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Sujet : [Fic] Une vie d'élu

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Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
03 juillet 2021 à 13:14:14

Cool mec en plus l'intrigue prend une tournure interessante :hap:

Seyda-Nihyn Seyda-Nihyn
MP
Niveau 5
06 juillet 2021 à 11:24:41

Je suis généralement patient mais sans vouloir imiter mon collègue ci-dessus.

Swweeeeeeeeet ?

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
06 juillet 2021 à 23:18:48

Sweeeeeeeeeet ou sacrément noir :)

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
07 juillet 2021 à 01:06:46

Chapitre 47: A Rome, fais comme les Romains - Partie 3.

J’avançai à pas de loup, l’oeil vif, tous les sens en alerte. Personne dans ce couloir...

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/27/3/1625609530-skyrimse-2021-07-06-11-39-39-20.jpg

Je fis quelque mètres de plus, et débouchai dans l’une des bibliothèques de l’aile, plongée dans le silence elle aussi. D’ailleurs, tu parlais d’une bibliothèque: que des étagères vides, s’étendant sur des mètres et des mètres. En même temps, la Morag Tong avait eu la bonté de nous prêter cet immense palace pour notre déploiement, et c’était déjà très bien comme ça. Fallait quand même pas s’attendre à ce qu’elle nous file tous ses ouvrages et toutes ses collections de bouquins confidentielles dans la foulée…
Je fis quelques pas prudents dans la bibliothèque vide, l’oreille tendue, à l'affût du moindre signe de présence. En temps normal, je ne me serais même pas attardée dans cette portion de l’aile. Trop excentrée, trop difficile à fuir sur le plan purement stratégique. Je me serais contentée de jeter un bref coup d’oeil, et de repartir presque aussitôt. Ce que je m’apprêtais à faire d’ailleurs. Mais ça évidemment, c’était avant d’apercevoir les gros pieds de Rexus dépasser de derrière l’une des étagères.
Le colosse se mit à vociférer aussitôt qu’il m'entendit pouffer de rire:
-Bordel ! Je le savais que c’était une idée à la con de me cacher ici !

Il sortit de sa planque de fortune et me fit face. J’aperçus sa grosse tête barbue à l'expression toute vexée, et fus tout bonnement incapable de me retenir d'avantage. J’éclatai de rire, purement et simplement, ce qui eut le don de le renfrogner encore plus, et de me faire caler encore plus, et ainsi de suite.
-... Tu m’as pris de cours. Grommela l’Impérial. Quand je t’ai entendu arriver, je me suis rendu compte que j’avais aucun échappatoire, donc j’ai tenté de me cacher comme je le pouvais...
-Gros, on a passé la matinée à étudier le plan. Lui rappelai-je. Tu m’expliques l’intérêt stratégique d’aller te planquer dans un cul de sac ?
-J’avais oublié que la bibliothèque était un cul de sac.
-T’oublies toujours tout.
-Pff.
-Enfin. Quatre à zéro pour moi. Conclus-je fièrement.

Nous reprîmes la direction de la salle à manger principale, notre quartier général attitré au sein de cette aile-prison. D’aucun aurait pu dire que deux opérateurs d’une unité de forces spéciales passant leurs journées à jouer à cache-cache était totalement aberrant, mais fallait bien comprendre qu’on se faisait incroyablement chier ici. On était enfermé au sein de notre aile, sans lumière naturelle, sans contact avec personne, en l’attente d’un verdict ou d’une sanction dont on ne connaissait ni la nature, ni la date. Autrement dit, on pouvait très bien être cloîtrés ici pour des jours, voire des semaines, voire peut-être plus encore. Ça n'avait l’air de rien dit comme ça, mais dans les faits, c’était un truc à devenir complètement zinzin. Petit à petit, on perdait le fil du temps et de nos pensées, et ça finissait par ravager le cerveau. D’ailleurs, ce n’était pas pour rien que l’isolement était un châtiment aussi redouté dans les prisons impériales, et ce n’était pas non plus pour rien qu’il était parfois carrément utilisé comme une méthode de torture par certaines institutions. Ses méfaits sur le corps et sur l'esprit humain étaient connus et reconnus depuis longtemps…
Nous, évidemment, on ne se laissait pas aller. En premier lieu, on bouffait et on picolait plein tube, forcément. Le CSOJ avait mis les moyens dans la bouffe, donc on ne se privait pas. Mais même ça, ça devenait ultra redondant. Bouffer des crêpes et des pizzas à longueur de temps finissait par me filer la gerbe, et l’alcool, j’en parlais même pas. On était bourré la majeure partie de la journée...
Du coup, on tentait de varier les plaisirs, de se distraire comme on le pouvait. Les parties de cache-cache étaient une tentative parmi tant d’autres. Le problème, c’est que Rexus était tellement nul que ça aussi, ça devenait vite lassant. Le mec était aussi discret qu'une prêtresse dans un bordel. A titre d’exemple, on avait établi pour règle des séances de vingt minutes, vingt minutes que le chercheur avait à disposition pour trouver le cherché, après quoi retentissait la grosse horloge qui trônait dans la salle à manger. Et même là, Rexus était parvenu à rendre ça chiant. Ce gros saucisson n'était pas foutu de se cacher correctement. Peu importe sa planque, il y avait toujours un gros orteil ou son gros cul qui dépassait et le cramait d’emblée. A contrario, il n’avait pas été branlé de me trouver une seule fois, alors que je n'avais pas opté pour des cachettes franchement élaborées non plus.
En bref, l’Impérial était un bon gars, on se marrait bien avec lui. Il avait le don de faire passer les journées plus vite. Mais alors, quel partenaire de merde…
Après plusieurs minutes passées à écouter ses excuses de sac à base de “ouais mais t’as facile de te cacher toi, t’es plus petite” ou autres “t’es officier, on t’a mieux appris à lire des plans que moi”, nous décidâmes finalement de couper court aux parties de cache-cache, et de passer à table. Notre troisième repas de la journée, même si il n’était que onze heures.
-Frère, on va être obèse quand ils vont nous faire passer en cour martiale. Fis-je remarquer. On va pouvoir y aller en roulant.
-Hein ? Releva distraitement Rexus tout en décapsulant bruyamment sa quatorzième bibine de la journée.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
07 juillet 2021 à 01:07:02

Je lui jetai un oeil blasé, refusai la bière qu’il me tendait - je tenais pas à crever d’une cirrhose non plus, fallait pas déconner - puis remarquai la présence d’un journal sur la table d’à côté. Une preuve de plus que des gens continuaient de passer par ici quand on avait le dos tourné, car il s’agissait de l’édition de ce jour même, et elle n’était clairement pas là quand on avait commencé les parties de cache-cache de ce matin.
Je me penchai sur la table, attrapai la revue, et commençai à la feuilleter distraitement.

“Le Courrier du Cheval Noir - Édition du…”

Rexus rota bruyamment.
-Han putain.
-Oh pardon. S’excusa aussitôt l’Impérial.

“Le Courrier du Cheval Noir - Édition du 5 Vifazur 4E231
Tensions en Elsweyr. Rien ne va plus entre l’Empire, le Domaine Aldmeri… Et Morrowind ?

C’est chez nos confrères Brétons du “Manuscrit Volant” que Elundur, porte-parole des Justiciars, s’est fendu d’un communiqué pour le moins étrange:
-Voilà donc à quoi ressemble la notion de paix selon nos élégants partenaires: des Impériaux qui guerroient, des Dunmers qui jubilent !

La déclaration a de quoi interpeller au regard des récents événements. Pour rappel, la Légion Impériale a récemment lancé une vaste opération de pacification dans la région de Dune. Située dans le nord d’Elsweyr, excentrée du reste du Domaine Aldmeri et largement sympathisante de l’Empire, cette région est récemment devenue le terreau fertile du terrorisme moderne. Des exactions en tous genres y sont fréquemment commises, et parmi elles, des attaques spécialement perpétrées contre l’Empire. Dernier événement en date: l’exécution sommaire de deux agents des services de renseignements Impériaux, qui auront en quelque sorte constitué le point d’orgue de ces agressions répétées, ainsi que l’élément déclencheur de cette vaste opération militaire.
Si, de l’aveu même des porte-paroles de la Légion Impériale, la réaction du Domaine Aldmeri était attendue au sujet de l’Empire, l’étrange tension qui règne aujourd'hui entre l’Archipel de l’Autonome et Morrowind a, par contre, de quoi intriguer.
-Nous avons été contraints de contourner quelques règles diplomatiques, c’est un fait. Admettait Claudius Rato, porte-parole du département de la défense. C’est la nécessité qui nous a poussé à agir ainsi. La sécurité impériale était gravement menacée, aussi avons-nous été forcés de réagir dans l’urgence. Malgré tout, nous n’avons jamais caché nos intentions au Domaine Aldmeri. Cette opération n’était pas hautement confidentielle, et elle a même été pensée pour être effectuée en étroite collaboration avec les Altmers. Nous reconnaissons encore une fois la souveraineté absolue du Domaine Aldmeri en Elsweyr, et sommes plus que prêts à travailler à ses côtés. Mais cette crise a pris des proportions dramatiques, et nécessitait une réaction extrêmement ferme de notre part. Le Domaine Aldmeri comprend forcément cela. Plus que jamais, nous les invitons à s’ouvrir à nous, et à collaborer.

Et Elundur de répliquer, toujours à nos confrères du Manuscrit Volant:
-Le Thalmor n’a jamais eu connaissance de cette opération, et ne l’aurait bien évidemment jamais validé ! L’Empire peut user de tous les euphémismes qu’il veut, dans les faits, il bafoue purement et simplement les lois diplomatiques les plus élémentaires de Tamriel ! Posez-vous cette question: comment les Impériaux réagiraient-ils si le Domaine Aldmeri s’invitait de force dans l’une de ses provinces, quand bien même il le ferait au nom de la paix ?”

J’interrompis brièvement ma lecture, piquée par cette réflexion. Évidemment, il avait raison. Jamais, ô grand jamais, l’Empire n’aurait toléré cette situation si les rôles avaient été inversés.

“-L’Empire est avant toute chose une superpuissance militaire, cette réaction est logique. Tempère Calanor, un autre porte-parole du Thalmor. Les opérations sauvages constituent l'ADN même de toutes les civilisations humaines, et l’Empire n’y fait pas exception. Ne soyons pas dupes: nous attendions une invasion de ce genre. Les Impériaux ont été attaqués, et ils défendent farouchement leurs intérêts. Nous comprenons cela, et comme nous l’avons toujours dit, nous sommes ouverts au dialogue et à la coopération. Or aujourd’hui, nous ne pouvons que regretter les sempiternels travers belliqueux des impériaux, toujours prêts à mettre Tamriel à feu et à sang sans même prendre la peine de s'asseoir à la table des réflexions. La région de Dune est une poudrière qui a trop longtemps échappé à notre surveillance, nous admettons nos torts dans ce désastre, mais nous regrettons également cette décision unilatérale de l’Empire, qui, n’ayons pas peur des mots, s’est tout de même permis une grave atteinte aux lois diplomatiques. Nous ne souhaitons pas envenimer une situation déjà bien compliquée. Je le répète, nous sommes plus que jamais ouverts au dialogue, mais nous nous devons également de faire valoir les lois, ainsi que nos droits souverains. Techniquement, l’Empire n’a rien à faire en Elsweyr, tout le monde le sait. Il est absolument nécessaire que les troupes impériales quittent le territoire dans les plus brefs délais, avant même que nous ne puissions convenir d’un plan d’action commun contre la menace certaine que représentent aujourd’hui les Do’Traaji.

