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Sujet : la Horde du Contrevent

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Macgeek Macgeek
MP
Niveau 10
14 octobre 2010 à 20:19:16

Et Damasio s'explique justement sur la fin, il veut faire comprendre que c'est le parcours et non le but en soi qui prime

:d) Pas besoin des explications de l'auteur, c'est dit clairement dans le bouquin

GiZeus GiZeus
MP
Niveau 10
14 octobre 2010 à 22:59:27

OK Suledhel. En fait c'était en réaction à One Piece, pas la tienne, et je t'ai malheureusement embarqué dans le même panier, ce qui est d'une débilité profonde puisque je n'ai pas lu la Tour Sombre.
Dans mes souvenirs, lointains, Damasio ne se justifie pas explicitement dans le bouquin. Mais j'arrête de faire ce que je déteste quand cela m'arrive, c'est à dire parler d'un bouquin, et notamment de la fin, à quelqu'un qui ne l'a pas lu et le lira certainement comme tes dires semblent l'avancer.

Donc bonne lecture ;)

monzetsu monzetsu
MP
Niveau 9
19 octobre 2010 à 08:58:09

je l'ai fini et j'ai trouvé la fin bonne ,

SPOILER

surtout la mort des personnage en particulier celle de gogol et de pietro qui était super émouvante

fin de spoil

Macgeek Macgeek
MP
Niveau 10
27 octobre 2010 à 23:23:01

:spoiler:

Ceux qui m'avaient le plus touché, c'était les deux frères jumeaux je pense. Même si on les avait peu vus, je m'y étais vraiment attaché.

:spoiler:

levinet levinet
MP
Niveau 9
21 janvier 2011 à 23:47:53

Je viens de le finir. Je m'attendais à pas grand chose, livre peu connu, auteur mystérieux....
Quelle claque.
Une épopée difficile à classer. Une trame de fantasy plutôt classique dans un monde très original, un univers peu décrit si ce n'est son principal élément: le vent.

Ce qui détonne dans ce bouquin, pour de la fantasy en particulier, c'est le style. Riche, complexe, parfois à la limite de la poésie en prose, la plume de l'auteur est acérée et savoureuse bien que parfois un rien prétentieuse.
On sent derrière chaque phrase la recherche du mot juste et un soucis réel de perfection.

Quête de fantasy philosophique, comptant 23 personnages dont une partie narre l'histoire, la Horde du Contrevent est une œuvre vraiment à part. Une ode au dépassement de sois et à l'abnegation.
Le style fouillé, les néologismes et l'abondance de personnages évoluant dans un univers peu décrit en déconcertera plus d'un. Ce n'est pas un livre que je conseillerais aux débutants ni aux lecteurs trop jeunes.

Plutôt original, extrêmement bien écrit, emprunt d'une aura particulière, La Horde du Contrevent se place sans trop de mal au panthéon de ma fantasy.

levinet levinet
MP
Niveau 9
21 janvier 2011 à 23:52:26

Il faut impérativement que j'arrête de poster bourré, ma critique est à chier et complétement incompréhensible T.T

Thad_Beaumont Thad_Beaumont
MP
Niveau 10
29 mars 2011 à 04:59:26

Terminé hier.

Il m'a fallu 150-200 pages pour être dedans, mais ça vaut le coup. Une sorte d'Alchimiste Fantasy (en bien mieux). Bien écrit, intense (surtout les deux derniers tiers).

J'aurais bien voulu plus d'infos sur les Poursuiveurs, mais bon.

A lire au moins une fois.

