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Sujet : [Fic] Une vie d'élu

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BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
21 janvier 2021 à 19:21:39

Voilà voilà, je poste.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
21 janvier 2021 à 19:22:28

Chapitre 19 : Mamans les p'tits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des jambes ?
Un bruit assourdissant emplissait l'air, sans que je ne parvienne à définir son origine. Ça semblait venir de nul part et de partout en même temps. Un bruit...Si mystérieux et monstrueux à la fois qu'il glaçait le sang, prenait les tripes, faisait naître une peur irrationnelle et inexplicable au plus profond des entrailles. Il y avait également une aura d'un rouge profond tout autour, chargée d'ombres et de menaces. C'était sombre et lumineux à la fois. Angoissant, anxiogène. Et le ciel...Il était rouge lui aussi. Rouge et remplis de nuages malfaisants qui semblaient flotter à quelques dizaines de mètres à peine du sol, tel un plafond bas et maléfique. Et ces formes, gigantesques et indistinctes qui se déplaçaient lentement dans la lave, en bordure de mon champ de vision.
Elles me faisaient peur...J'avais peur oui...Terriblement peur...

Un réflexe nerveux me secoua la jambe, m'arrachant aussitôt à mon sommeil.
-J'hésitais à te réveiller justement. Commenta Celwen, un carnet de notes dans les main. Tu respirais super fort et tu gémissais. Cauchemar ?

Je clignai des yeux, jetai un œil hagard tout autour de moi, puis me frottai les paupières.
La corvette du RAC. J'étais assise sur un petit banc, dans le pont inférieur de la corvette du RAC.
Tout allait bien.
-Ouai, je fais des rêves bizarres parfois...Mentis-je en me redressant sur la banquette. J'ai dormis longtemps ?
-Une bonne partie de la nuit.

Fort heureusement, la Bosmer ne me posa pas plus de questions, et s'absorba dans l'étude de son petit carnet. De mon côté, je ne pus m'empêcher de pester silencieusement contre les psychologues du RAC. Ces imbéciles avaient ravivé quelque chose de pas net dans ma tête, ça ne faisait aucun doute. Des années que je ne faisais plus ces cauchemars à la con, et voilà qu'ils reprenaient soudain vie dans mon esprit, juste après que l'on m'ait trituré le cerveau dans tous les sens. Sérieusement, fallait-il encore d'autres preuves que la psychanalyse, c'était tout bonnement de la merde ?
Un peu maussade, je reportai bien vite mon regard vers Celwen, et remarquai alors, discrètement blotti à sa gauche...
-Un faucon ? Questionnai-je, perplexe.

Je sentis un rouage grippé se débloquer soudain quelque part dans mon cerveau.
-...Toi t'es pas juste agent logistique, je me trompe ? Conclus-je en reportant mon attention sur la Bosmer. T'es agent de renseignement, et mage de transposition.

Elle faillit s'étrangler.
-J'ai bossé six ans aux services de renseignements, faut me pas prendre pour une débile. Fis-je remarquer, en réponse à son regard ahuri.

De manière générale, le renseignement Impérial, ça restait la spécialité des services de renseignements, justement. Au dernier recensement, on était pas loin de vingt-milles employés à bosser jour et nuit pour assurer la sécurité de l'Empire, en collectant ça et là des informations sur à peu près tout et n'importe quoi. Évidemment, les bases de données mise au point par nos services ne restaient pas sous scellé. Ça n'aurait servi à rien sinon. Elles étaient donc quotidiennement partagées avec les différentes institutions de l'Empire, en vue d'assurer la sécurité directement sur le terrain. Plus concrètement, la Légion Impériale, et ses différentes unités de forces spéciales par exemple, travaillent constamment avec les services de renseignements pour mieux mettre au point leurs opérations militaires. Connaître tel ennemi ainsi que le meilleur moyen de l'abattre, jauger telle force armée adverse et estimer au mieux la menace qu'elle représentait, et ainsi de suite.
Bien sûr, ces infos n'étaient pas balancées n'importe comment à n'importe qui. Pour des raisons de sécurité, de confidentialité et d’efficacité, il fallait traiter avec des homologues compétents, et c'était justement pour ça que le CBAS, le Commandement général des Branches Armées Spéciales, disposait de sa propre base de renseignements. C'était eux qui collaboraient quotidiennement avec les services de renseignements, et c'était eux qui faisaient ensuite transiter les informations aux différentes unités de forces spéciales en fonction de qui aurait besoin de telle ou telle information confidentielle le moment venu. Bien sûr, pour disposer d'une base complète d'informations, il fallait les collecter sur le terrain, ces foutues informations. Et parfois même les contrôler en temps réel, en même temps qu'une opération militaire était menée.
C'était dans ce cas de figure bien précis que les mages de transposition entraient en scène.
La guerre avait évolué. Largement même. Les immenses forces armées et les énormes batailles rangées, lentes et prévisibles, avaient peu à peu laissé place à des opérations commandos impliquant des petites sections autonomes. Aujourd'hui, tout allait plus vite, et beaucoup de choses se faisaient dans l'ombre. Bien plus qu'avant en vérité. Les espions et les éclaireurs, si ils étaient encore largement utilisés, n'étaient plus forcément aptes à obtenir certaines informations essentielles. Dans toutes ces escarmouches éclaires qui impliquaient souvent des petites unités très mobiles et très réactives, ils étaient même devenus carrément inutiles, car ils ne pouvaient plus ni prédire, ni suivre, ni rapporter l'action à leurs supérieurs. Le temps qu'un rapport soit rendu, tout était déjà terminé depuis des heures, voir des jours. C'était là que les mages de transposition rentraient en jeu : grâce à leur maîtrise de la magie d'illusion, et à la magie de commandement en particulier, ils ordonnaient à un animal – souvent un oiseau domestiqué - de survoler les zones dangereuses, observaient le terrain à travers leurs yeux, et étaient dès lors en mesure de rapporter directement la moindre information utile, comme la fuite d'une cible, ou l'arrivée soudaine de renforts. Ils pouvaient à la fois collecter des informations dans les régions ennemies sans éveiller les soupçons, et également surveiller la progression d'une unité alliée lors d'une opération dangereuse, grâce à la grande visibilité que leur conférait la position de l'animal transposé. Surtout, ils étaient en mesure de faire remonter l'information à la seconde même où ils la détectaient. Après tout, ils n'avaient pas de lettre ou de rapport à faire revenir. Ils n'avaient qu'à ouvrir la bouche et parler...
Les forces spéciales étaient friandes de ce genre de procédures, c'était connu. Elles leurs permettaient un appui visuel permanent sur les opérateurs de terrain, leur permettait de prévoir l'emplacement des ennemis dans la zone, ou encore leur permettait de trouver leur chemin dans une ville ennemie sans avoir à mémoriser des dizaines de plans au préalable.
Si je connaissais si bien cette méthode de renseignement, c'était tout simplement car les services de renseignements eux même l'employaient très fréquemment, à la différence près que eux ne le faisaient QUE pour collecter des informations à distance, et non pas pour apporter un soutien tactique à des unités militaires sur le terrain.
En tous les cas, cette discipline était souvent pratiquée par de très bons mages d'illusion. Et au sein de la Légion, elle était systématiquement réservée aux officiers du renseignement militaire, et non pas à de jeunes caporaux...
-...Les gens me regardent toujours bizarrement quand je leur dis ma vraie fonction. Lâcha Celwen après quelques secondes d'un étrange malaise. Genre c'est pas possible, je suis une menteuse. Et ça me fait vraiment chier de devoir expliquer à chaque fois le pourquoi du comment, alors pour finir, je dis juste que je suis un agent logistique, et basta.
-Ben en même temps, les agents de renseignements militaires sont toujours des officiers. Notai-je. C'est vrai que c'est étonnant de voir un caporal avec de telles qualifications...
-Je sais je sais ! Pesta la Bosmer. A la base, j'étais censée me taper la passerelle des officiers du CBAS lorsqu'ils ont découvert mes aptitudes à la magie d'illusion, mais je t'avoue que...
-Pas envie ?
-Honnêtement ? Non. Quand je vois la galère que doit se taper Ostorius au quotidien, je me dis que je suis très bien à ma place de caporal. Pas envie de vivre avec des responsabilités pareilles pour le restant de mes jours.
-Mais comment tu t'es retrouvée à faire du renseignement malgré tout ? Insistai-je, perplexe.
-L'unité Molag, et la section Uriel en particulier. Lâcha Celwen, comme si cette seule réponse suffisait à expliquer le fin mot de l'histoire.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
21 janvier 2021 à 19:22:47

Elle perçut immédiatement mon froncement de sourcils, et enchaîna :
-Tu verras que c'est une section très spéciale, la section Uriel. L'unité Molag est déjà une unité un peu particulière, vu que Ostorius à tendance à se torcher avec pas mal de protocoles. Mais alors la section Uriel...T'as jamais entendu parler du sergent major Telrav Gravius ?
-Euh ben...Non...Avouai-je, réalisant au passage que ce fameux chef de section – à qui je devais en grande partie ma présence ici, visiblement - était le seul que je n'avais pas encore aperçu depuis mon arrivée.
-Ben, pour te résumer un peu le personnage, Telrav, c’est le mec qui s'en tamponne de savoir qui t'étais avant d'arriver dans sa section. Expliqua la Bosmer. Et c'est rare, parce que comme tu le sais, le monde militaire est pourri de protocoles en tous genres...
-Oui j'avais remarqué...
-Et donc, pour en revenir à moi...Poursuivit la Bosmer. La section Uriel avait besoin d'un agent logistique, et d'un officier de renseignements également. Et quand Telrav a su que je maîtrisais la magie d'illusion, il m'a prit pour faire les deux, et voilà. Il en avait rien à foutre que je sois caporal et que j'aie pas fait la passerelle du CBAS.
-T'es au RAC depuis combien de temps en fait ? Questionnai-je, rendue curieuse par le personnage qu'était visiblement Celwen. Explique moi ton parcours ?
-Je suis au RAC depuis trois ans. Commença la Bosmer. Je suis rentrée à vingt-cinq ans, comme agent logistique, après cinq années dans le quatrième de cavalerie. J'ai passé les sélections du personnel de soutien - Bon c'est clairement pas aussi violent que les sélections d'opérateur hein, je te le dis tout de suite – puis j'ai fait deux ans de logistique à la caserne.
-C'est pas trop chiant comme poste ? Risquai-je.
-Si ! A mort ! Se lâcha aussitôt Celwen. Je devenais complètement zinzin à force de passer mes journées à gérer les stocks de Fort-Lancier ! Attends, j'ai pas fait ce métier pour lister la vaisselle de la cantine ou trier des sacs de grains de café ! Enfin bref, du coup j'ai voulu rentrer dans une section de combat, comme agent de logistique attitré quoi. Je pensais que ça me changerait de mon quotidien à Fort-Lancier. Sauf que toutes les places étaient prises, et qu'il fallait un dossier béton. Ce que je n'avais pas évidemment, vu que j'étais déjà enfermée à mon poste de casernière. Tu sais, faire de la logistique dans une caserne, c'est un peu une voie de garage. Quand tu rentres là dedans, c'est très difficile d'en sortir...

