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Sujet : [Fic] Slavetale

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erosdog erosdog
MP
Niveau 10
11 février 2018 à 21:40:40

Le roi s’approchait toujours, fermant l’espace entre lui et l’humaine. Frisk s’éloignait en boitant le plus vite possible, mais ce n’était pas suffisant. Le roi arriva à portée, leva son trident, et frappa dans un cri de rage et de désespoir contre lui-même.
Mais encore une fois, une lance se dressa pour protéger Frisk. Asgore frappa à nouveau, et une nouvelle pointe sortit du sol, et encore une après cela. Le roi s’obstinait à frapper, mais les coups étaient sans arrêt bloqués par les armes d’Undyne.
-Stop ! Cria soudainement une voix puissante et autoritaire à l’autre bout du terrain, abattant le silence sur l’arène. Je ne te laisserai pas la blesser davantage. Si tu veux la tuer, tu devras d’abord me passer sur le corps !
-Undyne ? Firent Asgore et Frisk à l'unisson, surpris et soulagés. Derrière eux, à quelques dizaines de mètres, se tenait la guerrière entièrement vêtue de son armure d’onyx. Malheureusement, le répit fut de courte durée car le roi, toujours sous l’emprise de la machine, continuait ses coups incessants.
Cette fois, ce fut un os qui s'érigea du sol pour s’interposer entre le trident et Frisk. Le squelette se matérialisa à côté de la femme poisson.
-Elle a raison, tu sais. Fit-il. C’est dommage d’avoir à employer la violence contre un bon roi comme toi.
-Sans ! Undyne ! Pourquoi est-ce que vous êtes ici vous aussi ? Prenez Frisk et allez-vous-en ! Ce n’est pas sûr ici.
-Négatif. Rétorqua la femme poisson en se rapprochant rapidement. On est pas venus ici pour rien, et on ne repartira pas les mains vides.
-Partez ! Vociféra Asgore. Je ne veux pas avoir votre sang sur les mains ! Beaucoup trop de monstres ont péri ici par ma faute, je ne veux pas que vous en fassiez partie !
-T’as toujours été beaucoup trop sur les sentiments. Répondit Sans. Fait comme moi, arrête de te soucier de quoi que ce soit.
Le squelette se téléporta devant le roi avant de lui asséner un crochet en plein visage qui fit reculer le géant. Rien de personnel, commenta Sans. On a fait une promesse à la gamine, et j’ai horreur de ne pas tenir ma parole.
-Comment ça ? Fit le roi en lançant un trait de flammes sur Sans qui se téléporta pour esquiver. Qu’est-ce que vous voulez dire ?
-On lui a promis de te sauver. Répondit le monstre.
-Et pour ça, on doit te vaincre. Ajouta la femme poisson qui était arrivée par derrière en donnant un coup du plat de sa lance dans le casque d’Asgore. Évidemment, ils ne cherchaient pas à le tuer, mais juste à l’affaiblir suffisamment pour être déclarés vainqueur.
-Vous devez quoi ? Demanda le roi, incrédule.
-On a négocié avec ton maître, expliqua Frisk. Si on parvient à te battre, il te libérera. Tu pourras venir avec nous !
-Mais… vous êtes fous. Rétorqua Asgore.
-Peut-être, fit Sans en haussant les épaules. Tu sais ce qu’on dit, faut s’adapter au monde dans lequel on vit.
Deux os sortirent du sol et vinrent percuter la poitrine du roi. Leur bout rond ricocha contre le métal, mais l’impact était suffisant pour faire tituber le monstre qui se retourna en essayant d’empaler Undyne juste derrière lui. La guerrière bloqua le coup avec sa lance, s’engageant dans un bras de fer contre le roi. Finalement, surpassée par les capacités physiques de son adversaire, elle relâcha la pression et laissa l’arme d’Asgore glisser contre sa lance, l’orientant de façon à ce qu’elle vienne se planter dans le sol. Asgore se laissa avoir. Les pointes s’enfoncèrent dans le sable, et il dû se résigner à abandonner le trident. Il se retourna afin faire face à Undyne l’ayant contourné, pour se retrouver nez à nez avec deux lances fonçant vers lui qu’il esquiva à la dernière seconde. Tendant le bras, le roi se concentra pour invoquer une autre arme, se lançant dans une série d’attaques à l’encontre de la femme poisson. Celle-ci esquiva de bonds en arrière, avant que la progression d’Asgore ne soit bloquée par un mur d’os sortant du sol. Le géant d’acier se retourna pour faire face au squelette, qu’il mitrailla de vagues embrasées ininterrompues. Cependant, aucune n’approcha suffisamment Sans pour être un réel danger, le squelette ayant toujours le temps de se téléporter hors de portée.
Undyne profita de la diversion pour sauter sur son roi, enfonçant avec force sa lame dans la jointure entre le plastron et le bras d’Asgore. Celui-ci poussa un rugissement de douleur en se retournant brusquement, envoyant la guerrière valdinguer sur le sol. Il se jeta sur elle, arme en avant, et Undyne ne parvint à esquiver que grâce à l’intervention de Sans, qui concentra sa magie pour entourer Asgore d’une aura bleutée, et le projeter au sol. Le roi se releva difficilement, comme s’il pesait soudain dix fois son poids. Mais cela ne l’empêcha pas d’attaquer à nouveau, enchaînant coups de trident et boules de feu.
Dans l’ensemble, Undyne parvenait à bloquer l’arme du roi. Mais les flammes venaient le plus souvent roussir son armure, chauffant le métal au-delà de ce qui était confortable. La guerrière se vit obligée de reculer pour éviter de cuire sur place. Pendant ce temps, Sans attira l’attention du roi sur lui, envoyant une multitude de projectiles s’écraser dans le dos d’Asgore. Il n’osait invoquer ses blasters de peur de causer trop de dégâts au roi, il aurait été dommage de vraiment le tuer, alors il se contentait de faibles attaques. Asgore se retourna brusquement, lançant son trident avec une puissance démesurée en direction du squelette. Celui-ci put remercier ses réflexes qui le téléportèrent à quelques mètres de là, évitant de peu l’attaque.
La femme poisson revint au combat, générant une multitude de lances autour du roi qui tentèrent de l’empaler. Asgore parvint à échapper à la plupart d’entre elles, mais quelques-unes se fichèrent dans son armure, frottant douloureusement contre sa peau.
Le combat continua ainsi durant de longues minutes, mais Asgore se retrouvait submergé sous les assauts combinés de Sans et Undyne. Les lances et les os s’accumulèrent rapidement dans son armure, qui ne ressembla bientôt plus qu’à un tas de métal difforme. Finalement, le roi tenta une dernière percée avant de s’effondrer, posant un genou à terre. Il tenta de se relever, mais il s’en voyait incapable, son corps dans l’impossibilité fournir un plus grand effort.
Les trois autres combattants s’approchèrent doucement, ne sachant comment réagir. Asgore ne disait mot, haletant au sol. Frisk se remémora leurs combats sous terre, qui se finissaient toujours de cette même façon. À chaque fois, comme un évènement gravé dans la pierre du destin, Flowey faisait son apparition en achevant le roi. Mais ici, nulle plante cauchemardesque n’était à signaler. L’humaine se demanda alors qu’est-ce qui pourrait bien advenir.
-Regardez, son collier. Fit Sans en pointant l’objet du doigt. La jeune fille était trop loin pour bien voir, mais en s’approchant elle put distinguer l’écran plus clairement. À l’endroit où se trouvaient affichés les points de vie siégeait un simple 1. La vie d’Asgore ne tenait qu’à un fil, il ne suffirait que d’une attaque, d’un simple coup, pour y mettre fin, et assister à la chute du roi. Nulle surprise alors qu’il se voyait incapable de combattre. Il ne restait plus une once d’énergie dans son corps, juste assez pour le maintenir en vie.
Soudain, Asgore se mit à rire. Un rire puissant, venant du fond du cœur. Un rire plein de joie et d’allégresse.
-Vous, vous m’avez battu. Dit-il avec un immense sourire aux lèvres, comme si c’était la meilleure chose qui lui soit arrivée de sa vie. Vous… avez gagné. C’est… C’est… incroyable… Ajouta-t-il, les larmes aux yeux. Il se voyait enfin libéré de l’emprise de l’arène, sa malédiction était levée par cette défaite.
La foule applaudissait à tout rompre, galvanisée par ce combat spectaculaire. Les quelques milliers de personnes avaient pu assister à un évènement inédit : la défaite du champion, la chute de l’invaincu, la fin d’un cycle qui en devenait lassant de répétition. Et ce de façon grandiose. Nul toutefois ne savait le véritable enjeu de ce combat. S’ils l’avaient su, leur effusion serait sûrement moindre.
Frisk s’éloigna un peu, et s’arrêta à un endroit qu’on aurait cru choisit au hasard. Elle se baissa pour ramasser quelque chose et revint au chevet du roi. L’humaine s’agenouilla pour être à sa hauteur, et lui sourit. Le collier s’affola, comme pour hurler à Asgore de saisir cette opportunité, mais le roi restait immobile, comme changé en pierre. La jeune fille tendit les bras, un bout de chaîne dorée dans chaque main. Elle les passa autour du cou du roi, attachant le pendentif doré et le laissant retomber sur sa poitrine. Scellant ainsi définitivement leur lien.
Puis elle se releva en reculant alors que la corne de brume retentit à nouveau, mettant officiellement fin au combat. Plus haut, dans le grand bureau, le maître de l’arène frappa du poing contre la vitre, enragé par la défaite de son champion.

Message édité le 11 février 2018 à 21:42:02 par erosdog
erosdog erosdog
MP
Niveau 10
11 février 2018 à 21:41:05

Frisk, Undyne et Sans sortirent du terrain par la voie des vainqueurs, portant Asgore sur leurs épaules. Le roi était à peine capable de marcher, mais ils ne voulaient pas le laisser là, et avaient donc décidé de l’aider à se déplacer en le laissant s’appuyer sur eux. Passant par les coulisses de l’arène dont les gradins commençaient à se vider, ils remontèrent jusqu'à la plateforme qui donnait sur le bureau. Johanna les y rejoint, acclamant leur victoire. Elle fit mine de rien, mais était encore blême d’inquiétude suite au combat.
Undyne décida de rester dehors avec Asgore. Inutile de traîner le roi à l’intérieur, et autant le laisser reprendre des forces assit sur l’un des gradins. N’entrèrent donc que Johanna, Frisk et Sans. Ils furent accueillis par le patron de l’arène applaudissant sarcastiquement.
-Bravo. Vous avez battu mon champion. C’était vraiment spectaculaire.
-À vous de remplir votre part du contrat maintenant. Dit froidement Johanna.
-Tss tss tss. Répondit l’homme en secouant la tête. Voyez-vous, il y a un léger problème. Nous avions convenu que la fille devait battre le monstre, pas qu’elle serait aidée par deux autres créatures. Ajouta-t-il avec un regard satisfait. Quelle aubaine était-ce pour lui de trouver ainsi une clause pour rompre le contrat.
Le trio le fixa avec une incrédulité qui se mua bientôt en colère.
-Nous n’avions jamais convenu de conditions d’annulation, dit Johanna.
-Il ne s’agit pas de cela. Vous n’avez simplement pas rempli le contrat, répondit-il.
Ils restèrent silencieux. Que pouvaient-ils répondre à cela ? Il était vrai que l’intervention de Sans et Undyne n’était pas prévue, mais cela ne valait pas l’annulation de leur accord.
-Écoutez-moi bien. Cracha Sans en s’approchant. Vous allez nous céder Asgore immédiatement.
-Ou sinon quoi connard ? Vous allez me balancer aux flics ? Je suis sûr qu’ils seront très heureux d’apprendre que vous avez envoyé une mineure au casse-pipe pour récupérer un monstre.
-Tu ferais mieux de m’écouter. Répondit le squelette en s’approchant lentement. Ses orbites vides mettaient mal à l’aise, mais il faisait trois têtes de moins que son interlocuteur et celui-ci n’avait nullement peur de Sans. Ou sinon, ajouta-t-il, tu vas vraiment pas aimer ce qui va t’arriver.
L’homme lui rit au nez. Et qu’est-ce que tu vas faire sale monstre, hein ?
-Est-ce que tu veux passer un sale quart d’heure ? Rétorqua Sans avec une voix déformée qui semblait empruntée à un démon.
L’humain s’arrêta de rire, mais il ne montra pas le moindre signe d’inquiétude. Il paraissait plutôt ennuyé, énervé par la présence de Sans et des deux humaines.
-Qu’est-ce que vous faites encore ici ? Allez dégagez.
-Et bien, tu l’auras voulu.
Le squelette tendit le bras vers la gorge du l’humain, et une aura bleue apparut autour de celle-ci. De son autre main, Sans piégea le corps entier de l’humain dans une étreinte similaire. D’un mouvement, il l’arracha du sol, le laissant flotter là alors qu’il se mit à presser contre sa gorge. Pas assez pour l’étouffer, mais suffisamment pour lui faire se demander s’il retomberait en vie. L’homme regarda Sans, les yeux écarquillés de terreur. Comment était-ce possible ? Pouvait-on lire sur son visage.
-Heh. Hehehe. Fit le squelette. Si j’avais réalisé ça avant, on aurait pu gagner du temps.
-Sans ! Qu’est-ce que tu fais ? S’écria Frisk.
-Je fais en sorte qu’on récupère notre dû, répondit-il. C’est pratique ce truc qui inhibe toutes les restrictions du collier dis donc. Je me sens beaucoup plus libre tout d’un coup.
Il se retourna ensuite vers l’humain, et poursuivit. Où en étions-nous ? Ah oui, nous avons rempli notre part du contrat, à vous de remplir la vôtre. Le squelette desserra légèrement son emprise pour permettre à l’humain de répondre.
-Tu- tu es fou, articula l’homme avec difficulté. Tu vas payer pour ça. Tu vas crever.
-Peut-être, mais honnêtement ? J’m’en fous. Ma vie contre la tienne et celle du roi, ça vaut le coup non ? Suite à quoi il referma davantage le poing, signalant qu’il ne plaisantait pas. L’homme commençait à agoniser à la recherche du moindre souffle d’air.
Finalement, Sans le relâcha. Il retomba lourdement au sol en haletant, cherchant à reprendre sa respiration. Le squelette prit alors la parole.
-J’ai toute la journée devant moi. Donc soit tu fais gentiment ce qu’il faut pour nous donner Asgore, soit on peut continuer.
Sa main s’illumina d’une aura azur en signe de menace. L’homme à ses pieds ne prit qu’une seconde pour peser le pour et le contre.
-D’accord, d’accord. C’est bon, je vais le faire.
-Sage décision, commenta Sans.
Le maître d’Asgore se traîna jusqu’à son bureau, griffonnant sur quelques bouts de papier. Johanna s’approcha, apposa sa signature en bas d’un document officiel, et alla chercher Asgore dehors. Une fois le roi entré, l’humain en sueur prononça les mots tant attendus, le libérant de son joug et cédant sa gouvernance à Johanna. La diode du collier clignota pour signifier que l’ordre était bien reçu, et c’est ainsi qu’Asgore fut libéré de son rôle de gladiateur. Cela n’effaçait pas toutes les horreurs qu’il avait commises sous l’emprise du vil humain, mais assurait qu’il n’ait pas à en commettre davantage dans le futur.
Ils tournèrent ensuite le dos à la pourriture gisant au sol, sortant la tête haute de cet affrontement. Ils rejoignirent rapidement la voiture, faisant un crochet pour récupérer les affaires de Frisk.
Asgore s’arrêta devant l’entrée de l’arène, se retournant pour accorder un dernier coup d’œil à la structure. Il ne parvenait réellement à faire sens de tous les sentiments qui bataillaient en lui en cet instant, mais une intense sensation de soulagement parcourait tout son corps. Ainsi que de la joie, l’ivresse de la liberté. Il était fou d’allégresse à l’idée de ne plus avoir à assassiner les siens. Des frissons de bien-être se répandaient dans son dos alors qu’il apprécia la beauté de faire quelques pas de son plein gré. Enfin il pouvait se laisser aller à écouter le vent bruisser dans les arbres et dans sa fourrure. Enfin ses oreilles étaient libres du crépitement du feu et du sang, du tintement des armes s'entrechoquant.
Ses compagnons le regardèrent depuis la voiture, n’osant briser ses retrouvailles avec la liberté. Il faisait si plaisir à voir ainsi, perdu dans les petits détails du monde dont il pouvait enfin profiter. Frisk fut elle aussi prise d’un grand soulagement. Cela lui faisait du bien de lire la joie sur le visage de son père resté trop longtemps si effrayant d’apathie.
Finalement, Asgore réalisa qu’il faisait attendre tout le monde, et il les rejoint rapidement avec un sourire léger et une petite gêne, balbutiant quelques excuses que tous acceptèrent en souriant.
Le groupe tenait à peine à l’intérieur du véhicule, mais ils n’avaient pas vraiment d’alternative. En chemin vers l'hôtel, ils s'arrêtèrent pour acheter de quoi soigner Asgore et à manger. Le monstre avala la nourriture qui lui rendit quelques points de vie ; il devrait attendre d’être rentré à l'hôtel pour recevoir de meilleurs soins.
Le roi ne prononça pas un mot du voyage sinon quelques remerciements, prenant le temps nécessaire pour faire le tri dans ses pensées et ses sentiments. Il lui faudrait un moment pour internaliser sa liberté regagnée et redevenir qui il était, mais le roi sentait déjà poindre en lui une once d’espoir. Sentiment qui avait disparu depuis longtemps.
-Merci, à vous tous. Dit-il finalement. Je vous dois la vie.
-C’est rien Asgore, on n’a fait que notre devoir. Répondit Undyne.
Il se tourna vers Frisk à côté de lui, et passa son bras autour de ses épaules pour la serrer contre lui.
-Merci ma fille, murmura-t-il les larmes aux yeux. Je suis fier de toi.
-Merci papa. Répondit-elle en s’enfouissant dans l’étreinte du roi, laissant enfin sortir sa joie d’être réuni avec un être si cher.
Ils restèrent ainsi quelques instants, avant que leur réunion ne prenne fin.
-Je suis impatient de retrouver les autres, ajouta alors Asgore.
Un silence tendu s’installa dans la voiture, que Sans rompit d’une voix grave.
-Il n’y a pas d’autres.

