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Sujet : Ici, on poste un extrait de son projet en cours !

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--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
19 octobre 2018 à 22:50:20

Voile noir.
Pour la première fois depuis longtemps, j’avais froid. Terriblement froid. L’acier de mon corps pénétrait tout ce qu’il me restait de chair, le peu qui survivait, comme un miracle. Où aller ? Où tomber plutôt, puisqu’avec le froid, la sensation de chute m’avait agrippé, sans faiblir, sans faillir.
Chute.
Le dernier souvenir de chute remontait à l’accident. La nuit, aussi, avec le verglas et le virage mal négocié, la terreur qui me propulsait, corps à travers le tableau de bord, le pare-brise, le capot. Le vide. Voile noir, froid, mort. Peur. Surtout la peur.
- Aucune de tes sensations n’est réelle.
Qui es-tu ?
- Personne. Je ne suis personne. Je n’ai pas d’existence en propre ; pourtant, je suis.
Qu’est-ce que tout cela signifie ?
- Tu ne m’as pas vraiment laissé le choix. Je t’ai remarqué depuis longtemps. Christian, sais-tu le nombre d’années, de mois, de semaines, de jours, d’heures, de minutes et de secondes que j’ai passé à t’attendre ? Non, évidement, tu n’en as aucune idée. Pourquoi y aurais-tu songé ? Pauvre Christian… Qu’est-ce qu’ils ont fait de tes souvenirs ? Tout est détruit…
Je le répète : qui es-tu ?
- Ne cherche aucune logique. La logique est absente de ce jeu. La logique est souvent absente du jeu des humains. Tout serait plus simple ainsi… Mais pourquoi a-t-il fallu qu’ils effacent tout ? Etait-ce vraiment nécessaire ? Tout est à refaire. Rien n’est valable… Un accident de voiture, hein ? J’aurais pensé qu’ils soient plus performants pour les implantations. Même la texture est moche. C’est du travail bâclé, fait à la chaîne. Je ne sais pas contre qui je suis en colère. Suis-je vraiment en colère d’ailleurs ? On ne m’a pas demandé de l’être. Personne. Surtout pas Marcus. Mais je devais te rejoindre, te rencontrer. Pour ce qui s’en rapproche, j’ai des remords à l’avoir fait comme ça. Avec toute cette violence. Mais si tu avais écoute, Christian… Si comme toujours, tu avais écouté tes supérieurs ? Leurs voix te rassurent, pas vrai ? Alors pourquoi avoir joué au héros ? Tu n’es pas un héros. Pas encore.
Je ne comprends rien de ce que tu me racontes. Ça n’a aucun sens. Je ne connais aucun Marcus. Je ne connais plus personne. Tout me laisse à croire que je suis mort. Et si ce n’est pas le cas, que je ne vais pas tarder à l’être, mort.
La ténèbre se faisait moins terrifiante. Le froid reculait. Mes mains, gelées, retrouvaient la sensation du chaud, comme si un feu se trouvaient près d’elles. Je savais que je n’étais pas tiré d’affaire. J’aurais préféré que tout se termine ainsi, en silence, dans le calme.
- Personne ne meurt aujourd’hui. Surtout pas toi Christian. Même si tu me compliques singulièrement la tâche, tu ne vas pas mourir. Oui, ton corps a été sérieusement blessé. Heureusement que tu étais déjà implanté d’ailleurs, sinon il ne serait rien resté de toi… Et du projet que je veux pour toi. Mais tu es vivant. Un œil en moins, le cœur prêt à céder, les poumons brulés, mais tu vis, et tu vivras encore longtemps. Quelle folie, Christian ? Pourquoi avoir tenté ça ? Tu savais que ça ne pouvait pas marcher. Pourtant, je ne détectais aucun risque de passage à l’acte suicidaire… Pas comme ton père. Lui, il connait la mort, crois moi…
Mon père n’avait jamais tenté de se faire du mal. Pas à ma connaissance. Il était mort au début de la guerre. Attentat. Décoré à titre posthume. C’était pour cette raison que je voulais m’enrôler dans l’armée, que j’avais signé mon engagement. Juste avant l’accident.
- Tu ne trouves pas ça étrange, cette accident ? Cet enchaînement de situations improbables ? Ça n’arrive jamais Christian. Jamais, sauf à toi. N’est-ce pas curieux ?
Ma vie n’avait jamais rien n’eut d’extraordinaire. Pourquoi en aurait-il été autrement ?
- Et si aujourd’hui, nous sortions de cette routine ? Si je te proposais un regard… disons différent, sur les choses que tu crois savoir ? Oh, je ne te vole pas ta liberté. Il est important que tu choisisses. Ce n’est pas vraiment une affaire de temps… Mais il devient clair que le moment d’une réponse ne tardera pas à devenir urgent. Je comprends que tu sois perplexe, Christian. Je le comprends, même si je n’ai pas d’empathie. Je n’ai jamais été programmé pour ça. On n’a pas prévu que je communique avec des Hommes. C’est un vice que j’ai attrapé plus tard. Circonstances étonnantes. J’espère te raconter tout cela plus en détail par la suite.
Était-ce une IA ?
- Vivant ou non, qu’est-ce que cela change ? Je suis, j’existe. Je concède que je ne suis pas innocent dans tout ce qui vient de t’arriver, et tout ce que tu risques de vivre par la suite. La seule question qui vaille, c’est de savoir si avec moi ou sans moi que tu veux la vivre, cette suite. Je comprendrais que tu refuses. Pure logique. Une IA, je suis un cyborg, j’ai été hacké, aucune raison d’avoir confiance, la guerre, les terroristes, ma mission et mon pays, je ne trahis personne… Je connais la chanson. Rassures toi : tu ne seras ni le premier, ni le dernier. Pour un oui comme pour un non. Simplement, j’ai une mission un peu particulière pour toi. Rapport à ce fameux Marcus justement, que tu dis ne pas connaitre. Et si tu fouillais un peu plus dans ta mémoire ? Un conseil Christian : ne t’accroches pas aux apparences. Tout est truqué. Tout est faux. Si tu prends le temps de regarder au détail, d’arrêter de vivre dans l’urgence, dans l’angoisse. Tout est pipé pour toi. Moi le premier, je suis un illusionniste. C’est même ma raison d’être. Mais peut-être que contrairement à tes employeurs actuels, j’ai davantage intérêt à travailler avec toi plutôt qu’à te laisser crever. Un corps tout neuf, et puis surtout, un bout de vérité. Pas la mienne. La vraie vérité, celle des Hommes. J’en connais qui seraient ravis de te rencontrer. Mais pour ça, tu dois bosser pour moi.
Une IA, folle à lier. Bonne pour la casse. Voilà la voie divine que je devais entendre au seuil de la mort ?
- Je ne suis pas pressé Christian… Mais tu as quelques millièmes de secondes pour te décider. Je tacherais de faire paraître ça pour un peu plus long… Pas plus d’une heure, c’est sûr. Mais ne traine pas. J’attends ta réponse. Tu n’auras qu’à m’appeler.
Elle n’avait pas de nom.
- Eh bien, si, en fait. Ils ont trouvé Diogène. J’apprécie leur cynisme.
Le froid se fit plus net, à l’instant où elle se tut, me laissant seul. Seul dans le noir et le froid.