La Bosmer fit une moue dépitée, puis poursuivit :
-Enfin, j'étais un peu dégoûtée, du coup j'ai passé un test de réorientation, et...
-C'est la qu'ils ont découvert tes aptitudes à la magie d'illusion. Relevai-je.
-C'est ça. Acquiesça Celwen. Et du coup, ils m'ont proposé la passerelle des officiers du CBAS pour devenir agent de renseignement attitré. Ça m'aurait permis d'être attachée à une section de combat à coup sûr, et d'atteindre mon objectif. Sauf que moi, officier ? Laisse tomber. Jamais de la vie. Et justement donc, c'est là que Telrav m'a débauché pour la section Uriel, quand il a appris mes capacités.
-Comme ça ? D'un coup ? Questionnai-je, un peu surprise. En temps que chef de section, il n'a pas forcément son mot à dire non plus. C'est le commandement qui décide après tout.
-Oui c'est vrai. Admit la Bosmer. Mais il a insisté auprès d'Ostorius, et c'est lui qui a poussé mon dossier. Et j'ai quand même dû faire un écolage de plusieurs mois en parallèle évidemment. Mais du coup, ça leur a permis de faire une exception, et de me laisser exercer ce poste malgré mon grade. Et donc en gros, maintenant, ça fait six moi que je suis l'agent logistique ET de renseignement attitré de la section Uriel.
-Et ben...Commentai-je. Sacré parcours...
-Oh tu sais, comme tout le monde ici au final. Annonça la Bosmer. C'est ça qui est dingue avec cette section : Personne n'a suivi le parcours habituel. Tu auras l’occasion de t’en rendre compte par toi même si tu es prises.

Percius Ostorius rejoignit le pont inférieur, et s’avança vers nous avec la démarche et l’expression typiques de ceux qui s’apprêtaient à annoncer quelque chose d’important.
-Allez, on s’équipe ! Lança l’officier en balayant la pièce du regard. Le littoral sud-est de Morrowind est en vue ! Le soutien, montez sur le pont, on va avoir besoin de vous. Celwen, pareil. Monte sur le pont et fais décoller Aquilia. Je veux un aperçu de la zone avant que Uriel débarque.

La Bosmer s’exécuta immédiatement, comme tout le reste du personnel de soutien.
-Allez ma grosse, il est temps d'aller faire un petit tour. Commenta-t-elle tout en gratifiant son faucon d’une caresse affectueuse.
-Capitaine Othril, votre équipement est juste là. Enchaîna le major en me désignant une grosse malle de bois quelques mètres plus loin.
-Quelle heure il est ? Lança Rexus depuis le fond de la pièce.
-Six heures du matin. Répondit Percius Ostorius. Le jour est en train de se lever. Bon allez, on se dépêche ! Je veux tout le monde prêt à embarquer sur les canoës dans dix minutes !

L’officier supérieur quitta aussitôt le pont inférieur, nous laissant à nos préparatifs.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
21 janvier 2021 à 19:23:04

Un terrible sentiment d’excitation et d’appréhension mêlées me gagna rapidement, alors que j’ouvrais la grosse malle et m’affairais déjà avec mon équipement. Derrière moi, dans le fond de la pièce, les opérateurs en firent de même, sauf que eux eurent le luxe d’enfiler du matos de pointe, ce qui ne fut pas mon cas évidemment. Me concernant, je devais me démerder avec ma grosse armure de centurion, mon casque à crête lourd, et mon putain d’énorme espadon. Au moins, Celwen avait eu le bon goût de me laisser une arbalète à répétition, ainsi que trois chargeurs plein. Ma présence aurait été totalement inutile sinon, surtout affublée de mon équipement de centurion réglementaire...
-Un coup de main ? Me proposa la voix de Rexus Frey dans mon dos, alors que je galérais à attacher mon plastron lourd.
-Je veux bien oui...Admis-je, un peu honteuse.

L’Impérial, déjà engoncé dans sa tenue de FS hyper moderne, lâcha un sourire compatissant, et m’aida à attacher les différentes fixations.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/4/1611248681-skyrimse-2021-01-21-17-54-05-76.jpg

-T’en fais pas trop va. Confia-t-il tout en serrant fermement les différentes cordelettes situées dans mon dos. Bientôt, tu pourras foutre cette vieillerie et placard et opérer avec le même matos que nous.
-C’est quelle matière d’ailleurs ? Questionnai-je tout en observant avec curiosité l’armure du colosse. 
-Un mélange de cuir et d’alliages divers. En gros, c’est léger, souple, mais ça peut arrêter un carreau d’arbalète lourde. Enfin, un ou deux maximum hein. Après, le blindage se fissure et ça passe au travers.
-C’est toujours ça de pris j'imagine. Ça laisse une seconde chance, le temps de se planquer. ;.
-Ça laisse surtout une chance à - retourne toi ? - à tes frères de te ramener en vie. Fit remarquer Rexus en attachant cette fois-ci mes gants. Parce qu’un carreau d'arbalète lourde dans le torse, ça t’envoie au tapis quoi qu’il advienne. Le choc est suffisamment puissant pour te briser des os ou t’éclater un organe. Je le sais, j’en ai déjà pris quelques-uns. Qu’est-ce que tu veux, ça reste une armure, pas un artefact divin…

L’Impérial lâcha cette confession avec un détachement ahurissant compte tenu des circonstances. On s’apprêtait probablement à crever de bien des manières, mais lui papotait de blessures et de mort comme si il s’agissait d’un bête travail de routine. Ceci étant dit, il était affublé d’une armure moderne capable de supporter au moins un tir d’arbalète lourde, ce qui n’était clairement pas le cas de mon armure de centurion. Les matériaux utilisés avaient beau être épais et solides, ils avaient principalement été étudiés pour éviter les coupures et les lacérations des armes blanches. En comparaison, leur résistance aux perforations était quasiment nulle. Je me rappelais d’ailleurs très bien de ce jour au onzième de cavalerie, où l’on avait testé la solidité des plastrons en les positionnant au beau milieu d’un champ de tir, avant de les canarder à des distances allant de vingt à cinq cent mètres. Dans tous les cas, le constat avait été implacable: l’armure se faisait traverser de part en part dès le premier carreau. Autant dire que le soldat engoncé dedans serait mort sur le coup…
Probablement le sergent Rexus Frey avait-il lu ma détresse sur ma gueule déconfite, car il se mit bientôt à rire, et reprit:
-T’en fais pas trop je t’ai dis. Tu seras pas en pointe. Les aspirants, on les met toujours derrière. C’est une unité de forces spéciales échelon un, pas la guilde des guerriers.

Était-ce censé me rassurer ? Car jusqu’à preuve du contraire, la guilde des guerriers ne prenait pas le risque d’aller se confronter directement à des institutions comme la Morag Tong, elle…
-Tout le monde est prêt ? Lança soudain une voix autoritaire, au moment même où un Impérial d’une bonne quarantaine d'années, au visage buriné et à la mâchoire carré, débarquait sur le pont inférieur.
-Ah, vl’a le boss. Commenta Rexus en terminant d’attacher mes dernières cordelettes.

Plusieurs réponses affirmatives s'élevèrent depuis le fond de la pièce. Le Dunmer, le Rougegarde et le blondinet semblaient prêts de leur côté.
-Bon ben tout le monde sur le pont. Lança celui qui devait donc être le fameux Telrav Gravius, chef de la section Uriel. Rexus, bouge toi.

Le colosse obtempéra. J’entrepris d’ailleurs de le suivre en silence, avant d’être aussitôt stoppée par le chef de section.
-Non, capitaine Othril, une seconde. Me retint ce dernier. Je dois vous parler.

Les trois autres opérateurs passèrent devant nous. Le Dunmer me jeta un regard mauvais, alors que le blondinet de son côté, m'adressa un sourire bienveillant. Le Rougegarde par contre, ne me regarda même pas...De mon côté, je me retournai lentement vers le chef de la section Uriel, attendant patiemment qu'il formule la raison de cette mise à l'écart. Et là, je dus bien admettre que je n'en menais pas large face à sa prestance...Que ce son visage buriné, parsemé de cicatrices, sa coupe de cheveux typique des forces spéciales – rasée sur les côtés, longue sur le sommet du crâne – ou plus simplement encore, son allure à la fois calme et autoritaire, tout en lui transpirait une terrible expérience du combat. Clairement, c'était le genre de mec avec qui on avait pas envie de déconner, ça se sentait tout de suite. Lui, c'était pas un rigolo, ou une couille molle qui se laissait impressionner, car lui, il en avait certainement vu des biens pires que vous dans sa longue, brillante et violente carrière militaire...