Vernoo Vernoo
MP
Niveau 4
07 avril 2012 à 00:57:09

J'ai eu la chance de pouvoir présenter ce livre lors d'un oral (je suis en Lettres Modernes). J'étais pas très content de moi (l'impression de laisser de côté plein de choses...) mais ça m'a quand même valu 19. Le voici si ça intéresse quelqu'un :

Alain Damasio : La Horde du Contrevent

1. L'auteur :

Alain Damasio, né Alain Raymond le 1er août 1969 à Lyon, est un écrivain français de science-fiction. Après avoir intégré une gande école de commerce, il abandonne ses études et choisit de s'isoler dans le Vercors et en Corse pour s'adonner à l'écriture. Auteur engagé, son domaine de prédilection est l'anticipation politique. Il marie ce genre à des éléments de science-fiction, de fantasy. Jeune, il écrit de nombreuses nouvelles. Son premier texte long est La Zone du dehors (écrit en 1999 et remanié en 2007), roman d’anticipation qui s’intéresse aux sociétés de contrôle sous le modèle démocratique (inspiré des travaux de Michel Foucault et Gilles Deleuze).
Son second roman, La Horde du Contrevent (2004), fruit de 7 ans de travail dont plusieurs années d'isolement, est un livre-univers inclassable à mi-chemin entre SF, fantasy, merveilleux et poésie. Il rencontre un vrai succès public et critique et remporte le Grand prix de l'Imaginaire 2006.

2. Intrigue

L’intrigue se déroule sur une Terre sans cesse poncée par le vent, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Ce vent féroce et ininterrompu est à la base de toute la civilisation, et même des questionnements philosophiques : il transperce des villages construits obliques ou en goutte d’eau dans lesquels des « airpailleurs » tamisent le souffle pour en récolter des graines charriées, il fait tourner des éoliennes, pousse des chars à voile et d’autres navires improbables…
En extrême-aval de ce monde, puisque celui-ci est pensé comme un segment de terre bien défini, est formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter à pied, « rafale en gueule », leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.
Le roman retrace le parcours de la 34ème Horde du Contrevent, constituée de membres aux tâches bien définies. Ainsi suit-on Sov le scribe, Caracole le troubadour, Oroshi l’aéromaîtresse, ou encore Golgoth le traceur. Autant de néologismes inconnus (le roman en est gorgé) qui feront peu à peu sens. Ainsi le lecteur est littéralement largué dans ce monde aux codes sans précédents dans la fantasy ou la SF, expérience complétée par une mise en page et une forme inédite.

Pour présenter ce roman, j’articulerai mon exposé autour de trois axes :

I) Tout d’abord le style et la forme, concomitantes au récit.

II) C’est un livre-univers, avec une mythologie et un vocabulaire propre. Mais c’est aussi un audacieux mélange des genres (roman d’aventures, de science-fiction, de fantasy, de poésie également).

III) Alain Damasio, auteur très engagé, a voulu faire de ce livre un écrit de combat, pas politique à proprement parler mais « polytique », délivrant une véritable philosophie de vie.

I) Cet ouvrage est également un livre-objet, l’édition de la Volte le proposait ainsi avec une bande sonore qui devait lier écrit et musique. Le CD est une véritable bande originale du livre, à savoir un album entièrement composé à partir du roman pour en déployer l’univers, pour le représenter, par le son ce sens très puissant « faire vivre un disque-univers qui réponde au livre-univers, qui en soit l’écho autonome, automoteur ». Je n’ai pas pu l’écouter mais à la lecture du roman, dont l’écriture joue des assonances et des allitérations ainsi que des perceptions sensorielles en général (voir page 1), le rapprochement avec la musique est évident.
Originalité de la forme : la numérotation des pages. En effet celle-ci est à l’envers ! Le roman débute à la page 700, et se termine à la page zéro. Cela va de pair avec le récit de cette Horde qui remonte vers l’aval de leur monde, vers l’origine du vent, jusqu’à l’accomplissement de la quête. Décroissance logique (géographique) ? Ou symbolique pour en souligner l’apparente absurdité ?