Des propos typiquement Aldmeris: subtilement dédaigneux, mais clairs, et qui en l’état actuel des choses, n’ont pas encore trouvé réponse au sein du département de la défense.
Rien de bien nouveau, penseraient certains. Les tensions au sujet de la région de Dune ne datent pas d’hier, et bien malgré ces quelques remontrances, il y a en vérité bien peu de chances qu’une quelconque escalade de violence ait lieu au sujet d’une zone géographique relativement insignifiante pour les deux parties. L’on serait donc tenté de croire que l’histoire s’arrête ici, que l’Empire termine son opération de pacification sans plus de problèmes, et que tout revienne à la normale. C’était sans compter sur la déclaration dont s’est très récemment fendu Tanval Indoril, jeune général en chef et accessoirement héritier de la grande maison Indoril:
-Avec un peu de recul, nous ne pouvons qu’applaudir cette décision des autorités impériales. Toute agression envers un pouvoir démocratique doit se voir adresser une réponse ferme, pour la paix et le bien de tous. Ces terroristes arriérés sont une menace évidente pour l’Empire, et à fortiori, pour Tamriel toute entière. Leur éradication est une nécessité. Qu'elle serve de leçon aux ennemis de la démocratie, et à tous ceux qui voudraient les appuyer insidieusement. Au regard des événements, Morrowind tient plus que jamais à manifester son alliance avec l’Empire, et à prévenir ses ennemis: nous nous tiendrons prêts aux côtés de Cyrodiil, qu’il s’agisse de mater quelques sauvageons en guenilles, ou une nation toute entière.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
07 juillet 2021 à 01:07:19

Un avertissement particulièrement caustique, qui camoufle à peine son véritable destinataire: le Domaine Aldmeri… Les réactions ne se sont d’ailleurs pas faites attendre du côté des Hauts Elfes, comme nous le laissions entrevoir en début d’article:
-La grande “Union Dunmeri” persiste dans ses minables petites attaques à notre encontre. Répliquait Elundur à nos confrères du Manuscrit Volant. Mais elle semble une fois encore perdre de vue l’essentiel, à savoir qu’il s’agit d’une petite nation fragile, sans histoire, sans poids, qui n’a rien prouvé, rien accompli, et qui a par ailleurs été fondée sur un coup de tête, à la suite d’une ridicule domination Argonienne en Morrowind, ainsi qu’après plusieurs milliers d’années de massacres fratricides. Et les voilà aujourd’hui rendus à nous menacer et à rouler des mécaniques, bien cachés derrière l’Empire. Et nous sommes censés prendre cela au sérieux ? Que les Dunmers laissent la politique continentale aux gens responsables, et se contentent de faire ce qu’ils savent faire le mieux: rester dans l’ombre de leurs monts cendreux, à ressasser leurs fantasmes de guerre et de violence.

Comme nous le pressentions depuis plusieurs années déjà, il semblerait donc que le contact soit définitivement rompu entre les deux nations elfiques. Au vu des récents événements, il y a en tout cas fort à parier que les différents partis n’en resteront pas là, et que le chapitre de Dune, avec tout ce qu’il implique, soit loin d’être terminé.
Nous vous tiendrons évidemment informés en temps et en heure de tout rebondissement potentiel dans ce vaste et épineux dossier.”
-Le Thalmor est en train de nous chier une pendule. Commentai-je tout en jetant la revue au milieu de la table. Et ils ont l’air bien vénère contre les Dunmers également.
-Le Thalmor devrait se reconvertir dans l’horlogerie, vu comment il passe sa vie à chier des pendules pour rien. Éructa Rexus.
-Joli.
-Merci merci. Plaisanta le colosse, avant d'enchaîner: Non mais blague à part, c’est la vérité non ? Depuis que je suis tout petit, je les entends se plaindre de ceci, de cela, pester contre ceci, cela. Ils font des petits scandales pour tout et n’importe quoi. Pourquoi ils ne reprennent pas la guerre, au lieu de la ramener sans arrêt ?
-Personne ne veut reprendre la guerre Rexus. Répondis-je. C’est bien la dernière chose que veulent l’Empire et le Domaine Aldmeri. Par contre, faut pas perdre de vue qu’on s’est déployé sur leur territoire sans leur demander leur avis. Leur réaction est normale, on s’y attendait. Reste à voir comment les hautes instances impériales vont gérer ce bras de fer.
-Ils ont pas intérêt à faire les couillons ceux-là. Grogna le colosse. Pas comme le désastre des collines vertes là…

Je fus tentée de répondre à mon collègue que si nous étions là en ce moment même, c’était justement parce que les autorités impériales étaient bien décidées à ne plus se laisser marcher dessus. L’attentat des collines vertes avait été un désastre sur plusieurs plans, qu’ils soient humain, politique, ou même social. Et il était vrai qu’à l’époque, l’Empire n’avait pas fait grand-chose d’autre qu’agiter ses petits bras. Quelques déclarations choc par-ci, quelques menaces par là… Dans les faits, rien n’avait bougé, et chaque superpuissance était restée de son côté. Affaire classée, eût-on dit. Sauf que quelques années plus tard, les mentalités avaient largement évolué: la position du Domaine Aldmeri était sensiblement restée la même, alors que celle de l’Empire s’était significativement durcie. Il y a quelques années encore, le conseil des anciens aurait plaidé l’apaisement, le dialogue. Aujourd’hui, on envoyait la cavalerie tout faire péter en Elsweyr, avec la promesse que derrière cette première vague de dix-mille cavaliers, se tenaient plus d’un million de soldats prêts à déferler à tout instant.
Les mentalités avaient changé oui, le ton également. L'Empire post-grande guerre, fragile et peureux, avait laissé place à une superpuissance militaire bien plus virulente dans son approche des enjeux géopolitiques. Personne ne voulait reprendre la grande guerre, c’était vrai. Le Domaine Aldmeri restait une puissance extrêmement menaçante qu’il fallait craindre et respecter. Mais dans les faits, on assistait à un retour flagrant de l’impérialisme ancestral de Cyrodiil. L’Empire n’était plus prêt à s’écraser devant ses ennemis d’autrefois. Aujourd’hui plus que jamais, il les prenait de front, et posait ouvertement ses couilles sur la table. C’était la raison même de notre présence en Elsweyr. Quelqu’un avait attaqué l’Empire, et l’Empire avait aussitôt répondu.
Concernant Morrowind, par contre… La position des Dunmers avait effectivement de quoi interpeller dans toute cette histoire, surtout qu’ils n’étaient absolument pas concernés à la base. Pourquoi s'immisçaient-ils aussi grossièrement dans les tensions qui opposaient l’Empire au Domaine Aldmeri ? Certains auraient avancé le fait qu’ils étaient aujourd’hui un puissant allié de l’Empire - l’un des derniers en fait - et qu’ils seraient prêts à nous aider en cas de conflit. Mais de là à en déclencher volontairement un ? Alors d’accord, fallait pas être parano non plus, mais tout de même... Il était clair que l’attitude virulente des Dunmers à l’égard des Altmers avait de quoi interpeller, surtout que ce n’était pas la première fois, et probablement pas la dernière non plus.
Vers quel étrange conflit se dirigeaient ces deux superpuissances Elfiques ?
J’abandonnai brièvement mes pensées, attrapai la cruche de jus d’orange qui trônait au milieu de la table, et me servis un verre. Je bus plusieurs gorgées, le regard perdu dans le vide, l’esprit silencieux. Bah, ces questions ne me concernaient pas après tout. Je n’étais qu’un soldat, et un soldat incarcéré qui plus est. D’autres personnes s’occupaient déjà certainement de ce problème…
-Le dernier dans la piscine est une grosse pédale. Lâchai-je brusquement tout en reposant mon verre et en me levant d’un bond.
-Pff t’as quel âge franchement… Commenta la voix blasée de Rexus dans mon dos, alors que je filais déjà ventre à terre.

Je parcourus plusieurs mètres en direction de la piscine principale de notre aile. Naturellement, Rexus ne m’avait pas suivi. Il avait la quarantaine, et n’était plus du genre à se laisser embarquer dans ce genre de gaminerie. Il ne mordait plus à l'hameçon.
Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire, alors qu’à une dizaine de mètres à peine du bassin, j’entendis soudain des bruits de pas précipités me rattraper furieusement.
Évidemment qu’il avait mordu, ce gamin fini… C’était plus fort que lui...
-Toujours à essayer de me prendre de cours, HEIN ? Gueula la voix revancharde de l’Impérial juste derrière moi.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
07 juillet 2021 à 01:07:37

Je poussai un cri de surprise, paniquée de le savoir sur le point de me rattraper d’une seconde à l’autre. Je sentis même des picotements d’alerte me parcourir le dos. Heureusement, je fus au bord de la piscine avant lui, et plongeai dedans sans encombre, toute habillée, mais belle et bien victorieuse. Je fis quelques brasses sous l’eau, brièvement bercée par le silence des profondeurs, puis regagnai la surface et sortis la tête. Juste à temps pour voir Rexus débouler sur le bord comme un boulet de canon, sauter comme un crapaud, replier ses jambes en l’air, et atterrir au milieu du bassin en faisant une énorme bombe. Une grosse vague secoua tout le plan d’eau. J’en pris plein la tronche, littéralement, mais ne pus m’empêcher de rigoler comme une attardée.
-Ah ! Ça fait du bien ! S’exclama Rexus en sortant à son tour la tête de l’eau.
-T’es quand même une grosse pédale, du coup. Rétorquai-je.

Je fis immédiatement demi-tour, tentai de gagner le rebord à toute vitesse, mais fus aussitôt rattrapée par l’Impérial, qui se jeta sur moi et me fit couler à l’aide de ses quatorze mille kilos de muscles. Je me débattis hargneusement durant plusieurs secondes, et ne pus échapper à son emprise qu’après une violente morsure dans l’espèce de jambonneau velu qui lui servait d’avant-bras.
-AÏE ! BORDEL DE.. ! S’offusqua le colosse en regardant la marque de mes dents sur sa peau.
-Fallait pas essayer de me couler ! Répliquai-je.
-Hum hum. Toussota une voix familière sur notre gauche.

Nous nous interrompîmes brusquement dans notre pugilat bon enfant, et tournâmes lentement la tête dans la direction suspecte. Là, débout sur le rebord de la piscine, Celwen nous observait d’un air qui semblait partagé entre l’amusement et le dépit.
-Ouais ? Grinça Rexus d’un air agacé. Tu veux quoi ?
-Je vous amène un nouveau codétenu, ainsi qu’un visiteur. Répondit la Bosmer.

Elle jeta un oeil inquisiteur aux alentours de la piscine, s'accroupit devant le plan d’eau, et y trempa la main.
-... n’empêche, tranquille l’incarcération. Lâcha-t-elle. Une aile rien que pour vous… Moi je dois me taper tous les tarés de la section Weston en permanence, quand c’est pas les bourrins de la SOC qui s’invitent.
-Un nouveau codétenu ? Relevai-je, curieuse. Comment ça ?

Je faillis éclater en voyant Abnur Lex se pointer derrière Celwen, le teint cramoisi, l’oeil torve, la mine agacée.
-Ha ! Un chef de section, carrément ! Gloussai-je. Et ben putain c’est beau !
-Bah qu’est-ce que t'as fait ? S’offusqua Rexus, interloqué lui aussi.
-J’ai collé une beigne à un officier de la brigade logistique. Maugréa le chef de la section Weston. Le type m’a traité de planqué, et euh… Bon, j’avoue j’étais un peu bourré.

Celwen souffla du nez.

-... là je suis redescendu, mais sur le moment même… Poursuivit Abnur. ‘Fin bref, Ostorius a pété un plomb. Il a dit qu’on allait tous finir en cour martiale avant la fin de la semaine, si ça continuait.
-En même temps on est bien parti. Plaisantai-je, avant de lui indiquer la piscine d’un geste de la main et d'enchaîner: allez, viens nous rejoindre, on manque pas de place ici.
-Je vais me faire gerber d’abord, j’ai pas les idées claires. Grogna le chef de section.

