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Sujet : Dans les pas de Genghis Khan

News culture
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume - la révolution simienne est en marche !
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Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:31:30

Lundi 10 octobre

Après ma fructueuse journée d’hier passée dans le jardin à taper une bonne partie de mon séjour à Saint-Pétersbourg, j’ai aujourd’hui usé mon temps sur le script pour le théâtre. Ainsi que dans une conversation de sourds avec Mia. Elle trouvait qu’il y avait trop de répliques, que la transcription en alphabet cyrillique pour la prononciation n’était pas une bonne chose, qu’il ne fallait pas donner le script aux enfants, mais qu’ils l’apprennent plutôt en récitant avec nous en classe. Qu’il fallait faire plein de jeux sur la prononciation, enfin bref, nous n’étions d’accord sur rien. J’ai fini par m’énerver, à lui demander si nous recherchions les mêmes buts. J’avais l’impression qu’elle voulait leur apprendre l’anglais, alors que le mien est de les faire apprécier l’anglais, au travers du théâtre. Elle a fini par me demander quelles étaient mes idées, et m’a donné les siennes, consistant en une série de petits jeux bidons pour apprendre le vocabulaire. Je lui ai fait un pavé expliquant comment je fonctionne normalement lors de la préparation d’un spectacle, insistant notamment sur le manque de temps. J’ai également mis en avant l’incompréhension quant à la division entre les heures d’Olga et les miennes. La parole et le jeu d’acteur ne peuvent être différenciés selon moi. Mia a dit comprendre mon point de vue, et que nous ferons selon mes souhaits. Quel soulagement ! Nous allons peut-être enfin pouvoir faire quelque chose de concret avec les enfants ! La séance de demain reste incertaine, je ne sais pas si elle aura terminé la traduction et les quelques corrections qu’elle voulait faire sur le script. Une réunion me fut également promise afin de tout mettre au clair avec Olga. Cela risque donc d’être encore une séance bancale. À voir.

Mardi 11 octobre

J’ai aujourd’hui franchi un énorme pas dans la motivation, je ne rédige plus le carnet de route à partir des notes que je prenais, je ne fais que recopier ce que je racontais dans le dictaphone. Plus besoin d’être inspiré, de plonger dans mes souvenirs, je ne fais que taper. J’ose espérer en venir à bout avant la fin de la semaine, qui sait ?
Alors que je bossais tout ça dans le jardin, j’ai soudainement senti la terre trembler durant deux secondes à peine. Les chiens du quartier se sont mis à aboyer, toutes les théories défilaient dans ma tête. Séisme ? Missile ? Explosion souterraine ? Elena me confirmera cette troisième hypothèse, c’était bel et bien lié aux mines, creusées dans les alentours de Miass à la recherche de minerai.
Gros foutage de gueule au théâtre ce soir. Mia est passée même pas cinq minutes, pour donner le script de la première scène. Dans la colonne que j’avais réservée pour la prononciation en caractères cyrilliques, elle a inscrit la transcription phonétique des mots les plus difficiles. Je ne sais pas lire le phonétique, les gamins que j’ai interrogé non plus. Intérêt de la chose dans ce cas ? Elle m’a demandé pourquoi je ne participais pas. Ben je comprends pas ce qu’elle raconte la grosse, vu qu’elle parle que en russe, comment veux-tu que je m’intègre au truc ? Et après, ben Mia s’est barrée. Et ma conversation promise sur les scènes d’après ? Les rôles à distribuer ? Envolée ! J’ai eu droit sur Facebook à un petit message comme quoi elle avait dû changer ses plans. Ben moi je ne vais pas changer les miens, et faire à ma façon, avant que je ne me retrouve en tête à tête avec Olga. Nous n’avions aujourd’hui que cinq gamins. Et ils se sont faits chier à lire le texte jusqu’à ce que l’un d’entre eux ose demander s’ils pouvaient faire un jeu… Aura-t-on seulement vendredi ? Ou bien auront-ils tous fait défection ? J’espère que non, parce que ce sera le jour où je ferai bouger les choses.

Jeudi 13 octobre

Je me suis finalement décidé, après moult hésitations, à réaliser des cartes de Saint-Pétersbourg et Moscou. J’ai déjà achevé la première et ai dessiné les deux tiers de la deuxième. J’y ai passé ma journée entière, j’adore ces moments calmes où je suis complètement absorbé par ma besogne. Cela fait, au bas mot, une dizaine d’années que je trace des cartes. J’ai commencé au lycée, dans les marges de mes cahiers, par des villes qui s’étendaient au gré des carreaux. Ces villes se sont vite affrontées, ajoutant des lieux de bataille sur le papier. Mais très vite, je suis passé au niveau supérieur. Sur des feuilles à part, je dessinais des cartes, géologiquement logiques, y développait des pays, des cultures, du commerce, une diplomatie, des guerres, tout est allé très vite. Les cartes sont vite devenues illisibles, une amie m’a conseillé d’écrire tout cela avec des mots, j’ai alors pris ma plume pour la première fois. Les cartes ont conservé une part très importante de mon esprit de création, j’en esquisse donc de nouvelles dès que j’en ai l’occasion.
Alors que la neige ne cessait de tomber, j’ai également fait des demandes ouvertes sur Couchsurfing , pour presque toutes les étapes de mon voyage en Sibérie, en espérant que ça donne quelque chose…

Vendredi 14 octobre

J’ai passé ma matinée en ville, à dénicher les derniers cadeaux qu’il me manquait. Une chapka russe pour papa, qui lui servira grandement sur le toit en hiver, et des biscuits pour mon chien Eliot. Je voudrais dénicher quelque chose d’autre pour Maman, mais je n’ai pas d’idées…
Vica fête aujourd’hui ses deux ans, elle a eu droit à une superbe poussette pour poupons, et je lui ai offert de la pâte à modeler. Ils le fêteront dimanche en famille, alors que je serai à l’extérieur.
J’ai cru un moment que le sketch pour le théâtre allait continuer encore longtemps… Mia m’a appelé pour me dire qu’elle ne pouvait pas venir à la réunion, car son fils était malade. Je devais passer chez elle récupérer les copies du script, qu’elle voulait absolument faire soi-même. Elle m’a supprimé ma prononciation en cyrillique pour la remplacer par de l’alphabet phonétique, et partout. C’est pas possible d’être bornée comme ça. M’enfin bref, j’avais rendez-vous avec Olga, j’ai préféré ne pas palabrer des heures durant. Cette rencontre avec ma collègue russophone ne fut pas très productive, son anglais étant extrêmement limité. Nous avons réussi à nous mettre d’accord sur quel rôle donner à qui, et je lui ai expliqué comment je voulais que se déroule la séance. Et tout a fonctionné comme sur des roulettes, je suis ravi et espère que nous pourrons garder le même fonctionnement pour les semaines à venir ! Un petit jeu pour démarrer, avant de jouer la première scène. Nous avons ensuite divisé le groupe en deux, groupe de cinq enfants, soit dit en passant. J’ai travaillé avec eux l’anglais tandis qu’Olga insistait sur le côté acteur. On échange et on rejoue tout ça ensemble. C’était juste énorme, ils ont bien rigolé, ils ont passé un bon moment, on avance enfin. Je vais essayer de préparer un programme afin de voir à quel rythme nous pourrions avancer, car il nous reste finalement peu de temps. En espérant que Mia n’ait pas une autre de ses fantastiques idées…

Samedi 15 octobre

J’ai ce matin achevé la carte de Moscou, encore une bonne chose de faite. Je vais essayer de terminer le passage sur la capitale avant la fin du week-end, il ne me restera plus grand-chose ensuite. J’ai également préparé un petit PowerPoint pour demain, j’interviens à l’université, pour donner quelques conseils sur comment apprendre une langue. Rien de gigantesque, je ne pense pas m’éterniser des heures, car je n’estime pas avoir la science infuse. Mia s’attend sans doute à ce que je donne une recette miracle, sauf qu’il n’y en a pas, et que je risque de rabâcher des généralités. Heureusement, je ne serai pas le seul tribun…
J’ai déjà eu deux invitations Couchsurfing pour Tomsk, je ne pensais pas que ce serait aussi rapide ! je vais accepter la première, deux trentenaires apparemment lesbiennes.
Ma famille de sang a reçu les lettres. J’ai reçu un très long message de ma petite sœur. Elle m’y explique l’évidence, qu’elle n’avait personne à qui parler quand elle en a eu besoin, qu’elle s’est alors réfugiée sur Youtube et dans les mangas, qu’elle souffre seule. Elle se demande même si nous sommes de la même famille, car elle n’a presque aucun souvenir en commun avec moi, ça fait mal de lire ça. Son année de première a été horrible, elle a pensé à se foutre en l’air, je m’en doutais. Elle m’avoue qu’elle se mutilait également, et ça c’est un choc. Jamais je n’avais imaginé qu’elle avait été jusque-là. Personne ne l’a remarqué, forcément, ajoutant à son mal-être. Si son année de première a été très difficile, que sera sa terminale ? Elle dit aller mieux, mais est-ce seulement vrai ? Elle me demande d’être heureux de mon côté, et de l’oublier. Je ne peux pas me résoudre à cela. Nous avons un petit peu discuté, le dialogue est ouvert, du moins avec moi. Mais il faudrait qu’elle se confie également à Maman. Sans doute pas aujourd’hui, car la connaissant, elle doit être à ramasser à la petite cuillère.
Je leur ai demandé de communiquer, de vivre, de rire, de s’aimer. J’espère qu’ils vont s’y employer. Et je vais les aider du mieux qu’il m’est possible.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:33:13

Lundi 17 octobre

Le meeting à l’université ne fut pas des plus intéressants pour moi, trois heures de discours en russe, je m’endormais sur la fin. Ce fut néanmoins cool de faire mon petit speech, une expérience de plus.
Le dialogue avec ma petite sœur est définitivement ouvert, je vais donc y aller progressivement. Aucune nouvelle de ma mère en revanche, j’espère qu’elle ne fait pas la gueule.
Il est encore tôt, j’ai la journée devant moi pour faire ce que je n’ai fait ce week-end, notamment sur le carnet de route. Faut que j’en finisse avec ça putain j’en peux plus. Je ne profite pas de mes journées parce que je me dis que j’ai encore ce journal de bord à la con à rédiger. Je dois impérativement en venir à bout cette semaine. Pour la version numérique du moins, le recopiage papier on verra ça plus tard. Mon objectif d’aujourd’hui, c’est de terminer Moscou, et y’a un sacré taf à faire !

Mercredi 19 octobre

J’ai dû forcer un peu pour avoir des nouvelles de Maman, elle a juste répondu que je lui manquais et qu’elle m’aimait. Je n’ai donc aucune idée de comment est la situation en Bretagne, mais s’ils ne veulent pas en parler, qu’y puis-je ? Je vais attendre, l’anniversaire de ma sœur tombe la semaine prochaine, j’essaierai de faire un Skype avec eux pour l’occasion.
La tribu était ce matin de sortie. Nous sommes allés au musée minéralogique et d’histoire naturelle de Miass, ce fut fort intéressant. J’aurais au moins vu les loups et les ours que je voulais tant rencontrer, même s’ils étaient empaillés. Quant aux minéraux, ils ont toujours été légion dans l’Oural, on y trouve de tout, et en très grosses quantités.
Mia m’a semble t’il prévu une semaine d’activités complète début Novembre, lors des vacances scolaires. C’est Elena qui me l’a appris, j’étais moyennement content de ne pas avoir été prévenu. J’ai immédiatement bombardé la pseudo-organisatrice de questions, tentant de bien lui faire comprendre que je n’avais pour habitude de monter un programme pour les vacances la veille… C’est dans à peine dix jours… Je ne serai apparemment pas seul, un polonais m’accompagnera, tout comme une russe qui elle, devrait parler anglais. À voir ce que nous préparons comme activités, ce qui peut être réalisé. Réunion est prévue ce vendredi.
J’occupe mon après-midi avec encore et toujours ce fichu carnet de route, je n’ai pas achevé Moscou, je fais une overdose. Vivement que j’en finisse !

Jeudi 20 octobre

J’ai enfin achevé Moscou ! Quel immense soulagement ! Je me libère d’un poids énorme ! Il ne me reste plus que les chroniques historiques et quelques cartes. Ça fait encore de nombreuses heures de boulot, je doute de finir cette semaine, ce qui repousse encore l’échéance… Et je dois ensuite tout recopier sur papier… L’horreur quoi… J’ai l’impression de revivre les longs mois au retour d’Équateur, quand il m’avait fallu tout mettre sur mon document Word. Il n’y pas de fin, j’en rajoute chaque jour, si seulement je pouvais appuyer sur le bouton stop de ma vie. Si seulement le temps pouvait s’arrêter, afin de me permettre de ne pas être submergé.
J’ai ce midi retrouvé Anastasia et Vladimir, les deux étudiants rencontrés voilà presque un mois au bal russe. Nous avons participé à ce qu’ils appellent une quête. C’est une entreprise qui organise cela, ils sont basés dans le sous-sol d’un immeuble du nord, Chelbunker que ça s’appelle. Y’a plusieurs parties possibles, nous avons choisi le thème de Pirate des Caraïbes. La fille nous a enchainé tous les trois, cadenas au pied, avant de nous pousser dans une pièce en fermant à clé derrière nous. Si nous voulions sortir, une seule solution, trouver de quoi ouvrir la serrure… Une succession de trois petites chambres, cloisons en triplis, cadres de pirates aux murs, la bande originale de Jack Sparrow résonnant dans nos oreilles. Des coffres partout, des dés dans des bouteilles, des parchemins à la signification mystérieuse, et surtout, une bonne vingtaine de clés en tout, de quoi devenir fou ! Claustrophobes, s’abstenir ! Avec Nastya et Vova, il nous a fallu une heure pour déduire le code nous permettant d’accéder au passe-partout nous offrant le chemin de la liberté ! Nous avons beaucoup ri, nous nous sommes bien marrés, un très bon moment. Après une pizza et quelques courses, je suis rentré à la maison, je suis vanné.