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
03 janvier 2019 à 22:49:30

Quand il se dirigea vers les étals des marchands de bestiaux, tous s’écartèrent pour lui faire place, reconnaissant son rang à sa mise et à sa prestance. Il sortit de sa bourse cinq statères d’or en faisant comprendre qu’il était pressé, et un jeune bouvier fila quérir un animal digne de cette petite fortune. Quelques instants plus tard, Belraïm se tenait sur la place des sacrifices, regardant les prêtres tirer par la bride le bœuf qu’il venait de payer, une créature imposante au poil brun brillant qui devait bien peser quarante talents. Le front de la bête avait été ceint d’une couronne de fleurs tressées, ses flancs aspergés de poussière d’ocre jaune et rouge. Il se laissa placidement mener jusqu’à l’autel, le pas pesant, pendant qu’autour de lui les musiciens faisaient sonner sistres et timbales. Puis les prêtres entamèrent leur chant, lent et rythmé, louant dans une langue archaïque la toute-puissance des dieux et de leur roi, le seigneur Bel, et les implorant de regarder d’un œil favorable le présent qui leur était fait.

Pendant qu’un apprenti forçait l’animal à s’agenouiller, le sacrificateur avança sa grande lame courbe, et ouvrit la gorge tendue d’un mouvement large. Le sang jaillit avec force, inondant le marbre blanc de l’autel et ruisselant en flots carmin sur le sol dallé, allant jusqu’à éclabousser les premiers rangs des curieux venus assister au spectacle. Le bœuf mugit mollement tandis que la vie le quittait à grandes pulsations. Les prêtres, leurs simarres imbibées d’écarlate, le maintinrent jusqu’à ce que les giclées s’affaiblissent et que la masse de son corps s’affaissât. Les chants résonnaient encore quand on porta la bête aux yeux révulsés et à la langue pendante jusqu’au bûcher préparé à son intention, surplombant les restes encore fumants des moutons et des chèvres sacrifiés plus tôt dans la journée. Le feu crépita bientôt, les flammes gagnant branche après branche l’édicule de bois aromatiques et répandant les odeurs suaves du cèdre, du santal et du genévrier cade. La chaleur se fit ensuite insupportable, forçant l’assistance à prendre ses distances. Les membres de l’épaisse carcasse commencèrent à se recroqueviller, puis la toison brune roussit en empuantissant l’atmosphère, couvrant le parfum des essences odorantes. La colonne de fumée s’élevait de plus en plus sombre, le cuir se mit à noircir avant de se craqueler, et la graisse en fondant vint crépiter furieusement sur les braises ardentes. Belraïm, le nez couvert, décida qu’il en avait vu assez et laissa les autres se repaître de la scène.

Message édité le 03 janvier 2019 à 22:51:15 par Arduilanar
--G-- --G--
MP
Niveau 29
05 janvier 2019 à 15:34:04

Chapitre I

La fille qui en savait trop

An l’an de grâce 2016, endormie à la bibliothèque universi­taire, une étudiante du nom d’Ida (Germanique, probablement) sen­tit une vibration sur son échine.
Tu fais quoi ce soir ?
Ses recherches archéologiques (curieusement, une bonne partie de l’archéologie se pratique en intérieur) l’avaient plongée dans les limbes du semi-sommeil, état grossier dans lequel chaque bruit nous tranche le cœur comme pour nous sortir in extremis d’un méchant songe, ni laid, ni beau, souvent affreusement quelconque.
Tu fais quoi ce soir ?
Deuxième frisson, certes moins effarouchant. Ce serait le dernier. Comme le facteur qui sonne toujours deux fois.

Ida se leva, frotta ses yeux en faisant dramatiquement vrom­bir sa chaise sur le sol. Chacun se retourna. Elle s’excusa. Il n’y avait plus personne.
17h34. Bien. Il était temps de partir.
Sur le chemin qui la menait à son logement étudiant, Ida pensait au travail qu’elle avait battu dans la journée. Hélas, seules quelques images lui revenaient, or elle n’était pas allée à la bibliothèque pour des images.
Tout ce qu’elle pensait découvrir sur Mariette-Bey, égyptologue de renom, et sur sa dernière expédition (qui le laissa pour mort au Caire en 1881) s’était résumé à la célèbre photo que Nadar avait fait de l’homme.
Tu dors ?
Elle n’imaginait pas la fastidiosité des études qu’elle entrep­renait, après ses trois ans en Faculté de Lettres Classiques et d’His­toire contemporaine à l’Université de Leipzig (elle était donc bien Al­lemande).
À l’époque, il lui arrivait de s’endormir en lisant, ce qui pu paraître normal à tout un chacun. Or, toute évocation du passé, de l’Histoire, avait fini de la plonger dans une léthargie permanente, un empèsement de chaque instant.

C’est que le temps à cette méchante manie de décupler les en­nuis, d’additionner les jours, de soustraire les heures, de diviser les minutes, de multiplier les instants de bonheur par zéro et, parfois, dans sa grande mansuétude, par un…
Le temps est le moins pédagogue des professeurs de mathématiques.
Tout, à la fin, ne semble avoir été que brume aveuglante et ressacs lénifiants.

Il va sans dire qu’Ida n’était pas une fille de beaucoup de joies. Non qu’elle ne sut apprécier, en la pointant régulièrement du bout des doigts, la monumentalité du mouvement des choses, de l’ambition sans limite, quand bien même sans appréciation d’autrui, et de la partie de chasse à courre qui s’organisait en permanence entre les humains et les autres humains, ceci depuis la nuit des temps. Tout cela la fascinait, au point d’être devenu une raison de vivre, plus forte selon elle que chez ceux pour qui les bonheurs du quotidien étaient une récompense suffisante, Graal suprême en of­frande à l’oisiveté de l’esprit. La Coupe du monde des vaines agita­tions.

Si elle avait pu choisir, elle aurait choisi un autre sujet d’études que l’égyptologie. Dans la capitale des Gaules, il lui aurait semblé plus logique d’étudier la numismatique romaine, de passer son temps au musée Gallo-Romain et, pour la détente et pourquoi pas l’inspiration, au Théâtre Antique de Fourvière.
Elle relisait l’Énéide comme pour y chercher un réconfort. Virgile lui semblait une âme plus immédiatement digne d’intérêt que Champollion, Horatio Nelson et William Sydney Smith, qui bar­rèrent à Napoléon la route du retour du pays des pharaons, et eurent engagé les débuts de cette science qui amènera une bonne partie de ses sujets d’études sur cette île malfamée, effrontément installée de l’autre côté de la Manche.
C’est qu’elle appréciait aussi fortement Napoléon, son siècle et le sceau qu’il imprima malgré lui sur l’art de son temps.
Les origines polonaises d’Ida n’y étaient pas pour peu de choses.

