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Sujet : [Nouvelle] Le Chat

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gobseck13 gobseck13
MP
Niveau 8
13 août 2015 à 17:52:27

Comme promis Ardui, partie 2 lu ! Je lirais la 3 demain.

Dans la continuité de la première partie, c'est vraiment bon.
Stylistiquement parlant, quelques phrases mériteraient d'être un tout petit peu raccourcies, rien de bien méchant, c'est juste l'histoire de 1 ou 2 mots en trop qui traînent la phrase. Sinon, le style est adéquat. Sobre avec une pointe d'exotique, l'univers oriental/égyptien est très bien retranscrit.
Bref, sur la forme, c'est du bon.
Attention, parfois, tu emplois des similis d'expressions modernes qui m'ont fait tilter. "Le client a toujours raison" "taxer de", par exemple. Je trouve que ça casse un peu l'immersion, cette soudaine ressemblance à notre langage.

Au niveau du fond, j'ai apprécié cette deuxième partie. La présentation des animaux du marchand est vraiment réussie, c'est loufoque, exotique, presque amusant.
Le soucis, c'est que le titre de ta nouvelle enlève toute forme de mystère. On sait qu'elle va choisir un chat, depuis le début, du coup le passage du marchand fait plus office d'exposition. Ce qui aurait été intéressant, c'est d'entretenir le mystère sur l'animal désiré de la dame, tout en laissant des indices. Le fait qu'elle choisisse un chat n'interpelle pas du tout.
Cependant, malgré une intrigue assez simplette, le mystère est présent. Je me demande bien ce que peut amener une histoire aussi simple que celle-là, si c'est correctement amené, ça peut donner un truc vraiment sympa.

Bref, encore du bon boulot Ardui :ok:

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
13 août 2015 à 21:17:55

Merci pour vos deux lectures ! :-)

Gob, tu as mis le doigt dessus, la partie 2 est bien conçue comme une scène d'exposition car c'était avec ça que commençait le récit dans les versions antérieures.
Ok pour "taxer de", mais je ne sais pas ce qui t'a dérangé dans "le client a toujours raison"... M'enfin c'est de relativement peu d'importance.
Content que ça t'ait plu !

Choco, je l'aime bien ma petite Danatu pourtant. :coeur: Elle est un peu superficielle, mais enfin c'est une femme d'Aqram... À la limite je la préfère à Ishar, dans l'histoire c'est lui le vieux mari qui ne pense qu'à se farcir une plus jeune que lui. :hap:
Bon, peu d'intérêt sur cette partie 3, les voix sont unanimes. :p) Ça passerait peut-être mieux si je lâchais moins d'allusion à une fuite possible - je peux en supprimer au moins une des deux faites par Yaha, mais enfin je ne sais pas comment faire pour ne pas dire qu'ils closent les portes et les volets... Il va me falloir y réfléchir beaucoup.

Et bien, j'espère que la dernière partie sauvera le tout. Je retrouve mes craintes de la 1ère partie, à savoir que j'ai peut-être trop étalé une idée de départ pas assez solide... Quoiqu'il en soit je vais avoir du boulot !

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
14 août 2015 à 15:35:07

J'ai lu la partie 3 :oui:

J'avais l'impression d'être avec ces garces caqueteuses, mon dieu quelle horreur :malade:
Danatu est complétement à gerber avec son chat :hap: La pauvre servante :-(

Franchement j'aime beaucoup tes personnages, ils sont très réalistes :oui: Après cette troisième partie m'a moins plu dans le sens ou l'univers fait moins magique, on est moins dns l'ambiance, mais je pense que c'est plus dû au fait que j'n'ai pas lu tous les textes d'un coup.

gobseck13 gobseck13
MP
Niveau 8
14 août 2015 à 19:39:46

Aussitôt dit aussitôt fait, partie 3 lue.