Vendredi 21 octobre

J’ai cuisiné un ceviche ce matin. Plat équatorien typique, ils ont trouvé cette soupe froide de crevettes bien étrange, et les filles ont très peu mangé.
J’avais rendez-vous avec Mia et le polonais, Michal, en fin d’après-midi, afin de discuter de cette semaine complète de centre aéré en anglais. Comme d’habitude, réunion inutile, la pseudo-organisatrice nous a lu un papier qu’elle nous avait déjà communiqué. Au moins, j’ai pu rencontrer mon futur collègue, c’est déjà ça. J’ai son Facebook, on va se débrouiller pour s’organiser.
Le théâtre ça a été, mais c’est difficile d’organiser quelque chose de solide, vu que nous ne voyons jamais les mêmes têtes. Nous disposons d’un groupe solide et régulier de six enfants, les autres viennent quand ils veulent… Mais ce soir, nous avons eu encore mieux ! Mia nous a déniché deux petits nouveaux ! Ils ont l’air de bonne volonté, j’espère les revoir mardi.

Samedi 22 octobre

Un samedi chargé, je navigue toujours entre flemme et motivation. J’ai passé l’essentiel de cette journée à réaliser une carte de la Russie et de ses voisins, que je compte insérer avant mon arrivée à Miass. J’ai fait un gros morceau, je n’ai plus qu’à mettre les couleurs.
J’ai également contacté un école au Kirghizistan, ils ont répondu favorablement, une autre bonne chose de faite donc ! Un petit Skype avec la Bretagne, aussi plat que d’habitude, ils n’ont même pas évoqué les lettres, ils continuent leur petit vie morne comme si de rien n’était… Que puis-je y faire ? Ma famille russe est de sortie, il sont allés chez les grands-parents maternels, à deux cents bornes d’ici, et ne rentreront que demain soir. Je suis donc maître de la maison, je vais profiter du calme pour me regarder mon épisode de Koh-Lanta.

Dimanche 23 octobre

Je sature un peu avec Mia… Je me suis levé de bonne heure ce matin afin de me rendre à l’un de ces événements dont elle a le secret. Dix heures, un café paumé dans le sud, caché derrière une supérette. La réunion se déroule très lentement, comme d’habitude, on s’endort, elle n’a rien d’une meneuse. On se fait chier alors que nous devrions être là pour discuter de méthodes d’enseignement avec d’autres professeurs. Et puis subitement, elle annonce qu’il faut qu’elle parte, apparemment un truc urgent à faire… Pourquoi t’organises des choses si tu te barres avant la fin ? Sérieux c’est quoi ce manque de professionnalisme ? Mais juste à ce moment-là, les restaurateurs nous ont demandé de faire place nette, ils avaient des clients qui commençaient à arriver pour un banquet… Ah ok… Je me demande si Mia contacte les proprios avant d’organiser des trucs dans ce genre-là dans leur établissement. Enfin bref, ça a fini en peau de boudin, j’ai perdu ma matinée.
Retour à la maison, pizza surgelée et micro-sieste avant d’affronter à nouveau les températures négatives. Direction le bowling, où j’ai passé un excellent moment avec Nastya, Vova et Pacha.
Les croissants au jambon sont dans le four, j’attends le retour de ma famille russe devant un documentaire sur Jacques Chirac. Le week-end est passé bien trop vite, je n’ai pas eu le temps d’en profiter…

Lundi 24 octobre

Au détour de la discussion d’hier soir avec Elena et Sacha, ils m’ont proposé de revenir quand je le désirais, que j’étais le bienvenu. La voisine peut me faire une lettre d’invitation afin de me faciliter le visa. Du coup, j’élabore déjà sans le vouloir de nouveaux plans dans ma tête…

Mardi 25 octobre

Il ne fait pas si froid, ou alors c’est que je me suis habitué. La neige a presque entièrement fondu, seuls quelques débris blancs parsèment encore les pelouses çà et là. Je me dirige vers l’arrêt de bus, ce soir, c’est théâtre, j’espère que nous allons pouvoir progresser, il ne sera pas difficile de faire mieux que ce que j’ai pu faire aujourd’hui. Ma journée fut complètement inutile. J’ai hier soir posté sur le forum Écriture à la recherche de motivation. Je quitte Miass dans deux semaine et demie, je me suis fixé un objectif pour ce dimanche, afin de voir enfin le bout du tunnel. Sept chroniques historiques, deux cartes et dix-huit pages à recopier dans le carnet papier. Je l’ai posté sur mon forum car j’ai besoin, comme on dit, que l’on me pousse au cul. Je n’y arrive pas sans motivation, je n’en vois pas la fin, j’ai même pensé à jeter l’éponge et mettre ces chroniques historiques à la poubelle. J’ai passé ma journée devant ma feuille blanche, à tenter de rédiger quelques lignes sur la préhistoire et l’antiquité sibérienne et russe. Beaucoup de recherches sur Wikipedia, car cette époque m’est peu connue. Mais ces quatre cents mots que j’ai pondus ressemblent vaguement à un résumé fade d’un bouquin historique indigeste. Un miracle est alors apparu sur Facebook, un miracle prénommé Elfi. Elle était venue pour me motiver, elle aura fait bien plus que cela. Je lui ai fait lire le passage que j’avais écrit, elle n’a pas trouvé cela trop mal, mais essentiellement parce qu’elle est elle-même intéressée par l’Histoire. Pour quelqu’un d’autre, cela risque d’être d’un ennui mortel. Elle m’a proposé des idées, nous avons cherché un moyen de rendre cela didactique, car je ne tiens pas à lâcher le morceau, cette histoire me tient réellement à cœur. J’ai pensé à raconter ces épisodes au travers d’un narrateur extérieur, tels Attila ou Catherine II de Russie. Mais cela posait plusieurs problèmes. Tout d’abord, difficile de trouver un narrateur commun pour cinq mille ans de préhistoire. Peut-être un philosophe grec qui nous ferait part de ses connaissances ? Ensuite, il me faudra de plus décrire l’environnement entourant ces personnages. Les allures, les vêtements, les bâtiments, et cela augmenterait considérablement la quantité de lignes à produire. Et je ne suis pas certain d’arriver à pondre quelque chose de la sorte. Enfin, comment relier cela à mon carnet de route ? Comme Elfi me l’a si bien fait remarqué, il faut que cela reste relié à ma personne, car c’est avant tout mon aventure. Comment donc donner de moi-même si c’est Hérodote qui raconte ? M’est alors surgie une idée lumineuse, des interviews. C’est un genre auquel je me suis déjà essayé, en questionnant notamment les forumeurs d’écriture ou d’un précédent forum. Je ne devrais donc pas avoir trop de problèmes. Mais qui interviewera donc ces personnages ? Moi-même pardi ! Je m’imagine déjà voyageant dans le temps à leur rencontre. Je m’imagine déjà ici à Miass, dans un petit labo d’un autre temps, au sous-sol d’un bâtiment, rencontrer un vieux magicien à la barbe blanche qui me ferait part de quelque secret afin de traverser les âges. Je m’imagine déjà tel Jean Reno dans les visiteurs, découvrant d’autres époques. Je fourmille d’idées, il ne me reste plus qu’à rédiger tout cela.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:34:09

Mercredi 26 octobre

Je reviens tout juste d’une heure trente de classe avec Anastasia. Une vingtaine d’élèves, entre onze et douze ans, et je dois dire que je me suis bien amusé. Nastya m’a en quelque sorte laissé les rênes de son cours, j’ai donc pris beaucoup de plaisir. Nous avons commencé avec une présentation de moi-même et de la Bretagne. Un petit peu de musique, quelques costumes traditionnels, et nous sommes passés aux jeux. Un Pictionnary pour commencer, un pendu, du mime, un p’tit bac, de quoi les faire baragouiner quelques mots d’anglais. Je me suis défoulé, grimaces, mimes, j’étais complètement dans mon élément. Les enfants se sont également beaucoup amusés, c’était la première fois qu’ils voyaient un étranger. Le sourire illuminant leur visage est la plus belle des récompenses, rien à voir avec les classes organisées par Mia, avec des jeux de son cru ennuyeux à mourir.
Ma gorge ne s’arrange pas, c’est de pire en pire, je dors de moins en moins et pourtant ce n’est pas faute de faire une cure de miel et d’avaler des pilules à tout va. Si je me la traine toujours demain, je m’arrêterai peut-être dans une pharmacie. Pour demander quoi ? Bonne question. Le temps se maintient, il fait frais, pas de neige, c’est encore très supportable. Mais si cela reste ainsi je ne risque pas de voir le lac gelé. J’ai hier soir pas mal avancé au niveau du carnet, j’ai écrit je pense la moitié de l’intro du premier voyage dans le temps. Celui ou je rencontre le mage. Je vais m’y remettre dès mon arrivée à la maison, et essayer de donner un grand coup de reins pour produire enfin quelque chose d’achevé.

Jeudi 27 octobre

J’ai ce matin été voir avec Michal l’endroit où je passerai ma semaine prochaine, entouré de dix enfants, d’un polonais et d’une jeune fille russe. C’est un hôtel perdu en périphérie de la ville, tout près d’un lac, cerné par la forêt, nommé Félix. Ils nous prêtent une grande salle dans leur sous-sol, nous disposerons également d’une sorte de cantine pour les petit-déjeuner et déjeuners. Nous avons également fait un tour aux alentours, notamment sous les frondaisons des arbres, afin de faire quelques repérages pour mettre en place un jeu de piste. J’ai pris quelques notes, griffonné un plan, mais maintenant que je mets au propre, je me rends compte qu’il y a quelques approximations. Il faudrait donc, dans l’idéal, que j’y retourne. Cette grande chasse au trésor doit avoir lieu mercredi prochain, je ferai peut-être ça sur l’heure d’un repas, vite fait.
Me voici posé dans un café d’un grand centre commercial du centre, où j’ai déjeuné, et où nous attendons tranquillement 18h30, heure à laquelle nous retrouverons les élèves de l’odyssée de l’esprit, pour une seconde séance. Je n’ai pas internet, je n’ai pas pris de bouquin, je tente donc de mettre en place un programme pour la semaine prochaine, malgré Michal qui, apparemment, n’a pas l’air très concerné. En même temps, ce n’est pas trop son métier, donc ça ne me dérange pas de tout préparer. J’espère qu’il sera moins réservé sur le terrain que ce qu’il a l’air actuellement, mais ça devrait le faire. Je tente de réfléchir à un jeu afin de présenter la Bretagne de manière didactique. La première idée qui m’est venue est celle d’un jeu de plateau, avec des cartes, des photos et des petites explications. Genre un jeu de l’oie géant sur ma région. Seulement je ne dispose pas de jeu de l’oie géant sous la main, il me faudrait donc le créer de A à Z, ce qui présente une grande quantité de travail. Certes, je pourrais ensuite le réutiliser, mais cela me ruinerait mon week-end. Je n’ai hier pas avancé sur les chroniques historiques. Je commence à me demander si je vais réellement en faire quelque chose, ou si je ne vais pas simplement laisser tomber. Je ne peux pas les rattraper, c’est impossible. C’est dommage, cela me tenait tellement à cœur. Aller, qui sait, j’aurai peut-être une crise de courage ce week-end, mais il me faudrait trouver un autre moyen de présenter la Bretagne de manière amusante, de manière à ce que je n’ai pas à créer un jeu de A à Z par moi-même. Je suis perdu, je ne sais que faire, je n’ai pas assez de temps, ça m’énerve. Ma procrastination m’excède.

Vendredi 28 octobre

J’ai hier soir définitivement laissé tomber cette idée de chroniques historiques. Tout du moins pas complètement, elles feront partie d’un projet séparé, une sorte d’annexe. Car je n’ai pas le temps de les intégrer dans le carnet de route mais, à part, ça peut coller parfaitement. J’ai donc continué à poster le journal de bord déjà écrit sur le forum, ma quantité de travail s’est considérablement réduite, je n’ai plus que quelques cartes à produire et mon trek dans le Taganaï à mettre sur fichier Word. J’ai également commencé à préparer mon jeu de société breton, chose que j’ai également continué aujourd’hui. Le programme de la semaine prochaine au camp est terminé, je l’ai fait seul et avec les quelques indications qu’avait pu me filer Michal. Nous avions ce soir réunion avec Mia et la fille russe qui sera avec nous, Sveta. Cette dernière n’a pas l’air non plus très au fait de ce qu’il se passe. Michal croyait encore que Mia serait avec nous la semaine prochaine ! Et bien non mon p’tit père ! Donc en gros, je crois que je vais m’improviser directeur de centre aéré, et être un peu la tête référente de ce bazar. Nous avons un programme de fait, j’ai plusieurs activités en tête, mais j’aimerais bien que Michal et Sveta essayent de mener quelques jeux, sans quoi je risque de finir sur les rotules. Je reste un poil désabusé par toute cette absence manifeste d’organisation de la part de Mia.
Également dans l’incompréhension après cette séance de théâtre. Vu que j’étais en réunion, je suis arrivé pile à l’heure, et j’ai eu droit à une magnifique surprise. Olga avait accepté d’intégrer deux nouvelles filles ! À dix jours de la date butoir, c’est une blague ? Et en plus elles ne lisent pas l’anglais ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? Du coup, elle a tout repris depuis le début, afin que les nouvelles puissent suivre et comprendre de quoi l’on parlait. Mais notre noyau habituel de gamins se faisait chier, clairement… De plus, vu que notre singe était absent, c’est le préposé au serpent qui a dû jouer son rôle. Il ne lit pas l’anglais non plus, mais je lui avais spécialement donné la transcription en cyrillique pour ses lignes à lui, donc il suivait. Ce soir forcément, il était à la ramasse. Je ne vois pas l’intérêt de les faire jouer des rôles différents, ils s’embrouillent plus qu’autre chose… Je suis donc ressorti de là un poil énervé, dépité, rien ne sera prêt pour mon départ, tant pis. Je vais laisser le navire couler, et m’occuper de maintenir à flot ma barque de la semaine prochaine.

