Je devais pouvoir sortir un bon chapitre vendredi (oui je me parle tout seul )

Ayaaaaaaaaa que vois je ?

Une nouvelle page, je m'attend à la sweet

Ben il y a une suite page précédente khey.

Je l'ai lu khey elle est excellente

Je parlais de la page 13

Ah autant pour moi khey.

Bon c'est un petit chapitre ce soir. Le gros suivra demain ou dimanche.

Chapitre 23 : Un héritage venu d'ailleurs.

Je m'apprêtais à grimper sur le galion lorsque j'entendis l'appel pour la première fois, loin au sud, quelque part dans les marais du littoral. Du moins, lorsque je crus l'entendre pour la première fois. Ce ne fut qu'au deuxième appel que je m'interrompis réellement dans ma démarche, et tendis alors l'oreille dans la direction indiquée.
-Il y a quelqu'un ? Cria effectivement, et pour la troisième fois, une mystérieuse voix.
-Vous avez entendu ? Questionnai-je tout en me retournant en direction des personnes les plus proches.
-Entendu quoi ? Releva distraitement un matelot occupé à tendre divers cordages.
-Il y a quelqu'un ? Insista pourtant la voix depuis le sud.

L'absence de réaction de la part des marins s’affairant sur le pont me parut particulièrement étrange, surtout que l'appel était tout sauf diffus. Au contraire, il était bien audible, et ne pouvait clairement pas être confondu avec le vent ou le marée. Pourtant, personne ne semblait l'entendre sur le galion. Alors soit ils étaient tous trop occupés par leur besogne pour prêter attention aux bruits extérieurs, soit ils avaient tous des problèmes d’ouïe, soit ils s'en battaient carrément les couilles.
-Il y a quelqu'un ? Répéta une nouvelle fois la voix dans le lointain.
-Hey tu vas où ? M'apostropha soudain l'un des matelot alors que je redescendais déjà le ponton d’embarquement.
-Ça par contre tu l'as remarqué hein...Marmonnai-je.
-Hein ?
-J'arrive, je vais jeter un œil dans les environs. Expliquai-je simplement.
-Ouai mais fais vite hein ! S'indigna le marin. On lève l'ancre dans moins de dix minutes, avec ou sans toi !

Personne au sein du RAC ou de la DRI ne me vit quitter la zone d'embarquement En tout cas, personne ne chercha à me retenir, ni même à me questionner. Probablement que les espions du Thalmor retenaient toute leur attention. J'eus donc tout le loisir de faire quelques dizaines de mètres en direction du sud, le long du littoral marécageux du Marais Noir.

Une petite pluie se mit bientôt à tomber, et avec elle retentirent même quelques grondement orageux dans le lointain.

En d'autres circonstances, le changement de météo aurait pu m'agacer. C'était fort probable même. En l'état, il donnait presque un visage mélancolique à ces marais silencieux. Autrefois bourrée de vie et d'histoire, l'Argonie n'était aujourd'hui rien de plus qu'une terre morte, définitivement ravagée par la folie meurtrière dont avaient fait preuve les Elfes Noirs lors de la reconquête. Des portions entières de jungle avaient été détruites par le feu, des hameaux avaient été saccagés par centaines, et même les plus grosses zones de population du royaume étaient aujourd'hui réduites à l'état de villes fantômes. Dans les rues désertes, les maisons vides et les allées silencieuses, ne régnaient plus que des souvenirs, ultime héritage d'une civilisation anéantie.
Accompagnée par la fine pluie de la fin d'après-midi, bercée par les grondements lointains de cet orage porteur de songes, je décidai de m'aventurer un peu plus loin au sud, cherchant dans ces marais sans vie l'origine de ces mystérieux appels. Le silence auquel je me confrontai les quelques minutes suivantes me fit bientôt penser à un canular, ou pire, à un traquenard. A moins qu'une personne ne se soit réellement trouvée là, et ait simplement cherché un quelconque signe de vie elle aussi ? Quelqu'un s'était-il perdu ? Quelqu'un avait-il espéré trouver âme qui vive dans les environs ? Pourtant, il ne semblait pas y avoir trace du moindre passage ici. J'avais beau regarder dans toutes les directions, je ne décelais ni traces de pas, ni branchages cassés, ni herbes couchées, ni quoi que ce soit qui aurait pu indiquer le passage récent d'un quelconque individu.
Avais-je tout simplement rêvé ? La journée avait été longue, et particulièrement mouvementée. J'aurais tout aussi bien pu divaguer durant quelques minutes. Ce n'était pas impossible non plus...
-S'il vous plaît...Il y a quelqu'un ? Appela pourtant, contre toute attente, la mystérieuse voix.

