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Sujet : [Fic] Une vie d'élu

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BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
25 avril 2021 à 11:50:36

Je vais tenter avant ce soir mon kheyou.

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
26 avril 2021 à 21:44:55

Sweet :snif:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
26 avril 2021 à 22:22:01

Je la termine khey. Désolé du retard, j’avoue. :hap:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
27 avril 2021 à 08:59:06

Chapitre 40: Dream Team.

La relative précipitation avec laquelle nous avions été déployés en Elsweyr - n’ayons pas peur des mots, on avait carrément foncé dans le tas - laissa rapidement place à un flottement de quelques jours, durant lequel on ne fit rien, littéralement. Et ça m'arrangeait plutôt pas mal à vrai dire, car le manoir Ayléide offrait un cadre pratiquement vacancier aux opérateurs. Je me serai retrouvée confinée dans une tente militaire puant la sueur et la poussière, enfermée avec quarante autres soldats pas frais, à arpenter des lignes de baraquements sales tout au long de ma journée, clairement j’aurais prié tous les jours pour une mission, n’importe laquelle, du moment qu’on me fasse quitter ce camp puant. Mais ici… Je passai ces premiers jours à alterner entre les différentes piscines, hammams, et autres salles de dîner de l’immense palais souterrain. A ce sujet, le CSOJ n’avait pas fait dans la dentelle lui non plus: étant donné le fait qu’on ne coûtait littéralement plus rien à la Légion en matière d'hébergement, tous les moyens financiers avaient été transférés dans les domaines restants, tels que la bouffe et les différentes fournitures d’usage. D’ordinaire, on aurait dû se contenter des habituelles rations de combat impériales, ou de la nourriture des cantiniers. Or ici, on bouffait et on buvait comme des rois, car le CSOJ avait désormais “trop” d’argent à nous consacrer. Perso, j’allais pas cracher dessus évidemment. Voir le personnel logistique nous amener chaque jour de la bouffe cinq étoiles, ça me convenait. Mais Telrav et les autres chefs de section furent bientôt confrontés à quelques problèmes de discipline au sein de leurs propres rangs, et c’était là que se situait le tout premier piège de cet étrange déploiement en Elsweyr. En fait, un opérateur échelon un de l’Empire, c’était globalement toujours le même profil: un putain d’hyperactif qui ressentait le besoin permanent d’assouvir son patriotisme exacerbé en allant taper sur la gueule des ennemis de l’Empire. En temps normal, ses besoins étaient comblés, car un déploiement militaire traditionnel, c’était souvent un cadre de vie assez rude entrecoupé de missions à répétition. Les mecs avaient mille et une occasions de poser leurs couilles impériales sur la table, et quand ils revenaient au camp, c’était généralement pour se reposer quelques heures dans un lit miteux, avant de repartir de plus belle. Il n’y avait pas place pour la moindre oisiveté dans ce mode de vie. En gros, on se battait, on pionçait, et on avalait vite fait la tambouille des cuistots pour se nourrir. L’esprit était rivé sur l’objectif, sans aucune distraction possible, et ça fonctionnait très bien comme ça. Ici hélas, les choses étaient un peu différentes, et contrairement à ce qu’on aurait pu s’imaginer, elles ne l’étaient pas forcément en bien.
Le premier problème auquel nous fûmes confrontés, ce fut cette oisiveté justement. Les mecs n’y étaient pas habitués, ils ne savaient pas du tout la gérer, et couplés aux moyens colossaux que nous donnaient le CSOJ pour mieux nous sentir à notre aise, ça donnait des débordements assez inattendus pour des types dont la moyenne d'âge pétait allègrement les quarante balais. Ce fut d'ailleurs là, à cet instant précis, que je réalisai une nouvelle fois à quel point un soldat, aussi qualifié était-il, était paradoxalement un enfant trop encadré dans son quotidien que pour avoir jamais appris à se gérer lui-même. Pas d’ennemi, pas de mission dangereuse, pas d’encadrement militaire direct. Résultat: les types erraient sans but, picolaient comme des tarés, et se mettaient sur la gueule pour un oui ou pour un non. Toute leur putain d’énergie guerrière débordait de tous les côtés en même temps, et faute d’un quelconque catalyseur, ça donnait des embrouilles à tous bouts de champ. Rexus par exemple, cas d’école à lui tout seul, entamait systématiquement ses journées en s’envoyant plusieurs bières spéciales dans la tronche, allait ensuite chercher la bagarre avec Linus ou l’un des mecs des sections Varen ou Weston, puis terminait son pugilat en dégueulant dans l’une des piscines. Ensuite, on le retrouvait généralement étalé dans un coin - genre derrière une étagère ou sous une table - en train de ronfler et de marmonner des insultes dans son sommeil. Parfois, il essayait même de draguer Celwen, et là aussi ça dégénérait.
-Attends, trois fois hier, moi ça commence à me gonfler hein ! Avait pesté la Bosmer au détour d’un déjeuner entre filles. Il est de la famille, je le considère comme mon frère, je le connais et je l’accepte comme il est, mais là ça devient lourd bordel !
-Il a encore essayé de t’embrasser ? Questionnaire-je.
-Et il m’a mis une grosse pichenette quand je lui ai dit de se calmer ! Attends, t’as vu les doigts de daron qu’il a ?! Mon oreille est toute rouge depuis hier !

Elle m’exhiba l’oreille en question, et fronça aussitôt les sourcils lorsqu’elle vit mon visage se crisper péniblement pour ne pas éclater de rire.
-Ah ouai… C’est vrai que c’est bien rouge et bien gonflé...Soufflai-je en tentant de garder ma contenance par tous les moyens possibles. Il s’est excusé au moins ?
-Tu parles ! Le mec je lui ai mis un poing dans sa gueule ! Il a dormi direct ! Aboya la Bosmer.

Je recrachai mon café, et fus prise d’une violente quinte de toux.
-Ouai mais attends, merde quoi ! Enchaîna-t-elle, comme pour mieux justifier son acte.
-C’était donc ça le coquard qu’il affichait ce matin. Répondis-je tout en essuyant le café que j’avais renversé un peu partout sur la table. Je pensais que c’était encore une embrouille avec Linus. Enfin, au moins je retiens qu’on doit pas trop te faire chier quand même…
-J’ai suivi mes classes comme tout le monde, puis je reste un soldat du RAC. Conclut Celwen. C’est pas parce qu’on est agent logistique qu’on est pas capable de se battre un minimum.

Hélas, Rexus n’était pas un cas isolé. Dans notre section, ça allait plus ou moins. Linus était plus taciturne et socialement inadapté que jamais, mais pour le reste, c'était plutôt correct dans l'ensemble. Telrav et Endril étaient en règle avec leurs rôles de chef et de chef adjoint, et Titus… Bah Titus était un officier, et un mage de surcroît, et les mages savaient plus ou moins toujours se tenir. Dans les sections Varen et Weston par contre, c’était pas tout à fait le même délire. Le chef de section de Weston notamment, était un allumé d’une espèce rare. Sa dégaine m’avait déjà frappé lors de la fin de nos sélections, lorsqu’il avait interpellé Hastrel Velarius pour l'avoir dans son équipe. Fallait bien comprendre que l’image corporelle au sein des forces spéciales ne s'embarrassaient pas des mêmes règles que le reste de l’armée. Grosses barbes de bûcherons, longues tignasses ou dégradés agressifs, clairement, on avait le privilège d’afficher des tronches bien différentes des standards ultra stricts des régiments réguliers, et on ne s’en privait pas. Mais alors, le sergent chef Abnur Lex, chef de section de Weston… Lui il cumulait toutes les extravagances possibles: grosse barbe de bandit, crâne entièrement rasé à l’exception de sa crête iroquoise, tatouage bien visible dans le cou… Et vas-y que ça parlait fort, et vas-y que ça picolait à balle, et vas-y que ça se mettait sur la gueule avec les membres de sa section pour le simple plaisir… Dans la rue, je l’aurais immédiatement pris pour un membres des Lances Noires ou des Ultra Septima. Pourtant, ce type était bel et bien un putain d’opérateur échelon un du RAC, et un chef de section qui plus est. Comme quoi, la cavalerie impériale, c’était vraiment un monde bien à part, avec des mentalités bien à part, même au sein de la Légion...
Quoi qu'il en soit, cette inactivité étonnante rendait tous ces mecs complètement ingérables, et ça c’était un problème ouais. Fallait pas que le CSOJ nous laisse traîner des semaines avant la prochaine mission, ou on allait finir avec des morts...