Il s’éclipsa en direction de l’un des couloirs, le pas traînant, la démarche incertaine. De mon côté, je me retournai vers Celwen, et lui jetai un haussement de sourcils curieux.
-Bah quoi ? Me répondit bêtement la Bosmer.
-Le visiteur ? Précisai-je. T’as parlé d’un visiteur.
-Mais je suis là pardi ! Couina brusquement une petite voix juste à ma droite.

Rexus et moi eûmes tous les deux un violent mouvement de recul. En même temps il y avait de quoi: Ahnia était parvenue à se glisser entre nous deux, dans l’eau, sans même qu’on ne s’en aperçoive.
-Tu devrais essayer de rejoindre la guilde des voleurs ! Pestai-je. T’as un sacré talent pour te faufiler !
-Mais je ne me faufile pas, et je ne suis pas une voleuse pour sûr ! Pesta la petite Ohme. C’est juste que vous refusez de me voir !
-Pourquoi tu es venue ici ? La questionnai-je.

Rexus ne dit rien de son côté. Durant plusieurs secondes, il observa la petite Ohme d’un air perplexe. D’ailleurs, c’était justement parce que je commençais à le connaître que j’avais une idée très claire des interrogations ubuesques qui devaient traverser son esprit en ce moment même. Genre “bah, ça nage un chat ?”
Ahnia se rapprocha doucement, et se colla contre moi.
-Je suis venue parce que les autres m’ignorent, et que je me sens seule… Marmonna la petite Khajiit. Mais toi, tu es mon amie, donc je sais que tu ne m'ignoreras pas…

Elle se mit bientôt à ronronner, ce qui une fois encore, eut le don de me mettre atrocement mal à l’aise.
-Mooooooh, c’est mignon. Commenta Celwen tout en nous regardant d’un air presque amoureux, accroupie au bord de la piscine.

Nous passâmes de longues journées enfermés dans notre aile. J’étais même plus foutue de dire combien de temps on était resté cloîtré là-dedans d’ailleurs. Parfois, j’avais l’impression que le monde s’était arrêté de tourner au-dessus de nous, un peu comme si tout s’était peu à peu figé, suspendu dans le temps. A l’instar de nos vies en fin de compte. Qu’étions-nous devenus, nous, la crème de la crème des soldats impériaux ? Quel chemin avions-nous emprunté, nous qui étions pourtant promis à un brillant avenir ? Quel gâchis… Je m’étais donnée tant de mal, tant de peine pour atteindre ce rêve. J’avais fait tout ce qui était en mon pouvoir, avait littéralement sacrifié des mois - qu’est-ce que je racontais putain - des années de ma vie pour en arriver là. Et quelle direction avait-elle pris ? On m’avait enfermé dans les profondeurs d’un ancien manoir Ayléide, privée de la lumière du jour, de liberté, et d’humanité. Depuis le temps, la Légion Impériale était peut-être partie là haut, le monde avait peut-être disparu - qu’en saurions-nous - et nous, on était resté ici, seuls et impuissants, à attendre la fin des temps. Car je peinais à croire qu’on finirait en cour martiale désormais. Non, ça c’était avant, il y avait bien longtemps. Tout le monde nous avait oublié depuis…
Nous prîmes peu à peu nos marques malgré tout, Rexus, Abnur, Ahnia et moi. On mangeait, on buvait, on faisait nos exercices, et on s’adonnait à des activités de plus en plus étranges à mesure que les jours défilaient. Étranges oui, mais pas dénuées d’intérêt pour autant. Pyramides de coussins en philosophant, séances d’abdo en dessinant, dîner en chantant. En fait, je croyais bien que l’isolement commençait à nous rendre fous, petit à petit, sans que l’on ne s’en rende véritablement compte. Lentement, on perdait pieds, en même temps que l’on perdait nos repères. Tout devenait plus lent, plus long, plus mou. Et le pire, c’est que ça nous allait très bien. On ne vivait pas si mal ici, à l’écart du monde. La vie avait revêtu un tout autre visage, mais elle n’en était pas moins douce. On perdait pieds, je m’en rendais bien compte, mais ce n’était pas la lente et longue agonie que j’avais si longtemps redouté. Non, ce n’était pas tout à fait ce qu’on avait voulu, mais ce n’était pas si terrible. On avait tout le temps devant nous désormais. Tout allait bien…
Rexus et moi passâmes plusieurs jours couchés dans nos lits, le regard rivé au plafond, à parler, à penser, à rêver. Quoi que la différence entre toutes ces disciplines tendait à s'estomper elle aussi. Parlions-nous, pensions-nous ou rêvions-nous ? Je n’arrivais même plus à le dire. La réalité s’effaçait peu à peu, et laissait place à d’étranges paysages, où se mêlaient des formes, des couleurs et des idées que je n’avais encore jamais vu.
-C’est joli n’est-ce pas ? Lança Shéogorath en s’asseyant à côté de moi. Quelques morts de plus, cadavres putréfiés s’il vous plaît. Moult ferronneries poivre et sel de coquillage de mer, en supplément, ainsi soit-il, et ce serait parfait.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
07 juillet 2021 à 01:07:55

Je jetai un oeil curieux au prince Daedrique, puis à Rexus, toujours allongé quelques lits plus loin. Sauf que nous n’étions plus dans notre chambre désormais, mais sur un immense nuage blanc, perdu dans un océan d’autres nuages blancs, juchés haut dans un ciel bleu azur.
-Rexus, tu vois ce que je vois ? Questionnai-je.
-Je vois. Répondit calmement le colosse, le regard rivé vers le ciel.

Shéogorath jeta un oeil derrière lui, directement vers toi en fait.
-Et toi ? Tu le vois ? Questionna le prince Daedrique. Hé oui petit mortel, eux ne te voient pas, mais moi si, caché derrière ton écran, à lire ce récit sur un forum de jeux vidéos. Je suis un prince Daedrique, ne l’oublie pas. Mais peu importe. Ferme les yeux, et essaie de l’imaginer comme les deux personnages ici présents. Imagine toi… Disons… Des nuages, plein de nuages, un magnifique ciel bleu, le calme, la sérénité… Je crois que dans votre monde, vous appelez ça le paradis.
-Le paradis ? Questionnai-je, dubitative.
-Ah non non, ça n'existe pas dans notre monde à nous. Expliqua Shéogorath en se retournant vers moi. Sovngarde de loin, éventuellement, et encore. Ou du fromage. Et un sac de riz, en haut de la cave, qui raconte plein de mystères qu’on a jamais pu acheter avant hier matin. Mais ça reste très différent quand même.

D’étranges créatures ailées, semblables à des hommes et à des femmes affublées de toges blanches…
-Des anges. Précisa Shéogorath.

Des anges donc, se mirent à virevolter joyeusement tout autour de nous. Ils semblaient heureux de nous voir ici, de nous accueillir dans leur monde. L’un d’eux se pencha même sur mon lit, et me gratifia d’un baiser sur le front. A ma droite, Rexus était toujours là, paisiblement couché sur son propre matelas, lui aussi accueilli par ces petits êtres ailés.
Tout était si tranquille ici… Nous aurions pu y rester pour l’éternité…
-Pour l’éternité. Répéta une voix quelque part, loin dans le ciel.

Je clignai des yeux, jetai un oeil autour de moi, et réalisai alors que Shéogorath avait disparu. Mais avait-il seulement été là ? Les petits anges aussi d’ailleurs, avaient disparu. Nous étions toujours sur notre lit de nuages - le paradis ? - mais nous étions désormais seuls, bercés par le silence apaisant des lieux.
-Seuls ? Grinça Vivec en flottant nonchalamment à ma gauche. Petite merdeuse, t’es tellement autocentrée que tu m’oublies à chaque fois, alors que je suis juste là putain.
-OK, mais t’es quient ? Répliquai-je.
-Très très gênant. Répondit Vivec. Je t'exhorte à disposax dans les délaient les plus écourtax.
-Ataraxie sur ton être, en dépit de. Conclus-je.

Je jetai un nouveau coup d’oeil vers le ciel, et constatai alors que les nuages blancs avaient disparu. Ou plutôt, qu’ils avaient été remplacés par d’autres nuages, plus lourds, plus sombres.
Nous étions toujours allongés sur nos lits, et Rexus était toujours couché un peu plus loin sur ma droite. Mais le décor avait largement changé, il était devenu bien plus inquiétant. Un orage se préparait, je l’entendais gronder au loin. Quelque chose approchait...
Pourquoi tout le monde était parti ? Je me sentais si seule tout à coup...
-Rexus ? Questionnai-je, inquiète.

Mon collègue ne me répondit pas. Il se contenta de rester là, affalé sur son lit, le regard rivé vers ce ciel devenu étrangement menaçant.
-Re… Rexus ? Insistai-je.
-Il faut partir d’ici, nous ne sommes plus les bienvenus désormais. Finit par me répondre l’Impérial. Suis moi.

Nos lits s’envolèrent d’un seul coup, et filèrent droit vers l’immensité obscure du ciel orageux.
-Rexus ! T'es sûre ?! Criais-je en voyant mon matelas foncer à toute allure en direction de l'océan de nuages menaçants.
-Suis moi ! Cria Rexus, toujours allongé sur son propre lit.

Des éclairs commencèrent à zébrer le ciel, véritables explosions de lumière dans ce monde sinistre. Je fus ballottée dans tous les sens, et manquai de tomber plusieurs fois de mon matelas. Un chaos sans nom se mit à retentir tout autour de nous. Des éclairs, des explosions et des boules de feu se mirent à fuser dans toutes les directions. Nous nous faufilâmes à toute allure, zigzaguâmes entre les tornades et les nuages chargés de fureur. Loin devant moi, petit point au milieu de cet immense cataclysme, le lit de Rexus fonçait sans s’arrêter. Je me concentrai dessus de toutes mes forces, tentai de ne pas le perdre de vue, de ne pas me laisser distancer.
-SUIS MOI ! Cria de nouveau la voix de l’Impérial.

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07 juillet 2021 à 01:08:12

Je fus secouée, ballottée, retournée dans tous les sens. Nous filâmes sur des kilomètres, peut-être même des dizaines de kilomètres. L’orage battait son plein, tentait de nous anéantir. Mais nous tenions bon, nous nous battions de toutes nos forces pour lui échapper.
-Là ! On y est presque ! Cria Rexus en me désignant quelque chose devant nous.

Nos lits traversèrent un ultime rideau de nuages sombres, et débouchèrent alors dans un décors bien différent de celui auquel nous venions tout juste d’échapper. Le silence revint tout à coup, mais avec lui, une étrange menace, lourde, latente, diffuse, mais bien réelle.
-Où… Où on est ? Risquai-je, alors que nous flottions désormais dans un immense ciel rougeoyant.

D’autres éclairs zébrèrent furtivement le lointain, bien que ce ne furent pas du tout les mêmes éclairs que ceux auxquels nous venions tout juste d’être confrontés. Ceux-ci furent plutôt à l’image du monde dans lequel nous avions atterri: furtifs, silencieux, et inquiétants.
-Comme ça où on est ? Releva Rexus.

Son lit continua de flotter quelques mètres plus loin, seul au beau milieu de ce mystérieux ciel écarlate.
-Tu ne reconnais pas cet endroit ? Questionna le colosse. Tu y es déjà venue pourtant.

Je sentis les rouages de mon esprit se gripper.
-Moi ? Mais...