Gamopli Gamopli
MP
Niveau 10
11 février 2018 à 23:09:02

Too long didn't read lol

Non en vrai, il était bien cool ce chapitre, et le combat plutôt kiffant :)

JamesTheLemmon JamesTheLemmon
MP
Niveau 6
11 février 2018 à 23:13:41

Haaaaaaaaa, ce chapitre m’a donné des frissons. Beau travail comme d’hab.

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
13 février 2018 à 18:29:09

Suite suite suite suite suite suite suite suite suite suite suite suite suite suite ! :svp:

SheogorathCDC SheogorathCDC
MP
Niveau 10
16 février 2018 à 17:53:20

J'ai enfin lu ce chapitre et je n'aurais qu'une chose à dire

SWEET OU SWAT! :fou:

Ewelxyn Ewelxyn
MP
Niveau 51
20 février 2018 à 19:35:18

Tres bon episode j'ai trouve un peu long le fight maus bon il etait sympa

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
28 février 2018 à 19:30:34

-Avertissement de contenu potentiellement choquant ; résumé détaillé à la fin-

Hey nouveau chapitre, malheureusement pas aussi long que le dernier ;)
J'espère que vous allez aimer le lire autant que j'ai aimé l'écrire =D

Chapitre 18 :

Fidget sentait poindre en lui l’excitation à mesure que l’heure avançait. Il ne parvenait à détacher ses yeux de l’horloge et des aiguilles qui avançaient d’une lenteur abominable. Chaque seconde était vécue comme un soulagement douloureux. Certes il se rapprochait de son rendez-vous hebdomadaire dans les jardins, mais il avait l’impression que l‘univers conspirait pour rendre son attente toujours plus insupportable.
Il s’était levé aux aurores, ravi de voir la case du mardi fraîchement cochée sur le calendrier de la salle commune. C’était le seul jour qui se distinguait de la bouillie informe dans laquelle se mélangeaient tous les autres. Le seul moment où la brume étouffante qui pesait sur sa vie se levait.
Certes, il passait chaque jour avec Skye, se tuant tous deux à la tâche et subissant ensemble les exactions, mais c’était différent. Ces soirées sous le ciel étoilé étaient remplies d’un cocktail de sensations qui contrastaient vivement avec son existence fade. Comme s’il avait passé sa vie à avaler quelque brouet clair, et découvrait à petite dose la grande cuisine. Un plat de luxe par semaine ; rébellion, liberté, joie, fou rire et passion, tels étaient les noms de ces mets succulents.
Les deux monstres s’échangeaient quelques regards complices au cours de la journée, mais leurs bavardages ne tournaient jamais autour de leurs occupations nocturnes. On n’était jamais trop prudent ; leurs maîtres auraient pu surprendre une conversation et prendre des mesures déplaisantes.
Alors il prenait son mal en patience, mettant à profit l’entraînement que les humains lui avaient conféré. Finalement, qu’étaient quelques heures à l’échelle d’une vie ? Pas grand-chose.

Bien que leurs rencontres se comptent sur les doigts de la main, ils avaient développé une sorte de coutume. Celle-ci voulait qu’ils retournent chacun dans leur chambre durant une heure avant de ressortir, pour s’assurer que tous dormiraient. Leurs semblables avaient autre chose à faire que rester éveillés, et leurs maîtres dormaient déjà depuis longtemps. Eux-mêmes puisaient dans leur temps de repos, mais c’était un investissement qui valait le coup ; pas une fois s’était-il réveillé un mercredi matin en regrettant son escapade de la veille.
Le lion repensait à leurs sorties précédentes en avalant son maigre repas - il ne pouvait pas en vouloir à Anne, la pauvre cuisinière faisait avec ce qu’elle avait. Il s’était senti étonnamment bien avec Skye. Dès leur premier rendez-vous il avait ressenti une aise qu’il croyait perdue à jamais. Et ces sentiments ne faisaient que se confirmer à mesure qu’ils profitaient de plus de temps ensemble. C’était différent des moments passés à travailler. Là ils étaient libres de s’intéresser pleinement l’un à l‘autre, de simplement se concentrer sur ce qu’ils avaient à raconter. Et ils ne manquaient jamais de choses à se dire. La conversation ne connaissait jamais d’arrêts, sinon de courtes pauses confortables pour méditer sur leurs paroles et le moment.
Fidget ne prêtait pas attention à ce qui se déroulait autour de lui, son esprit déjà transporté dans le bosquet où il ne tarderait pas à se rendre. Plus que deux heures et ils seraient enfin réunis dans l’intimité des jardins.