Mais quelle grognasse Danatu :rire:
N'empêche, tu as bien pensé sa psychologie. En dehors de la petite riche qui exhibe ses sous avec un pauvre chat, on ressent un certain mal-être dans cette femme. Pouvons-nous vraiment dire que ce n'est qu'une snobinarde pleine de vantardise ? Je dirais plutôt, dis-moi si je me trompe, qu'il y a une critique implicite dans ton texte, assez actuelle d'ailleurs. Ta Danatu me fait penser à une Paris Hilton, par exemple, avec ses chiens pimpé à mort la.

Après, encore une fois, je trouve le fond assez juste pour l'instant. Elle veut un chat, ils vont acheter un chat, elle martyrise son chat, son chat s'enfuit. Tu le racontes bien, mais c'est trop attendu je trouve. J'ai la désagréable impression que l'événement intéressant au niveau narratif va arriver dans la dernière partie, c'est dommage. Un peu comme une simili chute. Sauf que ton texte a, selon-moi, pas du tout le rythme et le style pour s'accorder à une nouvelle à chute. Donc je jugerais sur la partie 4.

Je relirais le tout d'une traite aussi, pour voir si mon avis mitigé sur le fond n'est pas du à une lecture trop espacée !

J'attends :hap:

Edit : au passage, les "amies" de Danatu sont biens construites aussi. J'ai souris au "nous sommes tellement désolé" , ça ressemble beaucoup à ces phrases débordantes d'hypocrisie dans les dîners mondains.

Message édité le 14 août 2015 à 19:41:07 par gobseck13
Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
14 août 2015 à 20:46:54

Merci pour vos lectures ! :)

Je suis content que les "amies" de Danatu vous aient tous fait un tel effet, alors qu'elles ne sont présentes que sur quelques lignes. :-)
Et pour le fond, bah... Je suis bien obligé de reconnaître que vos remarques sont justifiées. C'est bien une nouvelle à chute, ou en tout cas elle était prévue comme telle avant que je ne la reprenne et la modifie en l'allongeant considérablement.
Après, je crois que même une nouvelle chute peut être un peu allongée par rapport à ce que je faisais avant, il faudra voir à la lecture du texte entier si ça passe ou si c'est foiré. Dans le pire des cas, rien n'aura été perdu car ça me fait toujours un bon exercice d'écriture - et une leçon pour la suite. :p)

-Achene- -Achene-
MP
Niveau 10
16 août 2015 à 04:52:57

J'ai lu tout l'ensemble d'une traite. C'est très bien écrit, avec de belles descriptions qui donnent l'eau à la bouche, une peinture de la petite société très amusantes (Les poules qui caquettent !) et un chat odieux à souhait; comme il se doit.
Si je devais chipoter, la seule chose qui m'a légèrement dérangé dans ton texte, c'est le côté évasif de la demande de la dame dans le premier post "Je me disais que, peut-être, nous aussi nous pourrions avoir…". Cela semble peu naturel et ajouté uniquement pour créer une ambiguïté artificielle sur le fait d'avoir des enfants. Le texte est suffisamment drôle comme ça, inutile d'avoir recours à ces artifices !

Rien d'autre à dire, j'attends la suite :-p

ps : le mari s'appelle Ishar ce qui est très proche de Ishtar le nom de la déesse Babylonienne, du coup pour moi ça sonne comme un prénom féminin. Mais bon c'est un détail.

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
16 août 2015 à 10:01:02

ps : le mari s'appelle Ishar ce qui est très proche de Ishtar le nom de la déesse Babylonienne, du coup pour moi ça sonne comme un prénom féminin. Mais bon c'est un détail.

J'ai ressenti la même chose :hap:

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
16 août 2015 à 10:37:50

Exact pour la ressemblance avec Ishtar. :-)

Ceci dit, si je dois donner une justification foireuse, je dirai que c'est le "t" qui sonne féminin pour moi. Là où cet argument pèche, c'est que normalement c'est le t final qui marque la personne féminine dans les langues sémitiques, et que dans Ishtar il n'y a pas de t final. :rire: (Même s'il y en a un dans Athtart et Ashtarte, les variantes éblaïte et canaanite...)
Bon, bon, je ne retombe pas sur mes pieds avec cette explication, je le changerai en Isham. Ça fait un peu architecte du Temple de Salomon mais bon. :p)