Samedi 29 octobre

La neige tombe à gros flocons. J’aurais peut-être dû emporter ma casquette afin de ne pas en prendre plein la tronche. La BO de Game of Thrones dans les oreilles, j’escalade la colline vers l’arrêt de bus. Ce n’est pas le chemin que je suis d’habitude, mais je souhaitais avoir la vue panoramique sur les environs. La côté est raide, j’ai l’impression d’être Jon Snow perdu au-delà du Mur. Tout est recouvert d’un blanc manteau, les toits des maisons, les jardins, mais également le lac, qui forme une impressionnante tache blanche. La vue est vraiment superbe, mais ça caille, je ne vais donc pas trop m’attarder. Je vais dans le centre, afin d’imprimer mon plateau de jeu et mes cartes sur la Bretagne et, si j’ai le courage, je retournerai peut-être au centre Félix, afin de faire quelques autres relevés pour la carte de la quête. Mais alors que je n’ai quitté la maison que depuis dix minutes, je doute déjà de trouver la force de descendre jusque là-bas.
J’aime beaucoup les ruelles couvertes de neige, on ne voit plus ni la boue, ni les cailloux, la vie tourne au ralenti. Bon, c’est bien beau de parler dans le dictaphone, mais ma main gèle, je vais donc la remettre dans mon gant aussi vote que possible.

Dimanche 30 octobre

Dernier chapitre des lubies de Mia…
Hier soir, il est plus de 23h00. Message Facebook, elle me demande ce que je fais aujourd’hui, je lui réponds devoir préparer les jeux pour le camp. Qu’à cela ne tienne, elle a besoin de moi pour ce dimanche matin. Moi qui m’imaginais déjà tranquillement devant ma télé pendant que les filles seraient sorties, c’est raté. Sa gamine est tombée malade, elle ne peut donc pas se déplacer, et a besoin de moi et Michal pour remettre un prix à une gamine et faire un speech de deux minutes. Je me suis un instant demandé si c’était une blague, mais apparemment non. J’ai bien fait comprendre que ça me faisait clairement chier, en restant poli, avant de couper court à la conversation.
Il m’a donc fallu sortir ce matin dans le froid et la neige, pour me rendre à cette Harry Potter Party. Ça tombe bien, c’est là que les Sonia et Lana allaient ce matin, j’ai donc profité de la voiture à l’aller. Vu que j’avais au minimum une heure et demie d’attente, j’avais pris de quoi m’occuper, mon jeu de société sur la Bretagne, afin de poursuivre sa réalisation. Michal n’avait pas vu son message sur Facebook, il m’a donc téléphoné pour savoir ce qu’il en était et comment venir jusque-là. Sans trop de difficultés, il s’est débrouillé pour parvenir sur le lieu des festivités. Chose facile, vu qu’il y est venu accompagné par… Mia ! Lorsque je l’ai vue, j’étais sur le cul. Déjà exaspéré par cette perte de temps, la simple vision de sa tronche a fait bondir ma tension. Elle nous a présentés à l’organisateur de l’événement avant de s’éclipser subrepticement. Mais la grosse blague quoi… Elle a pu venir et ne reste pas pour son speech à la con. Nous avons fait notre discours de trente secondes devant un parterre d’enfants surexcités, et tout était déjà fini. Je suis rentré avec Michal, n’ai pas attendu Elena et les filles. Michal était également consterné par l’ubuesque de la situation et la perte de temps pour nous deux. J’ai vraiment hâte d’en finir avec Mia, parce que cela me devient difficile de rester poli face à ses idées farfelues.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:34:43

Lundi 31 octobre

Réveil très difficile. Je me suis levé bien en avance, afin que mes intestins aient le temps de tranquillement se réveiller. Sinon je vais stresser et ça va pas le faire, je me connais. Le problème, c’est que j’étais couché très tard. J’ai achevé mon jeu de société sur la Bretagne, ça a tout de même de la gueule. Je n’ai encore rien commencé pour la chasse au trésor de mercredi, ça va être dur, très dur… Mais je suis surtout resté discuter en pleine nuit. Sacha m’a fait découvrir les appels par Skype, qui me permettent d’appeler un fixe français pour un prix dérisoire. J’ai donc eu Tata Simone au bout du fil, elle était contente de m’entendre, j’étais également ravi. Petit problème technique pour entrer en communication avec Tata Mado, elle doit avoir une option qui bloque tous les appels masqués. J’ai également téléphoné à Tatie, qui était fort surprise. Pas loin d’une heure pendu au bout du fil avec elle. Ces appels auraient peut-être pu attendre, mais j’étais tellement excité à l’idée de les entendre que je n’ai pas pu m’en empêcher. Forcément, mon capital sommeil a pris un sacré coup. Je dois avoir de grosses poches sous les yeux, même pas besoin de déguisement pour Halloween. Les -12°C à l’extérieur se chargeront de me sortir définitivement des bras de Morphée. La journée va être très longue, mais je l’espère passionnante.

J’ai passé une excellente journée avec les enfants. Ça fait du bien de retrouver cette ambiance centre aéré, d’entendre les rires, de les voir courir. Notre groupe est composé de huit filles et trois garçons, pas très homogène me direz-vous, mais bon, il va falloir faire avec. Le camp est situé au sud de la ville, sur les rives du lac Ilmen. Nous disposons d’une salle dans un grand hôtel, et c’est eux qui se chargent des repas. Un terrain de jeu juste devant et la forêt sont également à notre disposition. Je n’aime pas la salle, elle est certes grande, mais elle est tout blanche et sans fenêtre, ce n’est pas des plus gai. Le groupe de gamins peut être divisé en deux parties, j’ai un bon nœud de sept ou huit gosses, toujours partant pour faire des activités ou des jeux. De l’autre côté, j’ai des filles qui se croient déjà adultes et qui passent la journée sur le téléphone. Je me demande bien pourquoi elles ont besoin d’un portable d’ailleurs, ou même d’une tablette… Bijoux de technologie dont elles n’ont pas hésité à se servir alors que Michal faisait sa présentation, un vrai manque de respect. J’en ai parlé à Mia, elle devrait normalement informer les parents que je ne voulais plus voir ni téléphone ni tablette. Sinon tout s’est bien déroulé, nous avons enchainé les activités, les temps libres, et Michal et Sveta n’ont fait que suivre tout au long de la journée. Ils ont apparemment décidé de se reposer beaucoup sur moi, ce n’est pas plus mal. Après le centre, j’ai retrouvé Mia chez elle, elle voulait me filer le livre que je devais lire dans une autre école juste après. Je suis donc rentré à la maison bien tard, n’ait pu préparer quoi que ce soit pour la quête, je vais me coucher de bonne heure.

Mardi 1er novembre

Il est quatre heures moins vingt-cinq, la nuit noire règne dehors, on ne voit pas une seule étoile se refléter dans la neige. Je profite d’une accalmie que j’espère définitive, afin de lancer quelques mots à mon dictaphone. Je suis en train de prier Mamie afin qu’elle m’aide, c’est dire combien je suis mal. Putain. Tout allait très bien hier soir, je me suis juste couché avec une petite sensation de brûlure au niveau des voies urinaires, mais je ne m’en suis pas inquiété plus que cela. Mais deux heures plus tard, j’ai été réveillé par une forte douleur dans le bas du dos. Uniquement côté gauche, derrière, au niveau des reins. J’ai tout de suite fait le rapprochement avec ma sensation de brûlure, et m’imagine des tas de choses. Infection urinaire peut-être, mais cela pourrait-il se déclarer aussi vite ? J’ai pris un paracétamol afin de faire passer la douleur, et je me suis recouché, impossible, la douleur était trop forte. Je me suis donc à nouveau levé et ai pris mon ordi, en commençant à jouer en attendant que se dissipe la souffrance. Sauf que cette dernière n’a fait que s’intensifier. J’ai été pris de nausées, j’ai vomi mon cachet. J’en ai repris deux autres, voilà vingt-cinq minutes, je pense qu’ils font de l’effet. Vingt-cinq minutes déjà. Ça fait plus d’une heure que je suis éveillé, arpentant la cuisine de long en large, soutenant mes lombaires, me roulant par terre. La torture était parfois si forte que j’étais allongé au sol, en position fœtale, priant juste pour que cela s’arrête. Je pense qu’il y a également un peu d’anxiété là-dedans, un petit effet psychologique, à l’idée de devoir rendre visite à un docteur et compromettre peut-être le reste de ma semaine et le reste de mon séjour. Sans doute un peu de stress donc, mais pas seulement, il y a quelque chose. Comme toute personne normale de ce XXIème siècle, j’ai fini sur Internet à taper mes symptômes pour avoir une petite idée. Outre les cystites et infestions urinaires, ressortent les lumbagos. Mais je ne sais pas exactement ce que c’est, cela pourrait correspondre avec les forts élancements, qui pourraient être musculaires et non liés aux reins. Car je trouve très étrange qu’une douleur interne soit aussi puissante. Alors qu’un problème de muscles ou de nerfs pourrait me tourmenter bien davantage. Je n’avais de cesse de me demander intérieurement si je devais réveiller Sacha et Elena afin de me conduire au centre de soins tant redouté. Bref, j’étais vraiment au plus mal, j’ai fini par sortir une barquette de framboises du congélateur, afin de l’appliquer sur mes reins, je ne sais pas si c’est cela qui m’a soulagé, ou le médoc qui fait effet mais je respire enfin correctement. Peut-être n’était-ce qu’un tiraillement musculaire passager, je vais voir si cela reprend, ou pas, peut-être que je me suis fait des films tout seul, et tout comme à force d’anxiété je dérègle mes intestins, j’ai peut-être également déréglé mes reins. Je n’en sais rien, je suis perdu, je suis crevé. J’étais au lit de bonne heure, moi qui me voyais déjà faire une nuit de huit heures afin de compenser mon déficit de sommeil, c’est raté. Je vais attendre encore un petit peu, trainer sur Internet. Bonne nuit.

Ce matin ça va mieux. Aucune douleur, pas de brûlure, j’ai peut-être tout imaginé, j’ai peut-être trop psychoté, je ne sais pas. J’ai pris une bonne réserve de cachets avec moi au cas où, mais j’ose espérer que cela ne se reproduira pas. Je suis par contre extrêmement fatigué, j’aurais bien besoin d’une longue nuit, mais ce ne sera pas pour ce soir non plus, il me faut préparer les papiers et la carte pour la quête. Il neige toujours, le ciel est très gris, tandis qu’au sol, tout est couvert d’un fin manteau blanc. Bon, elle m’agace déjà cette neige, alors que ça ne fait que trois jours qu’elle tombe. Qu’est-ce que ce sera après six mois, je vous le demande…

C’est encore une longue journée qui s’achève. Enfin, si l’on peut dire que le fait de rentrer à la maison termine la journée. Une longue journée de centre dont j’ai amplement profité. Nous avons commencé par le musée d’histoire, au sud de la ville, que nous avons visité avec une dame qui n’avait pas l’air des plus passionnée par ce qu’elle disait. Mia m’avait prévenu qu’il devait normalement y avoir un jeu de piste, en effet, il y en avait un. Dans chaque salle, après cinq minutes d’un discours soporifique sur un ton monocorde de la grand-mère, Ils avaient une petite tâche à faire, genre moudre quelques graines dans un vieux moulin, ou bien écrire leur nom sur une feuille de papier avec une plume. Ils obtenaient ainsi un fragment de lettre qu’ils ont à la fin pu reconstituer. Ils ont lu cette lettre et… Et c’est tout. C’est fini, rentrez chez vous. Je n’ai pas trop compris ce que racontait cette missive, je n’ai pas vu les enfants faire de grands sourires ou sauter de joie. Je n’ai pas senti l’aboutissement de la quête en fait. Nous avions pas mal de gamins qui divaguaient et n’écoutaient pas vraiment ce que racontait Mamie… Mais bon, le musée est vieux, sympa, c’était quand même cool.
Nous sommes ensuite rentrés en transport en commun, et avec nos pattes, car l’arrêt de bus le plus proche de notre lieu de villégiature se situe à une quinzaine de minutes de marche. Micro-rando sous la neige, à papoter, avant de retrouver un bon petit-déjeuner tant mérité. Nous avons ensuite décoré notre salle avec des pommes de pin, des feuilles, des baies, des épines de sapin, ce genre de choses, que nous avions récoltées hier. Ils avaient également ramassé un jonc, enfin, son fruit, vous voyez, cette espèce de saucisse noire ? Et bien ce matin, le jonc a éclaté. Il y avait des centaines de graines sur toute la table, une horreur. Après cette activité manuelle somme toute salissante, à laquelle tous ont participé, même les mini-miss téléphone, nous avons parlé de notre projet à réaliser et de nos observations de la matinée. Nous ferons donc deux panneaux de format A1, l’un sur Miass, ses monuments, sa culture, son histoire, et un autre sur la nature, les animaux, les lacs. Il me faudra imprimer quelques photos afin de pouvoir réaliser cela. Nous avons ensuite étalé les jeux de société un peu partout dans la salle, ce fut très sympa.
Après le déjeuner, ils voulaient absolument sortir faire une bataille de boules de neige. Nous avons donc affronté le grand froid, mais attention, pas pour n’importe quelle bataille. Nous avons fait deux équipes et pris vingt bonnes minutes pour construire des forteresses. S’en est suivi un long affrontement, ne débouchant sur aucun camp victorieux. Retour à l’intérieur, petits jeux, karaté, fin de journée tranquille.
Ce n’est que le deuxième jour, et je suis déjà épuisé. Il va m’être difficile de tenir le rythme…