Le monstre piaffait d’impatience sur son lit ; les dernières minutes étaient toujours les plus dures. Ses yeux étaient rivés sur l’horloge, hypnotisés par le tic-tac lent et régulier. Ça y était presque ; les aiguilles approchaient de leur position tant attendue.
Enfin l’heure sonna, et Fidget bondit de son lit. Il se rattrapa toutefois rapidement : nul besoin de créer tout un vacarme et de réveiller la maisonnée. Il passa un vêtement chaud et la porte, pour se retrouver nez à nez avec Skye à l’autre bout du couloir. Il lui sourit, et elle lui sourit en retour.
Ils firent le chemin ensemble, en silence. Ils n’osaient briser la glace, commençant par apprécier sans bruit leur réunion. Seul le bruissement de la nature et de leurs pas venait altérer le calme. Ils arrivèrent rapidement à la piscine, illuminée comme la première fois. Ils n’avaient pas prévu de remettre la baignade, et se dirigèrent à la place vers le belvédère de l’autre côté. Les deux monstres s’installèrent sur le banc de pierre, regardant comme à chaque fois la ville en contrebas. Fidget entama la discussion tranquillement, et Skye lui répondit sur le même ton apaisé. Sa voix était radicalement différente de celle qu’elle employait durant la journée. Là où la louve parlait habituellement avec force et aisance, il trouvait une interlocutrice beaucoup plus calme et discrète. Elle gardait son charme, mais n’employait pas les mêmes manières grandiloquentes. Skye ne jouait pas un rôle en contestation avec sa situation, elle se montrait telle qu’elle était.
Toutefois, elle était encore plus réservée ce soir, presque effacée. Fidget menait la discussion, et Skye ne lui répondait que par de courtes phrases. Finalement, il se tut et se tourna vers elle.
-Ça va ? Demanda-t-il
-Ça va, pourquoi ? Répondit-elle naturellement.
-Je sais pas, j’ai l’impression que t’es ailleurs.
La louve ne répondit rien, hésitant. C’était clair, Fidget voyait bien que quelque chose n’allait pas. Elle n’avait pas forcément envie de lui en parler, mais il aurait tout de même bien voulu savoir de quoi il s’agissait.
-Quelque chose te tracasse ? Insista-t-il.
-Non, c’est pas ça… soupira-t-elle. C’est juste que… Tu sais, le blues quoi.
Fidget hocha la tête, il savait. Puis le lion la regarda en silence, l’invitant à continuer.
-Je repense à avant, à ma fuite, à ma… tu vois...
Il voyait.
-C’est pas forcément quelque chose dont j’ai envie de me rappeler, ajouta-t-elle, mais on contrôle pas sa mémoire, alors j’attends que quelque chose d’autre vienne me changer les idées.
Le monstre acquiesça à nouveau. Ses membres lui faisaient encore mal rien que de repenser aux coups qu’il avait subi. Et encore, il avait eu de la chance face à certains…
Fidget se trouvait partagé. D’un côté il voulait ménager son amie, et parler de cela n’allait pas forcément dans ce sens. Mais de l’autre, elle avait sûrement besoin d’une thérapie, de quelqu’un pour l'écouter. Comme eux tous d’ailleurs.
-Je comprends, dit-il. Moi aussi ça m’arrive des fois de repenser à tout ça, et ça m’fout les boules.
Elle laissa échapper un petit rire attristé. T’es con, lui répondit-elle avec un sourire en coin. Mais celui-ci s’effaça bien vite. Elle inspira comme pour dire quelque chose, puis se ravisa, avant de se lancer finalement.
-Ça s’est passé comment pour toi ?
Il haussa les épaules.
-Truc classique. J’étais dans la rue, en centre-ville, et il y a eu un contrôle. Tu sais les trucs où ils bloquent toutes les issues dans une grande rue et filtrent les gens qui passent pour choper tous les monstres.
Elle fit oui de la tête, elle avait vu ça il y a longtemps.
-Et bah j’ai eu de la chance, enfin j’ai cru, et ils m’ont laissé passer. Mais cinq minutes après une bande de gars qui devaient sûrement être avec eux me sont tombés dessus et m’ont tabassé jusqu’à ce que je sois à deux doigts de chuter. Non d’ailleurs j’avais commencé à chuter. Mais ils m’ont donné une sorte de médicament, tu sais le truc que les Vegetables produisent, et ça m’a entièrement soigné. Et ensuite, comme ils en avaient marre de jouer avec moi, ils m’ont jeté aux flics.
-C’est marrant, répondit la louve, il m’est arrivé un truc un peu pareil.
-Ah ouais ?
-Enfin, dans le sens tomber sur des connards. Tu vois, on s’était organisés dans une sorte de campement, un truc pas trop grand, mais qui arrivait à être assez indépendant.
Fidget l’invita à en dire plus d’un “hum hum” intéressé.
-Ça a fonctionné pendant quelques mois, ajouta-t-elle. On avait réussi à former un groupe d’une trentaine de personnes, chacun avait son truc, et on mettait à profit nos atouts. Certains étaient chargés de l'entretien du camp, d’autres de la sécurité - on était prêts à déguerpir en laissant tout derrière nous au moindre avertissement - d’autres encore de la bouffe, comme moi. C’est vrai que ma magie m’était plutôt utile.
-Ta magie ? L'interrompit le lion. Tu m’en as jamais parlé.
-Erm, c’est pas ce qu’il y a de plus utile, fit-elle en haussant les épaules. Je peux changer de forme-
-Sérieux ? S’exclama Fidget avec excitation. C’est trop cool !
-Ouais, enfin, je peux me transformer en louve. Genre l’animal quoi. Moins impressionnant.
-C’est toujours mieux que moi. Il tenta de claquer les doigts pour illustrer ses propos, mais évidemment le collier l’en empêcha. Je peux faire de la lumière, expliqua-t-il, on peut pas tous avoir des magies super utiles j’imagine.
-Ça peut toujours être utile pour… Heu... Tenta Skye.
Un ange passa.
-Enfin bref, reprit-elle. Mon pouvoir me permettait donc de chasser. On n’était pas loin d’une forêt et j’arrivais en général à ramener deux trois trucs. Combinés avec les autres, on évitait la famine. On mangeait pas toujours à notre faim, mais plutôt être privés de bouffe que de liberté.
Le lion hocha la tête.
-Mais ça ne pouvait pas toujours continuer comme ça. Le léger sourire qui s’était frayé un chemin sur le visage de la louve disparu, et elle reprit : Les humains ont fini par nous retrouver. Je sais pas comment - j’ai entendu des rumeurs comme quoi ils ont des appareils pour repérer la magie, et Dieu sait à quel point on s’en servait. Je sais pas pourquoi personne ne s’en est aperçu, mais le fait est qu’ils nous ont sautés dessus en plein milieu de la nuit. Évidemment, personne n’y a réchappé. Quelques-uns ont tenté de fuir, mais les balles qu’ils se sont pris dans le dos ont dissuadé les autres. Ils nous ont encerclés au milieu du camp avec un air de victoire, satisfaits de leurs prisonniers de guerre. Les enfants étaient tassés au milieu de nous ; comme si on était encore capable de les protéger…
Elle soupira, passant ses mains sur son visage. Le lion posa une main de réconfort dans son dos, lui murmurant qu’elle n’était pas obligée de continuer. Mais elle reprit vite la parole, déterminée à raconter son histoire.
-Ils étaient bien organisés ; on ne devait sûrement pas être leur coup d’essai. Ils ont vite fait le tri, séparant rapidement selon le sexe et l’âge. Ils étaient menaçants, et nous étions tous terrorisés, incapables de faire quoi que ce soit. Je ne sais pas si on aurait pu les combattre, sûrement pas vu comment ils nous tenaient en joue.
Son regard était perdu dans le vide, comme si les images flashaient devant ses yeux humides.
-On était loin de se douter de ce qu’ils allaient faire ensuite ; ou peut-être qu’on savait, mais qu’on ne voulait pas se l’avouer. Ils ont presque immédiatement mit tous les hommes en cage, diminuant notre groupe de moitié. Puis ils ont pris les enfants, qu’ils ont jetés dans une autre cellule. Et enfin, ils se sont tournés vers nous. Ils étaient dix, nous étions huit. -Apeurées, vaincues, prisonnières. Qu’est-ce que tu aurais voulu qu’on fasse ? Ils ont rouvert la cage des gosses, prenant deux gamines pour compléter…
Le monstre voyait déjà où elle voulait en venir, et ses yeux s’écarquillaient peu à peu. Non, pas elle… Pas elle. Pourquoi fallait-il que toutes celles qu’il rencontre aient vécu ce genre de sévices ? Son estomac commençait déjà à se tordre alors qu’il anticipait la suite.
-Ils ont choisi chacun leur tour celle qu’ils voulaient, celui qui semblait être leur chef en premier. Je ne sais pas, ça devait être leur récompense pour l’effort investi, le payement qu’ils prélevaient sur leurs victimes. On m’a prise plutôt vite. Est-ce que je devrais le prendre comme un compliment ? Demanda-t-elle rhétoriquement. Elle continua, la voix rauque : Ils sont chacun partit dans leur coin. On m’a traîné par le col, j’ai essayé de me débattre, mais ça m’a valu un coup de crosse sur la nuque.
-Quand je me suis réveillée le lendemain, j’avais les poignets attachés à une table, les bras et les jambes écartées de force : une corde me mordait les chevilles et me maintenait contre les pieds de la table. J’ai tout de suite senti le vent froid sur ma peau. J’ai paniqué, j’ai tiré sur les cordes, j’ai crié à travers mon bâillon. Mon estomac se révulsait, mais j’étais incapable de faire quoi que ce soit, tout juste de me tortiller sur le bois soudain glacial.
La louve s’arrêta, et Fidget recueilli sa main dans les siennes pour lui donner du courage. Il était incapable ne serait-ce d'imaginer ce qu’elle avait pu ressentir, mais il avait mal pour elle, mal de ne rien pouvoir faire, de ne pouvoir lui fournir aucun réconfort, mal de ne pas pouvoir réparer le passé.
Finalement, elle prit une grande inspiration et continua.
-Et puis à force de regarder partout, je l’ai vu, assit à quelques mètres de moi. Il me regardait. Il me regardait. Il attendait que je me réveille avant de faire quoi que ce soit. Elle frissonna en disant cela. Il était complètement taré, il voulait voir pleinement ce que ça me ferait quand il passerait à l’acte ; il ne m’avait pas fallu plus d’une seconde pour savoir ce qui allait se passer. C’est marrant, ce genre de choses ça arrive toujours aux autres. Jusqu’au moment où tu deviens “les autres”.
-Il s’est levé, lentement, souriant. Il n’en pouvait plus d’attendre. Il s’est approché, et a commencé à me toucher. J’ai essayé de m’écarter, mais impossible de bouger de plus de quelques millimètres. J’étais vulnérable et il en a profité pour balader ses doigts sur moi. J’avais l’impression d’être coincée dans un cauchemar. Tu sais, du genre où il y a plein de- d’insectes, de trucs qui te montent dessus et que t’essaye de fuir mais que t’y arrives pas.
-Il s’en est pris d'abord ma poitrine, puis mes hanches, puis…
Elle s’interrompit à nouveau. Le lion ne dit rien, se contentant de serrer sa main dans les siennes. Il fallait qu’elle laisse tout cela sortir.
-Et puis, il a défait son pantalon, dit-elle la gorge nouée par un sanglot retenu. Elle était clairement de retour dans la cabane, en train de tout revivre. Fidget hésitait à l’arrêter, mais la louve reprit avant qu’il ne fasse quoi que ce soit.
-Je n’ai pas pu le voir nu, mais je l’ai senti. Il s’est introduit presque immédiatement, brusquement. C’était bizarre de sentir comme ça quelque chose en moi, c’était nouveau ; et j’ai instantanément haït ça. Il est ressorti, puis rentré à nouveau, fort, pénétrant loin et faisant claquer ses hanches contre les miennes. J’ai retenu un cri alors que les larmes me sont montées aux yeux de douleur. J’ai senti quelque chose couler le long de mon entrejambe alors qu’il continuait ses mouvements en poussant des râles de plaisir. La friction me brûlait, mais je ne pouvais rien faire à part pleurer en silence. J’étais totalement à sa merci, et cela semblait l’exciter encore plus.
-Il est resté longtemps à faire ça, profitant d’un jouet de plus. J’allais d’avant en arrière, sautillant presque sous la force de ses assauts. Et puis enfin j’ai senti un liquide chaud gicler en moi alors qu’il poussait un dernier gémissement. Il s’est retiré, sans prendre la peine de nettoyer quoi que ce soit, et s’est barré en me laissant là. Je crois que c’était encore pire de sentir pendant les heures suivantes son sperme lentement s’écouler et sécher en moi. Mais j’étais rassurée, c’était fini. À ce moment-là, l’idée qu’il pourrait continuer, ou que je pourrais vivre ça pendant le restant de mes jours, ne m’était pas encore venue à l’esprit.
-Mais très vite, quand il est rerentré dans la soirée, j’ai compris que j’avais été bien naïve. Stupide, même. Ils avaient trouvé des mets de choix, et ne comptaient pas s’en débarrasser avant de les avoir entièrement usés.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
28 février 2018 à 19:32:00

Fidget écoutait en silence, horrifié. Il ne savait pas quoi dire. Y avait-il seulement quelque chose à dire ? Il sentait aussi la rage de l’impuissance bouillonner en lui. Si seulement il tenait cet enfoiré. Mais malgré tout, il était suspendu aux lèvres de Skye. Il savait déjà comment ça allait se finir, et comment ça allait se dérouler, mais il voulait en entendre plus. Peut-être qu’il serait la seule personne à qui elle pourrait jamais se confier. Il devait l’écouter. C’était le moins qu’il pouvait lui apporter.
-Presque immédiatement, il a rebaissé son froc. Il s’est précipité, ravi de pouvoir à nouveau se soulager. Mais cette fois, il s’y est pas pris comme le matin. Mon premier trou était déjà usé, connu, et il s’en est donc pris au second. La surprise m’a fait écarquiller les yeux, qui se remplissaient à nouveau de larmes de douleur. Au cas où tu te demandais, ça fait vraiment très mal de recevoir des choses à cet endroit-là, surtout quand on s’y attend pas, et surtout pendant les longues minutes que j’ai passé à regretter mon existence. C’était comme si il faisait exprès de prendre encore plus longtemps que dans la matinée.
-Quand il a eu finit, il est parti chercher un truc et est revenu vers moi. Il a fait basculer la table et je me suis retrouvée à genoux devant lui. Je m'attendais à ce qu’il remette ça avec une autre partie de mon corps, mais à la place, il m’a donné de l’eau et à bouffer. Comme c’était attentionné de sa part, ça aurait été dommage que son jouet meure non ? Fit-elle avec amertume avant de reprendre sur un ton plus calme, parvenant à contenir ses émotions. Je ne m’en étais pas rendue compte, mais je mourrais de faim et de soif. J’ai avalé ce qu’il m’a donné, avant qu’il me remette comme avant et se barre. J’ai passé la nuit seule dans le noir et le froid, mais c’était bien. C’était mieux que de devoir la passer avec lui.
-Mais je n’ai pas fermé l’œil. Comme si j’allais le pouvoir après ça. J’ai pleuré pendant des heures, et dormit tout au plus une heure entre deux sanglots incontrôlables. Comme tu peux t’en douter, je me sentais souillée et usée. J’avais l’esprit en miettes, incapable de penser à quoi que ce soit d’autre que la douleur dans mon bas ventre et mon estime.
-Le lendemain, c’est un autre qui s’est présenté. Il était moins pressé, donnant des coups moins forts mais tout aussi blessants. Et en plein milieu, alors que je commençais à ne plus sentir mon entre-jambe, j’ai réalisé avec horreur qu’ils allaient sûrement faire des roulements ainsi jusqu’à ce que chacun ait pu goûter à toute la marchandise. Ça m’a encore plus abattu, encore neuf jours à subir cela, au minimum. Maintenant, je repense aux autres, aux deux gamines qui ont eu le malheur d’être choisies, et je me demande comment elles ont réagi en réalisant cela. Je les plains pour ce qu’elles ont subis, mais sur le moment, je ne pouvais penser qu’à moi.
-Heureusement, si on peut dire ça, ils n’en ont eu que pour quatre jours. Les roulements se sont fait plus rapidement que ce je pensais. Cela voulait toutefois dire que j’aurais à subir plus de viols dans une même journée. Mais à la fin, j’étais totalement anesthésiée et détachée de la situation. Mon corps continuait à subir et à me faire souffrir, mais mon esprit était loin.
-Ils étaient tous différents, certains rapides, d’autres plus longs. Certains qui ne s’en prenaient qu’à mon vagin, d’autres qui rentabilisaient l’entièreté de mon corps. Il y en a même un qui est allé jusqu’à se servir de mes seins et de ma bouche. C’était le plus répugnant je crois, d’avoir tout son sperme gluant pris dans ma fourrure et forcé dans ma gorge. Et impossible de ne pas sentir le goût de tout ce qu’il a fourré dans ma bouche… Surtout que j’ai passé des jours, voire des semaines, sans voir une douche. Avec ça partout sur moi.
La louve fit une pause, arrivant à la fin du récit de son supplice. Fidget était soulagé qu’ils touchent enfin au but, arrivant à la limite de ce qu’il pouvait supporter. Il était à deux doigts de rendre son dîner à ne serait-ce que tenter d’imaginer comment cela avait dû être. Il se voyait à la place de Skye ligoté à une table, de parfaits et répugnants inconnus prenant toutes les libertés qu’il leur plaisait avec son corps. Le lion frissonna, remerciant le destin de ne rien lui avoir fait subir de la sorte.
-Ils ont dû finir par se lasser, car au bout du compte ils nous ont toute traînées dans une grande cage où ils avaient déjà réuni les autres monstres qu’ils avaient enfermés. J’insiste sur le traînées, car il nous était impossible ne serait-ce que de tenir debout après tout ce que nous avions subit. On était encore nues, couvertes d’hématomes, de sperme et de sang séché, mais les autres monstres nous ont filé quelques vêtements qu’ils avaient réussi à avoir. Et tout ça s’est finit d’une façon aussi classique que ça avait commencé, de façon presque décevante : on nous a remis aux flics, on a fini dans les camps, et me voilà, fit-elle en se désignant d’un écart des bras.
-Mais bon, conclut-elle. Tout cela était quand même infiniment plus plaisant que ce truc. Elle désigna son collier.
Fidget acquiesça, incapable d’approuver ou de réfuter ce qu’elle venait de dire. Il devait s’en remettre à son jugement.
-Je… wow. Répondit-il finalement dans un rire nerveux. Je… Je suis désolé.
-Ne le sois pas, à quoi ça servirait ?
-Je sais mais… Je sais pas quoi dire. J’ai pas les mots pour expliquer à quel point ça me dégoute et ça me répugne et ça me rend dingue. Ça me rend fou d’être impuissant, d’être incapable de pouvoir faire quoi que ce soit de plus que te plaindre. De pas pouvoir t’apporter plus de réconfort ou quoi.
-Fais comme moi, accepte-le. C’était il y a longtemps, j’ai tourné la page. Enfin, je crois.
Le lion ne répondit pas.
-Et puis, ajouta-t-elle en retrouvant le sourire, un sourire de révolte. Tu peux faire plus que me plaindre.
Fidget la regarda, perplexe et tout ouïe.
-J’ai un plan, fit-elle en le regardant droit dans les yeux, l’air grave et sérieux. J’ai trouvé un moyen de me barrer d’ici. De redevenir libre.
-Skye… Répondit Fidget en secouant la tête. Tu sais bien que c’est impossible. Si tu t’enfuis, ils te retrouveront.
-Laisse-moi finir ! J’ai eu contact avec des gens, bien avant que tu n’arrives ici. On a élaboré un plan, ça fait un moment qu’ils font ça. Ils m’ont dit qu’ils pouvaient me libérer, si je me joignais à leur cause.
-Leur cause ? Répéta le lion, dubitatif.
Skye regarda autour d’elle, s’assurant qu’ils étaient seuls.
-La résistance, chuchota-t-elle avec le plus grand sérieux du monde.
Le lion la regarda, surpris et perplexe. Quelle résistance ? Se demanda-t-il. Il n’y avait pas de résistance. Ou alors, s’il y en avait une, elle faisait un boulot de merde. Les monstres tombaient toujours comme des mouches, et les humains ne semblaient absolument pas inquiétés de quoi que ce soit. Il se détourna, reportant son regard sur l’horizon.
-Arrête de te foutre de moi. Répondit-il, vexé. J’ai pas envie de plaisanter avec ça ce soir, surtout après ce que tu viens de me raconter.
-Fidget, répondit-elle en lui prenant les mains pour le tourner vers elle. Je suis on ne peut plus sérieuse. J’ai vraiment trouvé un moyen de partir d’ici, d’échapper à tout ça - elle étendit les bras - toutes ces conneries de maître et d’esclave, finit.
-Donc tu te barre d’ici avec des gens qui tu ne connais absolument pas, et après ?
-On. On se barre d’ici, Fidget. Tu crois vraiment que je t’aurais parlé de ça si je ne voulais pas que tu viennes avec moi ? Je ne t’en parle que maintenant car je ne voulais pas que tu sois complice si je me faisais prendre.
Le lion ne répondit rien. Elle voulait qu’il l'accompagne ?
-C’est du suicide, répondit-il. On est tombé sur un endroit pas si mal ici. Tu… tu voudrais vraiment risquer tout ça ?
-Pour ma liberté, je suis prête à prendre tous les risques. Et si cela te satisfait de vivre ici, c’est que je t’ai bien mal jugé.
Cette remarque le frappa de plein fouet.
-Mais… Tu ne comprends pas-
-Viens avec moi. Fidget, fais pas l’idiot. Au pire on mourra, et alors ? Plutôt crever que de vivre ici cinquante ans de plus, non ? Demanda-t-elle, presque suppliante.
Elle avait raison. Mais, s’ils se faisaient prendre, ils risquaient tellement pire que la mort. Le récit de son amie lui revint à l’esprit. C’était cela qu’ils encouraient en essayant de fuir.
Non, se dit-il. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi était-il soudain si complaisant vis à vis de sa situation de merde ? De ces salopards qui lui avaient tout pris ? Était-il tombé si bas ?
-Viens avec moi. Répéta-t-elle. Ce soir.
-Ce soir ? S’exclama-t-il, une soudaine poussée d’adrénaline le prenant. Soudain, il devait choisir, et de façon imminente. Soudain, il regagnait la liberté, celle de décider de son destin. Mais le choix était déjà tout fait, n’est-ce pas ? Il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour prendre sa décision.
-Skye… C’est du suicide. Mais quitte à crever un de ces quatre, autant s’y prendre tout de suite.
Il la regarda, un sourire en coin. Sa détermination était revenue, il en avait marre de se laisser dominer, de se laisser guider comme une bête, comme un mouton suivant les chiens lui imposant une direction. Le lion n’était pas une de ces créatures minables, il était au-dessus de ça, il méritait d’être libre. Et il le deviendrait par la force et le courage. Il se battrait pour ça.
La louve lui sourit également, soulagée qu’il ait accepté. Ils touchaient la liberté du bout des doigts, et comptaient bien tout faire pour l’agripper fermement.
-Suis-moi, dit-elle, on a plus beaucoup de temps.
Le monstre s’exécuta sans broncher. Elle devait fantasmer cette soirée depuis des mois, voire des années, et il lui vouait sa confiance. Il fut toutefois pris d’un doute, et si tout cela n’était qu’un piège ? Et si elle n’était qu’une marionnette l’attirant droit dans le panneau ?
-Skye ? L’interpella-t-il en s’arrêtant. Est-ce que tu es libre de ton choix ?
-Je l’ai toujours été, lui répondit-elle du tac au tac.
Le collier resta endormi.
Fidget se détendit et lui emboita à nouveau le pas. Il se sentit bête d’avoir douté d’elle, il était beaucoup trop parano - en même temps… Il avait ses raisons de l’être.