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/4/1611249445-skyrimse-2021-01-21-17-59-03-38.jpg

-Sergent major Telrav Gravius. Se présenta brièvement l’Impérial une fois que nous fûmes seuls. Pardonnez cette entrée en matière. J’aurais aimé descendre et discuter d’avantage avec vous, mais on avait pas mal de détails à régler avec le major Ostorius. Vous avez pu vous familiariser un peu avec le reste de l’équipe ?
-Euh…
-Bah, ça ne fait rien. Enchaîna aussitôt le chef de section. Vous aurez l’occasion de le faire par la suite, si tout se passe bien. Ostorius m’a dit que vous étiez pleinement consciente de ce qui nous attendait. J’apprécie cela, car cette opération est tout sauf anodine, comme vous l’avez bien compris. Et je n’aurais pas voulu d’un autre aspirant sur ce coup, compte tenu de ce que l'on m'a rapporté à propos des sélections actuelles.
-Je...Merci...Je suppose…Bafouillai-je.
-Une dernière chose avant qu’on ne rejoigne les autres. Poursuivit l’Impérial. Vous êtes du renseignement, vous connaissez la musique. On aimerait que vous mettiez vos talents à profit durant cette mission. Par là, j’entends que vous devrez ouvrir les yeux, et relever tout ce qui vous semble étrange.
-Étrange ? Comment ça ? Questionnai-je, curieuse.
-Et bien, vous connaissez la nature hautement préoccupante de notre alliance avec Morrowind. En l'occurrence, il est très rare que les Dunmers nous laissent opérer directement sur leur territoire. Probablement pour de très bonnes raisons d'ailleurs. Cette mission est primordiale sur bien des points. Nous devons absolument récupérer et exfiltrer ce déserteur avant que quelqu’un d’autre ne lui tombe dessus, mais le commandement a également jugé bon d’en profiter pour...Comment dire…
-Ouvrir les yeux ?
-Vous comprenez...Confia Telrav Gravius d'un air grave. Les Dunmers sont des alliés précieux, mais dont il faut également se méfier. Toute information à leur sujet pourrait nous être utile. Sait-on jamais.
-Je comprends. Acquiesçai-je. Je ferai attention.
-Cette directive ne vient pas seulement du CSOJ, ou du CBAS, capitaine Othril. Insista l’Impérial. Quand je dis commandement, je parle du département de la défense. De l’Empereur lui-même, probablement…
-Ah…

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Niveau 34
21 janvier 2021 à 19:23:20

Le chef de section m’invita à le suivre vers les escaliers, en direction du pont supérieur. Si il avait voulu me mettre la pression, c’était réussi. Première opération - une opération d’essai qui plus est - et je me retrouvais déjà coincée au beau milieu d’un bordel géopolitique sans nom, avec EN PLUS une mission toute personnelle à effectuer. Évidemment, il ne s’agissait pas seulement de suivre le groupe et de jouer le jeu, comme devaient le faire la plupart des aspirants lors de leur mission d’essai. Non, moi, on m’avait fait sauter plusieurs étapes d’un coup. On m’avait carrément confié des responsabilités. Et autant dire que j’avais pas intérêt à me planter.
On m'attendrait au tournant. Je devrais rendre des comptes...
-...Encore une fois, je me doute que tout ça va très vite pour vous. S’excusa de nouveau Telrav Gravius alors que nous gravissions les marches menant au pont supérieur. Croyez bien que je le regrette. Cela étant dit, je vais jouer franc jeu avec vous: réussissez cette mission à nos côtés, et vous êtes garantie de nous rejoindre à temps plein.
-Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, absolument tout. Répondis-je le plus fermement possible.

La voix un peu chevrotante malgré tout...
-...Uriel n’est pas complète, comme vous l’a sûrement expliqué le major Ostorius. Poursuivit l’Impérial. Il nous manque un opérateur à temps plein, du coup on doit combler comme on le peut en attendant. Vous serez présentée plus amplement à l’équipe si vous nous intégrez, mais pour les besoins de la mission, retenez simplement ceci: Je suis Uriel un, le chef de section. Le Dunmer pas commode, c’est Endril Lloryn, Uriel deux, le chef adjoint. Vous connaissez déjà le sergent Rexus Frey, Uriel trois. Le Rougegarde qui passe son temps à aiguiser sa dague comme un psychopathe est Linus Marius, Uriel quatre, et le jeune blondinet avec son bâton de mage, c’est Titus Decanius, Uriel cinq. 

Je retournai plusieurs fois dans mon esprit les informations données par le chef de section. 
Uriel deux, le Dunmer. Uriel trois, le gros. Uriel quatre, le fou. Uriel cinq, le beau gosse.
-...Pour des raisons de procédures, vous ne pourrez pas adopter l’identifiant Uriel sur cette opération. M’expliqua Telrav Gravius. Vous serez Netinian. C’est compris ?
-Compris.

Nous gagnâmes finalement le pont supérieur, et nous confrontâmes aussitôt à la fraîcheur de l’aube.
A quelques centaines de mètres au nord, les immenses rivages silencieux et brumeux de Morrowind nous faisaient face, porteurs de songes et de mystères.
Tout le monde s'affairait déjà sur le pont. Les sorciers du soutien tactique établissaient des ponts magiques entre les différents membres de l’équipe, les agents logistique apprêtaient tables, cartes et carnets de note, et même Celwen semblait déjà à pied d’oeuvre. Les yeux révulsés, le visage tourné vers le ciel, elle restait là, immobile, concentrée sur le lien d’illusion qui la liait à son faucon.
-Du mouvement ? Questionna Percius Ostorius.
-RAS pour le moment. Répondit la Bosmer. Quelques troupeaux de guars, et un dreugh isolé qui se balade en direction de l'ouest, mais sinon…

Très loin au nord, j'aperçus brièvement le faucon de la Bosmer à travers les nuages, petit point dans le ciel, occupé à survoler les environs d’un oeil attentif.
Je suivis Telrav Gravius vers le bord de la corvette, là où les autres opérateurs s’étaient rassemblés, et semblaient désormais occupés à vérifier une dernière fois leur matériel, le temps que les matelots mettent les chaloupes à l’eau.
-Tout le monde est prêt ? Questionna Percius Ostorius en nous rejoignant lui aussi.
-Prêt. Lui indiqua simplement le chef de section.
-Bon, selon les dernières infos du renseignement, le camp des Véréansu est situé bien avant la ville de Larmes. Expliqua l’officier légat en dégainant une carte de la région et en nous indiquant alors différents points de repères. Ça devrait être plus facile que prévu. En gros, on est ici, près de cette plage, et l’objectif se situe dans ces marais, juste là. 

Je me mis sur la pointe des pieds, et observai la carte moi aussi, mémorisant rapidement les informations que donnait le chef d’unité.
-Ils sont grands ces marais...Fit remarquer Rexus en réponse à l’énorme tache brune qui recouvrait la majeure partie de la carte.
-Oui mais ils sont relativement plats. Rétorqua Titus Decanius, le blondinet, probablement le mage de la section vu le bâton qu’il gardait accroché dans son dos. On devrait voir le camp de loin.
-Le camp oui, mais les moustiques, les kagoutis, les dreughs...Insista le colosse, emplit de doutes. Cet endroit est rempli de sales bestioles...
-Aucun soucis, elles prendront la fuite en flairant ton odeur. Lâcha le mage.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
21 janvier 2021 à 19:23:41

Des rires étouffés parcourent l’assemblée.
-Bon un peu de sérieux ! Les rappela Percius Ostorius. Je veux une opération nette et sans bavure ! Ne perdez pas de vue la mission : Vous prenez les canoës, vous accostez, vous rentrez là dedans, vous chopez ce déserteur, et vous revenez aussi sec. Pas la peine de perdre du temps. N’oubliez pas que c’est Morrowind. On est en terrain allié, mais…

“Mais”. C’était exactement ça le problème de toute cette foutue opération.
On était en terrain allié, “mais”.
Nous embarquâmes sur deux pirogues séparées, l’une comprenant Telrav Gravius, Rexus Frey et Linus Marius, et l’autre comprenant Endril Lloryn, Titus Decanius et moi même. 
-Bonne chance messieurs...Et madame. Conclut Percius Ostorius depuis le pont, alors que les matelots nous faisaient délicatement glisser vers la mer en contrebas. Faites honneur au régiment autonome de cavalerie, et à l’Empire.
-Aouh ! Scandèrent les opérateurs tout en frappant leur torse du poing.

Le pire, c'est que j’accomplis ce geste moi aussi, et sans même y avoir réfléchi. En fait, ce symbole militaire n’était pas seulement celui du RAC, mais bien celui de la cavalerie impériale toute entière. 
C’était le symbole des combattants, de ceux qui partaient en guerre, de ceux qui partaient “toujours devant”. Et ça évidemment, c’était quelque chose qui ne s’oubliait pas quand on avait fait carrière à la cavalerie, quand bien même six années de renseignements étaient passées par là entre temps.
La pirogue toucha la surface de la mer calme et silencieuse de Morrowind, et je ne pus m’empêcher de raffermir aussitôt ma prise sur mon arbalète, crispée, tendue, mais impatiente malgré tout.
Cela faisait des mois que je m’entraînais pour ça, et plus largement encore, de très nombreuses années que cette carrière dans une unité de forces spéciales accaparait mon esprit. Cette fois-ci, j’y étais pour de vrai. Je voulais dire: j’y étais ! J’étais là, à cet instant précis, prête à plonger dans le feu de l’action avec les meilleurs soldats de tout l’Empire.
J’avais attendu toute ma vie pour ça. C’était ma chance, la seule. Je ne pouvais pas la rater.
C'était du sérieux cette fois-ci. Il n'y aurait pas de deuxième essai...
-Uriel pour Clivia, test de communication. Résonna brusquement la voix du major Ostorius à mes oreilles, m'arrachant un sursaut par la même occasion.

Titus Decanius pouffa derrière moi. En même temps, il s’attendait à quoi ? C'était ma toute première communication militaire de nature magique...
-Clivia pour Uriel un, je vous reçois Fortis Leovic. Répondit la voix de Telrav Gravius, toujours dans mes oreilles. Uriel pour Uriel un, test de communication.
-Uriel deux, Fortis Leovic. Répondit Endril Lloryn devant moi tout en touchant le côté de son casque de la main gauche.
-Uriel trois, Fortis Leovic. Répondit également la voix de Rexus Frey.
-Uriel quatre, Fortis Leovic. Renchérit celle de Linus Marius, le Rougegarde.
-Uriel cinq, Fortis Leovic. Enchaîna celle de Titus Decanius derrière moi.

Un bref silence retentit au sein des pirogues, juste avant que Endril Lloryn ne se retourne et me colle alors une taloche sur le casque.
Titus Decanius pouffa de nouveau.
-Netinian, Fortis Leovic ! Répondis-je tout en touchant mon casque de la main gauche.
-Clivia pour Uriel un, on passe Ysgramor. Conclut la voix de Telrav Gravius.
-Uriel un pour Clivia, bien reçu. Répondit celle de Percius Ostorius. Bonne chance.

L'instant d'après, les pirogues quittaient finalement l'ombre de la corvette pour mieux s'élancer vers le rivage, vers Morrowind, vers ma toute première opération officielle au sein d'une unité de forces spéciales...

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
21 janvier 2021 à 22:38:32

Chapitre de transition qui me fait trépigner d'impatience :noel:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
23 janvier 2021 à 16:23:47

Le chapitre suivant est plutôt dodu pour le coup.

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
23 janvier 2021 à 19:22:08

La sweeeeeeeeeet :bave:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:06:07

Chapitre 20 : Bons baisers de Morrowind.