Persuadée que je n'avais pas rêvé, et que l'appel existait plus que jamais, je décidai de faire de nouveau quelques dizaines de mètres le long du littoral, curieuse d'avoir le fin mot de l'histoire.
Au détour d'un rocher couvert de mousse, j'aperçus alors une étrange construction en pierres, sorte de petite pyramide de quelques mètres de haut, composée d'un unique escalier grimpant vers un petit porche de quelques mètres carrés à peine. Je n'étais certes pas une experte en architecture, mais à priori, cela ressemblait terriblement aux fameux xanmeer que j'avais déjà entrevu par croquis interposés. En quelques sortes, les derniers vestiges de ce qu'avait autrefois été la civilisation Argonienne, il y a bien longtemps.

-S'il vous plaît...Appela la voix, qui semblait située quelque part au sommet de ces marches.

Un bruit de cloche retentit furtivement dans le lointain, et avec lui, survint un étrange sentiment d’incrédulité. En fait, je ne savais pas dire exactement d'où me venait cette impression, mais j'avais la quasi-certitude que ce son de cloche n'avait pas été réel. Plus exactement : qu'il ne s'était pas produit ici, dans ce monde, à cet instant précis.
-S'il vous plaît...Appela de nouveau la voix, toute proche désormais.

Je grimpai lentement les marches menant au sommet du xanmeer, prête à dégainer mon arbalète à la première occasion. Non pas que j'avais peur, ou que j'appréhendais un quelconque danger. Disons juste que...L'impression d'être confrontée à un phénomène particulièrement mystérieux m'avait peu à peu gagné. Je ne savais pas dire exactement ce qui avait provoqué cette impression, mais j'étais pourtant persuadée que quelque chose d'anormal se tramait. Ou plutôt, que quelque chose d'anormal s'était autrefois produit ici.
-S'il vous plaît...Je suis perdu...Je ne retrouve plus mon chemin...Implora doucement la voix, au moment même où j’atteignais enfin le sommet du petit escalier de pierre.

Bizarrement, ce que j'y aperçus ne me surpris pas vraiment. Je m'y étais presque attendue :
Tout en haut des marches, abrité sous le petit toit de pierre, gisait le corps d'un chevalier en armure. A en juger son état de décomposition avancé, il devait être là depuis un sacré bout de temps...
-Je me suis perdu...Je ne retrouve plus mon chemin...Murmura la voix, porteuse d'un tel désespoir que je ne pus m'empêcher d'éprouver soudain une profonde tristesse à la vue de ce corps abandonné.

C'était étrange...J'avais beau ne pas avoir la moindre affinité magique, je percevais pourtant très nettement le souvenir auquel j'étais confrontée ici. Ce chevalier était mort depuis longtemps, et malgré tout, ses derniers instants de vie me parvenaient toujours à travers les âges.
Que s'était-il passé ? S'était-il perdu dans ces marais sans vie ? Avait-il décidé de faire une pause au sommet de ce xanmeer, avant de réaliser que cet endroit serait son ultime tombeau ?
J'observai le corps durant plusieurs minutes, cherchant un détail susceptible de m'expliquer ce qui avait bien pu se produire ici. La première chose qui me frappa, fut l'absence de lésion visible, de sang, ou même de bosse au niveau de l'armure. A première vue, ce soldat n'était pas mort des suites d'une quelconque blessure. Peut-être avait-il été empoisonné, ou bien assassiné à l'aide d'un sort ?
Mais là aussi, je doutais...La scène ne datait pas d'hier. Probablement certaines preuves s'étaient envolées avec le temps. Malgré tout, je peinais à croire que le mystérieux chevalier ait connu un trépas violent, ou même un trépas provoqué par un tiers. En vérité, j'avais l'impression qu'il s'était tout simplement laissé mourir ici, incapable de continuer sa route après une trop longue errance.
Je m'agenouillai lentement à ses côtés, et m'absorbai quelques instants dans l'étude de son armure.
Ça aussi pour le coup, ça m'interpellait : elle ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. Alors évidemment, je ne prétendais pas connaître toutes les armures qui avaient été portées en Tamriel au fil des différentes ères, mais je pensais tout de même être capable de déterminer une origine en fonction des formes, des motifs ou encore des matériaux utilisés. Elfiques, Nédiques, Akaviri...et bien évidemment, toutes les civilisations qui s'en étaient suivies. Il y avait forcément des schémas récurrents, des formats ou des configurations qui ramenaient immanquablement à une civilisation en particulier, qu'elle soit récente ou ancienne. Or ce n'était pas le cas ici, étrangement. Que ce soit la forme arrondie du heaume, la structure des bottes ou des gantelets, ou encore les motifs dessinés sur les quelques morceaux de tissu qui drapaient le reste de l'armure, absolument rien ne m'évoquait quoi que ce soit de connu en Tamriel, et j'en connaissais tout de même un rayon en matière d'armement. Éventuellement, cela pouvait faire penser de très loin à certaines armures autrefois utilisées par quelques chevaliers Brétons, mais on restait loin du compte malgré tout.
D'où pouvait bien provenir ce mystérieux individu ? D'un autre continent peut-être ? Il se serait échoué sur les côtes du Marais Noir, et se serait perdu ? Mais ça aussi, c'était peu probable à vrai dire. Son armure ne ressemblait en rien à celles des Akavirois, des Atmoriens, des Yokudéens, ni même des Pyandonéens. Or il n'y avait pas à ma connaissance d'autres civilisations ayant vécu sur Nirn, qui auraient été capables de naviguer jusqu'en Tamriel pour mieux s'y échouer et s'y perdre.
Un sentiment de contrariété me gagna bientôt. Cet individu représentait un mystère. Sa nature, ses origines même, échappaient à mes connaissances, et cela me frustrait. D'où pouvait-il bien venir au fond ? D'un continent encore inconnu ? De plus loin encore ? D'ailleurs ?
-D'ailleurs...Me marmonnai-je à moi même, soudain assaillie par une étrange intuition.

