose pour couvrir le bas de son corps, mais il s’était rabattu sur une sorte de jupe vu que c’est ce qu’il semblait déjà porter ; le pragmatisme primait sur l’esthétique.
Le monstre sembla un peu paniqué en se réveillant, mais Vaillance fut rapidement à ses côtés pour le rassurer. Victor était obligé de reconnaître que le petit se liait vite avec son amant, mais c’était logique : Vaillance avait tout d’aimable.
Ils décidèrent que ce ne serait pas une mauvaise idée de lui faire prendre une douche. Sa peau était maculée de traces de saleté, cela lui ferait du bien. Et puis, aucun des deux ne voulait avoir à s’improviser médecin si Reitex tombait malade.
Ils demandèrent donc au petit de passer à la salle de bain, mais à leur grand désarroi celui-ci leur apprit qu’il ne savait pas se laver seul. Ils se regardèrent, gênés, avant de décider que ce qui était à faire devait être fait et que, de toute façon, ils ne pouvaient pas le laisser comme ça.
Ils pénétrèrent donc tous trois dans la salle de bain de Victor, qui comprenait par chance une baignoire. Avec un peu d’aide l’enfant fut rapidement déshabillé et il sauta dedans.
-Attend une seconde, fit Victor, perplexe. Tu es une fille ?
-Bah non hein ! Je suis un garçon !
Victor se tourna vers son amant, un immense point d’interrogation sur le visage. Celui-ci éclata de rire devant la naïveté de l’humain.
-Tu t’attendais quand même pas à trouver… enfin… un truc comme le tien quand même ?
-Bah… Marmonna Victor, penaud.
Vaillance rit un peu plus avant de s’expliquer.
-Chez les monstres qui ressemblent à vos reptiles, le pénis des mâles est rangé, erm, à l’intérieur quoi. Et il sort qu’au moment de… enfin tu vois quoi.
-Je…
-J’en reviens pas de devoir te faire un cours d’anatomie comme ça.
Victor non plus, et bizarrement, il n’avait pas vraiment envie d’en savoir plus ou de voir une quelconque démonstration sur spécimen réel. Mieux valait rester dans la théorie. Il était curieux, mais pas à ce point.
-Pourquoi ? Le vôtre il est pas comme ça ? S’exclama le gamin avec curiosité.
-Heu… Firent Victor et Vaillance à l’unisson.
-Waouh c’est trop bizarre. Faites voir !
-HEU… Reprirent-ils.
Étrangement ils n’avaient pas envie de se déshabiller pour comparer leurs pénis.
-Allez !
-On t’expliquera quand tu seras plus grand.
-Tu verras ça à l’école.
-C’est quoi l’école ?
Et c’est ainsi qu’avec la plus grande ingéniosité et à leur soulagement total, les deux jeunes parvinrent à détourner la conversation.
Finalement, il fut temps de savonner le petit monstre. Victor tendit un gant et du savon à Vaillance.
-Visiblement tu es plus à l’aise avec ça que moi.
Le monstre lança une boutade mais n'insista pas. Il tint néanmoins à ce que Victor regarde comment il s’y prenait au cas où il soit un jour obligé de s’en charger. Il lui expliqua surtout la marche à suivre avec les écailles, et Victor se demanda d’où il tenait tout ce savoir.

Finalement, ils ne s’en sortaient pas si mal.
Reitex était désormais tout propre, vêtu d’une tenue plus ou moins adaptée et avait le ventre plein. Il semblait leur faire confiance et avoir totalement oublié ce qu’il s’était produit plus tôt. Désormais, il était temps de le présenter aux autres, et de lui expliquer comment les choses allaient se dérouler à partir de maintenant.
Ils le firent asseoir sur le canapé, décidant de lui expliquer calmement ce qui l’attendait. Ils trouvaient cela important d’être transparent avec lui étant donné le contexte.
-Écoute, il faut qu’on te parle de quelque chose de très important, dit Vaillance.
-Tu vois, continua Victor, mon père est pas un humain gentil comme moi. Et on ne veut pas qu’il te voie car hum…
-On a peur qu’il nous dispute.
-Voilà. Du coup on voudrait que tu habites ailleurs en attendant de retrouver ta maman.
-Vous allez me ramener dans la rue ? Demanda l’enfant avec crainte.
-Non. On veut juste que tu habites dans une autre maison. C’est dans cet immeuble mais juste quelques étages plus bas.
-Tu verras, il y a plein d’autres monstres comme nous. Tu y seras beaucoup mieux, et tu auras plein de copains avec qui jouer.
-Mais ça veut dire que vous allez me laisser ?
-Non, moi je vivrai avec toi. Par contre on verra Victor moins souvent, on n’habitera pas avec lui.
L’enfant hocha la tête. Les raisons de cette organisation le dépassaient mais il comprenait plus ou moins que c’était pour son bien. Il croyait Vaillance, il l’avait aidé, alors il avait confiance en lui.

Ils descendirent tous trois à l’étage des monstres. Vaillance lui expliqua qu’il ne devait surtout pas sortir sans lui, tandis que Victor réfléchissait à comment il pourrait mieux le camoufler. Peut-être que s’il pouvait dégotter un faux collier...
Une fois entrés, ils firent réunir tous les monstres qui travaillaient pour la famille Copperheinmer. Ils formèrent une sorte d’hémicycle devant eux. Les deux amants se sentaient un peu nerveux, et Reitex l’était encore plus, si bien qu’il se collait dans les jambes de Vaillance.
-Bonjour, nous voulions vous parler de quelque chose d’important, débuta Victor. Aujourd’hui, nous avons recueilli cet enfant dans la rue. Mais comme vous le savez tous, mon père n’est pas du genre à accepter les monstres à bras ouvert. Nous avons donc besoin d’un endroit où le loger de façon discrète. Vaillance s’occupera de lui la majorité du temps et nous vous demandons donc de simplement l’accueillir parmi vous ou de l’aider par moments.
Les monstres hochèrent la tête. Ils devaient se serrer les coudes dans ces conditions, et l’enfant leur faisait pitié. Quelques femmes chuchotaient quelques conseils entre elles, qu’elles se presseraient de fournir à Vaillance une fois la réunion finie.
Victor fit un petit signe à Vaillance, qui emmena Reitex visiter les lieux, principalement pour l’éloigner.
-Toutefois - et je vous prie de me pardonner de cela, je vous avais promis de ne jamais vous imposer quoi que ce soit - nous ne pouvons pas courir le risque que sa présence ici soit découverte. C’est pourquoi je vous ordonne à tous de ne jamais discuter de quoi que ce soit le concernant en dehors d’ici ou en présence d’un humain autre que moi.
Le jeune homme fit une pause, et les colliers clignotèrent à l'unisson.
-Voilà. Merci à vous. Vous pouvez reprendre ce que vous faisiez. Je vous suis reconnaissant de l’accueillir parmi vous, et de l’aider à conserver ce qui vous a été cruellement prit. Je ne peux pas réparer ce que mon peuple a fait mais… enfin… vous comprenez…
Quelques monstres hochèrent la tête. Ils n’aimaient pas tous cet humain, certains le trouvaient même assez hypocrite, mais ils devaient reconnaître que son action était louable. Ce jeune homme était étrange de s’attacher autant que cela à leur cause.
Mais ils s’accordaient au moins tous sur un point : le gamin n’avait rien demandé, et il méritait qu’on le laisse en paix. Il n’avait pas à payer pour les basses querelles entre les deux races.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
05 avril 2018 à 08:30:15

Bon jvc deconne un peu. La page 15 est difficile d'accès donc je fais un post en espérant que ça réglera le probleme.

Zack58 Zack58
MP
Niveau 10
05 avril 2018 à 16:51:39

J'aime bien, c'est toujours aussi sympathique à suivre.

Sheggorath Sheggorath
MP
Niveau 10
05 avril 2018 à 18:30:28

Le 05 avril 2018 à 08:30:15 erosdog a écrit :
Bon jvc deconne un peu. La page 15 est difficile d'accès donc je fais un post en espérant que ça réglera le probleme.

Ah bah ça pour bannir les gens et supprimer des topics y'a du monde, mais pour réparer le site y'a plus personne. BRAVO WEBEDIA. :)

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
23 avril 2018 à 23:50:09

Comme je ne sais pas quoi dire, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=dQw4w9WgXcQ"> voici un documentaire sur les patates </a> d'un grand intérêt. Je vous conseille d'aller regarder après avoir lu.
Oui les balises HTML ne marchent pas, et alors ?
N'hésitez pas à laisser un commentaire au fait, ils sont toujours appréciés.
Bonne lecture.

Chapitre 21 :

Quelle belle journée, pensa le roi déchu en levant la tête pour constater la présence d’un soleil brillant que nul nuage ne menaçait d’obscurcir. Le dôme turquoise au-dessus de sa tête le fascinait, comme s’il était sujet à une attraction mystique. Mais après tout, ça avait été son rêve pendant si longtemps de revoir le ciel dans toute sa splendeur que cela était bien normal. Il ressentait une étrange sensation de plénitude. Le vent dans sa fourrure était si agréable, rien à voir avec les vulgaires courants d’air des cavernes. Avant la guerre, il ne s’était jamais aperçu de la beauté de la nature. C’était là un fait bien connu ; pour apprécier quelque chose, il fallait en avoir manqué. Asgore s’était vite rendu compte de cela enfermé dans ces gigantesques sous-sols humides, ainsi s’était-il juré aussitôt de tout faire pour goûter à nouveau ce ciel et cet air.
Son regard retomba sur l’étendue de sable autour de lui. Celle-ci semblait ne jamais se finir, ses bords obscurcis par la lumière réfléchie. Chaque grain semblait se distinguer des autres tant la lumière était pure. Il embrassa le désert du regard, mais quelque chose retint son attention, comme une réalisation au bord de sa conscience, une idée tapie dans l’ombre. Il sentit un malaise grandir en lui, quelque chose n’allait pas. Pourquoi était-il au milieu du désert ? Pourquoi avait-il soudain l’impression de peser une tonne ? Et pourquoi tenait-il son trident à la main ?
Une chape de plomb s'abattit sur le monde. Littéralement. Le ciel s’assombrit subitement, et l’astre solaire laissa à la place à sa compère nocturne. En un clin d’œil des murs sortirent du sol, formant un ovale autour de lui.
Il se retourna, perdu. Qu’est-ce qu’il se passait ? Pourquoi soudain cette boule au ventre ?
-Que- ? S’exclama le roi avec surprise. Un jeune monstre se tenait face à lui. La vingtaine, pas plus. Asgore se demandait ce qu’il lui voulait, ce n’était pas commun qu’il se retrouve seul à seul avec l’un de ses si jeunes sujets.
Il réalisa que le monstre semblait terrifié. Sa mâchoire était serrée, son bras tremblant et ses yeux écarquillés. Il tenait une épée de sa main droite, et un bouclier de l’autre qui ne cessait de tinter contre son plastron. Il semblait attendre quelque chose, pétrifié.
Soudain, Asgore se jeta sur lui et l’empala d’un seul coup. La surprise qui le prit fut presque aussi grande que celle qui tordit le visage du combattant. Celui-ci commençait déjà à se désagréger, n’ayant même pas la force de tomber au sol.
Le roi recula d’un pas, abasourdi par ce qu’il venait de faire. Il regarda la pointe du trident souillée par le sang du défunt avec dégoût. Il tenta de reculer davantage, de lâcher l’arme, de s’enfuir, mais son corps ne répondait pas.
Qu’avait-t-il fait ? Comment avait-il pu tuer aussi sauvagement l’un des siens ? Qu’est-ce qu’il lui avait pris ?
Il sentit une présence sur sa droite, et se tourna pour rencontrer un nouveau visage anonyme. Avant qu’il ait le temps d’en détourer les détails, celui-ci se fractura en un millier de grains argentés.
Le manège se répéta, encore, et encore. Sur la gauche, derrière lui, sous sa botte ou encore juste en face de lui, les corps apparaissaient et fondaient sans cesse. Il ne contrôlait rien, enfermé dans son corps comme on aurait ligoté un prisonnier devant un film, le forçant à regarder tandis que ses compatriotes se faisaient massacrer. Le sang et les membres giclaient avant de disparaître dans un flash, remplacés par d’autres. Asgore n’en pouvait plus. Il allait devenir fou. Lentement, il s’enfonça dans les ténèbres pour ne plus avoir à assister au spectacle. Le roi se laissa couler dans son esprit, les fentes de ses yeux n’étant bientôt plus que des ouvertures lointaines, les cris un bruit étouffé. Il coula au point de se noyer, mais c’était mieux encore que d’entendre les corps terrifiés et de voir les cris démembrés.