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
24 août 2015 à 16:57:31

Ishar se demandait s’il devait se mettre en colère tout de suite ou se retenir encore un peu. Après une difficile journée passée à négocier les termes d’un contrat d’import avec un vendeur de coton shoranite, qui ne pipait pas un mot de qareshite et s’exprimait dans un dariote teinté d’un fort accent, le seigneur-marchand avait eu la mauvaise surprise de retrouver sa maison endeuillée. Une lourde atmosphère pesait sur les salles étrangement silencieuses ; la moitié des esclaves semblait manquer, et les autres affichaient un air si morose et si accablé, qu’Ishar avait d’abord cru qu’il était arrivé malheur à Danatu.
Rien de tout cela. Son épouse avait seulement laissé filer le chat en voulant l’exhiber devant ses « amies » ; elle avait beau accuser la femme de chambre pour sa maladresse et sa stupidité, Ishar savait bien qu’il n’y avait pas lieu de blâmer l’esclave qui obéit à des ordres mal énoncés.
Las, il contempla le visage de Danatu, marqué par les larmes qui avaient fondu son fard en de longues traînées noires et rouges. Qu’il la trouvait donc laide quand elle pleurait. Au moins, son chagrin semblait sincère. Si toute une vie vouée au commerce – et surtout, à maintenir à flot trois mariages – avait bien appris une chose au seigneur-marchand, c’était que la douceur et la diplomatie pouvaient aussi avoir leur intérêt ; aussi s’arma-t-il de toute la patience dont il se sentait capable, et s’efforça-t-il de rassurer son épouse plutôt que de la brimer.
— Nous allons, bien le retrouver, ce chat, glissa-t-il tendrement. N’est-il pas reconnaissable entre tous, unique dans toute la ville ? Je vais faire savoir que nous le cherchons, en offrant une récompense généreuse à qui le trouvera. Un joli chat blanc, avec des rubans roses…
— Rouge, corrigea sa femme entre deux reniflements. Rouge cerise.
— Exactement, rouge cerise. Et bien, avec un tel luxe de détails, assurément personne ne pourrait le manquer !
— Mais tu te rappelles ce qu’a dit Yaha ? gémit encore Danatu. Il n’est pas fait pour vivre dehors. Un ou deux jours dans la rue, et…
— Ton chat est un petit malin : il aura bien trouvé un endroit frais où se cacher ! Je parie même qu’il ne tardera pas à revenir de lui-même, dès que la nuit sera tombée. Et tu le trouveras demain matin au pas de la porte, quand tu te réveilleras…

Malgré les promesses réconfortantes de son époux, Danatu passa une nuit agitée, peuplée de cauchemars et de visions dérangeantes. Elle et Ishar étaient devenus deux chats, qui se disputaient en crachant et feulant ; et le chat-Ishar finissait par la monter en la mordant sauvagement au cou et en griffant ses flancs. Plusieurs fois aussi elle se réveilla, jurant avoir entendu des miaulements en provenance de la cour. Mais, avec une déception chaque fois renouvelée, elle dut bien se rendre à l’évident, après chaque vérification à la fenêtre, qu’il ne s’agissait que du fruit de son imagination.
Elle traîna ensuite toute la matinée dans son lit, pendant que son époux gérait les comptes de la maison avec leur intendant. Elle le rejoignit seulement au moment du déjeuner, mais bouda le repas simple de volaille rôtie et fromage aux figues, l’estomac serré par l’inquiétude. Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer Douceur-d’hiver agonisant dans quelque ruelle sombre des bas-quartiers ; terrassé par la chaleur de midi, déchiqueté par une meute de chiens errants ; ou, pire encore, écorché vif et présenté sur un étal de boucher… Cette dernière pensée lui ayant définitivement coupé l’appétit, elle s’excusa auprès d’Ishar avant de quitter la table.
Elle ne devait pas se laisser aller à l’abattement. Au plus profond d’elle-même, elle était persuadée que le chat était en vie, quelque part, et qu’il suffisait de le retrouver. Mais les esclaves envoyés à sa recherche s’étaient révélés tristement inefficaces, et Danatu n’allait pas arpenter elle-même les rues mal famées d’Aqram – elle s’en serait sentie capable, pour Douceur, mais enfin ce n’était pas la place d’une femme de sa condition. Il ne lui restait qu’à espérer que la récompense promise par son époux fasse son œuvre ; ça, et espérer que les dieux se montrassent cléments…
Voilà qui était une bonne idée. Danatu n’était pas très pieuse, mais comme toutes les femmes d’Aqram elle savait qu’il pouvait parfois être profitable de s’attirer les bonnes grâces de Bellitu, Epouse Divine et Dame Très Attentionnée. Et après tout, cela lui aérerait l’esprit de se rendre au temple. Aussitôt elle commença ses préparatifs. Aidée de sa seconde femme de chambre, récemment promue à la parure et la coiffure après la disgrâce de la première, Danatu se choisit une tenue élégante mais d’une grande sobriété, bleu nuit avec des franges blanches ; elle se maquilla et se parfuma avec la discrétion de rigueur pour les lieux saints.
Avant de partir, elle alla embrasser Ishar. Celui-ci se dit ravi de la voir de nouveau sur pied, et la félicita de son initiative qui, selon lui, ne manquerait pas de porter ses fruits. Dieux, pensa-t-il toutefois quand elle fut partie, vous n’allez quand même pas m’en faire une bigote ?