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:35:09

Mercredi 2 novembre

C’est une nouvelle journée qui débute, la neige ne s’est pas arrêtée, apparemment, ça ne se calmera pas avant six mois. Mais il ne fait pas si froid, c’est plus que supportable. Il est quand même difficile de marcher en permanence dans la neige, ça colle aux semelles, c’est lourd, l’hiver traverse les baskets, mais bon, ce n’est pas comme si j’avais le choix. Nouvelle journée donc, après une nuit trop courte, encore une fois, j’ai terminé de préparer mon grand jeu de piste à une heure du matin, j’espère que les enfants seront contents, qu’ils s’amuseront, que je n’aurai pas de casse-couille pour dire qu’elles sont gelées, ou qu’elles préfèrent jouer avec le téléphone, on verra bien.
J’ai commencé la matinée de la meilleure des façons, avec des nouvelles de ma Coralie. Des nouvelles comme elle a l’habitude d’en donner, par grand morceau. Un long message vocal, de plus d’un quart d’heure, qui apporte du baume au cœur. Tout se passe bien pour elle, à Bâle, elle s’est apparemment entichée d’un suisse germanophone. Elle m’avait l’air complètement sous le charme, telle une princesse devant son prince charmant. Promenade, elle tente de l’approcher, ils se prennent la main, petit message timide, elle semble débuter le parfait amour. Je suis donc ravi pour elle, et je lui souhaite que cela débouche sur quelque chose. Je lui répondrai ce soir, je n’ai pas Internet pour le moment. Je vais passer ma journée en mode zombie, mais je l’espère plus reposante que celle d’hier. Déjà ce matin, je vais commencer par faire un tour en forêt pour déposer tous mes petits sachets plastiques avec les papiers, en laissant Michal et Sveta s’occuper des enfants. Ensuite, après le petit-déjeuner, le grand jeu. Je n’aurai pas grand-chose à faire, c’est surtout eux qui vont courir et réfléchir, je l’ai assez fait hier au soir. Et ensuite, bah, je sais pas trop, on verra, on s’organisera en fonction du temps. Il ne me reste plus qu’une semaine à passer à Miass. Je regrette maintenant toutes ces journées passées à la maison, sur l’ordinateur, à glander au lieu d’écrire mon carnet de route. Il y a tant de choses que j’aurais voulu faire. J’aurais voulu voir Chelyabinsk, je voudrais revoir une dernière fois tout le monde, mais le temps va vite me manquer. Hier au soir, la voisine était encore là pour boire un petit verre, et elles n’ont pas cessé, avec Elena, de parler de renouveler mon visa ou de m’en faire un autre, une fois mon tour achevé. L’idée que je puisse revenir ici se fait donc de plus en plus un chemin dans ma tête. Peut-être l’été prochain s’il me reste des sous, peut-être pas, je ne peux pas planifier aussi loin. Mais en tout cas, cela fait plaisir de voir que je suis le bienvenu ici.

J’ai encore du mal à réaliser ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Je suis sous le choc, je ne m’en remets pas. Il me faut peut-être commencer depuis le début. Depuis lundi, j’ai une des gamines qui ne veut rien faire, qui ne veut participer à rien. Elle souffre apparemment de problèmes physiques, et ne souhaite donc pas participer aux jeux actifs, soit. Mais lorsque l’on fait des jeux calmes, ou des jeux à penser, est-ce qu’elle y prend part ? Non, elle reste sur le côté, avec son téléphone. Lundi, elle avait embrigadé l’une de ses copines, elles étaient donc deux, sur le côté, à ne rien faire. Mardi, elles étaient trois, aujourd’hui, elles étaient quatre. Ce qui, sur un groupe de onze, fait quand même beaucoup. Pour aujourd’hui donc, j’avais préparé mon grand jeu, sur lequel j’avais passé une bonne partie de ma nuit, deux cadenas sur ma valise et le trésor à l’intérieur. Deux équipes, une avec Sveta, une avec Michal. La troupe des quatre casse-pieds s’est retrouvée avec ma collègue russe. Sans doute une erreur tactique de ma part, j’aurais dû faire les équipes moi-même, mais bon, passons. Ils s’élancent donc, commencent les énigmes. L’équipe de Sveta s’est trompée, ils sont allés à un endroit où ils n’auraient pas dû. Ils ont donc trouvé leur clé très rapidement. Bon soit, ils sont donc rentrés au chaud, vu qu’ils avaient leur clé. Sauf que ça ne s’est pas arrêté là. Ils ont ouvert leur cadenas, ok, mais il en restait encore un sur la valise, vu que l’autre équipe devait trouver la deuxième clé. Eh bien cette gamine, Eva, qu’apparemment rien n’arrête, a simplement forcé le cadenas, avec une épingle à cheveux, et elle a ensuite partagé les chocolats avec ses copines. J’étais à l’extérieur avec l’autre équipe, Sveta m’a appelé afin de me faire part de leur avancée. Quand j’ai vu que la valise avait été forcée, j’étais très en colère, et je l’ai bien fait comprendre. Bon, qu’elles aient fait une erreur, comme je l’ai dit, ce n’est pas un problème, ça peut arriver. Mais alors ça… Après avoir récupéré en partie les chocolats, non sans difficulté, je leur ai proposé de continuer le jeu, en leur disant que je voulais voir tous leurs petits papiers en plus de la clé. Sveta et Roma, un des garçons, étaient donc partant. Les quatre casse-couilles, forcément, n’avaient pas très envie. Je leur ai donc donné un choix, soit elles allaient avec Sveta, soit elles venaient avec moi, car je ne voulais évidemment pas d’enfant se baladant tout seul dans le camp. Les trois copines de la meneuse, voyant que j’étais dans une colère noire, ont donc préféré rejoindre Sveta. Eva elle, a dit « J’ai pas envie ! » Je l’ai donc prise par la main et l’ai tirée à moi afin qu’elle me suive. Mais elle a finalement rejoint ma collègue. Le jeu poursuit son cours, l’autre équipe poursuit bon an mal an, à une vitesse folle, tous s’amusant dans la forêt, tous s’éclatant dans la neige, ils m’ont remonté le moral après l’affaire du cadenas forcé. J’ai eu la mauvaise surprise de retrouver Sveta seule avec Roma, en train de jouer, les quatre autres étaient rentrées à l’intérieur, elles n’avaient plus envie d’être dehors. Soit, autant que ceux qui le veulent en profitent. Le jeu terminé, après moult péripéties dans un cadre enneigé, nous les avons tous rassemblés à l’intérieur afin d’ouvrir à nouveau la caisse au trésor que j’avais refermé. Avant de révéler la caverne d’Ali Baba, j’ai fait une petite mise au point, j’ai expliqué ce qu’il s’était passé, que le fait qu’elles ne parlent pas anglais ne me gênait pas plus que cela, que le fait qu’elles ne jouent pas ne me gênait pas plus que cela, mais que le fait qu’elles forcent le cadenas, volent les bonbons et ruinent le jeu me dérangeait plus que tout et était un manque de respect total envers leur camarades. Sveta a évidemment traduit tout cela. Une fois nos chocolats dégustés, nous avons donc vécu le reste de la journée normalement. Enfin, avec quatre filles en moins qui faisaient la gueule dans leur coin. J’ai bien essayé de les faire participer lorsque nous avons fait un petit bac, mais elles préféraient faire des avions en papier plutôt que d’intégrer le groupe.
Nous avons terminé par une bataille de boules de neige, encore. Bon, les casse-couilles n’avaient pas très envie d’y prendre part, on leur a proposé de faire les juges, comme Michal, elles n’ont pas voulu, et au moment de partir, grosse surprise. J’avoue que je suis quand même resté sur le cul. Nous avons vu débarquer la mère, et je suppose le grand frère, d’Eva. Pour qui pour quoi ? J’ai vite compris que la gamine avait été raconter à sa mère que je l’avais molestée violemment. J’en suis resté bouche bée, Sveta faisait la traduction entre les deux, mais évidemment la mère défendait sa gamine. Deux des copines qui étaient là ont également corroboré la version de leur chef, évidemment. J’étais donc assez désemparé face à cette situation que je n’avais encore jamais rencontrée. Je frappe les enfants. C’est tout nouveau, ça vient de sortir. J’avais donc le moral un peu à zéro, je ne souhaitais qu’une chose, retrouver ma famille et embrasser les filles. Sauf que, forcément, j’ai reçu un appel de Mia, qui avait été contactée par la mère. Cette dernière devait repartir pour Tcheliabinsk, et voulait donc que l’on se voit immédiatement, afin que l’on ait des explications avec Mia, qui faisait pour elle plus figure d’autorité que Sveta.
J’ai donc fait demi-tour pour les retrouver toutes deux dans un salon de coiffure, apparemment familial. Mia a demandé une pièce en privé, parce qu’avoir la grand-mère, le grand père, le frangin et le reste derrière, c’est un petit peu facile. Explications entre la mère, Mia, Eva et moi-même. Une demi-heure. J’ai perdu trente minutes, sans compter le trajet. La gamine n’a pas lâché sa version comme quoi je l’avais frappée, elle en a même rajouté un peu, apparemment j’aurais dit qu’elle posait problème, en russe. Quand Mia m’a dit ça, j’étais « oui, mais peut-être, peut-être pas, j’en sais rien, je dis des tas de choses dans un russe approximatif toute la journée, elles ne signifient pas forcément grand-chose, et peuvent être mal interprétées. »
Enfin bref, la mère campait sur ses positions, défendait sa gamine, mais à la fin elle a fini par se radoucir et sourire. Elle a dû comprendre que la version de sa progéniture pourrie gâtée n’était pas forcément parole divine. Eva ne viendra pas demain, c’est une bonne chose de faite. Nous pourrons peut-être récupérer les trois autres filles, à voir comment ça se passe. Je rentre maintenant vers la maison, dans un bus archi bondé. Mais ma journée n’est pas terminée, je dois m’occuper de mon colis, afin de l’envoyer avant mon départ, et appeler Tata Mado, voir si cela fonctionne, j’ai eu confirmation par Skype que je ne devrais normalement plus être en appel masqué. Une journée très difficile, mais il faut continuer, ils sont encore dix.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:35:35

Jeudi 3 novembre

Ma nuit fut divine. Couché à 22h30, levé à 8h00, neuf heures trente minutes de sommeil, j’en rêvais. Soirée tranquille à la maison hier, après les péripéties de la journée. J’aurais voulu avancer sur le carnet de route et taper tout ce que je mets sur le dictaphone, notamment mon trek au Taganaï et mes aventures de cette semaine, afin d’estimer où je dois faire écrire les enfants demain, sur le carnet papier. Car la fin approche, de plus en plus.
Quelques petites anecdotes sur la vie quotidienne à Miass auxquelles je pensais ce main et qui pourraient éventuellement vous intéresser. Comme je l’ai déjà mentionné, il neige depuis une semaine, nous en sommes déjà à trente bons centimètres, les routes ne sont ni salées, ni déneigées. Tous les véhicules ont des pneus neige et tassent les flocons en roulant dessus. À force de tassement, de dérapages et de piétinement, tout cela a tendance à fondre un petit peu, et l’on peut apercevoir de nouveau l’asphalte sous les routes un peu plus fréquentées. Celle de mon quartier, rien à faire, elle restera blanche, mais tassée. Même chose pour les trottoirs, des couches blanches écrasées, faisant comme de la glace, c’est assez glissant, donc ce n’est pas forcément facile à circuler. Toujours plus facile à progresser que s’il fallait avancer dans trente centimètres de neige. Apparemment, ils ne salent que dans les très grandes villes, d’après ce que m’a dit Sacha, donc ici, même pas la peine. Les gens n’ont pas encore sorti les vêtements d’hiver, ils sont toujours en jean. Peut-être qu’ils ont un legging en dessous, mais toujours pas de grosses combis, je dois être le seul. Des manteaux certes, des petits bonnets simples, il y a bien quelques babouchkas avec des grosses chapkas russes à fourrure typiques, mais elles se font plutôt rares. Et tout cela n’est que le début de l’hiver russe, je ne suis pas près d’en sortir, il va me falloir rester positif.

Ce ne sont finalement pas une, mais deux casse-couilles qui ont fait défection, apportant au reste du groupe une bouchée de fraîcheur. Les deux restantes se sont retrouvées à l’écart de la bonne équipe déjà formée, mais elles ont néanmoins participé à tout, parfois avec enthousiasme. Ça me rend triste de les voir comme ça, mais je ne peux plus y faire grand-chose à vingt-quatre heures de la fin. Elles se sont mises à l’écart toutes seules en choisissant le mauvais leader. Si elles avaient suivi Georgi ou Alena, elles feraient partie du groupe. Je ne le prends pas comme un échec, ma seule erreur a été de ne pas vouloir m’adapter à des gamines qui jouent leurs princesses et veulent tout sur un plateau. Si elles ont pu prendre une leçon de vie, ça ne peut pas leur faire de mal. J’espère juste ne pas en perdre encore demain matin… Plus qu’une seule journée, j’aurais voulu que ce soit plus long, que l’on fasse plus de choses maintenant que le groupe fonctionne à fond. Une seule semaine, c’est trop court, mais c’est le principe.
Il est déjà près de minuit, et je m’efforce de tout mettre sur Word ce que j’ai enregistré dans le dictaphone. Ne pas prendre de retard, faut que je sois à jour avant de partir, si ce n’est sur la version papier, au moins sur l’ordi, et que je puisse tout poster sur Écriture. Mon épisode de Koh-Lanta m’a déjà bouffé deux heures, je risque de passer une partie de ma nuit debout.