-C’est moi papa, c’est Frisk. Tu ne me reconnais pas ?
Le roi secoua la tête. Une voix venait l’extirper de son esprit gelé. Il reconnaissait cette voix. Elle le tirait vers la surface comme des bras vigoureux.
Il ouvrit les yeux.
Une jeune fille se trouvait juste devant lui. Sa jeune fille.
-Si bien sûr ! Ça fait tellement plaisir de te revoir Frisk.
Asgore fit un pas en avant, sourire aux lèvres, pour serrer sa fille dans ses bras. Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait pas vue.
Un battement de cils.
Frisk était sur le sol, à ses pieds. Elle était terrifiée, sa jambe saignait abondamment. Il se dressait de toute sa hauteur au-dessus d’elle.
-Qu’est-ce que-
-Papa, non ! C’est moi ! Frisk !
Les yeux de sa fille étaient rivés sur un point, juste au-dessus de son épaule. Le roi tourna la tête et s'aperçut de son bras levé, serrant le trident avec force, en position de frappe.
Son regard se rabattit vers Frisk. Elle avait tenté de reculer, mais un mur de flammes s’élevait autour d’elle.
-Non… Murmura le roi. Non non non, répéta-t-il avec désespoir.
Il avait oublié tout ça. Il ne voulait pas s’en souvenir. Les visions remontaient à la surface, les bouts de cadavre flottant sur les eaux tourmentées de son esprit.
-Papa, je t’en prie, l’implora l’humaine, ses joues noyées de larmes.
Et, comme dans ces cauchemars où notre corps ne nous appartient plus, il sentit une puissante force prendre le contrôle de ses membres. Il tenta en vain de résister. Mais son esprit était comme déconnecté. Il n’avait plus le contrôle. Il essayait de se raccrocher à quelque chose, mais il passait juste au travers de l’eau sans rien parvenir à saisir.
Et, hurlant de désespoir, son bras s’abattit sur la jeune fille. Les lames du trident s’enfoncèrent dans la gorge de l’humaine. Son sang éclaboussa ses vêtements et sa nuque se brisa, laissant pendre son crâne vers l’arrière dans une position aussi peu naturelle que sinistre. Son cadavre s'effondra alors sur le sable.
Le roi fit de même, prit de sanglots incontrôlables.
-Non… Non… Non… répétait-il la voix broyée par la douleur. Son mantra était presque inaudible, avalé par les rugissements de la foule au-dessus de lui. Il s’approcha de Frisk, prenant son corps sans vie dans ses mains. Secouant sa dépouille pour tenter de la réveiller.
Soudain, son buste inanimé se redressa, laissant sa tête figée dans une expression de terreur rouler sur l’épaule en formant un angle distordu. Elle s’immobilisa, regardant droit dans les yeux du roi.
-Pourquoi papa ? J’étais là… pour toi. Pour te sauver. Pourquoi est-ce que tu m’as tuée ?
-Non non non non non, supplia Asgore, rendu aveugle par les larmes.
-Pourquoi… m’as-tu… tuée ! Rugit le corps alors que la tête de la jeune fille se déforma dans une expression macabre, tordue et sanglante, pour finalement engloutir la vision du roi.

Asgore se réveilla en sursaut, pris d’une intense envie de vomir. Il se redressa sur son lit, haletant, les yeux écarquillés. Le roi regarda partout autour de lui, affolé. Il mit plusieurs secondes de terreur à réaliser où il se trouvait.
Le monstre retomba en arrière dans le lit, enfouissant ses sanglots dans ses épaisses mains tremblantes. Ce n’était qu’un rêve. Elle était là. Elle était en vie. Elle était bien. Tout allait bien. Il poussa un soupir de soulagement et un rire nerveux alors que l’image du corps disloqué de sa fille s’effaçait peu à peu de sa rétine.
Un long gémissement lui échappa alors qu’il séchait ses dernières larmes. Il tendit l’oreille. Tout le monde dormait. Asgore savait qu’il ne parviendrait pas à fermer l’œil, alors il se leva du canapé et marcha sans but dans le salon. Son regard se posa sur la ville derrière les grandes baies vitrées. C’était vrai que, lorsqu’on était libre d’y prêter un peu d’attention, la culture humaine était plaisante. Il contemplait certes un centre-ville assez générique - gratte-ciels, fumées et lumières - mais ce n’était pas comme s’il avait eu l’occasion d’en voir beaucoup.
Toutefois, son esprit ne le laissait pas en paix. Il y avait toujours cette petite voix insupportable au fond de son esprit Tu es sûr qu’elle va bien ? Qu’elle est à l’abri ? Peut-être que tu devrais aller voir, juste pour être sûr. Évidemment qu’elle était à l’abri, mais plus les secondes passaient, et plus un doute absurde l’habitait.
Il céda finalement en grognant, et se dirigea vers la chambre de Frisk. Le roi ouvrit la porte tout doucement - surprenamment doucement d’ailleurs pour un mastodonte de deux mètres - et posa les yeux sur le lit de la jeune fille. De toute évidence, elle dormait paisiblement. La couverture se soulevait doucement, et sa respiration était calme et régulière.
Asgore resta quelques minutes à la regarder, pleurant presque de joie, soudain frappé par l’improbabilité de la situation. Il avait abandonné tout espoir d’être jamais réuni avec sa famille, et voilà que sa propre fille venait l’arracher aux griffes de l’arène.
Il eut un frisson en repensant à son rêve.
Puis ce fût au tour de la tristesse de le frapper. Il aurait tellement voulu que Toriel soit là pour partager son bonheur. Il se souvint des moments merveilleux passés autour de la cheminée alors qu’Asriel venait de naître. La fierté et l’amour qu’il avait ressenti avec Toriel pour ce petit être, la même qu’il ressentait seul aujourd’hui.
Son fils…
Non, c’était il y a longtemps. Il n’y avait plus rien à faire, c’était du passé. Aujourd’hui il n’y avait plus que l’avenir qui comptait, il devait aller de l’avant. C’était nécessaire.
Le roi secoua la tête pour chasser ces pensées. Il referma la porte aussi doucement qu’il l’avait ouverte, et reparti à pas de loups vers le salon. Le monstre hésita en passant devant la cuisine, se demandant si un verre ne lui ferait pas du bien. Il s’abstint ; l’alcool et les monstres ne faisaient pas bon ménage, rares étaient ceux qui le supportaient.
Ses pas le menèrent devant un fauteuil dans lequel il se laissa tomber. Son regard était perdu dans la ville et ses pensées dans son passé. Peut-être que s’il avait agi différemment, les choses auraient pu être différentes. Peut-être que s’il s’était battu, s’il avait réussi à tuer ne serait-ce qu’un seul humain, les choses auraient pu être différentes. Son esprit s’évada encore plus loin. Peut-être que s’il avait été un meilleur roi il y a des millénaires de cela, les monstres n’auraient même pas étés enfermés sous terre. Il aurait mené une vie paisible avec Toriel, ils auraient eu un enfant, peut-être deux, et il serait actuellement endormi aux côtés de l’être le plus sublime qu’il n’ait été donné de rencontrer.
Mais les choses s’étaient passées différemment.
Et puis de qui se moquait-il ? Les tensions interraciales étaient vives, peut-être encore plus qu'aujourd'hui. La guerre, et leur défaite, était inévitable. Il n’aurait jamais pu empêcher Chara de tomber malade, ni Asriel de réaliser sa dernière volonté. Il était faible, à la merci du destin qui prenait plaisir à agiter la fin heureuse juste devant son nez pour mieux la lui arracher ensuite.
Mais tout de même, si à leur sortie il avait fait ce qui était prévu au lieu d’être diplomate. S’il n’avait pas essayé de reconquérir Toriel, s’il ne l’avait pas perdue en premier lieu, ils n’en seraient pas là. Encore une fois, sa vie n’était qu’une série de choix désastreux.
Mais dans cette tourmente, il y avait encore un espoir. Il se tourna vers la pièce qu’il venait de quitter.
Là encore Asgore aurait dû retenir les enseignements du passé, mais il se faisait avoir comme à chaque fois, comme s’il le faisait exprès. C’était peut-être d’ailleurs pour ça que le destin s’acharnait ; le roi était une proie si facile.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
23 avril 2018 à 23:52:03

-Bonjour Frisk !
-Bonjour papa ! Répondit la jeune fille en se hissant sur ses pieds pour passer ses bras autour du cou d’Asgore. Celui-ci se baissa pour lui faciliter la tâche, le sourire sur ses lèvres doublant de taille. Quand il se trouvait à côté de Frisk, il était comme sur un petit nuage de joie, débordant de bienveillance et d’amour.
La jeune humaine était la dernière à se lever, tous les autres étaient déjà à la table du petit déjeuner. Frisk attrapa une tartine en sautant sur le siège à côté de son père. Elle rayonnait de joie alors que ses dents s'enfoncèrent dans le bout de pain couvert de confiture.
Les discussions à la table tournaient autour de tout et de rien. Frisk se dépêcha de finir avant d’accomplir en vitesse sa routine matinale. Elle serait bien restée à la maison avec Asgore, mais il restait encore deux jours à la semaine. L’heure avançait à grands pas, mais pour une fois, elle fut prête en avance.
-Tata ? Demanda-t-elle en revenant dans le salon. Est-ce que papa peut m'amener au collège aujourd’hui ?
Johanna sembla prise au dépourvu. Elle réfléchit quelques instants.
-Erm, oui, d'accord. Enfin, si ça ne vous dérange pas… Fit-elle à Asgore d’un ton hésitant.
-Oui, bien sûr, j’en serai ravi, répondit le monstre en souriant. Mais malheureusement je ne sais pas comment contrôler ces, hum, voitures, que vous utilisez pour vous déplacer. Sous terre nous n’avions pas cette technologie, et je n’ai pas vraiment eu l’occasion d'apprendre, dit-il avec un petit rire gêné.
-Pas besoin ! S’exclama Frisk. On peut y aller à pieds, c’est juste à côté.
-C’est parfait, allons-y à pieds alors.
Le roi la rejoint dans le vestibule. Il avait eu le temps de se changer dans des vêtements achetés la veille. Moins confortables et surtout moins formels que ceux qu’il avait l’habitude de porter sous terre, mais ça faisait l’affaire. Les humains avaient un système de choix intéressant : des tailles préfaites qui allaient à tout le monde. Enfin, à tous les humains en tout cas. Malheureusement, le choix en “XXL” était assez restreint.
-À ce soir ! Cria Frisk en ouvrant la porte. Elle n’attendit pas les réponses des autres avant de se précipiter dehors.