Une fois au temple de Bellitu, Danatu retrouva un peu de gaieté et d’entrain. La large cour pavée était occupée en bonne partie par les étals des marchands, proposant tout le nécessaire pour les offrandes ; leur couleur offrait un contraste agréable avec l’austérité du lieu et des fidèles. La jeune femme passa un long moment entre les étalages, choisissant avec soins ses présents pour la Dame. De jolies guirlandes de fleurs d’oranger, d’abord, puis de petits pots de miel de jujubier et de mélasse de grenade ; elle acheta aussi une toute jeune agnelle blanche, que les prêtres sacrifieraient lors de la cérémonie du soir. Evidemment, elle ne pouvait pas faire d’offrande sans encens, aussi prit-elle de petits cônes d’un mélange aromatique importé d’Ayu, composition subtile de benjoin, de santal et d’oliban dont le parfum la laissa rêveuse.
Une fois l’agnelle remise à un employé du temple, Danatu monta les quelques marches qui menaient au naos. La statue de l’Epouse Divine n’était pas accessible aux profanes hors des jours de fête, bien sûr, les fidèles déposaient donc leurs dons dans l’antichambre, devant les lourdes de portes de cèdre renforcées de bronze.
— Danatu ! Mais quelle surprise !
La jeune femme se retourna instinctivement, ne reconnaissant que trop tard la seule personne capable de pousser des exclamations sans hausser la voix plus qu’il n’était toléré dans un sanctuaire.
— Summirat, très chère, réussit-elle à répondre en forçant un ton réjoui.
— Je ne savais pas que tu fréquentais les temples ! Oh, mais que je suis sotte, nous bloquons le passage. Pose tes offrandes et nous discuterons dehors ! Vraiment, je n’en reviens pas de te voir ici !
A contrecœur, Danatu déposa ses achats sur les autels déjà abondamment chargés, puis suivit Summirat vers la cour. Elle aurait dû se douter qu’elle risquait de rencontrer ici celle qu’elle – et toutes les femmes d’Aqram – fuyaient comme la peste. Tristement, elle contempla la robe d’un violet fade aux rosettes vermillon, dont la coupe semblait dater du millénaire précédent ; l’éternel sourire figé sur des lèvres molles, dévoilant des dents d’ânesse. Au moins, essaya de se rassurer Danatu, Summirat n’était pas là hier quand le chat s’est enfui ; elle ne pourra pas remuer le couteau dans la plaie.
— Sais-tu qui j’ai croisé récemment ? reprit la dévote une fois à distance du naos. Sawash et Azara ! Cela faisait une éternité que je ne les avais pas vues.
Evidemment, puisque personne ne t’invite
— Elles m’ont appris quel malheur t’avait frappé, continua Summirat. Je suis bien peinée pour toi, ma chère. Oh ! C’est donc pour cela que tu viens prier la Dame Très Attentionnée ?
— Précisément, répondit Danatu affligée. J’implore Bellitu pour que mon animal égaré retrouve sain et sauf le chemin de sa maison.
— Et tu as bien fait ! Oh, maintenant que j’y pense, c’est vraiment drôle, Sawash ne racontait vraiment que des sottises…
— Des sottises ?
— Oui ! Tu sais, je ne t’apprendrai rien en te disant que Sawash a toujours eu un sens de l’humour particulier. Quand elle m’a expliqué que vous vous étiez vues hier, elle avait l’air d’insinuer certaines choses… Bien sûr, je vois bien maintenant qu’elle plaisantait. Tu ne pousserais pas la mise en scène jusqu’à venir faussement prier au temple ! Pas toi, haha !
Danatu commençait à avoir peur de comprendre.
— Summirat, très chère, vraiment il faut que tu m’expliques. Qu’est-ce donc que cette histoire de mise en scène ?
— Oh ! Et bien, Sawash avait l’air de penser que, peut-être, tu aurais pu chercher à te moquer d’elle et des autres. Que tu leur avais montré un vieux chat ramassé dans la rue en leur faisant croire que tu l’avais payé très cher, mais que pfut ! au moment opportun, tu l’avais fait disparaître pour que personne ne remarque la supercherie. Tout ça parce que ton mari refusait de t’acheter un animal familier. Un peu tiré par les cheveux, si tu veux mon avis, mais…
— Oui, vraiment, quelle imagination cette Sawash !... Oh ma chère, tu m’excuseras mais je dois vraiment y aller à présent. Mon mari m’attend à la maison. C’était… euh, un vrai plaisir de te revoir.
Et Danatu s’enfuit de la cour du temple – en oubliant, dans sa précipitation, qu’elle n’avait même pas fait brûler son encens.

