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A-San A-San
MP
Niveau 10
21 janvier 2020 à 07:52:18

Le 20 janvier 2020 à 15:57:50 --crazymarty-- a écrit :
Arthur tira sur la cigarette, jusqu’au filtre. Le gout amer emplit sa bouche. Dépité, il lança le mégot incandescent vers un cendrier. Qu’il manqua. Il grogna. La place était grande, long rectangle de pelouse grillée que protégeait quelques acacias rachitiques. Le cendrier paraissait ridicule, incongru. Un peu comme sa présence, ici, dans la lumière crue du matin. Il se retint de rire.
Le cabinet ne devait ouvrir qu’à dix heures, mais déjà, plusieurs patients se présentaient à la porte. Des habituels, qu’il connaissait bien. Arthur resta encore quelques instants face au grand vide de la Faille, prenant soin de ne lancer aucun regard vers eux. Car alors, la journée commencerait. Et ce ne serait plus que cela : la valse des consultations, des malades à recevoir, ausculter, diagnostiquer, et si possible, traiter. Etre médecin ne l’enchantait guère plus depuis de longues années. Mais cela payait bien, et même très bien, les factures.
Il ferma les yeux. Au loin, bien en dessous du Plateau, au beau milieu de la Faille, à distance raisonnable de la paroi verticale des grandes falaises lisses comme du verre, les oiseaux lyres planaient. Lentement, leur chant emplirait l’espace contraint, formidable caisse de résonnance de leurs vocalises. La saison des amours. Une plainte joyeuse et mélancolique, des trilles qui laissaient à deviner l’immensité de la Faille. Une porte vers un ailleurs. Vers la Mer. L’horizon sans fin, mille mètre plus bas.
Désert. Falaises. Jungle. Mer. Une géographie à l’emporte-pièce, sans nuance. Quelque chose d’irréel dans la topographie du lieu. Seule la ville venait perturber cette dynamique inhumaine.
La chaleur écrasait déjà la place. Les pourpres de l’aurore s’accrochaient encore aux longs traits horizontaux du Plateau, loin vers l’infini de l’horizon. La Faille restait baignée de la pénombre et de la fraicheur nocturne, qui remontait au pied de la ville. Le désert, lui, se drapait doucement de ce voile torride qui déformait tout. Si l’on prenait le temps de regarder vers l’astroport, longue dalle de béton zébré de fissures, le groupe radar de la Grande Doline semblait ne plus tenir en place. Par la rue de la Fondation, la vue depuis la place fondait droit dessus. Arthur aimait souvent à regarder cette construction diaphane, dans l’air du midi, quand le soleil obligeait l’habitant moyen de Port-Sacramento à se cloitrer chez lui. Il n’y avait plus personne. Que la fournaise, la lumière, la rue, les antennes lointaines, et lui. Il pouvait, l’espace d’un instant, se croire, s’envisager seul. Sans la constellation des relations humaines. Sans la poix visqueuse de son histoire.
Il songeait à retourner à la Grande Doline depuis près de dix jours. Au bord d’étendu d’eau tiède, quelques constructions sommaires, qui tenaient presque du bricolage hasardeux. Une cabane à lui. Personne n’osait venir le déranger là-bas. A trois kilomètres des Limites. A portée de vue. Juste assez pour narguer, et se réjouir du silence. Oui, ce soir, pourquoi pas… Il suffisait d’y aller une heure avant la tombée de la nuit. Dans l’eau claire, la chaleur du désert s’estompait. Et la nuit venue, la morsure du froid pouvait reprendre ses droits. Sur la terrasse, la vue s’ouvrait sur l’astroport. Pas de transports la nuit : on pouvait y dormir en paix, jusqu’à l’aube.
- Arthur ?
Le terminal com’ lui rappela avec déplaisir que la journée n’avait pas encore commencé. La voix chaude, presque râpeuse, de la secrétaire, le rattrapa dans ses rêveries.
- Oui, Maria ?
- Madame Pacho voudrait un rendez-vous avant midi.
- Et il reste des créneaux ?
- Non.
Il soupira.
- Mets là à midi. Je mangerais sur le pouce.
- Tu es sûr ?
- Oui. De toute façon, ça ne changera pas du programme habituel. Ce sera vite expédié.
A l’autre bout de la ligne, il entendit son rire, discret, profond. Il songea que, sans doute, elle ne regardait depuis son bureau, à travers les vitres qui se couvraient lentement de la poussière rouge du Plateau. Une silhouette face au soleil du matin. Une silhouette instable.
- Tu sais Arthur, tu as le droit de dire non.
- C’est son seul plaisir.
« Et puis, elle paye à chaque fois. Sans délai. Sans passer par la Mutualité. », pensa-t-il.

Bonjour à toi. Blabla habituel, je ne possède pas la vérité ultime, je me considère encore comme un débutant donc j’estime ne pas pouvoir faire des remarques sur des choses très précises et très techniques, mon commentaire portera donc sur le texte dans sa globalité. Je m’excuse d’ailleurs par avance, si tu peux te sentir blesser par une de mes remarques, ce n’est clairement pas mon but.
Hé bien, c’est du très bon. Pas grand-chose à en dire au final, même si je reconnais que ton « Plateau » et ta « Faille » m’ont un peu perdu, mais je mets ça sur le compte de mon inculture. Après, l’unique peur que j’ai concernant ton texte est que tu te perdes un peu dans la narration, que tu en fasses trop en tardant sur des détails inutiles (choses que tu ne fais pas ici, mais c’est l’impression que ton texte m’a renvoyée). En tout cas, c’est du très bon.

A-San A-San
MP
Niveau 10
21 janvier 2020 à 08:11:59

Le 20 janvier 2020 à 21:55:58 Julien-Gracq7 a écrit :
Suite au lancement du concours folio, il m'est venu l'idée de me lancer dans un ouvrage de fantasy correspondant au thème "mille et une voix".
Sachant que je ne connais rien du genre, j'ai opté pour une narration qui en la matière me convenait, en mimant le récit raconté par un chroniqueur et admirateur du héros... Avec bien sûr un narrateur caractérisé, qui émet des jugements, qui invective le lecteur, et qui grossit le trait parfois. Je me suis dit que ce serait captivant, mais je ne sais si le genre le tolère bien... Bref, voici le début :

"Avant-propos :

En l'an de grâce 1144, furent proclamés séditieux, par décret royal, les écrits de celui que l'on nomme injustement le Naïadéen, du nom de cette race maudite d'hommes-poissons, qui aiguise ses épieux dans les contrées sauvages du Midwest. Sa majesté royale, fils de feu Rupert le Grand, sur les mauvais conseils de perfides ensorceleurs, ordonna que cesse la parution des oeuvres suivantes : "La ballade des morts" et "Le chant des peuples". Ces poèmes, chefs d'oeuvres de notre temps, pleinement dédiés à la dignité de l'homme, ne doivent pas tomber dans l'oubli à cause de la frénésie des censeurs et de l'incendie des autodafés. J'en appelle, lecteur, à ta raison, et t'invites, si ce n'est déjà fait, à te munir d'une édition ancienne, encore en circulation, d'une de ces oeuvres.

Quant à moi, ton humble serviteur, pour l'heure, je te présente cet ouvrage, modeste composition réalisée par mes soins, en l'hommage d'un homme sur lequel on a tant médit.

Prologue :

Le livre que tu t'apprêtes à lire a pour objet la vie et les faits de mon maître, de mon grand ami, illustre voyageur et poète, bon camarade des hommes et grand compagnon de beuverie. Ces dernières années, il fut dit tant de choses vilaines ou inexactes à son propos, que je me dois, ici, de rétablir la vérité à son sujet, dans cet ouvrage rédigé par la plume d'un acteur des évènements. Je t'invite, ami, à te munir d'une grande choppe de bière et d'un gros plat de fromage. Car c'est le coeur en joie que se lit cette histoire, cette histoire qui parle de voyage et de poésie, des espoirs et de la beauté d'un homme, du plus bel homme qui fut.

Je décrirai sa vie succinctement à travers les évènements marquants auxquels il prit part, sans omettre pour autant les autres chapitres de son existence, dressant un vaste tableau d'ensemble constellé de petites scènes détaillées, à la manière d'un chroniqueur de jadis.