Autre singularité, essentielle au roman cette fois-ci : la polyphonie, ou narration à plusieurs voix. On peut constater que chaque bloc de texte est introduit par un symbole, qui désigne un hordier (voir marque-page). Elle indique sa prise de parole.
La Horde du Contrevent fonctionne donc avec sept à huit narrateurs réguliers, dotés d’un style propre, d’une syntaxe spécifique, avec des registres et un vocabulaire différents, une appréhension physique du monde... Ce chiffre monte à 22 lors d’une scène ! (voir siphon) (p.401)
Ce roman peut être considéré comme un gigantesque exercice de style, qui ne se résume pas à un défi littéraire mais participe réellement à un sens profond comme nous le verrons par la suite.
Le scribe Sov, narrateur le plus récurrent, s’exprime dans une prose classique. Pietro le Prince est caractérisé par des phrases courtes qui illustrent son altérité morale et sa stature. Golgoth s’exprime quant à lui dans un charabia argotique vulgaire et imagé que ne renierai pas Céline. Caracole le troubadour, personnage étrange et fantasque, joue sur les mots en permanence, inverse des syllabes, fait jouer les sonorités, insert de la poésie en vers dans ses discours (voir joute littéraire page 323)… Au-delà du style c’est aussi la perception d’un même évènement qui diffère suivant le narrateur. Oroshi l’aéromaîtresse (spécialiste du vent) s’attardera sur la transcription sensuelle des salves et des rafales quand Silamphre l’artisan du bois permet des passages où la musicalité et l’attention aux sons environnants vont primer (p. 184). Aoi : style aquatique : p.437.

Chaque paragraphe est retranscrit au travers des yeux et de la conscience de l'un des personnages, chacun a son caractère et ses pensées propres, ce qui nous permet au fur et à mesure de littéralement "vivre" l'aventure avec les personnages, auxquels on s'attache forcément plus ou moins.
Pour écrire, l’auteur a besoin de se « peupler » :
« J’ai besoin d’habiter, de hanter et de me laisser hanter par plusieurs cerveaux, plusieurs corps dont l’un
entend tout, l’autre ne voit que les couleurs, le troisième ne sent que les masses, une chair douce, un corps brutal » « Et j’ai besoin de plusieurs langues, styles, registres, argots qui traduisent ces perceptions en éclats du monde. La polyphonie narrative est en outre une ressource extraordinaire en termes de dynamique, de rythme, de décalage constant. Passer du cerveau de Golgoth à celui d’Aoi enrichit la lecture, les scènes, l’appropriation sensuelle de l’univers. Et c’est plus que tout être fidèle au réel, qui est cet éclatement, cette incompréhension des consciences. »
En outre il affirme que les écrivains sont des individus « exocentrés », au contraire du narcissisme, peuplés par leurs personnages (Deleuze) et capables ainsi de leur donner chair et sang au travers du livre.
Admirateur de Mallarmé, dont il cite Un coup de dés jamais n'abolira le hasard dans un entretient, Damasio s’inspire de la poésie contemporaine, et plus particulièrement de la typoésie, genre poétique qui a recours aux lettres, à la ponctuation, aux signes et aux notes : le sens joue avec la forme, il naît d’elle et l’impose. Il en fait une utilisation intéressante pour noter les circonvolutions du vent, qui espace, supprime ou brouille les mots. Les phrases sont physiquement modulées par les rafales. Page 161 : Silamphre meurt et son âme est dispersée par le souffle (éthéré et émouvant)
Les symboles sont utilisés pour retranscrire ce qui ne peut passer par l’écrit, telles que les différentes formations de la Horde pour faire face aux bourrasques (page 672, 656, 654) ou encore les différents formes du vent qui sont au cœur même de l’aventure. Ainsi il développe tout un système à base de ponctuations pour décrire le flux : une turbulence sera notée ¨ la bourrasque ` la rafale sauvage ! La salve ‘ Intégrés dans le texte, ces symboles permettent au lecteur averti une perception sensitive du vent. La ponctuation, qui est le soubassement rythmique des phrases se fait la partition d’une nature déchaînée. Il existe en effet une analogie très forte ente l’écoulement des syntagmes et celui d’un vent sur un relief qui serait fait d’adverbes, de groupes nominaux, de conjonctions… « Le rythme senti est le même que celui d’une écriture : la virgule, c’est une décélération du rythme, ça ralentit la lecture, l’apostrophe, c’est un saut aérien, une turbule et les points, ce sont des grains, c’est le vent chargé de sable… Tout se répond. »

Le style et la forme rejoignent le fond : un groupe d’aventuriers disparates et noués qui avancent contre le vent. Le système polyphonique donne une consistance à chaque individu, multiplie les points de vue, mais surtout immerge le lecteur : la lecture se fait pont entre l’écriture et la chair active des corps.