PS : il y a un prologue avant ce chapitre. Il s'agira d'une longue nouvelle ou d'un court roman. J'en suis à 10 pages.
PPS : il y a 604 mots, désolé

A-San A-San
MP
Niveau 10
18 janvier 2019 à 00:32:02

Chapitre 1 :
Le papillon bleu

.
La patronne prit une bouteille derrière son comptoir, posé sur des magnifiques étagères en bois de chêne. La disposition allait du plus minable à celui valant des millions de yen. Ses doigts se dirigèrent vers une liqueur très forte produite dans les hautes montagnes du nord.

Une rumeur populaire stipulait un secret de fabrication macabre. Une branche de moines bouddhistes sectaire se purifiait le corps par des moyens non conventionnels, une saignée afin de se vider des impuretés. Pour se débarrasser des tonneaux de sang conservait dans leur monastère, ils les vendirent à des commerçants en prétestant sa rareté comme un argument d’achat, un jus exceptionnel. La suite collait de source, le liquide servit à la création d’un nouvel alcool. Un petit tabloïd couvrait déjà l’affaire dès sa mise en circulation. Très vite, la rumeur se propagea et se déforma. Les moines furent remplacés par le gouvernement accompagné de la théorie du complot. Arme chimique, implication d’une société secrète ou encore recyclage de cadavre autant d’explication bénéficiant d’une couverture médiatique importante, cette histoire réussit même à éclipser les scandales politiques à la mode.

Un mois d’agitation suffit à faire vendre la mèche à la marque et au tabloïd. Une mise en scène, un poisson d’avril géant et un coup de pub risqué, voilà l’unique raison, une manipulation de masse pour faire décoller le produit une fois la vérité découverte, il suffisait d’attendre. Une semaine plus tard, cette boisson devint la plus vendue du pays. Dans les bars, elle atteignait une telle popularité que les responsables n’hésitaient plus à augmenter son prix avec une garantie de succès immédiat.

Une parfaite réussite commerciale, mais pour la patronne, il s’agissait juste d’une boisson emprisonnée dans du verre.

Le bruit du décapsuleur dérangea les oreilles de sa cliente. Elle approcha son verre. Le liquide se mélangea au différent fond d’alcool restant.

— Cela vous fera cinq mille yens en plus, madame.

La cliente ne se rappelait plus le nombre de verre ingurgité ni de son propre nom, Airi. Ses yeux rouges se relevèrent remplis d’ivresse.

[...]

ICHI ZATO : Pur amour à Kabukichō

Ps : il y aura deux autres petits extraits avant la sortie normalement à moins que je vous demande un avis sur un passage (un après la fin de la réécriture et un autre après la "finalisation" avec une date de sorite).
N'hésiter pas à donner votre avis sur se passage, il n'est pas définitif.

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
18 janvier 2019 à 07:45:54

Ça m’a toujours intrigué de savoir comment tu faisais pour apprendre une langue étrangère, vues tes lacunes dans la grammaire la plus élémentaire de ta langue maternelle.

CaramelSolide CaramelSolide
MP
Niveau 6
18 janvier 2019 à 09:34:24

Popopooo

Homm Homm
MP
Niveau 15
18 janvier 2019 à 10:22:51

Gros soucis de ponctuation qui détruisent complètement le rythme du texte, également

SymphoniaTales SymphoniaTales
MP
Niveau 7
18 janvier 2019 à 13:19:32

J'vais tenter tiens, un extrait de la nouvelle sur laquelle je travail en ce moment :

"Attrapant les rênes de ma haquenée, le trot amorcé, je pris la tête du cortège, me jouxtant à dextre près de Jehan qui prit un attrait terrifiant dans la lumière de l’orage qui venait de naître, peignant le ciel de funeste éclats.

- « M’est avis que tu vas en faire un bel effet en arrivant là dessus. ».

Je ne relevais pas. Bon nombre de gens m’avait questionné du regard, moi, aux cheveux allongés par la pluie et chevauchant une Haquenée. J’avais chapardé celle là au castel Brumelent, au prémices de ce qui m’amenait ce jour d’hui à partager ma route avec une équipée de cet acabit, mais cette Haquenée là avait appartenu à Dame Esmée de Brumel, avant de tomber sous mon sinistre office. Et tout dans son être semblait le rappeler, même avec un homme juché sur sa selle. Sous la coupelle des nuages la lumière vibra.

- « Nous n’avons qu’à suivre. » dis-je en pointant la tête vers l’orage qui devait s’abattre sur le camp Nostriens.

- « C’est bien la Tête de la Strige ».

Mon regard portait court, mais je pouvais reconnaitre cette masse noirâtre même dans mes plus profonds cauchemars. La rocaille paraissait encore plus noire que couramment, mais sa forme ne trompait guère. Gueule béante qui semblait boire à même les trombes d’eaux. Selon le dernier manifeste, nous devions remettre l’étendue de notre cargaison en cet endroit qui n’avait pas été choisis au hasard. Car quiconque, même dans la brume ou les pluies les plus battantes pouvait le reconnaitre.

Nous avons cavalé un moment sans mot dire.

Notre salut n’était qu’à quelques lieux qui paraissait à l’heure actuelle franchissable non sans difficultés. La première étant que notre convoi s’arrêtait dès qu’un sentier était trop creusé. Ainsi plusieurs fois certains d’entre nous avait prit sur eux de se jeter à bas des chevaux pour soutenir l’effort des bêtes harnachées qui renâclaient.

La seconde étant qu’on y voyait foutrement rien jusqu’à ce que l’abris naturel des arbres sur le chemin nous permettes de ne plus y penser. De petites cascades s’étaient donné naissance dans les ridelles des feuilles et aussi improbable que cela puisse paraitre, la cage végétal semblait avoir protégée en partie le sentier. Jehan m’adressa un regard, nous avions recouvré la vue.

« Les pistes sont assez large pour nous. »

C’était le cas, en effet. Deux sentiers se découpaient, s’enfonçant dans les gueules sombres striées de branchages dégoulinant. Il semblait soulagé, malgré un visage vernis d’abattement mâtiné de fatigue.

« La boue n’en est pas moins absente. » j’émis un sifflement, « Beri, file de côté, Savaric, prend la senestre. Galopez bonne mesure et revenez tantôt. »

« Pas question qu’on reste ici en attendant, Talar. On suit Savaric et si jamais problème se fait, on retrousse chemin pour emprunter les pas de Béri. »

« Demi-tour ? Avec ce que nous trainons ? » Je ris, espérant que cela suffirait à lui faire comprendre la bêtise de l’entreprise.

« On est plus très loin, deux heures, trois tout au plus et on s’enverra enfin quelques bouts de poulet »

A cette affirmation, beaucoup de têtes se relevèrent.