Nous remontons à l'origine de sa légende en l'an de grâce 1104, très exactement, où le brave comte de Hampton prépare un grand festin, en l'honneur de sa dame ayant accouché d'un charmant enfant aux yeux d'azur, qui fut nommé Erick, en hommage à son grand-père, glorieux homme de guerre s'il en est. Cet Erick, fils de Hampton, est bien celui que l'on affuble du sobriquet grotesque de Naïadéen ! Lecteur, figure-toi ce tout petit enfant, à la chair rose et aux petites tiffes blondes qui lui poussent sur la tête... Il n'a bien évidement aucune parenté avec ces pauvres monstruosités aquatiques ! Soufflete, je te prie, le premier imbécile qui te dira le contraire !

L'après-midi qui suivit l'accouchement, le petit être fut présenté aux habitants de Hampbow, rassemblés en masse sur la place d'arme de la cité. Je me souviens d'y avoir assisté, je trainais alors quelques cinq printemps derrière moi, et n'étais pas plus haut que trois pommes. Des épaules de mon père, je pus admirer cette scène charmante, d'un père brandissant son nourrisson au ciel, comme le plus grand don des Dieux, sous les clameurs d'une assemblée en délire. Une nuit de festivités fut décrétée par les autorités, les hommes banquetèrent longtemps dans les artères principales de la cité, et l'on dit même que le comte fit servir pour ses citoyens, des langues de squale et de l'alcool de petites baies rougeâtres, que l'on trouve en des contrées lointaines... des mets d'exceptions même à la cour du roi."

Bonjour à toi. Blabla habituel, je ne possède pas la vérité ultime, je me considère encore comme un débutant donc j’estime ne pas pouvoir faire des remarques sur des choses très précises et très techniques, mon commentaire portera donc sur le texte dans sa globalité. Je m’excuse d’ailleurs par avance, si tu peux te sentir blesser par une de mes remarques, ce n’est clairement pas mon but.
Alors, tu me plonges une fois de plus dans l’embarras, car je ne sais absolument pas trop quoi en penser. Dans la forme, c’est plutôt bien (j’ai plutôt apprécié) même s’il doit y avoir deux ou trois choses à corriger (on peut toujours faire mieux), mais est-ce que ça conviendra au ton que tu souhaites donner et au genre de la fantasy, honnêtement je l’ignore. Par contre, peut-être que c’est moi qui ai un problème avec ce genre de narration, mais ton prologue annonce un style très enfantin (enfin je n’arrive plus à retrouver le mot exact, mais avec ce prologue je vois mal l’histoire partir dans un truc très sérieux avec une ambiance ultra sombre et violente). Pour le coup, il faudrait vraiment que tu nous présentes un chapitre ici pour en dire plus, car dans l’état j’ignore quoi en penser.

A-San A-San
MP
Niveau 10
21 janvier 2020 à 08:20:06

Message à ceux qui postent leurs extraits :

Bonjour à tous. Vous l’aurez remarqué depuis quelque temps, j’ai mis un point d’honneur à répondre à n’importe qui postant un extrait ici dans la journée qui suivait. Seul petit hic, c’est que mon emploi du temps a beaucoup changé depuis.

Pas que ça me saoul, au contraire, mais je ne pourrais absolument plus assurer ma régularité au niveau des commentaires. À partir d’aujourd’hui, je ne commenterai plus les textes en semaine, pour m’en occuper UNIQUEMENT le week-end (du vendredi soir jusqu’à dimanche). Désolé pour les futures attentes qui pourraient en irriter certains, mais je n’ai absolument plus le temps de m’en charger à un autre moment.

À bientôt sur le topic.

--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
21 janvier 2020 à 15:18:20

Le 21 janvier 2020 à 08:20:06 A-San a écrit :
Message à ceux qui postent leurs extraits :

Bonjour à tous. Vous l’aurez remarqué depuis quelque temps, j’ai mis un point d’honneur à répondre à n’importe qui postant un extrait ici dans la journée qui suivait. Seul petit hic, c’est que mon emploi du temps a beaucoup changé depuis.

Pas que ça me saoul, au contraire, mais je ne pourrais absolument plus assurer ma régularité au niveau des commentaires. À partir d’aujourd’hui, je ne commenterai plus les textes en semaine, pour m’en occuper UNIQUEMENT le week-end (du vendredi soir jusqu’à dimanche). Désolé pour les futures attentes qui pourraient en irriter certains, mais je n’ai absolument plus le temps de m’en charger à un autre moment.

À bientôt sur le topic.

Tu fais ce que tu peux. Ne te sens coupable de rien. C'est déjà énorme, alors un grand merci.

--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
21 janvier 2020 à 15:21:24

Le 21 janvier 2020 à 07:52:18 A-San a écrit :

Le 20 janvier 2020 à 15:57:50 --crazymarty-- a écrit :
Arthur tira sur la cigarette, jusqu’au filtre. Le gout amer emplit sa bouche. Dépité, il lança le mégot incandescent vers un cendrier. Qu’il manqua. Il grogna. La place était grande, long rectangle de pelouse grillée que protégeait quelques acacias rachitiques. Le cendrier paraissait ridicule, incongru. Un peu comme sa présence, ici, dans la lumière crue du matin. Il se retint de rire.
Le cabinet ne devait ouvrir qu’à dix heures, mais déjà, plusieurs patients se présentaient à la porte. Des habituels, qu’il connaissait bien. Arthur resta encore quelques instants face au grand vide de la Faille, prenant soin de ne lancer aucun regard vers eux. Car alors, la journée commencerait. Et ce ne serait plus que cela : la valse des consultations, des malades à recevoir, ausculter, diagnostiquer, et si possible, traiter. Etre médecin ne l’enchantait guère plus depuis de longues années. Mais cela payait bien, et même très bien, les factures.
Il ferma les yeux. Au loin, bien en dessous du Plateau, au beau milieu de la Faille, à distance raisonnable de la paroi verticale des grandes falaises lisses comme du verre, les oiseaux lyres planaient. Lentement, leur chant emplirait l’espace contraint, formidable caisse de résonnance de leurs vocalises. La saison des amours. Une plainte joyeuse et mélancolique, des trilles qui laissaient à deviner l’immensité de la Faille. Une porte vers un ailleurs. Vers la Mer. L’horizon sans fin, mille mètre plus bas.
Désert. Falaises. Jungle. Mer. Une géographie à l’emporte-pièce, sans nuance. Quelque chose d’irréel dans la topographie du lieu. Seule la ville venait perturber cette dynamique inhumaine.
La chaleur écrasait déjà la place. Les pourpres de l’aurore s’accrochaient encore aux longs traits horizontaux du Plateau, loin vers l’infini de l’horizon. La Faille restait baignée de la pénombre et de la fraicheur nocturne, qui remontait au pied de la ville. Le désert, lui, se drapait doucement de ce voile torride qui déformait tout. Si l’on prenait le temps de regarder vers l’astroport, longue dalle de béton zébré de fissures, le groupe radar de la Grande Doline semblait ne plus tenir en place. Par la rue de la Fondation, la vue depuis la place fondait droit dessus. Arthur aimait souvent à regarder cette construction diaphane, dans l’air du midi, quand le soleil obligeait l’habitant moyen de Port-Sacramento à se cloitrer chez lui. Il n’y avait plus personne. Que la fournaise, la lumière, la rue, les antennes lointaines, et lui. Il pouvait, l’espace d’un instant, se croire, s’envisager seul. Sans la constellation des relations humaines. Sans la poix visqueuse de son histoire.
Il songeait à retourner à la Grande Doline depuis près de dix jours. Au bord d’étendu d’eau tiède, quelques constructions sommaires, qui tenaient presque du bricolage hasardeux. Une cabane à lui. Personne n’osait venir le déranger là-bas. A trois kilomètres des Limites. A portée de vue. Juste assez pour narguer, et se réjouir du silence. Oui, ce soir, pourquoi pas… Il suffisait d’y aller une heure avant la tombée de la nuit. Dans l’eau claire, la chaleur du désert s’estompait. Et la nuit venue, la morsure du froid pouvait reprendre ses droits. Sur la terrasse, la vue s’ouvrait sur l’astroport. Pas de transports la nuit : on pouvait y dormir en paix, jusqu’à l’aube.
- Arthur ?
Le terminal com’ lui rappela avec déplaisir que la journée n’avait pas encore commencé. La voix chaude, presque râpeuse, de la secrétaire, le rattrapa dans ses rêveries.
- Oui, Maria ?
- Madame Pacho voudrait un rendez-vous avant midi.
- Et il reste des créneaux ?
- Non.
Il soupira.
- Mets là à midi. Je mangerais sur le pouce.
- Tu es sûr ?
- Oui. De toute façon, ça ne changera pas du programme habituel. Ce sera vite expédié.
A l’autre bout de la ligne, il entendit son rire, discret, profond. Il songea que, sans doute, elle ne regardait depuis son bureau, à travers les vitres qui se couvraient lentement de la poussière rouge du Plateau. Une silhouette face au soleil du matin. Une silhouette instable.
- Tu sais Arthur, tu as le droit de dire non.
- C’est son seul plaisir.
« Et puis, elle paye à chaque fois. Sans délai. Sans passer par la Mutualité. », pensa-t-il.