Vernoo Vernoo
MP
Niveau 4
07 avril 2012 à 00:58:26

II) La Horde du Contrevent est qualifié de « livre-univers », en effet c’est tout un monde qui prend vie au travers d’un vocabulaire, d’une géographie, et d’une mythologie inventée. Créativité de Damasio, qui parvient à fabriquer un monde habilement centré autour du vent. La technologie, les moyens de locomotion, la faune et la flore et même le questionnement philosophique, tout est influencé par un vent qui dépasse de loin le simple statut de "mouvement de l'air".
Les néologismes sont très nombreux et bien souvent non expliqués mais ils sont quasiment ressentis, signifiant et signifié en un seul mot. Le « Furvent », le pus furieux et dangereux des vents. Les « aéromaîtres » sortes de philosophes du vent. Les « muages » divinités du ciel fantasmées et mouvantes. On retrouve ces néologismes dans les fonctions des hordiers, ainsi Aoi est une « sourcière », dont la charge est de trouver de l’eau pour le groupe. Callirhoé est « feuleuse », experte dans l’allumage des feux. Golgoth est « traceur », il choisit le chemin à emprunter.
Damasio invente également des civilisations : les Obliques qui vivent dans des maisons construites en pisé pour résister au vent. Les Fréoles, des nomades qui parcourent le monde sur des navires à hélices ou encore les airpailleurs, paysans du vent qui tamisent le souffle pour récupérer les résidus volants.
L’auteur s’est adonné à des recherches documentaires et scientifiques rigoureuses : en mécanique des fluides, en aérodynamique, en vol à voile et planeur, char à voile et aéroglisseur, architecture, lancer de boomerang, adaptation végétale sous le vent, éoliennes… « On lit beaucoup, beaucoup de choses dans beaucoup de domaines et c’est d’ailleurs le côté le plus cool, le plus sympa de la création des livres-univers : se cultiver tout en sachant qu’on va s’en servir, détourner, travestir pour réutiliser. J’adore surtout absorber un vocabulaire nouveau. Par exemple en aérodynamique, les termes sont magnifiques : turbulence de sillage, rotor, vortex, traine tourbillonnaire, effet de cisaillement… »
En résulte un jargon spécifique et étonnamment cohérent, qui fait peu à peu sens.
Ce monde étrange et soumis à un souffle permanent donne naissance à des mythes fondateurs surprenants : page 234. Vent façonne le monde.
De plus l’auteur développe une théorie où chaque objet et être vivant est en fait constitué de vent concentré, dont la vitesse et la densité serait propre à chacun : le Vif.
« Je me suis dit : ce roman ne sera qu’un bon livre d’aventure si tu te contentes de prendre le vent comme une force extérieure, comme l’ennemi à combattre. Le vent ne prendra sa vraie matière, sa vraie puissance, que s’il est tout autant intérieur à chacun, qu’il est même d’abord vent intime hyper véloce - c’est-à-dire le vif, l’âme active du vivant. »
Cette inventivité n’est pas sans conséquences : le roman est exigeant et n’hésite pas à perdre le lecteur dans son jargon et ses concepts. Mais de cette exigence de lecture naît paradoxalement l’immersion.
Autre point intéressant : le mélange des genres : bien que qualifié de roman de science-fiction, on a bien du mal le faire rentrer dans une seule et unique catégorie. L’histoire se déroule dans un monde autre que le notre à la temporalité incertaine, les évènements que l’on pourrait qualifier de fantastiques trouvent une explication logique dans la science du vent propre à cet univers.