D'ailleurs ? Était-ce finalement ça la réponse ? Venait-il tout simplement...D'ailleurs ?
Absorbée dans mes pensées, je remarquai soudain du coin de l'oeil un étrange détail, qui avait échappé à mon attention jusqu'ici. En l’occurrence, un petit morceau de papier dépassait de l'une de ses poches.
-C'est quoi ça...Marmonnai-je en tâtant délicatement le bout de parchemin.

J'extirpai précautionneusement l'objet en question, et remarquai alors qu'il s'agissait d'une petite note gribouillée à grand-peine.

« Je ne comprends pas...J'ai pourtant fait exactement ce qu'il m'avait demandé...
J'ai vaincu les gargouilles, sonné la cloche, mais je n'ai jamais retrouvé le chemin de Lige-feu. Ce maudit ascenseur m'a mené...Ailleurs...
Où suis-je ? Quel est cet endroit ? Il n'y a plus que des marais à perte de vue désormais, et plus la moindre trace de vie. J'aimerais croire qu'un curieux maléfice m'a joué des tours, que je vais bientôt me réveiller de cet étrange songe, et continuer ma mission comme je me l'étais promis. Pourtant, quelque chose me dit que je ne suis plus là où je devrais l'être. Quelque chose me dit que je ne suis plus à Lordran...Je le sens dans l'air, je le sens dans la terre...
Je suis perdu...Je ne retrouve plus mon chemin...
Ma mission s'arrête ici...

Comme j'aurais aimé les revoir une dernière fois...

ps : A vous qui trouverez peut-être mon cadavre, prenez donc ma claymore. Je l'ai trouvé près de la paroisse des morts-vivants, jalousement gardée par cet impitoyable dragon. Puisse-t-elle vous sauver de maints dangers, tout comme elle m'a sauvé moi... »

Je reposai délicatement le petit morceau de papier, un peu dubitative.
Lordran ? Lige-feu ? Ça ne me disait absolument rien...En même temps, devais-je m'en étonner ?
Ce chevalier n'aurait jamais dû se retrouver ici, il l’avait reconnu lui même. Quelque chose d'explicable l'avait amené dans cette région abandonnée du Marais Noir, et il s'était dès lors retrouvé dans l’incapacité de retourner chez lui. Mais d'où venait-il à la base ? Que s'était-il passé ?
J'aperçus bientôt la fameuse claymore qu'il mentionnait dans sa petite note. En effet, posée juste en face de lui, trônait un espadon aux proportions étranges. Si la forme de la lame ressemblait globalement à mon propre espadon impérial, le manche par contre, était plus long. Concernant la garde, elle était d'un genre que je n'avais tout simplement jamais vu : en forme de V, et affublée de trois petites boucles métalliques à ses extrémités.