Ah, la garce ! L’abominable garce ! Elle savait que ses amies allaient se montrer jalouses, qu’elles devaient se réjouir secrètement de son malheur – ce n’était pas de telles créatures qu’il fallait attendre de la compassion. Mais ça ! Faire courir de tels bruits ! Par tous les dieux, si même Summirat en avait eu vent, c’est que Sawash et les autres faisaient activement courir la rumeur dans tout Aqram. Elles allaient se rendre auprès de chaque femme de la bonne société, déversant leur poison, insinuant sans doute qu’elle était à demi-folle et que, dans sa frustration, elle avait inventé un stratagème pathétique pour tenter de se mettre en valeur. Et la rumeur allait enfler, jour après jour, jusqu’à prendre des proportions inimaginables… Danatu connaissait fort bien le procédé, pour l’avoir souvent vu mis en œuvre, et y avoir même participé une ou deux fois. Il en fallait peu pour briser une réputation ; et, à Aqram, ces choses-là ne se réparaient pas.
Il fallait faire taire les mauvaises langues tout de suite, avant que la situation ne fût hors de contrôle. La solution était très simple : il suffisait de produire une preuve matérielle… et donc, de retrouver d’abord Douceur-d’hiver, au plus vite. Cela était devenu, doublement, une nécessité vitale. Danatu allait demander à Ishar d’augmenter la récompense promise pour le chat – la doubler, la tripler, peu importait. Et elle allait mener elle-même les équipes d’esclaves à la recherche de son animal, rue après rue, jardin après jardin, quartier après quartier. Pas de repos, tant que Douceur-d’hiver ne serait pas de retour chez lui sain et sauf.