Elle et Asgore échangèrent durant toute la durée du chemin. Ils parlèrent de plein de choses. Le roi était curieux d’en savoir plus sur la vie de sa fille, et Frisk répondait à toutes ses questions. Il en apprit plus sur ses passions, sur ses amis, sur ses performances à l’école. Il était bombardé de détails mais les accueillait avec plaisir, semblant ne jamais en avoir assez des paroles de sa fille. C’était pour lui comme un chant de sirènes ; si plaisant à entendre qu’il aurait voulu que le collège se situe dix fois plus loin pour pouvoir l’écouter plus longtemps.
Il parla peu finalement, mais c’était peut-être pour le mieux. Qu’y avait-il à dire ? Il avait passé les dernières années à massacrer les membres de son peuple, plongé dans un état brumeux où il n’était qu’un outil pour le collier. Frisk n’avait pas besoin de savoir tout ça.
D’ailleurs, il en aurait presque oublié la machine. C’était toujours une présence oppressante autour de son cou, mais l’emprise sur son âme semblait s’être affaiblie. L’impression d’être un pantin dont les fils appartenaient à l’objet l’avait quitté, et ce n’était pas désagréable.
Frisk quant à elle était si heureuse d’avoir retrouvé son père que c’en était presque étouffant. Chacune de ses paroles transpirait l’euphorie, chacun de ses gestes le soulagement joyeux de ceux qui avaient presque perdu espoir. La jeune fille savourait sans modération les fruits de ses efforts. Et c’était bien mérité compte tenu de ceux qu’elle avait déployés.
Frisk embrassa le roi puis le quitta pour passer la grille de l’école. Il resta quelques minutes pour s’assurer que tout allait bien, avant d’entreprendre le chemin inverse. Asgore marcha paisiblement, totalement invisible dans les rues chargées du début de matinée. Son esprit divagua alors que ses jambes le guidaient automatiquement. Et maintenant quoi ? Une petite vie en banlieue paisible ? Oui, ça pourrait lui convenir. Il devrait se trouver une occupation, quelque chose à faire pour le garder à l’abri de la dépression dans laquelle l’ennui et ses souvenirs le plongeraient forcément. Le roi n’avait nulle envie de devoir rester seul avec ses pensées, même s’il savait qu’il devrait un jour faire la paix avec son passé.
Mais les choses ne pourraient pas rester comme ça éternellement. Frisk grandirait, elle voudrait son indépendance, et pas sûr que Johanna ait vraiment envie de gérer une pléthore de monstres. Il ne savait trop quoi penser de la tante de sa fille ; il comptait bien en apprendre plus sur elle.
Qu’adviendrait-il alors de lui ? Vu comment les choses s’étaient mises en place, il n’était pas prêt de mourir de vieillesse. Il ne savait pas ce qu’il était arrivé à Toriel, mais même si elle était secourue, leur couple ne le serait pas pour autant. Elle le lui avait bien fait comprendre, il ne se passerait plus rien entre eux. Alors un enfant, certainement pas. Cela tordait un peu plus son cœur dans sa poitrine, mais il était le seul à blâmer pour ses échecs.
Et puis, ce n’était de toute façon pas un monde pour un enfant. D’ailleurs, il fut soudain pris d’une certaine curiosité : que se passait-il lorsqu’un enfant naissait de parents esclaves ? Il était certain qu’un collier ne poussait pas comme par magie. Avec des maîtres normaux, l’enfant serait rapidement livré aux autorités, mais avec des maîtres qui soutenaient les monstres ? Les possibilités étaient multiples, mais au vu des pires qui lui venaient à l’esprit, il n’était pas sûr de vouloir tenter l’expérience.
Il reprit conscience du monde extérieur en arrivant chez Johanna. Asgore posa la main sur la sonnette qui émit un bruit strident. La maîtresse de maison vint rapidement lui ouvrir, et il se dépêcha de rentrer à l’abri du froid.
L’intérieur de la maison était beaucoup plus calme, et vide. Sans et Undyne avaient disparu du salon, et Johanna le laissa pour retourner à ses occupations. Il avait cru comprendre qu’elle était une sorte d’artiste, mais ne s’était pas posé plus de questions sur sa profession. À ce qu’il semblait, elle avait assez pour vivre confortablement, il n’avait pas besoin d’en savoir davantage.
Et maintenant quoi ? Se demanda-t-il à nouveau. Peut-être qu’il pourrait profiter de tout le temps qu’il avait pour rattraper son retard sur le monde des humains. Faire des recherches sur leur culture et le monde complexe dans lequel il venait de se réveiller. Ou peut-être qu’il serait plus judicieux de trouver un moyen d’aider, se rendre utile dans la maison. Ce serait la moindre des choses. Il n’était pas vraiment bon pour cuisiner - Toriel avait eut un don pour ça, et ensuite c’était le personnel du palais qui s’en était chargé - ni pour quoi que ce soit qui touchait à la gestion du foyer cela dit. Le roi soupira, ses compétences n’étaient pas vraiment propices dans la situation actuelle. Mais bon, il pourrait toujours apprendre.
Finalement, il décida que la meilleure chose à faire était encore de demander. Et puis il pourrait en profiter pour avoir une petite discussion avec Johanna. Asgore toqua à la porte où l’humaine avait disparu. Elle lui dit d’entrer.
-Est-ce que je peux faire quelque chose pour aider ?
Johanna réfléchit un instant.
-Pas vraiment. Vider le lave-vaisselle peut-être ?
Asgore resta perplexe un instant. Je demanderai à Undyne, elle doit savoir ce que c’est, pensa-t-il. Il acquiesça.
Le roi s’éclaircit ensuite la gorge avant de dire,
-J’aurais bien aimé discuter un petit peu. J’ai pas mal de questions.
L’humaine arrêta ce qu’elle était en train de faire. Le vieux roi lui faisait de la peine, il semblait un peu perdu. Johanna lui fit poliment signe de s’asseoir, et se prépara à répondre au mieux à ses questions.
-Que souhaitez vous savoir ? Lui demanda Johanna.
-Pas besoin d’être si formelle, je vous en prie, répondit le roi. Vous pouvez me tutoyer, pas de soucis.
-Très bien, dit l’humaine en se raclant la gorge. Alors du coup, erm, qu’est-ce que tu te demandais ?
-Comment est-ce que tu as connu Frisk ? Demanda Asgore.
Johanna lui raconta l’histoire qu’elle avait déjà donnée à Undyne. Comment les parents de Frisk s’étaient tués en voiture, le jour même où la petite avait disparu et était tombé dans le royaume des monstres. Elle lui expliqua que sa nièce avait dû fuir l’accident, mais qu’elle ne se souvenait de rien.
-Et puis quand vous êtes sortis de terre avec Frisk à vos côtés… Enfin, pas besoin de t’apprendre ce qu’il s’est passé. Une fois que les autorités l’ont prise en charge, ils ont cherché quelqu’un de sa famille qui pourrait l’adopter. Quand j’ai entendu aux infos ce qu’il s’était passé, et que j’ai réalisé que c’était Frisk la gamine dont ils parlaient, je me suis précipitée au commissariat la plus proche pour dire qui j’étais.
-Le processus a pas été facile, continua Johanna. Ça a dû mettre quoi, un an, un an et demi, avant qu’on ne cesse de venir me voir toutes les deux semaines pour s’assurer que tout allait bien. Je ne sais pas si c’était normal ou si on faisait l’objet d’une surveillance plus importante en raison de la proximité de Frisk avec les monstres, mais en tout cas désormais elle est officiellement sous ma responsabilité.
Johanna se tût, et le roi ne répondit rien. Elle attendait une réponse, un commentaire, elle se demanda même un instant s’il n’était pas en train de chercher comment lui demander de reprendre le flambeau.
-Je suis content que tu aies été là pour elle. Finalement, je crois que c’est mieux qu’elle ne soit pas restée avec nous.
L’humaine hocha la tête. Elle comprenait ce que le roi voulait dire. Ça n’avait pas toujours été facile avec Frisk, surtout au début, mais elle avait fait tout ce qu’elle pouvait pour construire un environnement où sa nièce pourrait s’épanouir.
-Merci pour tout ce que tu as fait.
-De rien, répondit Johanna, quel genre de monstre aurais-je été si j’avais refusé ?
Elle sembla réaliser ce qu’elle venait de dire.
-Enfin, je veux dire…
Le roi sourit en lui faisant signe que ce n’était rien.
Malgré la nécessité de ce qu’elle avait fait, le compliment lui alla droit au cœur. C’était vrai qu’elle en avait fait beaucoup pour Frisk au fil des ans. Et même plus récemment, combien l’auraient laissé entreprendre sa quête pour retrouver ses anciens amis ?
Il y eut un silence, le roi semblait chercher ses mots.
-Et… Comment va Frisk ? Est-ce qu’il y a quelque chose que je devrais savoir ? Des problèmes qu’elle a ?
Johanna réfléchit un instant. C’était dur de synthétiser toutes les impressions inconscientes que l’on a sur une personne.
-Je crois… Je crois qu’elle ne s’est jamais vraiment remise de ce qu’il s’est passé ; ni de la mort de ses parents, ni de sa séparation avec vous. Elle ne me dit rien, mais je le vois bien. Il y a toujours ce quelque chose imperceptible qui montre que ça la travaille encore. Cela dit, son humeur s’est considérablement améliorée depuis que l’on a commencé à venir vous secourir. Je crois que ça lui fait du bien de retrouver ses amis, et sa famille. Elle a vraiment une connexion… particulière avec vous.
-Vous êtes allés voir quelqu’un par rapport à tout ce qu’il s’est passé ?
-Oui. Je pense que le psy l’a aidé, mais qu’elle n’a pas tout dit et qu’elle a décidé de gérer ses problèmes toute seule.
Le roi hocha la tête.
-Quant au reste, c’est une ado normale. Ses notes vont bien, elle me parle régulièrement de ce qu’elle fait à l’école, de ses amis. Quoique de moins en moins ; l’adolescence, tu sais ce que c’est. Mais c’est vrai que quand on vit tous les jours avec quelqu’un, on ne voit pas forcément les changements qui s’opèrent.
À nouveau Asgore acquiesça.
-On a parlé un peu ce matin, répondit-il. Je crois qu’elle vraiment envie de passer du temps avec moi. J’ai à peine pu en placer une tant elle était bavarde. Mais ce qui m’a frappé, c’est à quel point elle a grandi.
Le silence retomba, et Johanna ne put s’empêcher de percevoir une certaine tension. Finalement, elle se dit qu’il serait peut-être mieux de prendre le taureau par les cornes.
-Donc quant à l’éducation de Frisk…
-Tu es responsable d’elle et il n’y a pas de problèmes pour moi, emboîta Asgore. Je suis rassuré de voir que tu t’en es très bien sortie jusqu’à maintenant, et je ne vois pas de raison de changer cela.
-Oui oui bien sûr. Mais elle te considère comme son père, répondit l’humaine. Elle veut que tu t’occupes d’elle.
-Évidemment. Mais je ne veux pas de conflits entre nous quant à celui qui possède l’autorité. Je veux être un père pour elle, mais ce n’est pas moi qui l’ai adopté. Je ne sais pas si je m’exprime clairement. Ce que je veux dire, c’est que je veux m’impliquer dans sa vie, mais je ne compte pas me mettre à imposer quoi que ce soit.
Johanna fit oui de la tête. Elle voyait ce qu’il voulait dire, et cela lui allait. Elle non plus ne se voyait pas vraiment dans le rôle de diriger quoi que ce soit, qu’elle avait d’ailleurs évité jusqu’à maintenant. Johanna avait eu la chance d’avoir une nièce sage et responsable, et ne voyait pas le besoin de se mettre à décréter des décisions. Frisk était réceptive à la discussion, et les choix la concernant étaient donc discutés.
-Bien, fit le roi en se levant, il semble que le futur nous réserve beaucoup de temps en commun. Alors autant apprendre à se connaître le plus tôt possible. Ça m’a fait plaisir de te parler, je comprends pourquoi Frisk t’apprécie.
-C’est vrai, c’est marrant comment les chemins peuvent se croiser parfois. Enfin, je vois aussi pourquoi Frisk a tissé un lien avec toi. Je me rends compte qu’elle est douée pour discerner le bien chez les gens.
Le roi manifesta son accord tout en prenant congé. Il était content d’en savoir plus sur celle qui s’était occupée de sa fille pendant tout ce temps, et de voir qu’il pouvait avoir confiance en elle. Johanna semblait prendre son rôle à cœur.
En revenant dans le salon, il vit Undyne à travers de l’une des portes entrouvertes. Asgore alla toquer en se disant qu’il ferait bien de rattraper le temps perdu. Depuis qu’Undyne était gamine ils avaient toujours été très proches, et il voyait la femme poisson presque comme sa fille. Elle était son bras droit sous terre, et il était sûr que le travail lui manquait.

