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Sujet : [Fic] Une vie d'élu

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BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:48:28

Pour plus de clarté. Puis j'envoie.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:48:40

J'envoie la suite.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:48:58

Chapitre 34: Fire in the hole.

-Pourquoi faut toujours que tu viennes m’emmerder pendant mes congés… Marmonnai-je.
-Change de métier si t’es pas contente. Répliqua Salmo.

La rame de RDS filait à vive allure dans les tunnels du nord, ce qui ne manqua pas de me rappeler de sombres souvenirs soit dit en passant. Hélas, ce qui aurait dû être une journée de congé, essentiellement destinée à récupérer mes heures de sommeil, s’était finalement transformée en une soirée d’enquête. Une soirée oui, car après avoir un peu papoté avec moi au café Belle-vue, Salmo avait eu la bonté de m’autoriser à regagner mon appartement pour une sieste de quelques heures. Au moins, je n’arriverais pas trop zombifiée sur le lieu de l’enquête, et de son côté, cela lui permettrait d’appeler des renforts, bien que je ne savais pas encore exactement à quoi ils serviraient une fois sur place. Il n’empêche, je me serais bien passée de cette foutue soirée d’enquête. Je n’avais pas rejoint les forces spéciales de l’Empire pour continuer à aller fouiner chez les gens, or c’était exactement ce que je m’apprêtais à faire une fois de plus.
-Bon, refais moi un topo. Repris-je en direction de l’Altmer, résignée.
-Meuf t’abuses ! Pesta l'intéressé. On en a parlé pendant deux heures ce matin même ! T’en as rien à foutre de ce dossier ou c’est comment ?!
-Hé ducon, j’ai passé toute la nuit en Bordeciel, au cas où tu l’aurais déjà oublié ! Je suis pas une bête employée de bureau moi ! J’ai une putain de vie active, et plein de trucs en tête !

Salmo récapitula brièvement la situation à laquelle nous étions désormais confrontés:
Les Fils d’Evos étaient bel et bien une secte active, ça ne faisait plus l’ombre d’un doute. L’Altmer avait creusé la question durant mon absence, avait mis plusieurs personnes du service sur le coup, et tous en étaient rapidement arrivés à la conclusion que ce problème était bien plus grave et surtout bien plus concret qu'ils n’avaient bien voulu l’admettre jusqu’ici. De base, ces fils d’Evos n’avaient rien de bien particulier: il s’agissait à priori d’une petite secte d’illuminés vénérant un obscur tueur en série depuis longtemps disparu. A titre personnel, je n’avais jamais entendu parler d’un quelconque Evos dans l’histoire de Tamriel, mais les fanatiques avaient toujours le don d’aller chercher des icônes improbables. Du reste, la secte était vraisemblablement née à Cyrodiil au cours de la quatrième ère, et était essentiellement composée d’Impériaux à en juger sa zone d’activité, ainsi que son mode opératoire. Rien de bien remarquable jusqu’ici… Cette description correspondait à pas mal de sectes en fin de compte, à croire que tous les tarés de Tamriel sortaient toujours du même moule… Ce qui rendait les fils d’Evos autrement plus inquiétants par contre, c’était leur origine même: les services de renseignements les avaient clairement identifiés comme étant issus d’une fusion entre des branches dissidentes de trois des organisations criminelles les plus violentes que le continent ait jamais connu, à savoir l’Aube Mythique, la Morag Tong, et la Confrérie Noire. Et c’était essentiellement là que se situait le problème. Comment, et surtout pourquoi, pareils individus auraient quitté leurs institutions mères pour mieux s’unir sous une seule et même bannière ? Car on ne parlait pas de petites groupuscules à la con, mais bien d’organisations extrêmement puissantes, qui avaient autrefois assassiné des rois, des empereurs, et avaient globalement représenté une très grande menace pour Tamriel. Si pareils criminels avaient un jour décidé d’unir leur force, ce n’était certainement pas par hasard. Il y avait clairement de quoi craindre le pire…
Pour autant, on aurait encore pu croire à un canular, ou à un projet qui aurait avorté avant même d’avoir pu représenter la moindre menace. C’était probablement ce dont s’étaient convaincus certains responsables des services de renseignements d’ailleurs, car si les Fils d’Evos avaient bel et bien été reconnus et ajoutés à l’immense base de données regroupant toutes les sectes et autres organisations criminelles sévissant sur Tamriel, ils n’avaient depuis lors été qu’une note en base de page, une simple ligne, perdue au milieu des milliers d’autres lignes que représentaient toutes ces sectes inutiles et insignifiantes qui se contentaient tout juste d’exister.
Hélas, les fils d’Evos ne se contentaient pas d’exister justement, et c’était bien à cette conclusion que plusieurs faits récents nous avaient irrémédiablement amené: non seulement, ils existaient, mais ils étaient actifs par-dessus le marché. D’étranges disparitions avaient eu lieu en Cyrodiil ces dernières années. Des meurtres avaient été commis, des cadavres avaient été déterrés, des cérémonies funestes avaient été révélées au grand jour, et si personne n’avait jamais revendiqué ces mystérieux crimes, de nombreux indices tendaient aujourd’hui à désigner ces insaisissables Fils d’Evos. Le point d’orgue de tous ces événements avait été l’ouverture manifeste de plusieurs portes d’Oblivion ces derniers mois. Quelqu’un était parvenu à créer plusieurs brèches entre notre monde et celui des daedras, et cela, clairement, ce n’était pas à la portée de n’importe quoi. En fait c’était bien simple, seule l’Aube Mythique y était parvenue ces derniers siècles… Lorsque l’on corroborait ces observations à celles révélant des modes opératoires types de la Confrérie Noire et de la Morag Tong sur toutes ces zones de crimes, un nom sortait immanquablement du lot, à tous les coups:
Les Fils d’Evos…
Qui d’autres, au fond ? Qui aurait pu commettre des meurtres à la fois si ignobles, et si parfaits ? Qui aurait pu assassiner autant de gens sans laisser la moindre trace, hormis celle qu’il souhaitait justement laisser ? Surtout, qui aurait pu associer ces meurtres à des cérémonies daedriques aussi précises, aussi sophistiquées ? C’était devenu évident, trop évident même, à tel point qu’on ne comprenait pas comment on avait pu passer à côté d’eux durant toutes ces années. Les Fils d’Evos étaient invisibles, insaisissables, mais ils existaient, et aujourd’hui, ils représentaient une menace bien réelle, bien concrète.
Salmo et mes anciens collègues du renseignement n’avaient pas trouvé la moindre revendication, le moindre mobile, ni même la moindre identité susceptible de mener à eux. Par contre, ils avaient tout de même fini par dénicher une piste, car quelqu’un avait vu quelque chose dans le département de Bruma. La garde avait pris une déposition un soir, mais n’avait pas pris ce témoignage au sérieux, et avait donc classé le dossier parmi des dizaines de milliers d’autres dossiers. L’histoire en serait restée là si Salmo, animé d’une rigueur et d’un entêtement que je ne lui connaissais pas, n’avait pas épluché tous ces registres pendant des nuits et des nuits, jusqu’à tomber enfin sur celui qui nous amenait aujourd’hui sur cette fameuse piste. C’était donc la raison pour laquelle nous retournions au nord ce soir: quelqu’un avait vu quelque chose, et nous devions savoir quoi exactement.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:49:14