Danatu rentra chez elle aussi bouillante que les eaux des Enfers, et marcha d’un pas décidé vers la salle où son époux travaillait.
— Maîtresse, tenta de la retenir l’intendant, le maître reçoit un hôte, il ne doit pas être dérangé…
— Arrière ! dit-elle en forçant le passage. L’invité de mon mari patientera, je n’ai plus aucun temps à perdre.
« Cinq drachmes », pouvait-elle entendre. « Douze ! Je ne partirai pas avec moins, seigneur-marchand. »
Sans ménagement, elle tira le rideau qui séparait la salle de réception de la salle de comptes… et s’arrêta net. Une odeur désagréable assaillait ses narines. Pouvait-elle provenir de l’homme qui se tenait, manifestement surpris, à côté d’Ishar ? C’était à n’en pas douter un roturier, le teint brun, vêtu d’une tunique sale et d’un bonnet avachi. Pourtant cela ne sentait ni la sueur, ni la pisse ou la crasse – fragrances les plus répandues parmi le bas peuple. Danatu vit son mari, très gêné, se lever et tenter de la faire sortir :
— Danatu !... Ce n’est pas le moment, mon épouse ? Reviens quand j’en aurai fini avec…
Mais elle, avisant un éclat rouge sur la table, et reconnaissant immédiatement un des rubans cerise de Douceur-d’hiver :
— Oh, Ishar ! Ca y est, quelqu’un l’a retrouvé ?! Ishar…
Seulement alors avisa-t-elle le sac de toile épaisse aux pieds du roturier, autour duquel tournaient de grosses mouches vertes et dont semblait provenir l’étrange odeur. Alors seulement, lentement, si lentement, la lumière commença à se faire dans son esprit. Elle associa la bribe de discussion perçue, le ruban rouge, la mine furieusement embarrassée de son époux. Et surtout, l’odeur ! L’odeur qui maintenant la saisissait à la gorge, lui piquant le nez et les yeux : l’odeur d’une dépouille restée trop longtemps au soleil. Ni une, ni deux : un rideau noir tomba, elle se sentit perdre pied, et un battement de cœur elle était évanouie.

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
24 août 2015 à 16:59:17

Un évènement agita les cuisines, quelques deux mois après le départ du maître Ishar, mais passa pourtant inaperçu dans le reste de la maison. Gindibu, l’imposant eunuque pâtissier, était en train d’apporter la touche finale à ses dernières réalisations : de petits cylindres dorés, obtenu en roulant plusieurs épaisseurs d’une pâte extrêmement fine autour de morceaux d’orange au miel, puis en les faisant revenir dans du beurre clarifié. D’un geste habile, l’eunuque saupoudra chaque cylindre d’une pincée de cannelle – en se montrant fort précautionneux, car la cannelle était importée de très loin, et valait une véritable fortune. Il avait presque terminé quand un cri affreux le fit sursauter, provenant de l’arrière-cuisine – fort heureusement, il ne lui restait qu’une toute petite pincée d’épice entre les doigts, car sous le coup de l’émotion il avait tout lâché d’un coup. Maugréant les rares mots qu’il connaissait de sa langue d’origine, il héla Zar, l’ancienne femme de chambre reléguée au lavage de la vaisselle.
— Par les tétons de Bellitu, Zar ! grogna-t-il. Va donc vérifier ce que fait le jeunot. Gare à lui s’il a encore renversé quelque chose !
La femme s’exécuta servilement. Elle n’avait toujours pas digéré sa chute brutale dans la hiérarchie des serviteurs de la maison ; mais au moins, pensa Gindibu, elle obéissait sans faire de vagues. Pas comme le petit jeune – toujours à montrer trop d’entrain dans ce qu’il faisait et plus volontaire qu’adroit, il réussissait toujours à causer des catastrophes.

