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Sujet : Un recueil de poésie,

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Krazmer Krazmer
MP
Niveau 10
11 juillet 2015 à 08:50:08

Deux extraits d'un recueil du poète belge contemporain William Cliff, n'ayant pas le recueil avec moi, ce sont les deux seuls extraits qu'on trouve sur internet. America est un recueil de voyage, il a été écrit sur un vieux cargo allemand, le Talavera, qui fait la liaison entre Anvers et Buenos Aires. Cliff durant le voyage s'est tenue à un rythme d'un sonnet journalier.

Cape Cod

Thoreau dit qu’il a longtemps cheminé
dans le Nauset au long des longues plages
et voyant souvent le sable encombré
de bateaux déchirés par les naufrages
certains humains solitaires et sauvages
vêtus d’affreux manteaux tout rapiécés
erraient dit-il pour ce bois ramasser
et s’en servir aux baraques et aux barques
ce Cap n’ayant pas d’arbres grands assez
l’homme est ainsi à l’homme un loup rapace

William Cliff, « Cape Cod », America, Éditions Gallimard, Collection blanche, 1983, page 95.

Le poème dédié au bateau, il appartient au recueil Immenses existences

TALAVÉRA
Vanguélis se montrait dans la posture abjecte
d’une bête abattue aux jambes grand-ouvertes
(cependant le bateau avançait mornement
par la force de son mouvement permanent)

Vanguélis étendu avec sa peau suante
sur sa couche attendait que dans son antre j’entre
Homéros m’y avait poussé avec sarcasme
mais je détestais cette dérision de l’âme

la peau de Vanguélis était nue excepté
un caleçon couvrant sa sexualité
(cependant le bateau continuait mornement
à fendre l’océan sans perdre aucun moment

par son hélice attachée au bout de sa caisse
il remuait la flache et avançait sans cesse)
je reculai pour ne plus voir la dérision
de ce que j’aime aussi pour la simple raison

que la chaleur était ce jour-là suffocante
et dégoûtait de se coller à d’autre viande
(cependant le bateau mornement labourait
l’eau marine montrant son immense marais)

je reculai hors de la vue de ce pauvre homme
qui s’ennuyait à mort sur cette mer énorme
et je rentrai dans ma cabine où m’attendait
l’immensité de la solitude où j’étais

(cependant le bateau continuait mornement
à fendre l’océan sans perdre aucun moment)

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
11 juillet 2015 à 19:20:36

Chef d'ouvre atemporel.

Heureux qui, comme Ulysse...

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim du Bellay, Les Regrets

Mignonne, allons voir si la rose

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Pierre de Ronsard, Odes

Pseudo supprimé
Niveau 9
13 juillet 2015 à 18:54:56

Eau qui se presse, qui court -, eau oublieuse
que la distraite terre boit,
hésite un petit instant dans ma main creuse,
souviens-toi !

Clair et rapide amour, indifférence,
presque absence qui court,
entre ton trop d'arrivée et ton trop de partance
tremble un peu de séjour.

"Eau qui presse, qui court", Vergers de Rainer Maria Rilke

_________________________

Si vous vivez le cliché d'écouter les oiseaux sous un arbre, avant la sieste et à l'ombre, je vous conseille les Vergers de Rilke... ça fait du bien.

Saint-Tom Saint-Tom
MP
Niveau 10
13 juillet 2015 à 19:02:34

Marie-Sybille je voulais partager un poème de Rilke. Tu aimes bien ce poète ?

Pseudo supprimé
Niveau 9
13 juillet 2015 à 19:52:29

Je l'aime assez oui... son approximation parfois, son minimalisme, sa poésie en français semble fragile mais je trouve qu'elle rend service à l'univers qui l'obsède - à moins que ça ne soit l'inverse.