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Niveau 10
23 avril 2018 à 23:54:16

La monstre se retourna en entendant les coups sur la porte, un sourire se dessinant sur son visage lorsqu’elle vit les cornes du roi dans l’encadrement.
-Asgore ! Entre vas-y.
Undyne était assise au bureau de la chambre d’amis, s’afférant sur un ordinateur. Il ne parvenait pas à voir ce qu’elle tramait, mais ce n’était pas le plus important pour l’instant.
-Qu’est-ce que tu fais ? Lui demanda-t-il néanmoins pour démarrer la conversation.
La guerrière se décala pour lui montrer l’écran. C’était principalement du texte dans une mise en page compacte et pas forcément accueillante. Asgore fit un pas pour se rapprocher, parvenant à déceler ce qui était écrit. Il mit quelque seconde à réaliser ce dont il s’agissait, à la fois intrigué et dégouté.
-C’est un site du gouvernement, lui expliqua Undyne. Ça liste tous les monstres en captivité.
Le roi hocha la tête.
-Et, qu’est-ce que tu y fais ?
-Je cherche Alphys, admis la monstre en baissant les yeux, la voix grave. Je l’ai perdue depuis qu’on est sortis et… Je… J’espère qu’elle va bien. J’espère que- qu’on peut faire quelque chose pour elle.
Asgore s’approcha et posa sa lourde main sur l’épaule d’Undyne. Il la serra dans un geste réconfortant.
-On la retrouvera. Si on cherche bien, ça ne sera qu’une question de quelques jours.
Elle soupira, peu convaincue.
-Ça fait beaucoup plus longtemps que ça que j’y suis, et aucune trace d’elle. Et… plus le temps passe, plus j’ai peur du moment où je vais la trouver.
-Pourquoi ? Si tu la trouves, on pourra aller la chercher.
-Tu ne comprends pas. Ce site, il indique aussi comment vont les monstres.
Elle fit une pause, tournant son regard désespéré sur le roi.
-J’ai peur qu’elle soit morte Asgore. J’ai peur de voir ce petit mot écrit noir sur blanc. J’ai peur de m’y être prise trop tard. Et… et je sais pas comment je réagirais. Je- Je ne pourrais pas. Elle ne peut pas être morte, je ne pourrais pas le supporter. La seule raison pour laquelle je vis encore c’est parce que je veux la serrer à nouveau dans mes bras. Si elle est morte je…
Undyne était au bord de la panique. Le roi lui saisit fermement les épaules, la forçant à le regarder dans les yeux. Asgore la fixait avec détermination, une expression autoritaire sur le visage.
-Écoute-moi bien. Elle est encore en vie, je te le promets. Elle nous attend, là, quelque part. Et je te jure que bientôt tu pourras la serrer contre toi, et vous serez réunis pour toujours.
Elle sembla reprendre un peu de contenance.
-Je… J’espère que tu as raison.
-Bien sûr que j’ai raison, lui dit-il sur un ton confiant. On retournera la Terre entière s’il le faut, mais on la sauvera.
Asgore s’assit sur le lit à côté. C’était un outil puissant dont ils disposaient. Il se demanda soudain s’il ne pourrait pas l’exploiter à son tour. Peut-être qu’il y aurait moyen. Peut-être qu’il pourrait retrouver Toriel. Mais, avait-elle seulement envie de devoir partager à nouveau sa vie avec la sienne ? Il ne voulait pas la forcer mais… Non, qu’était-il en train de déblatérer ? La question ne se posait même pas. Il devait la sauver, point. Elle pourrait lui en vouloir de tout son gré, mais il ne pouvait simplement pas la laisser entre les griffes de n’importe quel humain potentiellement dégénéré.
-Ça te dérange si je jette un coup d’œil ? Demanda-t-il.
-Non vas-y, fit la femme poisson. De toute façon, j’allais arrêter.
Ils échangèrent de place, et elle lui expliqua rapidement le fonctionnement de l’interface.
-Il n’y a pas de façon de rechercher rapidement un nom ?
-Non, seulement par numéro. Mais tu peux classer par date.
-Ça ne m’avance pas vraiment…
Asgore prit soudain conscience de l’ampleur de la tâche. C’étaient des millions de monstres qui avaient été capturés, et donc potentiellement des millions de fiches à inspecter, une par une.
-Peut-être que je devrais commencer au tout départ. Après tout, c’est là qu’elle a été capturée.
-Qui est-ce que tu recherches ?
-Toriel, répondit le roi un peu gêné après un minuscule silence. Pour Frisk, évidemment, et pour lui venir en aide aussi. Je lui dois bien ça. Je ne peux pas la laisser entre les mains de n’importe qui.
La guerrière ne répondit rien.
Il ne sait pas, pensa-t-elle.
Undyne se tortilla quelques secondes, réfléchissant à une façon de lui annoncer. C’était une terrible nouvelle, et elle était désolée d’être celle qui devait la lui apprendre. Mais en même temps, elle ne pouvait pas le laisser s’imaginer des choses.
-Asgore… Dit-elle doucement. Tu… n’es pas au courant ?
-De quoi ? Répondit-il.
Elle soupira.
-Toriel, elle… Elle est morte, annonça-t-elle en essayant de garder un ton neutre.
Ça ne servait à rien d’édulcorer la nouvelle. Quoi qu’elle dise, cela aurait le même impact. Et c’était peut-être mieux de se jeter directement à l’eau plutôt que de tourner autour du pot.
Asgore se tourna lentement vers elle, sans voix. Il ouvrait et fermait la bouche comme un poisson hors de l’eau. Son visage se tordit sous le choc.
-Je pensais que tu le savais. Je suis désolée que tu doives l’apprendre comme ça.
Le roi resta quelques secondes sans bouger, pétrifié. Son esprit était vide, incapable de formuler la moindre pensée. Sa vision devint floue, et des larmes silencieuses se mirent à couler sur son visage paralysé de douleur. Non, elle ne pouvait pas être morte. Pas maintenant, pas comme ça. Il eut soudain la nausée, la nouvelle le frappant comme un crochet à l’estomac ; s’il n’avait pas déjà été assis il se serait sûrement effondré sous le choc.
-Comment c’est arrivé ? Parvint-il à murmurer.
-On ne sait pas. C’est… Frisk qui l’a découvert, sur ce site. C’est Sans qui me l’a appris. Je pensais que tu étais au courant, que tu l’aurais senti vu comment vous étiez proches.
Asgore n’avait rien senti. Durant des années il n’avait rien senti du tout. Et désormais, il sentait comme pour dix mille vies. Le fait qu’il ait sombré dans une sorte de retraite mentale l’aurait-il empêché de ressentir la disparition de son âme sœur ?
Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus sentit son cœur battre à ses côtés cela dit.
Le roi se leva en titubant. Undyne sauta sur ses pieds pour le soutenir.
-E-excuse-moi. Je dois… Je dois… Je…
-Reste ici. Je te laisse, je comprends.
La femme poisson quitta la chambre, pleine de pitié pour son roi. Elle avait rarement vu Asgore perdre sa contenance, et elle savait que sa douleur devait être innommable pour que cela arrive. À force de l’aider à récolter les âmes humaines, Undyne avait appris que, dans ces moments, il préférait être seul. Peut-être était-ce pour mieux faire son deuil, peut-être pour conserver son honneur, mais elle respectait sa volonté. Elle-même n’aurait pas été mieux si on lui avait appris la mort d’Alphys. Elle compatissait.
Le roi s’effondra sur le lit, vidé de toute force et volonté. Il laissa sa tristesse s’écouler. Il n’avait que faire de l’image qu’il renvoyait en cet instant, la douleur était trop forte, obsédante. Il ne pouvait penser à rien d’autre.
Le visage de Toriel restait gravé dans son esprit. Les moments qu’ils avaient passé ensemble se rejouant dans son esprit comme un vieux film dans lequel on se réfugierait face à la réalité. Dans ses souvenirs, elle était encore là. Dans ses souvenirs, elle était encore pleine de vie. Elle parlait, elle riait, elle faisait toutes ces choses qui la rendaient si exceptionnelle.