Ils regagnèrent leurs chambres avec hâte. Skye fit signe au lion de l’accompagner, et il se rendit donc dans sa chambre. La pièce n’avait pas changé depuis sa dernière visite, à l’exception de l’armoire déplacée et de l’énorme trou là où elle aurait dû se trouver.
Avant même qu’il n’ait le temps de lui demander comment elle avait creusé ça ou même pourquoi, la louve extirpa un grand sac de la cachette. Elle le jeta sur le lit, puis lui demanda de l’aide pour remettre le meuble à sa place. Le dessous plat dissimulait parfaitement la cache.
Skye se retourna vers le lit et sortit deux cordes ainsi que deux autres sacs. Elle tendit un exemplaire de chaque au lion.
-Qu’est-ce qu’il y a dans le sac ? Demanda-t-il. C’est archi lourd.
-De la poussière.
-De la- Oooh, répondit-il en regardant la corde. Je vois. Mais, pourquoi ?
-Pour qu’ils croient qu’on est morts. Comme ça ils ne sauront pas qu’on s’est enfuis, et ils ne penseront pas à nous chercher.
Ingénieux, pensa le monstre. La louve lui dit de retourner dans sa chambre et de préparer la mise en scène, en faisant bien attention à ce que ce soit réaliste. Fidget se dépêcha donc de rentrer, craignant de tomber nez à nez avec quelqu’un. Il ferma précipitamment la porte avant de s’atteler à la tâche sans perdre de temps.
Il repéra une poutre solide au plafond, et jeta la corde autour de celle-ci. Escaladant quelques meubles, il fit un nœud solide sur le bois. Le monstre se balança à la corde, s’assurant que la prise était bien solide. Puis il fit un autre nœud, coulant cette fois, puisant avec difficulté dans ses souvenirs de jeunesse.
Ensuite, il monta sur une chaise et passa la corde autour de son cou, s’assurant préalablement de son équilibre. Il serra le nœud au maximum, marquant la position avant de défaire de l’emprise oppressante. Puis il arrangea la corde pour la remettre comme elle était quelques secondes auparavant.
Enfin, il ouvrit le sac. Il fut choqué de voir qu’il s’agissait de véritable poussière, et pas d’un artifice fictif. Mais ils devaient faire en sorte d’être le plus réaliste possibles. Et puis, la vraie poussière ne devait pas être bien dure à trouver.
Le lion ravala un haut le cœur en pensant au possesseur de ce corps et versa le tout dans un tas de poussière au sol. Le lion remarqua qu’un objet métallique tomba également sur la pile ; un collier, ou tout du moins une réplique particulièrement fidèle. Finalement, il agita le sac dans la pièce pour que la poussière qui était restée collée aux parois se répande un peu partout, histoire de faire comme s’il s’était répandu dans toute la pièce suite à sa mort en hauteur.
Au moment où il reposa le sac, se demandant ce qu’il allait pouvoir en faire, quelqu’un toqua à la porte. Son sang ne fit qu’un tour, mais il fut vite soulagé de voir que ce n’était que Skye. La louve devait avoir fini bien avant lui, mais surtout, elle était vêtue d’une combinaison noire qu’elle ne portait pas y il a quelques minutes.
Fidget l’interrogea du regard.
-Déshabille-toi.
-Pardon ?
-Déshabille-toi. Répéta-t-elle en lui prenant son sac des mains et en lui donnant des vêtements semblables aux siens à la place.
-Mais… tenta-t-il de protester.
-Dépêche-toi ! On n’a pas le temps pour la pudeur.
Alors il s'exécuta, assez gêné. Il se retourna pour être dos à elle, mais sentait son regard posé sur lui. Il se dépêcha d’enfiler la combinaison.
Skye prit ensuite ses anciens vêtements et les disposa à côté du tas de cendres.
-C’est des vêtements humains. Expliqua-t-elle. Apparemment ils ne se décomposent pas.
Fidget fit un “aah” de compréhension, avant que Skye ne l'entraîne dehors. Ils étaient fins prêts. C’était allé si vite… Il y a à peine une demi-heure ils étaient toujours en train de discuter au bosquet. Marrant la vitesse à laquelle les choses pouvaient basculer…

Ils se ruèrent vers le mur de la propriété avec un maximum de discrétion. On approchait minuit, et Skye l’avertit que leurs sauveurs ne devraient pas tarder. Il se demandait de quoi serait constituée l’équipe qui les extirperait d’ici, ainsi que la façon dont se déroulerait sa vie à partir de maintenant. Ils étaient arrivés au point de rendez-vous, plus qu’à attendre.
Soudain, des cordes tombèrent à leurs côtés. Cinq individus vêtus de la même façon qu’eux firent leur apparition. De toute évidence, aucun n’était humain.
-Donc vous êtes venus, fit l’un d’eux d’une voix grave. Ils portaient tous des cagoules, impossible donc d’en apprendre plus sur leur identité.
Un autre s’approcha et prit la parole. Sa voix était bien plus aiguë.
-Vous êtes sûrs que vous voulez faire ça ? Il n’y a plus de retour en arrière possible.
-Sûrs, répondirent-ils à l’unisson, sans une seconde d’hésitation.
-Bien.
Il y eut une seconde de battement.
-Désolés pour ça, dit celui à la voix grave. Et avant que Fidget n’ait le temps de comprendre, il reçut un violent coup sur la tête, s'effondrant dans les ténèbres.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
28 février 2018 à 19:34:09

N'oubliez pas de laisser un commentaire, surtout si vous avez apprécié =)

Résumé :

Le chapitre s'ouvre sur un Fidget mourant d'impatience à l'idée d'un rendez-vous fixé entre lui et Skye pour le soir même. On apprend que, depuis leur première rencontre nocturne, ils se voient un soir par semaine au même bosquet pour discuter et passer du temps libre ensemble. Cela est pour Fidget bien plus agréable que les paroles qu'ils échangent en travaillant, ces dernières servant juste à faire passer le temps. Là, le soir, ils peuvent simplement profiter l'un de l'autre sans que personne ne s'interpose.
Mais ce soir-là, Fidget sent immédiatement que son amie est perturbée par quelque chose. Quand il l'interroge là-dessus, elle lui avoue qu'elle repense à sa capture, et lui demande comment s'est passé la sienne. Le lion lui raconte donc comment cela s'est déroulé, avant de lui retourner la question. Elle hésite un instant puis lui raconte comment, avec d'autres monstres libres, elle avait fondé une sorte de campement où ils vivaient en autarcie.
Le récit vire rapidement au drame quand elle lui raconte comment des humains sans scrupule ont mené un raid contre eux une nuit, puis comment ils ont utilisé toutes les femmes du camp comme un butin sexuel pendant des jours avant de finalement les livrer aux autorités.
Fidget l'écoute avec horreur et indignation, mais surtout avec impuissance. Skye lui apprend toutefois qu'elle a trouvé un moyen de se venger du destin, en s'échappant et en regagnant sa liberté. La louve dissipe rapidement les doutes de son ami, avant de lui apprendre l’existence d'une résistance. Elle lui dit que c'est eux qui viennent les sauver, et qu'ils viennent le soir même. Les deux se dépêchent alors de se préparer pour leur venue, allant jusqu'à simuler leur suicide par pendaison pour ne pas laisser de pistes.
Ils se rendent ensuite au lieu de rendez-vous dans un coin de la propriété. Là, cinq monstres vêtus d'une combinaison et cagoule noires font leur apparition. Ils échangent quelques mots, demandant si Skye et Fidget sont sûrs de vouloir faire ça, les avertissant qu'il n'y a pas de retour en arrière possible.
Les deux acquiescent prestement et, alors qu'ils se tenaient prêts pour la suite des événements, celui qui semble être le chef formule de plates excuses avant que ses hommes n'assènent un violent coup sur la tête aux deux amis, les laissant sombrer dans l'inconscience.

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
06 mars 2018 à 09:23:33

Nouveau chapitre !...
ET NON EN FAIT C'ÉTAIT MOI ! ORION-IS-BACK !
JE SUIS LE DIABLE ! :diable:

SheogorathEV2 SheogorathEV2
MP
Niveau 14
06 mars 2018 à 11:47:58

Tu croyais que c'était un nouveau chapitre, mais c'était moi, DIO ! https://image.noelshack.com/fichiers/2017/23/1496750435-dio-2.jpg

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
18 mars 2018 à 22:31:32

C'est l'heure d'un nouveau chapitre ; la réponse à la question qui vous taraude depuis deux semaines et demi.
Ou peut-être pas en fait ( ͡° ͜ʖ ͡°)
Sur quoi peut bien porter ce chapitre ?
Au passage j'ai l'impression que vous avez un peu abandonné les commentaires. Donc n'oubliez pas d'en laisser cette fois bande d’ingrats ( ͡° ͜ʖ ͡°)

Chapitre 19 :