Bonjour à toi. Blabla habituel, je ne possède pas la vérité ultime, je me considère encore comme un débutant donc j’estime ne pas pouvoir faire des remarques sur des choses très précises et très techniques, mon commentaire portera donc sur le texte dans sa globalité. Je m’excuse d’ailleurs par avance, si tu peux te sentir blesser par une de mes remarques, ce n’est clairement pas mon but.
Hé bien, c’est du très bon. Pas grand-chose à en dire au final, même si je reconnais que ton « Plateau » et ta « Faille » m’ont un peu perdu, mais je mets ça sur le compte de mon inculture. Après, l’unique peur que j’ai concernant ton texte est que tu te perdes un peu dans la narration, que tu en fasses trop en tardant sur des détails inutiles (choses que tu ne fais pas ici, mais c’est l’impression que ton texte m’a renvoyée). En tout cas, c’est du très bon.

Merci beaucoup pour ton retour. Effectivement, c'est un risque possible. Pour être complet, j'hésitais entre une narration interne ou omnisciente. La première ayant l'avantage de pouvoir "se perdre" dans des digressions (sans abuser non plus) bien plus que la seconde. En tout cas, merci de ton retour, j'en prends bonne note.

Julien-Gracq7 Julien-Gracq7
MP
Niveau 8
21 janvier 2020 à 22:49:42

Bonsoir A-san, et merci chaudement, décidément, pour ton dévouement sur le forum.

Disons que j'ai essayé de créer une voix qui mime l'ancienneté, non pas celle des chroniqueurs médiévaux, mais plutôt celle d'un Rabelais (en moins humoristique, bien sûr). Dans l'idée, c'est une voix qui peut raconter avec une grande naïveté des choses qu'elle estime merveilleuse, comme avec humour des choses que l'on estimerait plutôt hideux, dans le but de caractériser un narrateur absolument partial, et qui répond à une morale qui n'est pas la notre (quoique il brille déjà d'un début d'humanisme absent des personnages autres que lui et le héros).
Donc en gros, il y aura du drôle et de l'injuste dans ce monde, pour un narrateur pas moins injuste en somme, qui se révèle pourtant meilleur que tous les autres. L'ambiance ne sera donc pas sombre, mais ce qui s'y lira sera loin d'être heureux pour autant, notamment pour la finalité qui n'est ni glorieuse, ni héroïque, mais simple et brutale.

Je n'ai pas encore rédigé un chapitre, mais j'ai un petit plan et quelques longs dialogues écrits à remettre en forme.
A voir dans la durée donc, merci pour ce retour, je reviendrais lorsque j'aurais peut-être un peu plus avancé. :oui:

A-San A-San
MP
Niveau 10
23 janvier 2020 à 23:52:42

Bonjour à tous. Et oui, ça fait longtemps que je n'ai pas utilisé ce topic pour poster un de mes propres extraits (en vérité, ça fais à peine un mois...). Donc me revoilà, avec la même histoire que la dernière fois, et avec un passage sur lequel je galère depuis trois semaines. Je ne sais pas, il y a un truc qui bloque mais je n'arrive pas à le trouver.
Comme d'habitude, je remets les liens des précédents extraits, leur lecture n'est pas obligatoire pour comprendre cette extrait, extrait qui se passe d'ailleurs par rapport à la dernière fois deux ou trois parties après. Je rappelle également que tout vos avis positif ou négatif sont les bienvenus.

Extrait 1 : https://www.jeuxvideo.com/reptilovitch/forums/message/1041638602
Extrait 2 : https://www.jeuxvideo.com/reptilovitch/forums/message/1045021658
Extrait 3 : https://www.jeuxvideo.com/reptilovitch/forums/message/1046614946
Extrait 4 : https://www.jeuxvideo.com/reptilovitch/forums/message/1049229802

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Après un ultime voyage aux abords des montagnes aux pics enneigés, nous atteignîmes les environs de Hiroshima. Autour de notre route, le paysage baignait dans une brume épaisse et le long de la cime languide des arbres coulait la fine rosée glaciale de l’aube. Un décor sans doute des plus sommaires, même probablement des plus habituelles pour la région en cette saison hibernal, cependant, je ne pouvais point m’empêcher d’y discerner une atmosphère menaçante à travers cette banalité apparente.

Dès lors que les premiers logements rustiques s’extirpèrent de cette macabre toile grisaille — un signe de notre approche inéluctable de la frontière séparant ses terres pures des terrains violés par les radiations — d’innombrables sueurs de terreur dégoulinèrent du haut de mon front ridé jusqu’au bas de mon menton ramolli. J’ignore à quel instant exact cela se produisit — mais j’en garde un souvenir clair — où, acculé par la pression et mes craintes, mon esprit dégénéra complètement, naviguant à son gré sur les eaux noires des océans de la démence, bercé par ses vagues infernales et terrorisé par les chants de ses sirènes démoniaques dans un monde oublié par la raison, oublié par tous les Hommes, oublié de l’Histoire et oublié par la matière elle-même. Cet égarement dans les abysses profonds de l’âme, pourtant bref, poussa mon imagination corrompue à créer bon nombre d’horreur et de représentation répugnante sur les êtres que je pourrais rencontrer, en ce lieu abandonné de Dieu et gouverné par des maux, si abominables, que leurs simples évocations dans mes pensées malades suffirent à en faire trembler mes mains. Au temps de l’après-guerre, en 1946, alors que j’enseignais déjà depuis plusieurs années l’occultlogie à l’Université de Lille, l’un de mes proches collègues, un chercheur en médecine réputé, avait été réquisitionné par le gouvernement, sur ordre des Américains, pour effectuer des recherches laborieuses à Hiroshima et Nagasaki. À son retour, il avait rapporté dans ses bagages un tas de photographie classé secrète défense qu’il ne tarda pas à me faire découvrir. J’ose à peine, même encore aujourd’hui, imaginer ce qu’il avait ressenti face à ces chairs mutilées, brulées et arrachées, appartenant à des êtres aux silhouettes si difformes et atroces qu’on ne pouvait les qualifier d’humains. Nul doute, que la vision de ses clichés rebuterait n’importe qui de se rendre sur les plaines urbaines où le soleil atomique avait brillé. Mon ami se suicida peu de temps après, mais je m’égare.

Depuis sa supposée terreur nocturne la nuit dernière, Lorie n’avait plus adressé la parole à quiconque. Son effarouchant mutisme inattendu devint vite le centre de mes inquiétudes les plus préoccupantes et effrayantes. Dans ses lèvres immobiles, tout comme dans sa stature ou dans la manière dont le vent soulevait sa chevelure, de nouveaux contours à son être se formaient au-delà d’un plan humain – chose que je ne compris que bien après et que vous finirez par comprendre à travers mes lignes. Parcourir, en sa compagnie, cette ville bâtie sur les cendres des décombres irradiés, et en descendre ses rues lugubres, s’avéra être un véritable supplice pour mes nerfs séniles et frêles depuis mon passage dans la démence. Je regrette tellement de ne pas m’être écroulé d’effroi ou d’être mort à cause de la radioactivité, d’avoir eu mon corps déformé et consumé, avoir ressenti cette douleur infâme, elle aurait été moins cruelle que celle que j’éprouve depuis mon retour, celle d’être encore en vie.

Rêveur, nous le sommes tous. Ambitieux, nous le sommes également, et encore plus nous sommes aveugles face à la perspective de réussir nos ambitions. Beaucoup de choses sur notre chemin auraient fait détaler bon nombre de personnes sensées à ma place. De plus, lorsque le parfum salé de l’océan arriva à nous, l’état de Lorie se dégrada encore plus. Sa peau avait perdu l’entièreté de sa blancheur, et me semblait d’une pâleur grisâtre comme celle des cadavres. Antone, à qui je fis rapidement la remarque sur l’état préoccupant de Lorie, me rassura en m'affirmant que la pauvre avait une terrible peur des fonds marins et qu’elle prenait beaucoup sur elle pour notre traversée en bateau. À la suite de cela, Lorie avait acquiescé avec un lent mouvement de tête, sans prononcer un mot, et avec les ombres immobiles de ce jour tragique du 6 aout 1945 dispersées aux quatre coins de la ville, elle se fondit dans le décor mortuaire de cette terre maudite.