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
27 avril 2021 à 08:59:20

En marge de cette oisiveté dangereuse, il y eut également un autre sujet de préoccupation concernant notre lieu de résidence. En l'occurrence, le CSOJ, poussé par les recommandations du renseignement impérial, décida rapidement de faire du manoir ayléide la base militaire avancée de TOUTES les unités de forces spéciales déployées par l’Empire en Elsweyr. Autrement dit, en plus des trois sections du RAC, ce furent bientôt quatre sections de la SOC, deux de la DRI et deux du PRAX qui furent affectés à l’endroit, et qui reçurent chacune leur propre dortoir, leurs propres salles communes ainsi que leurs propres salles d’équipement. Leurs propres ailes du bâtiment, en gros. Techniquement, ce n’était pas un problème, car cette ancienne ruine remise au goût du jour était tout bonnement gigantesque. Les Ayléides de l'époque, comme c’était visiblement de coutume chez eux, avaient creusé comme des forcenés. Cette construction s’étendait sur je ne savais combien d’étages, contenait au bas mot des centaines de pièces, et se poursuivait probablement par des réseaux de galeries longs de plusieurs kilomètres. Exactement comme les anciens Dwemers d’ailleurs. Accueillir quelques dizaines d’opérateurs en plus n’était absolument pas un problème, et l’on était encore très très loin de combler l’espace mis à disposition. Par contre, sur le plan tactique, cela posait quelques questions, et d’après ce que j’avais compris, le CSOJ ne s’était pas montré très chaud pour cette idée dans un premier temps. Dans un contexte de déploiement militaire, cela revenait à entasser tous ses meilleurs éléments au même endroit, mettre tous ses oeufs dans le même panier en gros, or la Légion Impériale avait toujours eu pour principe répartir au maximum ses effectifs. Pour une question de cohésion et de logistique entre branches bien sûr, mais également pour une simple question de survie. Ainsi, en cas d’attaque, d’attentat, ou de désastre quelconque, l'hécatombe provoquée dans une unité ou un régiment n'impliquait pas nécessairement les autres unités, car ces dernières, situées à distance respectable, pouvaient au mieux répliquer de manière efficace, ou au pire avoir au moins l’opportunité de battre en retraite. Et c’était comme ça pour tout, de la simple formation de marche au sein d’une section de combat à l’établissement de camps de base entiers. Dans la Légion Impériale, on espaçait les forces, point. Or cette fois-ci, n’était stratégiquement plus possible. Contrairement aux coutumes de la Légion, nous étions désormais tous affectés au même endroit, toutes unités et toutes branches confondues. Nous avions de l’espace à revendre, certes, mais nous n’en demeurions pas moins entassés dans un seul et même bâtiment, ce qui représentait potentiellement une aubaine pour un ennemi bien préparé. En une seule et même attaque coordonnée, il pourrait tous nous bloquer au même endroit…
Le CSOJ ne s’était donc pas montré très favorable à cette idée dans un premier temps, mais après quelques jours de discussions avec les services de renseignements, ces derniers les avaient toutefois convaincus du bien-fondé de cette procédure. La Morag Tong ne s’était pas moquée de nous: cet endroit était immense, particulièrement bien sécurisé, bien plus facile à défendre que n’importe quelle base avancée impériale, et d’après les premières reconnaissances effectuées par les spectres, il était également dotés de nombreuses entrées et autres passages dérobés. Même en cas d’attaque orchestrée par un ennemi connaissant bien les lieux, il était mathématiquement impossible de nous barrer tous les accès et de nous cueillir tous en même temps. Sur le plan stratégique, nous étions donc en sûreté ici, bien plus que n’importe où à l’extérieur. Sur le plan offensif, ça nous donnait également la possibilité de rejoindre et d’attaquer la région de Dune depuis pas mal de points d’insertions à la surface, et ça aussi, c’était un sacré avantage pour le CSOJ et le renseignement. Cela expliquait donc l’arrivée des autres unités de forces spéciales, peu importe leurs domaines de spécialisées, et qu’ils soient de la cavalerie ou de l’infanterie.
On eût pas vraiment de contacts avec la DRI et le PRAX dans un premier temps. Infanterie oblige, et surtout, différence de mentalité oblige, ces derniers firent un peu bande à part durant les premiers jours. Quelques mecs du PRAX vinrent papoter avec Rexus vite fait, mais globalement, on ne les aperçut pas trop, et ils restèrent dans leur coin à faire leurs petites vies de fantassins. Les mecs de la SOC, par contre... 
Au RAC, on avait déjà une réputation de sauvages, mais de sauvages professionnels malgré tout. On faisait partie de la cavalerie impériale, on était des brutes orgueilleuses, mais on restait tout de même des opérateurs échelon un, formés aux techniques les plus secrètes et les plus efficaces du monde militaire. Quelque part, on savait encore plus ou moins se tenir, car le RAC nous avait “civilisé”, d’une certaine manière. Pour les mecs de la SOC, c’était pas tout à fait le même délire. A bien des égards, je me demandais même si ils ne cherchaient pas systématiquement à recruter les soldats les plus sales et les plus violents de toute la cavalerie. Ces mecs étaient complètement cinglés, sur tous les points. Dès leur première journée au sein du manoir, ils mirent un bordel monstre. Parties de pétanque Brétonne dans les salles à manger, batailles de bouffes dans les hammams, beuveries à n’en plus finir, comas éthyliques à répétition… Les mecs ne savaient pas gérer leur temps libre comme des adultes à peu près normaux. Un peu comme nous, mais en cent fois pire. Le truc le plus marquant auquel j'assistai dès leur première journée au manoir fut une énorme bataille de boucliers qui démarra dans leur aile et se termina carrément dans la nôtre. Je ne savais pas exactement comment ni pourquoi ça avait commencé, mais toujours est-il qu’en plein déjeuner, on se retrouva bien vite à devoir esquiver une quarantaine de gros bourrins à poils - littéralement à poils, la bite à l’air – en train de se taper dessus à grands coups de boucliers, quand ils ne se les jetaient pas purement et simplement à travers toute la pièce. Et le bouclier d’un opérateur de la SOC, c’était pas un bouclier de tapette. C’était un peu dans le même genre que celui de Rexus, et des opérateurs du PRAX, à savoir une énorme carapace de cuir et d’acier de plusieurs kilos qui assommait voir brisait les os de quiconque le prenait dans la gueule. A la base, ils avaient carrément été étudiés pour être utilisés comme des armes montées, la SOC ayant pour spécialité de charger à cheval pour des assauts coup de poing sur des objectifs lourdement protégés. Autant dire que quand ces tarés se balançaient ces putains d’engins de mort à travers toute la pièce, le mobilier et la vaisselle prenaient cher. Et le pire, c’est que ce n’était même pas des bagarres à proprement parler. Fallait voir comment ils rigolaient et s’amusaient, ces fous furieux… 
-J’aime bien leurs tenues. Commenta Celwen à la fin de notre première journée en leur compagnie.
-Quand ils viennent courir à poils autour de la piscine  ? Hésitai-je, un peu incrédule.
-Mais non ! S’offusqua aussitôt la Bosmer. Leurs tenues de combat quoi ! T’as pas remarqué ? Globalement, c’est à peu près les mêmes armures lourdes que celles du PRAX, sauf qu’ils utilisent les capes rouges et les casques à crêtes des anciens centurions de la troisième ère. Ça leur donne un côté assez folklorique.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
27 avril 2021 à 08:59:34

Je repensai aussitôt à cette célèbre citation de l’un des premiers généraux de la cavalerie impériale, lorsque cette dernière avait été créée:
-Nous voulons être reconnus comme une armée à part entière, comme une force implacable que nul ne peut ignorer. Nous voulons que nos ennemis nous voient et nous entendent arriver de loin, et qu'ils craignent la fureur de nos fiers cavaliers. Nous voulons qu'ils nous voient tels que nous sommes réellement : des guerriers féroces et indomptables, prêts à mourir pour la gloire de l'Empire.

C’était un peu cette mentalité que continuaient d’adopter les cavaliers d’aujourd’hui, et à fortiori ceux des unités de forces spéciales, comme le RAC, ou en l'occurrence la SOC. Contrairement à l’infanterie et à son humilité chiante, la cavalerie voulait être reconnue. Elle voulait qu’on la remarque et qu’on apprenne à la craindre. Quoi de mieux pour cela que de draper les bourrins de la SOC de grandes capes rouges et de casques à crêtes bien ostentatoires ? Au RAC, on devait quand même rester un minimum furtifs pour mener à bien nos missions. La SOC ne s'encombrait pas de ce genre de contraintes...
Percius Ostorius, qu’on avait pas beaucoup vu les premiers jours, la faute à ses obligations de chef d’unité, nous demanda de nous ressembler dans l’une des cantines au petit matin, et commença à nous expliquer un peu la suite des opérations. Concrètement, comme on s’en doutait déjà, l’arrivée de l’infanterie n’était pas prévue pour tout de suite, car la cavalerie avait encore pas mal de taff dans le coin maintenant qu’elle y avait établi ses têtes de ponts ainsi que ses différentes bases avancées. Les Do’Traaji s’étaient pris une solide torgnole lors de l’opération vague rouge, mais désormais, ils savaient que nous étions là, et ils comptaient bien défendre chèrement leurs territoires. Selon le renseignement, la ville de Dune elle-même n’était pas sûre, loin de là d’ailleurs. Si le nord et le centre étaient à peu près praticables, la périphérie sud de la mégapole était encore considérée comme un vrai guêpier, car les cellules terroristes y pullulaient toujours, et surtout, se planquaient dans ce qui constituait aujourd’hui une véritable mégapole. La Dune d’autrefois n’existait plus. Désormais, l’Empire devait appréhender un foyer de population s’étendant à perte de vue, et composé de plusieurs millions d'habitants. Tactiquement, c’était une véritable purge, car il faudrait chasser un ennemi qui se planquait parmi les innombrables citoyens d’une gigantesque ville.
Et évidemment, on ne pouvait pas tuer tout le monde et tout faire péter pour arriver à nos fins. Nous étions l'Empire après tout, garants de la démocratie, de la liberté et de la sécurité. Nous n’étions pas l’Union Dunmeri…
-Il va y avoir une instruction en début d’après-midi, au camp de base de la cavalerie. Nous expliqua Percius Ostorius. C’est le brigadier général Valton Flavus qui va diriger la première opération vers Dune-sud. A priori, du classique pour les régiments réguliers, mais compte tenu des circonstances, et du fait qu’ils n'ont pas l’air pressés du côté du CSOJ…

L’officier légat sembla hésiter quelques secondes.
-Ouai ? Quoi ? Insista Telrav d’un air perplexe.
-J’ai proposé que le RAC assiste les troupes régulières dans leur progression. Lâcha finalement Percius Ostorius.