Nous débarquâmes dans l’arrondissement de Cap-la-menthe en début de soirée, au moment même où le soleil se couchait à l’horizon. A priori, l’endroit ne puait pas autant la misère que Bruma-centre, mais ça respirait pas la grande classe pour autant. Ça ressemblait surtout à un petit arrondissement résidentiel sans trop d’histoire à vrai dire, avec ses gros HLM gris, ses maisons ouvrières collées les unes et autres, et ses quelques quartiers pavillonnaires. Il y faisait plutôt calme, les rues étaient dans un état décent, ça puait un peu la pisse à certains endroits, mais globalement, c’était pas si terrible. C’était surtout complètement mort en fait, très loin de l’activité bouillonnante de certains autres arrondissements. Les gens n’avaient probablement pas de quoi se distraire beaucoup ici. En fait, ils devaient carrément se faire chier. Cap-la-menthe faisait partie de ces innombrables arrondissements dont je ne connaissais rien, mais à première vue, c’était typiquement ce qu’on appelait un “arrondissement dortoir”, soit un arrondissement où les gens se contentaient généralement de retourner dormir la nuit, car leur travail et leurs loisirs se trouvaient ailleurs. Et c’était donc ici, dans cet endroit complètement mort, que quelqu’un avait vu quelque chose d’étrange, quelque chose susceptible de nous mettre sur la piste des mystérieux Fils d’Evos.
Salmo nous entraîna le long de l’artère principale, droit vers les quartiers hauts-perchés du nord, le département de Bruma étant majoritairement juché sur les grandes montagnes de Jerall. Forcément, plus on allait vers le nord, plus on grimpait…
-C’est loin ? Questionnai-je.
-Avenue Julius le grand, numéro cent-dix-sept, appartement du rez-de-chaussée. Énuméra l’Altmer en jetant un coup d’oeil furtif à son pense-bête.
-Et concernant le contact ? Enchaînai-je.
-Je te l’ai déjà dit: un mec à aperçu des mouvements suspects plusieurs nuits d’affilée, et ça semble coïncider avec les dates auxquelles ont disparu plusieurs habitants de l’arrondissement. La garde l’a à peine questionné, et a classé son témoignage dans la foulée. J’imagine qu’on en apprendra plus que ces incapables.

Salmo marcha silencieusement durant plusieurs secondes, la mine soudain contrariée.
-D’ailleurs, tu trouves ça normal toi, que ces abrutis bâclent autant leur travail ? Questionna brusquement mon compagnon. Dans le contexte actuel, c’est vraiment pas le genre de témoignage que j’aurais tendance à ignorer, mais eux par contre... Rien à foutre les types. Tu leurs dis que t’as vu des mecs chelous traîner dans le quartier les nuits où des gens ont disparu, et ces abrutis là, ils te classent ça sans suite, genre c’est normal, tout va bien.
-Ils sont débordés Salmo, faut les comprendre… Tempérai-je. Des illuminés ou des pochtrons qui leur racontent mille et une conneries, ils doivent en bouffer par paquets de seize tous les jours. Et puis bon, je te trouve exagérément caustique avec notre bonne vieille garde impériale ! C’est notamment grâce à son manque de moyens et d’effectifs que des arnaqueurs pro comme toi ont pu sévir pendant autant d’années.

L’Altmer entrouvrit la bouche et haussa les mains d’un air ironique, mais continua sa marche sans répondre quoi que ce soit. En même temps, la Garde, la Légion, et plus généralement encore, les institutions impériales, il ne les connaissait pas vraiment. Plus précisément, il les connaissait en temps qu’ancien pariât, car tout ceci était encore nouveau pour le criminel fraîchement repenti qu’il était. De mon côté, j’avais justement eu tout le loisir d’observer ces institutions de l’intérieur, et de constater à quel point la plupart d’entre elles manquaient cruellement de moyens. Le manque de professionnalisme de la garde impériale ne me choquait pas vraiment sur ce coup. Certes, ils n’avaient pas cherché à approfondir un témoignage crucial, mais pouvait-on vraiment les en blâmer, eu égard du nombre incalculable de témoignages à la con qu’ils devaient se coltiner au quotidien ? Cette confession s’était perdue dans la masse, tout simplement car ils n’avaient pas eu les effectifs et les qualifications pour reconnaître cette piste lorsqu’elle s’était présentée à eux. Pour nous c’était facile, nous avions des informations, nous savions quoi chercher. Et puis, c’était notre métier. Pour eux, au fond, ça n’avait été qu’un bête témoignage parmi tant d’autres…
-Et donc, le profil du contact ? Repris-je après quelques instants de réflexion. On sait de qui il s’agit au moins ?
-Quelle importance ? Lâcha Salmo.
-Quelle importance ? Répétai-je, incrédule. Parce que tu te figures qu’on interroge un avocat de la même manière qu’on interroge un ouvrier ? T’as entubé des dizaines de personnes Salmo, t’es le premier à savoir que le profil de la personne assise en face de toi est primordial quand tu veux lui tirer les vers du nez…
-Arrête de la ramener avec ça ! Pesta l’Altmer, outré. C’était il y a des années, et j’ai payé ma dette !

Je fus aussitôt prise d’une furieuse envie de lui répondre qu’il n’avait rien payé du tout, et qu’il ne devait sa libération qu’à un accord passé avec les services de renseignements. Mais ç’aurait été le braquer inutilement, nous faire perdre du temps en disputes inutiles, et en l’occurrence, j’avais besoin de savoir à quel type de témoin on allait se confronter
-Un certain Claudius Monrius. Finit par énoncer Salmo. D’après son dossier, il a servi cinq ans dans la Cavalerie Impériale, sur le front d’Elsweyr, et il aurait notamment été présent lors du désastre des collines vertes, il y a deux ans. Depuis, il a été viré de la Légion pour insubordination, et enchaîne les petits taffs ça et là.

