Vaste programme que de parler de The Witcher 3.
Les développeurs du studio polonais CDProject nous avaient habitués à des titres de qualité avec les 2 premiers opus de la série mais avec cette conclusion, ils atteignent un niveau encore inégalé de perfection à tel point que je ne sais même pas par où commencer.

Commençons donc par le début... Nous retrouvons une nouvelle fois ce cher Gérald de Riv qui a enfin retrouvé sa mémoire et part donc à la recherche de sa fille adoptive Cirilla Fiona Elen Riannon (ou Ciri pour les intimes) perdue de vue depuis des années. Si le premier épisode de la série The Witcher nous plaçait dans la peau d'un Gérald amnésique c'était pour nous permettre de découvrir son monde avec des yeux neufs tout en profitant de l'immense background élaboré par l'auteur de l'œuvre originale Andrzej Sapkowsk. Maintenant que nous arrivons à la fin de la trilogie, il n'est plus nécessaire d'utiliser cet artifice. Cet état de fait présente deux aspects : le premier c'est que cet épisode est sans doute le plus intimiste de la série avec un Gérald contraint de faire des choix parfois déchirants pour lui-même et ses proches. Le deuxième aspect (et c'est le revers de la médaille) c'est qu'il est plus opaque pour les néophytes mais aussi pour les personnes n'ayant pas lu les romans originaux, les scénaristes ont cependant fait un travail remarquable pour faciliter l'entrée des petits nouveaux dans la licence The Witcher et de nombreux textes explicatifs permettent d'en apprendre plus sur tels ou tels personnages ou évènements.

En parlant du scénario il ne faut pas penser que l'attention des créatifs s'est focalisée sur la trame principale. En effet chacune des quêtes secondaires (qui sont présentent à foison dans le titre) a fait l'objet d'un travail soigné et s'intègre parfaitement à l'univers. De plus, chacun de vos choix pourra avoir des répercussions sur le reste de l'aventure et sur le monde que vous arpentez. Cet aspect du jeu représente un véritable tour de force quand on pense qu’il s’agit d’un open world non linéaire. Se rendre compte qu'un choix réalisé plusieurs dizaines d'heures de jeu plus tôt a entrainé une réaction en chaine aboutissant à la situation dans laquelle vous vous retrouver au moment de vous en rendre compte renforce encore plus le sentiment d'immersion complet et de cohérence de l'univers.

Au point de vue technique, les environnements sont magnifiques, le cycle jour nuit et la météo changeante les sublimant encore davantage. Les animations sont fluides tant au niveau des cinématiques (pour la grosse majorité directement réalisées avec le moteur du jeu) que des combats ou des simples déplacements sur une aire de jeu immense et pleine de vie.

Au niveau sonore les bruits d'ambiance sont extrêmement réalistes et les doublages sont tous excellent (on notera au passage que le jeu est entièrement traduit en français). Les musiques même si elles n'atteignent pas le niveau épique d'un Skyrim sont toutes plaisantes et permettent d'instaurer des ambiances en parfaite concordance avec les actions du joueur.

Comme dit plus haut, la durée de vie est simplement phénoménale à tel point qu'il est facile d'atteindre la centaine d'heures de jeu sans même s'en rendre compte. Votre vie sociale risque d'en prendre un coup mais après tout une telle épopée en vaut bien le coup !

En définitive, ne passez pas à coté de ce titre qui s'inscrit comme le summum actuel du jeu de rôle occidental et au firmament du jeu vidéo tout genre confondu.

Le RPG occidental béni des dieux des jeux vidéos. Depuis sa sortie il y a 5 ans les louanges ne tarissent pas à son sujet. Après 150h de jeu (!) je viens enfin de boucler la trame principale: riche, passionnante et suffisamment longue pour s'imprégner de l'atmosphère des lieux traversés et apprendre à connaitre les nombreux et emblématiques acteurs rencontrés. Je dois me rendre à l'évidence, The Witcher 3 mérite sa réputation. Mon avis risque donc de n'être qu'une redite.

Quêtes et dialogues sont merveilleusement écrits, nombre de persos ont une vraie épaisseur, même un simple contrat a quelque chose à raconter. De nos choix découlent souvent des conséquences à plus ou moins long terme, même pour des quêtes insignifiantes, quelle surprise lorsqu'on rencontre un pnj 30h plus tard pour découvrir ce qui lui est arrivé. Certaines quêtes s'avèrent émouvantes, beaucoup sont mémorables, le fruit d'un effort de mise en scène titanesque. Sur ce point, The Witcher 3 est un maitre, celui que la concurrence se devra d'imiter désormais sous peine d'être ridiculisée. Le jeu est cru sous bien des aspects (violence, nudité, dialogues, situations cruelles, démembrements), The Witcher 3 va là où les autres AAA s'arrêtent, conditionnés par la censure ou le politiquement correct. La rejouabilité est évidente.

Et oui le jeu est beau, bien sur qu'il est beau! Comment ne pas être impressionné lorsque l'on voit la flore se courber sous le vent, perso je n'avais jamais vu ça. Un univers fourmillant de vie s'offre à nous, riche, cohérent, complètement immersif. Les décors sont magnifiés par une superbe palette de couleurs, parfois légèrement délavées, en raccord avec ce monde où la guerre, la misère et la violence se côtoient souvent. L'esthétique est léchée à l’extrême, coup de cœur pour la ville de Novigrad dans laquelle on vivra une myriade de péripéties. Les persos sont magnifiquement modélisés pour 2015 (mains, visages très expressifs...) et leur animation est d'une fluidité remarquable pour un open-world. A signaler enfin de superbes effets météos (orage, pluie, vent) portés par un sound-design fabuleux. L'OST est mélancolique et ensorcelante, de grande facture une fois encore, et le doublage français de qualité.

Le jeu est très riche, et très cohérent dans son gameplay, tel le système d’enquête en accord avec les sens de sorceleur. Bretteur de premier ordre, Geralt de Riv est un régal à contrôler, entre ses capacités au combat, le recours aux signes et l'utilisation de potions, la difficulté s'avère bien dosée, face à une créature de niveau équivalant ou supérieur pas question d'y aller comme un bourrin. Le bestiaire est remarquable d'ailleurs, avec des monstres aussi variés que dangereux. Les combats à mains nues sont moins convaincants, ça m'a rappelé ceux de Fable, sorti 11 ans plus tôt. Le jeu de carte, appelé "gwynt", est très sympa, il y a une petite stratégie à connaitre. Le jeu surprend sous de nombreux aspects, impossible de tout citer faute de place, le mieux étant de toute façon de le découvrir par soi-même.

Quelques bémols dans cet océan de qualités, notamment une interface d'inventaire pénible, on croule sous le loot (alchimie, artisanat) et l'ergonomie laisse à désirer. Quelques légers bugs, hélas inhérents au genre, en grattant un peu on peut lui reprocher des petites tares techniques (pnj qui pop soudainement), des problèmes de collisions (notamment lorsqu'on est dans l'eau ou sur un bateau). Par contre aucun problème de script, prenez exemple les Elder Scrolls! Et l'optimisation PC est au poil de fion, peu gourmande, avec des chargements très courts.

Une direction artistique à tomber, une qualité d’écriture inédite dans le genre, et une réalisation maitrisée de bout en bout, The Witcher 3 est une œuvre riche, enivrante, pour tout dire exceptionnelle, un maitre-jeu. Je regrette d'ailleurs de ne pas l'avoir fait plus tôt, mais suis heureux d'avoir corrigé cette erreur. Incontournable.