Pseudo supprimé
Niveau 10
24 janvier 2020 à 15:13:34

Étonnant ce texte. J'ignore l'exercice que tu t'es imposé mais je trouve que la forme, et surtout le ton, correspondent bien à des mémoires ou carnets de personnages ayant côtoyé la grande Histoire. Je vois un homme écrire.

A revoir je pense : y a quelques passages qui s'embrouillent dans la ponctuation. Ex :

Un décor sans doute des plus sommaires, même probablement des plus habituelles pour la région en cette saison hibernal, cependant, je ne pouvais point m’empêcher d’y discerner une atmosphère menaçante à travers cette banalité apparente.

Je pense qu'il faut couper la phrase en deux.
.....................
Ou des groupes d'adjectifs que je trouve indigestes. Ex :

Son effarouchant mutisme inattendu

...................
Ce genre de phrases qui donnent une info assez lourde et commente sa place dans le récit, ça donne de la vie au texte, c'est très bien :

Mon ami se suicida peu de temps après, mais je m’égare.

Continue, ça se voit que t'y prends plaisir d'ailleurs, et ça peut encore être mieux.

Message édité le 24 janvier 2020 à 15:16:06 par
A-San A-San
MP
Niveau 10
24 janvier 2020 à 15:43:14

Le 24 janvier 2020 à 15:13:34 HenryJames a écrit :
Étonnant ce texte. J'ignore l'exercice que tu t'es imposé mais je trouve que la forme, et surtout le ton, correspondent bien à des mémoires ou carnets de personnages ayant côtoyé la grande Histoire. Je vois un homme écrire.

A revoir je pense : y a quelques passages qui s'embrouillent dans la ponctuation. Ex :

Un décor sans doute des plus sommaires, même probablement des plus habituelles pour la région en cette saison hibernal, cependant, je ne pouvais point m’empêcher d’y discerner une atmosphère menaçante à travers cette banalité apparente.

Je pense qu'il faut couper la phrase en deux.
.....................
Ou des groupes d'adjectifs que je trouve indigestes. Ex :

Son effarouchant mutisme inattendu

...................
Ce genre de phrases qui donnent une info assez lourde et commente sa place dans le récit, ça donne de la vie au texte, c'est très bien :

Mon ami se suicida peu de temps après, mais je m’égare.

Continue, ça se voit que t'y prends plaisir d'ailleurs, et ça peut encore être mieux.

Merci beaucoup pour ton commentaire et tes remarques, effectivement c'est une sorte de mémoire /lettre sur une expédition écrite par un de ses participants, un professeur pour le coup, et c'est une grande première pour moi d'écrire un récit dans ce style (puis dans le ton lovecraftien/cosmicisme), donc ravis que ça t'ait plus.

Message édité le 24 janvier 2020 à 15:43:34 par A-San
A-San A-San
MP
Niveau 10
24 janvier 2020 à 15:44:23

D'ailleurs, il n'y avait pas d'autres extraits avant le mien (de mémoire il devait y en avoir deux ou trois) ou est-ce que j'ai rêvé ?

Arkanis87 Arkanis87
MP
Niveau 20
24 janvier 2020 à 23:59:41

Rien n’est plus commode qu’une fosse pour observer le scintillement des étoiles. Les cloisons ne sont guère intéressantes, aussi l’on en fait vite le tour. Il est donc d’autant plus naturel pour nous autres brisés de contempler l’immensité en s’imaginant volontiers y dériver. Mais beaucoup renoncent à cette élévation, considérant les rêves qui composent leur voûte céleste comme illusoires. Et attristés par cet échec, ils le raconteront comme une vérité absolue, ce qui ne manquera pas de décourager les plus hésitants. Mais s’il y a une chose dont je suis persuadé, c’est que l’élévation est bel et bien accessible à qui le veut vraiment.

Pour beaucoup, « croire en ses rêves » peut sembler niais voire enfantin, comme l’un de ces concepts que l’on idéalise en étant jeune et qui se détériorent une fois dans la pleine conscience. Or, considérer un rêve comme irréel relève déjà du contre-productif, car il n’est qu’un objectif. Souvent improbable ou très compliqué à réaliser – ce qui le différencie des autres – mais un objectif quand même. En réalité, ce qui décide de si l’on va accéder à un rêve ou non est le résultat des facteurs Temps, Moyens, Détermination et Chance. Par exemple, si l’on a autant de Temps que l’on souhaite pour utiliser l’énergie de la Détermination dans le développement de la pléthore de Moyens qui peuvent nous faire triompher et que le nécessaire de Chance nous sourit, la probabilité de réussite sera de cent pour cent. Evidemment, en pratique, peu de situations se montrent aussi propices, d’autant que le très hasardeux facteur Aléas se mêle également à l’équation. Souvent par manque de Temps – il faut dire qu’il détale sacrément vite, l’éclat de l’étoile se mourra. Parfois, le facteur Chance impose son veto, et ce seul caprice déterminera la finalité de l’idéal. Mais quand c’est la Détermination qui prêche, cela signifie que le rêve en question n’est pas suffisamment idyllique pour la personne. L’Homme est capable de tout réaliser pour autant qu’il s’agisse de quelque chose qu’il souhaite profondément.

Nous pouvons donc optimiser trois facteurs sur cinq : le Temps se trouve et s’aménage selon l’abnégation que permet la Détermination, alors que la motivation qu’elle génère permet de découvrir, d’améliorer et de répéter les Moyens qui peuvent nous faire parvenir à nos fins. Les Aléas peuvent n’impacter que modérément l’équation si les autres facteurs ne fléchissent pas, car ils sont tous interconnectés. Ainsi, si la Chance ne pourra jamais être apprivoisée, elle peut être maximisée en s’occupant des autres variables.

Tout repose donc sur la prise de conscience du processus de la réussite, de son optimisation et de notre réel dessein. Si vous n’y parvenez pas, cela veut dire que l’objectif tenait plus du vague désir que de la passion dévorante, ou que vous êtes extrêmement mal chanceux – ce qui arrive aussi. Car il n’y a pas de rêve impossible, il n’y a que des mauvais rêveurs.

A-San A-San
MP
Niveau 10
25 janvier 2020 à 19:33:06

Le 24 janvier 2020 à 23:59:41 Arkanis87 a écrit :
Rien n’est plus commode qu’une fosse pour observer le scintillement des étoiles. Les cloisons ne sont guère intéressantes, aussi l’on en fait vite le tour. Il est donc d’autant plus naturel pour nous autres brisés de contempler l’immensité en s’imaginant volontiers y dériver. Mais beaucoup renoncent à cette élévation, considérant les rêves qui composent leur voûte céleste comme illusoires. Et attristés par cet échec, ils le raconteront comme une vérité absolue, ce qui ne manquera pas de décourager les plus hésitants. Mais s’il y a une chose dont je suis persuadé, c’est que l’élévation est bel et bien accessible à qui le veut vraiment.

Pour beaucoup, « croire en ses rêves » peut sembler niais voire enfantin, comme l’un de ces concepts que l’on idéalise en étant jeune et qui se détériorent une fois dans la pleine conscience. Or, considérer un rêve comme irréel relève déjà du contre-productif, car il n’est qu’un objectif. Souvent improbable ou très compliqué à réaliser – ce qui le différencie des autres – mais un objectif quand même. En réalité, ce qui décide de si l’on va accéder à un rêve ou non est le résultat des facteurs Temps, Moyens, Détermination et Chance. Par exemple, si l’on a autant de Temps que l’on souhaite pour utiliser l’énergie de la Détermination dans le développement de la pléthore de Moyens qui peuvent nous faire triompher et que le nécessaire de Chance nous sourit, la probabilité de réussite sera de cent pour cent. Evidemment, en pratique, peu de situations se montrent aussi propices, d’autant que le très hasardeux facteur Aléas se mêle également à l’équation. Souvent par manque de Temps – il faut dire qu’il détale sacrément vite, l’éclat de l’étoile se mourra. Parfois, le facteur Chance impose son veto, et ce seul caprice déterminera la finalité de l’idéal. Mais quand c’est la Détermination qui prêche, cela signifie que le rêve en question n’est pas suffisamment idyllique pour la personne. L’Homme est capable de tout réaliser pour autant qu’il s’agisse de quelque chose qu’il souhaite profondément.