Saint-Tom Saint-Tom
MP
Niveau 10
13 juillet 2015 à 20:00:55

Lis donc Marie-Sybille. :oui:

« Qui donc, si je criais, parmi les cohortes des anges
m'entendrait? Et l'un d'eux quand même dût-il
me prendre soudain sur son cœur, ne m'évanouirais-je pas
sous son existence trop forte? Car le beau
n'est que ce degré du terrible qu'encore nous supportons
et nous ne l'admirons tant que parce que, impassible, il dédaigne
de nous détruire. Tout ange est terrible.
Et je me contiens donc et refoule l'appeau
de mon sanglot obscur. Hélas! qui
pourrait nous aider? Ni anges ni hommes,
et le flair des bêtes les avertit bientôt
que nous ne sommes pas très assurés
en ce monde défini. Il nous reste peut-être
un arbre, quelque part sur la pente,
que tous les jours nous puissions revoir; il nous reste
la rue d'hier et l'attachement douillet à quelque habitude du monde
qui se plaisait chez nous et qui demeura.
Oh! et la nuit, la nuit, quand le vent plein des espaces
Nous ronge la face, à qui ne resterait-elle,
tant désirée, tendrement décevante, épreuve
pour le cœur solitaire? Aux amants serait-elle
plus légère? Hélas! ils ne se cachent
que l'un à l'autre leur sort.
Ne le savais-tu pas? Hors de tes bras
lance le vide vers les espaces que nous respirons peut-être;
les oiseaux sentiront-ils l'air élargi d'un vol plus ému.

Oui, les printemps avaient besoin de toi. Maintes étoiles
voulaient être perçues. Vers toi se levait
une vague du fond du passé, ou encore,
lorsque tu passais près d'une fenêtre ouverte,
un violon s'abandonnait. Tout cela était mission.
Mais l'accomplis-tu? N'étais-tu pas toujours
distrait par l'attente, comme si tout cela t'annonçait
la venue d'une amante? (Où donc voudrais-tu l'abriter,
alors que les grandes pensées étrangères
vont et viennent chez toi, et souvent s'attardent la nuit?)
Mais si la nostalgie te gagne, chante les amantes; il est loin
d'être assez immortel, leur sentiment fameux.
Chante-les (tu les envies presque!) ces délaissées qui te parurent
tellement plus aimantes que les apaisées.
Reprends infiniment l'inaccessible hommage.
Souviens-toi que le héros reste; sa chute même n'était
pour lui qu'un prétexte pour être : suprême naissance.
Mais les amantes, la nature épuisée les reprend
en elle, comme si les forces lui manquaient
pour accomplir deux fois le même ouvrage.
T'es-tu assez souvenu de Gaspara Stampa
pour qu'une jeune fille quelconque,
délaissée par son amant, songe devant l'exemple
sublime de cette aimante : « Que ne suis-je comme elle? »
Ces souffrances lointaines, enfin, vont-elles
devenir plus fécondes? N'est-il pas temps
que ceux qui aiment se libèrent de l'objet aimé,
et le surmontent, frémissants? Ainsi le trait
vainc la corde pour être, rassemblé dans le bond,
plus que lui-même, car nulle part il n'est d'arrêt.

Des voix, des voix. Écoute, mon cœur, comme jadis
seuls les saints écoutaient, au point que l'immense appel
les soulevait du sol, mais eux restaient à genoux,
et, incroyables, n'y prenaient même pas garde,
tant ils étaient concentrés dans l'écoute.
Non que tu puisses supporter la voix de Dieu,
il s'en faut. Mais entends ce souffle :
le message incessant que forme le silence.
Une rumeur de ces morts jeunes monte vers toi.
Partout, dans les églises de Rome, de Naples, où tu entras,
ne rencontras-tu pas leur destin apaisé?
Ou bien une inscription t'apparaissait, sublime :
l'autre jour, cette stèle à Santa-Maria-Formosa…
Ce qu'ils veulent de moi? Avec douceur, je dois détacher d'eux
le semblant d'injustice qui gêne un peu,
parfois, le pur élan de leurs esprits.