Linus renifla d’un air méprisant, alors que Titus, Endril et Telrav quant à eux, parurent accueillir la nouvelle avec beaucoup plus de philosophie.
-J’ai pas signé au RAC pour faire le travail des troufions ! Éructa Rexus, encore à moitié bourré de la veille.
-Et moi j’ai pas signé au RAC pour encadrer des piliers de comptoirs ! Répliqua le major d’un air vexé. L’inactivité ne vous réussit clairement pas, surtout à toi Rexus ! Je pense que c’est une bonne occasion de prendre l’air, de vous dégourdir un peu les jambes, et de participer à l’effort de guerre.

Le colosse ouvrit la bouche pour répondre, mais prit aussitôt une claque de la part d’Endril.
-C’est une bonne idée. Acquiesça Telrav. Comme tu dis, ça ne peut pas nous faire de mal, puis au vu de la situation, j’imagine que les régiments réguliers ne refuseront pas un peu de soutien, quel qu’il soit.
-L’instruction à lieu à treize heures au camp de base, avec tous les chefs de compagnies. Conclut Percius en se levant de sa chaise. Abnur et Otius ont déjà répondu oui de leur côté. Bon, pour des raisons pratiques, pas plus de deux par sections. Vous connaissez la musique...
-Bon ben je vais me préparer. Lança Endril en se levant lui aussi de sa chaise.
-Ouai et nous on va aller boire une petite bière. Plaisanta Titus.
-Non, attendez. Coupa aussitôt Telrav, avant d'enchaîner dans notre direction: Titus, Teleri. 

Endril s’interrompit brusquement dans son geste, nous jeta un regard de dément, puis se retourna comme un ressort vers son chef de section.
-Attends un peu ! Aboya le Dunmer d’un air offensé.
-Ils sont officiers Endril. S’excusa Telrav. J’ai besoin qu’ils assistent à l’instruction et donnent leurs suggestions en direct. Ils auront une vision plus claire que nous, c’est un fait.
-T’es cinglé ?! Vociféra le chef adjoint. T’es en train de me dire que c’est littéralement cinq et six qui vont représenter Uriel devant un général de cavalerie, pendant que nous on reste en retrait ?!
-Ouais.
-Vas te faire foutre franchement, toi et tes idées à la con !

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
27 avril 2021 à 08:59:49

Ce fut donc - de manière un peu inattendue, comme de fait - Titus et moi-même qui fûmes invités à nous rendre au camp de base de la cavalerie, et à assister à l’instruction donnée par le brigadier général Valton Flavus. Pour être honnête, le fait de quitter le manoir et de me retrouver enfin à l’air libre me fit beaucoup de bien. Les faubourgs nord de Dune avaient beau êtres sales et mal fréquentés, l’air avait beau y être brûlant et étouffant, le simple fait de ne plus me retrouver enfermée dans des murs, aussi jolis soient-ils, me permettait de souffler un bon coup. Car oui, passer plusieurs jours enfermée avec des soldats de cavalerie, c’était fatiguant à la longue...
Nous marchâmes quelques dizaines de mètres à travers les maisons délabrées du quartier où résidait le manoir, et tombâmes rapidement sur une immense artère sablonneuse qui traversait les faubourgs d’est en ouest. Aucun doute possible, la cavalerie impériale passait désormais fréquemment par ici, en témoignaient les innombrables traces de chariots et de sabots dans le sable.
-On dirait qu’un énorme rouleau compresseur est passé par ici. Observai-je tout en toisant l'artère sablonneuse d’un oeil interloqué.
-C’est pas tout à fait faux… Fit remarquer Titus.

Le camp de base de la cavalerie n’était pas très loin du manoir ayléide. Moins de deux kilomètres à vue de nez. D’ailleurs, on croisa rapidement toute une ribambelle de soldats impériaux le long de la route. Certains transitaient du matériel vers la base, d’autres patrouillaient les rues, et d’autres encore, flânaient le long de l’artère, l’arbalète en bandoulière, cherchant par tous les moyens possibles à quitter leur bivouac pour quelques minutes au moins. Visiblement, on était pas les seuls à subir le contrecoup de l’opération vague rouge. Tout le monde avait l’air de se faire chier ici…
-... Et tout le monde nous regarde… Marmonnai-je à voix basse, plus pour moi-même que pour Titus cela dit.
-J’avais oublié, c’est ton premier déploiement avec le RAC. Remarqua le blondinet. Du coup, c’est la première fois que tu te retrouves à croiser des troufions en arborant fièrement ton statut d’opérateur échelon un.
-Arborer fièrement de quoi ? Rétorquai-je. Je cherche pas à attirer l’attention, puis on a même pas encore reçu nos patchs officiels.
-Nos dégaines parlent pour nous. Conclut Titus. T’as vu comme ils sont tous bien rasés et bien coiffés ? Tu nous as vu en comparaison, franchement ?

Je jetai un oeil curieux aux soldats que nous croisions désormais en masse le long de l’artère. Effectivement, la plupart d’entre eux nous regardaient avec insistance, bien que ce n’étaient pas des regards hostiles, ou jaloux. Au contraire même, notre potentiel statut d’opérateurs échelon un semblait susciter l'émerveillement chez tous ces cavaliers impériaux. Ce fut d’ailleurs à cet instant précis que je réalisais une nouvelle fois le privilège de ma situation, et plus encore, à quel point je pouvais être fière d’en être arrivée là où j’étais aujourd’hui. Désormais, je voyais le RAC de l’intérieur. Je voyais à quel point les gens qui le composaient étaient normaux, simples, accessibles. Je voyais leurs défauts, leurs faiblesses, leurs déboires résolument humains. Je ne les idéalisais plus, car je faisais partie de ce quotidien moi aussi, et je m’y étais déjà habituée. Une unité de forces spéciales, c’était un peu l’accomplissement de tout soldat qui se respectait. C’était ce vers quoi tendait toute carrière militaire, sauf que ces unités ne prenaient hélas que le gratin de toute l’armée, les meilleurs des meilleurs, aussi l'immense majorité des soldats n'arrivaient jamais jusque là. Comme l’on disait toujours, c’était beaucoup d’appelés pour peu d’élus. Aujourd’hui, j’étais cette élue. Le Régiment Autonome de Cavalerie n’était plus un fantasme inaccessible pour moi. J’étais devenue ce fantasme. Tous ces regards presque religieux lancés dans notre direction ne trompaient pas: ils nous contemplaient, nous enviaient, nous admiraient…
Titus trouvait cela normal, mais moi, en cet instant précis, je prenais finalement conscience de qui j’étais devenue au yeux de Tamriel toute entière.
-... pas la première décision un peu bizarre de Telrav, mais bon, ça m’étonne quand même un peu. Confia le blondinet alors que les contours de l’immense base avancée de la cavalerie impériale commençaient tout doucement à se dessiner au loin.

Je ne répondis pas tout de suite, subjuguée par les gigantesques palissades de bois que la Légion Impériale avait dressé dans cette portion relativement peu habitée des faubourgs. A vrai dire, je n’avais encore jamais rien vu d’aussi balèze, même lors de mes déploiements bidons quand j’étais encore au onzième de cavalerie.
Ce putain de camp devait faire des kilomètres...
-Il accueille toute la deuxième division de cavalerie, soit dix milles hommes. Gloussa Titus en suivant mon regard. Tu croyais quoi ?
-Euh, et donc ? Enchaînai-je rapidement en direction du blondinet. Tu trouves que la décision de Telrav de nous envoyer à sa place est aussi étrange que ça ?
-Envoyer deux opérateurs à une instruction, les moins expérimentés en plus, à la place d’un chef de section et d’un chef de section adjoint ? Ironisa le mage.
-Mouai…
-Alors d’accord, on est officiers, mais quand même. Poursuivit Titus sur le ton de la discussion. Je me demande à quoi il joue. Je trouve qu’il a changé ces derniers temps. Je me demande si…

Il s’interrompit, la mine pensive.
-Si quoi ? Répondis-je.
-Non rien. Conclut-il en balayant le vide d’un petit geste de main.

Nous arrivâmes rapidement à l’entrée du camp, très large pour y permettre le passage de nombreux chariots et autres régiments de combat, mais également très bien gardée, en témoignaient la dizaine de légionnaires en armures lourdes qui s’y tenaient.
-D’accord, c’est bon. Acquiesça un centurion en laissant le champ libre au chariot de matériel situé juste devant nous.
-Papiers. Nous demanda l’un de ses subordonnés d’un air las en nous voyant approcher à notre tour du poste de garde.
-Quels papiers ? Questionnai-je.
-Mec… C’est des FS… Lui glissa furtivement l’un de ses collègues en nous jetant un regard prudent.
-Ouai, ben je m’en cogne. Répondit aussitôt l’intéressé d’un air complètement saoulé. Papiers quand même. C’est la règle. Allez hop hop hop. On se dépêche. Maintenant. Hop hop.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 31
27 avril 2021 à 09:00:08

Il agita plusieurs fois la main dans le vide, la mine impassible.
-Bon, vous vous magniez ? J’ai pas que ça a foutre. Insista-t-il face à notre mutisme.
-On a pas de papiers. Répondit Titus. On est là pour assister à l’instruction du géné...
-Pas de papiers ? Ben dehors alors. Coupa la sentinelle, avant de m’attraper par l’épaule et d’enchaîner brusquement: mais toi par contre, je t’autorise à passer dans ma tente et à me...