J'attrapai délicatement l'arme en question, et la soupesai quelques secondes. Elle était lourde, plus lourde que mon espadon. Je fis quelques moulinets, et fus presque aussitôt frappée de stupeur. Certes, elle était lourde, mais en contrepartie, elle était beaucoup mieux équilibrée que les espadons avec lesquels j'avais dû m'entraîner jusqu'ici. La manier était terriblement intuitif. C'en était déstabilisant d'ailleurs.
Je soupesai de nouveau cette étrange claymore, et m'attardai quelques instants sur le métal dans lequel elle avait été forgée. Et là aussi, elle paraissait reléguer au rang de jouets mal fignolés toutes les armes impériales que j'avais dû manier durant ma vie de légionnaire.
Quelle arme fascinante...Qui donc avait bien pu forger une telle épée ? Quelqu'un qui s'y connaissait sur le bout des doigts, assurément, et qui avait souhaité donner toutes les chances possibles à son futur acquéreur. Si seulement on avait pu avoir des épées de ce genre à la cavalerie...

Le cadavre ne parlait plus désormais. Les souvenirs semblaient s'en être allés. Peut-être que ma venue avait apaisé l'esprit égaré de ce pauvre chevalier ? Peut-être que, à défaut de retourner chez lui, la présence d'un ultime témoin de son sort lui avait apporté la paix...
Je pris la claymore avec moi, et me décidai finalement à quitter le petit toit de pierre. Étrangement, j'avais l'impression d'avoir accompli quelque chose ici. Quelque chose d'imperceptible, mais d'important malgré tout.
Arrivée au sommet des marches, je me retournai une dernière fois, et lançai un dernier regard au corps sans vie.
Il était parti...Pas le corps bien sûr. Lui était toujours là. Mais le chevalier...Je le sentais, même si je ne pouvais pas l'expliquer. Il était parti. Il avait trouvé le repos...
Désormais, la claymore était à moi. Elle avait changé de porteur.
Une mission était terminée.
Un autre, bien différente, pouvait commencer.

Autre petite suite plus courte. Je morcelle pour éviter un chapitre de 30 pages.

Je crée un peu d'espace.

Pour plus de lisibilité. Puis j'envoie.

Allez j'envoie.

Chapitre 24 : Comme un lundi matin.

Je ne revis plus Martin une fois embarquée sur le galion. Plus personne ne parla vraiment de la mission d'ailleurs. Apparemment, dans une unité de FS, quand une opération était terminée, elle ne l'était pas seulement sur le plan tactique, mais également dans l'esprit des opérateurs. On tournait la page et on passait aussitôt au chapitre suivant.
Personne ne vint m'emmerder avec l'histoire de la fiole balancée sur les Ordonnateurs non plus. Telrav Gravius me félicita pour mon implication, Endril Lloryn me regarda de travers, tous les autres eurent l'air de s'en foutre, et Percius Ostorius se contenta quand à lui de m'adresser un fier « mission accomplie ! », sans épiloguer d'avantage. Seule Celwen vint brièvement m'accoster à ce sujet une fois le transfert avec la corvette du RAC effectué en haute mer. Et encore, elle fut plutôt brève elle aussi. Elle m'expliqua simplement qu'elle avait tout vu, que j'avais eu raison, et qu'elle aurait fait exactement pareil à ma place. Et c'était à peu près tout.
A vrai dire, cette manière de classer le dossier me gênait. Aux renseignements, on avait toujours eu pour habitude de faire de multiples compte-rendus. Les opérations étaient longuement débattues après coup, et ça durait souvent des semaines, voir des mois.
Ce n'était pas la manière de procéder du RAC visiblement, mais quelque chose me chiffonnait malgré tout. Soit les opérateurs avaient effectivement appris à passer immédiatement à autre chose pour ne pas se pourrir l'esprit, soit ils me cachaient tous leur ressenti à propos de la mission.
Peut-être avais-je merdé sur toute la ligne. Peut-être allais-je me faire déglinguer devant le commandement une fois de retour en Cyrodiil... Cette éventualité me travaillait méchamment en tous cas...
Enfin, personne ne vint m'emmerder à propos de la claymore. Un matelot me questionna vaguement à son sujet, mais il ne sembla même pas écouter la réponse. A mon avis, les souvenirs ramenés par les opérateurs étaient légion. Il est vrai que Rexus avait quand même embarqué plusieurs poteries cendraises de son côté, et ça pour le coup, c'était autrement plus voyant qu'une épée facilement confondue avec mon espadon traditionnel. Concernant l'anneau de Méphala, personne n'en eu vent, et il resta dans ma poche tout au long du trajet.
Serait-ce vraiment aussi simple ? Je ne cherchais pas les problèmes évidemment. J'avais certainement pas envie de me faire emmerder après une journée aussi chargée en émotions et en chamboulements de toutes sortes. Mais quand même, le détachement dont faisait preuve le personnel du RAC à propos de la situation toute entière me paraissait véritablement anormal, eu égard des innombrables comptes que j’avais dû rendre par le passé. Peut-être était-ce vraiment ainsi que les choses se passaient dans une unité échelon un, finalement...

