La mise en scene et l'ecriture d'Andrew Niccol c'est du miel pour n'importe quel fan de SF
Cela faisait un petit moment que je voulais voir Gattaca tout en n'étant pas vraiment sur qu'il allait me plaire... Je ne suis pas un grand fan de SF, et regarder un film du réalisateur du très mauvais Time Out, ça ne m'enchantait guère, même si Gattaca a bien meilleure réputation... Maintenant que c'est fait, je ne peux que confirmer que c'est d'un tout autre niveau, en effet. Pour autant, je suis loin de partager l'engouement général vis à vis de ce film.
Comme pour Time Out, le concept est assez génial. Un monde futuriste dans lequel on peut choisir le "génotype" des enfants, c'est-à-dire faire en sorte qu'ils aient des patrimoines génétiques quasi-parfaits, ce qui génère de grosses inégalités, entraînant ainsi la société vers un système de castes. C'est tout de même une super idée de scénario ! Niccol utilise un schéma relativement proche de celui qu'il utilisera pour Time Out, à la différence que le traitement de Gattaca est bien plus subtil et intelligent. Vincent Freeman (interprété par un Ethan Hawks convaincant) est un personnage archétypal mais suffisamment bien écrit pour ne pas devenir cliché. Tous les autres protagonistes gravitent autour de lui, avec plus ou moins de consistance (le personnage d'Uma Thurman n'est pas franchement intéressant) et participent à la construction d'une intrigue qui va droit au but, de manière efficace. Un gros travail sur les décors et les lumières ainsi qu'une mise en scène propre confèrent au film une certaine identité visuelle, et c'est de sa sobriété qu'il tire son ambiance si particulière. Car il faut bien le dire : on y croit dès le début à ce monde-là !
Mais voilà, malgré ses qualités, Gattaca ne m'a pas emballé plus que ça. Je ne suis pas surpris de la fascination qu'il suscite, même auprès de cinéphiles, mais, personnellement, je trouve ça bien trop classique pour être mémorable. Non pas que le classicisme soit un défaut, il peut être habilement manié (cf l'excellent Loin de la foule déchaînée, dans un registre totalement différent), mais j'ai l'impression que Gattaca ne prend pas de recul sur ce qu'il montre. Le happy-end, par exemple, pourrait être perçu comme un bel élan d'optimiste, mais je le vois plutôt comme une fin mièvre, très hollywoodienne, faisant l'apologie de la réussite à l'américaine. Idem pour la romance, pas forcément bien amenée et surtout très convenue. Même la relation entre les deux frères, bien que plutôt bien traitée, n'a rien de franchement originale... Sans parler de la musique, plutôt sympathique mais franchement envahissante.
C'est dommage car l'idée de base de Gattaca est intéressante, mais le film, sans faire de faux pas pour autant, ne sort jamais des sentiers battus, traçant sa route de manière un peu trop linéaire, un peu trop parfaite. N'est-ce pas paradoxal pour une oeuvre qui cherche à prôner l'imperfection ?
Ah et bravo pour le titre du topic.
Ouais c'était bien tenté la traduction foireuse.
Ta critique me donne envie de le revoir en tout cas, en ayant un souvenir encore très agréable bien que je l'ai vu il y a maintenant plus de cinq ans.
Le 11 avril 2016 à 16:57:07 Lt-Schaffer a écrit :
Le happy-end, par exemple, pourrait être perçu comme un bel élan d'optimiste, mais je le vois plutôt comme une fin mièvre, très hollywoodienne, faisant l'apologie de la réussite à l'américaine.
Happy-end ? On a vu le même film ?
Bah à la fin il peut aller dans l'espace comme dans son rêve .
Après oui, ce n'est pas aussi simple que ça, mais on a tout de même une fin pleine de bons sentiments et très convenue.
Je rejoins Lt-Schaffer sur le fait que c'est assez réducteur de qualifier cette fin de "happy end". C'est minimiser l'importance de Jérôme (Jude Law) dans le récit.
Au delà de sa mort physique, c'est assez pathétique de voir qu'aux yeux de la société, son identité et sa singularité vont perdurer au travers des fluides corporels stockés dans le frigo. Pareil avec les plans sur sa médaille d'argent qui prends des teintes dorées et sur sa mèche de cheveu qui rappellent bien le rêve qu'il va vivre par procuration grâce à Vincent.
Une tragédie oui.
Oui vous avez raison, happy-end n'était peut-être pas le bon terme. Je voulais parler du fait que le héros accomplisse son rêve, et sorte une phrase ridicule qui aurait pu servir de description d'une photo de profil Facebook.