Il s’envola avant d’avoir terminé sa phrase. Littéralement je voulais dire. Comme un petit oiseau.
-WO WO WO ! C’EST QUOI CE BORDEL ?! Aboya le centurion en bondissant vers le lieu de l’altercation. Vous êtes qui vous ?! Ça se fait de cogner sur mes hommes comme ça ?!
-Fallait pas me toucher, et encore moins me parler sur ce ton. Répondis-je calmement. Concernant les soit disant papiers qu'on nous a demandé, vous pouvez vous les carrer dans le cul. D’ailleurs, vous feriez bien de nous laisser passer. Vite.
-Mais je… ! Vous… ! Bégaya le centurion d’un air furibard.

Son regard se porta brièvement sur ma coiffure, puis s’attarda ensuite sur mon insigne de capitaine. Son visage se crispa.
-Vite, lieutenant. Répétai-je en appuyant bien sur son grade, inférieur au mien pour le coup.

Techniquement, il n’eut même pas besoin de donner l’ordre de nous laisser passer. Ses hommes s’étaient déjà écartés d’eux même...
-... t’es grave quand même. Glissa Titus une fois que nous fûmes à l’intérieur de l’immense camp de base. Tu tiens tant que ça à marquer ton territoire partout où tu passes ? Pisses aux quatre coins du camp tant que t’y es.
-Pfff, rien avoir… Soufflai-je.
-Arrête hé ! Railla l’Impérial. C’est plus fort que toi ! Faut toujours que tu montres que t’as des grosses couilles !

Je ne répondis rien. Très honnêtement, je n’avais pas spécialement envie de rentrer dans une psychanalyse de comptoir avec mon coéquipier, visant à savoir si oui ou non mon statut de femme perdue dans un monde d’homme faisait bel et bien de moi une hystérique en perpétuelle recherche d’approbation. Objectivement, c’était probablement le cas d'ailleurs, bien que je préférais ne pas me l’admettre à moi même.
-... puis t’es lunatique un peu, pour péter les plombs comme ça sans prévenir. Tu serais pas réglée à tout hasard ? Renchérit brusquement Titus, histoire d’en remettre une bonne couche.
-Bon, tu vas me faire chier toi aussi ?! M’énervai-je aussitôt.
-Qu’est-ce que je disais ? Gloussa le blondinet. 

Nous nous dirigeâmes à travers les immenses allées du camp de base, bordées de part et d’autres d’un nombre proprement ahurissant de tentes de toutes formes et de toutes tailles.
La brigade logistique de cavalerie avait fait un travail monstrueux ici. En l’espace de quelques jours à peine, ils avaient bâti une véritable petite ville dans le désert. C’était dans ce genre de moment d’ailleurs, qu’on ne pouvait qu’admirer les ressources tout bonnement inégalables de la Légion Impériale. Aucune autre armée d’aucune autre nation n’aurait été capable de faire ça…
-Lieutenant Decanius, capitaine Othril ? Nous apostropha soudain un soldat au détour d’une allée semblable à toutes les autres.
-Euh, oui ? Répondis-je.
-L’instruction du général Flavus va commencer. Nous expliqua simplement le soldat. Laissez-moi vous y conduire.
-Mais… Vous saviez qu’on venait ? Questionnai-je aussitôt, incrédule.
-Oh euh… Et bien figurez-vous que… Hésita subitement l’individu. Un… Comment dire… Un… espion ? Oui, appelons-le ainsi… Bref, un espion du renseignement est venu nous prévenir de votre arrivée. Il nous a également prévenu de l’arrivée des sergents Abnur Lex et Otius Verus. Ils sont arrivés quelques minutes avant vous d’ailleurs.
-Qui était cet espion ? 
-Aucune idée… Il était emmitouflé dans une grande cape, et il s’est téléporté sitôt après nous avoir fait passer le message…

Évidemment… Davina avait raison en fin de compte: le renseignement n’était visiblement pas décidé à me lâcher. Bien au contraire même.. 
En l’état actuel des choses, ce n’était pas ma première source de préoccupation cela dit. L’instruction donnée par le général Valton Flavus allait bientôt commencer, et d’elle dépendrait plus que probablement le sort du RAC dans les jours à venir, étant donné le fait que le CSOJ et les renseignements ne semblaient pas pressés de nous donner du travail dans un premier temps. En l’occurrence, Telrav avait fait de nous les délégués de la section Uriel, et il l'avait probablement fait pour une raison bien précise. Restait à savoir s' il avait fait le bon choix.
Et ça, nous allions le savoir très bientôt...

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
29 avril 2021 à 18:45:10

Sweet :hap:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
01 mai 2021 à 14:19:23

Demain soir à mon avis.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
02 mai 2021 à 22:38:33

Bon une fois n'est pas coutume, j'ai pris un peu de retard khey. Le printemps est mouvementé. :hap:

Mais j'avance bien malgré tout. J'essaie de sortir ça rapidement, bien que ce ne sera hélas pas ce soir.

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
04 mai 2021 à 09:11:54

Je te comprend j'ai repris un taf aussi

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
04 mai 2021 à 22:48:36

Le chapitre est terminé, mais je le posterai demain après une relecture à tête reposée (il y a un peu de mouvement quand même).

A demain kheyou. :oui:

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
05 mai 2021 à 21:00:56

A demain mon black :hap:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
06 mai 2021 à 18:24:15

Chapitre 41: Déroulé de tapis rouge.

L’immense convoi de chariots filait à toute allure le long de l’artère déserte. De part et d’autres de l’imposante route, il n’y avait plus que silence, étales abandonnés, et bâtiments criblés d’impacts d’obus. C’était bien simple: on avait l’impression d’avoir pénétré une gigantesque ville fantôme, ravagée par la guerre et le chaos. Partout où portait le regard, il n’y avait que bâtiments déserts, et tout autour, les traces d’une intense activité humaine abandonnée au tout dernier moment.
-Bienvenu dans la banlieue sud de Dune, croisement stratégique entre l’Empire, le Domaine Aldmeri, et la nation séparatiste des Do’Traaji. Ironisa la voix de Percius Ostorius dans nos casques. Tout le monde a bien lu le rapport rendu par Teleri et Titus faisant suite à l’instruction donnée hier par le brigadier général Flavus ?