Le voyage retour vers Cyrodiil fut assez bref, pour la simple et bonne raison que je le passai à dormir sur ma banquette, bercée par le tangage perpétuel de la corvette. Enfin dormir... Somnoler péniblement aurait été une définition plus exacte de mon état. Et je n’étais visiblement pas la seule. Vu la gueule des autres opérateurs lorsque nous posâmes finalement le pied sur le port militaire de Bravil au petit matin, d'autres avaient également grand besoin d'une vraie bonne nuit de sommeil.
Mais ça évidemment, c'eut été dans un monde parfait...
-Capitaine Othril, suivez moi je vous prie. M'indiqua Percius Ostorius à peine descendue de la corvette.

Le chef d'unité m’entraîna à l'écart du reste du groupe. A l’extrémité de mon champ de vision, j'aperçus les autres se diriger mollement vers la section militaire du RDS, probablement pour mieux regagner la garnison de Fort-Lancier et enfin y trouver le repos mérité. Titus me jeta bien un vague regard interloqué, mais tout le monde semblait tellement crevé que la majeure partie du personnel m'ignora purement et simplement.
-Je suis désolé. S'excusa sincèrement Percius Ostorius en m’entraînant à travers un port militaire particulièrement calme au vu de l'heure précoce. Je me doute que vous êtes exténuée, et moi aussi d'ailleurs. Mais compte tenu de la nature de l'opération, les services de renseignements et le département de la défense ont tous les deux souhaité vous voir dès votre retour.
-Je comprends. Répondis-je mollement.

Je comprenais oui. Ça me cassait les couilles, mais je comprenais.
-Je vous en prie. M'indiqua l'officier légat en m'invitant à pénétrer un petit bâtiment silencieux, longeant les immenses quais de chargement.

Nous nous retrouvâmes dans un long couloir bien entretenu, faisant visiblement office de zone d'accueil pour le reste de l'édifice. A bien des égards, l'endroit me faisait penser à certains bâtiments du RAC, notamment de part son aspect neuf, immaculé, et répondant visiblement à des critères particulièrement strictes.
-C'est l'un des bâtiments de la DSM. Expliqua Percius Ostorius en réponse à mon regard calculateur. Ils ont bien voulu nous prêter un local pour effectuer le compte-rendu. De toute façon, il n'y a pas d'opération prévue par le CSOJ aujourd'hui à ma connaissance, alors on ne risque pas de voir débarquer leur personnel avant au moins deux bonnes heures.

Nous fîmes seulement quelques mètres le long du couloir silencieux. Derrière l'une des portes, s'élevaient en effet des voix, ce qui tranchait nettement avec le mutisme ambiant.
-Ah ! Les voilà ! S'exclama le général Nero Sertorius lorsque nous pénétrâmes enfin le petit bureau dans lequel semblaient nous attendre impatiemment plusieurs personnes.

A ses côtés, je reconnus aussitôt Levus Mico, qui répondit à mon entrée par un sourire bienveillant.
J'eus bien envie d'aller discuter directement avec lui – après tout, il avait été mon supérieur hiérarchique pendant près de six ans – mais quelque chose me disait que les familiarités devraient attendre quelques instants. En effet, assis aux côtés de Nero Sertorius, se trouvaient également deux autres personnes, deux Impériaux d'une cinquantaine d'années dont l'identité ne me disait absolument rien. Plus intriguant encore, un troisième individu, d'une grosse trentaine d'années quant à lui, se tenait debout dans un coin de la pièce, un peu à l'écart, occupé à observer la scène en silence. Lui non plus ne me disait rien, quoi que sa dégaine m'indiquait qu'il n'était ni de la défense, ni du renseignement...
-Capitaine Othril, désolé de vous apostropher de la sorte à peine de retour en Cyrodiil. S'excusa sincèrement l'un des deux quinquagénaires, bien coiffé, bien rasé, et affublé de la traditionnelle tenue à la fois sobre et élégante des employés de bureau. Nous tacherons de faire au plus vite, car nous nous doutons bien que vous devez être épuisée. Asseyez-vous je vous prie.

