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Sujet : [Fic] Une vie d'élu

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BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 août 2021 à 11:26:20

Oui merci pour votre soutien les kheyou, et désolé du retard. C'est un peu le bordel en ce moment dans ma vie mais j'écris toujours en parallèle. Juste, ça me prend nettement plus de temps. :mort:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
18 août 2021 à 20:36:12

Bon désolé du retard les kheys, il va me falloir quelques jours de plus. J'ai eu une couille IRL, je vais avoir besoin de quelques jours pour régler ça. Le chapitre devrait être là pour ce week end.

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
20 août 2021 à 12:01:39

Bon courage mec

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
21 août 2021 à 17:02:10

Merci mon khey, ça va aller. I will survive.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
30 août 2021 à 22:36:28

Chapitre 51: Quand il y en a plus, il y en a encore. 

Le retour dans les faubourgs de Dune sonna comme une délivrance pour les opérateurs du RAC. Par une chance insolente, aucun d’entre nous n’avait subi de blessure réellement sérieuse durant les affrontements. On souffrait de multiples coupures, hématomes et contusions, et l’un des opérateurs de Weston s’était par ailleurs fait fracturer plusieurs côtes lorsque son gilet pare-flèche avait encaissé un carreau de plein fouet, mais en dehors de ça, on était tous bien vivants, à notre plus grand étonnement d’ailleurs. Statistiquement, les probabilités qu’on en sorte tous indemnes étaient tout bonnement ridicules, à la limite du zéro absolu. Et pourtant…
-T’as une chance de cocu mon gars. Commenta Abnur Lex en aidant son opérateur à retirer son gilet pare-flèche. Pour le même prix, t’étais coupé en deux.

L’intéressé grommela de douleur, et nous exhiba ensuite, une fois la pièce d’armure retirée, un immense hématome violacé courant sur tout son flanc droit.
-Oh putain ! Gloussa Hastrel Velarius en observant le carton.
-Hmmmph bordel… Jura le blessé entre ses dents.

Nous n'eûmes toutefois pas le loisir de nous attarder sur les côtes brisées du pauvre Jagar Oppius, car les Lames, qui nous avaient raccompagné à l’entrée du manoir Ayléide, nous invitèrent soudain à les rejoindre à l’intérieur.
-Jonus, amène le chariot au point de chute. Indiqua Gergio Antonius à l’un de ses soldats. Les autres, suivez-moi.
-Oui merci, mais on habite là, on connaît. Grinça Abnur lex.
-Non, ce n’est pas ça. Contra l’officier des Lames. Le prince Corvus nous attend. 
-Ah oui carrément… 

Le chariot reparti rapidement en direction de l’est, à travers des faubourgs encore relativement calmes en cette heure précoce. Heureusement d’ailleurs. Se balader devant des civils avec une charrette pleine à craquer de dossiers confidentiels, en voilà une idée qu’elle était bonne…
-Loués soient les Divins, nous voilà à la merci du fils aîné de l’Empereur… Ironisa l’un des opérateurs de Varen une fois que nous eûmes emboîté le pas à Gergio Antonius.
-Qu’est-ce qu’il vient foutre ici lui d’ailleurs ? Questionna un opérateur de Weston.
-Messieurs ! Nous apostropha Percius Ostorius en accourant dans notre direction, Celwen et Catia Amatius sur les talons. Veuillez suivre ces Lames, le prince Corvus souhaite s’adresser à nous directement !

Quelqu’un souffla d'exaspération dans mon dos, mais nous pénétrâmes toutefois à l'intérieur du bâtiment, contraints de nous plier aux directives. A l’instar des ronchonneries proférées par Abnur Lex, j’aurais éventuellement pu me poser la question de pourquoi ces vipères comploteuses - les Lames - se donnaient le droit de rentrer dans NOTRE caserne attitrée et de NOUS y conduire. Mais c’eut été râler pour des conneries. En l’état, on avait plus important à craindre. De fait, que nous voulait le prince Corvus exactement ? J’imaginais bien que ça avait un rapport avec l’assaut du zeppelin Aldmeri, et la capture de nombreux renseignements ennemis. Mais c’était l’affaire des Lames justement, pas la nôtre. Nous avions répondu présent pour leur porter secours, nous avions fait notre devoir. En principe, ce qui s’ensuivait n’était plus de notre ressort. Était-il donc vraiment nécessaire de nous faire un compte-rendu à chaud ? Ça ne correspondait pas au mode opératoire habituel en tout cas. Généralement, quand ça concernait les Lames, les alliés de circonstances devaient se contenter d’un bref “merci et maintenant décale trouffion”, sans plus de cérémonie ou d’explication. C’était toujours comme ça qu’on me les avait vendu en tout cas. Alors pourquoi nous convier à une réunion urgente tout à coup ?
-Mesdames et messieurs, heureux de vous revoir sains et saufs. Nous salua le prince Corvus dès que nous pénétrâmes dans l’un des nombreux bureaux inutilisés du gigantesque manoir Ayléide. Je me doute que cette nuit a dû être épuisante à plus d’un titre, comme en témoignent vos visages. Rassurez-vous, je ne serai pas long.

Tout le monde prit place au sein du bureau vide, et se positionna en demi-cercle face au fils héritier de l’empereur. C’est vrai qu’à nous voir ainsi, personne ne pouvait nier qu’on en avait pris plein la gueule. Pour certains, au sens littéral du terme d’ailleurs.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/35/1/1630352351-skyrimse-2021-08-30-21-34-52-87.jpg

-... compte tenu de la situation, et de l'objectif hautement stratégique sur lequel vous étiez amenés à intervenir… Commença le prince Corvus une fois que nous fûmes tous face à lui. Je tenais simplement à vous remercier pour votre sens du devoir, ainsi que pour votre professionnalisme. Un accrochage frontal avec le Domaine Aldmeri est une éventualité à laquelle nous nous préparons depuis longtemps, mais cela reste une expérience terriblement risquée, et jusqu’alors, très hypothétique. Ne nous mentons pas, il y avait clairement de quoi refroidir de nombreux légionnaires, surtout après une si longue période de paix. Vous concernant, vous n’avez pourtant pas hésité une seule seconde. Vous avez foncé vers l’ennemi sans poser de question, pour la gloire de l’Empire. Sachez que vous serez récompensés pour cela. L’Empire n’oublie pas ses citoyens, surtout ceux qui font sa fierté.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
30 août 2021 à 22:36:45

Il marqua une légère pause, balaya la salle d’un regard circulaire, et reprit:
-Je ne vais pas vous mentir, cet accrochage aura certainement des conséquences. Pas de là à déclencher la reprise de la guerre bien entendu, car l’affaire sera très probablement étouffée sur le plan officiel, dans l’intérêt des différentes parties. Mais tout de même, nos relations avec le Domaine Aldmeri vont assurément en prendre un sacré coup. Ils vont largement raffermir leur position vis-à-vis de l’Empire après cet épisode, et mettre les bouchées doubles pour prendre l’avantage en coulisse. Vous n’avez pas fini d’entendre parler d’opérations spéciales, croyez-moi… Bon, juste derrière, cela risque également de déclencher des tensions avec l’Union Dunmeri, vous vous en doutez. Après tout, nous nous sommes interposés entre eux et le Domaine. Les informations que nous avons obtenu n’étaient pas censées nous revenir, c’est un fait. Les Dunmers risquent eux aussi de nous en tenir rigueur.

Le prince Corvus sembla passablement contrarié lorsqu’il termina cette dernière phrase. Il changea toutefois assez vite d’expression, et reprit d’un ton plus léger:
-Mais bon, j’estime que cette opportunité était trop belle, et qu’il nous fallait la saisir à tout prix. Nous sommes aujourd'hui coincés entre deux superpuissances militaires, nous n’avons aucune idée de ce que sera fait demain, et dans pareilles circonstances, je pense que chaque opportunité compte. Je peine à croire qu’ils se seraient gênés à notre place, qu’il s’agisse des Altmers ou des Dunmers. Vous avez donc fait exactement ce qu’il fallait, et je vous en remercie.
-Vous estimez, vous pensez… Répéta Telrav d'une voix étrange.