Zar observa le visage du garçon dont les yeux pétillaient de malice. Né dans les chaînes, de parents inconnus ; comme tant d’autres, il avait reçu le nom de Qallu, signifiant simplement « esclave ».
— T’as vu ça, Zar ? annonça-t-il fièrement. Il a réussi à grimper par la fenêtre, c’te sacré animal, mais un bon coup de bâton, et vlan ! Je l’ai arrêté net.
Gindibu finit par faire son apparition lui-même, déplaçant sa masse avec difficulté :
— Par les dieux, garçon, à quoi as-tu encore joué ?
— J’ai tué c’te gros rat ! crâna l’intéressé.
— Ce n’est pas un rat, voyons, intervint Zar. C’est… un chat ?
Elle se pencha sur le corps de l’animal qui gisait entre deux grandes urnes de farine. Elle en avait rarement vu un aussi affreux. Son pelage d’un gris miteux était élimé et se détachait par plaques entières ; il portait les marques de nombreuses bagarres, voire de maltraitance : des cicatrices plus ou moins refermées zébraient son corps maigre, sa queue tordue avait sans doute été cassée ; et, maintenant, une plaie hideuse le défigurait, résultat du coup de bâton du jeune esclave.
— Mais… je vois ses flancs se soulever, il respire encore !
Avec d’infinies précautions, la servante commença à tâter la tête de l’animal. La blessure était très laide, mais elle n’avait pas l’impression que le crâne ait été ouvert. Avec dégoût, elle vit aussi que les oreilles du chat étaient infestées de tiques grosses comme des pois chiches ; plusieurs étaient rassemblées autour d’une vilaine boursouflure. En essayant de l’examiner, Zar fit jaillir une giclée de pus et de sang, arrachant un cri ravi à Qallu, puis elle sentit une pointe dure entre ses doigts.
Le chat devait être revenu à lui, à présent, car il miaula faiblement quand on lui retira l’épine. Zar la regarda, pensive ; on aurait dit du métal.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda le garçon. Il s’est pris dans un hameçon de pêche ?
— Je ne crois pas. On dirait plutôt… le crochet d’une boucle d’oreille.
Puis, se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle partit d’un long rire, hystérique et saccadé, jetant sa tête en arrière comme une démente.
— Cornes de Bel ! s’exclama l’eunuque. Qu’est-ce qui lui prend ?
— La boucle, continua-t-elle de rire. La boucle de bronze doré de la maîtresse !
La face joufflue de Gindibu blêmit, prenant une blancheur de mort.
— Par le con d’Abar, souffla-t-il, garçon, qu’as-tu fait ?
— Quoi, la boucle de la maîtresse ? répondit Qallu qui commençait à paniquer. C’est pas son chat, quand même, dites ? J’l’avais vu, son chat, basht, tout blanc et tout doux, ça peut pas être çui-là ! Ca peut pas être çui-là !
— Dieux tout-puissants, balbutia l’eunuque en suant à grosses gouttes. Il ne faut pas qu’elle voit ce que tu – ce que nous avons fait. Elle nous fera fouetter jusqu’à ce que la chair se décolle de notre dos, jusqu’à nous tuer…
Le garçon commençait à gémir, les larmes et la morve coulant sur sa figure. Gindibu posa une de ses grosses mains sur sa petite épaule :
— Pas le choix, jeunot. On va l’achever discrètement, puis le faire disparaître. Et surtout prier, prier pour que la maîtresse ne l’apprenne pas ; jamais !
Et Zar, toujours, riait à s’en rompre la gorge.

Message édité le 24 août 2015 à 17:01:02 par Arduilanar
--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
24 août 2015 à 19:53:29

Bien. Très bien. Très très bien. En passant, une remarque :

Ishar s’installa un peu de mauvaise grâce sur les banquettes où Yaha leur avait servi son interminable bagout

J'aurais pas mis "bagou". Plutôt laïus, ou quelque chose approchant. Le bagou, c'est vraiment une façon d'être plus qu'une façon de parler, un discours.

Mis à part, c'est un régal, une belle pépite. J'ai beaucoup aimé la lente descente, Danatu qui se retrouve prise piégé à son propre jeun, figurr tragique condamnée. Et la chute... aaaaah, la chute, parfaite ! Du miel :bave: !
Quel dommage que tu n'"écrives pas plus souvent, ton univers et ton style sont véritablement singuliers, excellents, et c'est presque avec tristesse que j'ai vu le texte s'achever.

Bravo, Dudu, tu m'as bien attrapé sur ce coup là :-) !