Je jurai intérieurement, pour plusieurs raisons. D’une part, le “quelle importance” de Salmo ne faisait que me confirmer à quel point il ne prenait pas au sérieux le profil de notre interlocuteur, alors qu’il était déterminant au contraire. Par ailleurs, ce profil justement, ne m’inspirait rien de bon, maintenant qu’il m’avait été dévoilé. Un ancien soldat de la cavalerie, qui avait assisté à un massacre lors de son déploiement, et qui avait ensuite été viré de l’armée pour insubordination... C’était loin d’être anodin, surtout dans un cas de figure qui nous concernait aujourd’hui. Le désastre des collines vertes était un traumatisme à prendre au sérieux. Ce type avait quand même été témoin d’une violente attaque terroriste menée par des rebelles Khajiits - les Do’Traaji - sur une garnison impériale, avec les conséquences désastreuses qui s'en étaient suivies. Je me souvenais que cette affaire avait d’ailleurs fait grand bruit à l’époque: six soldats morts, plusieurs dizaines de blessés, et tout un camp parti en fumée, soufflé par l’explosion. L’Empire et le Domaine Aldmeri s’étaient envoyé plusieurs déclarations assassines après coup, chacun accusant l’autre d’être la cause de l’incident - L’Empire accusant le Domaine de n’avoir pas protégé correctement ses territoires du nord, et le Domaine accusant l’Empire d’avoir provoqué ces terroristes incontrôlables de par sa seule présence à la frontière d’Elsweyr.
Toujours est-il que le département de la défense impérial avait fini par botter en touche, promettant une vigilance accrue à la frontière sud de Cyrodiil, sans toutefois embrayer sur ce sinistre incident. Il était facile de comprendre l’amertume des légionnaires qui avaient été sur place à cette époque, finalement. Nombre de leurs amis avaient été blessés ou tués sous leurs yeux, et pourtant, l’Empire n’avait rien fait… Comment pouvait-on garder la foi après ça ?
-Au fait, j’ai parlé à Martin en taule. Me confia bientôt Salmo, me coupant dans mes réflexions par la même occasion.
-Ah ? Et qu’est-ce qu’il racontait ? Il va bien ? Questionnai-je, curieuse.
-Il a l’air d’aller bien oui, mais par contre, il ne m’a pas dit grand chose… Sembla regretter l’Altmer. Je crois qu’il ne me fait pas confiance, ni à moi, ni aux renseignements d’ailleurs. On ne sait toujours pas où sont Nilvyn, Balsa, Eraldil, ni les autres. Et on a toujours aucune idée de ce qu’ils font, ou de ce qu’ils cherchent. J’ai discuté vite fait avec Levus Mico, et à priori, il ne leur a pas révélé quoi que ce soit de vraiment intéressant à eux non plus…
-Ça risque d’être pareil pour Luther… Soufflai-je. Mais pour des raisons différentes cela dit.
-Tu crois qu’ils cachent quelque chose ? Risqua Salmo.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:49:31

Le visage de l’Altmer s’affaissa aussitôt, comme rattrapé par la futilité de sa question.
-Évidemment qu’ils cachent quelque chose… Conclut-il, impuissant.

La nuit était définitivement tombée lorsque nous rejoignîmes enfin l’avenue Julius le grand. La plupart des gens devaient avoir regagné leur domicile, car il n’y avait vraiment personne dans la rue, à l’exception d’un Khajiit plutôt costaud, à la fourrure grise et à la barbe bien fournie.
-Bonsoir. Nous salua simplement Maro Salvitto entre deux bouffées de pipe à Sucrelune.
-C’est ça tes renforts ? Raillai-je.
-Il est de la garde, et il a déjà été confronté à cette enquête. M’expliqua Salmo, alors que le Khajiit me répondait par un doigt d’honneur silencieux. Il dans le même bateau que nous, vu que les renseignements l’ont inclus dans ce dossier.

Maro recracha brusquement sa fumée, pris d’une violente quinte de toux.
-Attends ! Quoi ?! Aboya le Khajiit, médusé.

Salmo nous entraîna en direction du numéro cent dix-sept, le long d’une artère désespérément vide et silencieuse.
-Fais pas cette tronche la... Murmurai-je à Maro.
-Tu parles ! Je veux pas bosser avec le renseignement moi ! Chuchota le Khajiit d'un air courroucé. Je suis un soldat, pas un putain de fourbe qui espionne les gens !
-Abuse pas non plus...

Nous marchâmes durant un peu moins d'une minute, et à vrai dire, même si je n’aurais pas été jusqu’à dire que je regrettais la fosse à merde misérable qu’était Bruma-centre, l’arrondissement de Cap-la-menthe avait tout de même une ambiance vraiment particulière. Presque inquiétante en fait, maintenant que je prenais la peine de l’observer et de l’étudier de plus près. Jusqu’ici, ça ne m’avait pas forcément frappé, mais il y avait bel et bien quelque chose de bizarre dans le coin. On avait l’impression d’être tombé dans une dimension parallèle, dans un monde post-apocalyptique où toute l’architecture de Cyrodiil était restée figée, mais où le genre humain avait disparu. Pas un bruit, pas un son… À croire qu’il n’y avait personne ici, et que dans ce silence, dans cette absence d’âme vivante, quelque chose d’étrange, d'insaisissable, s’était peu à peu développé dans l’ombre.
Ce n’était pas la même impression glauque qu’à Bruma-centre non, c’était autre chose. Cap-la-menthe avait été témoin d'événements étranges, et dans le silence des rues désertes, personne n’avait rien vu…
Nous arrivâmes rapidement devant le numéro cent dix-sept, et décidâmes de ne pas perdre plus de temps. Après un bref coup d’oeil dans notre direction, Salmo frappa directement à la porte.
Un juron retentit aussitôt à l’intérieur de la maison, suivi d’un bruit de vaisselle brisée. Salmo, Maro et moi même nous échangeâmes un regard perplexe, mais redirigeâmes aussitôt notre attention vers la porte d’entrée lorsque celle-ci s’ouvrit.
-Ouai quoi ?! Lâcha sèchement un Impérial d’une quarantaine d'années en apparaissant dans l’entrebâillement.