Un silence interloqué envahit soudain la pièce. Le prince Corvus tourna la tête en direction du chef de la section Uriel, et fronça légèrement les sourcils. Comme beaucoup d’autres, je jetai moi aussi un oeil à Telrav, et remarquai alors que sa tête avait changé. Lui qui avait toujours été relativement distant et mesuré ces dernières semaines, il affichait désormais une mine étrangement renfrognée.
-Je vous demande pardon, sergent Gravius ? Questionna le prince héritier.
-Vous pouvez oui. Grinça Telrav d’un air mauvais. Voyez-vous, nous avons interrompu notre mission et foncé à la rescousse des Lames pour une seule et unique raison: l’ordre venait de l’empereur. C’est en tout cas ainsi qu’on nous l’a présenté. Or, vous savez aussi bien que moi que tout ordre militaire provenant de l'empereur fait loi, et prend immédiatement le pas sur tout autre ordre militaire, peu importe par qui il est donné, peu importe son degré d’importance stratégique. A noter qu'il s'agit de la seule personne au sein de l'Empire a disposer de cette prérogative.
-Oui, et donc ? Répondit le prince Corvus d’un air contrarié. Quel est le problème ?
-Le problème, monsieur, c’est qu’à travers vos propos, je crois clairement comprendre que cet ordre ne venait pas de l’empereur, mais bien de vous. Lâcha brusquement Telrav. Autrement dit, vous avez brutalement interrompu une opération échelon un de l’empire pour VOS besoins, et non ceux de votre père, ni de l’Empire.

Une tension terrible envahit soudain le petit bureau silencieux. De part et d'autre, des regards interdits, perplexes, voire carrément furieux commencèrent à être échangés.
-... je sers les intérêts de l’Empire. Répondit finalement le prince Corvus, dans ce qui sonna soudain comme un terrible aveu. 

La tension parut redoubler d’intensité. Depuis ma position, j’aperçus clairement Percius Ostorius porter lentement la main devant ses yeux, et commencer à se masser les tempes sans piper mot. Évidemment, dans cette histoire, il était le premier à s'être fait duper...
-Monsieur, je crains que vous ne compreniez pas totalement la gravité de la situation. Reprit Telrav après plusieurs secondes d’un silence excédé. Vous avez largement outrepassé vos prérogatives de prince héritier, au moins vingt personnes peuvent en témoigner désormais. Et pourtant, vous savez mieux que quiconque qu’interrompre une opération de forces spéciales échelon un constitue une grave entrave aux règles militaires de l’Empire. C’est passible de cour martiale, ni plus ni moins, même pour le fils aîné de l’empereur.
-Vous me menacez sergent Gravius ?! Cracha aussitôt le prince Corvus.
-Je vous mets en garde monsieur. Répondit Telrav sans flancher un seul instant. Vous avez torpillé une opération échelon un pour servir vos intérêts, sans concertation préalable avec la moindre chaîne de commandement, d’après ce que je comprends. Par ailleurs, vous êtes à l’origine d’un accrochage particulièrement meurtrier avec le Domaine Aldmeri, et probablement de futures tensions importantes avec l’Union Dunmeri. Votre opportunisme et vos initiatives personnelles jettent l’Empire au-devant de terribles représailles. Je ne perds pas de vue la raison de notre présence en Elsweyr monsieur, ni même la raison d’être de la Légion Impériale dans l’absolu, mais compte tenu des circonstances, je le répète:  je crains que vous ne compreniez pas totalement la gravité de la situation.

Le prince Corvus dévisagea Telrav avec un air dément. S' il avait pu le faire exécuter là tout de suite, il l’aurait probablement fait. Hélas, Telrav avait raison: le fils héritier avait dupé tout le monde en prétendant agir au nom de son père. Il avait commis une très grave entorse aux lois militaires de l’Empire, et plus de vingt personnes pouvaient en témoigner maintenant...
-On… On a une idée de pourquoi les Altmers espionnaient les Dunmers, du coup ? Questionna Titus, probablement pour mieux tenter de calmer la grogne silencieuse qui montait petit à petit au sein de la pièce.
-Rien qui ne soit en rapport avec votre niveau d’accréditation, lieutenant Decanius ! Répondit le prince Corvus en rejetant brusquement sa rancoeur sur lui.
-Et le sauvetage d’une bande d’incapables en tenue de cérémonie, c’est en rapport avec notre niveau d’accréditation ? Répliqua aussitôt Linus. Parce que je vous trouve bien enclin à nous cacher des choses, vous qui rappliquez pourtant la queue entre les jambes lorsqu’il s’agit de réparer vos conneries et de sauver les miches de vos serviteurs.
-Linus ! Aboya Percius Ostorius.
-Messieurs, s’il vous plaît ! Tempéra Gergio Antonius. Ne perdons pas de vue l’essentiel ! Cette opération a permis la capture et la sécurisation de données critiques pour la sûreté de l’Empire ! La démonstration de force dont ont fait preuve le Domaine Aldmeri et l’Union Dunmeri est la preuve que ces informations étaient capitales, quelles qu’elles soient !

Percius Ostorius, si prompt à ouvrir sa gueule en temps normal, resta étrangement silencieux. A mon avis, il devait accuser la nouvelle de la même manière que nous : il avait été pris pour un con, et il devait l’avoir mauvaise. Vu les conséquences désastreuses de la petite initiative solitaire du prince Corvus, il y avait de quoi. A quelle tactique stupide avions-nous été mêlés ? J’avais trouvé ça déjà assez dingue sur le moment même, bien que dans le feu de l’action, et la nécessité d’aider des alliés, je n’avais pas vraiment pris la peine d’y réfléchir. Et puis, je pense qu’une partie de moi s’était convaincue que c’était dans un intérêt supérieur, et que si cette stratégie venait de l’empereur lui-même, elle avait probablement de très bonnes raisons d’être exécutée.
Avec du recul, ça ne me semblait même plus dingue, c’était juste complètement aberrant. A quoi avait bien pu penser le prince Corvus en agissant de la sorte ? Envoyer les Lames ET trois sections de forces spéciales de la cavalerie impériale pour attaquer des soldats du Domaine Aldmeri au beau milieu d’Elsweyr, après que ces derniers aient collecté des renseignements confidentiels sur les Dunmers en plus de ça ? Autant leur déclarer la guerre directement, c'eût été bien plus simple…

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
30 août 2021 à 22:37:01

Le prince Corvus ne s'éternisa pas dans le petit bureau une fois sa magouille dévoilée au grand jour. En fait, il quitta la pièce à peine quelques instants plus tard, prétextant qu’il avait des affaires urgentes à régler, et qu’il déplorait la réaction puérile du RAC. La plupart des Lames lui emboîtèrent aussitôt le pas, à l’exception de Davina, et du lieutenant Gergio Antonius.
-... je sais que vous vous sentez dupé, major Ostorius. Confia l’officier des Lames. Mais le prince Corvus a raison : cette opportunité était trop belle, et les Elfes l’auraient saisi eux aussi, si la situation avait été inversée. Cette longue période de paix ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel: nous restons en conflit avec le Domaine Aldmeri, tous les signaux vont en ce sens. Vous étiez tout de même censés capturer un trafiquant d’armes supposé être de mèche avec eux, avant que vous ne soyez déviés de votre mission. Disons que cette opération clandestine lancée par le prince Corvus nous a fait gagner du temps à tous.
-Oui, en plus de se révéler infiniment plus bruyante. Rétorqua l’officier légat. Vous devez comprendre l’hostilité de mes hommes, lieutenant Antonius. Notre mission consistait à capturer discrètement un informateur potentiel, qui ne travaillait officiellement pour le compte de personne. Votre mission à vous a provoqué un combat frontal, et particulièrement meurtrier soit dit en passant, avec le Domaine Aldmeri. Vous admettrez que nous n’avons pas tout à fait la même façon de collecter des renseignements sur nos ennemis…

Gergio Antonius leva les mains en signe d’impuissance. Visiblement, les deux Impériaux ne tomberaient pas d’accord sur ce coup là. En ce qui concernait Gergio Antonius, il semblait fermement approuver l'initiative du prince Corvus, peu importe les conséquences que cela aurait par la suite.
-Enfin, sachez que les propos tenus par le prince Corvus valent pour nous aussi. Enchaîna l’officier des Lames. Vous nous avez permis de sécuriser des renseignements potentiellement cruciaux pour la sûreté de l’Empire, et vous nous avez sauvé la vie, accessoirement. Nous n’oublierons pas votre soutien dans cette opération, soyez-en sûr.
-Je tâcherai de m’en rappeler… Répondit Percius Ostorius à mi-voix.

Le lieutenant quitta finalement le petit bureau lui aussi, suivi de près par Davina. Sur le départ, cette dernière posa brièvement sa main sur mon épaule, et me gratifia d’un discret:
-On se voit bientôt.