Des moues dubitatives apparurent sur les visages des différents opérateurs assis dans le chariot. Le silence qui s’ensuivit ne sembla pas étonner l’officier légat cela dit, car ce dernier reprit bientôt la parole, et réexpliqua succinctement ce dont il avait été question durant l’instruction: Grosso modo, peu après l’opération vague rouge, et le retrait manifeste des Do’Traaji de la région de Dune, le renseignement impérial avait pourtant identifié de nombreuses cellules de résistance terroriste dans la banlieue sud de la ville, faisant de cette mégapole toute entière un véritable guêpier dont la Légion ne pouvait approcher. La deuxième division avait beau avoir botté le cul de ces sauvages lors de son arrivée en Elsweyr, il semblait désormais clair que les Do’Traaji avaient rapidement repris du poils de la bête, et s’étaient immédiatement réorganisés au sein même de la ville de Dune, dans sa banlieue sud plus précisément. Le brigadier général Valton Flavus, pressé par le commandement impérial, avait alors établi une tactique basique, mais efficace: envahir massivement la zone, et la nettoyer bâtiment par bâtiment. Et peu importait si cela durait des semaines. Pour reprendre définitivement la région, asseoir la présence impériale dans le coin, et pouvoir alors seulement envisager une poursuite des opérations vers le sud, il fallait reprendre la totalité de Dune. Jamais l’Empire ne pourrait sécuriser la zone et continuer sa progression vers le sud s'il ne démantelait pas définitivement toute présence Do’Traaji dans le secteur. Dune était donc une épine stratégique qu’il fallait arracher au plus vite, car de sa pacification totale dépendait le succès à court terme de tout ce foutu déploiement.
Il y avait tout de même un léger couac dans le plan du général Flavus. L’opération vague rouge avait été un succès particulièrement prometteur, certes, mais elle avait aussi et surtout déroulée sur des sites officiellement et exclusivement dominés par les Do’Traaji. A ce jeu là, il était difficile de se tromper: on fonçait sur la position ennemie, un combat éclatait, et on gagnait la bataille. Net, brutal et sans bavure, comme toute bonne opération militaire lancée sur une région ennemie. Le problème était totalement différent avec la ville de Dune... En effet, si elle comportait effectivement son lot de cellules terroristes, elle n’en demeurait pas moins un immense foyer de population, surpeuplé, et donc particulièrement éclectique. Nous n’étions plus totalement en territoire ennemi ici. Toute personne rencontrée n’était plus forcément un ennemi à abattre. Pour chaque terroriste avéré, c’était désormais des milliers, voire des dizaines de milliers de civils innocents avec lesquels il fallait composer, et ça pour le coup, ça changeait complètement la donne. C’était ici que le plan du brigadier général Flavus devenait délicat. La cavalerie n’était pas une force d’occupation, ce n’était pas son rôle, ce n’était pas pour ça que ses soldats avaient été formés. Nous étions une force d’assaut, une branche spécialisée dans les actions offensives. Nous partions devant, frappions fort, et laissions ensuite notre place à la grande armée. Occuper et pacifier durablement un terrain remplis de civils et d’enjeux sociaux compliqués, ce n’était pas notre fonction. C’était à l’infanterie que revenait cette spécialité, pas à la cavalerie…
Hélas, le déploiement en Elsweyr demeurait une opération relativement marginale pour le département de la défense, dans l’absolu en tout cas. C’était une opération anti-terroriste massive, certes, mais nous n’étions pas officiellement en guerre, et nous nous trouvions sur une province qui ne nous appartenait pas qui plus est. Malgré le silence persistant du Thalmor, Elsweyr était toujours sous domination Aldmeri, aussi le département de la défense ne souhaitait pas y envoyer trop de soldats dans un premier temps. Cela devait rester une opération modeste, de petite envergure, aussi toute une division de cavalerie envoyée sur place, c‘était déjà beaucoup. Peut-être même trop, auraient dit certains... Toujours est-il que nous allions devoir nous débrouiller par nous même dans un premier temps, et effectuer le travail qui revenait normalement à l’infanterie, à savoir de la patrouille, et de la pacification progressive.
Ou du moins, était-ce ce qu’avait initialement prévu le brigadier général Flavus, car la nuit suivant son instruction, la situation avait brutalement changé. Probablement amers de leur première débâcle, les Do’Traaji avaient commis l’une des erreurs stratégiques les plus aberrantes que j’ai jamais vu de ma vie: à l’aide d’un matériel qui restait encore à déterminer - le renseignement impérial y travaillait activement - ils avaient littéralement bombardé le camp de base de la cavalerie en début de soirée, effectuant deux blessés graves parmi les légionnaires en faction, et plusieurs dizaines d’autres blessés légers. Malgré la surprise de l’attaque, et sa très relative efficacité, la trajectoire, et donc l’origine des tirs ennemis, avait été immédiatement identifiée: la banlieue sud de Dune...
Évidemment, la réaction ne s’était pas faite attendre, l’Empire avait immédiatement envoyé des dizaines d’éclaireurs passer le message: tout civil habitant au sud du centre historique de Dune avait une heure pour plier bagage, quitter la cité, et partir soit au sud, soit en direction de Fort-Shabeh. Là-bas, ils seraient accueillis, identifiés et pris en charge à la fois par la brigade logistique, et par le onzième de cavalerie. Après quoi, seulement, commenceraient les tirs de représailles en direction de la banlieue sud de Dune.
Je n’avais pas beaucoup dormi cette nuit-là, pour être tout à fait honnête. Malgré la position excentrée et enterrée du manoir ayléide par rapport au camp de base, les canonnades des unités d’artillerie impériales nous avaient tenu éveillés jusqu’à l’aube. Et ils s’en étaient donné à coeur joie, les salopards, à croire qu’ils n'avaient attendu que ça, ce dérapage qui leur aurait donné toute légitimité de déverser l’Oblivion sur l’ennemi. Et ça avait pété, encore et encore, salves après salves, boulets après boulets, sans la moindre interruption. Ce ne fut qu’en début de matinée, lorsque l’ordre de mission changea brusquement, et que près de quatre mille hommes, dont nous, gagnèrent la banlieue sud de Dune dans un immense convoi armé, que je compris à quel point la nature de ce déploiement avait changé en l’espace d’une seule nuit. Désormais, nous n’étions plus là pour pacifier précautionneusement le secteur. Nous en revenions à notre spécialité de départ, à savoir envahir une zone de guerre, et éliminer méthodiquement tout ce que l’artillerie impériale n’avait pas pulvérisé durant la nuit. La cavalerie n’aurait plus à endosser le rôle ingrat de l’infanterie, et à s’enliser dans une occupation compliquée au beau milieu d’une mégapole remplie de civils. En l’espace d’une seule nuit, les Do’Traaji nous avaient offert un véritable boulevard…
Sur le plan tactique, c’était beaucoup plus simple comme ça évidemment. Les civils avaient déserté l’endroit, et tous ceux qui n’étaient pas partis au sud s’étaient rendus à Fort-Shabeh, ou la brigade logistique et le onzième de cavalerie avaient pu les identifier et les encadrer proprement. Sait-on jamais, que certains Do’Traaji auraient eu l’idée de se glisser parmi les fuyards… Nous concernant, on avait désormais le champ libre pour ratisser entièrement la banlieue sud de Dune, et y asseoir définitivement notre présence. C’était à se demander si les Do’Traaji ne faisaient pas exprès de nous faciliter la tâche, d'ailleurs…
-... La majeure partie de la deuxième division, à l’exception du onzième de cavalerie resté à Fort-Shabeh, va effectuer son nettoyage de la zone, porte à porte, immeuble après immeuble. Nous rappela la voix de Percius Ostorius dans nos casques. Chaque opérateur des unités Uriel, Varen et Weston fera binôme avec un soldat de cavalerie, et couvrira le ratissage des régiments réguliers depuis des positions surélevées. A défaut d’une opération spéciale décidée par le CSOJ, votre rôle sera donc de protéger la vie de ces cavaliers, et de vous assurer que personne ne vienne les prendre à revers durant leur sécurisation de la banlieue sud. Évidemment, cette opération va se poursuivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, donc il y aura un roulement d’effectifs toutes les huit heures. N’oubliez pas: ce secteur a été officiellement évacué. Tout homme en âge de combattre rencontré dans ces rues sera à considérer comme un ennemi. Gardez la tête froide, protégez ces gars durant leur mission, et prenez cette ville. Et alors seulement, on pourra continuer vers le sud, et laisser l'infanterie faire son travail. C’est clair pour tout le monde ?
-Fortis Leovic. Répondirent tous les opérateurs en effleurant leur casque de la main gauche.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
06 mai 2021 à 18:24:30

L’énorme convoi de cavalerie continua de filer à vive allure le long des grandes artères silencieuses de Dune-sud. Je sentis bientôt la tension monter d’un cran chez mes camarades. Des mecs comme Linus ou Endril ne laissaient rien transparaître bien sûr, mais chez des gars comme Rexus, par contre…
-Respire mon gros. Le vanna Titus. Tout va bien se passer.
-Je suis un tireur de merde, tout le monde le sait... Souffla le colosse, une goutte de sueur perlant sur son front. Ma spécialité, c’est le glaive et le bouclier, et on me demande de couvrir à distance l’avancée de toute une division ?
-On est dix-huit à faire de la couverture, tu ne seras pas tout seul. Fit patiemment remarquer Telrav. Et puis, tu auras Reman au-dessus de ta tête pour t’aider à prévenir du mouvement, et même une unité de la DRI pour nous assister dans la reco. Et quand bien même tu louperais un truc, les soldats des régiments réguliers ne sont pas des ploucs tu sais. Ils connaissent leur taff. Ils savent garder un secteur. Considères- toi plutôt comme un bonus, et non pas comme leur seul et unique ange gardien.

Hélas, Rexus ne semblait pas vraiment convaincu. Et moi non plus d’ailleurs, car il y avait tout de même un petit hic dans les propos de Telrav…
-On approche, apprêtez vous à débarquer ! Lança le conducteur du chariot alors que l’allure du convoi semblait soudain ralentir.

Le convoi débarqua bientôt sur une grande place typique des nouvelles banlieues à l’architecture moderne, à savoir une esplanade aussi gigantesque que impersonnelle. Loin des codes des anciennes cités de la troisième ère, et un peu à l’instar de tout ce qui se faisait en Cyrodiil depuis quelques décennies, l’accent avait été mis sur le côté pratique. Il s’agissait essentiellement d’accueillir la vie propre aux nouvelles mégapoles de Tamriel, de supporter la démographie galopante qui secouait le continent depuis la fin de la grande guerre. Aux daedras les prouesses architecturales et les fioritures décoratives de l’ancien monde, il fallait désormais s'accommoder du passage quotidien de plusieurs centaines de milliers de personnes, et pour cela, il fallait des espaces plus grands, plus ouverts, mais également plus lisses, car tout allait plus vite aujourd’hui, et les gens ne se tracassaient plus de quelques ornements posés ça et là.
La place sur laquelle nous débarquâmes était de celles-là: immense, et vide. Enfin, vide… Si l’on omettait les innombrables gravats et autres pans de murs défoncés qui la jonchaient bde toutes parts...
-Allez allez ! On bouge ! Ordonna un centurion quelque part devant nous.

Je quittai mon chariot sans me presser, alors que tout autour de nous, des pelotons entiers de soldats se mettaient déjà en route vers leurs secteurs respectifs, au petit trot, pressés par leurs chefs d’escouades. L’ordre était clair: cette place était le point d’entrée à partir duquel il fallait nettoyer toutes les artères et autres rues adjacentes. Pour se faire, les forces seraient évidemment réparties dans toute la zone, mais resteraient à portées les unes des autres malgré tout, histoire de se prêter main forte en cas d’embuscade, ou d’appui sur un objectif fortifié. Dans un premier temps, c’étaient le deuxième et le quatrième de cavalerie qui s’y collaient, soit environ quatre mille cinq cent soldats, couverts par les sections Uriel et Weston du RAC. Ensuite, ce serait le neuvième et une partie du onzième de cavalerie qui prendraient le relais, couverts par la section Varen, et une ou deux sections de la DRI. Et ainsi de suite. Je faisais donc partie de ceux qui ouvraient le bal.
-Non attends, laisse leur prendre un peu d’avance. Lançai-je à mon escorte, un jeune soldat du deuxième de cavalerie à la mine particulièrement enjouée.

Ce dernier trépigna sur place, et observa avidement ses milliers de collègues débarquer et partir par escouades entières dans toutes les directions. Il était vrai que la scène avait quelque chose de grisant. Peu importe où l’on regardait, on ne voyait que des légionnaires en tenues de combat, envahir par paquets entiers les rues et les artères adjacentes à la grande place. Forcément, les Do’Traaji qui continuaient de se planquer dans cette banlieue fantôme ne pouvaient que chier dans leur froc, en voyant déferler une telle quantité de soldats impériaux…
J’observai les innombrables légionnaires durant de longues secondes, tous affublés du même équipement réglementaires, du même armement, et de la même configuration: glaive à la ceinture, bouclier dans le dos, arbalète à la main pour mieux engager à distance en priorité.
De leurs côtés, les différents opérateurs du RAC commencèrent lentement à se séparer, et à s'en aller vers leurs points d'observations respectifs.
-Gamin, tu me stresse et trépigner comme ça. Lançai-je en me tournant vers mon jeune compagnon. Pourquoi t’es aussi nerveux ? Tout va bien, regarde. Ils partent dans toutes les directions et envahissent les lieux pendant qu’on reste en retrait, bien en sécurité.
-Justement, je veux me battre moi ! Répondit nerveusement le jeune soldat.
-Tu t’appelles comment ? Questionnai-je en le toisant d’un oeil curieux.
-Vinnus Atrius ! Répondit mon escorte.
-Bon, et bien moi, c’est…
-Capitaine Teleri Othril, section Uriel de l’unité Molag du Régiment Autonome de Cavalerie ! Coupa encore plus nerveusement le jeune Vinnus. Je sais ! Vous êtes connue vous savez !