Une immense traînée de feu nous frappa de plein fouet avant même que je ne puisse terminer ma phrase. Je levai mes bras par réflexe, et étouffai un cri de douleur en sentant la fournaise me lacérer la peau. Nos lits furent purement et simplement carbonisés, et nos corps furent aussitôt projetés dans le vide. Loin en dessous de nous, une gigantesque mer de lave et de roche carbonisée nous apparut. Nous tombâmes à une vitesse vertigineuse. Je tentai de me débattre, de hurler de toutes mes forces, mais en fus tout bonnement incapable. Ce n’était pas un saut OHA, je n’avais pas de parachute, je n’avais rien pour me venir en aide. J’étais impuissante. Cette fois-ci, j’allais vraiment mourir.
Malgré la douleur qui me tiraillait les avant-bras, mon état de panique, et la vitesse alarmante à laquelle se rapprochait cet océan de lave et de terres calcinées, j’aperçus brièvement d’immenses tours aux contours inquiétants se dessiner dans ce décor cauchemardesque. Des colonnes de pierre noire, si sombres qu’elles ne semblaient pas refléter la lumière de la lave environnante, et dont les formes acérées et tranchantes évoquaient sans détour possible les griffes d’un terrible prédateur.
Elles n’étaient pas d’origine humaine, c’était certain. Quelque chose, ou quelqu’un, avait construit ces ignobles édifices, mais ce n’était ni des Hommes, ni des Elfes.
Quel individu avait bien pu façonner des monuments aussi abjects ? Quelqu’un qui avait appris à s'accommoder de ce terrible endroit, à tous les coups.
Nous chutions toujours à vive allure, mais des éclats de lumière, perdus dans ce néant de feu et de désespoir, attirèrent de nouveau mon attention. Quelque chose brillait au sommet des tours… Je ne voyais pas de quoi il s’agissait vu la distance qui m’en séparait, mais ça dégageait une lumière étrange, vacillante, incertaine. Je plissai les yeux d'avantage, en quête de réponses, et fus alors assaillie par une série d’images particulièrement violentes. Comme des souvenirs, sauf qu’ils ne venaient pas de moi, mais probablement de plusieurs dizaines, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de personnes. J’aperçus la Cité Impériale, ravagée par les flammes et par le chaos des combats. J’aperçus des divisions entières de la Légion Impériale, se précipiter au péril de leur vie dans de gigantesques portails de feu. J’aperçus des héros sans visage, combattant avec fureur au beau milieu de dizaines d’ombres menaçantes. J’aperçus un homme, jusqu’alors ignoré de tous, se transformer en véritable dragon de feu, et entamer un terrible combat contre celui qui avait autrefois menacé Tamriel toute entière.
La crise d’Oblivion… C’était la crise d’Oblivion que j’apercevais désormais, à travers les souvenirs perdus de ces dizaines de milliers de héros qui y avaient laissé la vie.
Mais donc, cela voulait dire que… J’avais atterri…
-Chez toi, être de violence et de fureur. Conclut Rexus, toujours en chute libre à mes côtés.

Une nouvelle série de souvenirs s’imposa à mon regard. Sauf que ce n’était plus les souvenirs volés de quelques dizaines de milliers de condamnés cette fois-ci, mais bien les miens, à moi, à une époque où j’étais encore trop petite pour comprendre le drame auquel j’avais véritablement assisté. Je revis ce ciel rouge, terrible et inquiétant, cette lave brûlante, s'étendant à perte de vue, ce bruit infernal qui me prenait aux tripes, et m’arrachait des gémissements de frayeur.
Et je le vis, lui, penché au-dessus de moi, me surplombant de toute son imposante stature.
Un Dunmer ? Mon père ? Dans les Terres-Cendres de Vvardenfell ?
Non… Non, c’était autre chose... Quelque chose que je croyais être en mesure de comprendre, mais qu’une partie de mon esprit refusait toujours d’admettre.
-JE TE VOIS ! Hurla sa voix, si puissante qu’elle fit trembler le ciel et la terre.

Lui... Je le reconnaissais...
Il était là au commencement...
-Hey ! Réveille toi ! Siffla soudain une voix beaucoup plus familière.
-Réveille toi. Conclut Rexus, alors que notre chute touchait à sa fin, et que nous étions sur le point de nous écraser au sol.

Je sentis qu’on me mettait des petites claques sur le visage. Quelque part dans ma tête, quelque chose sembla se remettre brutalement en place. J’ouvris les yeux, et eus alors un violent mouvement de recul.
-Bon sang, t’as le sommeil lourd dis donc ! Pesta Percius Ostorius en me toisant d’un oeil agacé. Qu’est-ce que tu… ! Mais… ! Oh oh, du calme ! 

L’officier légat m’attrapa l’épaule d’une main ferme, et tenta de me maintenir immobile. Je jetai des regards frénétiques tout autour de moi, aperçus les contours du dortoir Ayléide, puis Rexus, profondément endormi quelques mètres plus loin. Je sentis ma propre bouche proférer un soupir, haleter durant plusieurs secondes, avant que mes muscles ne commencent enfin à se relâcher.
-Et ben, sommeil agité ? Questionna le major en me lâchant prudemment l’épaule, alors que je reprenais peu à peu mes esprits.
-Si peu… Marmonnai-je.

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07 juillet 2021 à 01:08:36

Je me redressai lentement sur mon matelas, et me mis en position assise.
-Encore tes cauchemars, hein ? Enchaîna l'Impérial.
-Ouais, mais là c’était différent. Répondis-je. J’ai l’impression que…

Je m’interrompis brusquement dans ma phrase, clignai des yeux, puis levai la tête en direction de Percius Ostorius.
-Mais… D’où tu… Bégayai-je, incrédule. Je ne me rappelle pas t’avoir parlé de…
-Ton dossier, Teleri. Coupa l’officier légat d’un air blasé. Tu crois que je n'épluche pas méthodiquement les résultats des aspirants promus à mon unité ?

Un profond sentiment de honte m’envahit soudain. Douce Dibella… Que j’aurais aimé disparaître là tout de suite…
L’Impérial avait sûrement remarqué mon malaise d’ailleurs, car il s’empressa d’ajouter:
-Oui enfin bon, c’est rien ça, rassure toi. Si tu savais ce que j’ai vu dans le dossier de Linus... D’ailleurs, en parlant de ça.
-Il va bien ? Questionnai-je.
-Pourquoi tu demandes ?
-Pourquoi pas ?
-Parce que je ne pense pas que le bien être de tes coéquipiers te tracasse vraiment. Railla Percius Ostorius.
-Venant du mec qui a menacé de m’abattre au moindre faux pas... Répondis-je sur le même ton.
-Tu manques pas d’air quand même !

L’Impérial me toisa d’un air mauvais. Après quelques secondes, ses traits s'adoucirent toutefois quelque peu. Visiblement, il n’était pas venu me réveiller pour rien. Il avait quelque chose à me dire.
-Instruction du CSOJ dans une grosse heure. Lança-t-il. Je te suggère d’aller prendre un peu l’air avant, histoire d’avoir les idées claires.
-Instruction du CSOJ ? Répétai-je. Aux dernières nouvelles, Uriel était sur le point d’être démantelée.
-Aux dernières nouvelles, tu nous as entraîné dans une mission qui dépasse largement les attributions habituelles du RAC. Répliqua Percius Ostorius. Le dossier des évadés de Stendarr, c’est du très très lourd visiblement, bien plus que je n’ai voulu l’admettre. Le démantèlement ou non d’Uriel ne dépend plus du CSOJ désormais, ni même du CBAS…

Un silence de plomb envahit le petit dortoir. Hélas, je craignais déjà ce que cette terrible nouvelle signifiait…
-Enfin bon, on en parlera plus tard. Coupa l’officier légat en chassant ses propres pensées d’un geste de la main. Vas prendre l’air quelques minutes, t’as une sale gueule.
-Tu ferais mes cauchemars, tu comprendrais… Marmonnai-je.

Je me levais péniblement, et pris la direction de la sortie. Je jetai un bref regard derrière moi en partant, et aperçus Rexus toujours endormi dans son propre lit. Sauf que ce ne fut pas le colosse qui attira soudain mon attention. Son lit justement… Il était à moitié carbonisé…
Je me sentis suffoquer. Je jetai aussitôt un coup d’oeil à mon propre matelas, et remarquai alors qu’il était très largement noirci lui aussi. Prise d’une épouvantable intuition, je retroussai immédiatement mes manches, et faillis perdre connaissance en remarquant des traces de brûlures, discrètes mais bien réelles, partout sur mes avant-bras.
-Putain, vous êtes vraiment des barbares. Pesta Percius Ostorius en remarquant lui aussi le carnage dans le dortoir. On peut pas vous laisser seuls quelques jours, faut forcément que vous foutiez le bordel et cramiez le mobilier…

Il promena son regard sur la chambre saccagée, pesta silencieusement, puis tourna la tête dans ma direction. Son regard changea immédiatement.
-Bah… Ça va pas ? Questionna l'officier légat, interloqué.
-Je… Je vais prendre l’air. Soufflai-je.

Je quittai la chambre en titubant, traversai une série de couloirs déserts, puis m’affalai au sol une fois hors de portée de mon supérieur hiérarchique. En vérité, j’étais incapable d’aller plus loin. Mes jambes refusaient de me porter.
Je tentai de reprendre mon souffle durant plusieurs secondes, et décidai ensuite de jeter un nouveau coup d’oeil à mes avant-bras. Mais comment était-ce possible ? Je ne me souvenais pas m’être brûlée de quelque manière que ce soit durant ces derniers jours. Je ne me souvenais pas de grand-chose cela dit, vu la longue errance dont nous avions été victime... Le temps s’était écoulé tellement lentement qu’il avait presque fini par se suspendre. Nos vies étaient devenues pratiquement fantomatiques, et dans cet état proche de la léthargie, le rêve et la réalité étaient devenus difficiles à dissocier.
Comme m’étais-je blessée de la sorte ? Par quel procédé stupide étions-nous parvenu à cramer nos propres lits ? Mon rêve, ou plutôt mon cauchemar, avait forcément trouvé sa source dans un événement réel. C’était toujours comme ça que ça se passait de toute façon: on vivait quelque chose en vrai, et l’esprit endormi le traduisait immédiatement par une série d’images et d'expériences oniriques, parfois aberrantes certes, mais toujours en lien avec ce que le corps subissait.
… A moins que ça n’ait été l’inverse ? Que nos corps, voir la réalité toute entière, aient été subitement soumis à ce que nos esprits avaient enduré ?
Je secouai immédiatement la tête, et chassai ces pensées stupides de mon cerveau. Non, évidemment que non. C’était impossible, et le simple fait d’envisager ce genre d'ineptie aurait bien mérité une paire de claques. Mais alors comment ? Quelle idiotie avions-nous commis dans notre rêve éveillé pour en arriver à ce genre de situation ?
Je me relevai doucement, et pris lentement la direction de la sortie. Prendre l’air ouais, fallait vraiment que je prenne l’air. Cet isolement avait été plus néfaste que je ne le pensais pour mon esprit, or il était désormais primordial que je me ressaisisse.
Ma mission n’était pas terminée…

Seyda-Nihyn Seyda-Nihyn
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08 juillet 2021 à 15:36:42

Vivec c'est en quelque sorte l'incarnation du 18-25 je suppose. Pour la fin par contre ça veut dire que Teleri est déjà allée en Oblivion, donc qu'elle a vécu une vie antérieure ?

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:05:03

Désolé de l'attente, j'ai été méchamment occupé.

Je balance la suite.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:05:36

Chapitre 48: A Rome, fais comme les Romains - Partie 4.