Hélas, une fois n’est pas coutume, Endril avait perçu la scène. Sa sale tronche renfrognée me rappela, s’il était besoin, que ça allait bientôt être à mon tour de passer un sale quart d’heure...
-... et ben, c’était chaud bouillant tout ça. Conclut Celwen une fois que nous fûmes seuls dans le bureau, entre opérateurs du RAC. Sacré paire de couilles Telrav. J’irais même jusqu’à dire que ça m’a excité, de te voir lui tenir tête comme ça.
-Et moi donc ! Rugit Rexus en attrapant fougueusement son chef de section par les épaules. Sacré paire de couilles, ça c’est sûre !
-M’ouai… Franchement… Commença Abnur Lex d’un air beaucoup moins convaincu. Chez Weston on est con, mais alors vous… Agresser le fils ainé de l’Empereur comme ça… C’est même plus avoir une paire de couilles là, c’est juste être complètement stupide.
-Abnur, je suis un légionnaire, un cavalier impérial, et un chef de section du RAC de surcroît. Rétorqua Telrav tout en se dégageant de l'étreinte de Rexus. Je n’ai AUCUN compte à rendre aux Lames, et surtout pas à ce petit merdeux. Ces fumiers passent leurs vies à fomenter des saloperies dans le dos des citoyens, ils sont presque pires que le renseignement à ce niveau là. Je ne me laisserai jamais contraindre par ces gens-là, tu comprends ? Jamais. C’est absolument hors de question.
-Il a pas tord, Abnur. Admit Adamus Signus. La cavalerie est protégée par la constitution impériale, pas les Lames. Ils n’ont aucune autorité sur nous, et Corvus non plus d’ailleurs. Seul l’empereur est autorisé à réquisitionner des unités de forces spéciales déployées sur une opération échelon un. C’est ainsi, c’est la loi. Corvus a commis une faute grave et il le sait. Il ne peut rien contre nous.
-Surtout vu les conséquences probables de sa petite sortie… Pesta Percius Ostorius.

Je me contentai de rester silencieuse de mon côté, mais ne pus toutefois réprimer un puissant élan de sympathie et d’affection envers Telrav. Effectivement, il avait largement porté ses couilles face au prince Corvus. A aucun moment il ne s’était démonté. Dans les faits, le fils héritier de l’empereur nous avait utilisé à des fins personnelles, pour une opération qui n’avait été imaginée et fomentée que par lui. Cela aurait été pour la bonne cause, ou pour des intérêts véritablement légitimes, nous aurions encore pu le comprendre. Le problème, c’était que le prince Corvus avait envoyé les Lames, puis nous, voler et assassiner des espions du Domaine Aldmeri mis en difficulté après un accrochage avec l’Union Dunmeri. Autrement dit, son opportunisme maladroit nous avait jeté au beau milieu de l’obscur conflit qui opposait aujourd’hui les deux superpuissances elfiques. Le Domaine Aldmeri, c’était une chose. On le connaissait bien, on savait plus ou moins à quoi s’attendre de sa part. Mais s'interposer aussi brutalement face aux Dunmers ? Les renseignements n’avaient cessé de le répéter ces dernières années: si l’Archipel de l’automne était un ennemi puissant qu’il fallait appréhender avec beaucoup de prudence, notre prétendue alliance avec Morrowind était bien plus inquiétante encore. L’Empire craignait les Dunmers, ce n’était plus un secret pour personne. La puissance militaire et technologique des Elfes Noirs constituait aujourd’hui une menace critique pour Cyrodiil, une alliance presque toxique où l’on se surveillait et se redoutait plus que l’on ne s’entraidait. L’Union Dunmeri était devenue un titan que l’Empire devait gérer avec énormément de délicatesse, et voilà que cet abruti d’héritier nous envoyait couper l’herbe sous le pied des Dunmers en volant sous leur nez des renseignements récupérés par les espions du Domaine Aldmeri.
Encore une fois, leur déclarer la guerre eût été bien plus rapide...
-Bon, on fera le compte rendu de votre opération à Mhirr’Sha un peu plus tard. Conclut Percius Ostorius d’un air las. Allez vous reposer et prendre l’air. On se revoit ici, disons, à quatorze heures ?

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
30 août 2021 à 22:37:20

Je fus l’une des dernières à sortir du petit bureau, non sans avoir encore une fois croisé la sale tronche renfrognée d’Endril. Oui oui sale con, je n’oubliais pas que tu ne m’oubliais pas. Mais bon, j’avais quelques heures de répit au moins...
-On va se prendre un petit verre dans la périphérie ? Proposa Rexus en se frottant les mains, une fois que nous fûmes de nouveau dans les couloirs du manoir souterrain. 

La volée de vents qu’il se prit me fit presque mal au coeur pour lui. D’un autre côté, tout le monde était claqué après la nuit qu’on venait de vivre. La plupart des mecs voulaient juste aller pioncer.
-Allez, je viens avec toi. Acceptai-je, bien que c’était plus volontiers dans le but de m’éloigner de l’aura malfaisante d’Endril que de réellement vouloir prendre un verre.
-Ouais moi aussi. Annonça Abnur Lex.
-Hey ! Filez votre matos avant d’aller pioncer ! Vociféra Catia Amatius.

Évidemment, on n'était pas censé se balader au calme avec ça dans les mains. On avait parfois tendance à l’oublier, mais contrairement aux arbalètes et aux glaives trouvables dans les armureries civiles, notre équipement militaire était soumis à des normes extrêmement strictes, pour la simple et bonne raison que les calibres, les dimensions et les puissances d’impact ou de perforation étaient largement supérieures à ce qu’on trouvait en libre service. C’était de l'armement de guerre après tout, et de l’équipement de pointe par-dessus le marché. Ce matériel devait donc être manipulé et consigné avec le plus grand soin, d’où l’intérêt d’avoir nos propres agents logistiques. C’était là que commençait le travail de Celwen et de Catia...
Je quittai le manoir en compagnie de Rexus et d’Abnur, et fus aussitôt frappée par la chaleur matinale des faubourgs de Dune. Concernant le manoir Ayléide, il n’avait franchement plus rien d’une planque désormais. Des soldats et du personnel logistique de tout un tas d’unités différentes allaient et venaient autour dans la plus grande décontraction.
-Capitaine Othril ! M’apostopha immédiatement un troufion du deuxième de cavalerie une fois que je fus à l’extérieur de l’édifice.

Il faillit se mettre au garde à vous, mais se ravisa de justesse en voyant Abnur lever la main pour lui en coller une. Ne jamais saluer un officier en territoire ennemi, la base de la base...
-Euh je… Quelqu’un vous demande. Annonça le soldat en reportant son attention sur moi. 
-Bon, qui cette fois-ci ? Soufflai-je, exaspérée.
-Euh, et bien…
-Teleri ! Cria une voix de petite fille.

Une petite Dunmer fonça soudain dans ma direction, et vint se jeter dans mes jambes pour mieux les enlacer.
-Hannabi ?! Mais… !
-Teleri ! Rexus ! Je vous ai enfin retrouvé ! Clama la petite cendraise.

Je restai bête durant de longues secondes, observant la petite Dunmer m'enlacer les jambes sans trop comprendre comment ni pourquoi elle se trouvait ici en cet instant précis. Rexus lui, ne répondit même pas. Il avait l’air encore plus demeuré que moi.
-Mais… Hannabi… Comment… Bégayai-je. Qu’est-ce que tu fais ici ? Comment es-tu arrivée à Dune ?

