Près de 10 ans après la sortie de l’épisode original, The Binding of Isaac accueille son ultime extension. Baptisée Repentance, cette mise à jour se base sur le mod amateur Antibirth et marque la fin du développement du bébé d’Edmund McMillen. Après une attente presque insoutenable pour les fans de l’enfant pleureur, c’est une salve de contenu conséquente qui vient boucler l’aventure. Mais Repentance est-il un simple Booster Pack ou une extension incontournable ?
The Binding of Isaac : Repentance est une extension de The Binding of Isaac : Rebirth. Ce dernier est donc nécessaire pour lancer Repentance. Cette extension n'est pour l'heure disponible que sur PC via Steam et Epic Games Store. La version console devrait sortir dans le courant de l'été 2021
Sur le fond Isaac reste Isaac, un bébé tente de se frayer un chemin dans les fondations cauchemardesques de sa maison. Chassé par sa mère qui entend bien le sacrifier pour satisfaire Dieu, Isaac doit donc venir à bout de centaines d’adversaires plus crados et agressifs les uns que les autres. En propulsant larmes, vomi, sang et urine sur ses ennemis, l’enfant se fraye un chemin à travers les dédales labyrinthiques du foyer familial. Ce pitch dérangeant est la base de l’expérience Binding of Isaac depuis l’original.
On ne laisse pas blue baby dans un coin
Dans les faits Repentance n’entend pas bousculer la formule et les runs s’apparentent toujours à des enchainements d’étages générés procéduralement. Les combats prennent la forme d’un twin-stick shooter nécessitant son lot de précision. À ce cœur de gameplay efficace vient se greffer un système d’objets et de synergies excellent. Enfermés derrières des portes, cachés dans des rochers, offerts par des boss vaincus, ces objets offrent leurs lots de modificateurs passifs et actifs permettant de créer des builds détonnants. Ainsi le tir de base d’Isaac et ses amis peut se transformer en un barrage de sang, un laser à la portée infinie, une volée de mouches… Chacun de ces objets interagit avec le suivant pour renforcer sa puissance ou au contraire en atténuer l’efficacité dans le cas d'une mauvaise décision. Les possibilités sont infinies et c’est bien ce système qui confère à Binding of Isaac une durée de vie gigantesque. Une poignée d’objets bouleverse déjà lourdement cet équilibre et crée un nombre exponentiel de combinaisons, ainsi l’énorme salve de contenu amenée par Repentance produit d’innombrables interactions supplémentaires.
Ajoutant tout un nouveau panel de salles, un peu plus d'une centaine de nouveaux ennemis, autant d’objets et près de 25 boss, cette extension est particulièrement riche. Tout d’abord, comme dit plus haut, les nouveaux objets ouvrent la porte à d’innombrables nouvelles synergies. Du simple modificateur de statistiques jusqu’à l’item pouvant presque gagner la run à lui tout seul, ces nouveaux objets s’intègrent à merveille au catalogue déjà présent. De plus, ces items ne se contentent pas du minimum syndical et offrent des effets amusants et/ou originaux. On pense notamment à l’« eraser » qui efface littéralement un type d'ennemi pour toute la partie. Pratique pour se débarrasser de son némésis. On trouve également une palanquée d'objets affectant nos larmes, comme une vésicule générant des explosions ou des gouttes pour les yeux agrandissant leur rayon d'action. 2 personnages à débloquer font leur apparition, de quoi varier les plaisirs d'autant que comme à l'accoutumée, ces héros modifient l'approche du joueur. Nous nous garderons bien de vous décrire davantage d’objets ou de mécaniques tant le plaisir de la découverte et de l’expérimentation est au cœur de l'expérience. Sachez simplement qu’en termes de contenu, Repentance allie quantité et qualité.
Un beau bébé
Mais ce qui impressionne le plus lorsque l’on parcourt cette extension, ce sont les nouveaux environnements et les boss inédits. Les égouts, les mines et le temple s’intègrent à merveille à l’expérience de base tout en poussant plus loin la qualité visuelle du jeu. Les inondations des égouts reflètent les ennemis et Isaac, rendant le tout visuellement très plaisant. Si ce niveau en particulier souffre de problèmes de lisibilité ponctuels, ce grief n’est pas rédhibitoire pour autant. Pour faire simple, chaque nouvel environnement est d’une richesse visuelle encore jamais atteinte par le jeu de Mc Millen, mais ne dénote pas pour autant avec le matériau de base. Une réussite totale qui offre un coup de jeune au titre. Ces lieux accueillent bien évidemment leur lot de nouveaux adversaires. Nombreux, ces monstres sont soit des modifications bien pensées d’anciennes créatures soit de toutes nouvelles créations. On apprécie qu’une bonne partie d’entre eux créée de nouvelles interactions obligeant le joueur à réfléchir à comment tirer parti de ces ennemis. Par exemple, des petits fantômes s’amusent à nous projeter des bouts de décor à la figure. Ne serait-il pas judicieux de les laisser en vie quelques instants pour qu’ils débloquent la voie vers ce coffre ? Cet ennemi me crache des bombes en pleine poire, puis-je faire passer cette dernière dans le téléporteur pour atteindre l’autre adversaire ? Les systèmes de jeu d’Isaac ne se sont jamais aussi bien emboités les uns dans les autres et les combats prennent des airs de Puzzle bien plus souvent qu’auparavant. Les boss sont loin d’être en reste et leurs patterns lisibles et malins créent des affrontements plaisants. Que ce soit les ajouts de début de partie ou le True Last Boss, ces adversairissimes impressionnent par leur design ou la mise en scène qui les accompagne. Ce True Last Boss est d’ailleurs une véritable fanfare visuelle. Bref, autant d’un point de vue ludique que graphique ces ajouts subliment l’expérience Binding of Isaac.