Je pris place sur une petite chaise, juste en face du large bureau où me faisaient désormais face quatre Impériaux. Levus Mico, Nero Sertorius, et les deux autres.
Percius Ostorius alla discrètement se poster dans un coin de la pièce, me laissant dès lors au centre de toutes les attentions.
-Larus Saccus, directeur adjoint des services de renseignements. Se présenta simplement l'Impérial qui m'avait indiqué de m'asseoir. Vous ne me connaissez probablement pas, et c'est bien normal. Il est vrai qu'aux renseignements, plus l'on grimpe dans les échelons, moins on en connaît, et moi on est connu. Ce qui est assez paradoxal d'ailleurs.

Larus Saccus jeta un bref coup d'oeil à Levus Mico, qui lui rendit un sourire polis. Il reprit ensuite :
-Je suis le responsable du renseignement extérieur de l'Empire. En d'autres termes, c'est moi qui dirige la division chargée d'enquêter sur tout ce qui se situe au delà de Cyrodiil.
-Putain, rien que ça...Pensais-je.
-... Et voici Ontus Vassinus, secrétaire du département de la défense. Enchaîna Larus Saccus tout en me présentant l'autre quinquagénaire.
-Enchanté. Me répondit ce dernier avec politesse.

Je restai quelques secondes silencieuse, un peu décontenancée par la carrure des individus que j'avais désormais face à moi. Levus Mico et Nero Sertorius étaient déjà des pontes, mais d'une certaine manière, je m'étais habituée à les côtoyer. Avoir carrément affaire à deux très hauts responsable des services de renseignements ET du département de la défense, par contre, c'était quelque chose de totalement nouveau pour moi. Ces deux mecs étaient loin d'être des ploucs. Probablement avaient-ils un énorme pouvoir décisionnel au sein de l'Empire tout entier...
-... Le major Percius Ostorius ici présent vous a confié une mission assez particulière, si je ne me trompe pas. Commença Larus Saccus en venant directement au fait de ma présence ici. Cette opération était tout sauf anodine.
-Et nous vous félicitons pour son succès d'ailleurs. Intervint brièvement Ontus Vassinus. L’otage a été ramené sain et sauf, et il semblerait que ce soit en grande partie grâce à vous.

Je remerciai prudemment mes deux interlocuteurs, ne sachant toujours pas comment me comporter avec eux. D'un autre côté, leur présence ici même ne pouvait que confirmer à quel point j'avais assisté à des événements d'une importance capitale.
-Nous aimerions votre compte rendu à chaud. Me demanda simplement Larus Saccus en croisant les mains et en m'observant avec attention. Vous serez bien évidemment invitée à rendre un rapport écrit complet, vous êtes coutumière du fait après tout. Mais compte tenu la nature des événements, nous avons jugé nécessaire d'avoir un compte-rendu le plus rapide et le plus authentique possible.
-Et bien... Hésitai-je.
-Peu importe les inexactitudes que vous seriez amenée à formuler. Précisa le directeur adjoint. Vous n'êtes pas un automate Dwemer, nous en avons pleinement conscience.

Levus Mico me jeta un regard bienveillant. Nero Sertorius quant à lui, observa un ton nettement plus neutre, exactement comme le mystérieux individu toujours posté dans un coin de la pièce.
J'entrepris de raconter en détail les événements vécus en Morrowind, de notre débarquement au sud-est de Larme à notre extraction au nord-est de Thorne. Bien sûr, j'omis volontairement quelques détails, comme l'identité de Balsa, l'anneau de Méphala, et mon étrange découverte du corps au sommet du xanmeer. Pour le reste, je fus assez exhaustive, et assez honnête également. Je mentionnai la porte d'Oblivion, l'intervention du Thalmor, d'un assassin de Morag Tong et des Ordonnateurs – je racontai même l'histoire de la fiole explosive – ainsi que la présences des Lames au Marais Noir, sans toutefois révéler le passage concernant l'anneau de Méphala.
Durant tout mon récit, personne ne pipa mot au sein du bureau. Tous m'observèrent et m'écoutèrent avec le détachement et le professionnalisme propre à leur fonction, sans jamais m'interrompre, sans jamais rien laisser transparaître. Ce ne fut qu'à la toute fin de mon récit que Ontus Vassinus se laissa aller à une réflexion agacée à propos des Dunmers.
-Quelle bande de salopards. Commenta le secrétaire du département de la défense. On ne peut véritablement pas leur faire confiance, et ils viennent encore une fois de le prouver.
-Oh, c'est à peine surprenant. Confia Larus Saccus dans sa direction, avant de se retourner vers moi et d’enchaîner : ne vous en faites pas trop pour votre altercation avec les Ordonnateurs. Les règles d'engagement sont ce qu'elles sont, mais vous avez tout de même sauvé l'intégrité de votre section, et sécurisé un prisonnier hautement stratégique qui plus est. Personne n'est dupe. Ces sauvages ne vous auraient pas laissé partir comme ça.
-Merci. Répondis-je doucement, un peu soulagée de les voir abonder en mon sens.