La petite cendraise lâcha mes jambes, et commença à babiller avec excitation. C’était bien simple: elle nous raconta absolument tout, comme à chaque fois. Et il y eut énormément de digressions, de passages flous, d’oublis, puis de rectifications, comme à chaque fois qu’un enfant racontait l’histoire de sa vie. Ce qu’il finit toutefois par en ressortir peu à peu, c’était qu’elle avait eu vent de notre déploiement en Elsweyr, pour la simple et bonne raison que toute la presse Cyrodilienne n’avait pas tardé à relayer l’information auprès du grand public. Un soir, insatisfaite de sa vie au sein de l’orphelinat de Terre-Neuve, et bien décidée à retrouver ceux qui l’avaient sauvé de Morrowind, elle avait alors décidé de préparer un petit sac avec ses maigres affaires, et avait échafaudé un plan sur un petit bout de papier. Elle avait ensuite piqué une bourse de Septims dans le bureau d’Ysabel Egnatius, la directrice, et s’était purement et simplement enfuie de l'orphelinat en pleine nuit.. Elle avait rapidement gagné le port commercial de Bravil, et avait dépensé tous ses Septims pour gagner le droit de monter dans un convoi marchand en partance pour Dune. Car oui, au-delà de son statut de gigantesque port commercial, l’immense fourmilière de la Bravil moderne était également une plaque tournante de tout le commerce de Tamriel. C’était notamment de là que partaient chaque jour des centaines, voire des milliers de convois terrestres à destination de toutes les provinces du continent. 
Hannabi avait mis plusieurs jours à arriver à Dune. Faute d’argent, elle avait purement et simplement été livrée à elle-même une fois débarquée sur place, perdue dans l’immense foyer de population qu’étaient devenues Dune et sa périphérie nord. Pour autant, elle n’avait pas tardé à trouver son chemin vers les faubourgs, car c’était là-bas que des tirs d’artillerie s’étaient parfois fait entendre, et que la cavalerie impériale semblait avoir élu domicile. Après quelques rencontres et péripéties sans queue ni tête auxquelles je ne compris pas grand chose vu son récit incroyablement confus, elle avait fini par entendre parler du manoir secret où se cachaient les forces spéciales de l’Empire, dont notamment, la célèbre capitaine Teleri Othril. C'était donc ainsi qu'elle avait remonté ma piste...
-Et voilà ! Conclut fièrement Hannabi après m’avoir littéralement inondé d’anecdotes de voyage en tous genres, et ce durant de très très longues minutes.
-Tout compte fait, je vais aller pioncer moi aussi. Lâcha Abnur Lex d’un air saoulé, avant de tourner les talons et de regagner l’intérieur du manoir.
-Mais… Et comment t’es-tu débrouillée durant tout ce temps ? Insistai-je, car certains détails de son périple continuaient à m’échapper. Comment tu as fait pour manger, pour dormir ?

La vérité, c’était qu’en dépit de son entrain et de son euphorie, propres aux enfants de cet âge là, Hannabi avait vécu des moments véritablement difficiles. Non contente d’avoir perdu ses parents dans un massacre probablement orchestré par les Fils d’Evos, elle avait fini par fuir son orphelinat en pleine nuit, et par se rendre jusqu’à Elsweyr par ses propres moyens. Et pendant tout ce temps, elle s’était débrouillée toute seule, sans argent, sans moyen, sans personne pour l’aider, bien loin des huttes cendraises de sa Morrowind natale. Quel enfant devait endurer ça ? Ce n’était pas une vie, surtout pour une petite fille d’à peine huit ans…
-Venez, je vais vous montrer ! Lança soudain la petite Dunmer.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
30 août 2021 à 22:37:38

Elle nous entraîna rapidement en direction de l’ouest. Nous la suivîmes durant plusieurs minutes, à travers des faubourgs qui commençaient tout doucement à se réveiller en cette heure matinale.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/22/6/1622904737-acorigins-2021-05-19-21-47-51-52.jpg

-... quoi ? Souffla discrètement Rexus en voyant ma tronche se décomposer.
-J’ai un mauvais pressentiment. Confiai-je à voix basse.
-Comment ça ?
-Rexus… Une petite fille comme elle, qui voyage toute seule pendant des semaines ? Relevai-je. Sans aide, sans argent, rien ? Elle n’a pas l’air de souffrir de malnutrition, et elle n’a pas l’air aussi sale qu’elle le devrait. T’as pas l’impression que ça cache quelque chose ?

Le colosse fronça les sourcils, et reporta lentement son regard en direction de Hannabi. La petite Dunmer continua de galoper quelques mètres devant nous, et se retourna plusieurs fois pour vérifier qu’on la suivait toujours. Chaque fois, nous lui adressâmes notre visage le plus bienveillant, et provoquâmes, en réponse, un large sourire sur son visage d’enfant.
Hélas, la réalité était quelque peu différente, car Rexus et moi savions comment ce genre de voyage se déroulait généralement pour une petite fille toute seule. Hannabi avait fait montre d’une incroyable résistance pour une fillette de son âge, à de multiples reprises. Elle avait survécu à un massacre, avait dû refaire sa vie dans un orphelinat de ghetto, avait traversé la moitié du continent pour nous retrouver, et durant tout ce temps, n’avait jamais affiché la moindre faiblesse. Et c’était bien ça le problème: que lui était-il réellement arrivé depuis son départ de Cyrodiil. Qu’avait-elle vu, qui avait-elle rencontré ? Qu’avait-elle omis de nous raconter ? 
Nous fûmes rapidement conduits à une petite place marchande d’allure relativement sommaire. Quelques étalages vétustes par-ci, quelques échoppes bancales par-là… Du sable, des badauds, des vendeurs de babouches hurlant dans toutes les langues possibles et imaginables… Rien qui attire franchement l’attention dans un premier temps. En fait, il fallut que Hannabi s’approche plus précisément de l’un des étalages pour que je lève l’un des nombreux voiles de mystère qui recouvraient sa vie de ces dernières semaines. Et surtout, que j’aie la terrible confirmation de ce que je redoutais…
-Hannabi ! S’écria quelqu’un parmi les échoppes. Où étais-tu passée ?! Tu me manquais déjà !

Un Dunmer d’une soixantaine d’années se leva de sa chaise, et vint à la rencontre de la fillette en boitant péniblement. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, et la prit un peu trop affectueusement dans ses bras à mon goût, je sentis une violente pulsion de fureur m’envahir aussitôt. Hélas, loin de moi l’idée de me fier à mes propres stéréotypes - mes années au renseignement m’avaient maintes fois prouvé que certains criminels ne répondaient absolument pas au profil type, ce qui les rendait justement très dangereux - mais là, clairement, ce type avait totalement la gueule de l’emploi. Vieux, dégarni, bedonnant, estropié, anormalement affectueux, voire libidineux… Clairement le genre de type qui s’était un jour senti bien seul dans sa vie, et qui au lieu de s’acheter un chat, avait jeté son dévolu sur des fillettes sans défense. Je voulais dire: ça se voyait, c’était évident. Sa manière de la regarder, de la prendre dans ses bras, de lui toucher les cheveux...
-Non attends ! Attends ! Souffla discrètement Rexus en me retenant fermement par l’épaule.
-... Teleri, Rexus, venez ! Nous appela joyeusement Hannabi. Je vous présente Brelyn, mon ami ! C’est lui qui m’a aidé !

Nous nous approchâmes de l’échoppe en question, au-dessus de laquelle trônait une pancarte miteuse estampillée “les trésors de Morrowind”. Hélas, je n’eus pas vraiment le temps de m’attarder sur la devanture, ni sur les babioles et autres contrefaçons de merde qui y étaient éparpillées. En l’état, le dénommé Brelyn accaparait toute mon attention. Et il semblait soudain très très mal à l’aise, ce bon vieux Brelyn…
-Ah… Ah… Balbutia le vieux Dunmer en se redressant d’un seul bond. Vous êtes des amis de… Ah…

Je fus tout bonnement incapable de répondre quoi que ce soit. Sa réaction à elle seule suffisait à me conforter dans l’idée que j’avais eu raison d’appréhender le pire. Ce fut donc de Rexus, un tout petit peu plus calme que moi, que vint la première réplique.
-Oui, on lui a sauvé la vie lors d’une opération militaire en Morrowind. Répondit le colosse d’un air mauvais.
-Ah… Ah… Oui… Bégaya de nouveau Brelyn, plus embarrassé que jamais. Elle m’avait parlé de vous… Les fameux soldats de l’Empire… Ha ha...
-Teleri ? Questionna Hannabi tout en me dévisageant avec des yeux où se mêlaient incompréhension et inquiétude.
-... et vous, vous êtes un ami à elle vous aussi ? Enchaîna Rexus sans lâcher le vieux Dunmer du regard. Vous semblez proches…
-Ah… Et bien… Figurez-vous…
-Est-ce qu’il t’a touché ? Coupai-je brusquement en direction d’Hannabi.

Le regard de la petite Dunmer changea d’un seul coup. Ce que j’y aperçus me vrille littéralement les entrailles. Le vieux pervers, lui, fit un léger pas en arrière. En fait, il amorça un mouvement de fuite, ni plus ni moins. Il n’en fallut pas plus pour me faire bondir...
Hannabi cria de surprise, Rexus rugit, nombre de badauds s'écartèrent de justesse. Quelque chose tomba lourdement sur ma droite, un bruit de vaisselle brisée retentit, je sentis du sable voler dans tous les sens.  Je ne compris pas moi même ce qu’il venait exactement de se passer, mais lorsque je repris brièvement conscience, j’étais juchée sur ma victime, occupée à lui éclater les dents avec mes poings.
-TELERI ! Pleura la voix d’Hannabi derrière moi.