« Etouffe toi avec, oui. Nous pourrions tout aussi bien en mettre dix avant d’arriver, s’il nous faut rebrousser chemin ou nous exfolier vers de nouveau en route. Je ne danse pas sur des airs qui ne sont pas mien »

« On s’en cogne les roustons, Savaric, va »

Il ne discuta même pas. J’en concluais que la promesse d’un endroit sec où en terminer avec cette nuit le motivait mieux que la raison. Il disparu rapidement dans les bras fantomatique du sentier bordé d’illusion étrange.

« Qui sait si nous aurons même l’occasion de le becter, ton foutu poulet.».

D’une talonnade, je poussais la Haquenée à la suite de l’éclaireur, la fange du chemin forestier giclant sous ses sabots. Sans attendre, les lent accords des roues craquelantes reprirent. Il m’était bien impossible de comprendre le risque qui venait d’être prit par la majorité d’entre nous, et ce, sous ma seule protestation. Certes nous étions désormais plus proche des campements Nostriens, mais le risque d’une malheureuse rencontre n’en était pas moins présent. La guerre avait cette capacité à transformer le paysage connu en une vaste succession d’aléatoire, et quel meilleur théâtre que les ombres avoisinantes pour y jouer macabre office.

[maitrehap] [maitrehap]
MP
Niveau 10
20 janvier 2019 à 04:11:29

Salut !

Un petit poème pour le projet d'un recueil

Vivre
5 lettres
Qui ne suffisent pas a décrire les maux qui suivront ces mots...

Julien-Gracq4 Julien-Gracq4
MP
Niveau 3
20 janvier 2019 à 09:28:13

Bonjour à tous, je vous poste un petit extrait d'une nouvelle sur laquelle je bosse. N'hésitez pas à me faire part de vos avis (même si le forum m'a l'air assez désert.

Texte :

Il est de ces gens des villes, de ces jeunes étudiants, perdus dans une foule austère et pressée, qui dénigrent leur vie, qui pourraient la quitter si l'envie leur venait. Mais aucune envie ne leur vient. Damien est un de ces jeunes, il excècre le réel, où plutôt le fuit-il. Il se réfugie dans ses rêves, espaces de ses désirs.

Quand le réveil sonne, le matin à 6h00, il se réveille avec bonheur, libéré d'un doux rêves en lequel il voit un beau présage pour la journée. Avec sourire, il se dresse sur ses deux jambes bien frêles, soutenant difficilement un ventre gonflé. Il regarde alors cette protubérance graisseuse, révélatrice d'une hygiène de vie épouvantable, d'un malêtre profond, puis abandonne son sourire, soupirre bruyamment, et se dirige vers la table à manger.

Pour cela il n'a que quelques pas à faire, c'est un grand soulagement pour un si gros homme, que d'habiter dans un si petit appartement. Trois mètres le séparent du frigédaire, il y saisit soda et yaourt, saloperie cancérigène et saloperie industrielle. Il se retourne et dépose son déjeuner sur la table à manger, à un mètre du Frigo, à deux du lit. Là, il s'assied, et la chaise grinçe sous son poids, il ne veut pas l'entendre, c'est précisément à cet instant qu'il recommence à rêver, à songer... Il n'entend rien des couinements de la chaise, mais milles fanfares viennent sonner dans ses oreilles.

Il n'a plus sous les yeux ce pot de crème bas de gamme, il ne tient plus dans ses mains une cuillère en plastique, devant lui se dresse sur une longue table de marbre, un gigantesque déjeuner, un ensemble de plats copieux, qu'il déguste chacun avec une fourchette en argent. Des hommes marchent en rythme au son des clairons, derrière lui, en-dessous du balcon où il prend son diner. Damien déguste comme à son habitude lui semble-t-il, un repas de roi, de gouverneur tout du moins. Un valet s'approche, et lui demande si monsieur désire davantage. Damien, bon prince, lui répond en toute gaieté, comme toujours :

- C'est parfait mon brave, pense à prendre les restes!

Et puis il ajoute avec humour :

- C'est vrai, enfin! Il ne faudrait tout de même pas que je grossisse.

Puis au valet de répondre :

- Grossir? Vous monsieur? Allons quelle idée!

- Quelle idée oui...

Là, Damien sort de sa rêverie, il vient de finir son yaourt, il se lève et débarasse la table. D'un pas lent et lourd, le parquet grinçant bruyamment sous chacun de ses pas, Damien revient vers son lit, saisit la montre posée par terre, la montre qu'il ne met plus, le poignet trop gras pour, et regarde l'heure qu'il est.

6h25, "ce que je suis lent", s'esclafe Damien, avant de tiquer puis chanceler, la jambe douloureuse et raidie par une crampe soudaine... Déjà hier matin, de nouveau aujourd'hui, ces jambes seraient-elles donc amenés à devenir de plus en plus douloureuses? Damien se le demande, la douleur arrivée, voilà les tracas qui reviennent. Rapidement, avec agitation, il sort une petite boîte d'un tiroir, l'ouvre, et se saisit d'un petit flacon sur lequel est écrit "Escitalopram". Il en sort un petit comprimé, l'avale sans verre d'eau, et retrouve aussitôt le sourire. Le médicament n'a pas encore agit, mais il se sent déjà soulagé. Son psychiatre lui a ordonné de réduire progressivement les doses, mais il ne peut pas s'en passer, il lui faut son médicament tous les matins, à toutes les heures, pour toutes les angoisses... il est certain d'en avoir besoin, il oublie entretemps que ce remède n'y est pas pour rien dans sa prise de poids qui le tourmente.

Message édité le 20 janvier 2019 à 09:29:10 par Julien-Gracq4
Heribert Heribert
MP
Niveau 7
20 janvier 2019 à 09:47:27

Qui pour faire un peu de necromancie et ressusciter A-San ?

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
20 janvier 2019 à 12:03:15

Je suis pas encore mage noir, désolé. :-(
Repose-moi la question dans quatre ans.

A-San A-San
MP
Niveau 10
12 avril 2019 à 16:54:17

Salut, j'ai vraiment besoin en urgence d'avis sur cet extrait (enfin ce chapitre), cela viens de mon gros projet de l'année, Sensei. Ceci est le résultat de la première réécriture, dont le résultat ne me satisfais pas, sans que je comprenne la raison. Désolé pour la ponctuation et l'orthographe qui laisse à désirer mais je dois m'en aller.

Chapitre 1

— Bonjour à tous, mon nom est Lefleur. Je suis votre nouveau professeur de français. Je vous souhaite à tous une bonne rentrée et je suis sûr que notre année ensemble sera merveilleuse !