Sans doute est-il étrange de n'habiter plus la terre,
de n'exercer plus des usages à peine appris,
aux roses et à tant d'autres choses, précisément prometteuses,
de n'accorder plus le sens de l'humain avenir;
ce que l'on était, entre des mains infiniment peureuses,
de ne l'être plus, et même de lâcher
notre propre nom, ainsi qu'un jouet brisé.
Étrange de ne pas désirer plus avant nos désirs,
étrange que dans l'espace tout ce qui correspondit
voltige, délié. La mort est dure, oui,
et que n'y faut-il rattraper avant
que l'on y sente un peu d'éternité! Mais les vivants
font tous l'erreur de distinguer trop bien.
Les anges (dit-on), eux, ne savent souvent point
s'ils vont parmi des vivants ou des morts. Le courant éternel
entraîne tous les âges par les deux empires.
Ici et là, sa rumeur les domine.
À tout prendre, ils n'ont plus besoin de nous, les élus de la mort précoce;
on se sèvre des choses terrestres, doucement, comme du sein
maternel on se détache en grandissant. Mais nous
qui avons besoin de mystères si grands,
pour qui l'heureux progrès si souvent naît du deuil,
sans eux pourrions-nous être?
Est-ce en vain que jadis la première musique
pour pleurer Linos osa forcer la dureté de la matière inerte?
Si bien qu'alors, dans l'espace effrayé,
que, jeune et presque dieu, il quittait pour toujours,
le vide, ébranlé, connut soudain la vibration
qui nous devint extase, réconfort, secours. »

Rainer Maria Rilke,
Première Élégie de Duino.

Pseudo supprimé
Niveau 9
13 juillet 2015 à 20:49:40

Je connais davantage les poèmes qu'il a écrits en français, beaucoup plus timides. Dans celui que tu partages, il a clairement plus d'assurance, et ça reste très beau !...
Ce qu'il y a, c'est que je trouve le français de Rilke assez mignon, et je préfère donc ses petits poèmes. :oui:
On y retrouve les mêmes thèmes que dans les élégies et je pense qu'on a plus à gagner à lire ses Vergers ou ses Fenêtres que ses traductions (francophones que nous sommes)... j'ai toujours du mal avec les traductions.

De petits morceaux de poésie, où tout est suggéré et où les impressions ne s'entremêlent pas trop... Je crois que je ne suis pas loin d'Aragon dans la lecture de Rilke, "croyant reconnaître" toujours.

"Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke."

____________

Le poème d'Aragon complet :

"Tout est affaire de décor
Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c’est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m’éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j’ai cru trouver un pays.
Cœur léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes nuits
Que faut-il faire de mes jours
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit.
C’était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent
Dans le quartier Hohenzollern
Entre La Sarre et les casernes
Comme les fleurs de la luzerne
Fleurissaient les seins de Lola
Elle avait un cœur d’hirondelle
Sur le canapé du bordel
Je venais m’allonger près d’elle
Dans les hoquets du pianola.
Le ciel était gris de nuages
Il y volait des oies sauvages
Qui criaient la mort au passage
Au-dessus des maisons des quais
Je les voyais par la fenêtre
Leur chant triste entrait dans mon être
Et je croyais y reconnaître
Du Rainer Maria Rilke.
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent.
Elle était brune elle était blanche
Ses cheveux tombaient sur ses hanches
Et la semaine et le dimanche
Elle ouvrait à tous ses bras nus
Elle avait des yeux de faÏence
Elle travaillait avec vaillance
Pour un artilleur de Mayence
Qui n’en est jamais revenu.
Il est d’autres soldats en ville
Et la nuit montent les civils
Remets du rimmel à tes cils
Lola qui t’en iras bientôt
Encore un verre de liqueur
Ce fut en avril à cinq heures
Au petit jour que dans ton cœur
Un dragon plongea son couteau
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent"

"Est-ce ainsi que les hommes vivent", Roman inachevé de Louis Aragon.

Message édité le 13 juillet 2015 à 20:52:25 par
stoechiometrie stoechiometrie
MP
Niveau 10
13 juillet 2015 à 20:51:52

A propos d'Aragon, en cette période de pré-fête nationale, un peu de célébration de l'unité tiens.
________________________________

La Rose et le Réséda

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda

Pseudo supprimé
Niveau 9
14 juillet 2015 à 15:36:40

Une petite chanson de Louis-Ferdinand Céline, ça s'appelle "Règlement" :

Je te trouverai charogne !
Un vilain soir !
Je te ferai dans les mires !
Deux grands trous noirs !
Ton âme de vache dans la trans’pe
Prendra du champ !
Tu verras voir comment que l’on danse !
Au grand cimetière des Bons Enfants !

Refrain :
Mais voici tante Hortense
Et son petit Léo !
Voici Clémentine
Et le vaillant Toto !
Faut-il dire à ces potes
Que la fête est finie ?
Au diable ta sorte !
Carre ! Dauffe ! M’importe,
O malfrat ! tes crosses
Que le vent t’emporte !
Feuilles mortes ! soucis !