Sauf que je m’en foutais complètement désormais. Lui cogner dessus, encore et encore. Je voulais qu’il saigne, je voulais qu’il souffre, je voulais qu’il paie. Six ans, six longues années passées à étudier les pires profils criminels de tout Tamriel, et j’étais censée ne pas reconnaître un putain de pédophile lorsque j’en croisais un ?
Je ne sus pas vraiment dire combien de secondes, de minutes, je passai à lui cogner sur la gueule. Sa gueule d’ailleurs, ne ressembla bientôt plus à grand chose… Derrière moi, Hannabi pleurait, les badauds criaient de surprise et d’épouvante, mais ça n’avait plus la moindre importance. Il fallait qu’il disparaisse, qu’il rejoigne l’Oblivion, précisément là où devaient pourrir toutes les monstruosités dans son genre.
Lui cogner dessus, encore et encore. Sans jamais m’arrêter...
-C’est bon, c’est bon, il a son compte ! Aboya soudain Rexus en m’attrapant par le col de ma tunique.

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Niveau 34
30 août 2021 à 22:37:55

Je fus arrachée du sol sans ménagement, mais parvins tout de même à coller un dernier coup de latte dans la gueule de ma victime. Et même à lui cracher dessus.
-On fout le camp, maintenant ! Ordonna Rexus.
-Tu veux rire ?! Répliquai-je sèchement tout en me dégageant de son emprise. Aide-moi à accrocher son corps au lampadaire là ! Et donne moi ton couteau, que je lui grave le torse !
-Non mais t’es tarée ou quoi ?! Vociféra l’Impérial. T’es pas en taule ici ! Jette un oeil autour de toi ! Tout le monde nous regarde bordel ! 
-J’en ai rien à foutre ! Gueulai-je. Donne-moi ton couteau j’ai dis !
-Teleri ! Sanglota la voix d’Hannabi.
-... tu veux vraiment qu’on finisse au bout d’une corde ?! Persista Rexus. Je t’ai dis qu’on foutait le camp, maintenant !
-Putain ! Lâche moi ! Répliquai-je.

Nous nous engueulâmes durant de très longues secondes, juste au-dessus du corps sans vie du dénommé Brelyn. Partout autour de nous, une étrange clameur gagna en intensité. Les badauds, d’abord effrayés par la scène, revenaient en masse, criaient, échangeaient, murmuraient à propos du meurtre dont ils venaient d’être témoins.
Rexus avait raison, on aurait dû foutre le camp depuis plusieurs minutes déjà. Chaque seconde de plus que l’on passait sur la scène du crime nous rapprochait un peu plus de la cour martiale, d’autant plus qu’il y avait des témoins, et qu’ils étaient de plus en plus nombreux. On ne risquait pas seulement l’isolement cette fois-ci. On allait avoir des emmerdes, et des sévères.... Mais je m’en foutais cela dit, réellement. Ce fils de pute avait eu ce qu’il méritait, je n’avais aucune raison morale de m’en vouloir. J’étais une militaire, un soldat de forces spéciales échelon un de l’Empire. Toute ma putain de vie tournait autour du meurtre. C’était ce que l’on m’avait appris, c’était ce pourquoi l’on me payait. Ils pouvaient toujours me faire chier là haut, pour la seule et unique raison que je n’avais agit sous les ordres de personne, mais ça ne changeait rien: je venais de buter un sale type, un ennemi. J’avais eu raison d’agir ainsi, et aucun putain de tribunal ou de petit juge à la con ne me ferait changer d’avis.
-... casse toi si t’es pas content ! Aboyai-je en direction de Rexus.
-Et te laisser seule ici ?! Certainement pas ! Répliqua l’Impérial. 
-Tu ne me feras pas changer d’avis Rexus ! Alors soit tu m’aides à accrocher son corps au lampadaire, soit tu dégages !
-Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! Tu t’entends parler ?! Tu te rends compte de ce que tu dis ?! T’es plus à la Confrérie Dunmer Teleri ! T’es un soldat de l’Empire, pas une tueuse de gang !
-Tu sais pas de quoi tu parles Rexus ! T’es un mec, tu peux pas comprendre ! Alors épargne moi tes leçons de morale à la con !
-Hey ! Vas chier espèce de… !

Une détonation retentit soudain sur notre gauche. Un tourbillon de sable s’éleva, laissant alors apparaître un spectre du renseignement.
-Partez, maintenant. Nous indiqua simplement le mystérieux individu encapuchonné.

Rexus et moi balbutiâmes durant plusieurs secondes, coupés nets dans notre dispute par cette arrivée surprise. Je me repris toutefois assez vite, et sentis une deuxième bouffée de colère me gagner :
-T’es qui toi, et d’où tu sors ?! Sifflai-je. Tu nous observais ?!
-Oui. Répondit calmement l’individu.

J’eus l’impression de suffoquer.
-Que.. ! Et ben… ! Dis à Levus Mico… ! Commença-je, plus furieuse que jamais. 
-Je ne fais pas ça pour lui capitaine Othril, mais pour vous. Conclut le spectre. Partez maintenant, je m’occupe du reste. Faites moi confiance.

Sa franchise et son calme devaient avoir eu raison de mon état de fureur et d’agitation. Ce fut en tout cas ce moment que choisit Rexus pour mettre son propre plan à exécution, et nous extraire sans plus tarder d’une zone de crime de plus en plus compromise maintenant que les badauds affluaient en masse. Je fus rapidement traînée hors de la petite place marchande, l’esprit désarçonné, accompagnée par une Hannabi toujours secouée de profonds sanglots. La concernant, d’ailleurs…
En d’autres circonstances, l’on aurait pu croire que la petite Elfe était choquée par ce qu’elle venait de voir. Son prétendu sauveur, celui qui lui avait probablement permis de survivre pendant une bonne partie du voyage, ainsi que depuis son arrivée en Elsweyr, venait tout de même d’être littéralement tabassé à mort sous ses yeux. Elle avait de quoi être en état de choc.
Pour autant, ce n’était ni la scène, ni cette situation toute entière qui choquait Hannabi, je le savais. C’était quelque chose de propre aux enfants, mes cours de psychologie militaire me l’avaient largement enseigné: en me voyant bondir sur son prétendu sauveur, Hannabi avait brusquement réalisé l’anormalité de sa propre situation. Elle avait immédiatement compris que tout ce qu’elle avait enduré ces dernières semaines n’était pas normal.
En quelque sorte, son monde s’écroulait une nouvelle fois…
-Je suis désolée Hannabi… Finis-je par confier à voix basse. Je suis vraiment désolée…

La petite Elfe ne répondit pas, et continua de marcher en sanglotant. De mon côté, je ne savais même pas exactement pourquoi je m’excusais. D’avoir tabassé son “sauveur”, peut-être, de l’avoir rendue témoin d’un meurtre, probablement… Non, c’était plus profond que ça. D’une certaine manière, je crois que j’étais désolée pour elle, tout simplement. Désolée qu’elle doive endurer cette vie, désolée qu’elle doive encaisser de telles tragédies, quand la plupart des enfants de son âge pouvaient vivre dans le bonheur et l’insouciance. Je la comprenais un peu, quelque part. Elle me rappelait moi, vingt ans plus tôt.
J’étais désolée pour elle oui, terriblement désolée…
Nous regagnâmes le manoir Ayléide d’un pas rapide, et croisâmes Linus devant l’entrée, occupé à tirer lentement sur une pipe. Heureusement, ou malheureusement plutôt, le Rougegarde ne pipa pas le moindre mot en nous apercevant. Il se contenta de nous regarder passer du coin de l’oeil, sans rien dire, sans rien montrer. 
Il savait, évidemment… C’était son métier autrefois, alors il reconnaissait forcément les signes qui ne trompaient pas. Ces marques sur mes jointures, cette odeur de sang, ces comportements si difficiles à cacher… Il savait que quelqu’un venait de mourir, là-bas, dans les faubourgs, et que ce quelqu’un était mort de notre main. De la mienne…
Il savait. Forcément qu’il savait, ce fils de pute...
Le Rougegarde ne dit rien, effectivement. Et je savais qu’il ne dirait jamais rien. Je le sentais.
Mais il savait, c’était un fait. Et moi, désormais, je savais qu’il savait…
-Teleri ! Où étais-tu passée ?! Couina Ahnia en accourant dans notre direction, à peine fûmes-nous rentrés dans le grand hall principal du manoir.