Son apparence me frappa tout de suite: non seulement il était tatoué et balafré, mais il semblait suer à grosses gouttes vu l'état de sa chemise trempée.
Par ailleurs, ses pupilles étaient méchamment dilatées...
-Euh, bonsoir monsieur. Commença Salmo, un peu décontenancé par la gueule de notre interlocuteur. On aimerait vous poser quelques questions à propos du témoignage que vous avez délivré à la garde impériale la semaine passée, et…
-J’ai jamais parlé à la garde ! Répliqua grossièrement l’Impérial.
-Vous… J’ai ici votre nom, et le témoignage que vous… Persista l’Altmer en baissant les yeux vers le rapport officiel qu’il avait en main.
-C’était l’idée de ma femme ! Coupa de nouveau l’Impérial.
-Euh…

Salmo me jeta un oeil incrédule, alors que Maro de son côté, tira une longue bouffée de Sucrelune tout en toisant l’individu avec attention. Au même instant, une voix s’éleva furtivement depuis l’intérieur de la maison, bien que je fus incapable d’en saisir le propos.
-TOI TA GUEULE ! Répondit brusquement l’Impérial en se retournant vers cet étrange appel.
-Monsieur, calmez-vous ! Intervins-je immédiatement, car je redoutais déjà d’être tombée sur un mec particulièrement instable. Mes collègues ici présents font partie du renseignement impérial, de la garde, et de mon côté, je suis de la cavalerie, comme vous si j’ai bien compris. On aimerait vous poser quelques questions sur ce que vous avez cru voir ces dernières semaines, car on pense que vous n’avez pas été entendu comme il se doit. Est-ce qu’on peut entrer, et en parler calmement ? C’est important.

L’Impérial me dévisagea d’un air mi-contrarié, mi-curieux. Peut-être était-ce notre nombre, nos fonctions, notre insistance, voire simplement le fait qu’il reconnaissait soudain en moi une “alliée”, toujours est-il qu’il finit par obtempérer. Pas de la plus belle des manières cela dit…
-Ouai, d’accord. Lâcha-t-il en nous tournant le dos et en regagnant l’intérieur de sa maison.

Nous le suivîmes sans piper mot, mais nous échangeâmes un nouveau regard consterné.
Nous pénétrâmes dans un vestibule étriqué, et une puanteur épouvantable nous assaillit aussitôt.
-Oh putain, c’est quoi cette odeur ! Pesta Maro en agitant la main devant ses narines.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:49:51

Salmo mit sa main devant son nez lui aussi, et parut gagné par l’inquiétude à en juger son visage.
De mon côté, bien malgré mon dégoût, je tentai de humer l’air ambiant durant plusieurs secondes, tentant d’identifier ce qui pouvait bien dégager une telle puanteur. J’aurais presque été tentée de dire que ça puait la bête crevée, mais c’était assez peu probable vu l’absence manifeste d’animal.
Mais quoi alors ?
Le petit vestibule déboucha bien vite sur une petite pièce d’une vingtaine de mètres carrés. A priori, c’était à la fois leur salon et leur cuisine, à en juger le mobilier en place. Sauf que l’endroit était bordélique comme pas permis. Je croyais bien n’avoir encore jamais vu autant de saloperies entassées dans tous les sens. On marchait sur les détritus, littéralement...
Assise sur une chaise, postée devant la seule petite table qui trônait au sein de la pièce, une Impériale aux cheveux sales se tenait silencieusement, le dos voûté, la tête baissée. Vu sa position abattue, on ne pouvait malheureusement pas distinguer son visage depuis notre position.
-La femme de ménage est malade ? Grinça Maro en direction de l’ex-soldat.

Ce dernier ne répondit pas, mais lui rendit un regard fou, les pupilles plus dilatées que jamais.
Le Khajiit se retourna vers l’Impériale silencieuse, la mine perplexe, prudente.
-Madame ? Tout va bien ? Enchaîna-t-il.

Un détail attira soudain mon attention : moins de deux mètres sur ma droite, négligemment jeté au pied d’un meuble de cuisine tâché de graisse, un sac de jute semblait dégager un bruit étrange, comme un vrombissement diffus. Ce fut lorsque j'aperçus soudain une petite volute de mouchettes virevolter tout autour que je compris alors d’où venait ce bourdonnement furtif.
Je jetai un coup d’oeil interrogateur en direction de l’ex-soldat, toujours suant, toujours nerveux. Ce dernier ne me rendit pas mon regard, si bien que je décidai de me diriger vers le sac et de le fouiller sans même lui en demander la permission.
Ce que je vis à l’intérieur me coupa littéralement les jambes…
Je me sentis soudain défaillir, perdre le contrôle de mon corps tout entier. Ma vue se voila, mes oreilles se mirent à siffler. Je m'agrippai de justesse au rebord du meuble, prête à m'évanouir d'une seconde à l'autre.
Un bébé mort… C’était un corps de bébé mort qui gisait au fond du sac, tout petit, tout chétif, encore rattaché à une partie de son cordon ombilicale. Je détournai immédiatement le regard, prête à vomir, mais mon esprit avait déjà capturé l’image: il était mort depuis plusieurs jours déjà, à en juger sa couleur, son aspect boursouflé, ainsi que les innombrables larves qui avaient d’ors et déjà commencé leur funeste travail…
-Teleri ?! Ca va ?! Questionna Salmo, inquiet, en me voyant m'appuyer contre le meuble de cuisine, luttant de toutes mes forces pour ne pas tomber dans les pommes.
-Madame ? Insista Maro, qui n’avait pas encore remarqué ma détresse.

L’Impériale releva lentement la tête. Bien malgré le voile sombre qui me couvrait les yeux, j’aperçus toutefois très nettement son visage, lacéré et tuméfié.
-Ai… Aidez-moi… Gémit la femme, à bout.
-Putain… Qu’est-ce que… Commença le Khajiit, frappé de stupeur.

Rattrapée par la gravité de la situation, je pris une énorme bouffée d’air, me redressai d’un coup, et me retournai comme un ressort en direction de l’ex-soldat.
-Suivez-nous à l’extérieur ! Lui ordonnai-je.
-Vas chier ! Se défendit aussitôt l’intéressé en reculant d’un pas.
-Je vous conseille de coopérer. Le menaçai-je d’une voix blanche. Vous nous suivez, maintenant, ou ça va très mal se terminer. 
-OH PUTAIN DE MERDE ! Glapit Salmo en trébuchant.

