Entre les patates de Starfield et les mécanismes lunaires de Tears of the Kingdom, la physique des jeux vidéo dépasse parfois l’entendement ! Mais, pourquoi est-ce que ça nous impressionne tant ?
Il y a quelques jours, il a encore frappé, ce sentiment étrange à la vue d’un objet qui se comporte de façon ultra-réaliste dans un jeu vidéo. Est-ce que vous avez vu cette vidéo de Starfield, où un joueur s’est amusé à accumuler un tas de patates (20.000 selon IGN) puis d’ouvrir la porte de son cockpit ? La scène fascine les joueurs, et même les spécialistes ! John Linneman, auteur pour Digital Foundry - média de référence en matière d’analyse technique -, la qualifie par exemple “d’époustouflante”. Et pour cause... Au-delà de l’étrange poésie créée par ces pommes de terre en 3D, le moteur physique d’un jeu cache un monde complexe, pour obtenir un résultat convaincant sans mettre nos machines à genoux. Pour ces tonnes de patates, Starfield est d’ailleurs passé de 20 à 30 images par seconde.
when it's time to let something go in Starfield. I gasped when the hatch opened 🤯 from /u/Moozipan https://t.co/PXtefvDiPb pic.twitter.com/m47SIuObUT
— Tom Warren (@tomwarren) September 5, 2023
Quand il est temps de laisser une chose s’en aller dans Starfield. J'ai retenu mon souffle lorsque la trappe s'est ouverte - Tom Warren, journaliste pour The Verge (X)
Un jeu, plusieurs réalités
Comme le note Polygon dans une récente vidéo, dans les jeux vidéo, il y a deux types d’animation : celles qui sont prédéfinies et celles qui sont régies par de la physique... La première catégorie a été conçue à l’avance par un animateur et a pour vocation de se répéter à l’infini (même s’il peut y avoir quelques variantes). Et la seconde cherche à reproduire un comportement crédible, basé sur les lois physiques de la réalité. Il peut s’agir d’un contact entre le joueur et un ennemi, de la chute d’un objet ou même des contrôles d’un personnage. Sur ce point, certains titres en ont même tiré des concepts à part entière, avec l'avènement du ragdoll et de sa maniabilité loufoque (Octodad, Human Fall Flat).
Un numéro d’équilibriste
“Ajouter de la physique réaliste dans un jeu vidéo, c’est principalement résoudre des équations très complexes (reproduisant les lois de notre monde, ndlr) d’une façon à la fois rapide et sans causer trop de bugs ou de ralentissements” résume Cole Wardell, ingénieur logiciel, sur Polygon. L’homme analyse ici le moteur de Zelda Tears of the Kingdom, particulièrement impressionnant en matière de physique. Il y a quelques mois, la vidéo d’un pont propulsé par deux roues avait scotché les joueurs, sans doute plus encore que les patates de Starfield. On peut y voir une dizaine de plaques de métal avancées courageusement dans la lave - avant de se tendre dans un léger balancement. Deux jours plus tard, les internautes tombaient à nouveau de leur chaise face à une “simple” ouverture de porte.
NOPE FUCK THAT THIS PHYSICS ENGINE IS BLACK MAGIC. #TearsOfTheKingdom #Zelda #NintendoSwitch pic.twitter.com/HMi0wITRI7
— DisCOLE Elysium (@mechtroid) May 23, 2023
Ce p*tain de moteur physique, c’est de la magie noire - Cole Wardell, ingénieur logiciel (Polygon)
Zelda, roi de la physique
Des exemples comme ça, il y en a pas mal. Le comportement ultra-réaliste des cordes sur The Last of Us Part 2, ou encore celui des fluides dans Half-Life Alyx (un jeu VR). Mais ces dernières années, en matière de physique, Tears of the Kingdom a placé la barre plus haute que n’importe qui. D’abord parce que tout ça tient sur Switch, une console vieille de sept ans - et déjà à la traîne techniquement à l’époque -, et surtout parce que les prouesses du dernier Zelda ne se limitent pas à un pont ou une porte ! Ici, les lois convaincantes s’appliquent à des tas d’objets... qui peuvent en plus être mélangés pour aboutir à de nouveaux résultats. Bref, quatre mois avant Starfield, Nintendo avait déjà la patate.