Nous pouvons donc optimiser trois facteurs sur cinq : le Temps se trouve et s’aménage selon l’abnégation que permet la Détermination, alors que la motivation qu’elle génère permet de découvrir, d’améliorer et de répéter les Moyens qui peuvent nous faire parvenir à nos fins. Les Aléas peuvent n’impacter que modérément l’équation si les autres facteurs ne fléchissent pas, car ils sont tous interconnectés. Ainsi, si la Chance ne pourra jamais être apprivoisée, elle peut être maximisée en s’occupant des autres variables.

Tout repose donc sur la prise de conscience du processus de la réussite, de son optimisation et de notre réel dessein. Si vous n’y parvenez pas, cela veut dire que l’objectif tenait plus du vague désir que de la passion dévorante, ou que vous êtes extrêmement mal chanceux – ce qui arrive aussi. Car il n’y a pas de rêve impossible, il n’y a que des mauvais rêveurs.

Bonjour à toi. Blabla habituel, je ne possède pas la vérité ultime, je me considère encore comme un débutant donc j’estime ne pas pouvoir faire des remarques sur des choses très précises et très techniques, mon commentaire portera donc sur le texte dans sa globalité. Je m’excuse d’ailleurs par avance, si tu peux te sentir blesser par une de mes remarques, ce n’est clairement pas mon but.

Alors déjà d’entré de jeu, je dois t’avouer ne pas trop être fan de littérature sur le développement personnel (c’est ma manière de dire que je n’y connais rien et qu’à titre personnel ça ne m’intéresse pas), donc prend mon avis avec beaucoup de pincette et de recul. Si ton but est juste d’expliquer les concepts que tu veux expliquer, ton texte remplit plutôt bien son rôle, mais d’un autre côté, je trouve qu’il manque un truc pour rendre le tout captivant (le côté explication, je trouve, prime trop sur le reste, dans le sens où on est juste en face d’explication, mais sans plus, alors que c’est faux cependant je ne sais pas, ça n’arrive pas à décoller). Puis un passage en particulier me semble être lourd, celui-là :

En réalité, ce qui décide de si l’on va accéder à un rêve ou non…

Cela étant, je rappelle, je ne suis pas du tout un amateur de ce genre de production, donc prend mon avis avec beaucoup de recul.

Arkanis87 Arkanis87
MP
Niveau 20
25 janvier 2020 à 20:55:48

Merci pour le retour A-San ! J'étais jamais vraiment passé sur le topic du coup je découvre ta dévotion pour apporter un retour aux gens, et comme les autres je trouve ça super. Mais comme l'a dit marty il ne faut pas que ça empiète trop sur ton temps libre.

Concernant le passage en question, c'est un chapitre sur le fait de poursuivre "efficacement" ses rêves qui fait partie d'un projet qui me tient à coeur. De manière générale pas trop le terme "développement personnel" parce que d'une part ça me renvoie aux arnaques qu'on peut trouver sur internet, et de l'autre j'estime que c'est une discipline qu'il faut voir individuellement et en profondeur, et que c'est pas possible sans connaître la personne. En fait, le but de mon projet est de transmettre mes conclusions et conseils sur les situations négatives que j'ai vécues, dans l'optique que ça puisse servir à quelqu'un qui serait toujours dans cette situation. C'est beaucoup de théorie et d'explication du coup oui, après c'est pas acceptable pour autant que ce soit rasoir :hap: je vais voir comment je peux alléger et peut-être le dynamiser un peu plus.

Merci :-)

Chimene_Azalee Chimene_Azalee
MP
Niveau 18
26 janvier 2020 à 22:03:44

Les devoirs princiers de Déotéria l’incommodaient. Par le sang, elle se trouvait être la plus proche parente de la jeune reine à en devenir. Elle se révéla gauche et veule à la tâche. Donnez-moi une épée et non du brocard !
« Vous ne ressemblez pas à ce que je m’imaginais, murmura Aliénor Ebroïn.
— Ah oui ? » répondit Déotéria, sans même un regard pour sa cousine. Dans ses doigts crispés de colère, elle chiffonnait l’étoffe brodée aux couleurs de sa maison, qu’Aliénor nouerait autour du bras d’Ildibad. Pourpre Ebroïn, une seule couleur pour deux vies scellées sous le regard de Dieu.
« Tu me voyais belle et noble, toute engoncée de soie argentée ? »
Déotéria fit face à sa cousine, qui baissa le regard, accablée de honte. Doucement, la guerrière cueillit le menton de la jeune mariée et la força à la fixer dans les yeux. Ses prunelles d’un vert profond lui rappelèrent aussitôt son père, le roi Bérenger. Déotéria avait hérité de l’azur marin, du bleu de sa mère. Elle en éprouva une pointe de jalousie. Même Dieu semblait la vouloir étrangère à sa propre dynastie.
Les flammes cuivraient les boucles blondes d’Aliénor, qui cascadaient jusqu’au creux de ses reins. Déotéria devait l’aidait à se coiffer d’une crépine. La résille qui permettrait de retenir la chevelure d’Aliénor gisait sur une malle, informe. Déotéria portait le cheveux court et se passait de servante depuis bien longtemps. Elle ignorait comment capter l’ondée blonde d’Aliénor pour lui donner forme. La princesse de Neufcâstel se résolut à lâcher sa cousine, qu’elle contemplait comme un bouvier l’aurait fait du bétail un jour de foire. Hormis la robe de mariage, Déotéria ne voyait pas de différence entre Aliénor et une génisse. L’étoffe somptueuse s’était révélée un calvaire à enfiler. Verte et damassée d’or, l’habit réhaussait l’émeraude des iris de sa porteuse. Au rebours, Déotéria portait des bandes molletières d’un rouge délavé, presque rose, par-dessus des chausses couleur de terre. Une brigandine surannée qu’elle avait raccommodé des dizaines de fois pesait lourd sur ses épaules. Le vêtement affichait les stigmates de ses entraînements, alors qu’elle croisait le fer avec les chevaliers du Temple à Arkade. Ces mêmes hommes qui voulurent me tuer alors que nous fuyions le maudit Abramaxante.

Sa peau hâlée d’avoir passé ses étés en mer lui donnait le teint brou de noix des démons qu’enluminaient les prêtres dans les scriptorium de l’Héliophante. La tourterelle, avec sa carnation pâle et ses airs de fragilité candide se révélait être une pure beauté. L’unique toilette de Déotéria avait été un débarbouillage à la hâte dans l’eau de mer. Ses lèvres encore gercées de sel paraissaient flétries, ses cheveux noirs de jais cassants, sans aucun lustre. Créature de la nuit, Aliénor semblait épargnée par les assauts du soleil, alors que Dieu, ou son instrument, pour ce que Déotéria en savait, s’était échiné à lui voler sa beauté. Pour l’heure, ce que sa cousine s’imaginait de sa personne, alors qu’elle ne savait même pas s’habiller seule, la princesse Déotéria Ebroïn de Neufcâstel s’en souciait comme d’une guigne.

« Je vous prie de me pardonner, cousine. Je n’ai su tenir ma langue. » s’excusa Aliénor avec une politesse qui fit frémir Déotéria de dégoût.
« Je suis une déception ? Alors estime-toi heureuse, ce n’est pas moi, mais mon frère que tu épouses.
— Non, ce n’est pas ainsi que vous devez comprendre mon propos. Il y a quelques jours encore, j’ignorais que j’étais Aliénor Ebroïn. Je n’étais qu’une simple camériste. »
Déotéria attrapa les mains de la jouvencelle. Elle en parcourut l’élancement des doigts, le poli des ongles, en appréhenda le galbe de la paume. A l’instar de son être, Aliénor avait les mains les plus délicates que Déotéria n’eût jamais touché. Cependant, on pouvait deviner les rugosités d’un long et pénible travail, la peau rougie et rêche. Comment blâmer cette enfant ? Ce n’était pas parce qu’on lui avait demandé de s’occuper de sa cousine que Déotéria fulminait, ni même parce qu’on la mettait à l’écart des discussions. Le duc Eloïck d’Ambremer narrait sa visite au comte Jules Hellébore quand on l’avait envoyée jouer les servantes. Son courroux allait à son oncle, à son frère et à tous ceux qui avaient consenti à ce mariage. Déotéria avait su se protéger de son frère, mais Aliénor y parviendrait-elle ?

