C'est une lourde accusation que porte actuellement "AP7", un fond de pension public et suédois, envers Activision-Blizzard et Microsoft : selon lui, ce dernier aurait profité des scandales ayant éclaté l'été dernier, concernant les pressions sexuelles et la toxicité de l'éditeur, pour mettre la main dessus à un tarif "avantageux".
Une affaire qui continue de faire couler l'encre
Petit rappel des faits : l'été 2021, l'état Californien posait une plainte envers Activision-Blizzard pour toxicité d'entreprise, après une longue enquête. De nombreux harcèlements, pressions et rabaissements ont été perpétués envers de nombreuses employées au sein de diverses branches.
Activision-Blizzard a donc agi : nous avons vu le départ de nombreux membres d'Activision-Blizzard, parfois éminents, afin de purifier les équipes dans le viseur de l'État Américain. De même, de nombreux remaniements ont été opérés dans certains jeux afin de les rendre plus inclusifs, à l'image de World of Warcraft. En revanche, le PDG Bobby Kotick, n'a pas été évincé et reste toujours à la barre aujourd'hui.
Microsoft en aurait-il profité ?
Tout ceci coïncide justement avec le rachat d'Activision-Blizzard par Microsoft, annoncé en janvier dernier, pour un montant de 69 milliards de dollars. Si celui-ci n'est pas encore acté - il faut convaincre les différentes autorités de régulation qu'il n'y aura pas de situation de monopole - d'autres organismes ne sont visiblement pas ravis de cette fusion et surtout, des dessous de l'affaire.
C'est le cas de Sjunde AP-Fonden, opérant sous le nom de "AP7" : il s'agit d'un gestionnaire d'actifs de type capital-investissement appartenant au gouvernement suédois… et qui possède des actions chez Activision-Blizzard.
Celui-ci vient de déposer une plainte envers l'éditeur et Microsoft, appuyé d'un dossier de 202 pages : il accuse Microsoft d'avoir profité de la situation de faiblesse d'Activision-Blizzard, fragilisé à cause des scandales, pour négocier le montant "avantageux" de 69 milliards de dollars. Car oui, si cela paraît pourtant exorbitant pour le commun des mortels, selon AP7, la société vaudrait encore bien plus.
Des accords pour maintenant Bobby Kotick en place ?
La plainte vise également Bobby Kotick, iconique président d'Activision-Blizzard, ainsi que certains des membres actuels et anciens de son conseil d'administration. AP7 les accuse d'avoir conçu cet accord "sous-évalué" avec Microsoft pour se protéger, et notamment pour protéger Bobby Kotick et sa position. Le dossier stipule ainsi :
Microsoft a sciemment exploité le scandale du harcèlement et son influence commerciale sur Activision précisément pour offrir à Kotick un moyen de sauver sa propre peau. Il a conspiré avec Kotick et le conseil d'administration pour les aider à échapper aux conséquences personnelles et professionnelles de ce scandale.
De son côté, Activision-Blizzard (via Joe Christinat, porte-parole de l'éditeur, à Bloomberg) a répondu en défendant les intérêts du rachat :
C'est une bonne affaire pour les actionnaires. Nous avons recueilli 98 % d'approbation des votes exprimés. Le conseil d'administration a suivi un processus approfondi pour décider de la bonne décision pour les employés, les actionnaires et les joueurs.
De plus, la firme a rajouté que cette fusion avait été votée "légalement et équitablement".
Désormais, il ne reste plus qu'à attendre le déroulé du procès : de son côté, si tout se passe bien, Activision-Blizzard devrait officiellement appartenir à Microsoft vers le début de l'année 2023.
- Source : Bloomberg