Le roi ne ressortit qu’au dîner. Il avait réussi à se recomposer un petit peu, mais il irradiait clairement la souffrance. Tous autour de la table se doutaient bien de la raison de ce soudain repli, sauf peut-être Johanna qui n’était toujours pas au courant de la mort de Toriel. Undyne se dit qu’elle ferait bien de lui dire, mais pas maintenant. Elle le lui apprendrait à l’occasion.
À peine le repas fut-il terminé que le roi s’excusa de table. C’était les premiers mots qu’il prononçait de la soirée. Asgore alla s’effondrer sur le canapé, le regard perdu dans le vide.
Frisk était peinée de voir son père ainsi. Doublement même. Cela lui rappelait sa propre souffrance quand elle avait appris, et la douleur qui la prenait à chaque fois que le sujet était mentionné. Elle s’approcha du canapé tandis que les autres se retirèrent d’un accord tacite, comprenant qu’ils feraient mieux de les laisser seuls.
Elle s’assit simplement à ses côtés, sans rien dire. Le roi semblait à peine l’avoir remarqué, mais il passa néanmoins son bras autour de ses épaules lorsqu’elle se colla à lui. Asgore la serra contre lui, comme pour se souvenir qu’il avait encore quelque chose qui valait le coup dans ce monde. Brièvement, il admira la force de la petite fille qui était parvenue à surmonter la nouvelle. Peut-être que lui ne s’en remettrait jamais, comme il ne s’était jamais remis de la mort d’Asriel. La blessure cicatrisait avec le temps, mais il suffisait d’un rien pour en arracher les sutures.
-Tu sais, dit Frisk pour attirer son attention, maman serait fière de nous.
Asgore ne répondit rien.
-Elle serait fière de ce qu’on a fait. Elle voudrait qu’on continue d’aider des monstres. Elle dirait que c’est ce qu’il faut faire, aider les autres.
Frisk se tut un instant.
-Elle me manque tellement, souffla-t-elle la voix brisée. Je voudrais tellement l’entendre dire ça pour de vrai.
Le roi hocha la tête, des larmes embuant sa vision à lui aussi. Il éclaircit sa gorge nouée.
-Elle serait fière de toi, confirma Asgore. Elle te dirait de rester déterminée, de tout faire pour atteindre ton but.
Il déglutit.
-Moi aussi elle me manque. Le roi dû faire un effort pour ne pas finir sa phrase dans un sanglot. Il serra sa fille contre lui, s’imaginant Toriel en train de les regarder, pleine d’amour et de bienveillance.

Le père et sa fille restèrent là un moment, tentant de se soutenir l’un l’autre. C’était plus facile d’affronter cela à deux. Ils pouvaient s’épauler. Asgore aurait voulu épargner ce spectacle à sa fille, mais il s’accorda un peu d’égoïsme. Il avait besoin d’elle.
Ils ne furent séparés que par le retentissement de la sonnette. Ils sursautèrent comme s’ils avaient entendu une détonation ; qui cela pouvait-il bien être à cette heure ?
Le roi se leva, prenant un instant pour souffler et reprendre contenance. Les autres passèrent la tête dans l’encadrement des portes, alertés et rendus curieux par le bruit.
Sans plus de précautions, Asgore s’approcha de la porte. Il regarda par le judas mais ne vit rien d’autre que du noir. La lumière de dehors n’était même pas allumée. Alors qu’il tentait de mieux voir l’extérieur, un nouveau coup de sonnette le fit sursauter.
Le roi ouvrit la porte, et son sang ne fit qu’un tour. Il se retrouva nez à nez avec une silhouette encapuchonnée sortie tout droit des ombres. La vision le glaça, alors qu’il ne parvenait bien à déterminer où se trouvait la frontière entre l’être face à lui et l’horizon nocturne. Asgore fit un pas de recul, essayant de comprendre qui se trouvait face à lui.
Puis il le reconnut.
Le roi soupira de soulagement alors qu’un poids dont il n’avait pas conscience fut levé de ses épaules. Ce n’était rien d’autre qu’un fidèle monstre. Il ne connaissait pas son nom cela dit ; personne ne connaissait vraiment son nom. Les gens s’étaient simplement résignés à l'appeler l’homme de la rivière car c’était toujours là qu’ils le voyaient. La royauté faisait souvent appel à lui pour se déplacer sur le fleuve qui coulait sous terre, mais Asgore n’avait jamais vraiment su grand-chose sur lui ; le monstre était avare de paroles.
-Votre majesté, salua-t-il.
-Bonsoir, que faite vous là ?
-J’ai un message à vous transmettre.
Asgore le regarda avec une certaine méfiance. Un message ? Il essaya de se concentrer sur le cou du monstre, mais celui-ci était caché par la robe en bure. Ses instincts de protection se réveillèrent. Le vêtement rendait toute fouille visuelle caduque, mais d’un autre côté, si quelqu’un voulait attenter à sa vie, cela serait sûrement déjà fait.
-De quel message s’agit-il ?
Le monstre lui tendit un petit papier plié. Asgore s’en empara, l’ouvrant pour tomber nez à nez avec des caractères étranges. Il lui fallut quelques secondes pour reconnaître une des anciennes langues monstre, qu’il avait cessé de pratiquer en même temps qu’il avait cessé de consulter des précepteurs. Il tenta de déchiffrer ce qu’il s’y trouvait, mais ne comprenait que quelques mots épars. Cela lui était manifestement dirigé, mais il était question d’observation, de se rendre quelque part, d’un groupe ou en tout cas d’un “nous”.
-Hum… Dit-il, gêné. J’ai quelques difficultés à lire cette langue.
-Nous nous y attendions. Permettez-vous que je vous le lise à voix haute ?
-Allez-y, vous me seriez d’une grande aide.
Le monstre s’éclaircit la gorge en prenant le mot.
-”Chère majesté. Nous vous observons depuis un moment déjà. Nous souhaitions intervenir mais il semble que ceux qui vous sont proches nous aient devancés. Néanmoins, nous pensons que le moment est bon pour que vous nous rejoigniez. Suivez notre agent.”
Le roi resta silencieux quelque instant. Cela semblait tellement absurde. On aurait dit une missive d’un vieux film d’espionnage. Mais en même temps, si l’on voulait susciter l’attention, c’était le bon registre.
-De qui est-il question ? Demanda Asgore.
-Je suis envoyé par une organisation qui souhaiterait vous avoir en son sein.
-Quelle organisation ? Et qu’est-ce qui me dit que vous êtes de bonne foi ?
-Pas ici et pas maintenant. J’ai été chargé de procéder avec une discrétion totale. Néanmoins, nous avons jugé bon que j’emporte ceci. En gage de notre honnêteté.
Le monstre tendit à nouveau son poing, serré autour de quelque chose. Asgore tendit la main et l’autre y laissa tomber une petite pièce dorée. Un médaillon qui brillait malgré l’obscurité ambiante. Il portait l’emblème du royaume.
Asgore reconnut immédiatement l’objet en question. Une décoration décernée à ceux qui avaient servi la couronne au-delà de ce qu’exigeait le devoir. Très peu de monstres pouvaient se targuer de posséder cette sorte de légion d’honneur. Néanmoins, cela pouvait tout aussi bien être un faux qu’un vol.
Le roi retourna la pièce. Un nom était gravé au dos. Adalric.
Asgore se souvenait de lui. Le doute se faisait moindre ; le corbeau était intelligent, il s’en serait débarrassé plutôt que d’être capturé avec. Et puis, il n’aurait jamais révélé sa réelle signification. Il aurait prétendu que ce n’était qu’un bijou sans valeur.
Le roi regarda l’homme de la rivière d’un regard perplexe.
-Désolé, dit-il, j’ai une famille désormais.
-Ils sont également les bienvenus. Nous savons que vous êtes réunis avec la capitaine de la garde et l’humaine qui nous a libéré. Nous aimerions les compter dans nos rangs.
Cela changeait la donne. Asgore aurait pu prendre sa propre décision seul, mais désormais elle impliquait les autres. De toute évidence, ils devaient discuter de cela.
-Entrez, l’invita finalement le roi. Je crois que nous avons à discuter de nombreux sujets.
-Je le crois également votre majesté.
Les autres se tenaient dans le salon, rameutés par la curiosité. Sans et Undyne regardèrent le nouvel arrivant d’un œil méfiant tandis que Johanna était plutôt perplexe. Frisk reconnut le monstre mais ne dit rien ; il avait toujours été gentil avec elle, et elle était persuadée qu’il était de ces êtres qui en savaient plus sur ce monde qu’ils n’y laissaient paraître. Il était au-delà de la bonne ou mauvaise intention.
Asgore s’approcha de Johanna et lui demanda si le nouvel arrivant ne la dérangeait pas. Après tout, c’était sa maison. L’humaine répondit par la négative, et Asgore demanda donc à ce que tout le monde prenne place autour de la table à manger.

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Niveau 10
23 avril 2018 à 23:54:50