Une légère brise vint faire vaciller les chandelles. Soulevant un pan de la tente, une femme d’âge mur se découpait dans la toile constellée du ciel.
« Êtes-vous prêtes, mesdames ? s’enquit la nouvelle venue.
— Pas encore tout à fait. » grogna Déotéria.
La guerrière contempla l’étendue du désastre. La mariée n’était pas encore coiffée, sa robe partialement lacée engonçait grossièrement ses formes et Déotéria ne s’était même pas encore enquise de savoir si Aliénor connaissait le protocole. L’aînée pénétra la tente et regarda d’un air désolé la crépine gisant sur la malle.
« Qui êtes-vous ? » demanda Déotéria comme la noble arrangeait la résille pour y emprisonner les boucles d’Aliénor.
« J’étais Johanne Merrick-Frambourg, comtesse de Conchevernelles. La sœur du duc Regan Merrick. »
La fille du Cygne reconnut effectivement le roux neufcâstelois Merrick, auquel les ans avaient tissé du fil d’argent. Déotéria n’éprouvait aucune sympathie pour cette famille, autrefois féale vassale de son père, qui s’était inclinée face au Kaiser par lâcheté. Eloïck d’Ambremer préféra perdre son duché plutôt que son honneur, lui ! La comtesse sembla remarquer le mépris naissant au fond du regard de Déotéria.
« Vous vous demandez comment c’est, de vivre sous l’empire ? »
Malgré le couvert d’innocence, la guerrière décela la rouerie de Johanne Merrick-Frambourg insinuée dans la question.
« Peu me chaut, l’empire tombera, ainsi que ses défenseurs.
— La tempérance est une vertu, princesse. Ne laissez pas la colère vous mener sur des chemins regrettables. »
— Fusse de la tempérance que d’abandonner mon père ? Votre roi ? »
La comtesse ne se mit pas en colère. Au fond de ses yeux bleus coulait la mélancolie, comme son regard allait d’Aliénor à Déotéria.
« L’ai-je abandonné ? »
Déotéria cessa ce jeu de dupe. Qu’elle aille au diable, cette vieille pie. Ce fut Aliénor qui rompit le silence alors que Johanne laçait son corset.
« Mère, retournez-vous chez le burgrave Trofast ?
— Mon époux aura besoin de ma science pour provisionner le grain des moissons, sinon je crains que le comté ne meure de faim l’hiver venant. »
Avisant la moue écœurée de Déotéria, la comtesse reprit : « Vos oreilles ne vous ont pas joué de tour, princesse. J’étais dame Johanne Merrick-Frambourg. Désormais, l’on me connait sous le nom de Frue Johanne Trofast.
— Vous avez même empoisonné ma cousine, cracha Déotéria. Lui faire croire que vous êtes sa mère…
— Vous vous méprenez, encore une fois, princesse. Aliénor sait parfaitement qui sont ses parents. Je confesse cependant avoir pour péché mignon de materner mes protégés. »
Elle effectua une légère révérence, toute en frou-frou et en étoffe, puis colla Aliénor contre sa poitrine.
« Adieu, douce enfant. » Elle lui posa un baiser sur le front. « Puisses-tu toujours mener notre prince dans la Lumière. »
Sa voix se brisa en un sanglot. Alors que son visage se décomposait sous l’assaut des larmes, dame Johanne quitta la tente. Aliénor pleurait aussi, le visage barbouillé des tristesses de sa tutrice ainsi que des siennes.
« Allons, cousine, murmura Déotéria. Cache ton chagrin à Ildibad. Ton affliction l’endiablera aussi sûrement que du sang enragerait un loup. »

Pierredecaillou Pierredecaillou
MP
Niveau 10
31 janvier 2020 à 11:52:09

Bonjour les Kheys,

Je vois qu'il y a du niveau sur le topic. :ouch2: A côté je fais pâle figure avec mon histoire du moyen-âge :hap:
J'ai travaillé mon 1er chapitre mais je me demande ce que je peux faire de plus. :(

Je vous laisse juger :d)

Du haut de l’imposante barbacane du château de Tiercé, niché sur les premiers contreforts montagneux, le garde scrutait l’horizon. Une vue spectaculaire s’offrait à lui. Sur le flanc ouest, les innombrables crêtes Bagloise opposées aux forêts du royaume de Swienne, entrecoupées de larges plaines cultivées. Outre le point de vue, son poste n’avait rien de bien palpitant mais il lui garantissait de paisibles nuits, l’estomac comble à l’abri du froid. En échange d’une demi-douzaine d’heures de veille par jour, il percevait une petit solde qui lui permettrait d’assurer ses arrières le jour où il quitterait son seigneur. Ce jour était proche. Bientôt, cet ancien soldat parcourrait la région à la recherche d’une famille et d’une demeure pour enfin profiter de la vie. Tel était la coutume au sein de royaume de Bagle, une chance pour ses habitants car il en était tout autre ailleurs.

Le garde, baptisé Prime par son père bien des années auparavant, remarqua un jeune messager sur le sentier menant au château. A pied et proprement vêtu, aucun doute ne put troubler son esprit. Cet homme provenait d’un camp fraîchement installé à quelques encablures. La seule question était de savoir s’il s’agissait d’allier ou, pour la première fois, d’ennemis. Il n’avait jamais guerroyé ni subit de siège mais possédait tout de même des qualités qui seraient le jour de son départ, du moins il l’espérait, une terrible perte pour ce château.

Devant la muraille, le messager sortit un parchemin finement cacheté avant de s’annoncer. « J’ai un message officiel du Maréchal Graible, maître des armées du royaume de Swienne. Je dois le remettre au seigneur Eymerond en main propre. »

Prime arma son arbalète et descendit devant la herse. En acier finement tressée, cette œuvre formait la principale défense du château. Pas de fossés ni de douve, seul une double porte en bois pouvait se fermer. Malheureusement l’état de ses gonds ne le permettait pas. De plus les ordres étaient clairs, personne ne pouvait pénétrer dans l’enceinte du château sans la présence du capitaine ou de son supérieur, le seigneur lui-même. Prime tenta d’expliquer les précautions prises par Eymerond afin d’éviter toute intrusion mais le messager s’impatienta rapidement. « Faites venir le capitaine alors ! »

Prime s’exécuta. Quelques minutes après il revint accompagné de son capitaine. Un grand homme solidement charpenté à qui, il est certain, personne n’aurait cherché des ennuis. « Le seigneur ne reçoit pas de visite aujourd’hui. Donne-moi ton parchemin je lui…
– J’ai des ordres. Je dois transmettre ce…
– Moi aussi j’ai des ordres ! Personne ne franchira cette herse tu entends ? Soit tu me donnes ton message soit tu repars d’où tu viens. »

A ces mots le messager cracha au sol. Aussitôt le capitaine arracha l’arbalète que tenait mollement Prime et la pointa en direction de son nouvel ennemi. « Prime, tu crois que ce carreau déclencherait une guerre s’il transpercerait la tête de ce misérable ? demanda-t-il sarcastiquement.
– Pas le moins du monde capitaine. Un messager de plus ou de moins ne changera rien, s’enquit-il de répondre, un sourire au coin des lèvres. »

Effrayé par la tournure que risquait de prendre les événements, le messager tourna les talons sans mots. Il reprit rapidement la route par laquelle il était arrivé, le parchemin toujours en main. Prime retourna à son poste et le capitaine fit une rapide inspection des alentours.

A-San A-San
MP
Niveau 10
31 janvier 2020 à 12:38:45

Je m'occupe de vous deux en fin de journée.