Vendredi 4 novembre

Ce centre n’aura duré que cinq jours, et pourtant, il a réussi à me faire lâcher des larmes. C’est la même chose presque à chaque fois que je quitte les enfants, c’est difficile, je me suis attaché à eux en si peu de temps, mais bon, c’est ainsi, il faut continuer, il faut être fort. Notre dernière journée s’est très bien passée, tranquillement, entre batailles de boules de neige, jeux au calme, nous avons terminé les affiches et, sur la fin, nous nous sommes échangés des petites cartes pour se souvenir de chacun. Ils ont griffonné dans mon carnet de route, j’avais plus ou moins estimé où les faire écrire, malgré que je n’avais pas terminé tout cela hier soir. Ils vont me manquer, ce fut une semaine magnifique, superbe, mais j’en reverrai peut-être certains dès ce soir. Il y a une pelmeni party, moi et Michal sommes invités. Plusieurs des enfants devraient y aller, Mia également, d’autres larmes sont peut-être encore à venir. J’ai le temps de rentrer à la maison pour une petite heure, je vais devoir réparer ma salopette qui a craqué. Une des bretelles s’est déchirée, ce n’est donc pas très pratique à porter. Je suis ravi d’avoir fait ce camp, j’ai beaucoup appris, car tout reposait sur mes épaules. Je ne sais pas comment Mia aurait fait si je n’avais été là que trois heures par jour, et Michal le reste du temps. Je ne sais pas s’il aurait pu s’en sortir, il s’est beaucoup reposé sur moi. Je me sentais tel le directeur de centre aéré, et ça fait du bien. Pette réunion sur la fin, nous avons demandé aux enfants ce qu’ils avaient aimé, ce qu’ils avaient préféré, ce qu’ils avaient détesté. Ils ont tout adoré, surtout la chasse au trésor. Il n’y a rien qui ne les ait ennuyés. Objectif réussi donc, sauf pour deux d’entre elles, deux fifilles à papa qui n’ont pas su s’intégrer et se plier à la dynamique de groupe. Je ne les regrette pas, les moments que j’ai passé avec les neuf autres ont été fabuleux.
Ça pue réellement la fin, j’ai horreur de ça, cela va être de pire en pire, et ce n’est pas près de finir. Je vais dire adieu à tout le monde, l’un après l’autre, jusqu’à mon départ jeudi prochain.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:36:08

Samedi 5 novembre

Encore une très longue journée riche en émotions. Je l’ai commencée ce matin à l’école n°4, avec ma troupe de théâtre. Ils étaient bizarrement tous là, même les deux nouveaux d’il y a quinze jours, et les deux toutes dernières. Confections de masques dans le brouhaha, ils sont prêts pour mardi et le demi-spectacle. Car nous n’avons que trois scènes de prêtes, vu que nous n’avons fait qu’intégrer de nouvelles personnes. J’ai ensuite directement filé vers Mashgorodok, au nord de Miass, afin de retrouver Michal, Vova, Nastya et Pacha pour un barbecue russe. Et un barbecue russe, ça se mérite. Ça ne se fait n’importe où, pas chez soi, pas dans le jardin, non, un barbecue russe, ça se fait au sommet de la montagne ! Une heure de grimpe, avec les sacs remplis de saucisses, bouteilles de cidre, flacon de ketchup et pains, j’ai eu beaucoup de mal à monter. Après cette semaine épuisante, ce fut assez difficile, mais j’y suis arrivé. Et le premier au sommet, alors que je trainais plutôt la patte au début. Mais finalement, cela valait le coup. Une vue absolument splendide sur la ville, le lac Turgoyak au-delà, immense. Un paysage de forêt à couper le souffle, des pins enneigés, et un soleil resplendissant. Premier bon point de ce souvenir qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Ensuite, le barbecue. Mais avec quoi ? Nous n’avons ni grilles, ni charbon, seules quelques feuilles de papier. Qu’à cela ne tienne, trouvons du bois mort, faisons le brûler. Notre feu n’était pas si mal au final. Et pour faire griller nos saucisses, il suffit de casser une branche et de les enfiler dessus, ce n’est pas plus compliqué que ça ! C’était délicieux, un souvenir complètement à part. Tous les cinq, dans la neige, abrités par une petite formation rocheuse, autour de notre feu, nos bouteilles de cidre se rafraichissant dans la poudreuse, notre saucisse embrochée sur un bout de bois dans la main, vraiment une vision qui m’a paru irréelle. Notre feu s’éteignant, nos estomacs étant pleins, nous avons pris le chemin du retour. La descente s’est faite, il faut l’avouer, bien plus rapidement. Car elle s’est faite sur les fesses. Quand j’ai vu la première pente à 45°, je me suis dit « Si j’essaye ça en restant debout, je vais me casser quelque chose. » Je me suis donc assis, et me suis laissé glisser. Bon, je n’avais pas encore la technique, j’ai mis mes pieds et mes talons devant pour freiner, je me suis pris une averse de neige pas possible dans la tronche, ce fut très froid mais bien marrant. J’ai enlevé les lunettes pour le reste de la descente afin d’y voir plus clair. Moi, Nastya et Pacha étions comme des gamins. Bon, à un moment donné, j’ai lancé un petit « à tout de suite Mamie », parce que j’ai vraiment cru que qu’avec Pacha nous allions nous prendre un arbre. Nous avons heureusement été freinés au dernier moment par un monticule de neige sorti d’on ne sait où, peut-être catapulté là par Mamie, qui sait ? Mais nous allions vraiment très très vite. Je hurlais à pleins poumons, une très grosse montée d’adrénaline.
Bus pour rentrer, il est déjà presque dix-neuf heures, j’arrive à la maison. Je ne sais pas trop ce que je vais y faire, mais dans tous les cas, ce ne sera pas trop fatiguant, vu que je suis au bout du rouleau. Cette fabuleuse journée restera, je pense, à jamais gravée dans ma mémoire. Je devrais normalement les revoir tous les quatre avant mon départ la semaine prochaine.

Dimanche 6 novembre

Nous avons passé la matinée sur les rives du lac Turgoyak, dans un centre d’activités pour enfants. Sacha et Elena l’avaient réservé pour deux heures, pour l’anniversaire de Sonia. Le petit voisin était présent, tout comme les cousins et d’autres amis. Une bonne dizaine d’enfants au total, qui se sont éclatés. Je me suis également bien dépensé en leur courant après dans la structure, malgré mes courbatures de la veille. Un très bon moment, qui m’aura achevé.
Il y a des instants, des impressions, qui ne peuvent être retranscrites par une photo. Je n’ai pas pris de clichés de ma soirée, je vais donc tenter de vous la décrire au mieux. Sacha souhaitait m’emmener au banya, une sorte de sauna, mais russe. Il y en a bien un au fond du jardin, mais il est tout petit. Nous sommes donc montés en voiture afin de gagner l’autre rive du lac Polikarpov, celui en face de la maison. J’étais un peu anxieux, car il m’avait promis le grand écart de température, de quoi à coup sûr tomber malade. Une route sinueuse enneigée, qui m’a rappelé de nombreux souvenirs, lorsque j’avais fait le tour du plan d’eau peu après mon arrivée. Nous atteignons le dernier village, un vieil homme nous attend. Il habite en ville mais vient régulièrement passer du temps dans sa datcha. Une grande maison de bois, avec un étage, des chambres, une cuisine et un poêle central, tout le confort nécessaire en ayant les pieds dans l’eau. Je rêverais de passer l’hiver ici, seul, avec l’unique silence pour compagnon. Nous avons tout d’abord fait le tour du propriétaire, la banya en elle-même est une autre bâtisse un peu plus en contrebas. Toujours de gros troncs de pins, un toit supportant placidement la neige qui s’accumule. Trois pièces, une chambre avec un lit, puis un vestibule, un genre de vestiaire, avec banc et porte-manteaux. L’ouverture du poêle est là, c’est ici que l’on rajoute du bois si besoin. Il y fait déjà chaud, le vieil homme a déjà tout préparé. Une porte en bois mène au banya, environ quinze mètres carrés, une table pour s’allonger et un banc pour s’asseoir. Des bassines, de grands pots d’eau fraîche, des branches qui trempent dans un seau. Les planches du sol sont régulièrement percées de trous, afin de permettre l’évacuation de l’eau. Nous ressortons, descendons jusqu’en bas du jardin, sur la rive du lac gelé. Le grand-père a cassé la glace, préparant un trou à même d’accueillir un homme. J’imagine déjà le pire alors que nous n’avons même pas commencé.
Retour au banya, maillot de bain, nous laissons les affaires dans la chambre adjacente afin qu’elles ne finissent pas humides. Nous pénétrons tous deux dans la pièce surchauffée, c’est une chape de chaleur qui s’abat sur moi. Il fait au moins cinquante degrés, et Sacha m’annonce que ce n’est que le début. Je transpire immédiatement à grosses gouttes, mes cheveux sont trempés en moins de cinq minutes. C’est un véritable four, je recherche des températures plus fraîches en m’asseyant au sol. Sacha verse quelques gouttes d’une essence de plantes dans une bassine chaude, afin de faciliter notre respiration. Nous ressortons dans le vestibule, buvons un coup d’eau fraîche. Retour dans la fournaise, nous nous fouettons avec les branches afin d’ouvrir davantage les pores de notre peau. Ça masse un peu, ce n’est pas désagréable. Sacha rajoute de l’eau chaude sur les pierres bouillantes au-dessus du four, augmentant encore la température. Il souhaite avoir vraiment très chaud avant de faire face à l’hiver russe. Je m’emmitoufle dans un peignoir, nous sortons. Je ne ressens pas particulièrement le froid, un peu au niveau des pieds, les tongs ne sont pas hermétiques à la neige… Comme si de rien n’était, Sacha s’immerge dans le lac à presque zéro degrés. Impossible que je fasse cela, le voir me suffit. Nous remontons pour un dernier passage dans le banya.
Retour dans la maison principale, thé et collation en compagnie du grand-père, âgé de soixante-douze ans, et qui est très loin de les faire. Au revoir chaleureux, nous retrouvons la voiture. Ce fut une très belle expérience pour moi, une véritable plongée dans la culture russe, une immersion complète. J’ai je pense éliminé un peu de graisse et de toxines diverses et variées, le processus est difficile, mais ne peut faire que du bien.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:37:01

Lundi 7 novembre

Ma date de départ est fixée, ce sera mercredi à 12h30, avec un covoiturage. Tout s’accélère, j’ai une liste de choses à faire longue comme le bras, dont l’achèvement du carnet de route sur Word si possible. Il ne me manque qu’une carte à réaliser, ainsi qu’à mettre sur Word ces derniers jours et une partie du trek à Taganaï. Je passerai mon après-midi en ville, notamment pour enfin envoyer mon colis de Noël. Je vais voir si je peux me dénicher des bottes, et un jeu de société pour ma famille russe. Je retrouverai ensuite Pacha une dernière fois, puis les ados de l’Odyssée de l’esprit. Tout va trop vite, je n’ai plus le temps de rien, je ne serai plus à Miass dans quarante-huit heures.

C’était mon avant-dernière journée complète. Il me reste trente-six heures avant mon départ, l’échéance se rapproche inlassablement. J’ai passé l’essentiel de ma matinée à bosser sur le carnet de route, j’ai beaucoup rattrapé de ce qui dormit sur le dictaphone, mais je doute de pouvoir réellement achever cela avant la date fatidique. Cet après-midi, j’ai commencé par la poste, ce fut un vrai sketch. Je souhaitais envoyer mon colis de noël et, après une demi-heure de queue, je m’avance vers la guichetière et lui dit que j’ai besoin d’un carton. Elena m’avait dit que je pouvais acheter cela directement là-bas. L’employée me regarde et me rétorque que je dois venir avec ma propre boîte, ils n’en ont pas.
« Quoi ? Pardon ? Mais je n’ai aucune idée d’où je peux trouver un carton ! » Je serais rentré la queue entre les jambes chez moi, si la grand-mère avec qui j’avais tapé la discute en faisait la queue ne s’était pas immiscée dans la conversation. Elle s’est un poil énervée, en gueulant sur la guichetière. Je n’ai pas tout compris, mais en gros, c’était ça :
« Mais vous voyez bien qu’il est étranger, donnez-lui une boîte bon sang ! C’est la poste ici, vous devez bien avoir cela dans un coin ! » Finalement, plusieurs des babouchkas qui attendaient se sont mises à interpeller l’employée. Au final, on m’a filé de quoi mettre mon bazar, ainsi que les formulaires à remplir. J’ai pu envoyer mon colis pour une trentaine d’euros et une heure et demi de mon temps. Je n’ai donc pu rien faire d’autre de ce que j’avais prévu. J’ai retrouvé directement Pacha pour manger un truc et le revoir une dernière fois. Il m’a offert un petit tigre, car c’est son signe chinois, et l’une de ses médailles, gagnées durant son adolescence. Et moi, con comme je suis, je n’avais absolument rien à lui offrir. Même pas une carte postale bretonne, je les avais oubliées. Je la lui enverrai donc par la poste. J’ai été très content de le rencontrer, ce fut une expérience enrichissante. Il ne me voyait pas comme une attraction, au contraire de la plupart des gens d’ici. Pour preuve, nous n’avons pas une seule photo de nous deux. J’ai vraiment apprécié sa compagnie et j’espère le revoir à mon retour.
J’avais ensuite rendez-vous dans un restaurant avec tous les enfants de l’odyssée de l’esprit, qui voulaient nous revoir moi et Michal une nouvelle fois avant notre départ. Mia était sur place, juste afin de pouvoir échanger les photos de la semaine dernière. Elle m’avait ce matin demandé si je pouvais venir plus tôt afin d’être interviewé par un journaliste local. Je lui avais répondu que non, que j’avais déjà prévu autre chose. En arrivant ce soir, elle m’a souligné que j’avais loupé une chance unique de figurer dans le journal local, comme si cela m’importait. Bref, j’ai récupéré les photos, elle est repartie, nous laissant moi et Michal avec la dizaine de gamins du groupe. Leur prof avait préparé pas mal de jeux, j’ai même pris quelques idées intéressantes. Pizzas, danse, un très bon moment avec eux. Je leur ai également laissé quelques pages de mon carnet de route afin qu’ils les marquent de leur empreinte. Rentré tard à la maison, petit thé et ensuite boulot. Cela fait deux heures que j’y suis, il est deux heures du matin, mais je viens d’achever la publication de toutes les photos de la semaine dernière sur Facebook. Les miennes, celles de Svetia et celles de Nastya. Une bonne grosse chose de faite. Demain, j’essaierai de poursuivre, d’en faire le maximum, mais jamais je ne ferai tout ce qu’il y a sur la liste.