-Nous devons discuter de quelque chose d’important.
Le roi avait l’air grave. Ce n’était pas une décision à prendre à la légère. Et malgré l’opportunité qu’elle représentait, il n’était pas sûr que tout le monde puisse se mettre d'accord. Il se tourna vers le nouvel arrivant, lui signifiant que c’était à son tour de parler.
-Je viens de la part d’une organisation qui… souhaiterait vous voir la rejoindre.
-Quel genre d’organisation ? Demanda Undyne.
-Disons qu’elle fournit aux monstres quelque chose que ce monde a échoué à leur procurer.
Il y eut des hochements de tête entendus autour de la table.
-Nous savions que le roi avait rejoint votre… groupe, continua-t-il. Nous avons jugé que le moment était adéquat pour vous contacter.
-Vous voulez nous demander de venir avec vous j’imagine ? Fit Sans.
-En effet, cela serait une bonne nouvelle.
-Et pourquoi est-ce qu’on vous ferait confiance ? Continua le squelette.
-Il semble qu’il ait été envoyé par un vieil ami à moi, répondit Asgore.
-Et tu le crois ? Demanda Undyne.
-Je vois mal ceci tomber entre les mains de l’ennemi.
Le roi ouvrit le poing pour révéler l’enseigne d’honneur. La femme poisson la contempla avec révérence, repensant avec nostalgie à la sienne. Elle s’était vue obligée de s’en débarrasser quand il était devenu clair que sa liberté était en péril.
Sans regarda le monstre encapuchonné avec attention.
-Montrez-nous votre cou, dit-il.
Son interlocuteur s'exécuta. De ses mains fines il tira sur le col de sa robe, révélant un corps étrange dont la vue rappela à Frisk l’endroit où elle se réveillait quand son âme se brisait. Mais il n’y avait là à trouver qu’un sentiment de malaise. L’homme de la rivière laissa rapidement remonter son vêtement lorsque tout le monde pu s’assurer que rien n’entravait sa volonté.
L’atmosphère se détendit.
-Nous devons donc discuter de ce que nous comptons faire, dit le roi.
Les personnes autour de la table se regardèrent. L’opportunité de rejoindre la liberté était juste là, il n’y avait aucune raison pour Undyne, Sans et Asgore de refuser. Ils se tournèrent vers les deux humaines.
-Qu’en pensez-vous ? Leur demanda-t-il.
Frisk se tourna elle aussi vers sa tante. Elle avait bien compris que sa décision importait peu face à la sienne. Aurait-elle eut son mot à dire, ils seraient déjà partis.
Johanna sentit la pression de toutes ces paires d’yeux peser sur elle. Elle devait prendre une décision. Elle avait envie qu’ils retrouvent tous ce qui leur avait été volé, mais son côté rationnel lui hurlait de dire non. S’ils décidaient de partir, ils seraient définitivement recherchés et arrêtés. Elle ne savait pas en quoi consistait véritablement cette organisation, mais aucune entreprise honorable ne faisait affaire de nuit.
-Que se passera-t-il si nous acceptons ? L’interrogea-t-elle.
-Si vous rejoignez notre organisation, vous aurez un rôle important à jouer pour le futur des monstres. On mentionnera votre nom dans l’histoire comme l’humaine qui s’est dressée contre la tyrannie.
Définitivement, ce n’était pas quelque chose de légal.
-D’accord, mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour Frisk et moi ? Quid de son éducation ? Est-ce qu’elle pourra un jour regagner la société ? Est-ce qu’elle sera même en sécurité ? Il y aura forcément des gens qui se demanderont où nous serons passés.
-Nous pouvons vous assurer qu’elle recevra le meilleur enseignement possible. Vous pourrez déclarer que désormais elle reçoit un enseignement de la part d’un professeur particulier. Et nous pouvons garantir votre sécurité. Rien ne vous arrivera si vous venez avec nous.
-Mais je… Je ne peux pas. Je ne peux pas tout plaquer comme ça et rejoindre un… un groupe secret qui fait je ne sais quoi. Je veux bien que Frisk cherche à réunir ses anciens amis mais… C’est trop. Ce ne peut pas être bon pour elle ni pour moi.
-Madame Teyssot, vous devez comprendre. C’est pour le bien commun.
-Comment-?
-Nous savons beaucoup de choses sur vous. Nous avons recueilli des informations. Nous savons que vous êtes une femme raisonnable. Qui a horreur de ce qu’il se passe. Et nous espérions que vous vaudriez mieux que les autres humains qui s’indignent sans rien faire.
-Vous ne comprenez pas. Je veux que les monstres regagnent leur liberté. Mais, tout ça, c’est trop. Vous imaginez à quoi je serais condamnée si quelqu’un l’apprenait ? Ce qui arriverait à Frisk ?
-Vous ne serez pas arrêtée. Les héros doivent prendre des risques. Tous les leaders des plus grandes causes ont fait face aux mêmes menaces, mais ils n’ont pas pris peur. Ils n’ont pas abandonné face au danger. Pensez-y, voulez-vous être fière d’avoir participé à la libération d’une race entière, ou vous demander à chaque fois que vous verrez l’un des nôtres pourquoi vous n’avez pas saisis votre chance d’agir ? Vous pouvez faire une différence. Vous pouvez devenir responsable de quelque chose d’immense. Vous pouvez être inscrite dans les livres d’histoire, en héro, ou vous éteindre dans l'anonymat total.
Elle réfléchit un instant. C’était complètement insensé. Elle se tourna vers Frisk, les yeux désolés. Mais Johanna rencontra le regard plein d’espoir et de détermination de sa nièce. Son regard criait la volonté de se battre. Frisk lui en voudrait si elle refusait, mais elle devait montrer la voie raisonnable.
Et en même temps, cela semblait plausible. Tant que Frisk était déclarée comme recevant l’enseignement d’un tuteur et que les deux ne prenaient part à aucune activité en public, il n’y avait pas raison que qui que ce soit apprenne quelque chose. Elle pensa à toutes les bonnes âmes qui avaient protégé des êtres d’un pouvoir génocidaire, aujourd’hui et par le passé. C’était déjà ce qu’elle faisait quelque part. Mais il y avait une différence entre rester passif et devenir un membre actif.
-Tata, s’il te plaît. Tu dois accepter. C’est mon plus grand rêve. Ça fait des années que j’attends ce jour. Je dois les aider, je dois faire quelque chose pour qu’ils soient libres. Je ne peux pas juste rester à regarder alors que tout ça est à cause de moi. Ce ne serait que justice que je répare ce que j’ai causé.
-Ce n’est pas à cause de toi… Répondit Johanna, incapable d’opposer autre chose.
-Bien sûr que si. Si je n’étais pas tombée. Si je n’avais pas cherché à sortir. Si je ne les avais pas libérés. I-ils… Rien de tout ça ne serait arrivé.
-Frisk…
-Ça fait depuis que nous sommes sortis que je m’en veux, que je cherche à faire quelque chose. Et là, j’ai l’opportunité de tout rétablir comme il faut. Je ne peux pas laisser ça passer. Je ne peux pas. Je m’en voudrai toute ma vie si je ne fais rien.
Johanna soupira. Elle devait refuser, tout la poussait à refuser. C’était la chose logique à faire, c’était la chose prudente à faire, c’était la chose que tout le monde aurait fait.
Mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas juste demander à Frisk de souffrir pour le restant de ses jours parce qu’elle avait peur.
-D’accord… murmura-t-elle.
Elle était en train de faire quelque chose de terriblement stupide, elle s’en voudrait, mais elle trouverait un moyen de faire en sorte que ça se passe bien. Il y avait bien une solution.

La pression retomba d’un coup. Tout le monde se regarda, hochant la tête avec satisfaction. C’était la chose logique à faire que de partir avec le monstre. C’était la voie qui leur offrait les meilleures chances de survivre. C’était la voie qui leur offrait enfin une porte de sortie. Celle qui leur offrait un moyen d’échapper à cet enfer.

Une heure plus tard, tout le monde était prêt. Un peu comme quand ils étaient allés chercher Asgore, les membres de la maisonnée entassèrent leurs affaires dans différentes valises. Le monstre qui était venu les chercher les informa qu’ils disposaient de beaucoup de place. Tous les conteneurs de l’appartement furent donc mis à profit.
Frisk fit un dernier tour de sa chambre, prise d’un léger blues. C’était sûrement la dernière fois qu’elle venait ici. Au fil des ans la jeune fille s’était entichée de cette petite pièce entièrement à elle, et il était devenu impossible de poser les yeux sur le moindre recoin qui ne la représentait pas. Malheureusement elle dû laisser la majorité derrière elle, appliquant à contre cœur la règle des 5 ; tout ce qu’elle n’avait pas touché depuis les 5 derniers jours-semaines-mois restait là. La seule exception fut pour les deux albums photo qui prenaient la poussière au fond d’un tiroir, elle voulait les avoir avec elle.
Johanna se trouvait dans le même état vis à vis de l’entièreté de l’appartement. Elle l’avait acheté depuis un moment, et s’était battue pour qu’il soit enfin entièrement à elle. Et aujourd’hui, sur une décision aussi impulsive qu’insensée, l’humaine laissait tout ça derrière elle. Elle prit soin de recouvrir d’un drap la majorité des meubles, histoire de pouvoir retrouver un semblant d’ordre si elle revenait un jour ici, après tout ça.
Elle n’en revenait pas d’avoir accepté. Mais c’était trop tard pour changer d’avis, alors elle essayait de se convaincre que c’était pour le mieux, que ce n’était que temporaire. Johanna soupira en fermant la dernière porte, se demandant comment elle avait bien pu en arriver là. Elle défit avec mélancolie la trappe des services publics dans la buanderie, prenant soin de bien fermer l’eau, le gaz, et l’électricité ; ne manquerait plus qu’elle reçoive une facture exorbitante à son retour.
Les autres monstres avaient l’âme bien plus légère. Ils compatissaient pour les deux humaines, mais n’avaient pas vraiment eut le temps de former un quelconque attachement avec l’endroit. Au contraire, c’était un soulagement de rejoindre un lieu où ils pourraient être libres.
L’homme de la rivière leur fit signe de se hâter malgré l’obscurité de la nuit. C’était la nouvelle lune ; probablement pas une coïncidence. Ils avaient réussi à s’organiser pour ne faire qu’un seul voyage, et Johanna ressentit la même sensation de flottement que lors d’un départ en vacances matinal en verrouillant la porte à double tour. Seulement, ces vacances-ci seraient à durée indéterminée.
Ils arrivèrent à proximité d’un camion aux allures lambda. Deux monstres sortirent de la cabine du chauffeur pour les aider à charger ce qu’ils portaient. L’aspect intérieur était totalement différent de celui extérieur. La remorque était aménagée, cloisonnée et chargée d’appareils en tout genre. Ils rentrèrent tous, disposant d’une place relativement suffisante. Deux autres monstres les attendaient à l’intérieur, et ils parurent heureux de les voir arriver.
-Cela nous fait très plaisir de voir que vous avez répondu à notre invitation, dit l’un d’eux.
-Nous sommes honorés d’avoir été choisis, répondit le roi avec diplomatie.
Son interlocuteur lui répondit, mais sa voix semblait soudain lointaine. Asgore sentit un léger picotement dans le cou alors que le monde vacillait. Il tenta de se rattraper mais ses membres semblaient soudain peser une tonne, et une chape de plomb s'abattit immédiatement sur son esprit. Le roi s’effondra avant de comprendre ce qu’il venait de lui arriver.
Deux autres thomp sourds se firent entendre alors que le squelette et la guerrière le rejoignirent au sol.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
23 avril 2018 à 23:55:22

Frisk laissa échapper un cri de surprise.
-Ne vous en faites pas. Ils vont bien. Nous les avons juste endormis pour procéder à la suite des opérations, dit rapidement le monstre qui était venu chez eux.
Johanna et Frisk le regardèrent, choquée. Elles se sentirent soudain prise au piège, ne sachant comment réagir.
-Nous voulons neutraliser leurs colliers. Mais pour ça ils ne doivent pas être conscients, sinon ils se débattraient.
Les deux humaines continuèrent de le fixer, toujours perturbée. Il secoua la tête et fit signe aux chauffeurs de se mettre en route.
-Pas le temps de vous expliquer, nous devons nous dépêcher.
Les trois monstres jetèrent leur seringue dans une poubelle et se mirent au travail. Ils sortirent trois brancards et emmenèrent les monstres dans la pièce adjacente. Frisk et Johanna essayèrent de les suivre, ne comptant pas les laisser embarquer leur proche comme ça. Le monstre encapuchonné leur barra la route, mais il sembla hésiter un instant. Il se résigna finalement, se disant que si elles étaient spectatrices, elles leur feraient peut-être plus confiance.

La pièce de derrière ressemblait davantage à un bloc opératoire qu’à un conteneur de 33-tonnes. Ils mirent tout d’abord Asgore sur la table centrale, allongé sur le dos sous les puissants projecteurs. Les monstres lui enlevèrent ses vêtements jusqu’à la taille, le laissant torse nu pour accéder facilement à son cou. Ils se mirent immédiatement au travail.
Avec beaucoup de coordination, ils manipulèrent collier et instrument pour mener leur fin à bien. Ils passèrent tout d’abord une sorte de scanner autour de la zone, jusqu’à localiser ce qu’ils cherchaient. L’un d’entre eux pratiqua une petite incision dont il extirpa une minuscule puce à l’aide de fines pincettes. Étrangement, la blessure ne saignait pas. À la place s’écoulait un mince filet de poussière, comme du sable. Frisk se demanda comment fonctionnait l’anatomie des monstres ; elle en avait clairement vu certains saigner pourtant.
Tout en prenant garde à ne pas éloigner la puce du cou d’Asgore, le monstre l’imbriqua dans un compartiment prévu pour à l’intérieur d’un collier encore plus grand que l’un des assistants lui avait tendu. Il s’assura de la fixation avant de refermer un clapet par-dessus. Puis ils entourèrent l’anneau autour du petit collier, le bloquant totalement du monde extérieur.
L’ouverture qu’ils avaient pratiquée était déjà refermée, et désormais à la place d’une bande de cuir autour du cou c’était un cerceau d’acier qu’Asgore portait. Les monstres le déplacèrent ensuite plus loin dans la pièce, sur une sorte de lit improvisé.
Ils passèrent ensuite à Undyne, puis à Sans, pratiquant la même opération. Ils durent utiliser un autre outil pour extirper la puce du squelette, mais le processus resta identique.
Les monstres se félicitèrent finalement en ramenant les trois libérés dans la pièce d’où ils venaient. Contrairement à l’usage, ils ne les attachèrent pas, se disant que Frisk et Johanna seraient capables de leur expliquer la situation à leur réveil.
-Et voilà, ils sont libres à nouveau, dit finalement l’homme de la rivière aux deux humaines qui semblaient s’être calmées. Elles n’étaient pas sûres de ce qu’elles devaient penser de la situation, mais ce qu’elles avaient perçu comme une menace n’en était finalement pas une. Elles se calmèrent donc légèrement.