Toutefois le thème de la quête, souche narrative ancienne et puissante est utilisée, ce qui le rapproche de la fantasy. La narration, bien qu’éclatée demeure ainsi linéaire.
La narration subjective permet l’introspection. Au début unis par leur but commun et totalement soumis à la communauté, les hordiers peu à peu s’individualisent et parviennent, pour certains d’entre eux, à s’interroger sur le sens de leur marche inexorable vers l'Amont. Le récit s’étale sur une dizaine d’années et les personnages font face à la mort, l’amour, le désir d’enfanter, le vide béant qu’a été l’arrachement à leurs parents et leur enfance volée. Nomades perpétuels, aux méthodes archaïques puisqu’ils avancent uniquement à pied, leur irruption dans des communautés sédentaires interroge les mécanismes d’une vie normale.
C’est donc également le roman d’une quête intime, propre à chacun, de leurs confrontation avec la nature et leurs doutes (Qu’est-ce qu’être en vie ? Sans doute le thème central du livre) résulte une évolution des personnages. En cela on pourrait le rapprocher d’un Bildungsroman, en effet la « formation » n’est pas seulement au cœur du roman, elle est également destinée au lecteur comme on le verra dans la dernière partie.

III) La narration à plusieurs voix induit un idéal cher à Alain Damasio. Présente dans son premier roman, elle est à l’image de la « polyphrénie » profonde de l’être humain, qui multiplie des strates schizophrènes à la manière d’un film de David Lynch. Nous sommes d’autant plus vivants que nous pouvons multiplier ces strates, Deleuze parle d’une capacité de peuplement propre à l’écrivain. En outre, la vérité ne peut venir d’une seule et unique personne, elle réside dans la multiplicité des êtres.
La Horde du Contrevent est une quête collective et polyphonique où la dimension politique est vécue de l’intérieur, en acte. Là où la Zone du Dehors était un livre politique qui cherchait à répondre à cette question lourde : comment se révolter, à la charnière du siècle, contre une nouvelle forme de pouvoir qui opère sur les corps et les esprits pour les dévitaliser, les désertifier, les affadir ? Comment libérer les forces de vie partout où elles sont emprisonnées ? La Horde poursuit à sa façon en se demandant « Qu’est-ce qu’être en vie ? ». La réponse, au fil du livre, immanente, serait : être en vie, c’est être en mouvement et c’est être lié.
« Changer d’état, changer de sensation, de pensée, rompre avec une routine, c’est être en vie et le vent, c’est précisément ça. »
Ce qui reste clairement politique dans la Horde, c’est le privilège accordé au combat et au vitalisme. Rien ne vaut que ce qui s’obtient par le combat. C’est une leçon nietzschéenne. Le roman doit beaucoup aux trois métamorphoses du Zarathoustra. Passer du « tu dois » propre au chameau qui porte les valeurs établies de son siècle au « je veux » du lion qui s’affranchit et veut créer ses propres voies, puis au « je crée » de l’enfant, l’enfant-joueur, inventeur, la « roue qui tourne d’elle-même ». Il introduit directement dans le texte cette parabole philosophique (page 255) sous forme d’un conte du troubadour.
En outre il qualifie la littérature de l’imaginaire, et l’innovation littéraire en général d’acte de résistance. À une époque où la mass-médiatisation des signes et des valeurs est si intense qu’elle génère des « copies qu’on forme », des personnalités patchwork, « peinture bariolée de tout ce qui a jamais été cru » comme le dit NIETZSCHE, pouvoir s’abstraire de ces répétitions, de la reprise du déjà-fait, déjà-vu, déjà-lu, est selon lui en soi un acte politique fort. La syntaxe et le style doivent impulser une énergie nouvelle dans le lecteur, et c’est précisément ce sentiment grisant de liberté que j’ai ressenti à la lecture du roman.
Le lien entre les êtres est le second grand axe philosophique du livre (le premier est le mouvement, vous l’avez compris) traverse l’épaisseur du livre (il y a un style lié et délié, une continuité narrative et des ellipses brusques, des personnages porteurs du lien, d’autres là pour les couper, etc.)
La Horde contrairement à la « Zone du Dehors », n’a rien d’une anticipation, elle est posée hors temps et hors espace. Le registre est clairement symbolique. Le vent vaut pour la vie même, avec sa polysémie, sa souplesse, ses métamorphoses incessantes, le combat qu’elle implique. Chercher l’origine du vent n’a guère plus de sens que d’essayer de comprendre la naissance du vivant. Mais l’affrontement, la prise en corps du vent, la recherche aérologique, le combat, eux valent pour eux-mêmes, de façon immanente. Damasio voulait un mythe de Sisyphe au fil duquel, comme le dit Camus, on puisse « imaginer Sisyphe heureux. »
« L’irruption de « real philosophie » dans le récit, amène à reconnaître que Nietzsche est capable de survivre à des millénaires d’humanité. Lointain futur alors ? La Horde est hors temps, ni uchronie, ni anticipation, elle apporte sa propre durée. Pourquoi Nietzsche alors ? Parce que je crois qu’à son niveau d’intensité et de vérité, Nietzsche peut s’inviter dans l’imaginaire de n’importe quel monde, qu’il a cette capacité à être l’intempestif de tout récit, de toute fiction. »