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Niveau 34
30 août 2021 à 22:38:26

La petite Ohme galopa ventre à terre, s’arrêta juste devant nous, voulu dire quelque chose de visiblement important, mais s'interrompit brusquement en voyant l’état de mes phalanges.
-Mais… ! Bigre ! Tu es blessée ! Glapit-elle.
-Juste une égratignure. Répondis-je en cachant aussitôt mes mains derrière mon dos.
-Comment as-tu fait ça ?! Insista la petite Khajiit.
-Je me suis trébuchée.
-Sur le visage de quelqu’un pour sûr !
-Euh je…

Rexus étouffa un rire. Hannabi par contre, semblait avoir soudain troqué sa tristesse contre une étrange fascination à l’attention d’Ahnia. Faut dire, les Ohmes n’étaient déjà pas courants en Elsweyr, alors pour une petite fille de huit ans qui n’avait connu que des Cendrais balafrés et tatoués… 
-Tu voulais me dire quelque chose Ahnia ? Repris-je après plusieurs secondes d’un silence gênant.
-Ah oui ! Se rappela aussitôt la petite Ohme. Les soldats de votre unité se sont rassemblés pour une instruction urgente, sous la demande du major Ostorius ! Il parait que les Lames ont trouvé quelque chose d’important, qu’ils ont mis le CSOJ dans la confidence, et donc qu’ils ont besoin de vous pour une toute nouvelle mission !
-Quoi ?! Mais ça ne fait même pas une heure qu’on… ! Commençai-je.
-Je sais je sais ! Couina Ahnia. 
-L'instruction devait avoir lieu en début d'après-midi ! Insistai-je.
-Mais oui je sais ! Couina de nouveau la petite Ohme. Mais ce sont les Lames pardi ! Quand ils sont sur le coup, ça ne traîne jamais !

C’était le moins qu’on pouvait dire… En un sens, c’était logique: tout ce qui concernait les Lames, et donc la sécurité de l’Empereur, était la priorité absolue de l’Empire sur le plan militaire. Quand ce service d’élite était impliqué dans un dossier, tout allait généralement très vite. Souvent une question d’heures, parfois même de minutes. A ce niveau, on était bien loin de l’énorme inertie de la Légion Impériale, même en ce qui concernait ses unités de forces spéciales, pourtant taillées et étudiées pour répondre le plus vite possible à toute forme de menace.
Qu’avaient bien pu trouver les Lames dans les documents volés au Thalmor pour qu’une deuxième opération soit immédiatement mise sur pied ? Surtout, qu’avaient-ils bien pu trouver de si important pour nous impliquer dans la foulée ? Les Lames étaient les gardiens de l’Empereur, son unité la plus secrète, la plus fidèle, la plus dévouée, la plus impitoyable. Ils jouissaient des meilleures ressources, du meilleur soutien, des meilleurs contacts, des meilleurs renseignements. Ces soldats étaient la crème de la crème, le gratin de tout un Empire. Ils agissaient toujours dans la plus grande autonomie, dans le plus grand secret, ne s'encombraient de rien ni de personne. Une unité de forces spéciales, même échelon un, même aussi réputée et efficace que le RAC, n’aurait jamais dû se retrouver impliquée dans l’une de leurs opérations secrètes. Je voulais dire, c’était les Lames bordel. Ils étaient au-dessus de tout ça…
A quoi allions-nous être confrontés cette fois-ci ? Dans quelle putain de fourmilière avions-nous mis les pieds ?
-Ahnia, tu peux t’occuper d’Hannabi ? Questionnai-je après de longues secondes de réflexion. Donne lui une chambre juste à côté de la nôtre, et aide la à s’installer. Veille sur elle jusqu’à ce qu’on ait terminé l’instruction. Je t’expliquerai toute l’histoire après.
-Pour sûr ! Acquiesça la petite Ohme en tendant sa petite main velue en direction de la cendraise.

Cette dernière sembla hésita, tourna la tête vers moi, et me jeta un regard mi-peureux, mi-implorant.
-Tout va bien se passer. Le rassurai-je le plus doucement possible. On reviendra vite, ne t’en fais pas. D’ici là, tu peux aller avec Ahnia. Elle s’occupera bien de toi, tu verras.

Les deux fillettes - enfin, l’une des deux avait tout de même vingt-six ans malgré son mètre trente… - s’éloignèrent lentement le long du couloir. Plusieurs fois, Hannabi se retourna pour me lancer des regards craintifs, mais se résigna toutefois à suivre la petite Khajiit en direction des chambres. Bien sûr, elle comprenait la situation, et la nécessité de se plier à ma demande. Elle savait que Rexus et moi étions des soldats, que nous avions des devoirs, et que nous ne pourrions pas nous occuper d’elle en permanence. Elle l’acceptait, la vie lui avait déjà appris à se résigner…
Malgré tout, elle demeurait une enfant de huit ans, jeune, naïve, et blessée par de multiples tragédies. Pire encore: elle demeurait une enfant de huit ans qui avait traversé la moitié du continent pour nous retrouver. Forcément, lui demander de nous quitter à nouveau pour mieux suivre une inconnue au beau milieu d’un immense manoir souterrain devait lui faire peur, surtout qu’elle n’avait aucune vraie garantie de nous revoir…
-Je ne veux jamais d’enfant… Grogna Rexus une fois que nous eûmes pris la direction de la salle d’instruction.
-Tu vas chialer ? Raillai-je.
-Oh vas te faire mettre hein ! S’emporta le barbu. Tu fais genre, mais t’es aussi bouleversée que moi !
-Elle à traversé la moitié de Tamriel, toute seule, dans le seul et unique but de nous retrouver. Évidemment que je suis bouleversée, Rexus…

N’empêche, son énorme coeur d'artichaut, bien caché derrière sa grosse tronche barbue de papa déter, ça manquait de me faire éclater de rire à chaque fois tellement le contraste était violent.
-A ton avis, elle va porter sur quoi cette instruction ? Reprit le colosse après quelques secondes d’une marche silencieuse à travers les longs couloirs déserts du manoir Ayléide.
-Sur les informations capturées par les Lames ce matin je présume… Réfléchis-je.
-Tu crois ?
-Quoi d’autre…

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
30 août 2021 à 22:38:43

Nous observâmes un nouveau silence.
-Par contre, Linus, on en parle ? Relevai-je, un peu vexée. Le type on le croise, mais il ne nous dit rien ?
-C’est une vraie question ? Répliqua Rexus.

Encore un silence...
-M’ouais, bon…. Admis-je.

Nous tournâmes à l’angle de couloir suivant, et tombâmes presque nez à nez avec Endril, occupé à faire les cent pas comme un dément.
-AH ! Aboya le Dunmer en nous apercevant.
-Oh putain c’est pas vrai… Soufflai-je en sentant tout le poids du monde me tomber sur les épaules. 

Il fut sur moi en deux enjambées.
-Instruction, maintenant ! Siffla-t-il en m’attrapant par le col de ma tunique.
-Non non ! Tu me lâches ! Le prévins-je aussitôt.
-Hey Endril, du calme, on est au courant ! Tempéra Rexus. On était juste parti en ville pour… Enfin euh… Mais on est là maintenant !
-Pas cette instruction la ! Persista le chef de section adjoint tout en continuant de me secouer par le col de ma tenue. On a des comptes à régler avant !
-Mais tu vas me lâcher espèce de fils de… ?!
-Des comptes ? Répéta le colosse, incrédule.

Je fus entraînée de force dans le bureau d’instruction, où se tenaient déjà Percius Ostorius, plusieurs agents logistiques et du renseignement, et bien évidemment, tous les opérateurs du RAC à l’exception de Linus. Et visiblement, tous m’attendaient vu leur mine intriguée.
Évidemment, Endril avait d'or et déjà dû leur donner ses impressions… Leur curiosité était attisée désormais. J’allais devoir dire la vérité, et toute la vérité. Sur les Fils d’Evos, l’anneau de Méphala, peut-être même sur mes liens inavoués avec Davina, Janus Cosades, Martin, Balsa…
Nilvyn…

Ouais… Cette fois-ci, je n’étais plus en mesure de me défiler.
J’allais devoir leur raconter toute l’histoire…

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
31 août 2021 à 08:09:30

Désolé du retard pour ceux qui lisaient encore. Le rythme devrait revenir à la normale dès a présent.

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
04 septembre 2021 à 22:40:33

Notre teleri va devoir avouer ses cachoteire à ses collègue.

Je me demande comment il vont réagir :hap:

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
22 septembre 2021 à 11:48:54

Bha alors mon black me dit pas que tu a arrêter :snif:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
22 septembre 2021 à 22:00:03

Salut khey. Non désolé j'ai pas arrêté, je continue à écrire et d'ailleurs le chapitre suivant ne devrait plus tarder.
Mais il est vrai que le rythme à pris un sale coup. Je dois adapter mon planning pour dégager des séances d'écriture car l'envie y est mais le temps me manque ces dernières semaines.