Hélas, l’Altmer s’était furtivement glissé dans mon dos, avait jeté un oeil dans le sac de jute, et avait découvert la scène macabre lui aussi…
-Je vais chercher des renforts ! Glapit-il en quittant la pièce au pas de course.
-Teleri, qu’est-ce que… Bégaya Maro.
-Suivez-nous à l’extérieur ! Répétai-je en direction de l’Impérial. Dernière fois que je vous le demande !
-Tu me renverras pas en cour martiale ! Rétorqua l’individu en me fixant avec ses yeux fous.
-Plutôt au bout d’une corde, si jamais vous…

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase. Sans crier gare, l’Impérial dégaina brusquement une dague, et m’entailla l’avant-bras avant même que je n’ai eu le temps de me défendre. Je reculai par réflexe, dans un juron de surprise, alors que l’individu tentait déjà se s’enfuir. Maro, toujours dans l'entrebâillement de la porte, le contra d’un violent coup de corde à linge, et l’envoya voler au sol. Hélas, l’Impérial était un ancien soldat, ça se voyait. Malgré la violence du coup, il roula sur lui-même, et se releva presque aussitôt pour mieux faire face au Khajiit.
-Maro… Le prévins-je tout en compressant tant bien que mal mon avant-bras tailladé.
-Ça roule. Grinça mon compagnon d’un air moqueur et arrogant, en position de garde, sa matraque à la main.

L’Impérial fit tournoyer sa dague entre ses doigts, en position de combat lui aussi, mais parut hésiter pendant plusieurs secondes. Il sembla assez vite réaliser la supériorité de Maro à ce niveau, car il était évident que le Khajiit était plus costaud, plus technique, et surtout, qu’il n’avait absolument pas peur de se bastonner avec un mec armé d’un poignard. Au contraire même, Maro semblait presque attendre ça avec impatience, car une agression à main armée lui donnerait toute légitimer pour répliquer, et donc assouvir ses propres pulsions violentes.
L’ex-soldat était probablement arrivé à la même conclusion que moi, car il tourna brusquement le dos au Khajiit, retraversa la cuisine en deux enjambées, et se jeta par l’une des fenêtres, droit vers la ruelle encaissée qui se trouvait de l’autre côté.
-Merde ! M'écrirai-je, prise de cours.

J’oubliai aussitôt ma propre blessure, et me jetai sans réfléchir à la suite du fuyard.
-Restez ici ! On revient ! Lança la voix de Maro dans mon dos.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
16 mars 2021 à 15:50:09

Des bruits de pas précipités me parvinrent ensuite, me confirmant que le Khajiit ressortait par la porte d’entrée du bâtiment, probablement en vue de couper la route au soldat.
Je poursuivis l’individu sur plusieurs mètres, enjambant les poubelles et autres détritus qui traînent dans la ruelle obscure. Nous débouchâmes rapidement sur une autre artère principale, et ce fut à cet instant précis que l’ex-soldat commis sa plus grosse erreur: il jeta un oeil à sa gauche, et tenta brusquement de revenir sur ses pas, ayant probablement aperçu Maro lui foncer dessus. Sauf qu’il ne s’attendait visiblement pas à ce que je le suive d’aussi près, car il parut particulièrement surpris en se retrouvant soudain face à moi.
Je me jetai aussitôt dans ses jambes, le soulevai, et le plaquai au sol dans un craquement sinistre. J’aurais probablement dû m’arrêter ici, et me contenter de le maîtriser et de le menotter, surtout que Maro arrivait déjà à notre hauteur. Mais c’était sans compter sur la fureur sourde qui me gagna subitement. D’un coup, je ne tremblais plus, je n’avais plus de voile sombre devant les yeux, je n’avais plus de nausées. J’étais animée d’une seule et unique envie: le dégommer, le détruire, le casser en mille morceaux.
L’ex-soldat prit un poing un pleine gueule, puis un autre, puis encore en autre. J’entendis mes propres phalanges craquer sous l’impact, mais n’y prêtai pas la moindre attention. Encore un coup, puis encore un, puis encore un. Il saignait, il soufflait, il gémisait, et moi, je prenais de plus en plus de plaisir à lui faire mal, à le mutiler, à le fracasser, car il ne méritait plus que ça, ce fils de pute.
-TELERI ! ARRÊTE ! Aboya la voix de Maro dans mon dos.

Une main puissante m’arracha du sol et m’écarta brusquement de l’Impérial.
-Il a fait la guerre bordel, tu vas te foutre dans la merde si tu le tues !

En quelques secondes à peine, le Khajiit redevint maître de la situation. Il redressa le fuyard, le plaqua au mur, et le menotta. Maro Salvitto était peut-être une ancienne racaille de cité un peu bagarreuse sur les bords, mais c’était également un bon agent impérial, je ne pouvais pas le nier. Bien meilleur que moi, probablement...
Assise à même le pavé froid de la rue, je fermai les yeux durant plusieurs secondes, et repris lentement mon souffle. Maro avait raison, je ne pouvais pas tabasser le fugitif. Pas comme ça.
Peut importait ce que j'avais vu dans sa maison, peut importait ce qu'il m'était subitement passé par la tête. Je devais rester maîtresse de mes émotions, je devais faire ce pourquoi j'étais venue :
récolter des informations, et faire avancer une enquête cruciale pour la sécurité de l'Empire...
-Ca va ton bras ? Questionna le Khajiit une fois que la tension fut retombée, et que je fus revenue vers lui.
-Ça va, c’est rien… Répondis-je tout en reprenant peu à peu mes esprits.

J’observai le captif durant plusieurs secondes, bien amoché, mais toujours conscient.
Maro le fouilla machinalement, mais ne trouva rien sur lui à l’exception de son poignard.
Ce fut un tout autre détail qui nous alerta à vrai dire :
Durant la fouille, en soulevant un pan de sa chemise, nous aperçûmes soudain de terribles scarifications sur l’entièreté de son dos...
-C’est quoi ce bordel… Murmura le Khajiit en scrutant les écritures gravées à même sa peau. C’est récent en plus, ça saigne toujours...