Le monstre se réveilla en sursaut. Il lui fallut une seconde pour réaliser où il se trouvait. Le sol vibrait et il entendait les bruits de la circulation autour de lui. Combien de temps était-il resté évanoui ? Où allaient-ils ? Il essaya de bouger pour apercevoir un peu mieux l’intérieur du véhicule de toute évidence assez volumineux, mais sa tête était coincée dans une sorte de pièce en métal. Ou plutôt, son cou était retenu par un lourd anneau d’acier. Il était maintenu à genoux. Fidget se débattit comme il put, mais impossible de bouger.
Toutefois, sa bouche était toujours libre. Quitte à être emporté il se savait où, autant attirer l’attention sur les autres monstres et les faire prendre aussi. Ils n’avaient qu’à pas tenter de les niquer ainsi. Au moment où il ouvrit la bouche pour crier, un monstre fit son apparition.
-Non.
Fidget s’arrêta, la bouche ouverte. Ce n’était pas tant la commande du monstre qui l’avait fait s’arrêter que le fait qu’il portait un anneau semblable au sien autour du cou, si bien que le lion ne put savoir s’il portait un collier ou non.
Il resta ainsi quelques secondes, perplexe, avant de refermer lentement la bouche. Le monstre en face de lui hocha la tête pour le remercier avant de tirer une caisse vers lui et de s’asseoir.
Il avait enlevé sa cagoule, et Fidget en profita pour le détailler un peu plus. Le monstre était grand et large d’épaules ; on devinait ses muscles sous la combinaison noire moulante. Il était en effet vêtu de la même façon que lui et Skye. Son visage félin orangé était recouvert de rayures noires et blanches ; un tigre. Ses oreilles rondes se dressaient au-dessus de sa tête, prises par moments de mouvements saccadés. Il se tenait de façon la plus relaxée possible dans le conteneur mobile, se voulant amical. Mais Fidget n’était pas sûr de pouvoir lui accorder sa confiance.
-On y est peut-être allés un peu fort…
Le monstre fit un sourire hésitant pour s’excuser.
-Mais bon, vous saignez pas. Au pire vous aurez une bosse pendant quelques jours.
Fidget ne savait que répondre devant cette insouciance. Il n’avait aucune idée de où il était, de ce qui allait lui arriver, d’à qui il parlait, et voilà que son ravisseur s’excusait d’avoir frappé trop fort.
-Excusez-moi, dit finalement le tigre, où sont mes manières ? Miguel, enchanté.
-De même, grommela le lion
-Vous devez être Fidget, et elle Skye ? Demanda-t-il en faisant un signe de tête en direction de la louve.
Fidget essaya de se tourner pour voir comment elle allait, sans succès. Il n’avait même pas vu qu’elle était à côté de lui. Il tira ostensiblement sur ses chaînes, suite à quoi Miguel se leva en présentant une clé.
-Oui désolé, on était un peu obligés. Je vous expliquerai tout en temps voulu, mais attendons que votre amie se réveille pour ça.
Le tigre s'afféra derrière Fidget, et le monstre put bientôt entendre un déclic dans son dos. Toutefois, l’anneau était toujours là, seule la chaîne avait été défaite. La pression qui le maintenait en place disparu donc, le laissant basculer en avant. Fidget se rattrapa à quatre pattes et se releva rapidement. Il se retourna pour faire face à Miguel.
Puis il se jeta sur lui, l’attrapant par le cou pour le plaquer à terre.
-Qui es-tu, et où est-ce que tu nous emmène ? Cracha-t-il.
Le tigre se débattit, parvenant rapidement à reprendre le dessus. Mais il maintint simplement Fidget au sol, sans tenter de le blesser davantage.
-Calme-toi putain ! On vient en amis.
-Super amis de nous assommer à peine arrivés, répondit le lion en se débattant.
-T’es con ou quoi ? Le collier vous aurait empêché de bouger si vous étiez conscients ! On voulait juste vous éviter d’être paralysés et d’alerter tout le quartier !
Fidget réfléchit et s’arrêta.
-Merde... murmura-t-il en relâchant sa prise sur le tigre.
-Putain. Souffla celui-ci en se relevant. Toujours la même chose, râla-t-il en s’époussetant, jamais un merci, quel boulot de merde.
-En même temps si vous étiez plus délicats... Vous auriez pu nous tuer !
-On sait ce qu’on fait quand même, vous êtes pas les premiers qu’on sauve.
Le vacarme sembla attirer du monde car une tête passa par la porte, qui s’éclipsa rapidement en voyant la situation sous contrôle. Le camion semblait divisé en plusieurs compartiments. Au même moment, Skye revint à elle. Avant qu’elle n’ait le temps de paniquer, Fidget fut à son chevet. Miguel la libéra à son tour, laissant le lion la rattraper pour éviter qu’elle ne tombe.
-Ça va ? Demanda-t-il avec une pointe d’inquiétude.
-Ça va, marmonna la louve. On est où ? Son regard se porta un peu partout dans la pièce, mais rien de particulier n’était à observer sinon les vrombissements du moteur.
-Et c’est qui lui ? Ajouta-t-elle
-Miguel, se présenta le tigre, votre contact.
-C’est donc vous ? Je vous imaginais pas comme ça.... Le tigre ne répondit rien, incertain de la façon dont il devait prendre le commentaire. Je veux dire... le groupe, bafouilla Skye.
-Oui… D’ailleurs votre ami n’a pas vraiment eut l’air d’apprécier.
-Moi non plus, répondit Skye, vous auriez pu nous avertir.
-Ah ! S’exclama Fidget.
-Je le sais bien, mais comprenez qu’avec le collier, nous ne pouvions prendre aucun risque. Le tigre se rassit. Vous voulez que je vous explique la procédure j’imagine ?
-Ça serait pas de refus oui, j’aime pas vraiment me prendre des coups sur la tête pour rien.
-Et moi je n’aime pas en donner, Fidget. Vous permettez qu’on se tutoie ? Ils acquiescèrent tous trois.
-Bien, déjà, vous devez vous demander c’est quoi ce gros truc autour de votre cou ?
Ils hochèrent à nouveau la tête.
-C’est pour neutraliser votre collier.
Leurs yeux s’illuminèrent.
-Enfin, neutraliser est un bien grand mot.
Et s’éteignirent presque aussitôt.
-Ce que je veux dire, c’est que vous êtes à l’abri des ordres et des commandes à distance. Mais par contre les restrictions déjà mises en place sont toujours en vigueur. La technologie des colliers est compliquée et je ne comprends pas tout, mais ils sont bardés de capteurs et de récepteurs d’ondes et tout, et apparemment les entourer d’un gros truc en métal permet de les désactiver en partie.
-Oui j’ai entendu parler de ce principe, dit la louve, une cage de Faraday.
-Et vous auriez pas pu faire ça tout de suite au lieu de nous éclater le crâne ?
-Les colliers vous auraient fait vous battre jusqu’à nous tuer pour nous en empêcher. C’est aussi pour ça qu’on n’a pas pu vous prévenir, on doit faire vite et par surprise. Ces trucs-là sont remarquables, ils peuvent être incroyablement stupides d’une part et extrêmement intelligent de l’autre, surtout quand il est question de les maintenir en fonctionnement.
-Donc ce que vous voulez dire, fit Skye, c’est que plus personnes ne peut nous commander ? L’excitation dans sa voix était palpable.
-Tant que vous aurez encore l’anneau, oui. Enfin, en théorie.
Ils restèrent tous deux bouche bée, réalisant ce que cela voulait dire. Ils étaient… libres ? Plus personne ne pouvait leur donner d’ordres, et ils étaient à l’abri de la menace d'exécution à distance. Ils n’avaient plus rien à craindre. Ils étaient libres. En partie. Mais toujours plus libres qu’avant.
Le tigre sourit, se souvenant lui-même de la joie qu’il avait ressenti quand il s’était trouvé à leur place. C’était un sentiment indescriptible qu’ils ressentaient en ce moment même.
-Toutefois, reprit-il avec plus de sérieux, il est maintenant temps de tenir votre engagement.
Les deux se tournèrent vers lui, prêts à l’écouter.
-Nous formons un groupe - terroriste, activiste, pacifiste, comme vous le voudrez - qui œuvre pour libérer les monstres du joug des humains. Pour cela, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour secourir des personnes comme vous, qui auraient autrement été condamnés à une vie d’esclavage et d’abus. Toutefois, nous sommes encore assez méconnus - les médias et les politiques n’osent parler de nous. Et c’est là que vous entrez en jeu. Plus nous recrutons de membres, moins ils ne peuvent nous ignorer. Plus nous secourons de personnes comme vous, moins ils ne peuvent exercer leur pouvoir. Nous avons besoin de vous. La résistance à besoin de vous. Pour ramener la liberté, à vous, mais aussi à tous ceux qui s’en sont vus privés. Nous avons besoin de vous pour rendre leur libre arbitre à tous les monstres, pour réaliser le rêve de tous nos ancêtres et de toute notre espèce. Grâce à vous, nous pourrons enfin arpenter la surface librement, nous serons enfin libérés de toutes les prisons qui se seront dressée sur notre chemin. La résistance vous a sauvé, c’est à votre tour désormais.
Fidget et Skye se regardèrent avec sérieux. C’était clairement de la propagande, mais ce n’en était pas moins vrai pour autant. L’opportunité de faire partie de quelque chose de plus grand, de participer à l’avènement du monde qu’ils avaient tant fantasmé leur était présentée. Et, en guise de garantie, ils avaient reçu leur liberté de la main de cette organisation. Cela montrait bien qu’elle avait les moyens d’aller quelque part, de ne pas être une simple élucubration.
-Comment est-ce que marche cette résistance ? Demanda Skye.
-C’est très simple. En vous engageant, vous vous verrez attribuer une mission de temps à autre. Il peut s'agir de mener un sauvetage comme nous aujourd’hui, d’une opération de sabotage, de transmettre notre message au plus grand nombre, ou encore de participer au bon fonctionnement de notre base.
-Faire du sabotage ? Répéta Fidget. Qu’est-ce que vous entendez par là ?
Le tigre les regarda avec sérieux, désapprobation même, face à la candeur du lion.
-C’est une guerre que nous menons gamin. On a un ennemi, les enfoirés qui sont responsable de tout ça. Alors si on peut les affaiblir en réduisant en cendres leur logistique ou en en envoyant quelques-uns répondre de leurs actes face à leur dieu, c’est la moindre des choses.
Le lion ne répondit pas. C’était une chose de libérer des monstres, et c’en était une autre de tuer des humains. Mais, l’un dans l’autre, ne le méritaient-ils pas ? Il repensa à toute la raclure qu’il avait rencontrée. Aux gardes dans les douches du camp, à la psychopathe qui avait torturé le requin, aux fils de pute qui avaient violé et tué d’innombrables monstres, y compris Skye. Non, il n’aurait définitivement pas hésité s’ils avaient été face à lui.
D’ailleurs, maintenant qu’il y repensait, le requin n’avait-il pas parlé d’une résistance avant d’attaquer l’humaine ? Comment s'appelait-il déjà ? Viéra ? Viraul ? Viéal ? Non… Louis… Vierall ! Voilà comment il s’appelait ! Fidget se promit de poser la question à l'occasion.
-Mais, ces… opérations, ça ne décrédibilise pas votre cause ? Si les humains voient des monstres qui tuent, ne seront-ils pas plus enclins à nous enfermer ? Demanda Skye avec sagesse.
-Nous ne tuons pas. Pas directement du moins, répondit le tigre qui ne semblait pas dérangé par la notion de meurtre. Nous provoquons simplement des accidents, qui peuvent s’avérer dangereux si pas gérés correctement.
Skye a raison, pensa Fidget. Même si la vengeance était alléchante, ce n’était pas cela qui les amènerait à leur but. Ils devaient sortir de cette guerre par le haut, et non pas en ayant causé de nombreuses morts. Ils devaient montrer qu’ils valaient mieux que les humains.
Mais en même temps, comment lutter autrement que par la force ? Ils ne pouvaient pas simplement manifester dans la rue, ou mener des actions politiques. Ils ne pouvaient même pas faire connaître leur opinion ou leur existence, qui restaient inconnues du grand public.
Fidget trancha le débat en se disant que la fin justifiait les moyens. S’ils devaient tuer pour être libre, alors soit. Ils l’avaient déjà fait sous terre. Et cette fois ci, les victimes le méritaient vraiment.
-Et donc, où est-ce qu’on va ? Demanda-t-il
-À la base d’opération de la résistance. Une fois que nous serons arrivés on vous expliquera comment tout fonctionne et on vous dispatchera dans des groupes.
Fidget n’osa demander s’ils pourraient rester ensemble.
-Et toi, pourquoi tu te bats ? Questionna Skye.
Le tigre réfléchit quelques instants, ses yeux perdus dans le vide. Il prit une grande inspiration avant de répondre.
-Je me bats pour tous ceux qui n’ont pas eu ma chance, fit-il d’un ton morne. C’était une réponse énigmatique, mais Skye ne poussa pas plus loin. De toute évidence elle avait touché un point sensible.
Ils se turent quelques instants avant que Fidget ne reprenne la parole.
-Où sont les autres qui étaient avec toi.
-C’est moi qui ait été désigné pour s’occuper de vous. Ils sont pris par autre chose.
-C’est à dire ?
-Vous les rencontrerez bien assez tôt en arrivant. D’ici là, tâchez de vous mettre à l’aise. On a encore un moment à rouler.
Sur ce, Miguel se leva et regagna la porte par laquelle il était venu. Fidget se leva pour le suivre mais le tigre lui ferma la porte au nez, avant d’actionner le verrou.
-Désolé, protocole de sécurité. On peut pas avoir des nouveaux se balader partout dans le camion.
Le lion grommela, mais revint s’asseoir à côté de Skye. La pièce n’était finalement pas si sombre et il avisa un coin plus confortable où s’installer. Invitant la louve à faire de même, il se leva pour aller s’y poser.
-Drôle de sauvetage… Marmonna-t-il.
-Je te le fais pas dire… Répondit la monstre en se frottant le crâne ; l’endroit où elle avait reçu le coup était toujours douloureux.
Fidget étendit les jambes, s’étirant au passage. Il repensa à la soirée folle qu’il venait de passer. Il s’étonna de sa témérité, ou plutôt du fait qu’il en ait été privé si longtemps. C’était libérateur de reprendre sa liberté. Ce qui, en fait, n’était pas vraiment surprenant. Mais il se comprenait ; prendre ainsi des décisions spontanées avait levé un poids sur sa conscience. Désormais, son avenir était totalement bouleversé. Il passait de mécréant à inquisiteur, chargé de rétablir la justice par tous les moyens. Et, bien qu’il n’ait encore rien accompli de tangible, cela lui procurait une certaine fierté de se savoir du côté des gentils. Et surtout, il était soulagé de savoir que ce côté existait.
Skye le tira de ses pensées en posant sa tête sur son épaule. Il se figea, surpris et ne sachant comment réagir. La louve ferma les yeux avant de dire en baillant : J’ai un de ces coups de barre d’un coup…
-C’est vrai… On n’a pas vraiment dormi cette nuit, répondit-il avec la plus grande neutralité possible.
-Mmm… Approuva la louve. Bonne nuit Fidget, ajouta-t-elle en se mettant plus à l’aise.
-Bonne nuit, répondit-il avec un petit rire. Il laissa sa tête tomber en arrière en fermant les yeux, cherchant le sommeil et appréciant le contact. Skye avait raison, autant dormir pour reprendre quelques forces, et en plus le voyage passerait plus vite.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
18 mars 2018 à 22:31:58