Du neuf avec du vieux
Repentance ne s’arrête cependant pas là. Non contente de proposer un contenu énorme hautement qualitatif, cette extension passe un coup de polish sur le jeu de base et rééquilibre l’expérience pour offrir un ultime challenge aux fans. Si elles ne sont pas du goût de tout le monde, ces modifications ont le mérite de réveiller chez le joueur la sensation ressentie lors de ses premières parties. Ce sont globalement les combinaisons et les tactiques surpuissantes qui ont subit le plus de modifications. Les Devil Deals, généralement synonymes d’objets surpuissants, ont vu leur cout modifié. Ainsi, si auparavant un joueur ne disposant que d’un seul réceptacle rouge pouvait prendre un objet qui en coutait trois, ici ce n’est plus le cas. Si le héros ne peut pas payer son dû en réceptacle, il devra payer la différence en cœur bleu. Les batteries ne chargent plus entièrement les objets activables, ce qui bloque complètement certains combos abusifs qui pouvaient casser une partie en deux temps trois mouvements. D’autres objets voient leurs dégâts, leur portée ou leur taux d’apparition ajustés. Au final le constat est clair, en Hard, The Binding of Isaac : Repentance est bien plus difficile que ne l’était la version précédente. Il est évident que cette extension s’adresse avant tout aux vieux de la vieille qui roulaient systématiquement sur le jeu. Ceux-là découvriront en Repentance un superbe baroud d’honneur, exigeant et moins fragile que le Isaac qu’ils ont connu jusqu’à lors, les autres devront apprendre à la dure.
Ce coup de polish s’étend également à l’interface, plus propre. De nouveaux effets visuels viennent également donner plus de clarté à l’ensemble. Les tirs ennemis brillent désormais, ce qui les rend bien plus faciles à identifier dans la mêlée. Certains adversaires voient leur animation d’attaque s’accompagner d’un éclair rouge ou d’un indicateur plus clair. L’OST est remaniée et enrichie de nouvelles compositions. Si certaines progressions d’accords sont moins percutantes que d’autres, on ne peut nier que le travail effectué par Ridiculon ne jure pas le moins du monde avec le jeu d’origine. Le thème des égouts est tout simplement sublime et on prend plaisir à découvrir ces lieux et ces pistes musicales à mesure des runs.
Points forts
- Un contenu conséquent, parfaitement intégré au jeu de base
- Des synergies folles, en veux-tu en voilà
- Des secrets intrigants
- Les nouvelles zones, superbes et bien pensées
- Un bestiaire enrichi, qui crée de nombreuses interactions inédites
- De nouveaux boss aux patterns malins et impressionnants
- L’OST de Ridiculon toujours aussi qualitative
- Un petit coup de polish qui fait plaisir (interface, effets visuels supplémentaires...)
- Le challenge au rendez-vous, même pour les vétérans
- Des objets historiquement délaissés retrouvent une seconde jeunesse
- Un rééquilibrage pertinent, qui promet d’embarquer le joueur pour des centaines d’heures supplémentaires
Points faibles
- La zone des égouts manque parfois de lisibilité
- Peut être intimidant pour un novice
Peut-on vraiment en attendre plus d’une extension ? Non content d’offrir un contenu énorme et qualitatif, The Binding of Isaac : Repentance propose un dernier challenge à ses fans. En rééquilibrant énormément d’objets, d’ennemis et de systèmes de jeu, cet add-on modifie l'expérience en profondeur et pousse le vétéran à sortir de sa zone de confort et à expérimenter pour sortir victorieux. Cette ultime version d’Isaac est la meilleure et le jeu d’Edmund McMillen n’a jamais été aussi riche, aussi beau ou aussi malin. En bref, Repentance est une extension indispensable qui sublime le jeu de base pour en faire le plus grand Rogue-lite de sa génération.