Maro toucha l’une des plaies du bout du doigt, provoquant un gémissement de douleur chez l’Impérial. Quoi que, ça ne paraissait pas seulement être de la douleur à vrai dire, mais également comme... Une terreur, vive, incontrôlable...
J’entrepris d’observer les scarifications moi aussi, incrédule face à ce que j’avais sous les yeux. J’eus alors l’impression que des engrenages s'emboîtaient peu à peu dans mon esprit, et qu'un pan de la vérité m'était tout doucement dévoilé : Cet Impérial n’avait pas seulement aperçu des trucs louches, il y avait carrément été confronté de plein fouet. Il avait vu, vécu et subit des choses atroces, ça crevait les yeux désormais...
-Des runes daedriques… Soufflai-je, épouvantée. On lui a gravé des putains de runes daedriques sur tout le corps…

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
16 mars 2021 à 18:43:00

Ça deviens maléfique et sanglant :bave:

Je suis impatient de voir la suite.

Tu est le meilleur des auteur mec :bave:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
17 mars 2021 à 18:50:25

Merci de ton soutien mon khey. J'essaie de balancer la suite avant vendredi. :oui:

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
18 mars 2021 à 16:46:44

Ce soir alors :bave:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
18 mars 2021 à 19:22:31

Plutot avant le week-end je voulais dire. :hap:

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
19 mars 2021 à 00:17:23

Post suite demain ou cancer :)

Je rigole mon black j'annule le sort de conjuration je ne te veux que du bien :noel:

Je me disais que c'était pas mal à placer :hap:

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
19 mars 2021 à 08:37:42

Post https://image.noelshack.com/fichiers/2018/10/1/1520256134-risitasue2.png

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
19 mars 2021 à 18:36:23

Mère de la nuit mère de la nuit envoyer moi votre enfant car les péchés des indigne doivent être lavée dans le sang et la peur :)

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
19 mars 2021 à 23:54:33

Chapitre 35: Avant la tempête.

-Dure nuit ? Questionna ironiquement Percius Ostorius tout en me tendant une tasse de café.
-Tu parles… Grommelai-je, tellement crevée que j’avais du mal à ne pas tomber de ma chaise.

L’officier légat lâcha un sourire compatissant, alors que Telrav de son côté, jetait un oeil curieux au bureau dans lequel nous nous trouvions désormais. Celui de Levus Mico en l’occurrence, dont on attendait la venue d'un moment à l'autre. Bien qu’étant habitué aux salles d’instruction et de commandement du CSOJ, le chef de section n’était probablement pas coutumier des locaux du renseignement à proprement parler. Si ça se trouve, c’était peut-être même la première fois qu’il mettait les pieds au siège central de la cité impériale. Pour moi, l’endroit me paraissait désespérément normal, mais je comprenais tout à fait qu’un soldat ayant passé sa vie entière à poncer les casernes militaires soit quelque peu intrigué par le cadre étonnement formel qui régnait au sein des bureaux du renseignement. En dehors de l’écriteau officiel apposé à l’entrée du bâtiment, ça ressemblait finalement à n’importe quelle autre administration impériale, avec ses petits bureaux privés, ses espaces ouverts et ses petites arrières cuisines où l’on aimait papoter de tout et de rien entre deux cafés. Comme des employés de bureau normaux en fin de compte, sauf qu’au lieu de gérer vos impôts ou vos dossiers urbanistiques, on débattait de la meilleure manière de vous espionner et de récolter des informations confidentielles à votre sujet.
-Désolée… Marmonnai-je après plusieurs minutes d’un silence épuisé. Avant, je rendais directement compte à Levus Mico, mais maintenant que je suis au RAC...
-Oh, pas de soucis, c’est notre rôle. Répondit simplement Percius Ostorius tout en agitant distraitement sa cuillère dans son propre café.
-Ouai m’enfin… Si ils doivent systématiquement faire venir mes supérieurs hiérarchiques à la moindre trouvaille de ma part, je pense que ça va vite vous casser les couilles… Confiai-je.

D’ailleurs, Maro et Salmo n’étaient pas là, eux. Départements différents, procédures différentes...
-Percius a raison, on savait à quoi s’attendre en te prenant dans l’équipe. Commenta Telrav en tournant de nouveau la tête dans ma direction. Ça ne nous gêne pas de faire le déplacement dès que tu fais des avancées significatives dans ta mission. Et puis, en ce qui me concerne, c’est l'opportunité de…

Le sergent major esquissa un rictus malicieux, et souleva précautionneusement l’une des innombrables feuilles qui trônaient sur le bureau de Levus Mico.
-Touche pas à ça ! Lui ordonna aussitôt l’officier légat.
-Ben quoi ? On est une unité de forces spéciales échelon un non ? Ricana Telrav. La reco, ça fait aussi partie de notre métier.
-Reconnaître le siège social du renseignement impérial… Ironisa Percius Ostorius. Le meilleur moyen de… Bon t’arrête tes conneries oui ?! On vient à peine de reformer Uriel ! J’ai pas envie qu’un de mes chefs de section finisse au bout d’une corde et qu’on doive tout reprendre à zéro !
-Putain t’as aucun humour hein ! Railla Telrav en reposant la feuille qu’il tenait en main.