Je bégayai durant plusieurs secondes, prise de cours.
-Ah ? Euh…
-Capitaine Othril ? Nous interrompit soudain un centurion du quatrième de cavalerie. Les sections du huitième bataillon sont déjà en train de gagner les premières artères menant vers le sud. Je ne voudrais pas vous presser, mais…

Je jetai un oeil alentours, et repérai rapidement un immeuble de dix étages à environ deux cent mètres au sud, largement plus haut que les autres, et surplombant visiblement une bonne partie des artères adjacentes.
-Là. Indiquai-je à mon binôme.

Le jeune Vinnus parti immédiatement en direction de l’endroit indiqué, au petit trot, alors que le centurion de son côté, rejoignait l’une des artères à la suite de sa compagnie. Après quelques secondes de course, nous rattrapâmes une section du quatrième, qui pénétra dans l’immeuble juste devant nous, en entama immédiatement le nettoyage de l’imposante cage d’escalier.
-Couvrez les angles et nettoyez les pièces, palier par palier ! Ordonna leur chef de section.
-Doucement. Répétai-je en direction de mon acolyte, déjà pressé de les suivre. Marche au lieu de courir. Laisse-leur faire le travail.
-Oui capitaine ! Acquiesça ce dernier en ralentissant aussitôt l’allure.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
06 mai 2021 à 18:24:45

Nous n'eûmes pas besoin de ralentir beaucoup cela dit, car cette section torcha le bâtiment en quelques minutes à peine. Un peu trop vite à mon goût d’ailleurs… Les mecs courraient littéralement dans les escaliers, et vidaient chaque palier avec précipitation. Ce n’était évidemment pas un problème vu l’absence d’ennemi, mais si un Do’Traaji avait eu la bonne idée de se planquer derrière l’angle d’un mur, il aurait facilement pu abattre au moins un ou deux légionnaires avant de se faire plomber en retour. Et encore, en partant du principe qu’on aurait eu affaire à un terroriste mal formé et mal équipé, parce que n’importe quel opérateur du RAC de son côté, aurait dégommé toute cette section en deux-deux vu comme ils salopaient le travail…
-Hey les gars, allez pas trop vite hein ! Aboyai-je depuis le palier du quatrième étage, alors que les types étaient déjà presque au huitième.

Quelqu’un émit une objection outrée quelque part au-dessus de nos têtes, mais la cadence sembla ralentir un peu malgré tout.
-Ah ! Ils ont l’air de vous écouter ! Observa le jeune Vinnus Atrius.
-Ben encore heureux ouais… Marmonnai-je.
-Ça fait combien de temps que vous êtes au RAC au juste, si je puis me permettre ? Enchaîna le jeune légionnaire tout en me précédant dans les escaliers.
-Un peu plus de six mois. Répondis-je. Et toi, depuis combien de temps tu es dans la cavalerie ?
-Six mois… Répondit honteusement le jeune Impérial.
-Ouf…

C’était ça, le putain de problème avec cette putain de Légion Impériale: L’Empire ne manquait pas de moyens, rapport aux milliards de Septims qu’il injectait dans sa défense chaque année. Plus d’un million de légionnaires actifs, c’était pas rien. En fait, c’était carrément l’une des plus grosses armées de toute l’histoire de Tamriel, ni plus ni moins. Et pourtant, on continuait d’envoyer massivement sur le front des gamins formés au lance-pierre, à peine dégrossis, et parfois à peine majeurs pour certains d’entre eux. Tout le monde devait apprendre et se former bien sûr, et rien ne valait une véritable opération de terrain pour ça. Mais tout de même, dans un déploiement comme celui-ci, ce genre de clivage prenait des proportions alarmantes. En l’occurrence, j’avais trente-et-un ans, quinze ans de bons et loyaux services au sein de l’Empire, dont sept au sein de la Légion Impériale. Sans compter mes classes préparatoires en plus de ça. Récemment, j’avais monté un dossier pour rentrer au RAC, et après de longues et éprouvantes sélections, j’avais finalement touché au but. J’étais devenue un opérateur échelon un de l’Empire, membre du Régiment Autonome de Cavalerie. Certes, je n’y étais que depuis six mois - la date d’entrée dans les sélections faisant office de date d’entrée tout court - mais j’avais enduré une formation de taré, j’avais voué ma vie entière à ce métier, et surtout, j’avais été sélectionnée sur base d’un dossier en béton armé, parmi les meilleurs candidats de tout l’Empire. Avant même d’entrer en RAC, j’avais de l’expérience à revendre, des qualifications solides. Je faisais partie des meilleures...
Désormais, je côtoyais des gamins qui, à l’époque de mon arrivée à Fort-Lancier, étaient encore carrément des civils pour certains d’entre eux. Fallait pas demander la différence de compétence qu’il y avait entre un Vinnus Atrius et moi… Et pourtant, on était là tous les deux, au même endroit, sur le même déploiement militaire, prêts à faire face au même ennemi, et aux mêmes dangers. Comment pouvait-on ne pas être consternés par l’immense bordel chaotique et décousu qu’était la grande Légion Impériale ?
Vinnus Atrius grimpa la cage d’escalier devant moi, et contre toutes attentes, son comportement me rassura quelque peu au fil des minutes passées en sa compagnie. C’était un gamin fougueux certes, mais il ne paraissait pas aussi inexpérimenté que je l’aurais cru de prime abord. Plus précisément, il semblait appliquer avec pas mal de méthode les règles de déplacement tactiques généralement apprises durant les classes de cavalerie. Même si une section entière était déjà passée par là, il couvrait bien les angles morts durant l'ascension de la cage d’escalier, décalait proprement aux différents angles de murs, et changeait même d’épaule lorsqu’il arrivait devant un angle contraire. A vrai dire, je me surpris même à lui faire relativement confiance, car je sentais bien qu’il n’avait pas peur, ne se laissait pas déborder par sa nervosité, et restait donc largement maître de lui-même. Probablement que son statut de cavalier devait jouer, d’ailleurs. On ne rejoignait jamais la cavalerie impériale par hasard. Cette branche avait une aura bien à elle, et elle brillait depuis de nombreuses décennies. Ceux qui s’y engageaient savaient à quoi s’attendre, et ils le faisaient de bon coeur. Souvent, on signait à la cavalerie pour faire partie des meilleurs, des plus braves, des plus forts. On voulait faire partie de ceux qui partaient “toujours devant”, aussi la mentalité des engagés y était généralement bien différente de ceux de l’infanterie. A la cavalerie, on cultivait la fierté, l’honneur et l’agressivité guerrière. On voulait des bruts, des bourrins, des durs prêts à poser leurs grosses couilles sur le front des ennemis de l’Empire. Forcément, ce genre de profil connaissait rarement la peur, et les quelques pleutres qui s'ignoraient avaient tôt fait d’être corrigés à l’instruction, autrement plus dure et violente que celle de l’infanterie. En ressortaient généralement des mecs particulièrement bourrus, et déter. Souvent, ils étaient envoyés au tas sans beaucoup d’expérience, c’était vrai, mais ils y allaient franco malgré tout, et ils faisaient la fierté de la cavalerie.
Vinnus Atrius était de la famille, je le sentais dans sa démarche, dans sa posture, dans son regard. Le moment venu, il n’aurait aucun problème à faire face à l’ennemi, et n’éprouverait aucun scrupule à presser la détente de son arbalète. Il me défendrait quoi qu’il advienne, avec hargne et fureur, quitte à y laisser la vie. Ça se voyait, ça se sentait... Il était comme moi: un cavalier, un frère à qui je pouvais confier mon existence. Jamais, ô grand jamais, je n’aurais accordé la même confiance aveugle à un troufion de l’infanterie, quand bien même il aurait eu dix ans d’expérience en plus...

Nous débouchâmes sur le toit de l’immeuble, et eûmes alors droit à une vue privilégiée sur les artères environnantes. La première chose qui me frappa, ce fut le foutoir phénoménal que l’artillerie avait provoqué dans la banlieue sud de la mégapole. Les débris et les impacts d’obus m’avaient déjà interpellé lors de mon arrivée en convoi, mais maintenant que j’avais une vue surélevée et dégagée sur plusieurs kilomètres, c’était véritablement flagrant. Dune-sud était une zone de guerre sinistrée, ni plus ni moins… Peu importait où je promenais mon regard, je ne voyais que des bâtiments éventrés, des routes défoncées, et des gravats partout, de tous les côtés, à perte de vue. En une seule nuit, notre artillerie avait plongé un foyer de population de plusieurs millions d’habitants dans le chaos le plus total.
Était-ce donc pour ça que nous étions venus en Elsweyr ? Pour tout détruire ?
-Popopo le carnage. Souffla l’un des soldats tout en admirant ce spectacle cataclysmique.
-Fallait pas nous faire chier. Commenta un deuxième en observant la banlieue dévastée lui aussi.
-Des millions de civils ont été foutus hors de chez eux… Tempéra prudemment un troisième.
-J’emmerde les civils ! Rétorqua le deuxième en raffermissant sa prise sur son arbalète. C’est tous des terroristes potentiels de toute façon !
-Le bâtiment est dégagé. Conclut le chef de section en se retournant vers moi. On rejoint les autres et on continue. Bonne chance.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 31
06 mai 2021 à 18:25:02

La petite section regagna l’intérieur du bâtiment, et commença à redescendre la cage d’escalier. Le bruit de leurs bottes résonna durant de longues secondes, durant lesquelles mon escorte établit aussitôt un périmètre défensif.
-Non, tu restes à côté de moi, j’ai besoin d’une autre paire d’yeux. Lui indiquai-je alors qu’il semblait déjà vouloir prendre position près de la porte que nous avions emprunter pour arriver sur ce toit.
-Mais… Il faut bien garder l’entrée… Hésita Vinnus.