Le directeur adjoint des services de renseignements rassembla brièvement ses papiers, et reprit :
-Capitaine Othril, compte tenu de vos compétences et de votre dévouement, ce serait une injure de vous laisser dans le noir, et un abominable gâchis de ressources par la même occasion. Votre carrière au RAC semble bien se profiler, et sauf erreur de ma part...

Il jeta un regard interrogateur à Nero Sertorius, qui lui répondit par un bref signe de la tête.
-... Vous serez certainement bientôt intégrée. Reprit Larus Saccus. Nous aimerions que vous mettiez à profit vos compétences durant vos futures missions. Naturellement, on ne vous demandera pas de bâcler votre travail d’opératrice. Les forces spéciales sont un atout majeur dans la domination de l'Empire sur Tamriel. Mais nous pensons malgré tout que vos compétences de renseignement seront un atout de taille pour la sécurité Impériale. Nous vous demanderons simplement d'ouvrir l'oeil, et de nous faire remonter immédiatement toute anomalie observée et constatée durant vos opérations. Il va de soi que vous disposerez de moyens adaptés. Un accès à nos différents réseaux d'informateurs, à du matériel de pointe évidemment, mais également des contacts facilités avec nos différents partenaires situés en dehors de l'Empire. Toute information susceptible de renforcer la sécurité impériale en ces temps troublés sera bonne à prendre.

Le directeur adjoint marqua une pause, jeta un bref regard au secrétaire du département de la défense, puis reprit :
-Pour en revenir aux faits, et pour vous mettre directement au courant de la situation, nous savons désormais que Martin Phillida est impliqué dans toute une série d'actes préjudiciables à l'Empire. Plus précisément, nous avons la certitude qu'il est lié à des profils hautement recherchés, bien qu'il n'ait probablement rien accompli lui même. Par ailleurs, c'est un ancien officier Impérial. Il dispose donc de mal pas d'informations confidentielles sur l'Empire, ce qui rend sa capture par un quelconque ennemi particulièrement dangereuse. Vous connaissez un peu le bougre n'est-ce pas ? Votre dossier au sein des services de renseignements montre que vous l'avez côtoyé durant quelques temps.
-Et bien... Oui. Admis-je. Comme je vous l'ai expliqué, j'ai été amenée à le fréquenter.
-Il fait partie d'un groupe jugé préoccupant. Répondit Larus Saccus. Nilvyn Serethi, Balsa Veloren, Eraldil, Arvin Hlaalu, Luther Jarol... Ces noms vous sont sûrement familiers. Vous avez côtoyé ces criminels, et vous avez même assisté à leur évasion. Ce que vous ne savez certainement pas, par contre, c'est que nos renseignements ont formellement associé certains d'entre eux à des organisations comme la Morag Tong ou la Confrérie Noire, et probablement d'autres encore, comme l'a stipulé le dernier rapport d'enquête de Salmo. Par ailleurs, les agissements récents de certains membres des Lames, comme Janus Cosades par exemple, posent question également. Nous craignons une potentielle infiltration au sein de l'Empire. Si certains de ces criminels étaient liés à de telles organisations, ont pu aller et venir sur nos territoires pendant de si longs mois sans éveiller le moindre soupçon, et étaient de mèche avec certains membres des Lames qui plus est, allez donc savoir ce qu'ils ont pu voir, entendre, ou fomenter ?

J'observai un silence interloqué. En vérité, j'avais un peu du mal à admettre ce que me disait le directeur adjoint. Que le groupe de Nilvyn ait fait des cachotteries et se soit livré à de drôles d’occupations, je le savais déjà. Mais qu'il y ait carrément un lien avec la Morag Tong, et la Confrérie Noire ? Cela dépassait largement ce que j'avais imaginé. Balsa avait beau s'être officiellement grillée comme étant aujourd’hui un assassin de Morrowind, je n'avais pas imaginé un seul instant qu'elle puisse faire partie d'un projet plus grand encore.
Qu'avaient donc fait ces prisonniers ? Où étaient-ils allés ? Qu'avaient-ils accompli ?
-... Les Lames... Repris-je après quelques secondes d'hésitation. Vous pensez que les Lames sont compromises ?
-C'est ce que nous vous demanderons d'observer. M'expliqua Larus Saccus. Vous serez probablement amenée à les rencontrer de nouveau, au vu de votre métier. Soyez attentive. Relevez et mentionnez tout ce qui vous paraîtra louche à leur sujet.
-C'est de la compétence directe de l'empereur... Risquai-je.
-Cet ordre vient directement de mon père. Conclut sans autre forme de procès le mystérieux individu, resté debout dans le coin de la pièce pendant tout ce temps.