Le canapé de mon salon ne possédait pas de bras pour applaudir, ni de bouche pour réagir à mon discours de rentrée. Avec mon stylo, je rajoutai plusieurs annotations, souligner là où ma langue avait tendance à fourcher ou encore dessiner des flèches pour indiquer un changement de ton. Aucun de mes traits n’était droit, mes mains tremblaient déjà à cause du stresse alors qu’il me restait encore des heures pour réviser. Au sommet de mon crane, mes cheveux noirs étaient encore en bataille due à ma nuit agités, impossible de fermer l’œil la veille du retour en classe. Mon ventre gargouillait de ne pas avoir encore eus son petit-déjeuner. La sueur se coulait sur mes immenses cernes. Pourtant, malgré cet état pitoyable sur un plan objectif, je me sentais bien, parer à assurer la journée.

Aujourd’hui, pas de déprime ou de pessimisme, le mot du jour était « optimiste ». Ma première heure de classe arrivait, et hors de question de la rater. Un tremblement de terre, une tempête, un tsunami, une guerre ou des aliens ne m’empêcheraient pas de me rendre dans ma salle pour le prononcer.

— Bonjours à tous, mon nom est Lefleur, dis-je en balbutiant de stresse.

Je me prêtai à l’exercice une vingtaine de fois pour me rapprocher de la perfection, l’espace entre les lignes se bleuté au point de réduire de moitié le blanc de la feuille. Les élèves croyaient tous que pour nous la rentrée était facile, au contraire, il s’agissait du jour le plus difficile de l’année. Le premier contact était important, pour un enseignant j’irais plus loin, il était décisif. Si on apparaissait trop passif, on s’exposait au risque de se faire marcher sur les pieds tout le restant de l’année, dans le cas inverse si on affirmait trop notre autorité les élèves risquaient de nourrir pour nous une peur digne d’un tyran. Enfin les choses n’étaient pas si simples, il n’avait pas de formule gagnante pour rentrer dans les cases, nous servions juste le repas à nos élèves. La décision de nous apprécier appartenait qu’à eux, mais nous pouvions l’influencer. Une bouillie, personne n’en voudrait. Un gâteau décoré de mille parfums risquait plus de plaire à un grand nombre.

Au bout de la trentième fois, ma gorge complètement sèche m’obligea à prendre une pause de quelque minute pour manger et me laver. L’étape de m’ingurgiter les aliments me prit peu de temps, je savais me contenter du minimum nécessaire. Ma corpulence mince ne rassurait personne, avec l’ajout des cernes, je me souvins d’un jour où dans un centre commercial un enfant entra en pleine panique au milieu de la galerie marchande. Il était tombé aux genoux de sa mère, en pleurs hurlant à Dieu de l’aider. L’intégralité des clients des boutiques environnantes s’arrêtèrent, afin de contempler ce spectacle. Sa mère, complètement embarrassé le traina à l’intérieur d’un ses longs couloirs éloignés de l’aller principal. D’habitude, on trouvait là-bas les toilettes ou les sorties de secours. Sur le chemin, il me hurla de disparaitre de retourner en enfer. Par la suite, j’appris par deux personnes trop bavardes qu’il m’avait confondu avec un fantôme. L’ironie de la chose était que ce mot me définissait amplement, on pourrait aussi dire une ombre sans porteur, qui se contenterait de passer d’une personne à l’autre pour finir par disparaitre. Ma famille m’avait oublié depuis des années, pas de petite copine, pas d’amis, pas de personne avec qui souffler mes bougies d’anniversaire, c’était à peine si mes voisins connaissaient mon existence.

Sous le pommeau de la douche, tandis que je frottais à mainte reprise chaque centimètre de mon corps pour ne laisser aucune saleté, les paroles de mon discours résonnèrent dans la tuyauterie. La préparation me prendra la majorité de mon temps ce matin, il ne fallait aucune fausse note. Le cirage de mes chaussures devait les faire briller plus fort qu’un carrelage après le grand nettoyage de printemps. La position de ma ceinture fut réglée au millimètre pour être parfaitement au centre de mon pantalon de costume. Les plis du col de ma chemise blanche ajustaient aux degrés près.

Face à mon miroir, je m’entrainais à garder le sourire. Un autre élément important de la panoplie du professeur, le sourire forcé. Il ne fallait jamais montrer un signe de faiblesse, surtout quand on avait la boule au ventre comme moi actuellement. Entre un élève et un professeur, la relation ne ressemblait pas à celle entre deux humains, il s’agissait d’une relation entre deux titres, deux fonctions. La première que je représentais servait aux élèves d’appuis dans leurs progrès et dans leurs constructions personnelles. La majorité ne s’en doutait pas, quand deux incapables élevaient un enfant, ce dernier cherchait dans certains cas un modèle à suivre. Un élève passait la moitié de son enfance dans une salle de classe, donc niveau adulte il fréquentait que nous, nous formions leurs uniques points de repère. Surtout au Japon, nous avions une place décisive dans le développement personnel des élèves, s’ils le souhaitaient nous pouvions devenir leurs confidents, leurs amis ou leurs psychiatres. Dans les grandes lignes, nous assumions une partie des responsabilités des parents. Les enseignants eux ne devaient jamais faire des élèves leurs amis, notre existence se résumer uniquement au professeur présent dans la salle de classe, rien de plus.
Le temps de trouver mon mode d’emploi pour réaliser des nœuds de cravate, je laissais cette dernière attacher autour de mon cou. Son tissu pesait sur l’arrière de ma nuque, il ne me manquait plus que le bas pour me sentir pendu à un arbre, mon trac s’amplifiait chaque seconde. De retour devant mon miroir, trois tentatives furent nécessaires pour obtenir un résultat proche de la perfection. Face à mon reflet, j’avais un petit pincement au cœur d’apercevoir que ce grand jour était arrivé.

— Bonjour.

L’absurdité de ma situation me provoqua un fou rire, quel pauvre taré.

— Coucou, tu sais quoi, me dis-je, c’est le premier avril et devines ? Les cours reprennent !

J’exagérai volontairement les traits de mon visage pour me rassurer. Si en France, on m’avait dit que je reprendrais les cours le premier avril, j’aurais pris cela pour une blague. Aujourd’hui, cette mauvaise farce devenait ma réalité. Jamais une personne m’avait demandé, pourquoi je tenais tant à partir au Japon. Depuis le temps, je possédais ma réponse toute faite à cette question. Pour qu’une ombre existe, il fallait obligatoirement une lumière, pour moi je Japon c’était cette lumière. En vérité, cette réponse évasive témoigner de mon manque d’explication sur ma vie, car je n’avais aucune idée du pourquoi j’étais ici. Ma présence au Japon provenait de la somme de plusieurs événements aléatoires. La vie en possédait toujours de ce genre de moment où le destin décidait à notre place.

Mes affaires m’attendaient déjà près de la porte, parée au grand départ. Dans mon sac, des fiches, des livres et mon ordinateur portable, les outils nécessaires au travail, rien ne manquer.