Mardi 8 novembre

Le consulat de Chine a Oulan-Bator ne délivre plus de visa aux étrangers de passage en Mongolie. Il n’est donc plus possible pour les ressortissants de se rendre en Chine depuis la Mongolie si un visa n’a pas été obtenu préalablement en France ou dans le pays de résidence.
Comme on dit, shit happens. Je ne verrai donc pas Pékin, la Cité Interdite, jusqu’où fut Genghis Khan. Je ne verrai pas la grande muraille de Chine, censée arrêter les invasions mongoles. Impossible pour moi de pénétrer le territoire chinois sans un visa fait à l’ambassade en France. Je vais donc devoir changer mes plans, ce sera un avion direct entre la Mongolie et le Kazakhstan, à voir si cela colle toujours avec l’école au Kirghizistan. Je n’ai pas beaucoup de temps ce matin, je vais apprendre aux filles à faire des atebas, et cet après-midi, je voudrais me dénicher des bottes, ainsi qu’un jeu de société pour offrir à ma famille. Je dois ensuite voir Nastya et Vova pour la dernière fois, puis le théâtre à 16h00. Représentation devant les parents à 18h00, je vais encore finir tard. Mais une ultime fête m’attendra ensuite à la maison. Une fois finie, j’essaierai de me regarder mon épisode de Koh-Lanta en pleine nuit, histoire que ce soit fait avant de partir. Il me reste un tout petit peu plus de vingt-quatre heures avant mon départ, et je n’ai pas encore trop le temps d’y penser.

Voilà, c’était ma dernière journée, elle est passée bien trop vite. J’ai gaspillé ma matinée à regarder les solutions pour l’après-Mongolie, au lieu de bosser le journal de bord. Il n’y a malheureusement aucun vol direct avec le Kazakhstan. Ma seule possibilité d’avion serait un vol pour Bichkek, au Kirghizistan, mais il coûte quatre cents dollars, ce qui fait quand même une petite somme. J’ai sinon plus tard pensé à peut-être faire un visa de transit pour la Russie. Je pourrais ainsi passer par voie de terre. À voir si cela est possible. Cela s’annonce donc comme un vrai casse-tête. J’ai ensuite été en ville, j’ai trouvé un jeu de société pour ma famille, très sympa, il faut trouver des paires, ça s’appelle Dobble. Nous y avons joué ce soir, ils se sont bien amusés. Bon, sauf Lana, qui est très mauvaise perdante. J’ai ensuite revu une dernière fois Nastya et Vova. Ce dernier m’a offert une paire de gants et des chaussettes de grand-mère, de quoi me tenir chaud pour l’hiver. Nastya elle, m’a offert un micro-livre regroupant des poèmes de Pouchkine, ainsi qu’une pièce de deux kopecks de 1827. Elle tenait apparemment à m’en faire cadeau, malgré le prix élevé de la chose. Elle m’a affirmé que la pièce valait cent quinze euros, ce qui est quand même une petite somme, surtout pour un russe. Et moi je n’avais que de malheureuses cartes postales de Bretagne à leur offrir. Et ensuite, le théâtre, rendez-vous à seize heures. La salle où nous devions normalement être n’était pas libre. Les gamins avaient encore cours, je n’en avais donc que quatre. Ultime preuve de la sublime organisation de Mia. J’ai néanmoins répété avec elles, puis avec ceux débarquant au fur et à mesure. Olga est arrivée sur ces entrefaites, elle s’est énervée pour un oui ou pour un non, et a changé plein de trucs, alors que nous avions très bien répété l’heure auparavant. Je voyais venir un grand désastre, surtout avec les nouveaux qui ne connaissaient pas leur texte. Au final, la représentation devant les parents s’est plutôt bien passée, il n’y a pas eu de couacs, ils n’ont pas oublié de lignes. Bon, ce que disaient les deux dernières nouvelles était incompréhensible, mais vu que les parents ne parlent pas anglais, ça ne s’est pas vu. Seul Michal, qui était là comme spectateur, l’a remarqué. Et enfin, petit goûter avec eux, ils ont également écrit dans mon carnet de route.
Retour à la maison, échange de cadeau, ils m’ont offert des moufles de l’armée et un paquet à ne pas ouvrir avant Noël. Feux d’artifices tirés par Sacha, dernier dîner, jeu de société, échanges de bons mots. Je viens d’achever le visionnage de Koh-Lanta, car je ne sais pas comment sera le wifi à l’hostel demain soir. C’est la fin. Ne pas pleurer, il faut continuer.

Mercredi 9 novembre

Ca y est, je les ai quittés. Mes yeux sont encore rouges d’avoir trop pleuré. Je laisse derrière moi une famille avec laquelle j’ai passé deux mois, une famille avec laquelle j’ai de nombreux souvenirs. Je laisse derrière moi ma famille russe. Malgré la promesse de se revoir, c’est difficile, car des promesses de ce genre, j’en ai déjà faites plusieurs, en Équateur, en Irlande, en Allemagne, mais pour certaines, je ne les ai toujours pas tenues. Je sais que je suis le bienvenu ici quand je le désire, car je n’aurais aucun souci à refaire un visa. Mais encore faut-il que je replace Miass sur ma route. J’ai naturellement versé quelques larmes, j’ai évité les sanglots. C’est mon mode de vie, je l’ai choisi. Il faut que je sois fort, et que je l’accepte, même si c’est difficile. Je suis avec Sacha sur la route de mon covoiturage, au nord de la ville, nous partons dans moins de vingt minutes, direction Iekaterinbourg. Je m’élance pour trois semaines sur les rails du Transsibérien.
J’ai vécu à Miass deux mois absolument fantastiques. J’ai rencontré des tas de gens, Nastya, Vova, Pacha, Mia, ma famille et tous les enfants. J’ai vécu des expériences fabuleuses, le camp, le théâtre, l’odyssée de l’esprit, le trek dans le Taganaï. Ce sont des moments que je n’oublierai pas, jamais. Je n’ai pas rattrapé l’entièreté de mon retard dans ce fichu carnet de route, tant pis, j’ai profité du reste. Je n’ai pas franchement bossé mon russe, tant pis. Je n’ai pas forcément tout vu, genre Tcheliabinsk, tant pis. Mais j’en ai profité. J’ai profité de chaque moment et aujourd’hui, je ne regrette rien, rien de ces deux mois passés au cœur de l’Oural, entouré de toutes ces forêts et de toutes ces montagnes. Je ne regrette rien de tous ces moments, de tous ces instants, de toutes ces tranches de vie. Je ne regrette rien, c’est une page qui se tourne.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 13:38:08

Voilà, je suis désolé de tout poster d'un coup, mais j'étais bloqué au niveau du trek, qui figurait encore sur le dictaphone https://image.noelshack.com/fichiers/2016/39/1475401891-valls2.gif

N'oublier pas ce qui manque, les trucs pas logiques etc, comme j'ai mentionné plus haut svp. :hap:

Suledhel Suledhel
MP
Niveau 10
13 novembre 2016 à 14:04:59

Je suis rendue au 19 septembre - ce post est moins pour toi que pour moi, histoire de reprendre au bon endroit, sorry pour la lenteur, mais je progresse :hap: Congé mardi, je devrais rattraper tout ça :)

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 14:22:39

Le 13 novembre 2016 à 14:04:59 Suledhel a écrit :
Je suis rendue au 19 septembre - ce post est moins pour toi que pour moi, histoire de reprendre au bon endroit, sorry pour la lenteur, mais je progresse :hap: Congé mardi, je devrais rattraper tout ça :)

Niveau lenteur je suis pas mal non plus... https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366197-risitas10.png
Je vais essayer de pas prendre de retard pour la Sibérie. J'ai 25h de train demain, vous n'avez qu'à priez pour que je trouve de quoi me brancher https://image.noelshack.com/fichiers/2016/26/1467335935-jesus1.png

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
13 novembre 2016 à 17:21:52

J'ai tout rattrapé :fete:

Décidément, elle t'en aura mis, des bâtons dans les roues la Mia :hap: On sent vraiment ton énervement face au manque d'organisation.
Et OMG la gamine qui ment et qui dit que tu l'as frappé :rire: Heureusement pour toi, la mère a semblé avoir compris que sa morveuse mentait. Elle mérite bien de se faire recadrer. C'est dangereux les gosses qui mentent sur ce genre de trucs, ça peut détruire des gens :(

Déçu que tu ne mentionne pas ta rupture avec Homm :-( :hap:

Message édité le 13 novembre 2016 à 17:23:18 par HelpingFR
Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
15 novembre 2016 à 05:35:36

Ce courage de Helping qui rattrape tout https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366261-risitas51.png [[sticker:p/1kkr]]

Merci pour ta lecture, ça fait chaud au coeur. :hap: J'avoue la Mia j'en pouvais plus sur la fin :rire: https://image.noelshack.com/fichiers/2016/39/1475401891-valls2.gif
Et la gamine mais c'est dingue! :ouch: Si à 11 piges elle raconte ça, qu'est-ce que ce sera à vingt! Une future politique en puissance! https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366197-risitas10.png

Sinon, est-ce qu'il te manque quelque chose? De quoi aurais-tu voulu que je parle et que je n'ai pas fait? Des choses que je mentionne et qui disparaissent ensuite? Un avis sur la construction de l'ensemble? Pas trop décousu? agréable à lire? Merci pour ton aide :cute:

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
19 novembre 2016 à 05:42:21

https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479530445-p1060090.jpg

Jeudi 10 novembre

J’ai bien ronflé, malgré que je me sois endormi très tard, il était près de deux heures du matin. Ma sieste de trois heures dans la voiture m’aura été fatale. J’ai profité d’être tranquille et seul à l’hostel pour finir de taper le récit de mon trek au Taganaï. Je n’ai plus qu’à tout relire, jusqu’à ces derniers jours, terminer la carte associée à cette randonnée, et je pourrai tout poster mon séjour à Miass. J’espère pouvoir le faire chez mon hôte, car je pense accumuler les fichiers vocaux sur le dictaphone dans les prochains jours, ce qui annonce malheureusement encore et toujours plus de retard. Je me dirige désormais chez Nastya, qui a accepté de m’héberger pour les deux nuits à venir. Enfin, une et demie, vu que je prends le train dans la nuit de vendredi à samedi. Toit ne peux que bien se passer, la ville s’annonce riche en musées et en histoire. Deux jours qui risquent d’être fort chargés.

Je suis tombé sur une alien. Mais complètement. Pas très grande, des cheveux blonds mi-courts et en pétard, des lunettes sur un nez retroussé. Je suis arrivé à 9h30 chez elle, comme convenu. Elle habite dans la proche périphérie d’Iekaterinbourg, logée dans une tour qui date de l’ère soviétique. Son appartement est plutôt miteux, mais c’est en grande partie de sa faute. La cuisine est dans un état lamentable, je ne me vois pas préparer quoi que ce soit ce soir. Il n’y pas de chasse d’eau dans les toilettes, qui dégagent une odeur nauséabonde. Au moins, mon lit a l’air plus ou moins propre. La fille est complètement perchée, je pense qu’elle a passé une bonne partie de la nuit au-dehors à faire la fête et, du coup, ce matin, elle dormait. Je ne rêve que d’une chose, c’est de la quitter au plus vite. Nous avions à peine franchi le pas de la porte, et alors qu’aucune des discussions habituelles n’avait été entamée, elle m’a demandé si je voulais aller à une soirée demain, qui devrait sans doute durer toute la nuit. Elle m’a montré des photos de l’event, du genre de la soirée. Des colliers à pointes, des femmes nues, ça m’a tout l’air d’être du SM. Effrayé, j’ai immédiatement sorti l’excuse de mon train en pleine nuit, à cause duquel je ne pourrais malheureusement pas y aller. Gonflée quand même la gonzesse… Me demande ouverte précisait pourtant que je n’étais pas un oiseau de nuit…
Après deux heures passées sur mon ordinateur, à feuilleter le guide du Lonely Planet ou à relire mes lignes sur le trek, j’ai décidé de m’éclipser afin de visiter la ville. Je n’allais pas rester dans cet appart toute la journée. Au moment où je tentais de m’éclipser, après avoir laissé un mot, elle s’est soudainement réveillée. Une gueule de droguée du lendemain, elle m’a donné quelques informations. Elle a cours, apparemment, de 18h30 à 0h00. Je dois donc rentrer avant 18h00, afin qu’elle puisse m’enfermer à l’intérieur, car il n’y a qu’une seule clé. Je suis quelque part soulagé, je n’aurai pas de longue soirée en face à face avec elle en perspective. Je serai seul, tranquille, à bosser sur mon carnet de route, ce qui me plait bien davantage. Pour demain, j’aimerais bien pouvoir partir dès le matin avec toutes mes affaires, et aller directement à la gare, où je les laisserai dans un casier. Je pense que c’est possible, je demanderai confirmation à l’office du tourisme, vers lequel je me dirige maintenant. Je pourrais ainsi fuir cette martienne au plus vite, je ne suis tout de même pas des plus à l’aise en sa présence, c’est bien dommage.