Ils furent réveillés par le claquement métallique des portes. Alors qu’ils se frottaient les yeux, ils purent entendre le bruit des conversations à l'extérieur, accompagné de nombreux autres sons ; moteurs, métaux, machines en tout genre…
Miguel rouvrit la porte, leur souhaitant une bonne arrivée dans la résistance. Ils se levèrent prestement pour le suivre à l’extérieur. Il leur fallut quelques secondes de brûlures oculaires avant de pouvoir distinguer ce qu’il se tramait autour d’eux.
Les deux monstres eurent l’impression de se retrouver au beau milieu d’une fourmilière. Ils se trouvaient dans une sorte de hangar où des dizaines de monstres vaquaient à des occupations diverses, marchant dans tous les sens sans jamais se percuter ou se gêner. La base semblait minutieusement organisée, comme une fine pièce d’horlogerie. Là quelques monstres que Fidget assuma être des mécaniciens retapaient un véhicule lourd, ici d’autres déchargeaient des camions semblables à celui dont ils émergeaient. Parmi eux circulaient quelques escouades, le bruit synchronisé de leurs pas semblables au tonnerre. Se jouaient encore un milliard d’autres tâches plus ou moins importantes, menées par des individus profondément déterminés à faire avancer la machine qu’était la résistance.
Le lion poussa un sifflement impressionné.
-Vous êtes vraiment beaucoup, dit-il avec admiration.
-Pas tant que ça, juste un peu plus de deux cent. Mais c’est toujours agréable de voir ce spectacle. Venez, je vais vous montrer là où on s’occupe des recrues. Quelqu’un vous fera visiter.
Tout de même, pensa Fidget en regardant autour de lui. Il tentait de comprendre la fonction d’un maximum de groupes ; peut-être ferait-il bientôt partie de l’un d’entre eux. C’était remarquable, pensa-t-il, qu’une organisation de cette taille puisse subsister dans le secret.
Skye et lui ne lâchèrent pas le tigre d’une semelle. Ils ne connaissaient rien des usages de l’endroit, et préféraient ne pas les découvrir à leurs dépens. Miguel les fit finalement sortir du hangar pour pénétrer dans des tunnels plus étroits, laissant juste la place de se croiser. Ils croisèrent d’ailleurs une souris chargée de papiers qui leur rendit leur salut, ainsi qu’une lézarde jaunâtre en blouse blanche trop absorbée par sa tablette pour répondre. Ils firent ainsi l’expérience de devoir se coller aux murs pour passer.
Le tigre leur faisait suivre un chemin incompréhensible dans le dédale souterrain. Car oui, de toute évidence, ils étaient sous terre. Cela ne plaisait guère à Fidget, et ne devait pas vraiment exciter les autres monstres non plus, mais c’était sûrement la possibilité la plus pratique.
-On y est presque. Vous verrez votre guide est un de nos meilleurs éléments.
-Ah bon ? Demanda Skye.
-Oui, et il n’y a pas si longtemps, elle était comme vous. Mais étant donné la façon dont elle est arrivée ici, elle n’a pas mis longtemps à gravir les échelons.
-Qu’est-ce qu’elle a fait ? L’interrogea Fidget
-Vous lui demanderez le détail, mais elle s’est pointée ici un jour avec une quinzaine d’autres monstres sous ses ordres, et tous entièrement libres les bougres, aucun collier.
Fidget et Skye se regardèrent, impressionnés et se demandant de qui il pouvait bien s’agir. Ils entrèrent dans ce qui ressemblait à une petite salle de contrôle. Des listes et des écrans surchargés peuplaient les murs, les bureaux croulaient sous les papiers en tout genre, et plusieurs monstres s'affairaient sur des ordinateurs, oreillettes vissées sur le crâne. Le tigre les mena dans un coin de la pièce, vers une table où se tenait une monstre qui leur tournait le dos. Elle semblait lire quelque papier.
Elle se retourna vers Miguel en entendant leurs pas.
-Tu ramène du sang frais ? Le taquina-t-elle. Puis ses yeux se tournèrent vers les deux nouvelles recrues.
Le lion n’entendit pas la réponse du tigre. Il n’était pas sûr de ce qu’il avait vu, mais désormais cela était indéniable.
-Fidget ! S’écria la monstre aviaire qui lui faisait face en écartant les ailes. Nul doute, avec ses plumes blanches et son air altier, il s’étonna de ne pas l’avoir reconnue plus tôt.
-Betty ! S’écria-t-il à son tour en la serrant dans ses bras, acceptant son invitation.
-Ça fait un bail ! Dit-elle
-C’est clair. Qu’est-ce qui t’es arrivé depuis ? C’est vrai que t’es arrivée ici avec plein d’autres monstres ?
-Je te raconterai tout ça en te faisant visiter. Enfin, en vous faisant visiter, puisque tu es en charmante compagnie.
Skye regardait la monstre aviaire avec attention, et une pointe de dédain, ou était-ce de la jalousie ? Elle la salua froidement, n’appréciant pas son apparente proximité avec Fidget.
-Enfin bref, fit Betty, allons-y.
-Comme la dernière fois… marmonna le lion
-Cette fois, ça devrait mieux se passer, répondit la colombe avec un sourire. En passant à côté de Skye, ayant bien vu son regard, elle lui glissa : Y a rien entre Fidget et moi, si tu te demandes.
La louve ne répondit rien, ignorant la remarque. Elle leur emboîta simplement le pas, pressée de finir cette visite.
Le reste de la base était semblable à ce qu’ils en avaient déjà vu. Tout du long, Fidget ne cessa de se demander comment ils avaient réussi à construire un tel endroit, et à recruter autant de gens. Mais lorsqu’il posa la question à Betty, celle-ci répondit simplement qu’ils avaient travaillé dur pour atteindre ce point, et comptaient bien faire en sorte que cela vaille le coup.
Elle leur raconta également comment, suite au départ de Fidget, elle n’avait cessé de se demander pourquoi elle restait. Finalement, elle avait convaincu tout le monde de se révolter et ils s’étaient enfuis une nuit, non sans se venger de ce qu’ils avaient subi. Betty n’en était pas particulièrement fière, mais c’était nécessaire. Ils ne pouvaient pas laisser l'opportunité à des gens comme ça de continuer leurs activités.
Ils avaient ensuite erré avec prudence vers les montagnes, jusqu’à tomber par hasard sur des membres de la résistance qui les avaient ramenés ici. Fidget lui demanda dans quelle montagne ils se trouvaient, et elle l’informa qu’ils avaient investi un réseau de grottes à quelques dizaines de kilomètres de la ville. Ils avaient tout camouflé, et occupaient désormais un espace assez grand. Suffisant du moins pour leurs activités. Betty était arrivée alors que la majorité des infrastructures étaient déjà en place, mais apparemment, ils avaient trimé pour en arriver là.
Cela l’amena à parler du fondateur de la résistance, celui qui, le premier, avait réuni le courage de lutter de façon organisée contre l'hégémonie humaine. C’était apparemment un monstre aviaire, comme elle. La colombe leurs dit d’ailleurs qu’ils s'apprêtaient à les rencontrer, le monstre tenant à rencontrer personnellement les nouveaux arrivants.
-Comment est-ce qu’il s’appelle ? Demanda Fidget
-Adalric.
-Et tu le connais ?
-Plutôt bien, oui, fit-elle en poussant la porte, révélant un bureau assez grand et bien éclairé. La décoration était sommaire - bureau en bois, fauteuil en cuir ainsi qu’une table basse et d’autres fauteuils autour - mais il n’y avait pas vraiment besoin de plus. Dans le fond s’entassaient des casiers probablement bourrés de papier alors que le commandant se levait pour venir les saluer.
-Bonjour, j’imagine que vous devez être les nouvelles recrues ?
Le corbeau vint leur serrer la main. Fidget remarqua immédiatement ses plumes sombres comme la nuit, aussi foncées que celles de Betty étaient blanches. De plus, son âme brillait d’un jaune étincelant ; peu surprenant. Le commandant salua également la colombe d’un rapide baisé, ne laissant aucune ambiguïté quant à leur relation. C’était bien, pensa Fidget, qu’elle ait quelqu’un de proche comme ça.
Adalric les examina en silence, tâchant de percevoir ce qu’ils valaient. Fidget se sentit soudain assez embarrassé et conscient de son corps laissé quelque peu à l’abandon. La faim et le travail l’avaient usé, si bien que son corps n’était pas vraiment sculpté pour l’armée.
-Bien, dit-il finalement, je pense qu’il y a moyen de faire quelque chose de vous. On va d’abord vous entraîner pendant une semaine, et on verra ce que vous donnerez en mission. J’espère pour vous que vous êtes prêts, car l’échec n’est pas permis si nous voulons atteindre notre but. La résistance compte sur vous, vos confrères comptent sur vous, votre race compte sur vous.
C’est bien il nous met pas la pression… pensa le lion en écoutant attentivement le préambule du commandant.
-Le fonctionnement de la base est simple, reprit-il sur un ton implacable. Vous suivez votre routine, et tout se passe bien. Nous aurions horreur de devoir appliquer des sanctions - nous n’avons jamais eu besoin de le faire - mais sachez que nous n’hésiterons pas. Si nous voulons libérer les monstres, nous devons être organisés, et la discipline doit régner. Est-ce clair ?
-Oui.
-Absolument.
-Bien. Betty va vous attribuer un quartier et un emploi du temps. Prenez la journée pour vous familiariser avec la base, votre entraînement commence demain.
Ils hochèrent la tête.
-Vous pouvez disposer.
Les trois monstres sortirent donc, Fidget et Skye légèrement intimidés. Betty rit à leur mine et leur dit qu’Adalric était comme ça avec les nouveaux, mais qu’en vérité le bien-être de ses troupes lui portait énormément à cœur.
La colombe les guida vers une autre partie de la base où logeaient les soldats. Ils eurent de la chance, et obtinrent une chambre pour l’instant inoccupée. C’était une boîte en béton nu pour quatre comportant deux lits superposés, une table bureau, une chaise et une ampoule. Le confort était spartiate, mais Betty leur donna la mission de donner un peu de vivant à l’endroit. Plus facile à dire qu’à faire…
Elle tira deux papiers de sa poche d’uniforme et les leurs tendit. Dessus, ils purent voir leur emploi du temps ainsi que des instructions pour les nouveaux arrivants. Fidget ouvrit avec espoir le tiroir de la table pour y trouver quelques stylos, du papier et - bingo - du scotch. Il attacha les feuilles au mur, remerciant Betty pour son accueil. Celle-ci leur dit que le repas du midi serait servi dans une heure à la cantine qu’ils avaient vue en passant, puis les laissa seuls en leur souhaitant une bonne installation.
-Pouah… Souffla Skye en s’allongeant sur le lit. Elle passa les mains sur son visage avant de dire : C’est pas ce à quoi je m’attendais…
-Moi non plus mais… C’est pas si mal. Bon, c’est vrai qu’on avait plus de confort pas plus tard qu’hier, mais au moins maintenant on est libres.
Elle sembla hésiter, regardant les papiers au mur.
-Est-ce qu’on l’est vraiment, Fidget ? Est-ce qu’on n’a pas juste échangé une forme d’esclavage pour une autre ?
Le lion se rapprocha de la louve, prenant ses mains dans les siennes. Il s’assit à ses côtés et tenta de la rassurer.
-T’as vu le regard de tous ceux qu’on a croisé jusqu’à maintenant ? Est-ce qu’ils avaient l’air désespéré et morts à l’intérieur comme tous les autres à la villa ? Non, ils étaient vivants, ils étaient déterminés, ils étaient fiers de se battre pour quelque chose. Et nous aussi. Bientôt, on sera totalement, entièrement libres Skye. Mais jusque-là il faut tenir le coup, et prendre notre sort entre nos mains pour récupérer nous-même notre liberté. Car ce qui est sûr, c’est qu’elle ne viendra pas des humains.
La louve détourna le regard. Ses yeux se couvrirent d’une fine pellicule.
-T’as raison… souffla-t-elle.
-Hé… là, calme-toi, lui murmura-t-il. Ça va aller, on est à l’abri maintenant, on est sauvés.
-Je sais, dit-elle alors que son regard s’embuait davantage.
-Pleure pas.
Fidget tendit doucement le doigt sous les yeux de la louve, épongeant ses larmes naissantes avec un sourire tendre.
-Je sais, c’est bête, je sais même pas pourquoi je…
-Non, c’est pas bête, lui répondit le lion. Cette nuit a été forte en émotions, c’est normal que tu te laisses aller.
-Oui, mais je ne suis pas triste. Je veux dire, on est plus dans cette maison de merde, on a une chance de regagner notre liberté, on a une chance de faire quelque chose d’utile.
-Shh… C’est pas grave. Laisse toi aller, ça ira mieux.
Il la prit dans ses bras, et elle s’y réfugia sans hésiter. Il ne savait pas quelle était la cause de cette soudaine émotion - Skye elle-même n’en était pas vraiment sûre - mais il devait être là pour elle. Skye avait été là pour lui, alors c’était bien le moins qu’il puisse faire. Et puis, quelque part, il était heureux qu’elle se soit ouverte à lui, qu’elle ait eut la confiance de lui parler de son passé qui revenait la troubler. Ses larmes étaient-elles dues à cela ? L’endroit lui remémorait-il quelque événement passé qu’elle avait tu ? Il n’osa demander.
Finalement, elle se redressa en laissant une tache humide sur l’épaule du lion. Elle avait un sourire triste, et sécha ses dernières larmes. Skye planta ses yeux dans ceux de Fidget.
-T’as raison, dit-elle avec un petit rire, ça va mieux.
-Tu vois, répondit le lion en souriant.
Skye fuit du regard durant un instant alors qu’elle était toujours tout proche de lui. Mais ses yeux revinrent se plonger dans ceux du lion. Elle inspira comme pour parler mais ne dit rien, elle sembla réfléchir, réunir son courage, avant de finalement se lancer.
-Fidget, murmura-t-elle, embrasse-moi.
Et le lion, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde - car c’était la chose la plus naturelle du monde - se pencha pour fermer les derniers millimètres entre leurs lèvres. Il les déposa doucement contre les siennes, savourant le contact pétillant. Soudain, tout s’ordonna dans son esprit. Tous ces sentiments d’amitié, de proximité, de protection, de confiance envers la louve se regroupèrent sous la même bannière, formant enfin un ensemble cohérent.
Leurs bouches se séparèrent un instant, durant lequel leurs regards fusionnèrent à leur tour, puis ils revinrent à l’assaut l’un de l’autre, leurs bouches s’étant soudain changées en sourires satisfaits.
Finalement, tout se finissait bien. Ou du moins, c’était tout comme. Tant qu’ils restaient ainsi collés l’un à l’autre, le monde pouvait bien aller se faire foutre. Les conflits qui habitaient d’habitude leurs esprits étaient relégués loin à l’arrière-plan tant le premier était saturé de bonheur.
Pour la première fois, Fidget pouvait le dire, il était heureux.
La louve sentit une intense chaleur se répandre en elle, lui donnant presque envie de pleurer de joie. Enfin elle était fixée. Elle avait eu beau lui envoyer tout un tas de signaux, il n’avait jamais réagi, et elle s’était monté la tête à craindre que ses sentiments ne soient pas réciproque. Mais non, il l’aimait lui aussi.
Elle se plongea entièrement dans le baiser, se laissant aller au contact chaud et confortable du lion. Skye se sentait si bien ainsi serrée contre lui, et ne voulait plus bouger de cette position. Elle avait eu si peur que le soulagement et la joie en étaient décuplés.
Pour la première fois, Skye pouvait le dire, elle était heureuse.

JamesTheLemmon JamesTheLemmon
MP
Niveau 6
18 mars 2018 à 22:38:18

Betty is back, and I love that.
Exellent chapitre. Hype pour la suite. (Avec peut être le retour de Vaillance ?)

Orion-Is-Back Orion-Is-Back
MP
Niveau 9
19 mars 2018 à 09:50:48

Lézarde jaune à blouse blanche !?
Vouiiiiiiiiii ! Alphys confirmed !