Asgore se réveilla la bouche pâteuse et pris d’un léger mal de crâne. Il se redressa avec un grognement pour essayer de comprendre où il se trouvait, mais avant même qu’il ne puisse s’asseoir Frisk était déjà à son chevet. Il lui fallut quelques secondes pour que ses pensées embrayent sur ses souvenirs les plus récents, suite à quoi il regarda partout autour de lui, perturbé.
-Calme-toi papa, tout va bien.
Il se détendit un petit peu, mais essayait toujours de comprendre ce qu’il s’était passé.
-Ils ont dû t’endormir pour te poser un nouveau collier. Ils ont dit que ça empêchait l’ancien de fonctionner.
Par réflexe, le roi porta ses mains à son cou. À la place du cuir habituel il trouve un anneau métallique plus épais. Asgore le palpa pour essayer de se faire une idée de ce à quoi il ressemblait. Frisk lui tendit un miroir qu’il prit volontiers.
Il s’examina sous toutes les coutures, mais le nouvel appareil n’était pas aussi disproportionné qu’il l’avait cru au toucher. Il lui faudrait certes un temps d’adaptation, mais il se doutait qu’il finirait par ne même plus le sentir.
Frisk lui expliqua l’opération dans les grandes lignes, n’ayant ni l’envie ni la compétence d’expliquer le détail. Elle trouvait ça surprenant qu’il soit si facile de désactiver les colliers. Mais en même temps, ils avaient disposé de plusieurs années pour mettre au point un système capable de les contrer.

Quelques dizaines de minutes plus tard, tout le monde était réveillé et avait pleinement reprit conscience. Le monstre qui les avait amenés là fut accueilli avec une certaine hostilité, mais il leur expliqua les raisons qui les avaient poussés à agir ainsi. Asgore, Sans et Undyne hochèrent la tête en grommelant, avant que le sujet ne change rapidement. Le monstre en bure disparut quelques instants et revint avec trois planches en bois qu’il tendit à chaque monstre.
-Voyons si l’opération a fonctionné. Imaginez que cette planche est tout ce que vous avez de plus cher, leur dit-il. C’est l’incarnation de tout ce que vous aimez, elle canalise tout ce qui vous pousse à vous battre, toute les choses pour lesquelles vous préféreriez mourir plutôt que perdre.
Sans n’eut pas besoin de beaucoup d’effort pour ce travail d’imagination. Cela était douloureux, mais il fit comme on lui demanda.
Undyne sentit une infime pointe de détermination couler en elle quand elle se concentra sur son peuple, sur sa bien-aimée, sur son devoir de justice.
Asgore repensa à sa femme dont il n’avait pu faire le deuil, interrompu par les évènements qu’ils étaient en train de vivre. Il se sentit coupable d’avoir été si facilement distrait. Il pensa également à ses semblables, à sa fille, à la liberté qu’il avait promise à tous.
-Vous l’avez ? Bien.
Il se tourna vers Johanna, mais ne s’adressa pas directement à elle.
-Vous auriez horreur d’être forcés de la briser, n’est-ce pas ? Ce serait comment briser vos rêves, briser ce en quoi vous croyez, briser ceux que vous aimez.
Il fit une pause, théâtrale.
-Madame Teyssot, ordonnez leur de la briser en deux.
-Pardon ?
-Dites-leur de réduire cette planche en miettes.
Elle hésita un instant, une pause perplexe s’installant sur le groupe. Elle ne leur avait jamais donné d’ordres, elle s’était promis de ne pas le faire. Mais en même temps, ils étaient normalement libérés, et ce n’était pas non plus un ordre si contraignant.
Du côté des monstres, le travail d’imagination prenait effet. C’était ridicule mais ils ne tenaient pas particulièrement à se voir obligés de casser les bouts de bois.
-Erm, brisez vos planches, dit-elle finalement.
-Plus de conviction, répondit le monstre encapuchonné.
-Brisez vos planches.
-Encore.
-Brisez vos planches !
Il y eut un silence expectatif. Chacun attendait avec tension que quelque chose ne se produise, mais rien. Les monstres ne ressentaient même pas la moindre pression à effectuer l’acte. Ils ne ressentaient pas la sensation trop familière. En temps normal, ils auraient été incapable de résister, ils ne le savaient que trop bien.
-Parfait, dit finalement le monstre encapuchonné, signalant que l’expérience prenait fin. Ils se détendirent en réalisant à quel point tous s’étaient crispés durant la minute qu’avait duré l’attente.
Et puis ils explosèrent de joie.
Ils étaient libres ! Débarrassés de l’épée de Damoclès qui les maintenaient dans l’ombre depuis des années ! Le collier n’avait plus d’emprise sur eux, plus aucune. Les ordres leur passaient au-dessus de la tête sans qu’ils n’en aient rien à faire. Leur libre arbitre leur était enfin rendu !
C’était si bon de sentir ce poids s’évanouir. C’était si bon de retrouver véritablement le pouvoir de la liberté. C’était indescriptible, impossible à comprendre pour qui ne l’avait pas vécu. C’était comme boire le plus délicieux nectar après des semaines dans le désert. C’était comme sentir la chaleur d’un feu après des nuits dans le blizzard. Ils voyaient enfin la lumière au bout du tunnel.

Au même instant, le véhicule s’immobilisa. Ils prirent conscience du bruit à l’extérieur alors qu’ils tentaient de voir si quelqu’un allait venir leur ouvrir. Finalement, ils entendirent le métal du verrou racler contre la porte et virent le battant se fendre en deux, laissant entrer le jour artificiel. Il leur fallut quelques instants pour s’adapter à la forte luminosité depuis les entrailles faiblement éclairées du camion.
Ils furent subjugués par ce qu’ils virent. Devant eux vadrouillaient des dizaines de monstres sans un seul humain en vue. Certains portaient un anneau comme le leur, d‘autre arboraient fièrement leur nuque dégagée. L’endroit grouillait d’activité, et pour la première fois, ils sentirent une bouffée d’espoir les prendre à la gorge, leur donnant presque envie de pleurer. Ils descendirent lentement du camion, s’oubliant dans la contemplation des lieux. Pas une seule seconde ils ne regrettèrent leur décision.
Frisk était réfugiée dans les jambes d’Asgore qui était heureux de vivre cela accompagné par sa fille. Johanna, elle, se tenait un peu en retrait. Elle aussi avait remarqué qu’il n’y avait aucun humain, et elle se sentit soudain isolée, comme si elle faisait tâche, comme si elle n’était pas la bienvenue.
Quelques monstres de la foule réalisèrent qui venait de descendre du camion. Rares étaient ceux qui avaient oublié leur roi et la rumeur se répandit comme une traînée de poudre. Bientôt tous s’agglutinèrent dans un brouhaha d’allégresse phénoménal. L’assemblée ne cessait de grossir, les monstres déboulant des ouvertures dans les murs.
Asgore regardait l’attroupement avec joie et fierté. Il était fier de voir que son peuple avait su s’organiser et s’opposer à l'oppresseur. La lumière d’un projecteur l’aveugla, le forçant à cligner des yeux.
Il les rouvrit face à un désert silencieux de mort et de désolation. L’assemblée s’était évanouie, laissant le hangar emplit de sang imbibé de poussière. Le roi piétinait dans cette boue macabre, le trident pulsant dans les mains et le collier assoiffé de sang le poussant à avancer pour les assassiner absolument tous.
La vision disparut aussi brusquement, le laissant chancelant sous les acclamations. Son visage se durcit. Ce n’était pas la réalité. Tout allait bien. Ils allaient tous bien. Asgore ferma les yeux un instant, se concentrant sur le moment présent, apposant un nouveau sourire sur son visage, et reprenant sa parade parmi les siens.
Undyne crut reconnaître un visage reptilien dans la foule, mais un battement de cils plus tard celui-ci avait disparu. Elle secoua la tête, elle devait se faire des idées.
Quelque part parmi les admirateurs, un lion et une louve se tenaient la main, exaltés de voir que leur roi avait été lui aussi sauvé. Ils reconnurent aussi la capitaine de la garde et l’enfant qui les avait libérés. Le couple remarqua également une humaine dans l'entrebâillement du camion. Ils s’en étonnèrent mais se dirent qu’elle devait être digne de confiance. Après tout, elle leur ramenait leur roi.
Soudain, la foule se scinda en deux. Une sorte de haie d’honneur se forma autour de celui qu’Asgore reconnu immédiatement. Il s’approcha de lui, serrant son avant-bras tendu dans une poigne fraternelle, avant que le corbeau ne recule pour mieux apprécier le groupe des arrivants. Le brouhaha mourut, tous voulaient entendre ce qui allait se dire.
-Bienvenue dans la résistance mes frères ! Cria-t-il avec joie sous les acclamations de la foule.

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
25 avril 2018 à 22:24:17

Hâte que Alphys et Undyne se retrouve.

SheogorathEV2 SheogorathEV2
MP
Niveau 14
26 avril 2018 à 00:53:50

[22:24:17] <Orion-Is-Back>
Hâte que Alphys et Undyne se retrouve.

[[sticker:p/1ljp]]
JeanSaucissou JeanSaucissou
MP
Niveau 7
26 avril 2018 à 09:02:27

Moi j'espère surtout que Alphys est morte, ou alors qu'elle va crever plus tard dans l'histoire.
L'auteur troll pas mal, et le reptile à la peau jaune c'est peut être pas elle.
Les fausses pistes c'est monnaie courant depuis le début de la fic. :hap:

Clitoriel Clitoriel
MP
Niveau 7
26 avril 2018 à 22:14:38

Si Undyne et Alphys se retrouve, il va forcément arrivé un truc à l'une des deux.
Maintenant reste a savoir laquel va mourrir en premier dans d'atroce souffrance :)

JeanSaucissou JeanSaucissou
MP
Niveau 7
27 avril 2018 à 12:31:36

Le 26 avril 2018 à 23:28:10 Zack58 a écrit :
JeanSaucissou, ta gueule, tu vas lui donner des idées... :peur:

Tue pas Alphys, Eros, wesh ! :fou:

En même temps, t'as cru que c'était le monde des bisounours cette fic ? Y'a pas grand monde qui en ressortira vivant à la fin, et que y'a pas Undyne ou/et Alphys qui claquent, ça m'étonnerais quand même beaucoup.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
04 mai 2018 à 16:30:30

Haha ça me fait plaisir de voir tous vos commentaires. Je me ferais une joie d'y répondre mais malheureusement je ne peux pas. Alors je vais juste me gausser en lisant vos théories.

JamesTheLemmon JamesTheLemmon
MP
Niveau 6
04 mai 2018 à 17:26:00

Excellent chapitre, hâte de voir la suite.

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
17 mai 2018 à 14:29:50

Je passe pour dire que c'est pas un nouveau chapitre !