Je gagnai l’extérieur du manoir Ayléide, et éprouvai aussitôt un violent mouvement de vertige une fois passée la porte d’entrée. A mon avis, je m’étais tellement habituée à la vie sans lumière naturelle et sans air frais que le simple fait de redécouvrir la brise matinale et l’immensité du ciel bleuté me faisaient l’effet d’une énorme baffe. Je restai donc immobile durant plusieurs secondes, juste devant l’entrée du bâtiment, à respirer profondément pour reprendre mes esprits. Et pour ne pas gerber ma race surtout. J’avais l’impression d’être bourrée, en pleine descente, ce moment critique où on sortait prendre l’air quelques minutes, et où la réalité nous rattrapait brutalement. Remontaient alors les mélanges pas très nets que vous vous étiez enfilé l’heure précédente.
C’était un peu comme ça que je me sentais ouais, comme une meuf qui avait trop bu, trop mangé, et qui avait respiré un air vicié durant bien trop longtemps.
Je pris une nouvelle bouffée d’air frais, refoulai une énième envie de dégueuler, et pris la direction du nord, là où s’arrêtaient les faubourgs et où commençait le désert. Un peu de calme, loin des bâtiments, ça me ferait le plus grand bien...
Je n’eus pas besoin de marcher beaucoup pour ça d’ailleurs, car le manoir n’était qu’à une petite centaine de mètres de l’ultime frontière nord des faubourgs. Je progressai en silence, à travers des ruelles encore désertes, parsemées d’habitations à l’architecture toujours aussi archaïque, voire anarchique.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/28/5/1626465457-acorigins-2021-06-08-21-12-53-21.jpg

Au moins, le temps était agréable, matin oblige. C’était le seul moment à peu près vivable en Elsweyr d'ailleurs. Le soleil était encore bas, la température était à peine supérieure à une vingtaine de degrés, le vent était donc assez frais, et on pouvait se balader sans finir cramé au troisième degré. Car ouais, ça n’avait l’air de rien, mais le temps en Elsweyr, c'était quelque chose. Dès dix heures du matin, on avait l’impression de respirer du feu et de marcher sur de la lave. Moi ça allait, j’avais pas encore trop de soucis vu ma peau de Dunmer, mais les Impériaux par contre, fallait les voir. Ils ne se plaignaient pas, c’était des mecs solides bien sûr, mais ça ne les empêchait pas de se taper des insolations à répétition et de choper des coups de soleil du démon. Ça évidemment, ma détention au sein d’un manoir enterré m’en avait plutôt pas mal préservé…
J’approchai rapidement de la limite nord des faubourgs, là où les dernières maisons laissaient place à l’imposant désert de la région de Dune. J’avais vaguement espéré être seule vu les circonstances. Hélas, le petit muret sur lequel je comptais m’asseoir était déjà pris par deux autres opérateurs du RAC, de la section Varen en l'occurrence.
-Oh ben qui voilà ?! S’exclama Arentus Salvarus, l’un des opérateurs avec qui j’avais fait mes sélections, à l’instar d’Hastrel Velarius. Comment ça va Teleri ? Ils t’ont enfin laissé sortir du mitard ?

Adamus Signus, le chef de la section Varen, me salua d’un signe de tête silencieux. A ce sujet, si Abnur Lex était l’archétype du patriote Impérial déter et grande gueule jusqu’au bout, Adamus Signus était plutôt à ranger dans la catégorie des sous-officiers effacés, qui réfléchissaient toujours avant d’ouvrir leur grande gueule, et qui ne s’illustraient jamais par la moindre connerie. Pas vraiment le genre d’individu qu’on croisait à la cavalerie en fait, mais plutôt à l’infanterie.
Même physiquement, il était effacé: un gaillard solide, sans plus, cheveux coupés courts, petite barbe mal rasée. Pas de tatouages, pas de signes distinctifs, pas d’excentricité. A l’image de la section Varen dans son intégralité en fait, Arentus Salvarus y compris.
Je ne connaissais pas grand-chose de lui à dire vrai. Je ne pensais même pas lui avoir déjà adressé la parole depuis mon entrée au RAC. Ce qui était sûr, par contre, c'est qu'on était très loin des phénomènes de foire que comptaient les sections Uriel et Weston…
-Je vois que je ne suis pas la seule à avoir eu l’idée de venir ici. Commentai-je en m’asseyant à leurs côtés, sur le petit muret délabré qui servait de frontière aux faubourgs nord de Dune.
-Bah tu veux quoi ? Le matin c’est le seul moment de la journée où on peut profiter du beau temps sans suffoquer comme des salopes. Commenta Arentus Salvarus. Normal, on saute sur l’occasion. Puis paraît qu’on va bientôt avoir une instruction du CSOJ, alors on chérit notre dernier moment de tranquillité. Va savoir comment ça va tourner après.
-Ouais, d’ailleurs, vous avez des infos là dessus ? Questionnai-je.
-On espérait justement que tu nous le dirais… Glissa furtivement Adamus Signus.

Je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils, un peu décontenancée par sa réflexion.
-Euh… Ah bon ? 
-Une ancienne du renseignement, déjà. Observa le chef de la section Varen, avant d'enchaîner: qu’on laisse subitement sortir alors qu’elle a pourtant aligné l’un de ses propres frères d’arme, et qu’elle devrait normalement déjà être devant la cour martiale. Alors oui, j’espérais que tu nous en dirais un peu plus sur ce qui nous attend, parce que ça m’étonnerait que ça n’ait aucun rapport avec ta libération.

Je sentis mon visage se renfrogner, bien que je ne savais pas exactement contre qui j’avais le venin. Contre Adamus Signus et ses constats déplaisants, ou bien contre la situation dans sa globalité ? Car il était vrai que ce qui apparaissait soudain comme un traitement de faveur n’en était probablement pas un, et que j’allais assurément payer ma libération très chère. Mais à quel prix justement ? Qu’allait-on encore me demander ? 
-J’en ai aucune idée, si tu veux tout savoir… Finis-je par marmonner, pleine de dépit.

L’Impérial me jeta un oeil calculateur, mais sembla abandonner ses suspicions l’espace d’un instant.
-En tout cas, Uriel n’est pas ménagée avec toi. Poursuivit-il, avec ce petit air évasif qui semblait si bien le caractériser.
-Genre…
-Oh je t’en prie. Le RAC est une toute petite famille, tout le monde est au courant de tout. On vous a collé les évadés de Stendarr, et d’après ce que j’ai entendu, c’est pas rien ce dossier. Parait qu’il est remonté jusqu’à l’Empereur.

Je ne répondis pas. En même temps, j’étais censée dire quoi ? Depuis le début, je nageais dans le flou le plus total avec ce dossier. Chaque pierre que je soulevais amenait un nouveau lot de questions. A la base, on n'avait même pas de piste avec Salmo, pas d’endroit où chercher. Et voilà que la première petite ébauche d’indice nous avait mené droit vers les Fils d’Evos, et vers une nouvelle rafale d’interrogations. Un tout nouveau dossier en somme, qui ne résolvait absolument pas celui des évadés de Stendarr, et ajoutait au contraire une toute nouvelle source de préoccupation dans mon quotidien. Parce qu’évidemment, j’avais la quasi certitude que ces deux problèmes étaient liés, sans savoir de quelle manière, et par quel bout. D’un côté comme de l’autre, j’avais l’impression de courir après des putain de fantômes, de me battre contre le vent. Je ne savais rien, ne comprenais rien, et pourtant, j’avais la certitude que ce combat était d’une importance capitale pour l’Empire, et même pour Tamriel toute entière. Les signes n’étaient pas encore assez manifestes, mais quelque chose progressait dans l’ombre, je le sentais. Des choses étranges s’étaient produites en Bordeciel, et plus récemment, des putains de portes d’Oblivion avaient été ouvertes. Pour rappel, la dernière fois qu’un truc pareil s’était produit, c’était juste avant la crise d’Oblivion, soit l’une des crises les plus importantes et les plus dramatiques qu’ait jamais connu Nirn, rien que ça… Sérieusement, j'étais censée réagir comment lorsqu'on m'agitait ce fardeau sous le nez ?
Un silence pensif nous enveloppa brièvement. Durant plusieurs minutes, nous restâmes muets, à contempler le désert gagner en luminosité à mesure que la matinée s’écoulait, et que le soleil grimpait dans le ciel.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/28/5/1626466133-acorigins-2021-06-08-21-11-31-82.jpg

-T’en fais pas trop pour Linus. Finit par me dire Adamus Signus. Selon les lois militaires de l’Empire, ce que tu as fait relève d’une faute capitale, mais la ligne hiérarchique n’est pas débile tu sais. Linus est un abruti, son dossier est particulièrement chargé, et contrairement à toi, il n’a aucune carrière d’officier à mettre dans la balance, ni aucun vrai contact au sein des renseignements je suppose. C’était qu’un petit silencieux de merde, alors que toi, t’es capitaine, et t’as mené une mission d’infiltration et de démantèlement à son terme. Ça devrait pas trop mal se passer pour toi.

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Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:05:53

Je ne répondis pas. A vrai dire, je sentais que mes collègues - le chef de la section Varen en l'occurrence - étaient de mon côté, me comprenaient, et tentaient de me rassurer. Mine de rien, ça me faisait du bien. Je me sentais moins seule, moins incomprise.
-... ce mec ne s’est jamais fait sa place au RAC. Poursuivit Adamus Signus, pensif, comme plongé dans de vieux souvenirs.
-Parce que c’était un ancien silencieux ? Relevai-je.
-Évidemment. Répondit brutalement l’Impérial. Je vais pas te mentir, tu le sais d’ailleurs, mais on aime pas trop les gens du renseignement au sein des forces spéciales. On vous voit comme des petites fouines, toujours à agir dans l’ombre, toujours à fomenter mille et une saloperies pour arriver à vos fins.
-C’est un mal nécessaire. Répondis-je en repensant furtivement à tout ce que j’avais dû faire pour en arriver au démantèlement de la Confrérie Dunmer.
-Je sais bien, mais ça change rien au ressenti qu’on a par rapport à vous. Rétorqua le sous-officier. Enfin, je te considère à cent pour cent comme l’une des nôtres, mais par rapport à d’où tu viens je veux dire. Qu’est-ce que tu veux, on est des soldats. On voit la vie plus simplement.

Il marqua une pause, se gratta le lobe de l’oreille droite d’un air pensif, puis reprit:
-’fin bref, concernant Linus, son statut d’ancien silencieux a posé des soucis, mais ce n’était pas que ça. Tu savais que le mec avait fini premier de sa promotion à l’époque ? Exactement comme toi. Et pourtant, personne ne voulait de lui. Il a traîné pendant des semaines et des semaines à la caserne, jusqu’à ce que Telrav se pointe un jour avec sa section inactive, et promette à Ostorius de faire de Uriel la meilleure de tout le RAC si il lui laissait carte blanche pour recruter qui il voulait. Bref, je vais pas te refaire l’historique, tu la connais déjà. Par contre, c’est bien grâce à Telrav que Linus a trouvé sa voie, sinon, c’était retour au renseignement, tout seul avec sa belle médaille de major de promotion.