Les pirogues avancèrent silencieusement sur l'eau, approchant furtivement le rivage dans la brume du petit matin. Il était bien difficile de voir quoi que ce soit depuis notre position d'ailleurs, vu comme le brouillard semblait avoir gagné en épaisseur au fil des minutes. Un peu de sable quelques dizaines de mètres devant, et juste derrière, une forêt touffue et marécageuse qui semblait s'étendre sur des dizaines et des dizaines de kilomètres.
C'était Titus qui ramait depuis l'arrière de la barque, calmement, sans se presser pour éviter de provoquer trop de remous dans l'eau. Endril de son côté, était couché au niveau de la proue, l’arbalète fermement épaulée, prêt à tirer au moindre mouvement suspect.
-Uriel un pour Uriel deux, RAS pour nous. Commenta bien vite le Dunmer tout en portant la main à son casque.
-Uriel deux pour Uriel un, pareil. Répondit dans mes oreilles la voix de Telrav Gravius. Gardez quand même les yeux ouverts. On ne sait pas ce qui se cache au delà de cette plage.
-Des moustiques, des kagoutis et des dreughs. Souffla la voix de Rexus.
-Putain il va pas recommencer...Marmonna Titus derrière moi. Teleri, rassure-moi, t'es pas le genre à avoir des tas de phobies toi au moins ?
-Pas que je sache non. Répondis-je lentement.
-Merveilleux ! Clama le blondinet.
-Pas qu'elle sache. Grinça Endril. Ça ne veut pas forcément dire qu'elle n'en a pas.

Je restai silencieuse, observant le Dunmer avec une certaine contrariété. Il ne pouvait pas me blairer, ça crevait les yeux. Ma seule présence ici lui était hautement déplaisante, et j'avais comme l'impression que c'était personnel. Telrav avait beau l'avoir décris comme « pas commode », je sentais bien que ce Endril Lloryn n'arborait pas seulement de la méfiance envers un inconnu. Il avait un problème tout particulier avec moi, ça me semblait évident. Quand à savoir lequel...
-Vous venez d'où ? Le questionnai-je soudain, histoire de tâter le terrain et d'en avoir le cœur net.

Et effectivement, ça ne loupa pas. Le Dunmer se retourna comme un ressort et me balança toute sa hargne en pleine tronche.
-Écoute moi bien ! Siffla Endril Lloryn tout en me fixant droit dans les yeux. Je vais être honnête : t'étais pas mon premier choix, loin de là même ! Moi je voulais Vendicci, sauf que tu l'as envoyé à l'hosto avec une commotion et je ne sais combien de fractures ! Paraîtrait même que t'aurais menacé de l'abattre ! Alors je sais pas de quel ghetto merdique tu viens, mais saches bien qu'ici, t'es pas chez toi ! C’est pas toi qui fixe les règles ! Si ça ne tenait qu'à moi, les petites racailles dans ton genre, on les dégagerait de la Légion et on les foutrait en taule ! Vous n'avez rien à faire ici !
-Endril...Tempéra Titus derrière moi.
-...Je te fais pas confiance ! Insista le Dunmer, furibond. Reste loin de moi, et je me contenterai de t'ignorer !
-Au moins maintenant, j'ai la preuve formelle que vous avez un problème avec moi. Notai-je en tentant de garder ma désinvolture.
-Ouai, j'ai un problème avec toi ! Affirma Endril Lloryn. J'ai un problème avec toi parce que tu fais partie de tous ces connards violents qui salissent l'image des Dunmers au sein de l'Empire ! J'ai un problème avec toi parce que t'es dangereuse !

Je sentis une bouffée de colère me gagner brusquement. Pour qui se prenait-il, ce petit fils de pute, à me traiter ainsi ? Quinze ans à servir l'Empire de toutes les manières possibles et imaginables, à me faire tabasser, planter, balafrer, défigurer, et il osait me parler sur ce ton ? J'aurais certainement pu lui donner bien des leçons sur la manière de se sacrifier et de se dévouer corps et âme à la société impériale...
-Ça c’est bien vrai. Je suis dangereuse, surtout quand on me casse les couilles. Conclus-je tout en lui rendant son regard plein de haine. Vous devriez faire attention...

Titus me colla brusquement une torgnole sur le casque, l'air de dire « ferme ta gueule maintenant ! ». Un peu tard cela dit, car Endril Lloryn parut soudain sur le point d'exploser. Heureusement, les barques touchèrent le sable de la plage au moment même où il s'apprêtait à m'empoigner.
-Clivia pour Uriel un, on passe Akavir. Commenta la voix de Telrav à nos oreilles.
-Uriel un pour Clivia, bien reçu. Répondit celle de Percius Ostorius. Akavir.
-On en a pas fini tous les deux. Me lâcha le Dunmer entre ses dents.

Nous quittâmes la pirogue et prîmes pieds sur la plage brumeuse de Morrowind dans une tension proprement électrique. Quelques mètres à notre droite, la barque de Telrav, Rexus et Linus accosta elle aussi.
-Uriel pour Uriel un, rassemblement à la lisière de la forêt. Ordonna la voix de Telrav dans nos oreilles.

Nous quittâmes aussitôt le découvert de la plage pour mieux gagner la pénombre des sous-bois, au petit trot, l'arbalète levée et l'oeil vif. Là, en bordure de forêt, nous nous rassemblâmes en cercle, accroupis, autour d'un Telrav Gravius qui avait déjà sorti une carte de la région.
-Bon, le ressac nous a fait dévier de notre trajectoire, mais on reste dans la zone d'insertion. Commenta l'Impérial tout en nous désignant des points de repère. Au vu de la topographie, on devrait être ici. Difficile d'être plus précis à cause de cette purée de poids. C'est un avantage cela dit. Ça va faciliter notre infiltration. On va commencer à chercher vers le nord-ouest, azimut trois-cent-quinze. Tout le monde a sa boussole, oui ? Bon. On va progresser en colonne. Intervalle de dix mètres. Linus, Rexus, Teleri, moi, Titus, Endril. Compris ?

Tout le monde acquiesça en silence.
-Allez ! Ordonna le chef de section.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:06:23

Nous nous mîmes en route, en colonne espacée, comme le voulait la tactique de base lorsqu'il s'agissait de progresser dans un milieu inconnu et potentiellement hostile. De fait, c'était généralement le meilleur moyen de masquer notre nombre et notre disposition dans la plupart des cas de figure. Le premier de la colonne, si il tombait dans un piège ou une embuscade, permettrait au moins aux suivants de s'articuler et de former une réponse à l'agression.
Nous progressâmes ainsi durant de longues minutes, suivant un Linus Marius occupé à ouvrir précautionneusement la voie à travers les marais silencieux de Morrowind. En parlant de Linus Marius d'ailleurs...J'avais certes bien d'autres choses à penser en cet instant précis, mais le fait de suivre un Rougegarde affublé d'un nom Impérial avait quelque chose d’interpellant. D'habitude, c'était surtout les Khajiits qui faisaient ça...
Qui donc était ce Linus Marius, ce Rougegarde peu loquace à la dégaine d'assassin ?
Je fus brièvement ramenée à la réalité par un grondement diffus sur notre droite. Je pointai aussitôt mon arbalète dans la direction indiquée, et fus alors confrontée à une étrange présence.
-Un netch. Commenta la voix de Telrav dans mon dos. Ils sont généralement pacifiques, mais il vaut mieux ne prendre aucun risque.

Nous contournâmes la créature sur plusieurs mètres, ce qui me laissa le loisir de l'observer plus attentivement. En vérité, c'était bien la première fois de ma vie que je voyais un netch de mes propres yeux. Et à bien des égards, celui-là me paraissait bien plus fascinant que tous les croquis que j'avais bien pu apercevoir jusqu'ici.
Cette espèce de méduse géante se déplaçait paisiblement à environ deux mètres du sol, comme un gros ballon bleuté doué de vie, laissant traîner ses longues tentacules à la recherche de quelque nourriture cachée dans l'herbe ou les fourrés. Fréquemment, l'animal émettait une sorte de grognement bizarre, ressemblant à la fois à un rot et à un ronflement. Contrairement aux rares cerfs et chevreuils qui vivaient encore en Cyrodiil, ce netch ne chercha pas à fuir ni même à nous observer prudemment lorsque nous passâmes sur sa gauche. En fait, il nous ignora superbement. Il continua à flotter ainsi sans se presser, tâtant délicatement la terre ferme de ses longues tentacules à la recherche de nutriments.
-Reman pour Uriel un. Lança la voix de Telrav dans mes oreilles. Le soleil se lève, et le brouillard semble se dissiper. Vous avez un visuel sur nous ?
-Uriel un pour Reman. Répondit la voix de Celwen. Affirmatif, je vous vois. RAS pour le moment, la zone est dégagée.
-Reman pour Uriel un, bien reçu.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/6/1611440424-eso64-2021-01-17-17-13-06-94.jpg

Loin au dessus de notre tête, j'aperçus Aquilia, le faucon de Celwen, tourner lentement dans le ciel.
Ça avait quelque chose de rassurant d'ailleurs, de savoir que nous étions assistés et surveillés en permanence par le commandement. Au moins, il serait bien plus facile de prévoir une potentielle présence ennemie.
Nous poursuivîmes la progression durant une bonne demi-heure, le pas souple, la démarche silencieuse. Devant nous, Linus continuait de tracer la voie et de choisir notre itinéraire en fonction de la topographie rencontrée. C'était comme à l’entraînement en fin de compte : rester le plus possible dans les zones d'ombres, éviter les lignes de crêtes, faire attention où l'on marchait, et bien entendu, garder son secteur respectif. Linus regardait droit devant, et Rexus surveillait l'avant droit. Je devais donc surveiller l'avant gauche, et laisser aux trois derniers opérateurs le soin de couvrir les flancs et l'arrière.
Plusieurs fois, le Rougegarde stoppa net la progression, et brandit silencieusement le poing pour nous faire signer de nous arrêter. Fort heureusement, ce fut presque systématiquement des fausses alertes. Des guars sauvages qui prenaient la fuite à notre arrivée la plupart du temps.
En vérité, on ne croisa aucun être humain dans cette partie des marais, à croire que l'endroit n'était finalement rien de plus que ce à quoi il ressemblait à première vue : un marais sauvage et inhabité.
Ce fut de Celwen que vint la première info véritablement intéressante :
-Uriel pour Reman. Résonna la voix de la Bosmer à nos oreilles. Soyez avertis : possibles constructions humaines à cinquante mètres au nord de votre position.
-Reman pour Uriel un, bien reçu. Acquiesça celle de Telrav.