  • s'enfuit à toutes vitesses*
Karma251 Karma251
MP
Niveau 2
17 mai 2018 à 16:50:10

Ce faux espoir quand j'ai vu la fic en haut de la liste :hum:

SheogorathEV2 SheogorathEV2
MP
Niveau 14
17 mai 2018 à 20:49:11

Albatar

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
17 mai 2018 à 23:29:25

Cela dit la prédiction n'était pas mauvaise, étant donné qu'il y a un nouveau chapitre aujourd'hui ( ͡° ͜ʖ ͡°) J'espère juste que certains ne manqueront pas de le voir étant donné que le up sera assez faible.

Chapitre 22 :

Le soleil se levait doucement sur la petite banlieue endormie. John, les yeux encore à moitié fermés, pesta contre son réveil qui venait de le sortir du doux rêve dans lequel il était plongé. L’homme se leva lentement pour ne pas réveiller sa femme encore assoupie à ses côtés, et marcha jusqu’à la salle de bain quelques mètres plus loin.
Il sauta sous la douche, laissant l’eau froide le réveiller entièrement. Puis il contempla ses rides naissantes dans le miroir alors qu’il accomplissait son rasage quotidien. Les poils dans l’évier n’étaient plus aussi noirs qu’avant, et ses cheveux commençaient déjà à virer poivre et sel.
John soupira. Il passa un costume, comme tous les jours depuis vingt ans, et alla se faire un café. Ça faisait bien longtemps que la boisson n’avait plus d’effet sur lui, mais mieux valait ce placebo que rien du tout. La machine faisait du bruit, et il tendit l’oreille pour s’assurer qu’il ne venait pas de réveiller ses enfants à l’étage.
Le plancher craqua sous ses pieds alors qu’il alla s’emparer de ses chaussures. John se débattit avec les lacets puis avec son manteau. Il finit sa tasse, la déposa dans l’évier, et regarda sa montre. 6h44. Il était à l’heure.
L’homme ouvrit la porte de son petit pavillon et s’extirpa à l’extérieur malgré le vent froid qui vint battre ses joues découvertes. Ses doigts déjà gelés s’activèrent sur la serrure de l’entrée, puis sur celle du portail. La lourde porte d’acier noir coulissa dans un bruit grave, et il fut accueilli dans la rue par la lumière naissante du soleil et le gyrophare d’un camion poubelle.
Il ne salua pas les éboueurs ; il avait perdu cette habitude il y a bien longtemps, quand ils avaient tous étés remplacés par ces foutus monstres. L’apparition de ces créatures avait vraiment favorisé la création d’emplois… Et après, tout le monde se plaignait que le chômage atteignait des taux record.
John se hâta de sauter dans sa voiture pour s’en aller avant que le camion ne lui barre la route ; il n’avait aucune envie de commencer la journée bloqué derrière les éboueurs. L’homme démarra en trombe et s’engagea dans les rues vidées par la nuit. L’avantage de partir aussi tôt, c’est qu’il évitait aussi les bouchons.
Finalement, John se gara sur le grand parking de la gare. Pour se rendre dans le centre-ville, le plus pratique était encore de prendre les transports : les axes routiers étaient toujours pleins, peu importe l’heure. Il s’était toujours étonné de cette propriété, mais avait fini par se résigner.
Alors qu’au contraire, sur le quai, il n’y avait pas grand monde. John avait badgé son pass et attendait l’arrivée du train, accompagné par le vent et une dizaine d’autres noctambules. Comme l’avait toujours répété son grand père, le monde appartenait à ceux qui se levaient tôt. John avait du mal à comprendre à quel monde il avait droit, mais il avait cessé de chercher un sens à la sagesse commune.
Le train de sept heures arriva finalement. 7h08, à l’heure comme d’habitude. L’homme s’assit sur les banquettes trop dures, reposant sa tête sur la paroi du wagon. Il avait envie de dormir, mais le crissement des roues en métal lui vrillait les tympans, le privant de tout repos. Alors il se contentait de regarder le soleil levant au travers des vitres sales, observant les pavillons laisser place aux immeubles, puis aux buildings.
Sur le trajet, le train croisa une zone en travaux. Heureusement, ceux-ci n’avaient pas occasionné de retards. Mais, à défaut de déranger le trafic, ils dérangeaient ses yeux : ce n’étaient plus des cheminots qui s’activaient sur les allées de fer mais des monstres en gilet orange, des créatures déguisées en ouvriers du rail. Il se serait bien épargné ce spectacle de bon matin après celui des éboueurs. Décidément, ces nuisibles étaient partout.
John détourna les yeux. Il préférait encore voir les sièges éventrés face à lui que la scène déjà loin derrière lui. L’homme prit un instant pour réfléchir à sa réaction, il n’était pourtant pas raciste… Il n’aurait eu aucun problème si des noirs ou des arabes s’étaient retrouvés sur les voies. Mais des monstres, c’était trop. Ils étaient sous terre pour une bonne raison, et auraient dû y rester.
Le train s’immobilisa au premier arrêt, encore cinq avant d’être arrivé. Et encore, il avait eu de la chance : il avait pris un direct ! Quelques passagers montèrent, on était encore loin du rush de 8h. Soudain, horreur ! Une des créatures embarqua dans le wagon. Il était accompagné d’une gamine d’à peine quinze ans. Qui pourrait bien être assez fou pour laisser la garde de son enfant à un monstre ? Il les regarda approcher avec épouvante et, comble du cauchemar, s’asseoir en face de lui. Là, à un mètre, sur la banquette, un monstre. John détailla l’animal comme on le ferait d’un lion menaçant, non sans témoigner ostensiblement de l’affront que constituait sa présence. Finalement, il n’y tint plus. Il préférait encore attendre debout. Depuis quand les monstres avaient le droit de prendre les transports comme eux ?

La pollution acre le frappa de plein fouet lorsqu’il quitta l’odeur sulfureuse du métro. Les escaliers le firent déboucher sur une des artères principales, et il se laissa happer par la foule. 7h50, il avait encore dix minutes. Dans la marée humaine John ne remarquait rien à ce qu’il se passait autour de lui. Seuls les flèches des buildings étaient visibles à l’horizon, notamment celle de la tour Copperheinmer, son point de repère depuis des années. Il bifurqua sur la gauche une fois arrivé au pied de celle-ci, et se laissa un peu plus porter par le courant. Sa vue l’avait quittée mais ses autres sens se débattaient encore dans les miasmes urbains : dès le matin les odeurs de graillon lui harcelaient les narines, les hurlements des voitures et de la foule l’assourdissaient et l’air lourd lui collait à la peau. Finalement, il s’arracha à la foule pour entrer dans un hall tout en grandeur, bienheureux de pouvoir échapper à ces marécages qui menaçaient de l’engloutir.
Mais sa joie fut de courte durée. En lui arrachant les yeux, la ville lui avait aussi épargné les spectacles semblables à celui qui l’attendait derrière les piliers de l’entrée. Comme chaque matin, John ravala sa fierté et se présenta à l'accueil. La réceptionniste posa ses pattes félines sur son badge, John aurait d’ailleurs juré qu’elle en profitait pour déposer tout plein de ses sales poils dessus, et approcha la carte d’un petit lecteur sur son bureau. La machine clignota d’une petite lumière verte et le portique sur le côté s’ouvrit. Sans écouter la formule de politesse automatique ni demander son reste, John arracha le badge et s’empressa d’atteindre les ascenseurs. Quinzième étage, ding dong, 7h59.
L’horloge sonna huit heures au moment où il s’assit à son bureau. L’humain commença par lire ses mails. Rien de bien nouveau à traiter, et en une demi-heure il eut terminé. John faisait un travail somme toute classique. Quelque chose en rapport avec la finance, ou du moins c’est ce qu’il expliquait quand on lui demandait de quoi il était question. Lui-même ne savait pas trop à quoi il servait ; trop petit rouage pour voir la machine dans son ensemble, il était un employé de bureau comme des milliers d’autres, condamné à une liste de tâches assommantes de répétition. Cliquer ici, taper ça, photocopier ceci, envoyer cela. Un travail qui n’existait que parce qu'il n’y avait aucune machine assez intelligent pour le remplacer. Mais cela ne saurait tarder. Et puis, les humains avaient désormais à leur disposition des robots organiques aussi adaptables que les employés…
Vers 10h, il prit une pause. John discuta de la pluie et du beau temps avec quelques collègues à la machine à café ; des mannequins de cire. Autant parler à un épouvantail, il en aurait appris davantage à son sujet. En dix ans, il ne savait guère plus que les noms de tous ces gens avec qui il partageait, sinon des conversations, un café.
Alors qu’il parlait pour la centième fois en une semaine des grèves incessantes du service public, Stéphanie se joignit à leur groupe pour prendre quelque chose à boire. Elle se débattit quelques instants avec la machine, tentant d’insérer ses pièces dans la fente, avant de se saisir du gobelet fumant. Elle travaillait ici depuis quelques années, et avait mis un peu de temps à s’intégrer, mais finalement on avait fini par l’accepter. Toutefois, elle se tenait en retrait de la discussion, n’osant donner son avis à ce sujet.
John la regarda d’un air neutre. Il avait appris à la tolérer au fil des ans malgré ses plumes et son regard de rapace.
Au début, il avait participé aux commérages, apprenant d’ailleurs que sa présence était due à une expérience de la direction pour voir la productivité des monstres. Il l’avait détestée. Il avait cessé de prendre des pauses en même temps qu’elle ; apparemment elle y avait malgré tout droit car cela la faisait travailler plus efficacement. Il lui aurait appris à travailler efficacement.
Et puis il avait été forcé de travailler avec elle sur un dossier. John avait pesté, il s’était plaint auprès de son manager, il était allé au travail à reculons. Mais enfin, il avait bien été obligé de boucler ça... Et le plus vite serait le mieux, s’était-il dit.
Au final, elle l’avait devancée. Il s’était attendu à devoir travailler avec un poids, mais en réalité c’était elle qui tirait le dossier vers l’avant. Leurs communications s’étaient cantonnées au stricte nécessaire, mais il avait fini par réaliser qu’elle n’était pas méchante, et qu’étrangement elle était bien plus motivée qu’eux tous réunis.
John n’avait pas cherché à savoir pourquoi. S’il l’avait questionnée, il aurait appris qu’elle se donnait à fond car elle savait qu’au moindre signe de faiblesse, elle serait rabaissée à un travail bien pire que celui qu’on exigeait d’elle actuellement. Elle avait gagné sa tranquillité dans un bureau, et comptait bien y rester.
Mais il n’avait que faire des motivations d’une de ces créatures.
Finalement, il n’aurait jamais cru dire ça, mais elle avait gagné un simili de respect. Alors il la tolérait dans la même pièce que lui, bien qu’il n’aille pas lui parler comme certains de ses collègues le faisaient. Il avait cessé de dire du mal d’elle et de la regarder avec dédain, pour adopter un mutisme constant en sa présence ; ni bien, ni mal, juste de l'indifférence totale.
Mais enfin, c’était bien une exception. On voyait bien qui prenait leur travail, et qui faisait les agressions ; les pages faits divers étaient remplies d’histoire impliquant ces créatures. John n’était pas dupe : peut-être qu’ils étaient tombés sur la moins pire, mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait se laisser berner par le reste.

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