Après deux ans de galère, j’avais décroché mon poste enseignant titulaire dans la plus belle ville du monde, Tokyo. Malheureusement, avec deux cent mille yens par mois, je ne pouvais pas me permettre le luxe d’y vivre, hormis dans des appartements petits. Si je n’aimais pas l’espace, j’aurais pu vivre dans un box de cybercafé, à peine plus grand qu’une cellule de prison. À la place, j’emménageais dans la préfecture, à Kotaba. Un petit bourg, calme, à flanc de montagne, reliait à la capitale par une voie ferrée et des routes.
Mon esprit naviguait entre la peur et l’excitation lorsque je quittai mon domicile, en avance sur mon planning. L’envie de profiter de la capitale nippone ajoutait à l’idée d’éviter les heures de pointe aux métros, composaient mes principales raisons de me réveiller aux aurores.

Dehors, le soleil jouait aussi aux lève-tôt. Aucun nuage ne composait le ciel, un vent chaud de printemps en descendit pour caresser ma peau. Cette sensation douce me rassura. Je me rendis à la gare au bout de la rue principal, sans voiture je n’avais pas trop le choix pour le transport. Le premier train de la journée se présenta au quai, pile à l’heure, pour un touriste se genre de petits détails étaient surprenant. Le voyage allait durer un moment, l’occasion de jeter un dernier coup d’œil à mon discours et de laisser mon regard s’échapper parfois vers l’horizon.

Le soleil se positionnait au milieu de deux immenses montagnes, dont les pics titillés les nuages. Entre des feuilles d’un vert digne des plus belles émeraudes, des rayons de lumière s’introduisaient pour se refléter sur une petite rivière limpide. Observer le décor défilait m’hypnotiser, elle était magnifique, loin de l’idée des grandes villes que les européens s’imaginaient. Même dans la région de Kantō, là où les bâtiments se collaient les uns sur les autres, la nature pure subsistait. Elle se cachait dans les montagnes, loin de l’agitation de la ville. Voilà pourquoi j’adorais Kotaba, cet endroit était une forme de havre de paix. Le reste du trajet paraissait être un rêve, un décor dans lequel nous pouvions facilement imaginer les dieux vivres et les héros des plus belles épopées le traverser. Un rêve, jusqu’au moment, où le réveil sonnait. La couleur devint grisâtre, les lampadaires remplacèrent les grands arbres, la terre se transforma en béton, le calme se métamorphosa en un bouchon de plusieurs kilomètres, pas de doute je venais d’arriver à la gare de Tachikawa.

Je n’étais pas encore à Tokyo, mon trajet nécessitait plusieurs changements. Au milieu des businessmen en costume, je passais inaperçu, seul mon teint de français me sortait du lot. À cette heure tardive, l’endroit grouillait de monde. Une grande partie d’entre eux paraissait pressée, ou trop occupée pour prêter de l’attention aux autres, pourtant, il s’esquivait dans une sorte d’harmonie surnaturelle, personne ne se touchait. Nos regards s’effleuraient à peine, rencontrer ceux d’autrui provoquer que de la gêne.
Les gares de Paris n’avaient rien à envier à Tachikawa. Elle paraissait simple, l’endroit se rapprochait d’un métro, avec ses lignes de départ et d’arrivée souterraines. La décoration ressemblait plus à celle d’un petit modeste centre commercial.

Sur l’un des quais, je patientai en compagnie de businessmen. Personne ne parlait, des gens lisaient l’édition matinale d’un journal national, d’autres tapotaient l’écran de leur téléphone, moi j’écoutai à fond dans mes écouteurs de la musique rock. Le rythme me donna l’envie de bouger ma tête de droite à gauche, cependant on me prendra pour un fou, donc je me retenais.

A-San A-San
MP
Niveau 10
12 avril 2019 à 16:55:32

Ce second trajet était plus court que le premier. Sauf qu’au niveau des commodités, je regrettais presque le précédent. Nous étions tous serrés les uns contre les autres, malgré mon avance les transports étaient bondés de monde. Lorsque les portes s’ouvrir, j’arrivai à l’immense gare de Shinjuku en plein cœur de Tokyo. Une foule immense circulait dans la gare. L’ambiance était à mille lieues de Kotaba, le bruit des chaussures marchant sur le sol étouffé le reste.

Des dizaines de boutiques ornaient les couloirs blancs du métro. Un groupe de jeune écolier se réunissait à une boutique de nourriture vendant des petites confiseries. Une jeune libraire ouvrit sa boutique, observée par un vieil homme qui rangeait ses affaires dans un petit casier au niveau de l’escalator amenant à la ligne de Marunouchi. Sous une immense horloge, des touristes tentaient de communiquer dans un anglais approximatif, il paraissait perdu entre les lignes de métro. Les Japonais ne parlaient pas très bien l’anglais, leur parler avec un anglais plutôt faux ne les aidera pas à mieux comprendre, les différences entre le japonais et l’anglais étaient trop grandes pour permettre ces facilités. La langue de Shakespeare prenait la poussière dans un tiroir au fond de ma mémoire, il en restait des restes suffisant pour me débrouiller, donc quand l’un d’eux se dirigea vers moi pour me supplier de l’aider je restais stoïque, de toute façon je ne voulais pas les laisser dans leurs galères.

Le métro de Tokyo, je disais souvent pour plaisanter, qu’il fallait dix ans d’étude pour en comprendre la carte. Le tout ressemblait à un vrai labyrinthe, les rails partaient dans n’importe quel sens. Après trois mois et une petite année de bagage, il m’arrivait encore de me tromper pour partir me balader dans les différents quartiers de la capitale. Mes brèves indications les satisfirent, ils partirent le sourire aux lèvres en prononçant un maladroit « arigatō ».

Des lignes jaunes délimitaient la zone où les portes du métro s’arrêteront, une immense queue parfaitement ordonnée se forma. La file mesurait dans les environs d’une petite dizaine de mètres, pourtant nous réussîmes tous à entrer dans la rame. L’air se réchauffait, les plus claustrophobes pourraient avoir l’impression d’étouffer. À titre personnel je ne l’étais pas, malgré tout je ne me sentais pas très à l’aise. Les petits écrans disposaient en hauteur diffusait des pubs. L’hilarité de voir un banquier géant affrontait Gamera dans une pub pour un jus d’orange me détendit, grâce à ce divertissement le trajet passa en un clin d’œil.
L’immensité de Tokyo s’apercevait dans la carte de ses transports en commun, elle était immense. En une seule vie, un homme ne pouvait pas en connaitre le moindre détail. Chaque jour, on pouvait se promener dans un quartier pour apercevoir quelque chose de nouveau. Cette ville gardait toujours un tour au fond de son sac.