A-San A-San
MP
Niveau 10
31 janvier 2020 à 19:05:26

Le 26 janvier 2020 à 22:03:44 Chimene_Azalee a écrit :
Les devoirs princiers de Déotéria l’incommodaient. Par le sang, elle se trouvait être la plus proche parente de la jeune reine à en devenir. Elle se révéla gauche et veule à la tâche. Donnez-moi une épée et non du brocard !
« Vous ne ressemblez pas à ce que je m’imaginais, murmura Aliénor Ebroïn.
— Ah oui ? » répondit Déotéria, sans même un regard pour sa cousine. Dans ses doigts crispés de colère, elle chiffonnait l’étoffe brodée aux couleurs de sa maison, qu’Aliénor nouerait autour du bras d’Ildibad. Pourpre Ebroïn, une seule couleur pour deux vies scellées sous le regard de Dieu.
« Tu me voyais belle et noble, toute engoncée de soie argentée ? »
Déotéria fit face à sa cousine, qui baissa le regard, accablée de honte. Doucement, la guerrière cueillit le menton de la jeune mariée et la força à la fixer dans les yeux. Ses prunelles d’un vert profond lui rappelèrent aussitôt son père, le roi Bérenger. Déotéria avait hérité de l’azur marin, du bleu de sa mère. Elle en éprouva une pointe de jalousie. Même Dieu semblait la vouloir étrangère à sa propre dynastie.
Les flammes cuivraient les boucles blondes d’Aliénor, qui cascadaient jusqu’au creux de ses reins. Déotéria devait l’aidait à se coiffer d’une crépine. La résille qui permettrait de retenir la chevelure d’Aliénor gisait sur une malle, informe. Déotéria portait le cheveux court et se passait de servante depuis bien longtemps. Elle ignorait comment capter l’ondée blonde d’Aliénor pour lui donner forme. La princesse de Neufcâstel se résolut à lâcher sa cousine, qu’elle contemplait comme un bouvier l’aurait fait du bétail un jour de foire. Hormis la robe de mariage, Déotéria ne voyait pas de différence entre Aliénor et une génisse. L’étoffe somptueuse s’était révélée un calvaire à enfiler. Verte et damassée d’or, l’habit réhaussait l’émeraude des iris de sa porteuse. Au rebours, Déotéria portait des bandes molletières d’un rouge délavé, presque rose, par-dessus des chausses couleur de terre. Une brigandine surannée qu’elle avait raccommodé des dizaines de fois pesait lourd sur ses épaules. Le vêtement affichait les stigmates de ses entraînements, alors qu’elle croisait le fer avec les chevaliers du Temple à Arkade. Ces mêmes hommes qui voulurent me tuer alors que nous fuyions le maudit Abramaxante.

Sa peau hâlée d’avoir passé ses étés en mer lui donnait le teint brou de noix des démons qu’enluminaient les prêtres dans les scriptorium de l’Héliophante. La tourterelle, avec sa carnation pâle et ses airs de fragilité candide se révélait être une pure beauté. L’unique toilette de Déotéria avait été un débarbouillage à la hâte dans l’eau de mer. Ses lèvres encore gercées de sel paraissaient flétries, ses cheveux noirs de jais cassants, sans aucun lustre. Créature de la nuit, Aliénor semblait épargnée par les assauts du soleil, alors que Dieu, ou son instrument, pour ce que Déotéria en savait, s’était échiné à lui voler sa beauté. Pour l’heure, ce que sa cousine s’imaginait de sa personne, alors qu’elle ne savait même pas s’habiller seule, la princesse Déotéria Ebroïn de Neufcâstel s’en souciait comme d’une guigne.

« Je vous prie de me pardonner, cousine. Je n’ai su tenir ma langue. » s’excusa Aliénor avec une politesse qui fit frémir Déotéria de dégoût.
« Je suis une déception ? Alors estime-toi heureuse, ce n’est pas moi, mais mon frère que tu épouses.
— Non, ce n’est pas ainsi que vous devez comprendre mon propos. Il y a quelques jours encore, j’ignorais que j’étais Aliénor Ebroïn. Je n’étais qu’une simple camériste. »
Déotéria attrapa les mains de la jouvencelle. Elle en parcourut l’élancement des doigts, le poli des ongles, en appréhenda le galbe de la paume. A l’instar de son être, Aliénor avait les mains les plus délicates que Déotéria n’eût jamais touché. Cependant, on pouvait deviner les rugosités d’un long et pénible travail, la peau rougie et rêche. Comment blâmer cette enfant ? Ce n’était pas parce qu’on lui avait demandé de s’occuper de sa cousine que Déotéria fulminait, ni même parce qu’on la mettait à l’écart des discussions. Le duc Eloïck d’Ambremer narrait sa visite au comte Jules Hellébore quand on l’avait envoyée jouer les servantes. Son courroux allait à son oncle, à son frère et à tous ceux qui avaient consenti à ce mariage. Déotéria avait su se protéger de son frère, mais Aliénor y parviendrait-elle ?

Une légère brise vint faire vaciller les chandelles. Soulevant un pan de la tente, une femme d’âge mur se découpait dans la toile constellée du ciel.
« Êtes-vous prêtes, mesdames ? s’enquit la nouvelle venue.
— Pas encore tout à fait. » grogna Déotéria.
La guerrière contempla l’étendue du désastre. La mariée n’était pas encore coiffée, sa robe partialement lacée engonçait grossièrement ses formes et Déotéria ne s’était même pas encore enquise de savoir si Aliénor connaissait le protocole. L’aînée pénétra la tente et regarda d’un air désolé la crépine gisant sur la malle.
« Qui êtes-vous ? » demanda Déotéria comme la noble arrangeait la résille pour y emprisonner les boucles d’Aliénor.
« J’étais Johanne Merrick-Frambourg, comtesse de Conchevernelles. La sœur du duc Regan Merrick. »
La fille du Cygne reconnut effectivement le roux neufcâstelois Merrick, auquel les ans avaient tissé du fil d’argent. Déotéria n’éprouvait aucune sympathie pour cette famille, autrefois féale vassale de son père, qui s’était inclinée face au Kaiser par lâcheté. Eloïck d’Ambremer préféra perdre son duché plutôt que son honneur, lui ! La comtesse sembla remarquer le mépris naissant au fond du regard de Déotéria.
« Vous vous demandez comment c’est, de vivre sous l’empire ? »
Malgré le couvert d’innocence, la guerrière décela la rouerie de Johanne Merrick-Frambourg insinuée dans la question.
« Peu me chaut, l’empire tombera, ainsi que ses défenseurs.
— La tempérance est une vertu, princesse. Ne laissez pas la colère vous mener sur des chemins regrettables. »
— Fusse de la tempérance que d’abandonner mon père ? Votre roi ? »
La comtesse ne se mit pas en colère. Au fond de ses yeux bleus coulait la mélancolie, comme son regard allait d’Aliénor à Déotéria.
« L’ai-je abandonné ? »
Déotéria cessa ce jeu de dupe. Qu’elle aille au diable, cette vieille pie. Ce fut Aliénor qui rompit le silence alors que Johanne laçait son corset.
« Mère, retournez-vous chez le burgrave Trofast ?
— Mon époux aura besoin de ma science pour provisionner le grain des moissons, sinon je crains que le comté ne meure de faim l’hiver venant. »
Avisant la moue écœurée de Déotéria, la comtesse reprit : « Vos oreilles ne vous ont pas joué de tour, princesse. J’étais dame Johanne Merrick-Frambourg. Désormais, l’on me connait sous le nom de Frue Johanne Trofast.
— Vous avez même empoisonné ma cousine, cracha Déotéria. Lui faire croire que vous êtes sa mère…
— Vous vous méprenez, encore une fois, princesse. Aliénor sait parfaitement qui sont ses parents. Je confesse cependant avoir pour péché mignon de materner mes protégés. »
Elle effectua une légère révérence, toute en frou-frou et en étoffe, puis colla Aliénor contre sa poitrine.
« Adieu, douce enfant. » Elle lui posa un baiser sur le front. « Puisses-tu toujours mener notre prince dans la Lumière. »
Sa voix se brisa en un sanglot. Alors que son visage se décomposait sous l’assaut des larmes, dame Johanne quitta la tente. Aliénor pleurait aussi, le visage barbouillé des tristesses de sa tutrice ainsi que des siennes.
« Allons, cousine, murmura Déotéria. Cache ton chagrin à Ildibad. Ton affliction l’endiablera aussi sûrement que du sang enragerait un loup. »

Pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps, j’ai adoré. Il y a un truc dans ta manière d’écrire, de présenter tes idées, qui m’a vraiment accroché. Oui, voilà, on sent vraiment la passion et l’envie de se perfectionner. Cependant, ton texte me pose un problème, car malgré tout, je n’arrive pas à le trouver parfait. Il y a encore un petit truc qui je trouve noirci légèrement le tableau général du texte, mais je serais incapable de mettre le doigt dessus. Peut-être que c’est au niveau de la structure de certaines phrases qui pourraient m’avoir dérangé, mais je n’en suis absolument pas sûr. Après, le seul reproche que je pourrais te faire et ça ne vient pas vraiment de ton texte, mais du côté extrait, c’est le narrateur. J’ai eu beaucoup de mal à le situer, je pense qu’une petite présentation/résumé du projet aurait été la bienvenue.
En attendant, c’est du très bon travail.