Je méditai silencieusement les propos du chef de section, quelque peu incrédule. Non effectivement, je ne savais pas. Enfin, je savais que la section Uriel d’aujourd’hui avait été fondée sur les restes d’une ancienne section décimée, et que Telrav n’avait pas hésité à recruter des profils parfois très atypiques pour reformer ses rangs. Des profils dont personne d’autre n’aurait voulu, probablement… Et en dépit de toutes les attentes, ça avait marché. Uriel n’était pas seulement devenue une section remplie de sauvages et d'infréquentables, elle était aussi et surtout devenue une section extrêmement solide, qui obtenait des résultats là où les autres se plantaient lamentablement. Pas sûre en effet que Varen ou Weston seraient parvenues à arracher Martin Phillida de Morrowind, ou Luther Jarol de Bordeciel… Ce que je ne savais pas, par contre, c’était que Linus avait autant galéré à se faire une place au sein du RAC. Me concernant, j’avais été soumise à une certaine réticence de la part des autres, c'était vrai, je m’y étais attendue d’ailleurs. Mais j’avais malgré tout été très rapidement acceptée, au point d’être très tôt sollicitée par plusieurs sections de combat lors de mon programme de sélection. Visiblement, Linus n’avait pas reçu le même accueil.
-... c’était un mec bizarre, qui ne parlait jamais, restait toujours dans son coin, et se permettait même d’être dédaigneux les rares fois où on venait vers lui. Expliqua Adamus Signus, comme en réponse à mes pensées. Alors d’accord, il a tout pété durant les exercices, et a fini largement en tête de sa promotion, mais un mec qui ne parle pas, ne partage rien, n’a aucun esprit d’équipe, et se montre même ultra caustique vis à vis du monde militaire, qu’est-ce que tu veux qu’on le choisisse dans une section de combat ? Il était pas des nôtres, il avait rien à foutre à la Légion. J’ai jamais compris pourquoi ils l’avaient accepté au programme de sélection d’ailleurs. Enfin soit, comme je le disais, t’en fais pas trop pour lui. Personne va te juger. Au contraire même, ça en a fait marrer plus d’un, que tu lui colles un carreau.

Il y eut un nouveau silence, et avec lui, un profond instant de réflexion. Bizarrement, j’avais l’impression que Linus n’était pas si différent de moi en fin de compte. Il avait vécu des problèmes assez similaires aux miens, avait été confronté à la même froideur, aux mêmes élans de suspicions, et avait, quelque part, vécu un rejet semblable. Dans des circonstances très différentes bien sûr, car nos vies restaient diamétralement opposées. Mais d’une certaine manière, je comprenais ce qu’avait dû vivre le Rougegarde à une époque. De mon côté, j’avais fini par me faire accepter, par être reconnue pour ce que j’étais. Parce que j’étais teigneuse, et que je ne me laissais pas faire bien sûr, mais aussi parce que je savais dialoguer, me faire comprendre, m’ouvrir progressivement à des gens qui ne me voyaient pourtant pas d’un très bon oeil en premier lieu. Cela, j’avais l’impression que Linus n’y était jamais parvenu. Il n’avait jamais dépassé le stade de l’ouverture, de l’interaction, de l’échange avec autrui. Durant tout ce temps, il était resté seul, enfermé dans son mutisme et dans ses sales manières. Son visage pouvait bien transparaître l’indifférence, voir le dédain, mais là, maintenant tout de suite, j’avais l’impression de comprendre un peu mieux le Rougegarde. 
Tout ça n’était qu’un masque… Linus n’était pas quelqu’un d’épanoui, il ne pouvait pas être épanoui. C’était tout bonnement impossible, pas avec une vie comme celle-là, pas avec des problèmes comme les siens. Je savais. J’étais passée par là…
Désormais, le fait que des gens me félicitent pour mon tir fratricide ne me faisait plus vraiment marrer, et ne me faisait plus vraiment plaisir non plus.
En fait, ça me faisait de la peine...
-Allez ça recommence ! Lança soudain Arentus Salvarus.

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Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:06:12

J’abandonnai là mes réflexions, et relevai la tête dans la direction indiquée par l’Impérial. Au loin, j’aperçus alors un Khajiit, affublé de la toge typique des blédards, apparaître au détour d’une dune de sable et s’avancer tranquillement vers les faubourgs.
-Qu’est-ce qui recommence ? Questionnai-je, curieuse.
-Mais enfin, regarde ! Insista Arentus Salvarus.

Je jetai un nouveau coup d’oeil en direction du désert, et aperçus un deuxième Khajiit surgir d’une direction totalement différente du premier, bien plus au nord-ouest celui-ci. Et lui aussi de s’avancer vers les faubourgs, avec la même allure débonnaire.
-Hein ? Quand même non ? S’enquit Arentus d’un air entendu.
-Je vois pas quel est le problème. Répondis-je, un peu perplexe. C’est des paysans quoi. Bon, même si je me demande un peu d’où ils sortent, mais…
-Mais justement, c’est ça le truc ! Conclut l’Impérial.

Nous restâmes là durant de très longues minutes, à regarder des Khajiits apparaître au loin et se diriger tranquillement vers la ville.
-Frère c’est quand même un truc de fou ! Lâcha Arentus Salvarus après un bon quart d’heure d’observation. Les types ils sortent du désert comme ça, tu sais pas d’où ils viennent !
-Il y a probablement des villages par là… Commenta Adamus Signus.
-Non je te jure, ça fait des jours que ça me travaille, alors je suis allé faire un tour à cheval pour vérifier ! J’ai rien vu sur des kilomètres et des kilomètres ! Et je te dis, j’étais à cheval, alors qu’eux sont à pied. D’où ils sortent sérieux ?!

J’observais la scène sans piper mot. C’est vrai qu’elle avait de quoi interpeller, et faire rire en même temps. Les mecs débarquaient littéralement de nul part, de derrière une dune ou un banc de sable, et venaient en ville, comme ça, sans explication, genre c’était normal.
Évidemment, gros citoyens impériaux que nous étions, il y avait probablement pas mal de choses que nous ne comprenions pas sur les us et coutumes des autochtones. On était des gros citadins après tout, certainement trop habitués à la mégapole de Cyrodiil, aussi le mode de vie au sein des provinces excentrées nous échappait. Mais là quand même, la réflexion d’Arentus n’était pas dénuée de sens. D’où pouvaient-ils bien venir ? Ils ne sortaient pas du sol quand même.
Encore un mystère qu’on ne résoudrait pas de sitôt sur les Khajiits d’Elsweyr...
Je fus de nouveau interrompue dans mes pensées, par un toussotement dans notre dos cette fois-ci.
-Et ben quoi ? C’est le rassemblement des repris de justice ici ? Railla Adamus Signus en se retournant.
-Vas chier… Grogna Abnur Lex en allumant sa pipe.

L’Impérial à la crête iroquoise tira une profonde taffe, releva la tête, et jeta un oeil mauvais à son homologue. Abnur Lex contre Adamus Signus, Weston contre Varen, les bourrins alcoolos contre les gendres idéaux. Enfin, façon de parler évidemment, parce qu’on restait au RAC après tout, et à la cavalerie impériale de surcroît. Les mecs de Varen était des bouchers eux aussi, c’est juste que ceux de Weston l’étaient encore plus.
-Au fait, tu diras aux bites molles de ta section d’arrêter de fricoter avec les pédales de la brigade logistique. Commença Abnur Lex tout en agitant son index en direction d’Adamus Signus.
-Pardon ? Releva Adamus en fronçant les sourcils. Personne fricote avec la brigade logistique dans ma section.
-Ah non ?! Et Matus qui arrête pas de faire de la lèche aux centurions pour avoir des bouteilles de Surilie en rab, c’est quoi ça ?!
-Mais de quoi tu… ?
-Hé arrête hein ! Il les laisse rentrer, je l’ai vu ! Les types sont tout le temps dans notre aile, et ils se rincent la gueule avec nos provisions ! C’est même à cause de ça que j’ai fini par cogner un de leurs officiers, et que j’ai fini au mitard !
-Ah c’est toi qui a cogné sur ce type alors ? Intervint Arentus Salvarus d’un air étonné. Je croyais que c’était Rexus.
-Non, Rexus il a cogné sur un mec du PRAX. Intervins-je à mon tour.
-... en même temps quelle idée de cogner sur un officier. Répondit Adamus sans prêter attention à nos précisions.
-Un petit officier de merde de la brigade logistique ! Cracha Abnur.
-Ça change rien.
-Il était bourré et a commencé à nous traiter de planqué ! Insista le chef de la section Weston.
-Avoue c’est toi qui était bourré. Glissa furtivement Arentus.
-Toi ta gueule !

Le ton monta durant plusieurs minutes, durant lesquelles je restai silencieuse, un peu dépitée de constater que c’était encore et toujours la section Uriel qui se collait une sale réputation alors que nous étions pourtant les moins pires à bien des égards. En vérité, notre seul vrai problème, c’était qu’on se battait entre nous, et parfois de manière assez violente. En dehors de ça, je nous trouvais plutôt calmes en fait, et largement plus civilisés que les animaux de la section Weston, Abnur Lex en tête. Et pourtant, le CSOJ ne les faisait jamais chier, eux…
La dispute aurait pu durer des heures, mais prit pourtant fin d’une manière assez brutale, en la personne de Cata Amatius, le Reman attitré de la section Weston, leur mage de transposition ainsi que leur agent logistique. Leur Celwen à eux, en gros. Et si Celwen était déjà une forte tête, Catia Amatius, elle, était carrément à l’image de sa section: une jeune Impériale d’environ vingt-cinq ans, affublée d’une silhouette athlétique, d’une coiffure abracadabrante, et d'un caractère qui aurait fait passer un troll pour un bourgeois efféminé.
-Abnur ! Abnur ! Commença le jeune agent logistique en se précipitant à notre rencontre.
-... putain ! Me touche pas où j’te… ! Vociféra de son côté le chef de la section Weston, sur le point d’en venir aux mains avec Adamus Signus.
-ABNUR ! Gueula Catia Amatius.

Les deux chefs de section s’interrompirent aussitôt, coupés net dans leur empoignade par la gueulante de l’agent logistique.
-Instruction du CSOJ, maintenant ! Lança-t-elle une fois au centre de l’attention.
-Ouais, ben dis-leur que… ! Commença Abnur lex.
-Nique ta mère, je suis pas ton messager ! Coupa la jeune Impériale.

Et elle s’en alla, purement et simplement.
-Oh putain ! Gloussai-je.
-Bah, c’est Catia quoi. Commenta Arentus Salvarus.

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16 juillet 2021 à 23:06:28

Le citoyen impérial aurait assurément dormi sur ses deux oreilles si il savait quel genre d’énergumène composait la Légion Impériale. Cela dit, c’était un fait connu de tous: l’armée était une institution qui n’accueillait pas forcément la fine fleur de la société, ce qui était assez paradoxal sachant qu’il s’agissait justement des gens censés la protéger. Quoi que, signer pour être volontairement envoyé à la guerre n’était pas forcément synonyme de bonne santé mentale non plus. Mais ça évidemment, c’était rentrer dans un débat sans fin..
L’instruction du CSOJ eut bien lieu, dans l’une des salles du manoir Ayléide, réaménagée pour l’occasion. Nous fûmes plutôt nombreux à nous y rassembler: les sections Uriel, Varen et Weston évidemment, mais également deux agents du renseignement impérial, plusieurs hauts officiers de cavalerie, ainsi que quelques agents de liaison du RAC. Au centre de ce rassemblement, juste devant le grand tableau, Percius Ostorius. Et vu sa tronche, la situation était tendue, pas tellement vis-à-vis de la future mission à mon humble avis, mais plutôt du tournant qu’avait pris le RAC depuis son arrivée en Elsweyr.
Nous nous rassemblâmes dans un silence pesant, durant lequel j’en profitai pour jeter quelques coups d’oeil furtifs autour de moi. La plupart des opérateurs de Weston étaient en pleine gueule de bois, ceux de Varen avaient surtout l’air crevés, et ceux d’Uriel…
Rexus était tout mauve et tout suant, comme tout bon pochtron en pleine descente, Titus avait l'air plutôt détendu, Telrav semblait extrêmement anxieux au contraire, Celwen jetait des petits regards agacés de tous les côtés, et Linus n’avait pas l’air d’aller si mal que ça. Quelqu’un qui n’aurait pas été au fait des derniers rebondissements ne se serait jamais douté que le type s’était pris un carreau d’arbalète quelques jours plus tôt. D'ailleurs, le Rougegarde resta dans son coin durant tout le rassemblement, et ne me prêta pas la moindre attention. Alors certes, je ne m’étais pas attendue à ce que nos retrouvailles se passent bien, ni même à ce qu’on redevienne potes tout à coup, mais là, clairement, son attitude m’était terriblement dérangeante. Je ne savais pas du tout sur quel pied danser maintenant que nous étions de nouveau réunis dans la même pièce, et quelque chose me disait que sa prétendue indifférence n’augurait rien de bon. A vrai dire, j’aurais presque préféré qu’on se remette immédiatement sur la gueule. Au moins les choses auraient été claires, alors que là…
Contre toute attente, ce ne fut toutefois pas Linus qui attira le plus mon attention une fois que nous fûmes rassemblés dans la salle d’instruction. Endril en effet, arborait une mine que je n'avais encore jamais vu chez lui: renfrogné - rien d’anormal jusque là - mais avec un air largement plus mauvais que d’ordinaire, et avec un hématome bien visible sur la pommette gauche. Non, aucun doute, le Dunmer s’était battu lui aussi. Mais contre qui, et pourquoi ? En tout cas, ça avait dû méchamment barder, parce que ce genre de débordement ne lui ressemblait pas. Endril était un citoyen impérial rigoureux, et un soldat accompli. Et là en l'occurrence, il avait l’air de l’avoir vraiment mauvaise...
-Mesdames et messieurs… Commença Percius Ostorius une fois que nous fûmes tous présents dans la salle d’instruction. Merci d’avoir répondu à l’appel… Même si vous êtes censés être des professionnels, et que c’est censé être votre métier…