Mais la suite arrive très bientôt, désolé du retard.

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
01 octobre 2021 à 09:21:19

Je suis en manque l'op.

Seul tes chapitre m'évade de mon quotidien huluburlesque :hap:

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
03 octobre 2021 à 22:46:46

Sweeeeeeeeeet :hap:

Le sacrément noir va partir ça va pas traîner :noel:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
04 octobre 2021 à 20:15:56

Chapitre 52: On va remettre les pendules à l’heure !

Je fus contrainte de tout avouer, absolument tout... Plusieurs fois, je tentai de minimiser certains détails, d’arrondir certains angles, mais c’était sans compter sur la détermination d’Endril à me faire cracher mes secrets jusqu’au dernier. Et autant dire qu’il ne me lâcha pas d’une semelle, le fils de pute. Ce fut à peine si il me laissa respirer entre mes phrases...
Plus globalement, les mecs que j’avais désormais face à moi n’étaient pas des abrutis. Il ne s’agissait plus de quelques troufions de la garde impériale, ou d’agents administratifs qui s’en battaient les couilles de comprendre le pourquoi du comment. Les types étaient des opérateurs échelon un de l’Empire, des putains de soldats de forces spéciales rompus aux opérations clandestines et au secret militaire. Je ne pouvais pas les berner de la même manière que j’avais berné quelques taulards durant ma mission d’infiltration au sein de la Confrérie Dunmer. Ici, j’étais face à des pros, ils voyaient clair dans mes propos. Maintenant que la mèche avait été vendue, je n’étais plus en mesure de leur mentir. La porte s’était refermée…
Je leur confiai absolument tout, de ma relation avec les évadés de Stendarr aux fameux Fils d’Evos, en passant par mon accord avec les Lames, ainsi que l’anneau de Méphala, l’artefact daedrique qu’ils m’avaient confié. A mesure que je me confiais, je sentais bien que certains sujets étaient accueillis avec une certaine légèreté, voire une relative indifférence, alors que d’autres au contraire, étaient subis comme un véritable affront. Les missions fournies en secret par le renseignement, ainsi que mes contacts avec les évadés de Stendarr par exemple, ne me valurent pas de réaction particulière. J’eus même l’impression qu’ils s’y étaient tous attendu, eu égard de qui j’étais, et d’où je venais. Dans les faits, et contrairement à ce que j’avais révélé lors de mes comptes rendus, j’avais bel et bien eu une interaction privilégiée avec les cibles que nous étions censés traquer. Martin, Balsa, et même Nilvyn. A mon sens, c’était tout sauf anodin. Ces individus étaient désormais recherchés par l’Empire, ils représentaient une menace prioritaire, au point de mettre le renseignement et plusieurs unités de forces spéciales de la Légion à leur recherche. Forcément, j’aurais eu tendance à penser que cette cachotterie m’aurait valu une énorme gueulante de la part de mes collègues, Percius Ostorius en tête. Bizarrement, nul ne me tint rigueur de cela. Techniquement, ces quelques contacts rapprochés ne m’avaient pas appris grand-chose sur eux. Je ne savais toujours pas vraiment qui ils étaient, ce qu’ils avaient fait, quels étaient leurs liens véritables avec des organisations comme la Confrérie Noire ou la Morag Tong, ni même comment j’étais censée m’approcher d’eux. En gros, notre mission n’était ni plus avancée, ni compromise. Ça n’avait donc que peu d’importance dans l’absolu, et ce fut d’ailleurs souligné par Percius Ostorius, histoire de calmer les ronchonneries d’Abnur Lex à ce sujet.
Concernant les Fils d’Evos, la réaction fut globalement la même: des traces de magie daedrique avaient récemment été relevées à Cyrodiil, en Morrowind, en Bordeciel, et en l'occurrence, en Elsweyr. Ce n’était plus un secret pour personne, en tout cas pas pour le RAC. Des gens, quelque part, étaient parvenus à reconstruire des portails ancestraux, à invoquer une magie ancienne, à recréer un lien entre notre monde et l’Oblivion. Ces détails-là avaient déjà fuité depuis le temps, mes collègues savaient déjà tout cela. Tout le monde se doutait que des individus louches, peut-être même une secte aux motivations particulièrement obscures, était à l’oeuvre dans l’ombre. La nomination officielle des Fils d’Evos ne surprit personne. Leur champ d’action, et leur avancée, par contre, posa tout de même question. Il est vrai qu’ils étaient bien plus présents et dangereux qu’on avait bien voulu l’admettre... Mais là encore, personne ne sembla choqué. C’était logique au final. Une secte daedrique ? Rien de bien inédit, tout le monde s’y attendait. Seule la société civile l'ignorait encore à l'heure actuelle.
Non, le point qui chiffonna véritablement mes coéquipiers, et me valut la rancoeur de pas mal d’entre eux, ce fut mon contact privilégié avec les Lames, et tout ce qui en découla.
J’avais pactisé avec eux, avais établi un contrat dans le plus grand secret avec certains de leurs membres. Cela, pour beaucoup de mes collègues, était tout simplement intolérable.
Il fallait bien comprendre que le passif entre les Lames et la Légion Impériale était assez chargé. La Légion avait toujours été le bras armé de l’Empire, son imposante et impitoyable force de frappe, véritable institution qui avait permis à cette civilisation de briller et de prospérer par delà les millénaires. Nous avions, en quelque sorte, toujours été la vitrine de l’Empire. Nous avions toujours agi dans la lumière, à la vue de tous, car c’était justement de nos succès, de notre discipline et de notre image que dépendait la survie de cette société aux fondements résolument militaires. L’Empire était né de son armée avant toute chose, il existait en grande partie à travers elle, il ne fallait pas l’oublier.
Concernant les Lames… Et bien disons que le philosophie était un peu différente. Eux servaient l’Empereur, et non l’Empire. Ils agissaient avant tout pour le compte d’une personne, et non d’une nation. Bien sûr, on ne devenait pas membre des Lames par hasard, il fallait forcément être un solide patriote, prêt à risquer sa vie pour une cause supérieure. Indirectement, ils servaient tout de même l’Empire eux aussi, car ils servaient son plus haut dirigeant. L’ennui, c’était que les moyens et les méthodes n’étaient pas du tout les mêmes que les nôtres. La Légion vivait dans la lumière, alors que les Lames n’agissaient que dans l’ombre. On les considérait souvent comme des vipères sans scrupules, des petits comploteurs mesquins et opportunistes prêts à toutes les saloperies pour arriver à leurs fins. A raison d’ailleurs, car ils s’étaient très souvent illustrés pour leurs opérations hautement discutables sur le plan moral. Pour les Lames, la fin justifiait les moyens, et ce n’était d’ailleurs pas pour rien que le Thalmor avait fait de leur démantèlement une priorité après la grande guerre. Le RAC et les autres unités de forces spéciales avaient appris à agir avec discrétion, nous avions nous aussi développé notre part d’ombre et de mystère. La guerre avait évolué, nous avions dû nous adapter aux nouvelles tactiques militaires promues par les nations elfiques. Pour autant, l’infanterie, la marine, et même la cavalerie, avaient toujours respecté une certaine éthique, une certaine forme d’honneur et de bravoure. Nous étions des soldats, parfois des envahisseurs, souvent des meurtriers, mais nous demeurions, au plus fort de nous-mêmes, des défenseurs, des protecteurs, des sauveurs. C’était en tout cas les valeurs que nous promouvions.
Du côté des Lames, on ne s’embarrassait pas de ce genre d’éthique. Peu importait qu’on assassine femmes et enfants, qu’on rase des villages ou qu’on plonge des nations entières dans le chaos. La suprématie de l’Empereur valait tous les sacrifices possibles et imaginables. Ces types étaient prêts à tout, pourvu qu’ils gagnent. Clairement, la Légion Impériale et l’Ordre des Lames ne vivaient pas dans le même monde. Ces deux institutions ne partageaient pas les mêmes valeurs, et ne jouaient pas selon les mêmes règles. Au fil des siècles, de solides rancoeurs s’étaient développées entre les deux parties, les efforts des uns étant souvent sapés par les décisions des autres, et vice versa. Il suffisait de voir comment les Lames nous avaient utilisé lors de l’assaut du zeppelin, sans aucune foutue considération, et sans concertation préliminaire. Et on pouvait bien se retrouver dans la merde par leur faute, ils s’en foutaient. C’étaient les Lames après tout. Ils valaient mieux que nous, pauvres Légionnaires…
Ce pacte établit avec eux sonna comme une véritable trahison pour nombre de mes collègues, à fortiori parce qu’on était censés enquêter sur certains d’entre eux à la base. Or ils m’avaient contacté, m’avaient donné un artefact daedrique, et m’avaient demandé de le garder en vue de le remettre ultérieurement à l’une des évadées de Stendarr. Autrement dit, non seulement j’avais pactisé avec les Lames, mais je l’avais EN PLUS fait pour des raisons qui impliquaient à la fois de la magie daedrique ET les individus extrêmement dangereux que nous étions censés rechercher à tout prix. En gros, j’étais impliquée dans de sales dossiers, hautement préjudiciables pour l’Empire, et c’était d’autant plus condamnable que ces dossiers semblaient, quelque part, tous liés les uns aux autres. C’était tout de même la traque de Nilvyn qui m’avait mené aux Fils d’Evos, aux Daedras, puis aux Lames...
-Mais… Pourquoi tu ne nous a rien dit ? Conclut Titus après que j’eus terminé de leur avouer tout ce qui m’était arrivé ces derniers mois.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
04 octobre 2021 à 20:16:15