Linus se retourna brièvement vers nous, en quête d'une nouvelle directive. Le chef de section lui répondit par un signe de main, et nous bifurquâmes alors vers la direction indiquée, plus prudents et silencieux que jamais. Comme de fait, la bute suivante nous dévoila un modeste ponton en rondins enjambant une partie de la mangrove. Mieux encore, des lanternes avaient été suspendues sur l'un des arbres qui longeaient le chemin. Nous étions donc cette fois-ci dans une zone fréquemment arpentée par des humains, et plus probablement par des cendrais vu l'allure modeste des constructions.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/6/1611440419-eso64-2021-01-17-17-12-40-08.jpg

Nous longeâmes le sentier durant plusieurs centaines de mètres, l'oreille tendue. En dehors du clapotis des marais et de quelques grondements de netchs alentours, nous ne perçûmes toutefois pas de signe de présence humaine, et ce fut donc dans un silence absolu que nous approchâmes finalement du campement des Véréansu. Il nous apparu presque au dernier moment, caché par le marais jusqu'à ce que l'on tombe nez à nez avec ses remparts sommaires fait de rondins eux aussi.
-Clivia pour Uriel un, on passe Vendeaume. Commenta Telrav Gravius.
-Uriel un pour Clivia, bien reçu. Répondit le major Ostorius. Vendeaume.
-Clivia pour Uriel un, règles d'engagement ? Enchaîna le chef de section.
-Uriel un pour Clivia, autorisation de tirer à vue si nécessaire. Tout personnel présent dans la zone est officiellement à considérer comme ennemi.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/6/1611440428-eso64-2021-01-17-17-13-37-68.jpg

-En ligne, intervalle de deux mètres. Nous ordonna Telrav. En avant.

Nous nous mimes aussitôt en formation, et pénétrâmes sans plus tarder dans le camp, l'arbalète levée, prêts à tirer au moindre signe de présence suspecte. Sauf qu'il n'y eut aucun signe de présence pour le coup, mais plutôt un camp sans dessus dessous, parsemé de très nombreuses traces de lutte.
-Oulà...Quelqu'un est passé avant nous...Commenta Titus une fois que nous fumes confrontés à cet étrange carnage.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:06:44

J'avais rarement vu un bordel pareil, pour être tout à fait honnête. Ce qui avait probablement ressemblé à un petit campement lambda à l'origine, essentiellement composé de tentes et de petits espaces de vie aménagés ça et là, était désormais un champ de bataille sans nom. On aurait dit qu'un ouragan était passé par là. Partout, de tous les côtés, les tentes étaient éventrées, leur contenu retourné, et les différentes zones qui semblaient initialement servir de coin cuisine ou de dépôts avaient été saccagées elles aussi. A l'évidence, quelqu'un était déjà passé par ici, et le moins que l'on pouvait dire, c'était qu'il avait fait un sacré carton...
-Inspectez les lieux, mais restez à vue les uns des autres. Ordonna Telrav, concentré.

Nous nous dispersâmes dans le petit campement des Véréansu, cherchant çà et là...quelque chose. N'importe quoi qui pourrait nous donner un indice sur la présence d'un déserteur Impérial, ou au moins, sur l'identité de ceux qui avaient attaqué ce camp avant notre arrivée. Car il était évident qu'une attaque avait eu lieu ici. Si pour une obscure raison, les cendrais avaient flairé le mauvais coup fomenté par l'Empire, et avaient décidé de déguerpir avant notre arrivée, ils n'auraient pas eux même foutu un tel bordel dans leur propre camp. Ils n'auraient pas perdu leur temps à ça. En l’occurrence, tout indiquait une lutte extrêmement violente avec un parti inconnu, et indiquait également que ce même parti avait activement inspecté les lieux à le recherche de quelque chose.
Premier problème : il n'y avait ni corps, ni traces de sang, ni traces de combat en fait.
Un pugilat monstrueux avait récemment eu lieu ici. J'en étais sûre et certaine. Les multiples traces de pas, les traînées de terre au sol et le matériel projeté de tous côtés ne mentait pas. Pourtant, ceux qui avaient attaqué avaient apporté un soin tout particulier au camouflage de leur méfait. Les corps avaient été évacués, les carreaux avaient été récupérés, et même le sang semblait avoir été nettoyé.
-Des tirs d'arbalètes...Commenta bientôt Rexus à ma droite.

Je me rapprochai de sa position, et observai plus attentivement le pilier de tente sur lequel il semblait s'attarder. Effectivement, des impacts assez nets étaient visibles dans le bois. Des carreaux avaient été plantés dans ce mat, et avaient ensuite été arrachés.
-Telrav ? Lança le colosse en direction du chef de section, occupé à examiner le coin feu quelque mètres plus loin.
-Je sais, j'ai les mêmes ici. Répondit l'intéressé tout en désignant des petites chaises sommaires retournées tout autour du foyer éteint.

Endril fit lentement le tour du camp, fouillant précautionneusement du regard chaque recoin. Il m'adressa un regard mauvais en passant à côté de moi, mais poursuivit toutefois sa ronde sans rien ajouter. Linus de son côté, ne sembla même pas se faire chier à chercher quoi que ce soit. Fidèle au personnage, il était désormais nonchalamment adossé contre l'un des mats, occupé à aiguiser sa dague dans un crissement furtif.
-Cherche un peu. Grommela Endril en passant devant lui.
-Chercher quoi ? Répondit le Rougegarde d'un air parfaitement détaché.

Je continuai d'observer attentivement les environs moi aussi, mais c'était peine perdue. Celui qui était passé ici avant nous connaissait bien son affaire. Il avait frappé vite et fort, et n'avait rien laissé derrière lui. Du moins, rien qui puisse être exploité à notre avantage, tel un indice par exemple.
-Reman pour Uriel un, rien depuis votre position ? Questionna bientôt Telrav, perplexe.
-Uriel un pour Reman, négatif. Répondit la voix de Celwen. La zone est froide.
-Bordel de merde...Marmonna le chef de section. On arrive trop tard...

Titus inspecta les tentes lui aussi, et récita furtivement plusieurs formules magiques tout en passant son bâton en différents endroits. Il lâcha alors un grognement dubitatif.
-Un problème Titus ? Le questionna aussitôt Telrav.
-Ouai, un problème minus ? Renchérit Rexus.

Le blondinet ne répondit pas tout de suite à son chef, et ignora superbement les railleries du colosse par la même occasion. Il semblait véritablement perplexe, et peu sûr des conclusions auxquelles il croyait être parvenu au vu de ses observations.
-Alors ? Insista Telrav.
-Je crois...Je crois qu'on a pratiqué de la magie daedrique ici. Conclut le mage dans une moue consternée.

Je sentis un élan d'appréhension m’envahir aussitôt.
-Comment ça de la magie daedrique ? Insista Telrav, visiblement inquiet lui aussi.
-De la conjuration. Expliqua Titus. Je ne sais pas dire laquelle exactement, mais je perçois pas mal de résidus de magie daedrique dans l'air ambiant. C'est inodore, mais c'est flagrant lorsque je passe mon bâton à différents endroits. C'est virulent, et ça réagit par reflux agressifs à ma magie d'illusion.
-Parle normalement putain. Souffla Rexus en tapotant son arbalète d'un air agacé. T'essaies de dire quoi en gros ?
-Qu'on a pratiqué de la magie daedrique ici. Répéta le mage, avant d'ajouter : et pas n'importe laquelle. Une putain de magie daedrique concentrée. Le genre qu'on ne trouve normalement qu'en Oblivion.

Un silence pesant englouti la section toute entière. Chacun sembla retourner les propos de Titus dans son esprit.
-Les Dunmers ? Proposa bientôt Rexus.
-Ça m'étonnerait. Fit remarquer Telrav. Ils sont au moins aussi réticents que nous à employer la magie daedrique depuis la crise d'Oblivion.
-L'aube mythique alors ? Renchérit le colosse.
-Pas en Morrowind. Répondit Titus.
-Ni nul part ailleurs. Notai-je. L'aube mythique est une secte morte dont les derniers membres sont fichés par les services de renseignements.

Endril me lança un nouveau regard empli de mépris, auquel je répondis sans flancher.
-Bon qui alors ? S’énerva Rexus.

Linus Marius continua d'aiguiser lentement sa dague, adossé contre l'un des mats, l'air de se foutre totalement de la situation actuelle.
-Clivia pour Uriel un. Commença finalement Telrav tout en effleurant son casque de la main gauche.
-Uriel un pour Clivia, parlez. Répondit aussitôt la voix de Percius Ostorius dans nos oreilles.
-Clivia pour Uriel un, on a un problème. Zone de l'objectif compromise. Aucune trace de l'otage, et traces manifestes de magie daedrique.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:07:00

Un bref silence interloqué nous fut rendu, juste avant que la voix du major ne s'élève de nouveau :
-Bien reçu Uriel un. J'en informe le CSOJ. En attente.
-Vous avez pensé à regarder dans les sous-sols ? Questionna soudain Linus d'un air nonchalant.
-Quels sous-sols ? Répondit Telrav en se retournant vers lui.
-Sous la carpette en paille tressée, dans la tente principale. Conclut le Rougegarde.

Le chef de section le toisa d'un air perplexe durant quelques secondes. Sans piper mot, il se dirigea ensuite vers la plus grosse tente du camp, y jeta un œil attentif, puis arracha d'un geste ferme le tapis de paille qui trônait au milieu de la pièce.
Une trappe apparu alors.
-Ben ça alors...Conclut Telrav.

Linus Marius étouffa un rire, rangea sa dague, et reprit son arbalète. Nous nous rejoignîmes rapidement autour de la trappe, et entamèrent précautionneusement son ouverture. C'est Rexus qui s'y colla, alors que Endril visait attentivement le battant, prêt à envoyer la sauce sur quiconque en jaillirait. Le reste de la section continua de couvrir le reste des environs, au cas où un éventuel observateur en aurait profité pour se rapprocher.
-Clivia pour Uriel un, nouveau REMSI. Commenta le chef de section une fois que la trappe fut entièrement dégagée, laissant alors apparaître une échelle plongeant vers des souterrains ténébreux. On a découvert une trappe qui semble mener vers des galeries souterraines. Demande d'ordre ?
-Uriel un pour Clivia, bien reçu. Soyez avertis : on ne pourra pas vous surveiller là dessous. Question : comment évaluez-vous les risques ? Êtes-vous en mesure de poursuivre la mission sans vous mettre en danger ? Votre décision.
-Qu'est-ce qui vous semble ? Questionna Telrav en relevant la tête dans notre direction.
-Bah, c'est sûrement qu'une vieille mine. Commenta Titus.
-J'aime pas les mines. Grogna Rexus.
-Moi je pense que c'est une mauvaise idée. Lança Endril. On aura aucun appui visuel, et on aura du mal à se replier si on se fait piéger la dessous.