Je fouillai rapidement dans l’une de mes poches dorsales, en extirpai un parchemin explosif, et le lui jetai.
-Tu fermes la porte et tu le déroules juste derrière. Lui ordonnai-je. Si quelqu’un essaie de passer par là, boum.
-Mais… Et si c’est un allié ? Hésita de plus belle le jeune Impérial.
-C’est un point de tir, et un allié n’a rien à foutre dans notre dos. Par ailleurs, je vais renseigner notre position et notre dispositif défensif, ne t’en fais pas.
-Bon...

Le jeune soldat revint vers moi, alors que j’effleurais déjà mon casque pour mieux donner mes renseignements:
-Clivia pour Uriel six, en position sur le toit du plus gros immeuble du secteur, deux-cent mètres plein sud-ouest de l’insertion. Vous me voyez ?

J’eus droit à un bref silence, au bout duquel la voix de Percius Ostorius s’éleva alors dans mon casque :
-Uriel six pour Clivia, affirmatif, Reman vous voit en ce moment même.
-Clivia pour Uriel six, soyez avertis: placement d’un parchemin explosif à l’entrée de la zone de tir pour couvrir nos arrière. On se met en position.
-Uriel six pour Clivia, bien reçu. Bonne chasse.

Je choisis une position dégagée, déposai mon sac à dos par terre, déployai mon arbalète à répétition par dessus pour avoir un appui convenable, me mis à plat ventre, et tentai de trouver la position la plus confortable possible. C’était con, mais sachant que j’allais probablement rester là pour au moins une heure ou deux, valait mieux pas me taper une crampe ou un engourdissement d’entrée de jeu...
Vinnus m’imita sans traîner, et vint se coucher à ma droite, sa propre arbalète à portée de main, au cas où.
-Uriel six pour Clivia, soyez avertis. Reprit soudain la voix de Percius Ostorius dans mon casque. Le service d’enchantement tactique vient de vous mettre en résonance avec le neuvième bataillon de cavalerie, et également avec le haut commandement de l’opération. Utilisez les indicatifs suivants pour établir la communication au besoin.

Je dégainai aussitôt mon petit carnet tactique, et griffonnai rapidement les indicatifs militaires que m’indiquait l’officier légat. Du coin de l’oeil, j’aperçus bientôt les nombreuses sections de cavalerie remonter le long de l’artère que je surplombais en ce moment même, et commencer leur nettoyage au porte à porte.
-Ils sont où vos collègues ? Questionna Vinnus une fois que Percius Ostorius eut fini de me donner mes contacts de circonstance.
-Tu peux me tutoyer tu sais… Répondis-je tout en déposant mon petit carnet bien en vue, à côté de ma lunette de tir. Et pour te répondre: un peu partout. D’ailleurs, si tu regardes bien les toits des bâtiments environnants, tu devrais en apercevoir quelques-uns, à des intervalles d’environ sept ou huit cent mètres.

Le jeune cavalier se mit aussitôt à scruter les environs d’un oeil inquisiteur. De mon côté, je n’eus pas besoin de chercher bien longtemps pour apercevoir la silhouette trapue de Rexus sur un toit situé à environ six cent mètres à l’est. Et à l’oeil ni, qui plus est. Fallait pas demander le niveau de furtivité de l'animal...
-Uriel trois pour Uriel six, t’es grillé à des kilomètres. Indiquai-je tout en effleurant mon casque de la main gauche. Change de position, imbécile.

Quelqu’un ricana bruyamment dans mes oreilles, bien que j’eus du mal à discerner son identité. Rexus de son côté, ne répondit pas, mais je l’aperçus toutefois changer immédiatement de position au loin. Et ne pus réprimer un sourire moqueur en l’imaginant ronchonner dans sa barbe…
-Uriel six pour Papa Ocato. Lança soudain une voix inconnue dans mon casque. Vous me recevez ?
-Papa Ocato pour Uriel six, Fortis Leovic. Répondis-je.
-Uriel six pour Papa Ocato, c’est bien vous qui êtes chargée de surveiller mon bataillon ? Enchaîna la voix.
-Papa Ocato pour Uriel six, en position et prête à cribler des culs velus. Acquiesçai-je. Quand vous voulez.
-Uriel six pour Papa Ocato, bien reçu, on envoie la sauce.

Plusieurs claquements sourds retentirent dans l’artère en contrebas. Dans ma lunette, j’aperçus différentes sections défoncer les portes des premiers bâtiments, et pénétrer à l’intérieur en formation pour mieux les nettoyer. Au centre de la grande avenue, le reste du bataillon avançait pas à pas, en couvrant le maximum d’espace.
-Papa Ocato pour Uriel six, vous n’avez pas l’air très frais, vous vous êtes bien rasé ce matin ? Questionnai-je en reconnaissant soudain, au centre de la formation, un major d'âge moyen, affublé du traditionnel casque à crête des officiers légats.

J’aperçus aussitôt l’individu sursauter dans ma lunette, et commencer à jeter des regards calculateurs de toutes les directions. Lorsque, enfin, ses yeux pointèrent dans ma direction, et parurent m’apercevoir malgré la distance, son visage sembla partagé entre l'amusement et la consternation.
-Petite comique… Marmonna sa voix dans mon casque, au mépris le plus total des habituelles règles de communication.

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06 mai 2021 à 18:25:16

S’ensuivit une longue observation, durant laquelle je passai mon temps à scruter toits, fenêtres et autres recoins dangereux, à la recherche d’un ennemi qui ne semblait pas décidé à montrer le bout de son nez. Parfois, on entendait résonner un coup de canon dans le lointain, signe que l’artillerie impériale continuait d'harceler de manière sporadique des positions Do’Traaji supposées. Au moins, on avait les communications de la chaîne de commandement pour se distraire, même si ça ne volait pas très haut:
-Xander Borgas pour Magnus premier, apprêtez vous à êtres relevés par Emax trois dans cinq minutes.
-Magnus premier pour Xander Borgas, bien reçu.
-Magnus premier pour Dragus roi, négatif, Emax trois est déjà en position secteur huit-huit-trois-deux-six, et doit lui-même être relevé dans cinq minutes.
-Oh… Dragus roi pour Magnus premier, bien reçu.
-Dragus roi pour Xander Borgas, qui nous relève alors ?
-Xander Borgas pour Dragus roi, aucune idée, et je m’en tape, démerdez-vous.

Évidemment, Vinnus pouffait un rire à chacune de ces erreurs de commandement auxquelles nous assistions, alors que moi de mon côté, ça m’ulcérait plus qu’autre chose. Comment pouvait-on seulement prendre au sérieux tous ces abrutis d’officiers quand ils n’étaient même pas foutus de lire correctement un emploi du temps ? Quand ce n’était pas les unités de reconnaissance qui se plantaient dans leurs rondes d’observation:
-Reman Uriel pour Reman Invel, mouvement suspect secteur huit-six-six-quatre-deux, vous avez un visuel ? Vous confirmez ?
-Reman Invel pour Reman Molag, j’ai un visuel, je confirme. Répondit la voix de Celwen.
-A tous les Reman pour Hestra un, c’est nous bande de débiles profonds… Grommela la voix d’un opérateur de la DRI.

… Ou quand les commandants de bataillons manquaient carrément de se tirer dessus, faute de savoir interpréter une carte tactique.
-A toutes les unités pour Papa Pelagius, contacts multiples secteur neuf-un-quatre-deux-six ! Prêts à engager sur… !
-STOP ! Papa Pelagius pour Zedrick roi, c’est le vingt-deuxième bataillon ! Redirigez-vous immédiatement vers le sud-est et reprenez la progression !
-... A toutes les unités pour Papa Pelagius, on continue la progression…
-Putain mais c’est pas possible… Soufflai-je en quittant ma lunette des yeux et en laissant ma tête s'affaisser contre le sol.

Et dire que j’avais fini par oublier la confusion permanente qui régnait au sein de la grande Légion… Au RAC évidemment, on en était préservé par nature. Nous opérions par petites escouades, et sous une chaîne de commandement ultra réduite. Tout avait été imaginé pour éviter ces erreurs techniques, justement. Or ici, dans un déploiement aussi conséquent, elles s’enchaînaient bon train, et le pire, c’est qu’elles étaient presque inévitables. Une armée aussi immense impliquait des unités et des chaînes de commandements à n’en plus finir. Les intermédiaires et les intervenants se multipliaient de tous les côtés, alors forcément, les erreurs se décuplaient elles aussi. On en aurait presque fini par se tirer dessus entre nous, et ce genre de truc arrivait parfois, d’ailleurs. Et entre temps, au beau milieu de tout ce bordel, l’ennemi continuait de se faire désirer...
-Pfff… On s’emmerde… Souffla Vinnus après une bonne heure passée à couvrir la progression du huitième bataillon.
-C’est pas plus mal, d’une certaine manière. Répondis-je. Quand on se fait chier, c’est que tout va bien.
-Ouais, c’est vrai, mais quand même… Insista le jeune cavalier.