A-San A-San
MP
Niveau 10
31 janvier 2020 à 19:13:26

Le 31 janvier 2020 à 11:52:09 PierredeCaillou a écrit :
Bonjour les Kheys,

Je vois qu'il y a du niveau sur le topic. :ouch2: A côté je fais pâle figure avec mon histoire du moyen-âge :hap:
J'ai travaillé mon 1er chapitre mais je me demande ce que je peux faire de plus. :(

Je vous laisse juger :d)

Du haut de l’imposante barbacane du château de Tiercé, niché sur les premiers contreforts montagneux, le garde scrutait l’horizon. Une vue spectaculaire s’offrait à lui. Sur le flanc ouest, les innombrables crêtes Bagloise opposées aux forêts du royaume de Swienne, entrecoupées de larges plaines cultivées. Outre le point de vue, son poste n’avait rien de bien palpitant mais il lui garantissait de paisibles nuits, l’estomac comble à l’abri du froid. En échange d’une demi-douzaine d’heures de veille par jour, il percevait une petit solde qui lui permettrait d’assurer ses arrières le jour où il quitterait son seigneur. Ce jour était proche. Bientôt, cet ancien soldat parcourrait la région à la recherche d’une famille et d’une demeure pour enfin profiter de la vie. Tel était la coutume au sein de royaume de Bagle, une chance pour ses habitants car il en était tout autre ailleurs.

Le garde, baptisé Prime par son père bien des années auparavant, remarqua un jeune messager sur le sentier menant au château. A pied et proprement vêtu, aucun doute ne put troubler son esprit. Cet homme provenait d’un camp fraîchement installé à quelques encablures. La seule question était de savoir s’il s’agissait d’allier ou, pour la première fois, d’ennemis. Il n’avait jamais guerroyé ni subit de siège mais possédait tout de même des qualités qui seraient le jour de son départ, du moins il l’espérait, une terrible perte pour ce château.

Devant la muraille, le messager sortit un parchemin finement cacheté avant de s’annoncer. « J’ai un message officiel du Maréchal Graible, maître des armées du royaume de Swienne. Je dois le remettre au seigneur Eymerond en main propre. »

Prime arma son arbalète et descendit devant la herse. En acier finement tressée, cette œuvre formait la principale défense du château. Pas de fossés ni de douve, seul une double porte en bois pouvait se fermer. Malheureusement l’état de ses gonds ne le permettait pas. De plus les ordres étaient clairs, personne ne pouvait pénétrer dans l’enceinte du château sans la présence du capitaine ou de son supérieur, le seigneur lui-même. Prime tenta d’expliquer les précautions prises par Eymerond afin d’éviter toute intrusion mais le messager s’impatienta rapidement. « Faites venir le capitaine alors ! »

Prime s’exécuta. Quelques minutes après il revint accompagné de son capitaine. Un grand homme solidement charpenté à qui, il est certain, personne n’aurait cherché des ennuis. « Le seigneur ne reçoit pas de visite aujourd’hui. Donne-moi ton parchemin je lui…
– J’ai des ordres. Je dois transmettre ce…
– Moi aussi j’ai des ordres ! Personne ne franchira cette herse tu entends ? Soit tu me donnes ton message soit tu repars d’où tu viens. »

A ces mots le messager cracha au sol. Aussitôt le capitaine arracha l’arbalète que tenait mollement Prime et la pointa en direction de son nouvel ennemi. « Prime, tu crois que ce carreau déclencherait une guerre s’il transpercerait la tête de ce misérable ? demanda-t-il sarcastiquement.
– Pas le moins du monde capitaine. Un messager de plus ou de moins ne changera rien, s’enquit-il de répondre, un sourire au coin des lèvres. »

Effrayé par la tournure que risquait de prendre les événements, le messager tourna les talons sans mots. Il reprit rapidement la route par laquelle il était arrivé, le parchemin toujours en main. Prime retourna à son poste et le capitaine fit une rapide inspection des alentours.

Bonjour à toi. Blabla habituel, je ne possède pas la vérité ultime, je me considère encore comme un débutant donc j’estime ne pas pouvoir faire des remarques sur des choses très précises et très techniques, mon commentaire portera donc sur le texte dans sa globalité. Je m’excuse d’ailleurs par avance, si tu peux te sentir blesser par une de mes remarques, ce n’est clairement pas mon but.

Ce n’est pas mal, on sent que tu es sur la bonne voie. Bien que je trouve qu’on sente encore un côté débutant à l’ensemble. Il y a encore une certaine artificialité je trouve. On sent que tu te cherches encore un peu, et c’est rageant, car de l’autre côté on sent que tu as un certain potentiel, mais que pour l’instant cela reste simple. Enfin, je ne sais pas trop comment l’exprimer, et c’est peut-être moi qui pleurniche pour pas grand-chose en voyant des trucs qui n’existent pas à force de lire de la littérature plus complexe, mais il y a vraiment un côté rageant dans ton texte, comme si tu t’apprêtais à prendre ton envol, mais que tu restais encore un peu à terre (peut-être que je deviens un vrai bon gros élitiste va savoir).
Concrètement, tu progresses et je suis peut-être un peu trop impatient de te voir avancer. Pour l’instant, je pense qu’il voudrait que tu essayes de faire des choses plus osées, de te chercher un peu mieux, de te défier. Puis quelques-uns de tes passages sonnent lourd, par exemple celui-ci :

Sur le flanc ouest, les innombrables crêtes Bagloise opposées aux forêts du royaume de Swienne, entrecoupées de larges plaines cultivées.

« Les larges plaines cultivées » semblent être de trop, ou il faudrait que tu rajoutes un verbe conjugué. Et même si je ne suis pas trop fan de l’idée de suggérer de manière directe les choses, tu pourrais juste remplacer « cultivées » par « cultivable » et supprimé la virgule. Ou tout simplement remixé la chose, si on peut dire les choses ainsi. Par exemple, pourquoi pas ceci.
« Sur le flanc ouest, une longue plaine cultivable séparait les innombrables crêtes rocheuses de Bagloise projetant leurs ombres sur les larges forêts verdoyantes de Swienne lors de l'aube. »
Je ne dis pas que ma version est forcément meilleure (je ne trouve pas d’ailleurs), mais je voulais juste te montrer qu’il faut que tu interroges ton texte. Que tu demandes si mettre ce mot-ci à la place de celui-là ne sera pas meilleur pour le rythme de lecture, est-ce qu’il ne fait pas redondant par rapport aux sonorités de la phrase, et est-ce que cette proposition ne pourrait pas aller ici.
Puis, une dernière chose, ne te laisse pas avoir en disant que plus tu fais dans le détail, plus c’est bien. Il ne faut pas que cela devienne inutile. Certes, cela peut aider pour l’ambiance et le décor, mais parfois, juste non. Je dis ça, car dans ton texte, on en a un exemple parfait, ici :

Effrayé par la tournure que risquait de prendre les événements, le messager tourna les talons sans mots.

La partie que j’ai soulignée est vraiment de trop. Il a une arbalète pointée en direction de sa tête, on comprend ce qui l’effraie, c’était inutile de le préciser ici, ou dans ce cas-là il aurait fallu tourner la phrase différemment et éliminer le mot « effrayé ».

Voilà, je pense avoir fait le tour de ce que je voulais te dire. J’espère ne pas avoir été trop méchant dans ma manière de dire. En attendant, persévère, je pense que tu tiens la bonne corde, il suffit juste maintenant de grimper.

Message édité le 31 janvier 2020 à 19:14:31 par A-San
A-San A-San
MP
Niveau 10
31 janvier 2020 à 19:15:50

Désolé Loïc, j'ai oublié d'insérer mon message de blabla habituel :snif:

Chimene_Azalee Chimene_Azalee
MP
Niveau 18
01 février 2020 à 19:46:24

Le 31 janvier 2020 à 19:15:50 A-San a écrit :
Désolé Loïc, j'ai oublié d'insérer mon message de blabla habituel :snif:

Tkt, je suis un auteur rodé :hap:

Merci pour ton retour, c'est super sympa ! :oui:
Je suis d'accord avec toi, il y a un truc qui va pas (d'ailleurs c'est pour ça que je le partage, pour l'améliorer). Avec le recul je me rends compte aussi que ça puisse être compliqué de comprendre tout et ce que chaque mot insinue dans le contexte :hap:

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