Je bus une gorgée de café, et hésitai à la recracher tout aussi vite vu son goût incroyablement dégueulasse. Après quelques secondes de réflexion, je décidai toutefois de l’avaler, étant donné le fait que c’était ça ou tomber raide morte de fatigue.
La nuit n’avait pas été de tout repos, comme de fait: suite à notre intervention à Cap-la-menthe, c’était une fois de plus tout l’armada judiciaire de l’Empire qui s’était déployé, pour rébellion et agression sur un agent impérial dans l'exercice de ses fonctions, bien sûr, mais aussi et surtout parce qu’un bébé mort avait été retrouvé dans la poubelle du domicile concerné. Exactement comme lors de notre enquête à Bruma-centre, des gardes étaient venus par dizaines, une périmètre de sécurité avait été dressé, des enquêteurs et des médecins légistes avaient été dépêchés pour mieux passer au peigne fin la scène du crime, et même le service d’incidents daedriques avait fini par pointer le bout de son nez. Heureusement, aucun portail ne semblait avoir été ouvert cette fois-ci, mais les runes daedriques gravées à même la peau du principal accusé avait tout de même alerté l’Empire, et il y avait de quoi. L’enquête ne faisait que commencer, l’on ne savait pas encore tout, mais une certitude m’avait toutefois très vite assaillie: ces scarifications, cet ancien soldat ne se les était pas faites lui même. Quelqu’un l’avait attrapé, l’avait torturé, et l’avait clairement soumis à un violent rite daedrique, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute. Déjà au moment de nous ouvrir la porte, ce Claudius Monrius m’avait paru louche. Il semblait extrêmement nerveux, transpirait abondamment, et avait les pupilles anormalement dilatées. Il avait par la suite fait preuve d’une grande agressivité, jusqu’à me porter un coup de couteau et m’entailler profondément l’avant-bras. A ce sujet, les enquêteurs impériaux avaient rapidement confirmé l'hypothèse que je m’étais faite au sujet de toute cette histoire: Claudius Monrius avait bel et bien battu sa femme à plusieurs reprises, avait forcé cette dernière à accoucher à domicile, et avait clôturé son funeste dessein en assassinant le nouveau-né. Après quoi, il l’avait jeté à la poubelle et l’avait laissé pourrir sur place, purement et simplement...
J’avais déjà vu pas mal de choses durant mes six années au sein des services de renseignements. Je pouvais même affirmer qu’il n’y avait plus grand chose qui me choquait aujourd’hui, ou du moins, qui m’étonnait vu le monde de fou dans lequel on vivait. Mais les infanticides, tout de même… C’était quelque chose de vraiment à part, un degré bien particulier dans l’univers de la violence. C’était ce cap qu’on ne parvenait jamais à surmonter totalement. J’y avais déjà été confrontée par le passé bien sûr, mais à chaque fois, ça avait laissé une trace indélébile en moi, comme une blessure à l’âme, une fissure irréparable avec laquelle j’avais dû continuer à vivre pour le restant de mes jours. Le fait est qu’on ne se remettait jamais de ce genre d’événements, car ils vous plongeaient dans une horreur impensable, indescriptible, incompréhensible. Mes mentors au sein du renseignement me l’avaient dit, et j’avais fini par le comprendre par moi-même… On pensait avoir tout vu, on pensait que tout était possible, et pourtant, lorsque l’on y était finalement confronté, on ne comprenait pas, on admettait pas, on refusait de croire que des choses pareilles pouvaient se produire en Tamriel. Surtout, qu’elles n’étaient pas le fait d’animaux, de monstres, de démons, mais bel et bien d’êtres humains… Comment pouvait-on en arriver à tuer un enfant ? Qu’est-ce qui pouvait seulement expliquer une pareille atrocité ?

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
19 mars 2021 à 23:54:52

Le service d’incidents daedriques avait rapidement confirmé mon hypothèse du rite obscur lui aussi: les runes gravées à même la peau de l’accusé n’étaient que la face visible d’un processus bien plus complexe, car des traces de soufre et d’autres substances inconnues avaient été retrouvées dans ses plaies. Les enquêteurs avaient également identifié des résidus d’une magie daedrique particulièrement virulente dans l’organisme de l’Impérial, et ces résidus semblaient toujours actifs qui plus est. L’un des agents avait tenté de m’expliquer le processus avec des mots simples - ce qui n’était pas une mince affaire au vu du mode de fonctionnement particulièrement complexe de la magie daedrique - mais en gros, d’après ce que j’avais compris, ces particules agissaient exactement de la même manière que la gangrène, ou le cancer: ils bouffaient tout sur leur passage. Autrement dit, Claudius Monrius était littéralement en train de se faire ravager de l’intérieur par des fragments d’une magie particulièrement obscure. C’était comme si son corps tout entier était devenu une brèche, une fissure par laquelle s'infiltraient des sentiments, des peurs et des douleurs inimaginables, pour la simple et bonne raison qu’elles venaient d’ailleurs, d’une dimension bien différente de la nôtre. Enfin, suite à ce constat, les agents du service d’incidents daedriques avaient fini par déceler de graves traumatismes neurologiques chez l’accusé. Son système nerveux, ainsi que ses capacités cognitives, semblaient avoir été irrémédiablement attaquées par la magie à laquelle il avait été soumis. Sans chercher à le dédouaner, cela tendait tout de même à expliquer le geste tout bonnement impensable qu’il avait commis. Rien n’était encore sûr, l’enquête était loin d’être terminée, mais tout portait à croire que Claudius Monrius n’avait pas réellement agit de son plein gré, car son corps et son esprit étaient désormais trop altérés pour lui permettre de penser et d’agir de manière totalement lucide. Restait à déterminer comment l’Impérial en était arrivé là, et c’était bien le problème auquel nous étions désormais tous confrontés.
A l’heure actuelle, personne n’en avait la moindre idée...
L’impérial ne faisait pas partie des Fils d’Evos, c’était une certitude, mais il y avait été confronté de très près, et cela aussi, ça ne faisait plus l’ombre d’un doute. Mais quand ? Comment ? Pourquoi ? C’était de sa femme qu’étaient venus les seuls vrais indices, aussi minces étaient-ils.
Depuis le désastre des collines vertes il y a deux ans, lors de son déploiement en Elsweyr, Claudius Monrius n’avait plus jamais été le même. Son état s’était lentement dégradé, mois après mois. Il était peu à peu devenu nerveux, agressif, voire violent. Il s’était mis à enchaîner des boulots précaires, parfois douteux. Il s’était également mis à fréquenter des gens étranges, même si sa compagne n’avait jamais vraiment eu l’occasion de voir de qui il s’agissait réellement.
Jusque là, j’aurais dis que ça ressemblait au profil typique de l’ancien soldat souffrant d’un syndrome post-traumatique, sauf qu’un élément avait rapidement fait naître le doute dans mon esprit. En l'occurrence, son dossier militaire mentionnait déjà des troubles significatifs durant son déploiement en Elsweyr, et précisément durant ce déploiement, avant même l’attentat terroriste dont il avait été témoin. L’enquêteur en chef du service d’incidents daedriques m’avait dit que je cherchais midi à quatorze heures lorsque j’avais alors formulé mon hypothèse, mais plusieurs de ses collègues avaient toutefois très vite abondé dans mon sens. Le fait est que Claudius Monrius avait vécu quelque chose en Elsweyr, un événement tout autre que l’attentat des collines vertes, et que cet événement l’avait définitivement changé.
Mais quoi ? Qu’avait-il vu là-bas ? Qu’avait-il vécu ? Avait-ce un rapport avec les Fils d’Evos ? Ce qu’il s’était passé cette nuit n’était-il finalement que la conclusion dramatique de quelque chose qui avait commencé deux ans plus tôt, loin de Cyrodiil, loin des frontières rassurantes de l’Empire ?
Assise sur ma chaise, perdue dans mes pensées, je ne pus m’empêcher de frissonner un coup. C’était en grande partie la fatigue bien sûr, mais pas seulement. Aujourd’hui plus que jamais, j’avais la terrible certitude que des choses profondément anormales se déroulaient au-delà de Cyrodiil, cachées dans les recoins les plus sombres et les plus insondables de Tamriel. Quelles abominations s’étaient-elles tramées loin des murailles de l’Empire ? Quelle était donc cette chose étrange et ignoble à la fois qui rodait à distance, humant fréquemment nos frontières en l’attente du moment opportun ? A quel genre de mal étions-nous confrontés ?
Bon sang, la fatigue me faisait délirer, mais malgré tout, l’impression était là, et elle était bien réelle. Au-delà de Cyrodiil se terraient des cauchemars sans visages, diffus, mais effrayants. Car ils me faisaient peur oui. Je ne voulais pas y être confrontée, je ne voulais pas qu’ils m’approchent, je ne voulais pas qu’ils m’attrapent. J’étais en sécurité ici, parmi les miens, parmi l’Empire.
Mais pour combien de temps ?
-Oh, plus pour longtemps. Gloussa Shéogorath en me tapotant la tempe de son index.