Il promena un regard sévère sur l’ensemble des trois sections de combat. En dépit du silence, les réactions y furent très différentes. Les opérateurs de Varen restèrent globalement de marbre, quoique certains se mirent à regarder leurs pieds. Les opérateurs de Weston par contre, lui jetèrent un mélange de regards belliqueux et interrogateurs, à croire que ceux qui ne le défiaient pas ouvertement ne comprenaient même pas ce qu’ils avaient bien pu faire de mal. Après tout, quel était le problème avec le fait de se mettre murge sur murge et de se bastonner entre soldats d’une même section ? Du côté de la section Uriel, on préféra visiblement rester dans nos petits souliers. Faut dire qu’on avait enchaîné les conneries ces derniers jours, et que contrairement aux béotiens de Weston, on en avait clairement conscience.
-... Les moins stupides d’entre vous l’auront déjà compris, mais si on est là aujourd’hui, c’est parce que le CSOJ ne souhaite plus démanteler certaines sections de combat de l’unité Molag. Poursuivi l’officier légat. En effet, il est essentiellement question aujourd’hui d’aller de l’avant, pour la simple et bonne raison que nous restons les soldats d’élite de l’Empire, et que notre expertise reste donc inestimable, bien malgré vos idioties quotidiennes.

Percius Ostorius se braqua dans une espèce de moue agacée.
-J’insiste bien sur ce point, parce que c’est important. Précisa-t-il en haussant un index. A partir de maintenant, les missions nécessitant le plus de doigté seront données à l’unité Méhrunes. A l’inverse, les missions les plus dangereuses, dont certaines étaient refilées à la SOC, nous seront attribuées. Qu’on soit bien clair: il s’agit d’une rétrogradation pure et simple de toute l’unité Molag. Jusqu’ici, les missions les plus décisives de tout l’Empire nous étaient offertes, parce que nous avions prouvé notre valeur à de maintes reprises. C’est terminé à partir de maintenant. Vous avez perdu la confiance du CSOJ messieurs. NOUS avons perdu la confiance du CSOJ. Aujourd’hui, il reconnaît tout juste notre expérience du combat, et c’est probablement la seule et unique raison pour laquelle il ne nous démantèle pas entièrement. A partir de maintenant, nous serons envoyés sur les missions les plus compliquées, pour ne pas dire les plus suicidaires. Nous serons envoyés au tas, ni plus ni moins. Si nous survivons et réussissons, tant mieux. Si nous mourrons, tant pis. Bon retour parmi la chair à canon messieurs, vous l’avez bien mérité.

Il applaudit plusieurs fois, projetant par la même occasion un silence grave au sein de la salle d’instruction. De part et d’autres, les mines étaient sombres, certaines abattues, d’autres revanchardes. Plusieurs regards se tournèrent furtivement vers Rexus, Linus, ou même Abnur. J’avais un peu honte de l’admettre, mais le fait qu’ils se dirigent vers eux plutôt que vers moi me soulageait à moitié…
Concernant Percius Ostorius, il avait l’air particulièrement salé, et je pouvais le comprendre: ce n’était plus seulement l’une de ses sections, mais bien toute son unité qui était rétrogradée, lui y compris. Autrement dit, sa carrière venait d’en prendre un sacré coup, alors qu’il n’avait pour rien faire de mal à la base. Hélas, c’était aussi ça le grand monde de l’armée. Les conneries des uns éclaboussaient souvent les autres, jusqu’à les rendre responsables par association. Percius Ostorius était aujourd’hui relégué au statut de chef d’une unité de ratés, et était considéré comme tel par la même occasion. Évidemment qu’il avait le venin…
-Par ailleurs, le dossier des évadés de Stendarr est désormais l’affaire de toute l’unité Molag, et non plus uniquement de la section Uriel. Ajouta l’officier légat après un bref silence accusateur. Nous sommes donc tous chargés de retrouver Nilvyn Serethi, Balsa Veloren, Arvin Hlaalu, Eraldil, et tous les autres.
-Ah ben c’est bien ça, non ? Commenta l’un des opérateurs de la section Varen.
-Un dossier sur lequel nous avons statistiquement plus de quatre-vingt-quinze pourcent de chance de nous faire tuer selon le renseignement ? Ironisa le major. Oui, c’est vraiment super chouette. 
-D’accord j’ai rien dit… Marmonna l’opérateur. 

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Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:06:48

Abnur Lex se renfrogna, et lâcha un petit “pf” dédaigneux.
-Enfin, je pense qu’on peut remercier le capitaine Othril, sans qui cette nouvelle affectation n’aurait pas été possible. Annonça Percius Ostorius en me désignant de la main.

Je faillis m’étrangler, alors que des regards à la fois contrariés et moqueurs se tournaient massivement vers moi.
-Putain d’enculé… Pensais-je très très fort dans ma tête.
-... Sans elle, l’unité Molag aurait été purement et simplement démantelée par le CSOJ, et nos carrières ruinées dans la foulée. Poursuivit l’Impérial. Mais, bénis soient les Divins, ses relations au sein des services de renseignements nous ont donné l’incroyable chance de préserver notre statut d’unité active, et de mettre nos vies au service d’une mission dont on ne connaît rien, et qui risque très certainement de tous nous emporter dans la tombe. Du coup merci, merci capitaine Othril !

Et il applaudit une nouvelle fois. Au vu des regards que me lançaient maintenant les personnes présentes dans la pièce, je compris immédiatement la rancoeur dont j'étais la cible. Tous, ils étaient pris au piège, contraints et forcés d'accomplir une mission à laquelle ils ne pouvaient plus se dérober à partir de maintenant. Certes les relations dont je disposais leurs avaient permis à tous de préserver leur carrière, de perpétuer leur vocation d'opérateur des forces spéciales de l'Empire, mais en contrepartie, le département de la défense venait de tous les prendre en otage, car les évadés de Stendarr, c'était un dossier sérieux, dont il était probablement impossible de se défaire une fois qu'on y était englué. Cela, pour beaucoup d'entre eux, c'était peut-être bien pire encore qu'un allé simple au chômage. Dans ce cas de figure bien précis, la plupart d'entre eux auraient encore eu les ressources pour rebondir, refaire leurs vies, alors que là... Qui aurait pu prédire dans quelle catastrophe ils venaient d'être emparqués de force ?
Percius Ostorius me toisa d'un air accusateur, et j’eus aussitôt la furieuse envie d’attraper l’une des chaises présentes dans la pièce pour mieux la lui balancer en pleine gueule. Sauf que je n’en eus pas le temps.
-Hé, pauvre con. Lâcha en effet, contre toute attente, la voix de Linus.

Un silence surpris engloutit la pièce toute entière. Toutes les têtes, dont celle frappée de stupeur de Percius Ostorius, se tournèrent en direction du Rougegarde.
-... je te trouve bien bavard. Commenta calmement l’ancien silencieux tout en fixant le major d’un regard pénétrant. Vous voulez en venir où au juste, toi et tes petites menaces à la con ? On a choisi cette vie, on s’est porté volontaire. Tous les jours, on en prend plein la gueule, et tous les jours, on en redemande.
-Linus ferme là ! Marmonna Telrav entre ses dents.
-... par ailleurs, tu utilises le mot “nous” depuis le début. Railla le Rougegarde avec le même calme déconcertant. Quand tu parles de “nous”, tu t’inclus réellement dedans, toi le gros planqué qui reste bien au chaud dans tes petites salles d'opération pendant que d’autres vont réellement se faire buter ?
-PUTAIN ! JE T’AI DIS DE FERMER TA GUEULE ! Aboya Telrav en l’attrapant fermement par le col de sa tunique.

Linus tenta de repousser son chef de section, mais fut empoigné de plus belle, et entraîné hors de la pièce par ce dernier. Un silence encore plus pesant que tous les précédents engloutit la salle d’instruction toute entière. Percius Ostorius feinta le détachement, et les autres opérateurs semblèrent en faire de même. Hélas, personne n’était dupe: la remarque de Linus avait fait mouche…
Il était vrai qu’en dépit de ses remontrances et de sa rancoeur, ce n’était pas Percius Ostorius qui risquait sa vie sur le champ de bataille. Au final, lui ne faisait que récolter les bénéfices de nos prouesses, alors que son statut d’officier légat, paradoxalement, le déresponsabilisait grandement en cas d’échec. En effet, c’étaient souvent les officiers supérieurs qui portaient le chapeau en cas de véritable débâcle. Les officiers légats, eux, étaient presque toujours lavés de toute poursuite, car ils n’étaient finalement que des intermédiaires, avec quelques responsabilités certes, mais souvent déléguées par un officier de plus haut rang. Concrètement, le seul vrai tracas de l’officier légat aujourd’hui, c’est la stagnation de sa carrière. Son unité jouissait d’une mauvaise image, et était reléguée au rang d’unité suicide, mais cela n’avait finalement aucun véritable impact sur son existence. Il toucherait toujours la même paie, les mêmes primes, disposerait des mêmes avantages, et serait toujours autorisé à demander sa mutation si l’envie s’en faisait sentir. Pour nous, les choses étaient bien différentes. Soyons honnête: nous l’avions cherché, c’était un fait. Mais désormais, NOUS étions dans la merde. Nous, pas lui. Pas autant qu’il cherchait à le faire croire en tout cas...
L’un des agents du renseignement, restés silencieux jusqu’ici, eut l’intelligence d’intervenir rapidement après la sortie de Linus, histoire de ne pas faire perdurer un silence gênant duquel ne ressortirait probablement aucune bonne réflexion.
-Mesdames et messieurs, si vous me permettez, j’aimerais qu’on aborde la raison de votre présence ici. Commença l’un des deux agents en question, un Impérial d’une quarantaine d’années tiré à quatre épingles. Il est vrai que le dossier des évadés de Stendarr est officiellement le vôtre à partir de maintenant, mais ce n’est toutefois pas la raison de cette instruction.
-Et t’es qui, TOI ? Questionna Abnur Lex d’un ton bourru.
-Ah, euh… Trebonius Amnis, délégué à la cellule du renseignement impérial d’Elsweyr. Euh… Hem, comme je disais, on vous a fait venir pour une bonne raison. Nous avons déniché une piste particulièrement intéressante dans l’opération contre les Do’Traaji, et nous avons besoin de vous pour la poursuivre.