Linus haussa les épaules d'un air indifférent, alors que de mon côté, je me contentai de garder le silence, sachant d'ors et déjà que ma prise de position allait m'attirer les foudres du Dunmer.
-A quoi tu penses ? Lâcha soudain Telrav dans ma direction, un sourire curieux sur les lèvres.

A croire que je ne parvenais pas à rester aussi impassible que je l'aurais cru, et que l'Iméprial me considérait largement par ailleurs. Qui plus est, il venait de me tutoyer.
-Honnêtement ? Répondis-je. Je penses que si on doit systématiquement s'arrêter au premier obstacle de ce genre, autant abandonner l'armée et se réorienter dans la vente de babouches ou de poteries.

Titus souffla du nez. Quand à Endril...Si il avait pu m'abattre sur le champ, il l'aurait certainement fait...
-J'avoue, c'est pas faux. Sourit le chef de section.

Il effleura alors son casque de la main gauche, et conclut :
-Clivia pour Uriel un. Pelagius Magnus.
-Bien reçu Uriel un. Répondit la voix de Percius Ostorius.
-C'est une très mauvaise idée ! Souffla sèchement Endril en jetant un regard mauvais à Telrav.

Linus fut le premier à prendre l'échelle, suivi d'un Rexus ronchonnant quelque chose à propos de rats et d'araignées, puis de moi. Comme précédemment, ce furent Telrav, Titus et Endril qui fermèrent la marche.
Nous pénétrâmes dans ce qui ressemblait de prime abord à une galerie souterraine tout à fait lambda, creusée dans la roche sans fioriture. Hélas, il faisait particulièrement sombre ici.
-Mettez vous lunettes. Ordonna Telrav.
-Euh...Commençai-je, interdite.
-Je m'en occupe. Lâcha aussitôt Titus.

Je perçus un chatouillement furtif au niveau de mes oreilles, suivi d'une sensation de picotement derrière les yeux. A mon plus grand étonnement, j'aperçus alors parfaitement les contours de la galerie, exactement comme si cette dernière s'était soudain trouvée en plein soleil.
Décidément, avoir un mage dans l'équipe était un sacré atout.
-En double colonne, et faites gaffe où vous mettez les pieds. Ordonna Telrav.

Nous nous mimes à progresser furtivement, les arbalètes levées, prêts à cribler de carreaux quiconque se présenterait à nous. Le couloir de pierre bifurqua à plusieurs reprises, ce qui nous força à ralentir et à contrôler précautionneusement les angles, histoire de ne pas tomber nez à nez avec un ennemi embusqué.
Au beau milieu de la progression, un claquement sourd retentit brusquement derrière nous, m'arrachant un violent sursaut de frayeur.
-Putain c'était quoi ça ?! Vociféra Rexus en se retournant d'un bond.
-Ça ressemblait à la trappe. Observa Titus. Elle s'est peut-être refermée à cause d'un appel d'air...
-Bordel ! Vous vous foutez de ma... ! Commença Telrav en jetant derrière lui un regard où se mêlaient agacement et appréhension. Vous ne l'aviez pas refermée ?!
-Je...J'en suis pas sûr...Glissa le mage d'un air embarrassé.
-C'était peut-être pas un appel d'air. Fit calmement remarquer Linus.
-Oh toi ta gueule hein ! Aboya aussitôt Rexus.
-Fermez-là ! Ordonna Telrav. Continuez à avancer, et surveillez l'arrière ! On ne sait jamais !

Nous reprîmes la progression, concentrés, mais un peu décontenancés malgré tout. En ce qui me concernait du moins. On avait beau avoir été rigoureux, rien n'empêchait un ennemi de nous avoir observé à distance pour mieux se faufiler dans notre dos le moment venu.
Nous atteignîmes bientôt une porte en bois, barrant le couloir de part en part.
Ce qui était pas mal au fond, avec ces formations perpétuelles d'opérateur échelon un, c'est qu'elles étaient standardisées. On suivait exactement les mêmes, aussi n’eûmes-nous pas besoin de nous concerter : Rexus et Linus se positionnèrent automatiquement de part et d'autres alors que Telrav et moi la pointâmes avec nos arbalètes. Titus et Endril eux, surveillèrent méthodiquement l'arrière.
Quelques secondes plus tard, Rexus enfonçait le battant d'un violent coup d'épaule, et nous pénétrions alors en formation dans ce qui ressemblait à une petite réserve de quelques mètres carrés, encombrée de bordel en tout genre.
A peine rentrée dans ce petit débarras, un mouvement en bordure de mon champ de vision attira brusquement mon attention. Si je n'avais pas répété maintes et maintes fois les exercices de tir réflexe, j'aurais probablement abattu l'individu par mégarde. Heureusement, Rexus l'avait immédiatement aperçu lui aussi, et fut d'ailleurs le premier à signaler sa présence.
-Attention, civil sur la gauche. Commenta le colosse, sans toutefois baisser son arme.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:07:17

Là, pas forcément très bien cachée entre deux piles de caisses, une petite cendraise de moins de dix ans nous regardait entre ses doigts, la mine horrifiée.
-Établissez un périmètre défensif. Ordonna Telrav en baissant sa propre arbalète. Rexus...
-Je m'en charge. Obtempéra le colosse.

L'intéressé rangea précautionneusement son arme, et s'approcha de la petite cendraise avec prudence. Les autres se positionnèrent immédiatement aux différentes entrées de la pièces pour mieux les surveiller. En effet, plusieurs autres couloirs semblaient s'enfoncer plus loin encore dans les souterrains.
-Hey petite, du calme. Commença Rexus en s'approchant doucement de la fillette. On est pas des méchants.
-Fais attention petite, il ment. Répliqua Linus.

Telrav lui intima aussitôt le silence d'un geste agacé. Le Rougegarde pouffa, s'adossa contre l'un des murs, dégaina son poignard fétiche, et commença à l'aiguiser encore une fois.
-Non ! Me touchez pas ! Couina la petite cendraise alors que Rexus tentait d'approcher sa grosse main caleuse.
-Allons allons, je ne te veux pas de mal. Tenta de la rassurer l'Impérial. Je suis là pour t'aider.
-Non ! Couina de nouveau la petite cendraise en se débattant furieusement.
-Elle est en état de choc. Relevai-je.
-Titus, apaise la. Ordonna Telrav.

Le blondinet, occupé à garder sa propre entrée, se retourna brièvement en direction de la fillette, et marmonna une formule à voix basse. La petite cendraise sembla se décontracter presque aussitôt, pas de manière forcément flagrante certes, mais du moins juste assez pour arrêter de se débattre face à Rexus.
-Petite, on est là pour t'aider, mais il faut que tu te calme maintenant. Lui dit gentiment le colosse. Peux-tu nous dire ce qu'il s'est passé là dehors ? Pourquoi te caches-tu ici ?

Le petite cendraise, qui devait avoir à peine dix ans, observa un silence apeuré de plusieurs secondes. Je n'étais certes pas psychanalyste, mais je pouvais malgré tout deviner qu'elle avait vu et vécu des choses choquantes pour une gamine de son âge. Ça me semblait évident. Elle ne se serait pas cachée et recroquevillée dans ce dépôt souterrain sans raison.
-Ils sont...Ils sont venus, et ils les ont tous emporté...Commença la fillette, le visage toujours caché derrière ses mains.
-Ils ? Qui ça ils ? Questionna Rexus.
-Eux...Ceux qui parlent aux monstres...Couina la petite cendraise d'un air horrifié.

Le colosse se retourna et jeta un œil perplexe en direction de Telrav. Il revint ensuite vers la fillette, et persista :
-A quoi ils ressemblaient ? Ils ont dit quelque chose ? Qu'ont-ils fait exactement ?
-Ils sont...Ils sont venus en pleine nuit...Tenta d'expliquer la petite cendraise. Ils parlaient une langue étrange...Et ils ont ouvert une porte...

Je sentis mon cerveau faire une pirouette. Une porte ? Quel genre de porte ?
-Clivia pour Uriel un. Commença Telrav tout en effleurant son casque de la main gauche.

Un grésillement furtif résonna dans mes oreilles.
-Clivia pour Uriel un. Insista le chef de section, qui semblait avoir perçu le soucis lui aussi.

Un nouveau grésillement furtif résonna, suivi d'un silence particulièrement inquiétant.
-Merde...Grommela Telrav.
-L’enchantement a été rompu ? Questionna Endril depuis sa propre entrée.
-Non, l'enchantement est bon. Releva Titus. C'est autre chose. Il doit y avoir un truc qui fait interférence avec les ponts magiques ici.

Telrav Gravius resta silencieux durant de longues secondes, réfléchissant probablement à la meilleure manière de procéder à partir d'ici. Et je ne pouvais que comprendre le dilemme qui devait le secouer en ce moment même : continuer la mission, ou l'abandonner ? Car le déserteur Impérial ne donnait toujours pas signe de vie, et beaucoup d'inconnues étaient venues s'ajouter à ce problème au fil des minutes. Désormais, nous n'étions plus seulement sans soutien visuel. Nous n'avions carrément plus de contact avec le commandement, nous étions enfermés dans un réseau de galeries souterraines qui semblaient s'enfoncer vers des destinations insoupçonnées, et nous avions par ailleurs une civile en état de choc sur les bras. Ajoutés à l'attaque mystérieuse du camp, et à la probable utilisation d'une puissante magie daedrique d'origine inconnue, cela commençait à faire beaucoup. Alors que fallait-il faire ? Fallait-il poursuivre la mission coûte que coûte en faisant valoir nos compétences, quitte à nous mettre sérieusement en danger, ou au contraire admettre que nous n'étions plus maîtres de la situation, et qu'il valait mieux revenir un peu en arrière pour étudier plus calmement et avec plus de ressources la prochaine étape à suivre ?
-Petite, où sont tes parents ? Questionna bientôt Rexus.
-Morts. Répondit la petite cendraise.
-Morts ? Répéta l'Impérial. Emportés tu veux dire ? Avec tous les autres ?
-Non, morts. Insista la fillette.
-Je suis désolé petite...S'excusa le colosse d'un air peiné.