Je me redressai d’un bon, et clignai des yeux. J’étais toujours assise sur ma chaise, dans le bureau de Levus Mico, sauf que Telrav et Percius n’étaient plus là. A leur place, se tenait un vieil Impérial à la chevelure grise et aux pupilles de chats, affublé d’un costume qui aurait probablement été somptueux s' il n’avait pas été affublé de couleurs aussi criardes.
-Comment ça criardes ? S’offusqua Shéogorath. Et votre couleur de peau, on en parle ou c’est tabou ?
-Mais ça je ne l’ai pas choisi. Fis-je remarquer.
-Parce que vous croyez que j’ai choisi ce costume ?! Glapit le daedra.
-Euh…

Shéogorath fredonna gaiement une chansonnette vantant mutilations et autres tortures divertissantes, puis effectua plusieurs pas de danse. Il me jeta ensuite un regard, et s’arrêta d’un seul coup.
-Mais… Vous êtes encore là ? S’interrogea-t-il, perplexe.
-C’est vous qui êtes encore là… Confiai-je.
-Mais non pas vous ! S'agaça le daedra. Je parle de l’autre là, en train de nous lire sur son écran. Dis donc, humain du vingt-et-unième siècle, tu te crois dans une pièce de théâtre ? Oui oui, c’est bien à toi que je parle ! Tu peux bien lire les aventures d’une Dunmer de trente-et-un ans, écrites par un mec chelou sur son PC, mais moi, le beau, le grand, le fantastique Shéogorath, je ne te permets pas de me toiser de la sorte ! Je suis au dessus de tout ceci moi ! Et je n’ai pas demandé à être là !

Le daedra disparu sans crier gare, dans un tourbillon de fumée. Je jetai un oeil par dessus mon épaule, plus incrédule que jamais.
-Mais de quoi… ? A qui il parlait ce fils de… ? Bégayai-je.
-Teleri ? M'appela doucement une voix familière.

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
19 mars 2021 à 23:55:04

J’ouvris les yeux, et me retrouvai cette fois-ci face à Telrav. Shéogorath était parti… J’étais toujours dans le petit bureau du renseignement, de nouveau en compagnie de Telrav, de Percius, mais également de Levus Mico, visiblement arrivé entre-temps.
-J’ai dormi combien de temps ? Questionnai-je, un peu honteuse.
-Honnêtement ? Deux bonnes heures. Gloussa mon chef de section. Ton ancien boss a eu l’occasion de nous expliquer pas mal de trucs.

Je grommelai de mécontentement, mais Telrav me rassura tout de suite:
-Oh, tu n’as rien raté de l’enquête de Cap-la-menthe. Ils n’en savent pas plus pour le moment. Par contre, Levus Mico nous a parlé de notre futur déploiement. Percius t’en avais déjà touché un mot non ? Ça se précise ! On va bientôt bouger !

L’Impérial me tendit la main, et m’aida à me relever. En me voyant ainsi, Levus Mico m’adressa un signe amical de la main depuis l’autre côté du bureau, puis reprit sa discussion avec Percius Ostorius.
-Percius va rester ici, ils doivent discuter de pas mal de détails. M’expliqua Telrav en m’entraînant hors de la pièce. Toi par contre, vas dormir. Tu t’es pas reposée depuis Bordeciel, et j’ai besoin de toi dès demain huit heures.
-Demain ? Répétai-je.
-Instruction du CSOJ. On va parler de ce fameux déploiement. Conclut le chef de section.

J’eus bien envie de soupirer comme un phoque et de lever les yeux au ciel tellement j’étais déjà crevée de tout ce cirque, mais je me rappelai soudain que j’avais signé pour ça, que j’étais volontaire depuis le début, et surtout, que j’en avais méchamment chié pour arriver là.
J’aurais été bien culottée de me plaindre…
-On se revoit demain ! Conclut Telrav une fois que nous eûmes quitté le siège central du renseignement, et que nous eûmes pris deux directions différentes pour rentrer chez nous.
-Ouai… A demain… Marmonnai-je.

A demain, pour je ne savais quelle foutue nouvelle catastrophe...

BlackDeViL24 BlackDeViL24
MP
Niveau 34
19 mars 2021 à 23:55:24

J'ai split en deux pour pouvoir sortir une suite ce soir. Bonne lecture. :oui:

Newradion44 Newradion44
MP
Niveau 10
20 mars 2021 à 02:22:17

"Mais non pas vous ! S'agaça le daedra. Je parle de l’autre là, en train de nous lire sur son écran. Dis donc, humain du vingt-et-unième siècle, tu te crois dans une pièce de théâtre ? Oui oui, c’est bien à toi que je parle ! Tu peux bien lire les aventures d’une Dunmer de trente-et-un ans, écrites par un mec chelou sur son PC, mais moi, le beau, le grand, le fantastique Shéogorath, je ne te permets pas de me toiser de la sorte ! Je suis au dessus de tout ceci moi ! Et je n’ai pas demandé à être là !"

:rire: excellent mec je me suis tellement senti viser derrière mon écrans par le prince deadra. J'ai eu envie de me cacher :rire:

Tetrazbi Tetrazbi
MP
Niveau 6
21 mars 2021 à 06:08:26

Sheogorath qui brise le quatrième mur. :o))

Ce n'est pas la première fois si j'ai bon souvenir.

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