SheogorathEV2 SheogorathEV2
MP
Niveau 14
20 mars 2018 à 08:46:25

ainsi qu’une lézarde jaunâtre en blouse blanche

Ah, Alphys. Manque plus que Mettaton et Blooky

Ewelxyn Ewelxyn
MP
Niveau 51
21 mars 2018 à 10:20:55

Bon episode

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
04 avril 2018 à 22:55:23

Voilà un nouveau chapitre. J'ai l'impression qu'on arrive à un rythme plutôt constant maintenant avec un chapitre toute les deux semaines et demi, ce qui me semble pas mal.
Que dire ? Au bout de presque un an je commence à manque d'inspiration pour ces messages d'avant chapitre ( ͡° ͜ʖ ͡°)
Donc je vais me contenter de vous souhaiter bonne lecture, et de ne pas vous retenir plus longtemps.

Chapitre 20 :

Victor haïssait ce genre de soirées.
Les murmures étaient aussi forts que des bruits de chantier, les cocktails lui brûlaient la gorge alors que les petits fours lui donnaient soif, et, surtout, il avait envie d’arracher ses pieds pour ne plus sentir le calvaire infligé par ses chaussures de cuir. Il ne pouvait pas faire un pas sans avoir l’impression d’être écrasé sous des rochers, et ne pouvait pas s’asseoir sans vouloir immédiatement bouger dans une vaine tentative d’alléger la souffrance. Le pire dans tout ça était que plus il pensait à ses pieds, plus il avait mal, et plus il avait mal, plus la douleur obnubilait son esprit.
Les gens lui parlaient, et Victor répondait, l’esprit ailleurs. Alors, comment vont les études ? Tu comptes te lancer dans un business ou reprendre l’entreprise familiale ? Oh, je ne sais pas trop, mais j’ai quelques idées.
Au fond, il avait surtout envie de récupérer Copperheinmer ind. pour pouvoir trouver un moyen de désactiver tous ces colliers. Et d’ailleurs, il flirtait avec l’idée d’un coup d’état. Mais bon, la réalité était que le pouvoir était aux mains des actionnaires et investisseurs avec qui il était justement en train de parler du futur. Quelle ironie. Victor repensa aux documentaires sur l’histoire qu’il avait vus par le passé ; le pouvoir du roi auprès de ses vassaux passait avant tout par sa capacité à assurer sa succession. L’un des défis majeurs du dirigeant était de rassurer ceux qui le maintenaient indirectement au pouvoir vis à vis de la pérennité du statut quo via la présence d’un héritier légitime. Cela se traduisait par le fait que mieux il jouait le fils modèle, mieux l’entreprise semblerait durable.
Il hésita un instant à danser nu sur la table.
Puis rejeta l’idée ; il devait être plus subtil, avoir la vision du long terme. Il nuirait bien plus à tous ces connards suffisants s’il tirait les rênes dans le mur que s’il se discréditait maintenant.
Victor passa le reste de la soirée à valser entre ses chaussures douloureuses, l’ironie de ses machinations, et la douce récompense qui l’attendait quelques étages au-dessus - il se consolait en se disant que son père serait sûrement pris bien plus longtemps que lui, et que cela lui laisserait l'appartement entièrement libre. Au pire, il pourrait se glisser à l’étage des monstres et réapparaître le lendemain, prétextant une fin de soirée chez des amis. Il riait à l’idée que tous ces racistes jouiraient de leur petite soirée sans s'imaginer que lui ferait de même avec Vaillance quelques mètres au-dessus de leurs têtes.

Quelques verres plus tard, Victor se leva. Passablement alcoolisé, il constata qu’il était plus de minuit ; il avait fait une apparition suffisante et pouvait s’éclipser discrètement.
Malheureusement l’espoir d’accomplir cet objectif s'effondra en même temps que la serveuse qui passait là dans laquelle il se cogna vivement. La pauvre monstre ne l’avait pas du tout vu venir et regarda, pétrifiée, le contenu de son plateau se déverser sur le costume flambant neuf de l’humain, ainsi que sur le sien et le sol partout autour.
Un hoquet choqué parcourut la salle alors que Victor put sentir le poids des regards peser sur lui. Il devait réagir, et vite. Tout le monde jugeait son comportement ; le moindre de ses gestes serait disséqué. La serveuse fondait déjà en excuse alors qu’il ne savait quoi faire. Le tissu détrempé le ramena à la réalité ; il devait agir, vite.
-Voyons, ne vous interrompez pas pour ça, dit-il avec une assurance qu’il ne se connaissait pas, les accidents arrivent.
Victor s’empara d’une serviette de table, faisant mine d’éponger sa veste.
-Ah non je vais avoir du mal à essuyer, murmura-t-il assez fort pour que tous entendent. Il joua la personne embarrassée.
-Ce n’est pas grave, fit-il en levant les mains, c’est même une bonne nouvelle ; laissez-moi cinq minutes pour enfiler une tenue encore plus classe.
Victor fit un clin d’œil à un groupe de jeunes filles à une table plus loin alors qu’un rire détendu gagna soudain l’assemblée. Quelle chance que ces soirée mondaines comportent leur dose de jolies filles de son âge pensa-t-il.
Il prit la serveuse encore tétanisée par le bras, la tirant en coulisse alors que plus personne ne lui prêtait attention. Il avait joué la carte de l’humour, et cela avait semblé marcher.
À peine se furent-ils éclipsés que la serveuse se jeta à ses pieds pour l’implorer de la pardonner. Ils savaient tous comment les monstres étaient traités dans cette maison, et la pauvre devait vraiment craindre pour sa vie. Il la releva doucement en la tenant par les avant-bras et lui dit en souriant d’aller se changer avant que quelqu’un ne remarque son absence et qu’il ne lui en voulait pas. La monstre le regarda pendant quelques secondes et sembla le reconnaître. Ses yeux débordèrent de soulagement et de gratitude quand elle réalisa que l’humain en face d’elle était le seul qui les traitait avec respect. Puis elle déguerpit sans demander son reste. Toutefois, Victor la retint par le bras.
-Fais-moi une faveur ; par où est-ce que je peux passer pour remonter sans me faire voir ?
Une lueur de crainte passa dans les yeux de la serveuse, rapidement dissipée par la suite de la phrase. Elle le guida dans les couloirs réservés aux employés, alors que Victor ne put s’empêcher de remarquer les conditions déplorables dans lesquelles ils vivaient.
Finalement, ils débouchèrent dans le quartier des monstres. De là, le jeune homme savait comment procéder. Il remercia sa guide de lui avoir offert une échappatoire avant de partir de son côté, laissant une forte odeur de champagne dans son sillage.

Vaillance entendit les clés tourner dans la serrure de l’appartement. Il se sentit soudain très bête de s’être posté sur le lit de Victor pour s’offrir à lui, totalement dénudé, dès qu’il rentrerait. Et si ce n’était pas lui qui venait d’entrer ? Aucune façon de s’en assurer. Vaillance décida finalement de ne pas prendre de risques et se leva pour passer sur le balcon. De là, il se cacha derrière le mur, guettant un indice de la présence de son amant.
Il avait froid, vraiment très froid, mais au moins personne ne le verrait. Ni depuis l’intérieur, ni depuis les autres appartements dans la nuit noire. Soudain, Vaillance entendit la porte de la chambre s’ouvrir. Il se doutait qu’il s’agissait de Victor, mais son cœur se figea néanmoins. Il retint son souffle de peur que la condensation qui s’échappait de sa bouche ne le trahisse.
-Vaillance ? Entendit-il appeler depuis l’intérieur. Le monstre se détendit et se sentit à nouveau bête, d’avoir douté cette fois. Il se présenta dans l’ouverture de la baie vitrée, posant de façon aguicheuse, et se déhancha jusqu’aux bras de Victor ; cela faisait du bien de rentrer se réchauffer dans sa douce étreinte.
Le jeune homme l’embrassa immédiatement, frissonnant en rencontrant les lèvres froides de Vaillance. Il passa ses mains dans l’épaisse fourrure du monstre, surpris par les poils glacés sous ses doigts.
-Qu’est-ce que tu faisais dehors ? L’interrogea-t-il.
-T’occupe, lui répondit le monstre en ponctuant sa phrase d’un baiser. Lui aussi avait attendu avec impatience ce moment, et il ne voulait pas perdre son temps en balivernes. Vaillance ne se fit pas prier pour déboutonner la veste du jeune homme, passant ses mains sous le tissu soyeux. Il se demanda pourquoi celui-ci était imbibé d’alcool, avant de décréter qu’il n’en avait que faire.
Victor envoya enfin valser les fers à ses pieds et accompagna le geste de son partenaire, pressé de sentir son doux pelage contre sa peau ardente. Le désir brûlait en lui, répandant ses flammes dans ses veines, consumant son corps tout entier.
Les deux se jetèrent prestement sur le lit et firent passionnément l’amour, laissant enfin libre cours à leurs penchants torrides.

Les premiers rayons du soleil vinrent les réveiller le lendemain matin. Ils étaient toujours lovés l’un contre l’autre, ne formant qu’un seul corps. C’était imprudent, Oscar aurait pu les découvrir simplement en ouvrant, mais Victor était serein. Il avait pris soin de verrouiller sa porte la veille, se disant qu’il serait plus simple d’expliquer pourquoi sa chambre était fermée que pourquoi il était dans les bras d’un monstre.
Le monstre s’étira et se serra plus confortablement contre Victor. Il était si bien ici, obnubilé par les caresses du jeune homme dans son dos. Aurait-il été chat qu’il aurait sans nul doute ronronné, mais il se contenta de gratifier son amant de quelques baisers dans le cou.
-Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? Lui demanda ce dernier.
Vaillance marmonna quelque chose d’incompréhensible sur un ton somnolent.
-On reste ici… articula-t-il finalement au prix d’un gros effort. Le monstre arrangea une nouvelle fois sa position, posant sa tête endormie sur le torse de son amant.
Victor se laissa rattraper par les bras de Morphée. Il était si bien ici avec Vaillance, juste tous les deux à l’abri du reste du monde. Ici, il était dans un endroit à part ; ils s’étaient jetés un sort qu’il avait bien trop peur de briser d’un faux mouvement. Mais, quelque part, y penser n’était-ce pas déjà le briser ?
Le jeune homme sentait Vaillance se presser de plus en plus fort contre lui. Il se tourna pour lui faire face, caressant son visage d’une main.
-Ça va ? Lui demanda-t-il. Il sentait que quelque chose clochait, comme si Vaillance avait soudain besoin de lui pour tenir éloignés quelques démons.
-Oui tout va bien. J’étais juste en train… de penser à la chance que j’ai de t’avoir. Ça peut sembler bête mais… J’aurais jamais imaginé trouver quelqu’un comme toi, être aussi proche de quelqu’un, et surtout pas dans ces circonstances.
Victor posa un baiser plein de douceur sur ses lèvres.
-Moi non plus je n’y aurais pas cru. Mais c’est arrivé, et tant mieux non ?
-Bien sûr mais…
Vaillance soupira, cherchant ses mots.
-Tout ça c’est… trop beau. J’ai encore du mal à me convaincre parfois que tout ça est réel. Si je ne te sens pas, là, juste à côté, je pourrais presque croire que tout n’est qu’un rêve.
-Alors je resterai aussi proche de toi qu’il le faudra.
Victor passa les bras autour de son amant, rapprochant leurs corps à tel point qu’il put sentir le cœur du monstre contre le sien. Vaillance se laissa faire et, à son tour, enlaça doucement le jeune homme.
La question brûlait les lèvres de Victor ; que s’était-il passé durant ces années passées en tant que fugitif ? Il n’imaginait même pas tout ce que Vaillance avait dû voir et, de fait, n’osait poser la question. Mais il savait que cela avait laissé des traces. Que son amant avait été profondément bouleversé, brisé, par son temps passé à la surface. Il devait l’aider, il devait l’épauler durant sa guérison.
-Tu sais, si tu as quelque chose sur le cœur, tu peux m’en parler, dit finalement le jeune homme.
Vaillance ne répondit rien, et Victor attendit, si bien que le monstre se décida finalement à prononcer quelques mots.
-Quelques fois, j’aimerais ne jamais avoir franchi cette foutue barrière…
Victor hocha la tête, attendant davantage.
-Et puis d’autres fois, j’ai l’impression que c’était une sorte d’épreuve tordue du destin. Quand je vois où j’en suis aujourd’hui, je me dis que peut-être cela valait le coup, que désormais c’est du passé, que les choses ne peuvent que s’améliorer...
-Mais j’ai peur, Victor. J’ai peur que tout redevienne comme avant. Il suffirait d’un rien. Que se passerait-il si ton père nous surprenait ? Que se passerait-il s’il t’arrivait malheur ? Que se passerait-il si nous ne nous aimions plus ?
-Shhh… Le calma Victor en passant sa main dans son dos. Ne t’inquiète pas de tout cela.
-J’aimerais bien. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Ça me revient sans cesse.
-Alors parles m’en. Peut-être que c’est parce que tu gardes tout pour toi que ça t’obsède comme ça.
-J’avais peur de t’ennuyer. Que tu me trouves trop parano ou je ne sais quoi.
Victor recula, cherchant les yeux de Vaillance du regard.
-Tu peux tout me dire. Je ne veux pas que tu aies peur de quoi que ce soit. Ni pour ta sécurité, ni pour ton avenir, ni pour nous. Je veux que tu puisses être serein, que tu puisses être heureux. Et si tu gardes tout ça pour toi, alors tu ne pourras pas l’être.
-D'accord… Murmura le monstre en enfouissant sa tête dans le torse de Victor. Il s’y sentait bien, ses pensées le laissaient en paix quand il était là. Plus tard... ajouta-t-il, ne voulant pas réveiller les cauchemars enfin calmés.