Linus Marius observa la scène d'un air parfaitement détaché, continuant d'aiguiser nonchalamment sa dague comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
-Regardez-le, il s'est fait une nouvelle petite amie. Railla-t-il après quelques échanges supplémentaires entre Rexus et la petite cendraise. Elle est un peu jeune, mais bon t'as raison, c'est un investissement comme un autre après tout.
-Linus s'il te plaît. Commenta Telrav, toujours occupé à réfléchir.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:07:33

Rexus se leva d'un bond, et vint coller sa grosse tête barbue contre celle du Rougegarde.
Face à face, ils semblaient presque avoir la même taille et la même corpulence maintenant que je pouvais les comparer de près. L'Impérial paraissait juste un peu plus large d'épaules, et un peu plus hirsute également. Malgré tout, Linus était un solide gaillard lui aussi.
-Écoute moi bien espèce de triple con. Grogna Rexus. T'es peut-être un animal primitif, mais pas moi. Cette pauvre gamine vient probablement d'assister à la mort de ses propres parents. Si ça te fait rien, tant mieux pour toi. T'es un dur, bravo, t'auras une médaille. En attendant, tes réflexions de débile profond, tu peux te les carrer dans le cul, blaireau.
-Hey, Rexus, calme toi. Tempéra Titus.

Les deux barbus se toisèrent durant de longues secondes. Malgré la stature menaçante de Rexus, Linus ne flancha pas, que du contraire. Il le dévisagea de son sempiternel air impassible, sans ciller, sans reculer d'un millimètre.
-Bon arrêtez vos conneries ! Intervint Telrav. Rexus, retourne près de la fillette ! Linus ferme la ! Les autres, préparez-vous à bouger, on va... !

La porte que gardait Titus vola brusquement en éclats, projetant le mage sur deux bons mètres et arrachant des jurons de surprise à travers la pièce. Quatre agents du Thalmor déboulèrent dans la remise au pas de course, et se mirent aussitôt à beugler et à jeter des sorts dans tous les sens.
-A TERRE ! A TERRE ! Gueula Terlav.

Je tentai d'abattre le premier Altmer en ligne de mire, mais fus brusquement plaquée au sol par l'un de ses collègues qui déboula dans mon angle morts. Nous roulâmes à terre, alors que cris, claquements d'arbalètes et coups d'épées retentissaient tout autour de nous.
Le Thalmor tenta de me poignard avec une dague elfique, mais je le bloquai aussitôt avec mon avant-bras, et lui collai un vigoureux coup de poing dans la gueule en retour. Je roulai ensuite sur le côté, donnai un coup de bassin pour me redresser, et lui grimpai dessus à mon tour. Ce fut à ce moment précis que je réalisai toute l'anormalité de la situation : en l’occurrence, l'Altmer saignait abondement, était en état de choc, et ne semblait clairement pas s'attendre à croiser quelqu'un dans cette pièce. Lui et ses collègues étaient arrivés ici par hasard, et visiblement, ils fuyaient quelque chose.
-TELERI ! Aboya Titus sur ma droite, toujours au sol.

Le Thalmor profita de mon hésitation pour tenter de reprendre le dessus, en vain cela dit, car je lui plantai sa propre dague dans la gorge sans plus de scrupules. Après tout, c'était lui au moi.
Une boule de feu frappa mon armure de plein fouet alors que je tentais soudain de me relever, et me projeta un bon mètre en arrière. Depuis ma position, couchée sur le dos tel un pantin désarticulé, j’aperçus brièvement Endril coller un coup de crosse à un autre Altmer, se faire contrer, et se faire ensuite envoyer au tapis. Titus pivota sur le flanc et donna un violent coup de pied dans l'arbalète qui traînait près de sa jambe droite, faisant aussitôt glisser l'arme vers moi. Je l'attrapai à la volée, et, toujours couchée, visai immédiatement l'assaillant d'Endril, sur le point de l'achever d'un coup de dague. Plusieurs claquements secs retentirent. Le Thalmor s'affaissa lourdement, criblé de carreaux.
Endril toussa, cracha un filet de sang, mais se releva immédiatement par réflexe. Titus et moi l’imitâmes, et nous fûmes alors confrontés à une scène à laquelle je ne m'étais pas attendue :
Les deux derniers Altmers se tenaient près de l'une des entrées de la pièce, tenus en joue par Telrav, Rexus et Linus. Le problème, c'est qu'ils se cachaient désormais derrière la petite cendraise, devenue otage de circonstance...
-Lâche la mon gars. Lui intima Rexus tout en le visant avec son arbalète.
-Reculez, chiens d'Impériaux ! Ordonna en retour le Thalmor qui tenait la fillette.

La pauvre petite cendraise pleurait, violemment prise à parti dans ce monde qu'elle ne comprenait pas, et qui semblait bien décidé à s'acharner contre elle.
-RECULEZ J'AI DIS ! Aboya l'Altmer en menaçant la petite à l'aide de sa dague.
-Du calme, on peut trouver un terrain d'entente. Tenta de négocier Telrav, sans toutefois baisser son arbalète lui non plus.
-Un terrain d'entente ?! Vociféra le Haut-Elfe. Imbécile ! Il n'y a aucun terrain d'entente avec ces gens là !
-Mais de quoi il parle ? Marmonna Titus.
-...Et avec vous non plus d'ailleurs ! Poursuivit le Thalmor. Vous venez d'abattre deux de mes frères comme des animaux ! Et vous voulez négocier ?!
-Parce que vous vous êtes jetés sur nous. Fit remarquer le chef de section. Allons, calmons nous, et...
-Que je me calme ?! Répéta l'Altmer, plus agité que jamais. Allez vous faire voir !

Cette fois-ci, ça me paraissait plus qu'évident : Ces agents du Thalmor avaient été pris à parti par quelqu'un d'autre, avaient subi de lourdes pertes, avaient pris la fuite, et étaient tombés sur nous totalement par hasard. Si ils étaient ici pour rafler ce déserteur impérial à leur compte, ça s'était visiblement très mal terminé pour eux en tous cas...
-Non ! Tu restes là ! Lança soudain Rexus, alors que le Haut-Elfe et son collègue firent mine de reculer à travers l'une des entrées menant vers une galerie inconnue.
-Non, on s'en va ! Répliqua l'intéressé. Et vous feriez bien d'en faire de même si vous voulez survivre !

Et sur ces mots, les deux Altmers s’éclipsèrent à travers l'ouverture, laissant leurs morts sans plus de scrupules, et emportant dans leur fuite la pauvre petite cendraise.
-...Que tout le monde vérifie ses chargeurs et son matériel. Ordonna Telrav sans quitter la porte des yeux. On va...REXUS NON !

Trop tard : le colosse s'était déjà élancé à la poursuite des deux agents du Thalmor.
-BORDEL DE MERDE ! Gueula le chef de section, furibond. TITUS, TELRI, ALLEZ AVEC LUI !

Nous nous engouffrâmes aussitôt dans le couloir à la suite de Rexus, sauf qu'en dépit de sa stature, cet imbécile courrait particulièrement vite. Suffisamment vite pour nous larguer petit à petit à mesure que défilaient les mètres de tunnels.
-Putain ! Faut pas le perdre de vue ! Souffla Titus devant moi.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:08:03

Le mage accéléra la cadence, et commença peu à peu à me distancer lui aussi. Pire, je le perdis carrément de vue après une demi-minute de course effrénée dans les corridors obscures.
-Titus ! Titus attends ! Criai-je.

En vain, car bien vite, le mage disparut définitivement de mon champ de vision.
Tactiquement, la situation était tout bonnement catastrophique : la moitié de l'équipe était maintenant disloquée, lancée sans coordination à la suite d'un ennemi en fuite, et dans un endroit dont elle ne connaissait rien qui plus est. Pire encore : nous n'étions même plus ensemble, car Rexus, dans sa débilité profonde, nous avait séparé les uns des autres lorsque l'on avait tenté de le rattraper. Et donc je me retrouvais là, toute seule, essoufflée et désorientée dans un réseau de galeries qui – et c'était bien là la cerise sur le gâteau – semblait soudain se diviser et partir dans plusieurs directions.
-Titus ? Rexus ? Risquai-je, peu à peu gagnée par le silence opaque et angoissant des tunnels souterrains.

Aucune réponse...
Je ne courrais plus désormais. Ça ne servait plus à rien, et ça devenait même carrément dangereux compte tenu des circonstances. Je ne serais absolument pas à mesure de prédire ou de me défendre d'une embuscade si je fonçais tête baissée dans les couloirs. Pire encore, je risquais de me perdre, et de ne plus trouver la sortie.
Je fus prise de l'envie soudaine de revenir en arrière. Stratégiquement, c'eut été la meilleure solution d'ailleurs. Je ne gagnais rien à continuer ainsi, à l'aveuglette, maintenant que j'avais perdus mes coéquipiers...Ceci étant dit, revenir seule et bredouille aurait été un terrible aveu d'échec, et si quelqu'un comme Telrav aurait probablement compris ma décision, un emmerdeur comme Endril par contre...Il aurait prit ça comme un abandon de ma part, et s'en serait assurément servi contre moi en vue de démolir mon dossier de sélection au RAC. Et puis même à titre personnel, cette option ne m’enchantait pas du tout. J'avais beau les avoir perdu de vue, mes coéquipiers étaient toujours là quelque part, dans ces tunnels où rodaient peut-être des dangers bien pires encore que quelques agents du Thalmor en état de choc. Non, je ne pouvais pas faire demi-tour. Je ne pourrais pas assumer cette décision. Je devais continuer, je n'avais pas le choix.
Je repris lentement ma progression, pas à pas, l'oreille tendue, l'arbalète levée, prête à tirer.
Durant plusieurs minutes, je ne perçus pas le moindre bruit, le moindre souffle, à croire que cet endroit n'avait jamais vu passer la moindre forme de vie. Je suivis ainsi durant de longues minutes ce qui ressemblait à un couloir principal. De fait, à intervalles réguliers, d'autres tunnels, plus petits, quittaient le corridor central pour mieux s'enfoncer dans des directions inconnues.
Quelle taille faisaient ces souterrains au juste ? A première vue, l'on aurait pu croire à une simple cavité creusée sous une tente cendraise, mais en réalité, ils semblaient s'étendre sur des kilomètres et des kilomètres. Qui donc avait creusé tout ça ? Les Cendrais eux même ? Ça m'aurait étonné...
A mon humble avis, ils étaient plutôt tombés sur ces tunnels par hasard, s'étaient imaginés pouvoir les exploiter, et puis...
Je sentis un élan de frayeur me gagner brusquement, à mesure que la réflexion faisait son chemin dans mon esprit. Et puis quoi exactement ? Qu'avait-il bien pu se passer là dessous ? Bizarrement, l'on était immédiatement parti du principe que l'attaque du camp des Véréansu avait eu lieu depuis l'extérieur, par un ennemi mystérieux qui serait arrivé par les marais. Et si l'attaque était au contraire venue d'en dessous, initiée depuis ces mêmes tunnels ? Qui donc s'était caché ici, attendant le moment opportun pour mieux attaquer sauvagement les pauvres cendrais ? Mon esprit se mit bien vite à bouillonner de questions, à mesure que je continuais ma progression silencieuse dans le couloir ténébreux. D'ailleurs, ce fut probablement pour cette même raison, parce que j'étais trop occupée à réfléchir à tout et n'importe quoi, que je ne reconnus pas tout de suite cette chose qui aurait normalement dû me sauter immédiatement aux yeux. Ou aux narines en l'occurrence.
En effet, peu à peu, une odeur d'ozone s'était élevée dans l'air. Une putain d'odeur d'ozone qui m'arracha un frisson d'épouvante, car je reconnus aussitôt son origine. En même temps, comme aurais-je pu l'ignorer après ce qu'il s'était passé quelques mois plus tôt, lors de cette étrange nuit à Bruma-centre en compagnie de Salmo ?
De la magie daedrique...Une saloperie de magie daedrique avait bel et bien été pratiquée ici...
Bientôt, les ténèbres, jusqu'alors naturelles, devinrent plus denses, plus opaques, comme mues par leur volonté propre. J'avais beau voir dans le noir grâce au sort d'illusion de Titus, ma vision se troublait de plus en plus malgré tout, altérée par ces résidus particulièrement virulents. Des murmures étranges s'élevèrent également, formulés dans une langue inconnue aux intonations particulièrement lugubres. J'approchais de la zone, je le sentais...
Les propos de la petite cendraise me revinrent furtivement en tête :
« Ils sont venus en pleine nuit...Ils parlaient une langue étrange...Et ils ont ouvert une porte... »