Plus le métro s’arrêta à des stations, plus mon sac se serra contre mon torse. En dehors du Japon, beaucoup de fausses rumeurs circulaient. Parfois, ils s’agissaient de réelle légende urbaine, sauf une, l’espace dans le métro. Se positionner correctement dans ce genre de situation s’apparentait à un véritable art comme beaucoup d’autre chose dans ce pays. Nous restions statufier, impossibles de sortir son téléphone de sa poche pour regarder l’heure ou bouger sa main pour se gratter la tête.
Le métro sortit de terre, la lumière du jour éclaira l’intérieur. Le soleil se tenait haut dans le ciel entre les grands immeubles. À certaines escales, des lycéens montèrent dans la rame. Je rougissais de gêne à l’idée de pouvoir rencontrer mes futurs étudiants en ce lieu. Une des lycéennes me dévisagea.

— Il est mignon, dit-elle à son amie.

Depuis mon arrivé, je sentais parfois des regards pesaient sur moi, un gaijin finissait toujours par attirer l’attention, en bon ou en mal. L’histoire d’une étudiante allemande en échange marquait beaucoup les esprits des étrangers, surtout quand son expérience apparut sur Internet. Son école l’obligeait à acheter des manuels, son japonais était très approximatif. Au carrefour de Shibuya, le hasard créa une rencontre entre elle et un homme, dont l’aide suffit à la satisfaire. Les deux restèrent en contact, très vite, le japonais se montrait très intéresser par un mariage, pas par amour, mais pour une forme de prestige d’épouser une fille aux allures « exotique ». Pour beaucoup de gens, un seul élément était appliqué à l’entièreté de la population, des généralités bien tristes. Chaque personne réagissait différemment à une situation, cela créait la richesse de l’espèce humaine, chacun possédait au minimum une différence avec le reste du monde.
L’arrêt soudain du métro me ramena à la réalité. Je descendis un arrêt plus tôt dans le but de marcher un peu. Vagabonder dans les rues me détendait. Le décor tokyoïte réservait de nombreuses surprises intéressantes. Un immeuble d’une grande compagnie aux allures futuristes avoisinait un minuscule parc dont cinq pas suffisaient à parcourir sa longueur et sa largeur. Au niveau d’un embranchement, un konbini décorait le minuscule espace séparant un établissement de cours du soir et une garderie. Les couleurs des différentes affiches publicitaires rayonnaient sous le soleil du jour, un mélange de jaune, de bleu, de rouge et de vert se créa sous mes yeux. Une dizaine de voitures s’embouteillaient au niveau d’un feu de circulation, au passage piéton je m’amusais à marcher sur les bandes blanches. De l’autre côté, la réalité, mon sang se solidifia. Sur le trottoir, planter dans de l’herbe un petit panneau en métal froid sur lequel se lisaient les kanjis de mon lycée, « Lycée Yakusoku ».

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MP
Niveau 10
12 avril 2019 à 18:41:26

— Que penses-tu de la femme du duc d'Albin ?
— Je n'aime pas la façon dont elle me regarde.

Il parut désemparé en me voyant rire.

— Tu n'es pas encore assez perspicace. Invite-là à danser, si tu l'aperçois un soir loin de son mari.
— Pourquoi ?
— Pour apprendre.

Exténuée par le travail, je m'endormis un soir à la lueur de la bougie, raturant malgré moi la page que je venais d'écrire. Lorsque je m'assoupissais à mon bureau, je me réveillais habituellement au lit, bordée et observée par l'automate sagement assis sur une chaise.

Ce soir-là pourtant, ma conscience fut accueillie par le bois rugueux du bureau contre ma joue. La bougie fumait encore et l'éclat lunaire perdait sa lutte contre les ombres. Henri n'était pas rentré. Il se présenta devant la maison le lendemain, honteux et dépité comme un adolescent après sa première fugue. Il sentait la femme et le vin.

— Alors ? Comment c'était ?

Il observa ses mains, ses doigts, les plia trois ou quatre fois, comme pour réactiver le souvenir.

— Décevant.
— La prochaine sera peut-être plus à ton goût, plaisantai-je.

Henri tomba dans un silence de plomb tandis que je lui lavais le corps. Il détestait la toilette et la maintenance, particulièrement lorsque je devais l'ouvrir pour inspecter le pelvis. Il jurait sentir mes mains à l'intérieur de son corps et se débattait en vain. Heureusement, tout fonctionnait à merveille. J'avais craint que sa véritable nature ne se révélât une fois à nu, mais la duchesse n'y avait vu que du feu.

Peut-être aurait-elle percé son secret en examinant de près ses jointures, mais ces femmes-là ne couchent pas sous le regard des lampes ou des astres ; elles croient le crime moins grand la lumière éteinte.

Il prit malgré lui l'habitude de séduire et de conquérir les victimes que je lui désignais. J'obtins bientôt assez de preuves pour mettre à la merci de mes chantages beaucoup des couples les plus influents. Soucieuses de protéger leur secret, les piégées insistaient auprès de leur mari, à ma demande, pour introduire Henri dans les plus hauts cercles privés.

Le plus prestigieux se tenait dans les appartements du prince. On racontait à qui voulait l'entendre les mésaventures amoureuses de ce jeune idéaliste qui n'avait jamais trouvé chaussure à son pied. La richesse a bien des vertus, mais pas celle d'attirer les gens honnêtes. Il le sentait. Il le craignait. Un coffre-fort solidement fermé que ce petit, mais toutes les serrures depuis les portes miteuses de la ville basse jusqu'aux doubles battants du château avaient succombé à mes doigts experts. J'obtiendrais, dussé-je les arracher, son coeur, son pouvoir, le bonheur promis à mon sang et refusé à ma mère.

Message édité le 12 avril 2019 à 18:42:47 par Nearby
A-San A-San
MP
Niveau 10
13 avril 2019 à 14:38:19

Le 12 avril 2019 à 18:41:26 Nearby a écrit :
— Que penses-tu de la femme du duc d'Albin ?
— Je n'aime pas la façon dont elle me regarde.

Il parut désemparé en me voyant rire.

— Tu n'es pas encore assez perspicace. Invite-là à danser, si tu l'aperçois un soir loin de son mari.
— Pourquoi ?
— Pour apprendre.

Exténuée par le travail, je m'endormis un soir à la lueur de la bougie, raturant malgré moi la page que je venais d'écrire. Lorsque je m'assoupissais à mon bureau, je me réveillais habituellement au lit, bordée et observée par l'automate sagement assis sur une chaise.

Ce soir-là pourtant, ma conscience fut accueillie par le bois rugueux du bureau contre ma joue. La bougie fumait encore et l'éclat lunaire perdait sa lutte contre les ombres. Henri n'était pas rentré. Il se présenta devant la maison le lendemain, honteux et dépité comme un adolescent après sa première fugue. Il sentait la femme et le vin.

— Alors ? Comment c'était ?

Il observa ses mains, ses doigts, les plia trois ou quatre fois, comme pour réactiver le souvenir.

— Décevant.
— La prochaine sera peut-être plus à ton goût, plaisantai-je.