Je n'ai absolument rien contre les happy-end, j'adore celui de Truman Show par exemple (scénarisé par Niccol) mais là pour moi ici ça ne collait pas du tout au ton du film.
Extraite de son contexte et placée sur une photo facebook avec le filtre sepia qui va bien c'est clairement ridicule. Mais elle colle bien au thème et ton du film. Je la trouve pas si téléphonée que ça.
Perso j'apprécie pas trop le message général du film qui dit "quand on veut, on peut" alors que non, parfois même quand on veut, on peut pas..
En dehors de ça l'ambiance globale m'a énormément plu, et même si j'aime pas le message du film, la phrase qu'il dit à son frère pour la nage est saisissante
Un peu réducteur le "quand on veut, on peut" , j'y vois plus un "nos capacités ne sont pas forcément limités aux étiquettes qui nous ont été imposés par la société". (C'est pas tellement une simple question du dépassement de ses propres capacités. Plus un dépassement des limites qui ont été arbitrairement évaluées/fixées par le système).
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Le 11 avril 2016 à 22:20:49 Evil_man a écrit :
Perso j'apprécie pas trop le message général du film qui dit "quand on veut, on peut" alors que non, parfois même quand on veut, on peut pas..
Je trouve pas que le film est très porté sur ça. C'est surtout contre les délires eugénistes, et ça montre un monde ou la facette qualitative du capitalisme a rongé même les existences des gens, c'est un aboutissement assez malsain et jusqu'au boutiste d'un système.
Ce qui me fait dire que c'est pas tellement "quand on veut on peut", c'est qu'au final, ça montre un gars un peu comme Rosa Parks, qui se bat pour montrer qu'on est tous les pareils, en dépit des ségrégations. Un peu malgré lui d'ailleurs.
Sauf qu'on est pas tous pareil, que ça soit socialement ou génétiquement
Le 11 octobre 2013 à 16:16:08 Anaal_Nathrakh a écrit :
ghost-tiger Voir le profil de ghost-tiger
Posté le 10 octobre 2013 à 15:30:15 Avertir un administrateur
parabole de notre monde moderne ou l ame, qui on n est vraiment, n a plus d importance.
tellement second degré ce film.
Lien permanentC'est ça, sur ce point j'avais trouvé le film très existentialiste.
en fait j aurai du dire que ce film est une critique sous entendu sur la grande superficialité des rapports humains d au moins 95% des gens a notre époque... ou l âme, qui on est vraiment, ne compte pas face aux apparences (notamment les apparences lié a la chance du vécu) et au plaisir. les gens se choisissent sur des critères superficiels et très peut de gens accordent sincèrement de l importance a la beauté et la poésie d âme...
j avais d ailleurs eut une discussion a ce propos avec un forumeur du 18/25 qui lui aussi avait bien compris la critique sous entendu.
en ayant comprit le sous entendu, le film devient incroyablement poétique, humaniste, sentimental, profond, bouleversant, spirituel... un pure chef d oeuvre.
Perso j'apprécie pas trop le message général du film qui dit "quand on veut, on peut" alors que non, parfois même quand on veut, on peut pas..
c est sur que c est débile de croire ça.
non une personne qui a un des rares vécus désespérant ne pourra jamais se battre.
croire qu on peut être fort et qu on peut exploiter son potentiel quel que soit le vécu qu on a, c est de la vanité et de l égocentrisme pure. de la connerie.
mais ce n est pas du tout ce que je retient du film, même si c est vrai qu il y a une ambiguité génante a ce niveau (ce qui est pour moi le seul défaut du film).
un film qui aurait dit quand on reçoit de l amour on peut soulever des montagnes la oui c est vrai, mais dire qu en toute circonstance et quel que soit le vécu quand on veut on peut, c est de la connerie pure, un culte de l ego et de l ignorance...
Le 12 avril 2016 à 15:00:11 Evil_man a écrit :
Sauf qu'on est pas tous pareil, que ça soit socialement ou génétiquement
Non mais je pensais pas à ces "détails" là. Heureusement qu'on est techniquement tous différents. Mais on est quand même tous humains, et ça nous rappelle à quel point le corps lui même devient de l'industrie.
Le 12 avril 2016 à 16:27:12 vincentfreeman2 a écrit :
Le 11 octobre 2013 à 16:16:08 Anaal_Nathrakh a écrit :
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Posté le 10 octobre 2013 à 15:30:15 Avertir un administrateur
parabole de notre monde moderne ou l ame, qui on n est vraiment, n a plus d importance.
tellement second degré ce film.