Je continuai d’observer les soldats effectuer leur porte à porte en contrebas. Et eux aussi, ils devaient se faire chier à leur manière. Toujours défoncer les mêmes portes, toujours nettoyer les mêmes cuisines, les mêmes salons, les mêmes chambres… Et c’était justement là le foutu piège, car statistiquement, c’était toujours à la vingtième maison, quand l’attention baissait et que la routine prenait le dessus, qu’un terroriste se décidait brusquement à sortir de son trou. Et évidemment, il prenait tout le monde de cours.
-Papa Ocato pour Uriel six, faites ralentir vos hommes, et dites leur d’espacer la formation avant d’entrer dans un bâtiment. Indiquai-je après quelques instants de réflexion. Je ne peux pas couvrir leur entrée s' ils passent dans ma ligne de tir, et par ailleurs, ils vont vraiment trop vite. Je sais que c’est redondant, et que ce n’est pas à moi de vous dire comment gérer votre bataillon, mais il suffit d’un seul Tiber planqué au mauvais endroit pour dézinguer toute une section. Mieux vaut qu’ils prennent leur temps, et continuent de s’appliquer, plutôt que de foncer dans une embuscade.

Vinnus me fixa avec des yeux ronds, et n’osa même plus respirer durant plusieurs secondes.
-Mais… Tu fais la leçon à un putain de major ? Lâcha-t-il entre deux sessions d’apnée.
-Uriel six pour Papa Ocato, vous avez raison, on ralentit l’allure. Répondit toutefois l’intéressé.

Vinnus parut étouffer. De mon côté, je me contentai de lui adresser un clin d’oeil arrogant, et de tapoter de l’index mon patch du RAC.
Les minutes filèrent, puis les heures. Bientôt, le huitième bataillon approcha de la fin de l’artère, et sembla sur le point de clôturer le nettoyage de ce secteur.
-Papa Ocato pour Uriel six, vous vous apprêtez à quitter ma zone de couverture. Indiquai-je tout en effleurant mon casque de la main gauche. On va bouger pour trouver un autre point d’observation.
-Uriel six pour Papa Ocato, bien reçu, on ralentit un peu la cadence en attendant. Tenez nous informés quand vous êtes en position.
-Allez. Indiquai-je à Vinus.

J’étais sur le point de me relever lorsque ce dernier, resté à observer nonchalamment la grande artère, se raidit d’un seul, et m'agrippa le bras.
-Non ! Attends ! Il y a quelque chose qui vient de bouger dans le fond ! Lança-t-il frénétiquement.

Je me remis aussitôt en position de tir, et collai mon oeil dans ma lunette grossissante.
Là, à environ sept cent mètres de distance, tout au fond de la grande avenue, une bande de petits Khajiits venait subitement de sortir de l’un des bâtiments délabrés, et de se mettre à jouer au ballon en plein milieu de la rue.
-A toutes les unités pour Uriel six, soyez avertis: multiples contacts à une centaine de mètres droit devant vous. Lançai-je aussitôt tout en effleurant mon casque. Cinq… Non six enfants Khajiits qui jouent au ballon.

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06 mai 2021 à 18:25:30

J’aperçus les soldats se réorganiser immédiatement dans ma vision périphérique. Hélas, la plupart d’entre eux étaient encore dans les bâtiments bordant la grande artère… De mon côté, je continuai de scruter attentivement le petit groupe d'enfants. A priori, je n’aurais pas dû être alertée par ce spectacle insignifiant. Bien malgré l’ordre d’évacuation donné par la Légion aux civils de la zone, il était fréquent que certains d’entre eux préfèrent rester chez eux malgré tout, dans ce genre de circonstances, aussi avions-nous pour ordre d’identifier clairement nos cibles avant toute neutralisation. En l'occurrence, je n’aurais pas dû m’émouvoir de l’apparition de quelques gosses jouant à la balle. Sauf que…
-A toutes les unités pour Uriel six, soyez avertis: l’un d’entre eux se tient bizarrement ! Lançai-je soudain, alertée par l’allure de l’un des enfants. Il a l’air de cacher quelque chose sous sa tunique !

Je perçus clairement la respiration de Vinnus se couper juste à ma droite.
-A toutes les unités pour Uriel six, il a des parchemins explosifs collés partout sur lui ! Enchaînai-je en reconnaissant brusquement la forme caractéristique des papiers enroulés sous les vêtements. Je répète, il a des parchemins explosifs collés partout sur lui !
-Uriel six pour Clivia, vous êtes sûre de votre identification ? Répondit aussitôt la voix tendue de Percius Ostorius.
-Clivia pour Uriel six, quelqu’un a un visuel ? Quelqu’un peut confirmer ? Insistai-je, sentant déjà la frayeur me gagner.
-Uriel six pour Reman Molag, négatif, vous êtes hors de ma zone de couverture. Répondit la voix de Celwen.
-Uriel six pour Reman Invel, pareil… Renchérit une autre voix.
-Putain de merde… Soufflai-je, prise de cours.
-Uriel six pour Papa Ocato, on a un visuel sur eux, mais impossible d’identifier le Tiber suspect depuis notre position.
-Uriel six pour Clivia, vous êtes la seule à avoir une ligne dégagée. Conclut brutalement la voix de Percius Ostorius. A vous de voir.

Impossible de me mentir plus longtemps à moi même: j’étais terrifiée, incapable de bouger, et en même temps, incapable de lâcher du regard ce petit groupe d’enfants à l’allure si insignifiante.
-Teleri… Qu’est-ce que tu… Hésita Vinnus, aussi tétanisé que moi. Comment on…
-Allez, reste avec les autres… N’approche pas… Murmurai-je dans le vide, priant les Divins que le petit Khajiit, qui avait vraisemblablement été choisi pour une mission suicide, ne mette pas à exécution le plan macabre pour lequel l’avaient préparé les Do’Traaji.

Les enfants jouèrent naïvement à la balle durant plusieurs secondes, loin de se douter que se cachait parmi eux un kamikaze probablement recruté par la force. Hélas, ce qui devait arriver arriva: l’un des gosses mit soudain un gros coup de pied dans la balle, qui fila aussitôt en direction du huitième bataillon. Pendant plusieurs secondes, je crus que la présence des Légionnaires dissuaderait les petits Khajiits d’aller chercher leur balle, et que peut-être, le danger s’arrêterait là. Sauf qu’ils étaient encore trop jeunes et trop naïfs pour craindre les cavaliers Impériaux. C’étaient des enfants. Ils ne devaient pas avoir plus de six ou sept ans...
Plus joueurs que jamais, les petits Khajiit se lancèrent alors à la poursuite du ballon, droit vers les soldats. Ce fut à ce moment précis que le petit “élu” mit son terrible plan à exécution : au dernier moment, alors que ses congénères arrivaient au niveau de la balle et recommençaient à jouer naïvement, il continua sa course, et commença brusquement à sprinter en direction des cavaliers.
Je sentis ma respiration s’arrêter d'un seul coup. S' il faisait seulement quelques mètres de plus, il serait à portée des soldats. Mais si j’agissais maintenant, par contre, alors qu’il était toujours aussi proche de ses camarades....
Mes muscles se crispèrent, mon arbalète claqua, le carreau fila.
Moins d’une seconde plus tard, une déflagration assourdissante souffla entièrement le fond de l’artère, projetant de tous côtés poussière, gravats… Et membres déchiquetés...
-A TERRE ! À TERRE ! Crièrent plusieurs voix au sein du huitième bataillon.
-Putain de merde ! S'écria Vinnus, surpris par la violence de l'explosion.

J’eus l’impression que la scène avait duré une éternité... Quand la poussière retomba enfin, et que le calme revint petit à petit au sein de la grande artère, le constat fut sans appel: Les cavaliers étaient tous en vie, et prêts à continuer leur progression.
Les petits Khajiits, par contre…
Je n’eus même pas le temps de changer de position, ni d’anticiper quoi que ce soit en fait. D’un coup, je me mis à vomir, rattrapée par ce que je venais de faire. Mes oreilles sifflaient, mes membres tremblaient... Je n’arrivais même plus à bouger, à respirer…
-Uriel six pour Clivia, sacré tir. C’était pas une décision facile… Conclut la voix de Percius Ostorius dans mon casque.
-A toutes les unités pour Papa Ocato, affirmatif, on reprend la progression. Enchaîna la voix du major comme si de rien n’était.

Lorsque je me décidai à jeter un nouveau coup d’oeil dans ma lunette grossissante, et surtout, lorsque j’en fus capable, j’eus l’impression qu’on venait de m’arracher une partie de mon humanité.
Là où se trouvaient auparavant les petits Khajiits innocents, il n’y avait plus que des gravats, des lambeaux de vêtements, et d’autres choses que j’aurais préféré ne jamais voir de ma vie…
-T’as fait ton travail, tu leur as sauvé la vie...Tenta de me rassurer Vinnus.

Je ne répondis rien. J’en étais tout simplement incapable.
Était-ce vraiment pour ça que j’avais signé à la Légion Impérial, à la cavalerie, au RAC ?
Un jour, il y avait déjà bien longtemps, je m’étais engagée pour servir l’Empire, défendre ses frontières, sauver des vies. C’était ce en quoi je croyais à l’époque.
Et depuis tout ce temps, quel chemin avais-je pris ? Qui étais-je devenue ?
Aujourd’hui, je venais d'accomplir une mission pour laquelle je recevrai probablement une médaille, un jour :
Je venais de tuer six enfants innocents, pour la gloire de l’Empire…

Message édité le 06 mai 2021 à 18:28:11 par BlackDeViL24
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