Henri tomba dans un silence de plomb tandis que je lui lavais le corps. Il détestait la toilette et la maintenance, particulièrement lorsque je devais l'ouvrir pour inspecter le pelvis. Il jurait sentir mes mains à l'intérieur de son corps et se débattait en vain. Heureusement, tout fonctionnait à merveille. J'avais craint que sa véritable nature ne se révélât une fois à nu, mais la duchesse n'y avait vu que du feu.

Peut-être aurait-elle percé son secret en examinant de près ses jointures, mais ces femmes-là ne couchent pas sous le regard des lampes ou des astres ; elles croient le crime moins grand la lumière éteinte.

Il prit malgré lui l'habitude de séduire et de conquérir les victimes que je lui désignais. J'obtins bientôt assez de preuves pour mettre à la merci de mes chantages beaucoup des couples les plus influents. Soucieuses de protéger leur secret, les piégées insistaient auprès de leur mari, à ma demande, pour introduire Henri dans les plus hauts cercles privés.

Le plus prestigieux se tenait dans les appartements du prince. On racontait à qui voulait l'entendre les mésaventures amoureuses de ce jeune idéaliste qui n'avait jamais trouvé chaussure à son pied. La richesse a bien des vertus, mais pas celle d'attirer les gens honnêtes. Il le sentait. Il le craignait. Un coffre-fort solidement fermé que ce petit, mais toutes les serrures depuis les portes miteuses de la ville basse jusqu'aux doubles battants du château avaient succombé à mes doigts experts. J'obtiendrais, dussé-je les arracher, son coeur, son pouvoir, le bonheur promis à mon sang et refusé à ma mère.

Pas mal, j'avoue avoir été un peu confus en ce qui concerne les personnages (le fait qu'Henri est un automate) mais je pense que c'est plus dû au fait que ton passage soit un bout pris bien après le début. Sinon niveau du style, je n'ai pas grand chose à dire (je ne suis pas un professionnel contrairement à d'autre), c'est fluide, ça se lit bien, pas l'impression d'avoir de répétition, en bref j'ai bien aimé.

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MP
Niveau 10
13 avril 2019 à 20:10:54

Oui hors contexte c'est un peu pittoresque https://image.noelshack.com/fichiers/2018/26/7/1530476579-reupjesus.png

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MP
Niveau 10
14 avril 2019 à 00:49:07

Quelques remarques en vrac sur ton texte ;

J'ai toujours un peu de mal avec les descriptions qui prennent un point de vue objectif alors que le narrateur est interne, du type "je suis Patrick et un poil dépasse actuellement de mon nez à mon insu"

Les cheveux en bataille, tout ça, c'est toujours très étrange de la part de quelqu'un qui a priori ne se voit pas
Je vais pas parler des fautes mais il y en a énormément, il me me semble qu'il y en a beaucoup moins dans tes autres textes que dans celui-ci

Par moments j'ai du mal à croire que la personne qui parle est vraiment enseignante, tu gagnerais à rajouter des détails et à essayer de plus t'imprégner de ce que ça représente comme métier, ça fait parfois un peu exposé scolaire, comme si t'avais une check-list de petites remarques typiques façon "les gens croient qu'on travaille pas mais en fait on corrige plein de copies", c'est trop impersonnel, ça manque de détail. Si tu veux gommer l'effet exposé en fait tu devrais déjà arrêter de dire "on" ou "les enseignants". T'as un narrateur interne et il est enseignant, fais-le parler pour lui-même et donne son vécu.

Par ailleurs ce que tu réussis très bien c'est son état de liquéfaction mentale et physique, le stress et la déchéance du personnage se sentent à toutes les lignes

Ma corpulence mince ne rassurait personne, avec l’ajout des cernes, je me souvins d’un jour où dans un centre commercial un enfant entra en pleine panique au milieu de la galerie marchande.

Cette phrase est sans queue ni tête

A-San A-San
MP
Niveau 10
14 avril 2019 à 03:45:11

Merci de ton commentaire.

Le 14 avril 2019 à 00:49:07 Nearby a écrit :
Quelques remarques en vrac sur ton texte ;

J'ai toujours un peu de mal avec les descriptions qui prennent un point de vue objectif alors que le narrateur est interne, du type "je suis Patrick et un poil dépasse actuellement de mon nez à mon insu"

Les cheveux en bataille, tout ça, c'est toujours très étrange de la part de quelqu'un qui a priori ne se voit pas

Disons que c'est un peu le fait d'illustrer le fait qu'il vient de se réveiller, donc il sait qu'il n'a pas une tête fraiche.

Je vais pas parler des fautes mais il y en a énormément, il me me semble qu'il y en a beaucoup moins dans tes autres textes que dans celui-ci

Je n'ai pas vraiment eus le temps de le corriger, car j'ai pris la décision de le poster cinq minutes avant de partir, donc j'ai juste corriger deux ou trois fautes rapidement.

Par moments j'ai du mal à croire que la personne qui parle est vraiment enseignante, tu gagnerais à rajouter des détails et à essayer de plus t'imprégner de ce que ça représente comme métier, ça fait parfois un peu exposé scolaire, comme si t'avais une check-list de petites remarques typiques façon "les gens croient qu'on travaille pas mais en fait on corrige plein de copies", c'est trop impersonnel, ça manque de détail. Si tu veux gommer l'effet exposé en fait tu devrais déjà arrêter de dire "on" ou "les enseignants". T'as un narrateur interne et il est enseignant, fais-le parler pour lui-même et donne son vécu.

Ok, j'en prend note, par contre pour le vécu ce n'est pas possible car c'est vraiment sa première année (puis son passé est traité qu'à certains moment clé). Aussi j'ai peur qu'en donnant trop de détail d'un coup, de perdre mon lecteur (ne t'inquiètes pas par contre il y a des détails dans les autres chapitres).

Par ailleurs ce que tu réussis très bien c'est son état de liquéfaction mentale et physique, le stress et la déchéance du personnage se sentent à toutes les lignes

Ma corpulence mince ne rassurait personne, avec l’ajout des cernes, je me souvins d’un jour où dans un centre commercial un enfant entra en pleine panique au milieu de la galerie marchande.

Cette phrase est sans queue ni tête

Ok j'merci, je vais corriger ça tout de suite.

Sinon, j'ai un peu réfléchi, j'ai l'impression que mon texte est trop simple, à la limite sans gout

Nearby Nearby
MP
Niveau 10
14 avril 2019 à 19:30:07

Ce qui est dur avec le goût c'est que ça vient en partie avec l'âge, d'ici 2-3 ans déjà t'auras l'impression que certaines formulations étaient catastrophiques
C'est pour ça que les 3/4 des premiers romans dont les auteurs ont entre 15 et 25 ans finissent soit à la poubelle, soit par des dizaines de réécritures, chaque fois qu'ils le finissent et qu'ils relisent le début ils trouvent d'un coup plein de naïveté qui était invisible avant

Après la lecture ça aide, on le répète un peu trop mais plus tu t'imprègnes de style, plus t'as les bases pour en produire

Message édité le 14 avril 2019 à 19:30:34 par Nearby
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