Lien permanentC'est ça, sur ce point j'avais trouvé le film très existentialiste.
en fait j aurai du dire que ce film est une critique sous entendu sur la grande superficialité des rapports humains d au moins 95% des gens a notre époque... ou l âme, qui on est vraiment, ne compte pas face aux apparences (notamment les apparences lié a la chance du vécu) et au plaisir. les gens se choisissent sur des critères superficiels et très peut de gens accordent sincèrement de l importance a la beauté et la poésie d âme...
j avais d ailleurs eut une discussion a ce propos avec un forumeur du 18/25 qui lui aussi avait bien compris la critique sous entendu.
en ayant comprit le sous entendu, le film devient incroyablement poétique, humaniste, sentimental, profond, bouleversant, spirituel... un pure chef d oeuvre.
Je partage ton constat et ton interprétation sur les différents niveaux de lectures qui reflètent bien différents problèmes de notre société, au delà des risques éthiques de l'eugénisme et du transhumanisme.
(Même si là on rentre plus dans le rapport intime qu'on peut lier avec le film en fonction de son propre vécu et non dans ce que le film propose explicitement ).
Le 12 avril 2016 à 15:18:31 Lt-Schaffer a écrit :
C'est aussi ce que le film met en scène.
+1, le film montre bien les limites physiques de Vincent qui n'est pas apte pour devenir astronaute. Il ne surpasse pas ses capacités pour devenir astronaute, mais il contourne le système en exploitant sa bêtise et en devenant un pirate génétique.
Aux yeux du système, Vincent devrait déjà être dans sa tombe avec ses 10 000 battements de trop. En un sens, il "surpasse" donc le système en soulignant son manque de précision. (Un comble pour une mécanique huilée qui est censée déterminer le destin d'une vie)
Le 12 avril 2016 à 17:37:50 GigaHeartz a écrit :
Le 12 avril 2016 à 16:27:12 vincentfreeman2 a écrit :
Le 11 octobre 2013 à 16:16:08 Anaal_Nathrakh a écrit :
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Posté le 10 octobre 2013 à 15:30:15 Avertir un administrateur
parabole de notre monde moderne ou l ame, qui on n est vraiment, n a plus d importance.
tellement second degré ce film.
Lien permanentC'est ça, sur ce point j'avais trouvé le film très existentialiste.
en fait j aurai du dire que ce film est une critique sous entendu sur la grande superficialité des rapports humains d au moins 95% des gens a notre époque... ou l âme, qui on est vraiment, ne compte pas face aux apparences (notamment les apparences lié a la chance du vécu) et au plaisir. les gens se choisissent sur des critères superficiels et très peut de gens accordent sincèrement de l importance a la beauté et la poésie d âme...
j avais d ailleurs eut une discussion a ce propos avec un forumeur du 18/25 qui lui aussi avait bien compris la critique sous entendu.
en ayant comprit le sous entendu, le film devient incroyablement poétique, humaniste, sentimental, profond, bouleversant, spirituel... un pure chef d oeuvre.Je partage ton constat et ton interprétation sur les différents niveaux de lectures qui reflètent bien différents problèmes de notre société, au delà des risques éthiques de l'eugénisme et du transhumanisme.
(Même si là on rentre plus dans le rapport intime qu'on peut lier avec le film en fonction de son propre vécu et non dans ce que le film propose explicitement ).
en fait ce n est pas qu une question de vécu, la critique sous entendu est surtout un cri humaniste, sentimental et spirituel sur notre société moderne. et ça quel que soit le vécu qu on a eut, tout les gens un tant soit peut profond peuvent le comprendre. la critique (légitime) de l eugénisme devient alors secondaire quand on a compris ça.
alors certes c est pas dit de façon totalement explicite, mais le sous entendu est quand même très clair pour quelqu un qui n est pas superficiel et qui est lucide sur notre monde moderne.
Oui totalement je pense aussi que ce message se trouve dans le film. Comme tu l'as écrits, cette lecture reste relativement accessible bien qu'elle passe par des détails implicites.
Par contre je persiste à penser que pour y adhérer (du moins y être sensible), il faut forcément que ce "cri" résonne avec une part d'intime. Je ne pense pas que ce soit dû à une quelconque profondeur (non-superficialité). Melaine et Evil_Man ne me semblent pas superficiels et pourtant ils n'ont pas adhéré au propos général du film, pour des raisons x ou y.