BayoReboot BayoReboot
MP
Niveau 10
07 avril 2012 à 10:57:48

Tu as largement mérité ton 19 :(

eaglestorm eaglestorm
MP
Niveau 10
07 avril 2012 à 11:43:04

1 point en moins que la perfection car tu as oublié de mentionner l'existence des chrones, qui sont pourtant à la fois récurrents et importants.

Peut-être qu'un jour ce livre sera étudié au même rang que les classiques au lycée?

Vernoo Vernoo
MP
Niveau 4
07 avril 2012 à 15:04:32

Je l'espère aussi ! J'ai été agréablement surpris quand le prof nous a fait étudier plusieurs passages de la Zone du Dehors dans le cadre d'un chapitre sur les écrits de combat.

Pour les chrones c'était volontaire, je n’arrivais pas à en parler convenablement, il faut dire que les théories de Damasio sur le vif sont assez fumeuses.

Voilà ce que Damasio en dit :

"Les chrones, à l’origine, viennent de mes lectures sur le temps. Je cherchais un concept de temps qui ne soit ni linéaire ni même rétrolinéaire (voyage dans le temps), un temps doté dune viscosité particulière telle qu’on peut l’approcher chez Bergson (voir son concept extraordinaire de durée). Ce sont des concepts vivants, en effet. J’en ai créé une trentaine pour la horde, dont seulement trois ou quatre sont mentionnés dans le livre. Les chrones sont avec le vif le vrai sujet du tome II : pure puissance métamorphique. Psychrones, cychrones, autochrones, antéchrones, etc, jai dressé une typologie précise, que j’utiliserais peut-être pour « les furtifs » dans mon prochain livre.

Les seuls chrones que j’ai rencontrés sur terre sont des émotions. Et j’en héberge parfois un certain nombre, qui ne cessent de modifier ce qu’ils traversent en moi."

_Vanaheim_ _Vanaheim_
MP
Niveau 10
07 avril 2012 à 15:10:50

C'était quel combat ? Celui vs Silène ? :bave:

Vernoo Vernoo
MP
Niveau 4
07 avril 2012 à 15:13:27

par écrit de combat je voulais dire "littérature engagée" ^^ son premier roman est très orienté politiquement.

J'aurais pu parler du combat contre Silène ouais, ce passage m'a toujours fasciné, on se croirait devant un manga !

eaglestorm eaglestorm
MP
Niveau 10
07 avril 2012 à 19:27:50

"Les chrones sont avec le vif le vrai sujet du tome II".
Une suite serait prévue???

Ce que j'ai trouvé bizarre c'est le Corroyeur. Ok c'est un autochrone changeant sans cesse d'aspect et de "mentalité", mais entre la version planquée dans la zone de combat lors de la confrontation Erg/Silène qui décide d'agir (pour quelle raison d'ailleurs, puisqu'il fait partie de La Poursuite comme Silène) et la version Chose sans volonté uniquement attirée par les vifs qui est affrontée par la suite, j'ai quand même trouvé que c'était difficile à admettre qu'il s'agisse du même ennemi.