Une porte...J'avais refusé d'envisager cette foutue hypothèse sur le moment même, et d'une certaine manière, je refusais toujours de l'envisager en cet instant précis. Pourtant, je devais arrêter de me mentir, je devais me rendre à l'évidence...Nous n'aurions pas dû venir ici, c'était une erreur, j'en avais la confirmation formelle désormais. Il fallait absolument que je retrouve Rexus et Titus, et la petite cendraise si j'en avais l'occasion. Il fallait qu'on foute le camp sur le champ, il fallait qu'on...
Un hurlement inhumain retentit brusquement quelque part devant moi, beaucoup plus proche que je l'aurais souhaité d'ailleurs. Je plaquai aussitôt ma main sur ma bouche, par réflexe, pour ne pas crier de frayeur, et dû m'immobiliser durant plusieurs secondes, le souffle court, les jambes fébriles, le cœur battant la chamade.
Bordel de merde. C'était quoi ce cri ? Qui pouvait bien avoir gueulé comme ça ?
Tout autour de moi, les ténèbres firent plusieurs mouvements étranges, comme un serpent qui s'enroulerait sur lui même d'un air menaçant, annonçant l'imminence de l'attaque.
Je pris une profonde inspiration, et continuai ma progression, plus lentement encore, l'oeil écarquillé dans mon viseur, prête à cribler quiconque pointerait le bout de son nez. J'étais pigée désormais, je le savais. Je ne pouvais plus tourner le dos à ces ténèbres malfaisantes, ç’aurait été pire encore. Je devais leur faire face, les affronter, ne pas les laisser gagner du terrain dans le champ de bataille de ma conscience.
Les murmures gagnèrent peu à peu en intensité eux aussi, formulant des phrases toujours plus mystérieuses dans cette langue aux relents atroces. J'étais forcément en train d'approcher. J'allais bientôt tomber dessus.
Tomber sur quoi d'ailleurs ? Et que ferais-je alors ? Quelle serait la meilleure solution ?
Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas franchement ce que j'étais en train de faire, ni pourquoi je le faisais. Simplement, j'avais la conviction qu'il fallait continuer à avancer, ne pas tourner le dos aux ténèbres, et voir plus loin, toujours plus loin, la raison de tout ce remue-ménage.
Des choses terribles s'étaient passées ici. Quelque chose de grave s'était produit. Si je pouvais au moins savoir de quoi il s'agissait, alors peut-être que...
Quelque chose de difforme, de voûté, prit brusquement la fuite à moins de deux mètres de moi.
-HAAA PUTAIN C'ETAIT QUOI CA ?! M'écriai-je aussitôt, épouvantée.

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Niveau 34
24 janvier 2021 à 11:08:22

Les ténèbres étaient tellement épaisses que la chose s'était tenue là durant tout ce temps, immobile, sans même éveiller mes soupçons. Et elle s'était tirée lorsque j'étais pratiquement arrivée à son niveau.
Un frisson de dégoût et de terreur me vrilla l'échine, fit siffler mes oreilles et fit trembler mes jambes de plus belle. Je n'étais pas seule. Putain de merde, je n'étais pas seule. Quelque chose d'ignoble rodait dans les ombres, j'en avais la preuve formelle cette fois-ci. Ce n'était plus comme à Bruma-centre, c'était bien pire encore. Je n'étais pas seule, et j'étais à la merci d'une saloperie tout bonnement innommable. Je n'étais pas tout à fait sûre d'avoir bien vu ce que j'avais cru voir dans l'obscurité, mais ce dont j'étais certaine, c'est que c'était tordu, voûté, et que ça se déplaçait courbé en avant. Exactement comme les pires saloperies qu'on rencontrait dans nos pires cauchemars.
Je pris une profonde inspiration, et tentai de me ressaisir par tous les moyens possibles.
Prioriser et exécuter...Prioriser et exécuter...
J'étais un opérateur échelon un, j'avais été formée parmi les meilleurs soldats de tout l'Empire.
Je savais me battre à mains nues, je visais très bien, j'étais engoncée dans une armure lourde, et j'avais par ailleurs dans les mains une arme capable de clouer au mur au moins deux sections de combats. Je n'étais ni une civile, ni une couarde, ni une pauvre petite fille sans défense. Je savais ce que je faisais, et j'étais tout sauf une cible facile. Quel qu'était la nature ou l'origine de celui qui se trouvait quelque part devant moi, il avait tout intérêt à faire très attention lui aussi, car j'étais au courant de sa présence désormais. Et je le renverrais chez ses ancêtres sans aucun putain de scrupules si il lui prenait de nouveau l'envie de jouer avec moi.
Ragaillardie par cette pensée, je repris ma progression d'un pas plus assuré, et quittai soudain le tunnel pour mieux déboucher dans une caverne aux mensurations largement plus imposantes que tous les corridors que j'avais traversé jusqu'ici.
Ce que j'y aperçus ne me surpris pas du tout, finalement :
Une porte d'Oblivion...Une foutue porte d'Oblivion se tenait au beau milieu de la grotte, éteinte comme à Bruma, mais probablement utilisée très récemment malgré tout, en témoignaient la suie, les flammèches résiduelles et les braises qui virevoltaient alentours.
Paradoxalement, les ténèbres étaient beaucoup moins opaques ici, un peu comme si la porte elle-même les tenait respectueusement à distance.
-Bons Divins de merde...Marmonnai-je tout en dévisageant le portail éteint d'un œil craintif.

https://image.noelshack.com/fichiers/2021/03/6/1611440414-20150615-214328.jpg

Et dire que cette saloperie avait été active à un moment donné, ouvrant droit sur...Sur...Sur des atrocités que je préférais tout simplement ne pas imaginer.
Quel genre de taré avait bien pu faire ça ? Avait-ce un lien avec ce qu'il s'était passé à Bruma-centre ?
Un gémissement de douleur s'éleva furtivement quelque part sur ma droite, m'arrachant aussitôt à ma contemplation. Je pointai mon arbalète dans la direction indiquée, prête à envoyer la sauce, et fus alors frappée de stupeur : Couché au sol, à moitié évanoui et visiblement blessé, un Impérial en guenilles poussait des gémissements furtifs.
-Uriel pour Netinian. Tentai-je tout en effleurant mon casque, sans toutefois lâcher l'individu des yeux. Uriel pour Netinian, vous me recevez ? Je crois que je viens de trouver le déserteur.

Un grésillement résonna furtivement à mes oreilles.
-Clivia pour Netinian ? Essayai-je cette fois-ci.

Mais c'était peine perdue, je le savais. Ces foutus relents de magie daedrique bloquaient les enchantements de communication. Personne ne m'entendrait ici. Il faudrait que je me débrouille seule.
-Monsieur ? Monsieur vous m'entendez ? Questionnai-je finalement tout en approchant de l'Impérial blessé.

Ce dernier répondit par un grognement de douleur, me signifiant par là qu'il était plus conscient que je ne l'avais cru au premier abord. A l'évidence, on l'avait salement amoché, avant de l'abandonner ici.
-Monsieur, je fais partie des forces spéciales de la Légion Impériales. Poursuivis-je tout en m'agenouillant à ses côtés. On est là pour vous sauver. Monsieur ?

J'abandonnai ma crainte au profit d'un furieux sentiment d'urgence. En l'état, le déserteur était blessé, avait besoin de soins, et devait donc être immédiatement évacué.
-Monsieur ? Insistai-je tout en relevant délicatement la tête de l'individu.

Je fus prise d'un haut le cœur en apercevant soudain le visage de l'Impérial en question. Lui aussi d'ailleurs, malgré son état de semi-conscience, parut particulièrement stupéfait lorsqu'il put enfin m'observer de ses propres yeux.
-Han han han...Ricana-t-il alors avec ironie, non sans cracher un filet de sang au passage. Putain mais je rêve...Toi aussi, on peut dire que tu t'es bien foutue de notre gueule...

Cet Impérial, ce prétendu déserteur...Je le connaissais...Je l'avais côtoyé pendant près de deux ans, à Fort Tullius, puis à Fort Tharn, ainsi qu'au bastion des vigiles de Stendarr, lors de ma mission d'infiltration au sein de la Confrérie Dunmer.
Ce soit disant déserteur, finalement, c'était Martin Phillida, ancien capitaine de la Légion Impériale, révoqué et incarcéré suite à une mission d'encadrement qui avait mal tourné, durant laquelle trois civils avaient trouvé la mort, et durant laquelle, en dépit de toutes les attentes et des ordres qui lui avaient été donnés, il avait risqué sa propre vie pour sauver une détenue d'une mort certaine :

Nilvyn Serethi.

Newradion44 Newradion44
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Niveau 10
24 janvier 2021 à 16:39:45

Martin :bave:

Les portes d'oblivion :bave:

Martin :bavin:

Martin :bave:

J'en peux plus pitié la sweeeeeeet :bave:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
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Niveau 34
26 janvier 2021 à 22:58:02

J'essaie demain. Sinon après-demain. :hap:

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
28 janvier 2021 à 19:15:47

La suite ce soir :bave:?

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