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
24 août 2015 à 20:44:54

Merci de ta lecture et de ton avis Marty ! :coeur:

J'ai peur d'avoir été un peu rapide sur la descente aux Enfers justement. En tout cas, je ne précise pas la pensée d'Ishar à ce moment-là, même si je laisse tout au long du texte des clés pour comprendre sa psychologie (assez simple, d'ailleurs : il est prêt à tout un tas d'efforts pour se farcir son épouse, mais à un moment trop c'est trop, il change de stratégie et va voir ailleurs...)
J'aurais dû détailler d'avantage ? :(

--crazymarty-- --crazymarty--
MP
Niveau 10
24 août 2015 à 20:54:51

Non, je trouve que c'est bien... Multiplier les détails aurait allonger inutilement, cela aurait nuit au coté "brutal" de cette descente aux enfers. Comme ça donc, c'est parfait.

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 11:49:56

J'ai lu et j'aime beaucoup !

Juste une incohérence, Ishar quitte la pièce et laisse seul Danatu et le type qui ramène la carcasse :question:

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 12:03:09

Merci de ta lecture !

Concernant ta remarque : il a quitté la pièce entre temps. Je ne le précise pas, certes, mais on peut imaginer qu'Ishar l'a fait dégager rapidement une fois son épouse dans les vapes, quitte à lui donner la somme qu'il demandait. Et ils ont viré le sac avec le cadavre en même temps, histoire de ne pas infliger ça plus longtemps à Danatu.
Bon, c'est vrai que je ne suis pas très clair concernant le temps qu'elle a passé évanoui. Comme c'est à cheval entre deux parties, pour moi il y avait une coupure franche (donc plusieurs longues minutes), mais quand on lit à la suite ce n'est pas très évident effectivement.

_dexter75_ _dexter75_
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 13:12:45

J'ai tout lu d'une traite !

Je ne reviendrais pas sur les rares "défauts" qui t'ont déjà été signalé par d'autre et qui ne m'ont pas particulièrement dérangé. je n'ai rien non plus à ajouter pour ton niveau d'écriture qui est très bon.

Tu réussis avec brio à nous immerger dans un univers orientale à la fois crédible et merveilleux et à nous donner une faim de lion avec tes description ! l'histoire se met tranquillement en place, doucement mais surement, et la chute, la chute est agréablement surprenante.
Comme l'a dit Crazy, une véritable descente au enfer qu'on pourrait croire prendre fin lors du retours du chat, jusqu'à ce que la réaction des esclaves plante le dernier clou du "cercueil" de Danatu.
Franchement, cette nouvelle est une vraie pépite qui nous plonge dans un récit beaucoup plus sombre que ce pourrait imaginer au premier abord et ça, j'adore.

Bref, bravo !

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 13:37:51

Merci pour ta lecture - et pour ton commentaire qui me va droit au cœur. :cute:

"Le dernier clou du cercueil", j'adore l'expression. C'est un peu ça, oui ; elle a déjà tout perdu, mais j'ai enfoncé le clou. Ce n'est pas comme si le retour de l'animal pouvait vraiment la ramener à la situation antérieure, mais il aurait pu lui apporter un peu de réconfort ; ou alors achever de la rendre folle. :noel:

Bon, je ne regrette pas d'avoir modifié mon idée de départ d'une nouvelle très courte et félino-centrée ; l'étude des sentiments humains, c'est toujours plus intéressant. J'aimerais bien réemployer Danatu dans un récit postérieur, vieille veuve aigrie et folle à chats. :hap:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 14:21:03

Franchement ton univers à un potentiel énorme, tu as d'autres textes qui se déroule dans ce cadre ?

Arduilanar Arduilanar
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 14:35:26

Evidemment. :p)
Je t'envoie ça par MP.

_dexter75_ _dexter75_
MP
Niveau 10
25 août 2015 à 15:14:21

De rien, c'est mérité ;)

Exactement, même si le retour du chat ne pouvait permettre un retour à la situation initial, il donnait à croire que les malheurs allaient enfin s'arrêter et qui sait, grâce à cette preuve vivante, démontrer à ses anciennes "amies" qu'elle n'était, finalement, pas si folle.

Haha, en même temps, le fait que la chute que tu as donné à ton récit n'était pas celle que tu avais prévu au départ, participe surement à sa réussite, renforçant sa surprise.

Ça pourrait donner un personnage interessant, permettant d'exploiter les bas fond d'Aqram !

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