Vernoo Vernoo
MP
Niveau 4
08 avril 2012 à 10:48:51

:spoilers:

L'auteur a déjà réfléchi au tome 2, il raconterait l'histoire de Sov, qui reformerait la horde disparue à l'aide des glyphes. Il parlait notamment d'une idée assez cool : un Sov aveugle qui tracerait des glyphes dans le vent, sabre à la main (son signe est une lame courbée je vous le rappelle : ")". On peut supposer qu'il devient un expert en aérologie.
Ce serait l'inverse du cône narratif du premier tome : une Horde qui passe de 1 à 27, et des pages numérotées dans le bon sens ! D'où l'insistance sur sa capacité de peuplement et du lien qui l'unit aux autres.

:spoilers:

Sinon c'est vrai que le Corroyeur est assez incompréhensible, mais bon il est présenté comme à la fois extrêmement intelligent et bête.

Vernoo Vernoo
MP
Niveau 4
08 avril 2012 à 10:52:44

Par contre pour le tome 2 il faudra attendre, son prochain roman n'aura rien à voir. Un hypothétique projet donc. Et quand on sait qu'il met sept ans à écrire un bouquin... :-(

_Vanaheim_ _Vanaheim_
MP
Niveau 10
08 avril 2012 à 14:57:30

Il me semble qu'il a abandonné son 2eme tome.

Sinon pour le Corroyeur aussi c'est bizarre, il est censé ne pas avoir de conscience.

eaglestorm eaglestorm
MP
Niveau 10
08 avril 2012 à 15:37:20

SPOILERS!!!

Ce que je voudrais voir figurer dans le tome 2 c'est ce qui va se passer entre Sov et l'Hordre (et ses 3 différentes phalanges). En effet, il serait le premier à revenir faire son rapport, avec des révélations incroyables. Mais tout comme Ne Jerkka était déjà au courant, on peut supposer que l'Hordre, ou une partie de ses membres, l'est aussi, et qu'il aurait plutôt intérêt à faire taire le Scribe.

En effet, le but de l'Hordre est la décrouverte de l'Extrême-Amont. Si ce dernier n'existe pas, alors l'Hordre n'a plus aucun pouvoir et de raison de rester en place. Il lui faut donc continer de faire "comme si" pour ne pas être dissous.

Que l'Hordre soit déjà au courant que l'Extrême-Amont n'existe pas (ce que je pense, et de nombreux éléments du bouquins le laissent croire) ou que ce soit Sov qui le lui apprenne, dans les deux cas la nouvelle n'est pas acceptable: il faut "étouffer l'affaire" en supprimant Sov, et rebâtir une nouvelle horde en espérant qu'elle n'ira pas au bout - et en faisant tout pour qu'elle n'y arrive pas - afin que l'Hordre puisse continuer d'exister.

Sov devrait donc fuir, car qui d'autre pourrait le croire puisqu'il était enfant quand il est parti d'Aberlaas? Personne ne pourrait le reconnaître et certifier qu'il s'agit bien de lui! Je pense que Sov est assez malin pour ne pas aller "faire son rapport" et se jeter dans la gueule du loup. Après que peut-il faire, qu'est-ce que son "fils" peut faire? Voilà qui ouvre bien des perspectives...

Atomka Atomka
MP
Niveau 10
08 avril 2012 à 17:28:31

Tu m'as redonné envie de lire ce roman. Cette œuvre qui est celle qui m'a le plus coupé le souffle. J'en suis sorti différent, je donnerais tout pour revivre ce que j'ai ressenti à la première lecture. Analyse complète et bien menée même si j'aurais personnellement aloué une partie à la quête philosophique, celle de la vie, mais aussi à l'amour de Damasio pour les mots. C'est drôle car tu as fait un rapprochement avec le cinéaste que j'adule le plus et ça je n'y avais pas du tout pensé. Lynch, Damasio, Turner; qui dirait-on peint cette terre poncée par le vent. Mais aussi Friedrich. À la toute fin lorsque Golgoth se pose devant la mer de nuage, Damasio s'est clairement inspiré de son tableau le plus célèbre. Merci pour cette étude et pour nous l'avoir fait partager.

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