Il adressa un geste silencieux à sa collègue. Ce dernier commença aussitôt à dérouler un grand parchemin sur le tableau.
-Jaras Dergius. Annonça l’agent du renseignement une fois que nous fûmes face au portrait d’un Impérial d’une cinquantaine d'années, au visage buriné et à la mine particulièrement mauvaise. Trafiquant d’armes bien connu de nos services, bien qu’il persiste à nous échapper depuis plus de dix ans maintenant. Il n’est apparu que quatre fois en public cette dernière décennie: deux fois en Bordeciel, une fois en Hauteroche, et une fois ici, en Elsweyr. Pour vous résumer grossièrement ses activités, il a essentiellement trafiqué avec des cellules Sombrages durant de nombreuses années, avant de changer de clients, et de jeter son dévolu sur les Do’Traaji.
-Et il a eu bien raison. Plaisanta Titus tout en observant attentivement le portrait du criminel. Les Sombrages en sont réduits à quelques cellules de guérilla symboliques, alors que les Do’Traaji sont un petit empire terroriste en pleine expansion. Une putain d’aubaine pour un trafiquant d’armes.
-Si tu ajoutes la probabilité que le Domaine Aldmeri se cache derrière… Grinça Abnur Lex.
-Pas de conclusions hâtives. Tempéra aussitôt Percius Ostorius. On n'est toujours pas sûr de ça.
-Non, ils ont raison. Admis aussitôt Trebonius Amnis. Je ne vais pas vous faire l’affront de vous mentir messieurs: les Do’Traaji sont nos ennemis officiels aujourd’hui, mais la menace du Domaine Aldmeri est bien celle qui nous préoccupe le plus. Les attaques perpétrées contre l’Empire les arrangent bien, évidemment, mais au vu des enjeux géopolitiques actuels, il serait extrêmement dangereux pour eux d’armer directement les Do’Traaji. Ils ont donc besoin de passer par des intermédiaires, et c’est là que des trafiquants indépendants comme Jaras Dergius entrent en scène.

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Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:07:04

Il promena son regard sur l’ensemble des personnes présentes dans la salle d’instruction, puis se retourna vers le tableau, et observa le portrait du fameux Jaras Dergius durant plusieurs secondes.
-Il est peut-être la clef de toute cette opération. Confia l’agent du renseignement. Les Do’Traaji sont bien armés, et bien organisés. Ils nous mettent des bâtons dans les roues, bien plus qu’on ne voulait l’admettre. Ils sont chez eux ici, ils se déplacent constamment hors de notre champ de vision et sabotent méthodiquement notre avancée. A ce rythme, nous ne reprendrons pas le secteur de Dune avant des mois, voire des années. Évidemment, les probabilités qu’ils soient aidés par quelqu’un - le Domaine Aldmeri en l'occurrence – sont particulièrement grandes, mais vous vous doutez bien que nous ne pouvons pas ouvertement soupçonner les Altmers, et encore moins diriger notre effort de guerre contre eux. PAR CONTRE, Jaras Dergius est un trafiquant d’armes indépendant, il n’est officiellement lié à personne, et c’est ici que se situe la faille. Ses trafics le forcent à multiplier les contacts avec les Do’Traaji, et à établir des tactiques clandestines avec eux. Il est forcément au courant de certaines choses. Caches, bastions, tunnels de contrebande… Par ailleurs, il pourrait nous apporter la preuve d’une collusion entre les Do’Traaji et le Domaine Aldmeri, bien que cette information reste à prendre avec des pincettes, évidemment. Dans tous les cas, il représente une immense manne d’informations stratégiques vis-à-vis de nos opérations en Elsweyr.

L’agent du renseignement marqua une pause, observa le portrait durant quelques secondes de plus, puis se retourna vers le reste de la salle.
-Votre mission est de le retrouver, de le capturer, et de nous le ramener pour interrogatoire. Annonça-t-il.
-Un mec qui est apparu quatre fois en dix ans ? Toussota Abnur Lex.
-On a bien travaillé, ne vous en faites pas. Lui répondit l’agent. On l’a finalement localisé.

Son collègue déplia un autre parchemin sur le grand tableau, et l’afficha juste à côté de celui montrant le portrait de Jaras Derguis. Cette fois-ci, il s’agissait d’une carte, de toute la région nord d’Elsweyr plus précisément.
-... selon des sources toutes fraîches, il se situerait juste ici, dans le grand désert qui s’étend au sud de Dune. Nous expliqua Trebonius Amnis tout en nous désignant la carte. La zone peut paraître aride, voire déserte à première vue, mais elle est en réalité parsemée de petits villages isolés, et de tunnels clandestins. Jaras Dergius se cacherait juste ici, à environ cent vingt kilomètres au sud de Dune, dans un petit village appelé Mhirr’sha. C’est probablement de là qu’il coordonne ses ravitaillements et ses livraisons de matériel aux cellules Do’Traaji de la région. C’est donc là que vous interviendrez, et le capturerez.
-Une mission d’enlèvement… C’est pour la DRI normalement. Fit remarquer Adamus Signus, resté silencieux jusqu’ici.
-Normalement oui, et c’est d’ailleurs vers eux qu’on se serait tourné en temps normal. Admit Trebonius Amnis. Hélas, cette mission comporte deux problèmes majeurs. Le premier, c’est que toutes les unités de la DRI sont déjà en mission dans le sud de la province, comme vous le savez certainement. En décrocher une pour…
-Ils font quoi dans le sud ? Coupa Abnur Lex.
-Abnur s’il te plait… Intervint Percius Ostorius d’un air pincé.
-Euh, hem… Hésita Trebonius Amnis, avant de reprendre maladroitement: donc je disais, décrocher une unité de la DRI pour cette mission serait possible, mais très compliqué. Ce qui nous amène au deuxième problème: le village de Mhirr’sha est certes isolé, mais il est situé en plein territoire Do’Traaji, très loin des lignes d’approvisionnement et d’opération impériales. Autrement dit, vous risquez de rencontrer du contact ennemi, beaucoup de contact ennemi, et de devoir le traiter en totale autonomie. La DRI n’est pas taillée pour des affrontements potentiellement aussi musclés, pas sans appui en tout cas. De votre côté…

Il hésita.
-... et bien selon nous, cette mission aurait dû être attribuée à au moins deux unités de forces spéciales différentes, appuyées par un bataillon de cavalerie régulier. Hélas, le CSOJ a immédiatement mis son veto, et nous a uniquement renvoyé vers vous, prétextant qu’au vu des circonstances…

Il hésita de plus belle.
-... enfin, que vous vous débrouilleriez, quoi qu’il advienne. Finit-il par conclure.

Des regards blasés furent échangés de part et d'autre de la salle d’instruction.
-Et la SOC ? Releva Abnur Lex après plusieurs secondes de silence. Il est quand même question d’assaut sur des positions ennemies. Ils ne peuvent pas nous appuyer ?
-Il est question d’infiltration et d’enlèvement en territoire ennemi, avant toute chose. Rectifia Percius Ostorius en le fixant d’un oeil agacé. Vous êtes une unité de forces spéciales échelon un, et cette opération nécessite tout de même de la discrétion, en dépit des probabilités d’accrochage. Par ailleurs, la SOC n’a pas notre capacité de projection, et le CSOJ ne souhaite pas, ou plus, s'embêter à nous appuyer plus qu’il ne le faut. En gros, comme je vous l'ai dit au début de cette instruction, ils estiment qu’on peut y arriver, alors à nous de nous démerder, et temps pi si ça foire.

Trebonius Amnis n’était visiblement pas du tout d’accord avec cette décision, à en juger sa mine pincée. Pour lui et le renseignement, Jaras Dergius était une cible hautement stratégique, pour laquelle la Légion Impériale devait déployer tous les moyens nécessaires à la capture. Forcément, voir le département de la défense s’en foutre à moitié, au point d’envoyer trois sections de combat sans appui d’aucune sorte, sur une mission qui aurait au bas mot nécessité le double de moyens, ça avait de quoi le tracasser. Il y avait pas mal de chances que le département de la défense et les services de renseignements aient eu des mots à ce sujet d’ailleurs. C’était toujours comme ça que ça fonctionnait: le renseignement demandait, la Légion exécutait. Jusqu’à ce qu’elle envoie tout chier… Ces deux institutions travaillaient souvent ensemble, mais fallait bien comprendre qu’elles ne se devaient rien dans l’absolu. Souvent, elles s’envoyaient péter mutuellement, et ça donnait immanquablement lieu à des conflits, et à de la rancune. En l'occurrence, je soupçonnais fortement les deux partis d’avoir eu un houleux désaccord à propos du dossier Jaras Dergius. Peut-être Levus Mico pourrait m’en dire plus à mon retour. Du moins si je revenais…
-Départ dans vingt minutes, pour les trois sections, alors dépêchez-vous de vous préparer. Annonça Percius Ostorius. On peaufinera la stratégie de déploiement une fois dans le zeppelin.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:07:17

Les gens prirent peu à peu la direction de la sortie, à l’exception de Telrav, qui revint dans la salle à ce moment-là.
-Telrav, un mot. L’apostropha aussitôt l'officier légat.

Le chef de section suivit le major dans le coin opposé de la pièce, où ils commencèrent à discuter discrètement. A priori, il était surtout question de Linus.
-Bon, en ce qui me concerne, votre matos est déjà prêt. Nous expliqua Celwen une fois que nous fûmes dans le couloir jouxtant la salle d’instruction. Titus, il me faut juste tes parchemins, enfin si tu veux en prendre avec toi du moins.
-Ouais, je vais chercher ça. Répondit le blondinet, avant de s’éclipser en direction des dortoirs.
-Catia, notre matos à nous il est prêt ? Lança Abnur Lex en direction de la jeune impériale, qui s’en allait déjà vers le dortoir de la section Weston en ronchonnant.
-A ton avis ducon ?! Pesta le jeune agent logistique. Vous passez votre temps à foutre le bordel dans mon stock et à piquer des trucs !
-Bon, allez l’aider… Abdiqua Abnur en direction de ses soldats.

Les mecs de la section Varen, eux, étaient déjà partis se préparer sans faire de vagues.
-Rexus, grouille toi d’aller te laver bordel, tu pues ! Grogna Endril à l’attention du colosse.

L’intéressé s’en alla sans piper mot, la démarche incertaine.
-... si jamais il dégueule dans le zeppelin, je te jure que je le balance par-dessus bord… Ajouta le Dunmer d’un air furibond.
-Je vais me laver vite fait moi aussi. Annonçai-je. Je crois que ça va me faire du bien.
-Ouais… Se contenta de marmonna Endril.

Lui et Celwen restèrent seuls dans le couloir, alors que je prenais quant à moi la direction de ma chambre privée. Enfin putain, enfin une mission digne de nous...
Alors d’accord, on avait perdu les bonnes grâces du CSOJ, et on s’apprêtait à être balancé sur quelque chose qui aurait normalement mérité au moins deux fois plus d’effectifs. Mais on s’apprêtait malgré tout à repartir au combat, à faire ce pourquoi on avait signé, et ce pourquoi on avait été si durement formé.
Pour la première fois depuis notre arrivée en Elsweyr, et pour la première fois depuis bien longtemps tout court, on allait enfin faire le travail des véritables forces spéciales de l’Empire...

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 juillet 2021 à 23:08:08

Voilà, bonne lecture (si des gens lisent encore :hap: )

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