Cette question fut probablement la pire que l’on aurait pu me poser... On aurait pu m’engueuler, me blâmer, voire m’agresser physiquement, je l’aurais encore compris, je l’aurais accepté et l’aurais encaissé. Mais cette simple question, ce simple “pourquoi”, me fit l’effet d’un véritable coup de massue...
Pourquoi, oui ? Pourquoi, simplement pourquoi ? Pourquoi les avais-je trahi, eux qui m’avaient accueilli à bras ouverts ? J’étais une ancienne du renseignement, un ancien agent infiltré. Les profils comme les miens étaient fuis comme la peste au sein de la Légion Impériale, et il y avait de nombreuses raisons à cela. Peu de personnes m’auraient accepté, et mes collègues du RAC auraient eu toutes les raisons du monde de ne pas me faire confiance eux aussi. Pourtant, ils avaient vu la personne derrière ce statut peu reluisant. Ils m’avaient observé, ils m’avaient écouté, ils m’avaient choisi selon des critères objectifs, en dépit des nombreux a priori qu’ils avaient éprouvé à mon égard. Ils ne savaient pas qui j’étais, ne savaient pas d’où je venais, mais ils m’avaient malgré tout accordé leur confiance. Ils s’étaient ouverts à moi, ils m’avaient accepté comme personne ne m’avait jamais accepté jusqu’ici, et que leur avais-je donné en échange ? Je leur avais menti, je les avais trahi…
A y bien réfléchir, j’aurais pu encaisser la tronche renfrognée d’Abnur Lex, celle vaguement dédaigneuse de Linus, ou même celle furibonde d’Endril. Honnêtement, j’aurais pu oui.
Mais celle, atterrée, de Percius Ostorius, et pire encore, celles totalement déconfites de Rexus et de Telrav, par contre…
Je sentis quelque chose se décrocher quelque part dans ma poitrine. Peut-être une partie de ma dignité, alors qu’un épouvantable sentiment de honte m’envahissait peu à peu. Je me sentais tellement merdique tout à coup… Qui étais-je, pour avoir sciemment conspiré dans le dos de ceux qui étaient devenus ma seule famille ? Je passais tous mes jours et toutes mes nuits en leur compagnie, je n’avais qu’eux… Titus avait raison: pourquoi ? Pourquoi ne leur avais-je rien dit ? Pourquoi leur avais-je caché tout ça ? Parce que c’était mon travail ? Parce que, à une époque, j’avais cru bien faire ?
La tronche dépitée de Telrav me donna presque envie de pleurer. Lui qui avait toujours vécu pour le RAC, lui qui avait tant voulu reformer sa section, et avait fondé tant d’espoirs en moi. Que pensait-il de moi désormais ? Je devais l’avoir tellement déçu…
-Et ben… C’est du joli… Grinça Abnur Lex une fois que j’eus terminé mes confessions. Et dire que je voulais t’avoir dans ma section…

Plusieurs des soldats présents dans la pièce acquièrent d’un air grave.
-Le renseignement ne laisse jamais partir ses agents, tout le monde le sait. Tempéra Adamus Signus, l’un des rares qui ne semblait pas avoir changé d’opinion à mon sujet. Elle s’est retrouvée coincée entre nous, son ancienne hiérarchie, et d’anciens contacts opérationnels. Ça peut se comprendre...
-Mon cul ! Répliqua sèchement Abnur en lui jetant un regard furieux. Quand tu adhères à la cavalerie, et au RAC, ça devient ta famille, ta raison d’être, ta priorité absolue ! Le renseignement et les Lames n’ont rien à foutre ici ! Elle devait les envoyer chier, point barre, ou du moins nous en parler avant de faire sa petite vie en solo ! Attends, on est où là ?! Elles sont où les valeurs de la Légion ?!

Plusieurs opérateurs des sections Weston et Varen acquiescèrent une nouvelle fois, et me jetèrent des regards où se mêlaient rancoeur et mépris. Pourtant, Adamus ne semblait pas prêt à me lâcher. Pour une raison que j’ignorais - peut-être était-ce tout simplement son pragmatisme, inattendu chez un cavalier impérial - il persistait à me défendre devant l’assemblée:
-... C’est le renseignement qui nous file la plupart de nos missions, Abnur, et c’est des Lames que nous tirons nombre de nos enseignements. Que tu le veuilles ou non, on travaille en étroite collaboration avec eux. C’est justement pour ça que des unités comme le RAC ou la DRI ont été créées. Et tu me parles vraiment de valeurs, quand nos premières semaines ici n’ont consisté qu’à buter des civils et des résistants ?
-Des terroristes ! Rectifia Abnur Lex.
-Qui ne cherchent qu’à défendre leurs terres. Insista Adamus Signus. Qui peut leur en vouloir ? Depuis qu’il est né, combien de dizaines, de centaines de millions de personnes l’Empire a-t-il massacré au nom de la liberté ?
-Carre toi ta philosophie à deux balles dans le cul, Adamus ! Se vexa le chef de la section Weston. Ca ne change rien au fait qu’elle nous a menti, et nous a mis en danger, NOUS, sa famille, pour servir SES intérêts !
-Les intérêts de l’Empire, ni plus ni moins. Poursuivi le chef de la section Varen.
-Les intérêts de l’Empire ?! Vociféra Abnur. Selon qui ?!

Abnur et Adamus se confrontèrent ainsi durant plusieurs minutes, sur un sujet qui les concernait sans vraiment les concerner, en fait. Certes, lors des déploiements militaires, les unités de forces spéciales de l’Empire avaient souvent tendance à associer des sections et à les regrouper sur les mêmes missions, les objectifs étant souvent plus costauds qu’en opération standard, et nécessitant donc plus de ressources. Techniquement, mes cachotteries ne concernaient donc plus seulement la section Uriel, mais également les sections Varen et Weston. Ces mecs étaient tout de même constamment fourrés avec nous depuis notre arrivée en Elsweyr, ça les concernait eux aussi. Pour autant, leur dispute mit en exergue un autre problème. En l'occurrence, les principaux concernés, ceux qui auraient normalement dû s’émouvoir le plus de cette “trahison”, restaient désespérément silencieux. En effet, ni Telrav, ni Percius Ostorius, ne pipèrent mot suite à ma révélation. Ils se contentèrent de fixer le vide, la mine concentrée pour Percius, déconfite pour Telrav.
A quoi pouvaient-ils bien penser ? Leur silence devenait tout bonnement insupportable à mesure que se poursuivait la prise de bec entre Abnur Lex et Adamus Signus. Si seulement ils avaient pu dire quelque chose, n’importe quoi, qui me permette au moins d’être fixée quant à mon propre sort. Mais non, les deux Impériaux gardaient un silence obstiné, à croire qu’ils ne savaient tout simplement pas comment appréhender ce que je venais de leur révéler.
-... c’est une situation très délicate. Confia Titus entre deux salves de ronchonneries de la part d’Abnur. Concrètement, ça nous place entre le renseignement, les évadés de Stendarr, une secte daedrique dont on ne connait rien - si ce n’est qu’elle est bien plus puissante qu’on ne le pensait - et des Lames potentiellement renégates. L’Empereur lui-même soupçonne bien une collusion entre les évadés de Stendarr et certaines de ses propres Lames, pas vrai ? Avec la possibilité d’un lien avec la Confrérie Noire et la Morag Tong. J’imagine qu’on en a la preuve formelle désormais...
-Putain de bordel… Quel merdier… Finit par lâcher Percius Ostorius en jetant ses dossiers militaires sur la table de la salle d’instruction.

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