J’en suis à mon troisième arrêt. Le premier était l’office du tourisme, afin de me procurer une carte et quelques informations. Une ligne rouge parcourt le centre-ville, elle est enfouie sous la neige, mais je vais pouvoir la suivre grâce à la carte, elle me permettra de voir l’essentiel de Iekaterinbourg. L’employée m’a également conseillé quelques autres endroits, tels un monastère, un peu plus au sud, à voir si j’ai le temps. Le deuxième arrêt fut un distributeur, déniché grâce à l’application 2gis, installée sur mon téléphone. À Saint-Pétersbourg, j’avais noté dans quelle banque j’avais pu retirer une somme importante sans problèmes. J’ai donc entré ce nom dans mon téléphone et suis tombé sur un de leur distributeur, auquel j’ai pu soutirer quarante mille roubles, environ cinq cent cinquante euros. C’est bien plus que ce que je n’aurai besoin pour achever ma route russe, mais je compte changer le reste de ces roubles en Mongolie ou au Kazakhstan. Cela m’évitera de devoir retirer à chaque fois et de devoir payer de nouvelles commissions.
Troisième arrêt donc, comme je le disais, la tour Visotski, qui domine le centre de ses cent-quatre-vingt-dix-huit mètres. L’on dit que c’est le gratte-ciel le plus au nord de toute la Terre, je peux absolument tout voir. C’est sublime. Le soleil règne en maitre dans un ciel sans nuages, bleu, limpide. La ligne d’horizon n’est pas très nette, sans doute la pollution. Et à mes pieds, Iekaterinbourg. En été, je pense que ce doit être hideux, car outre quelques bâtiments remarquables, tels l’opéra ou la mairie, et quelques cathédrales, le reste n’est qu’un ensemble de hauts bâtiments et de larges avenues au trafic engorgé. Mais nous sommes en hiver, et tout est recouvert de blanc. Les toits, les trottoirs, les coupoles, les parcs, les étangs, c’est un spectacle sublime, j’en prends plein les yeux, notamment grâce au climat exceptionnel d’aujourd’hui. J’ai sorti mes lunettes de soleil, ça peut paraître bizarre par -15, mais elles sont malheureusement nécessaires. La réverbération des rayons astraux sur la neige, affecte particulièrement mes rétines. Je ne regrette donc pas de les avoir emportées ce matin. Des odeurs de nourritures s’échappent des bouches de ventilation du restaurant situé à l’étage au-dessous. Ces effluves réveillent mon estomac qui se met à gronder, il me va falloir trouver un restaurant, je pourrais ainsi quelque peu réchauffer mon visage transi par le froid. Je ne regrette pas d’être monté, c’est un spectacle magnifique, mais il est déjà presque 14h00, le temps file à toute allure. Si je veux pouvoir en voir le maximum, il me va falloir presser le rythme.

Cette église n’est pourtant qu’un petit point sur ma carte, mais elle était sur le chemin qui mène au monastère Alexandre Nevski. À l’extérieur, elle est revêtue d’un jaune pâle et lisse, j’y suis rentré pour jeter un œil. À l’intérieur, comme beaucoup de ses comparses orthodoxes, des couleurs. Beaucoup de couleurs, et vives. Du rouge, du bleu, du vert, du jaune, de l’ocre, de l’orange, l’ensemble de la surface est peinte. Murs et voûtes se marient harmonieusement en de sublimes tableaux. Beaucoup de scènes bibliques, mais la seule que j’ai pu reconnaitre avec certitude, c’est celle de l’arche de Noé, et de son fameux déluge. Une décoration fascinante, dont je suis absolument fan. C’est complètement mon type d’église, rien à voir avec nos édifices gothiques et gris ou bien baroques et surchargés d’or. Ici, l’église est moderne, aux formes basiques, avec de simples fenêtres carrés laissant entrer la lumière. Et pourtant, c’est un chef-d’œuvre. Un chef-d’œuvre nommé Sveto-Troetski, la cathédrale de la Sainte-Trinité.

Ça fait un bien fou de remplir son estomac et vider sa vessie. J’ai trouvé un petit restau bien sympa, sur le bord de la route, tenu par des ouzbèkes, tadjiks ou turkmènes, voir kazakhs. Quelque chose dans ce genre-là, car ils étaient un petit peu basanés. C’était fort bon, c’était chaud, et ce n’était pas plus cher qu’ailleurs. Bon, je me suis fait avoir au niveau du plat principal, ce que je pensais être un goulasch était en fait un mélange d’abats, et ce n’est pas trop mon truc. Je suis de nouveau plein d’énergie, il est déjà 15h00. Il me reste un peu plus de cent vingt minutes pour voir ce que je peux voir, le maximum, ça me fera ça de moins demain.
Vu de là-haut, la ville avait l’air d’être un ensemble de bâtiments tous plus moches les uns que les autres. Mais en fait, en se promenant dans les rues, il y a par-ci par-là une vieille maison bourgeoise, ou bien une masure en rondins qui a survécu au passage du temps. Il y a donc des petits endroits sympas qui méritent d’être vus. Je passe à l’instant devant le cirque, surmonté d’un énorme dôme. Le cirque semble être une tradition bien ancrée en Russie, car ce n’est pas le premier que je croise. Ces immenses édifices leurs sont construits, car un chapiteau serait bien inutile au-dehors. Il fait extrêmement froid, j’ai, pour la première fois, réellement froid, je grelotte. Surtout au niveau du visage. Je ne sais pas ce qui fait cela, je ne sais pas quelle est la différence avec Miass, mais quoi qu’il en soit, je serais bien heureux de rentrer au chaud ce soir, même si c’est pour croiser la teubé.

La cathédrale Alexandre Nevski se détache finalement peu sur le paysage. Ses murs sont d’un blanc cassé, entourée de jardins recouverts de neige, forcément, elle n’est pas des plus visible. Seuls ses dômes d’or se découpent sur le ciel bleu, toujours sans nuages. L’intérieur est lui extrêmement riche, des peintures partout, comme à chaque fois, très belles, très précises, mais également beaucoup de dorures à la feuille d’or, notamment au niveau du dôme central. C’est très riche, très beau, mais l’on m’a arrêté avant que je ne fasse davantage de photos. C’est vraiment un très bel endroit.

Je surkiffe les parcs en plein hiver. Tour est figé, tout est silencieux, tout est blanc. L’arboretum dort sous cinquante centimètres de neige. Des employés municipaux s’engagent à la dégager du chemin pour l’empiler sur les côtés. Ils ont bien du courage, ils y vont à la pelle. Dans les rues et sur les trottoirs, ce sont les pelleteuses qui travaillent, afin d’offrir un passage aux piétons et aux véhicules. La poudreuse est chargée dans des camions à la destination inconnue.
J’adore ce parc. Les sapins se dressent fièrement, résistants malgré le poids des flocons reposant sur leurs branches. Les saisonniers eux, dorment d’un profond sommeil. Leurs branches dénudées supportent une fine couche de neige, donnant à ces amas de branches une allure inquiétante. En réalité, la poudreuse les protège du froid. Elle forme, comme sur les lacs, une couche protectrice, une sorte de couverture. C’est pour cela que les sapins résistent si bien à des températures aussi basses. Le soleil semble déjà se coucher sur l’horizon alors qu’il n’est que seize heures. Je vais donc m’empresser de terminer mon tour pour aujourd’hui, afin de faire les meilleures photos. Il me reste environ deux heures avant de rentrer chez l’autre cinglée.

J’ai atteint le plan d’eau situé au cœur de la ville, juste au bon moment. Les vitres des gratte-ciels au fond reflètent l’orange du coucher de soleil derrière moi. Ce sont de multiples éclats jaunes qui scintillent face à un plan blanc immobile et silencieux. Seuls quelques oiseaux volètent par-ci par-là, sans doute à la recherche d’un coin non gelé. Quelques nuages ont fait leur apparition, pour mon plus grand plaisir. Ils se teintent de roses et de rouges, c’est absolument sublime. Sur ma droite, une très vieille demeure, du nom de maison Sebastianov. Elle est grande, une coupole faisant le coin, pleine de détails, des fenêtres ornées de manières spectaculaires, des couleurs turquoise et grenat imbriquées dans des entrelacs de blanc. C’est je pense, de loin, l’édifice le plus beau que j’ai pu observer jusqu’à maintenant à Iekaterinbourg. La bâtisse a vraiment quelque chose à part, elle est là, en plein centre, faisant face au trafic, elle a traversé les âges, imperturbable, se tenant toujours là après sans doute plusieurs centaines d’années. Mon visage est frigorifié, mais j’ai encore un peu de temps avant de rentrer. Plus tard je serai à la maison, moins je devrai combler la conversation avec l’illuminée.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
19 novembre 2016 à 05:43:07

Rentré à 18h00, la demi-folle m’a ouvert la porte avant de s’éclipser aussi sec et refermer derrière elle. Elle m’a indiqué qu’elle ne rentrerait pas avant deux heures du matin. J’ai donc passé ma soirée seul sur l’ordinateur, entre le visionnage de Lilo et Stitch en russe sous-titré anglais, et la relecture du journal du bord. La connexion Internet étant trop aléatoire, impossible de mettre de quelconques photos sur Facebook. Peut-être samedi soir, à l’hostel de Tobolsk. Je m’étais arrêté dans un magasin du coin pour faire des provisions, mais j’ai omis d’acheter de l’eau. Je ne fais pas trop confiance à l’eau du robinet ici, les russes eux-mêmes ne la boivent pas. Il y avait bien une bouilloire, mais quand je vois l’état de la cuisine, ça ne donne pas trop envie de s’en servir. Mais j’ai finalement découvert qu’il y avait sur le côté de l’évier un autre tout petit robinet, comme à l’hostel d’hier, relié à un système de filtrage. Je ne mourrai donc pas déshydraté cette nuit. Je ne rêve que d’une chose, fuir cet appartement. Il est sympa, malgré quelques lattes de plancher qui se décollent ou quelques carreaux de carrelage manquant mais, vu la vétusté du bâtiment, c’est normal. Mais si seulement elle en prenait soin. C’est dans un état pas possible, c’est vraiment très difficile pour moi. Et pourtant, j’en ai vu des apparts sur la route, j’ai dormi n’importe où, sur le bord du chemin, à même le sol parfois, dans des cabanes au fond du jardin, mais là… mais là, c’est trop. Je suis resté dans la chambre autant que faire ce peu, car elle n’a pas l’air trop crade, une fois le drap de dessous secoué et débarrassé de toute sa merde évidemment. Je vais même utiliser mon propre sac de couchage et non sa couette tellement je suis dégoûté. J’ai jeté un œil au living-room, là où elle dort, et c’est un véritable bazar. Ok le sol est crade, y’a des miettes et des poussières, c’est pas bien grave, mais les trois autres pièces auxquelles j’ai accès me font horreur. La cuisine elle, ne donne pas envie de cuisiner, heureusement que la chtarbée a répondu négativement ce matin à mon invitation à diner, je ne sais pas comment j’aurais pu faire à manger là-dedans. Des casseroles sales, des verres puants, un évier qui n’évacue même pas l’eau, c’est absolument abominable, immonde, il n’y a par chance rien dans le frigo, je suis certain que ce serait moisi. La salle de bain ensuite, dans laquelle je n’ai même pas mis un orteil. Au sol, de l’eau venue d’on se sait où, qui croupit là depuis un moment. Un lavabo dans un état absolument déplorable, un vrai dépotoir. Je ne comprends pas à quoi cela sert d’avoir des bouteilles de savon à côté, rien que le fait de toucher le robinet doit te contaminer avec des centaines de milliers de bactéries. Et alors le summum, le top de l’apogée, ce sont les toilettes. Je retiens ma respiration en y allant, vraiment. C’est une infection. En cause, une cuvette qu’elle n’a sans doute jamais brossée, je dis bien jamais. Parfois, le fond de la cuvette noircit au bout de quelques années d’accord, mais là, tout est recouvert d’une sorte de mince pellicule jaune, sans doute collante, résultat de plusieurs mois ou années de pisse sans nettoyer, et je ne vous dis rien des traces de merde. Quant à la chasse d’eau, elle semblait ne pas marcher, mais il suffit d’ouvrir le couvercle pour pouvoir la tirer. Il faudrait foutre un bon coup d’acide sulfurique dans ces chiottes, vraiment. C’est immonde, ça ne donne absolument pas envie d’y aller.
Je ne sais donc pas quel sera mon plan demain matin, j’aimerai bien, au lever, pouvoir fuir au plus vite avec mon barda. Je n’aurais ainsi pas à revenir dans ce nid à parasites. Mais encore faut-il qu’elle soit levée demain matin. Si elle rentre tard et passe sa nuit à je ne sais quoi, car je trouve bizarre qu’elle ait classe jusqu’à deux heures du matin, Dieu seul sait dans quel état elle sera à mon lever. J’ai déjà décidé de ne pas lui laisser de référence sur le site de Couchsurfing, même mauvaise, car elle pourrait également en écrire une de négative. Ce n’est pas forcément cool pour les voyageurs à venir, mais je ne tiens pas à ce que cette malheureuse expérience entache mon irréprochable passé de couchsurfeur. Il est déjà fort tard, bonne nuit.