Je tournai la tête en direction du trentenaire, et eus un haut-le-coeur en reconnaissant soudain son identité. Je n'y avais pas trop prêté attention jusqu'ici, et la pénombre n'avait pas aidé. Pourtant, je reconnaissais désormais clairement le prince Corvus, fils aîné de l'empereur lui-même. Une figure politique et militaire particulièrement bien connue au sein de l'Empire...
Je balbutiai péniblement, prise de cours par l'identité de mon interlocuteur. Le fils aîné de l'empereur, carrément... Alors là vraiment, ça ne rigolait plus du tout...
-Bien, je pense que nous en avons fini pour l'instant. Conclut Larus Saccus en terminant de ranger ses papiers. Naturellement, vous serez tenue informée de la suite des enquêtes, et il y a fort à parier que la section Uriel sera détachée à la capture de certains de ces criminels une fois que nous les aurons localisé. Vous êtes les meilleurs après tout.

Il se leva :
-Merci pour cette entrevue capitaine Othril, et sincèrement navré de vous avoir retenue. Allez donc vous reposer, vous l'avez bien mérité.

Tout le monde l'imita, signifiant la fin de ce compte-rendu. Levus Mico me gratifia d'un geste de la main, probablement pour mieux me signifier que nous nous reverrions bientôt. Après quoi il quitta le bureau en compagnie de Larus Saccus. Le prince Corvus quitta la pièce lui aussi, sans même m'adresser le moindre regard, alors que Ontus Vassinus de son côté, prit tout de même la peine de me serrer la main avant de l'imiter. Nero Sertorius fut le dernier à s'en aller, non sans nous avoir adressé un bref signe de tête en guise de « on se revoit à Fort-Lancier ».
Ne resta donc plus que Percius Ostorius et moi...
L'officier légat observa les autres quitter la pièce sans piper mot, se gratta la tête d'un air incrédule, puis se retourna ensuite vers moi.
-Tu permets que je te tutoie ? Me lâcha-t-il.
-Oui bien sûr. Répondis-je, un peu décontenancée moi aussi.
-Ben putain... Sacrée histoire. Souffla l'officier. C'est bien pire que ce que je pensais. Mais bon, on sent que t'as de la bouteille. Ils t'estiment ces gars là, et c'est pas rien, tu peux me croire.

Je ne répondis pas, ne sachant pas si leur estime était véritablement une bonne chose, compte tenu des circonstances.
-Et puis bon, j'ai pour habitude de toujours voir le verre à moitié plein. Poursuivit l'Impérial en scrutant le vide d'un air pensif. Ils vont te donner des moyens, pas vrai ? Ça veut dire plus de moyens pour nous aussi. Et puis la Morag Tong, la Confrérie Noire... On les connaît. On peut les combattre. On est formé pour ça après tout. C'est le côté enquête qui me chiffonne un peu plus à vrai dire...

Percius Ostorius observa un nouvel silence pensif.
-Bah, on verra ça plus tard. Conclut finalement l'officier en chassant ses interrogations d'un geste de la main. Contente-toi déjà de terminer le programme de sélection, et ensuite on avisera. C'est la dernière ligne droite. Si tout se passe bien, tu seras bientôt officiellement des nôtres. On aura tout le temps de voir la suite des événements à ce moment là.

Effectivement, selon le calendrier de base, il restait moins d'une semaine avant la clôture du programme de sélection du RAC. Pour la promotion dont je faisais partie du moins. Percius Ostorius avait raison : je devais tout d'abord me concentrer là dessus, me focaliser sur l'immédiat, orienter mon attention vers ce sur quoi j'avais une influence immédiate. On verrait ensuite pour le reste.

Mais tout de même...
Quelque chose me disait que cette carrière au sein des forces spéciales – car elle me tendait véritablement les bras désormais - allait être bien plus mouvementée encore que tout ce que j'avais bien pu imaginer...

Le chapitre suivant est terminé, faut juste que je le relise.

De plus en plus fascinant.

J'aime beaucoup le caractère bouru de teleri.

Va t'elle revoir arsyn ?

Suitent au prochain épisodent ent

Bon, un message pour passer page suivante et je balance.