erosdog erosdog
MP
Niveau 10
04 avril 2018 à 22:56:51

Au bout de quelques heures les deux amants décidèrent de sortir pour se changer les idées. Ils s’accordèrent pour retourner au parc où ils s’étaient déjà rendus, se sentant plus à l’aise en terrain connu.
Le couple prit un instant pour enfiler des vêtements avant de se faufiler dehors. L’air était froid et sec, mais cela n’était qu’une faible gêne face à l’espacement forcé qu’ils devaient respecter en public.
-Viens on va prendre un raccourci, dit Victor. Il entraîna Vaillance dans les petites rues de la ville, à l’abri des grandes artères. Ils sentaient une légère pointe d'inquiétude poindre dans les ruelles sombres, mais pas de quoi réellement les mettre mal à l’aise. Simplement de la paranoïa infondée.
Toutefois, ils sursautèrent en entendant un bruit métallique à quelques mètres d’eux. Les deux amants se figèrent, cherchant l’origine du boucan. Ils scrutèrent la ruelle mais les encombrants jonchés au sol décuplaient la complexité de la tâche. Ce fut Vaillance qui, d’un signe discret, pointa du doigt une forme dans la pénombre qu’il avait failli louper.
Les deux amants hésitèrent avant de s’approcher. L’ombre était petite ; sûrement un animal perdu ou quelque chose du genre. Alors qu’ils n’étaient qu’à quelques mètres, un rayon de soleil pénétra les nuages et vint faire briller la créature cachée. Victor aurait juré avoir aperçu des écailles, mais ce n’est qu’en faisant quelques pas de plus qu’il ne se rendit compte de ce à quoi il faisait face.
Dans la pénombre se cachait un petit corps, celui d’un enfant. Deux yeux brillant d’un jaune orangé fendaient l’obscurité et les scrutaient avec crainte. Le jeune homme ne parvenait pas à voir clairement l’expression du petit monstre, mais il devinait de la peur.
Le haut de son corps semblait tout à fait normal ; humanoïde, couvert d’une peau classique. Mais en dessous de la taille ses jambes étaient réunies dans une longue queue reptilienne couvertes d’écailles verdâtres. Le monstre face à lui semblait une fusion parfaite entre homme et serpent.
Victor hésitait. Que devaient-ils faire ? Il se concentra pour tenter de percevoir le cou du jeune monstre, mais impossible de distinguer les détails. Il voyait les écailles grâce à leur reflet, et distinguait les contours clairs de la peau, mais il ne pouvait en dire plus.
Il se tourna vers Vaillance qui lui rendit son regard et, d’un accord tacite, décidèrent de se rapprocher davantage ; à une distance suffisante pour pouvoir interagir.
Vaillance passa le premier. Il inspirerait sûrement plus confiance à l’enfant que Victor. Le monstre se terra d’ailleurs un peu plus au fond de son abri, comme si cela pouvait suffire à le rendre invisible.
-N’aie pas peur, susurra Vaillance. Il s'accroupit, tentant de présenter une posture rassurante. Le monstre n’avait pas vraiment d’expérience avec les enfants, mais son instinct lui dictait la marche à suivre.
-On est gentils.
Le petit se rapprocha, tendant la tête dans ce qui semblait être de la curiosité. Peut-être était-il en train de revenir sur son jugement, ou au moins de leur donner une chance. Vaillance essayait de ne pas montrer la soudaine pression qu’il ressentait.
-Tu es tout seul ? Demanda-t-il. L’enfant ne répondit rien, le regardant comme le ferait un animal blessé. Dans un mélange de curiosité et de crainte. Ami ou ennemi ? Est-il là pour me sauver ou me tuer ?
Victor regarda son amant esquisser un mouvement vers l’avant. Contrairement à ce qu’il craignait, l’enfant ne recula pas. L’humain tâta ses poches, mais il n’avait rien qui pourrait servir d’appât ; ni nourriture, ni jouet, ni quoi que ce soit. Il n’avait que son téléphone, et il doutait que cela soit d’une quelconque utilité.
-Comment est-ce que tu t’appelles ?
Les lèvres de l’enfant frémirent, mais aucun son n’en sortit.
-Je m’appelle Vaillance, et voici mon ami Victor.
Le petit monstre regarda le jeune homme dans les yeux, avant de reposer son regard sur la personne en face de lui.
-On voudrait t’aider, mais pour cela on doit savoir ce que tu fais là.
Vaillance lui tendit la main.
-Viens, on ne te veut pas de mal.
L’enfant sembla finalement avoir pris sa décision. Il fit quelques pas hésitants à l’extérieur des ombres. Ou plutôt, quelques oscillations. En effet le petit monstre se déplaçait sur sa queue en la faisant onduler sur le sol. Vaillance lui fit un sourire, satisfait de la progression.
-Tu me comprends ?
Le monstre hocha la tête. Les deux amants virent d’ailleurs immédiatement que le cou de l’enfant était totalement dégagé, ce qui vint ajouter à leur surprise.
-Alors comment est-ce que tu t’appelles ?
-Reitex, articula-t-il enfin. Il avait une voix aiguë mais fatiguée, comme s’il était mal en point. Ce qui était d’ailleurs probablement le cas.
-Reitex ? Répéta Vaillance. C’est un très joli prénom. Alors dis-moi Reitex, qu’est-ce que tu fais là ?
-Maman m’a dit d’attendre ici cette nuit. Elle a dit qu’elle reviendrait vite. Alors je l’attends. Mais j’ai faim, et puis j’ai froid.
Victor et Vaillance se lancèrent un regard de compréhension mutuelle.
-Ta maman, quand elle est partie, elle allait par où ?
-Là-bas, dit le petit monstre en pointant du doigt le côté d’où venaient les deux amants.
-Et tu l’attends depuis cette nuit ?
-Oui. Elle a dit que c’était très important. Elle a dit qu’elle reviendrait vite, et elle est partie vite.
L’histoire de la nuit était si claire que c’en était d’autant plus douloureux. Victor et Vaillance savaient bien que le gamin ne reverrait sûrement jamais sa mère. Il avait quoi ? Cinq, six ans, tout au plus. C’était sale. Vraiment très sale.
Ils s’interrogèrent du regard. Ils ne pouvaient pas laisser le gosse ici. Mais en même temps, que faire pour l’aider ? Ils prenaient déjà assez de risques comme ça. Victor réfléchit un instant. Peut-être que s’ils le cachaient dans l’un de ces cartons, ils pourraient le ramener chez eux. Son père n’allait jamais à l’étage réservé aux monstres, ni aucun humain d’ailleurs. Ce serait l’endroit parfait pour le cacher. Il aurait en tout cas plus de chances de s’en sortir que dans la rue.
-Peut-être qu’on pourrait t’aider à chercher ta maman, lui proposa Victor. Mais l’enfant ne répondit rien. Il ne lui prêta même pas attention, comme s’il ne l’avait même pas entendu.
-Reitex ? Répéta Victor, perplexe.
-Tu ne réponds pas à mon ami ? Demanda gentiment Vaillance.
-Maman a dit de ne pas parler aux humains.
Évidemment…
-Et ta maman a raison. C’est quelqu’un de très intelligent, et tu es malin de faire ce qu’elle dit. Mais c’est un humain gentil. La preuve, je suis ami avec lui.
-Oui mais tu as un collier.
Vaillance fut un peu pris au dépourvu. Il reprit contenance avant de répondre :
-Il est gentil quand même. Ce n’est pas lui qui me l’a mis, ce sont d’autres humains pas gentils.
-Maman a dit que-
-Écoute Reitex, l’interrompit Vaillance, est-ce que tu vois cette lumière ? Lui demanda-t-il en plaçant le doigt sur la diode du collier.
Le petit monstre hocha la tête.
-Est-ce qu’elle est allumée ?
Il la secoua.
-Alors ça veut dire que je fais ce que je veux, et que mon ami est vraiment mon ami, et qu’il est vraiment gentil.
Reitex regarda intensément le cou de Vaillance, les yeux plissés par la curiosité. Ce qui se jouait autour de lui le dépassait totalement, mais sa réflexion sembla porter ses fruits et il se tourna vers Victor, le visage moins fermé.
-Maman m’a dit de rester ici, et qu’elle reviendrait vite.
-D’accord, mais tu ne vas pas rester dehors toute la journée quand même ? Il faut que tu manges et que tu te réchauffes.
Le gamin lui faisait pitié. Il était couvert de haillons et Victor pouvait voir ses côtes au travers des trous dans les vêtements.
-Maman a dit de rester ici.
Victor regarda son amant, le suppliant du regard. Le gamin était têtu, et de toute façon, il ne lui faisait pas entièrement confiance. Si quelqu’un pouvait le convaincre, ce ne serait pas lui.
-Écoute mon grand, reprit Vaillance, ta maman va en avoir pour un moment. Elle est partie loin, pour faire quelque chose d’important, mais elle ne va pas revenir tout de suite.
-Elle a dit qu’elle ferait vite.
-Elle a sous-estimé le temps qu’il lui faudrait.
-Ça veut dire quoi sous-estimer ?
-Erm, ça veut dire qu’elle va mettre plus de temps qu’elle pensait.
Le gamin le regarda, il n’avait vraiment pas l’air convaincu.
-Voilà ce que je te propose, lui dit Vaillance. Tu viens avec nous dans notre maison pour que tu puisses manger et te reposer, et on t’aide à chercher ta maman.
-Mais après elle va pas me retrouver.
-Et si elle a oublié où tu étais ? Ou qu’elle prend plus de temps que prévu ? C’est mieux que tu l’attendes chez nous. On connaît du monde, quelqu’un lui dira et tu es chez nous, et elle viendra te chercher. Comme ça, tu peux manger et l’attendre au chaud.
La discussion se poursuivit ainsi durant plusieurs longues minutes. Vaillance déploya tous ses talents de négociateur, mais l’enfant était têtu. Finalement, à force d’insister sur la nourriture et le froid, Vaillance sembla toucher quelque point instinctif de l’esprit du petit monstre, et il accepta à contrecœur. Les deux amants furent soulagés, ils ne se voyaient vraiment pas expliquer au petit les vraies raisons qui les poussaient à l’aider, c’était mieux s’il croyait à une situation temporaire.
Victor et Vaillance auraient vraiment souhaité qu’elle soit si temporaire que cela. Mais en réalité, quelles étaient les chances que la monstre s’en sorte en vie, et quelles étaient les chances qu’ils tombent sur elle, parviennent à l’acheter, et que durant tout ce temps personne ne découvre le pot au rose ? Et il faudrait aussi qu’elle soit ensuite capable de s’occuper de l’enfant, de s’échapper, de vivre dans la rue ; ils n’avaient pas besoin d’un doctorat en mathématiques pour déterminer que les probabilités étaient infimes.
Ils en parleraient plus tard, pas devant le gamin. Victor dénicha une boite en carton et demanda à l’enfant de grimper dedans, lui expliquant de ne pas faire de bruit en invoquant une excuse fumeuse de cache-cache. En réalité, ils voulaient surtout l’introduire discrètement dans le bâtiment ; la sécurité était le seul service encore exercé par des humains, c’était bien leur veine.

Le jeune homme posa finalement le carton sur le comptoir de la cuisine, de grosses gouttes de sueur perlant sur le front. Le gamin n’en avait pas l’air, mais il pesait son poids.
-Bravo, tu as gagné ! Fanfaronna Vaillance en ouvrant la boite. Il s’attendait à trouver le monstre terrifié, mais celui-ci arborait un grand sourire. Ce devait être son côté reptile qui lui faisait aimer les espaces sombres.
L’enfant s'extirpa du conteneur avant de s’asseoir bizarrement, sa queue enroulée sous lui. Victor et Vaillance ne cherchèrent pas d’explication, se disant qu’ils feraient probablement de nombreuses autres découvertes étranges sur l’anatomie du petit. Vaillance était toutefois moins perplexe, habitué aux excentricités des monstres.
-Qu’est-ce que tu aimes manger ? Demanda Victor en farfouillant dans les placards.
-Des bonbons ! S’écria l’enfant, tout excité.
-Hum… Peut-être quelque chose de plus… consistant. Tu aimes les sandwichs ?
-C’est quoi ?
Victor réprima l’envie de s’écrier "Tu connais pas ?". Évidemment qu’il ne connaissait pas. Il lui demanda s’il aimait le pain, le jambon, le beurre et la mayonnaise, ce à quoi Reitex répondit que oui. Victor se lança alors dans la préparation d’un sandwich rudimentaire tandis que Vaillance tentait de distraire l’enfant. Il lui posait des questions diverses sur lui, sur ce qu’il aimait faire, et s’étonna de voir qu’un enfant né à la surface puisse fournir des réponses semblables à celles qu’il aurait lui-même donné à son âge. Sa mère devait être une femme forte pour être parvenue à lui offrir tout ça. Il chassa cette pensée, la pauvre n’était probablement plus quoi que ce soit à l’heure qu’il était ; il n’avait pas besoin de se préoccuper de cela pour l’instant. Malgré tout, il se demanda comment ils pourraient l’annoncer au petit monstre. Ils ne lui diraient sûrement pas. Pas tout de suite du moins.
Victor posa une assiette devant Reitex. Les sandwichs n’étaient pas si mal finalement - en même temps, se dit Victor, c’était un plat compliqué à rater. Le petit se jeta dessus comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours et les dévora en quelques bouchées. Après réflexion, il n’avait probablement en effet pas mangé depuis des jours.
Sa faim rassasié, Reitex fut pris de sommeil. Il commençait déjà à fermer les yeux si bien que Victor l’emmena dans sa chambre, l’allongea sur son lit, et quitta la pièce sur un pas de loup alors que l’enfant dormait déjà. Bonne nouvelle, cela lui permettrait de discuter un peu avec Vaillance.
Celui-ci l’attendait sur le canapé, le visage inquiet.
-Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ?
- On n’a pas vraiment le choix. Mon père ne va jamais là où vous habitez, je me suis dit que peut-être…
-Bonne idée, mais il y a tous les autres monstres qui seront témoins.
-Tant qu’il ne les interroge pas, il n’y a aucune raison qu’ils se mettent à sortir ce genre de choses. Et pourquoi irait-il leur poser cette question ?
-Et si on se met l’un d’eux à dos ?
-J’espère qu’ils seront assez intelligents pour ne rien dire, étant donné que cela leur porterait préjudice à tous. Et puis dans le pire des cas, leurs colliers m’obéissent aussi alors…
-Victor…
-Ça ne me plaît pas plus qu’à toi, mais je suis sûr qu’ils comprendront. Et puis, ce n’est pas un ordre si c’est ce qu’ils auraient fait de toute façon.
-C’est sûr mais bon…
-Concentrons-nous sur l’important avant de voir les détails. Il faudra bien quelqu’un pour s’occuper de lui.
-Je peux le faire. Tu sais bien qu’à part les moments que nous passons ensemble, je n’ai absolument rien à faire de mes journées.
-D’accord, mais les moments où nous serons tous les deux ?
-Je ne sais pas, il y aura bien quelqu’un de libre en bas pour le surveiller.
-J’imagine que la nourriture et tout le reste ne devrait pas poser trop de problèmes. Merde… Je sais même pas comment fonctionne votre bouffe…
-C’est les cuisiniers qui s’en chargent. Je leur en toucherai deux mots.
Victor soupira.
-Ça va encore être du repos tout ça…
-Vois le bon côté des choses. Au moins, si on a un enfant un jour, on sera entraînés.
Victor sourit. Il s’approcha du canapé, posant un baiser sur les lèvres de Vaillance et sa main sur sa cuisse.
-Et bien, peut-être qu’on devrait aussi s’entraîner à en faire un…

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