Vendredi 11 novembre

Je me suis échappé, enfin, et en réussissant à rester poli, en plus ! J’ai passé une très bonne nuit, juste entrecoupée par le retour de la teubée à 4h30 du matin. J’avais déjà préparé toutes mes valises avant de partir, je lui ai demandé si elle serait là ce soir, ce à quoi elle a malheureusement répondu par l’affirmative. J’ai néanmoins prétexté que ce serait plus facile si je laissais mes affaires dans le centre-ville, elle n’a pas bronché du tout. Pour rester courtois, j’ai voulu lancer quelques phrases, du genre que c’était dommage qu’elle ait des horaires de nuit, que nous n’ayons pas pu communiquer davantage, mais bon, ça n’a pas eu l’air de l’intéresser plus que cela. Elle m’a souhaité bon voyage et dit que je pouvais revenir quand je le voulais. Ben ce ne sera pas pour tout de suite… Alors pour elle, c’est peut-être normal cette façons d’être, et c’est son principe du Couchsurfing, mais ce n’est pas le mien. J’ai l’impression d’avoir dormi dans un hôtel miteux, j’aurais limite préféré payer une nuit de plus à l’hostel avec le réceptionniste mignon et être plus reposé dans ma tête. Mais bon, je suis sorti, c’est le principal. Je suis dans le tram en direction de la gare, où j’espère y laisser tout mon merdier pour pas trop cher, afin de pouvoir passer le reste de la journée à visiter ce que je n’ai pas encore vu. Il fait encore un temps superbe, un ciel bleu sans nuages, cela n’annonce que du beau.

La cathédrale sur le sang versé de tout les Saints de Russie, se dresse fièrement au sommet d’une toute petite colline. Elle est immense, c’est non seulement la plus grande de la ville, mais aussi l’une des plus imposantes du pays. Des murs blancs, des dômes d’ors, elle a l’air aussi vieille que la cathédrale de l’Ascension qui lui fait face, elle toute de bleu vêtue. Mais alors que la seconde date de la fin du XVIIIème siècle, la première date du XXIème. Elle a été bâtie entre 2000 et 2003, sur un site longtemps désaffecté. Jadis se trouvait là une maison tristement célèbre, la demeure d’Ipatiev. Ça ne vous dit rien ? Ce nom ne m’inspirait pas non plus grand-chose. Et pourtant, pour les russes, elle signifie énormément. C’est dans cette maison que le 17 juillet 1918, les sept membres de la famille impériale furent sauvagement assassiné par des révolutionnaires, mettant définitivement fin à l’Empire Russe. Leurs corps furent jetés dans une fosse commune, et ce n’est qu’en 1998 qu’ils rejoignirent la nécropole royale à Saint-Pétersbourg. Aujourd’hui, à l’endroit de leur mort, se dresse une cathédrale, pour commémorer ce moment tragique qui a marqué l’histoire russe. À l’intérieur, un musée retrace les détails de cet événement. Je vais y pénétrer afin de m’imprégner des ultimes moments du dernier des tsars.

Je sors tout juste du musée d’histoire de la ville d’Iekaterinbourg. Il n’est pas très grand, mais ce fut néanmoins intéressant, surtout pour le prix dérisoire. Iekaterinbourg est une ville jeune. Située dans l’Oural, à près de 1700 kilomètres de Moscou, elle n’a débuté son développement qu’au début du XVIIIème siècle, avec les réformes de Pierre le Grand, visant à faire de l’Oural un nouveau centre industriel. Les montagnes sont en effet riches en fer, et ce fut très rapidement que l’industrie minière s’installa dans le coin. On y découvrit du cuivre, et les usines locales furent rapidement les seules à produire l’ensemble de la monnaie de cuivre pout tout l’Empire russe. Mais ce n’est qu’en 1781, plus d’un siècle après sa fondation, que la cité recevra officiellement le statut de ville, par décret de Catherine II. La guerre de 1812 n’atteindra pas la région, qui pourra développer sa prospérité. Entre 1820 et 1850, la région se transformera en Klondike américain. On a découvert de l’or ! La cité devient un centre important de la joaillerie, célèbre de par le monde alors connu. Ce fut l’apogée d’Iekaterinbourg. Elle conservera par la suite son statut de ville industrielle, et beaucoup d’usines seront transférées ici, à l’abri, durant la seconde guerre mondiale. Iekaterinbourg est aujourd’hui une ville moderne, d’un million et demi d’habitants, qui accueille de nombreux événements internationaux et qui verra se jouer certains matchs de la coupe du monde de football en 2018. Après cet intermède historique, je vais me diriger vers un nouveau musée, pour une deuxième parenthèse dans l’Histoire.

Les habitants sont très fiers de leur enfant du pays, internationalement reconnu. Boris Eltsine est le premier président de la Fédération de Russie après la chute de l’URSS qu’il aura lui-même provoquée.
En 1987, après un discours cinglant auprès des membres du parti communiste qui lui fut fatal, il est écarté des instances du pouvoir. Mais il revient vite, et par les urnes, il est démocratiquement élu président de Russie en 1991. Le 19 août a lieu un coup d’état. Le lendemain devait se signer un nouvel acte d’union, donnant davantage d’indépendance aux différentes républiques. Les membres de l’aile dure du parti communiste ne l’entendent pas de cette oreille, et envoient les tanks sur Moscou. La population se rend dans les rues, Boris Eltsine également. Il prononcera cette fameuse phrase du haut d’une tourelle de tank : « Toutes les décisions prises par la comité d’état d’urgence sont illégales. » Il répudie de ce fait le parti communiste, Gorbatchev à sa tête. C’est le coup de grâce pour le leadership soviet, le peuple gronde aux quatre coins de l’Union.
Les deux jours suivants furent décisifs. Discours, manifestations, morts, le 22, après trois jours d’affrontements, ce sont les manifestants pro-démocratie qui l’emportent, les tanks quittent Moscou. Les images très éprouvantes du musée donnent des frissons. Je revis réellement ce moment historique, c’est exceptionnellement bien fait.
Avant la fin du mois d’aout, sept républiques auront déjà déclaré leur indépendance. Les trois pays baltes, dès le 20, puis le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, la Géorgie et la Moldavie. Les autres suivront rapidement, les unes après les autres, démantelant l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Le 1er décembre, les ukrainiens votent par référendum leur indépendance. Le 16 décembre, le Kazakhstan est la dernière des anciennes républiques à faire sécession. Le 25 décembre 1991, la Russie et Boris Eltsine à sa tête déclarent ne plus reconnaître les autorités soviétiques, signant par là-même la fin de l’URSS.
Mais Boris Eltsine n’a pas les mains libres, il souhaiterait mener un grand train de réformes afin de redresser le pays en plein crise économique. Mais il lui faut pour cela l’appui du Congrès, élu alors sous l’ancienne URSS. Les communistes bloquent tout, par tous les moyens. Boris s’appuie alors sur le peuple et, après un référendum lui étant favorable en avril 1993, il tente de dissoudre le Congrès afin de provoquer de nouvelles élections. L’opposition tente alors un coup d’état le 3 octobre 1993. L’hôtel de ville, la tour de télévision, les bâtiments gouvernements sont investis. La Russie nouvellement née vacille et se trouve à la frontière de la guerre civile. Ce coup d’état ne fut pas sans pertes. Cent-cinquante-huit personnes moururent ce jour-là. Le président fit même bombarder la maison blanche, siège du parti communiste à Moscou, afin de faire rendre les armes aux rebelles. Des images terribles, des choses que je n’imaginais pas. En décembre suivant, un nouveau parlement est élu, il approuve une nouvelle constitution, Eltsine a les mains libres.
11 décembre 1994. Boris entend mettre fin à une situation qui dure depuis maintenant trois ans. À la chute de l’URSS, la Tchétchénie, petite république du Caucase, a également déclaré son indépendance. Eltsine a laissé la situation telle qu’elle, ne pouvant rien faire face au pouvoir en place là-bas. Mais la situation change peu à peu. En 1994, l’opposition au sein de la république est plus forte, et le président russe décide alors de soutenir des manœuvres armées afin de ramener la région dans le giron de Moscou. Mais l’opération est un désastre, les militaires russes tombent dans un piège, sont faits prisonniers, c’est le début de la première guerre de Tchétchénie. Des milliers de morts, pour rien. En 1996, la paix est signée, la Tchétchénie ne quittera pas la Russie et bénéficiera d’un statut spécial. Cette guerre aura à jamais marqué le deuxième mandat de Boris Eltsine.
Mais ce dernier était malade, son cœur ne le suivait plus. Il décida de provoquer des élections anticipées, qui auraient lieu en 2000. Face à la montée des communistes et la crainte d’un retour des rouges au pouvoir, il fallait désigner un successeur. Beaucoup auraient pu faire l’affaire. Son choix se portera sur un ancien agent du KGB, en qui il porte toute sa confiance pour maintenir un état fort. Vladimir Poutine remportera les élections, ouvrant une nouvelle ère pour la Russie.

Je suis arrivée là à 18h00, et mon train n’est qu’à une heure du matin. Sept heures de libre donc, passée dans le hall d’attente de la gare. Elle est certes très belle, de magnifiques peintures au plafond et du marbre au mur, mais bon, c’est long. Ici, au sein de la gare, tout est à l’heure de Moscou. Le départ des trains comme les horloges ! C’est comme si le temps ne passait pas… J’ai déjà achevé ma carte du Taganaï, j’ai poursuivi la lecture de ce que j’avais déjà écrit. Je n’ai plus qu’à mettre sur Word ce qui reste sur le dictaphone, c’est à dire tout depuis samedi dernier. Un sacré paquet tout de même. Je dîne une deuxième fois, avec du pain, du fromage, et une espèce de saucisson reconstitué de poulet dégueulasse, je croyais que c’était du cervelas comme j‘en avais déjà acheté. À noter : tenter de lire les étiquettes la prochaine fois. Mes yeux se ferment tout seuls, je ne rêve que d’une chose : dormir ! Mais bon, il n’y a pas trop de quoi s’allonger ici, ce sera donc à bord du train, dans lequel je devrai rester environ cinq heures. Arrivée prévue à Tyumen six heures demain matin. Quelques autres heures de prévue à la gare de là-bas avant de m’élancer dans le centre-ville. Il me reste un peu moins de deux heures à tuer, je vais tenter de poursuivre sur le dictaphone.

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
19 novembre 2016 à 18:48:19

10 Novembre : Mon dieu, cet appart immonde, mais comment elle fait pour vivre dedans :malade:

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
19 novembre 2016 à 18:49:20

Très bonne question :malade:

Suledhel Suledhel
MP
Niveau 10
19 novembre 2016 à 22:57:32

Bon j'ai pas encore terminé l'album Facebook mais j'ai rattrapé mon retard sur Miass au niveau du carnet en tous cas :)

J'ai vu quelques fautes de frappe au passage mais j'ai pas relevé sur le coup, désolée :/ Des trucs de l'ordre de "main" au lieu de "matin" par exemple.
Sinon, j'ai eu quelques impressions de flou mais je me demande si ce n'est pas dû aussi à ma lecture un peu décousue :( Enfin, je ne sais pas. Je ne sais plus si j'avais juste terminé Moscou la dernière fois ou si j'avais déjà entamé Miass aussi ^^" Mais genre, tu parles beaucoup de Mia qui t'exaspère, mais certains autres personnages restent peut-être un petit peu trop en retrait dans tes écrits, comme par exemple :

- ta famille d'accueil là-bas, on dirait qu'ils apparaissent beaucoup dans les albums photos mais je les ai sentis moins présents dans le texte (que j'ai lu avant) alors que par comparaison avec ton carnet équatorien par exemple, il me semblait que tu parlais plus de ta famille d'accueil et de tes amis dans le parc botanique (bon, ça avait duré plus longtemps aussi, il faut dire ^^)

- les enfants du camp pendant une semaine, pareil ils apparaissent énormément dans les photos mais dans le carnet à part la mésaventure avec la sale gamine (j'en reviens toujours pas ! toi, molester un gosse ? Non mais lol ! :ouch: ) t'en parles finalement pas taaaaant que ça en soi. A un moment vers la fin tu parles de la ou des deux gamines qui restent du groupe de l'autre engluée à son portable en disant un truc style "ah c'est dommage qu'elles aient choisi un mauvais leader, si elles avaient choisi Machin ou Machin elles se seraient mieux intégrées" et je n'avais pas souvenir que tu aies parlé des deux autres enfants en question avant - mais je peux me tromper...

- le jeune étudiant francophone (dont j'ai oublié le nom aussi, décidément ><), tu dis à la fin que finalement tu t'entendais super bien avec lui, que d'ailleurs t'as pas pris de photo avec, etc., et du coup je regrette de n'avoir pas plus entendu parler de lui avant :p)

Je termine l'album de Miass et j'entame la Sibérie dès mon prochain jour de congé : mardi ! :-)))

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 25
24 novembre 2016 à 10:48:47

J'avais pas vu le comm' d'Elfi :cute:

Voilà c'est ce genre de comm' dont j'ai besoin. :hap: Parce qu'en écrivant au jour le jour, je me rend pas forcément compte de ce qui pourrait manquer ou ce qui manque de logique.
Pour ma famille russe et Pacha, je vais donc développer. Vous voulez des descriptions physiques? plus de vie quotidienne? Je vais essayer de me baser sur les photos pour me remémorer certains moments que je pourrais vous décrire.
Pour le camp, je sais pas, parce qu'en débutant la semaine, je m'étais dit, si je leur décris tous les enfants, ça va être super lourd, et pis je n'envisageais pas d'en parler autrement que "au sein du groupe". Or, il s'est avéré que j'ai mentionné certains plus personnellement, au vu des faits qui se sont déroulés. Faudra que je relise l'ensemble à tête reposée, et que je vois ce que j'en fait.
Merci beaucoup en tout cas! :ok:

Un avis d'Helping sur ce comm' d'Elfi? D'accord, pas d'accord? :hap:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
24 novembre 2016 à 11:08:53

Ben, je sais pas trop, sn comm' se base sur les photos et je n'y a pas accès car j'ai pas FB :hap:

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