Depuis des payes que tu râles
Que t’es cocu !
Que je suis ton voyou responsable
Que t’en peux plus !
Va pas louper l’occase unique
De respirer !
Viens voir avec moi si ça pique
Aux grandes osselettes de Saint-Mandé, (bis)

(Refrain)

C’est pas des nouvelles que t’en croques
Que t’es pourri !
Que les bourmanes ils te suffoquent
Par ta mélie !
C’est comme ça qu’a tombé Mimile
Dans le grand panier !
Tu vas voir ce joli coupe-file
Que j’vais t’ourdir dans l’araignée !

(Refrain)

Mais la question qui me tracasse
En te regardant !
Est-ce que tu seras plus dégueulasse
Mort que vivant !
Si tu vas repousser la vermine
Plus d’enterrement !
Si tu restes en rade sur la pile
J’aurai des crosses avec Mimile
Au trou cimetière des Bons Enfants !

Mais voici tante Hortense
Et son petit Léo !
Voici Clémentine
Et le vaillant Toto !
Faut-il dire à ces potes
Que la fête est finie ?
Au diable ta sorte !
Carre ! Dauffe ! M’importe,
O malfrat ! tes crosses
Que le vent t’emporte !
Tourbillons et soucis !

_______________

(Céline ne chantait pas très bien, mais il chantait : https://www.youtube.com/watch?v=y8ofjF4_e1Y)

PS : je l'ai publié et supprimé plusieurs fois car le texte que j'ai trouvé sur internet était mal retranscrit !

Message édité le 14 juillet 2015 à 15:37:46 par
Roi-Jaune Roi-Jaune
MP
Niveau 5
15 juillet 2015 à 01:32:25

Il y a un lac dans la lointaine contrée de Zan,
Au delà des régions habitées par l'homme,
Où médite seul, dans un état hideux,
Un esprit mort et désolé ;
Un esprit ancien et impie,
Lourd d'une effroyable mélancolie,
Qui des eaux ternes et profondes
Fait surgir des vapeurs de pestilence.
Sur les berges, dans un bouclier d'argile,
Se vautrent des choses d'une offensante corruption,
Et les oiseaux curieux qui atteignent ce rivage
Ne sont jamais plus revus par les mortels.
Ici brille le jour un soleil ardent
Sur des étendues vitreuses que personne ne contemple,
Ici s'écoulent la nuit de pâles rayons de lune
Dans les profondeurs béantes.
Il n'est dit que dans les cauchemars
Quelles scènes se déroulent à la lueur de ces rayons ;
Quelles scènes, trop anciennes pour la vue de l'homme,
Gisent englouties dans la nuit éternelle ;
Car ces profondeurs sont seulement arpentées
Par les ombres d'une race muette.
Par une nuit exhalant les relents du mal,
J'ai vu ce lac, assoupi et tranquille ;
Tandis que dans le ciel blafard voguait
Une lune gibbeuse qui brillat et brillait.
J'ai vu les étendues fangeuses de ces berges,
Et les créatures immondes qu'abritent les marécages ;
Lézards et serpents en proie à des convulsions mortelles ;
Corbeaux et vampires se putréfiant ;
Tous ceux-là, et au dessus des cadavres,
Les nécrophage qui en tirent leur pitance.
Et, alors la lune redoutable s'élevait dans les cieux,
Chassant les étoiles de la voûte céleste,
Je vis les eaux ternes du lac briller
Jusqu'à ce que des choses sortent de son sein.
Là-bas luisaient, à des lieux innombrables,
Les tours d'une ville oubliée ;
Les dômes ternis et les murs moussus ;
Des flèches aux algues emmêlées et des salles vides ;
Des temples abandonnés et des caveaux d'épouvantes,
Et des rue dont l'or n'était pas convoité.
Tous cela je l'ai comtemplé, mais j'ai vu aussi
Une horde d'ombres informes qui glissait lentement ;
Une horde malsaine qui sous mon regard
Semblait se livrer à une danse hideuse
Autour de sépulcres visqueux, proches
D'un chemin que nul ne parcourt jamais.
Emmanant de ces tombes monta une clameur
Qui trembla la maussade tranquilité des eaux,
Tandis que des ombres funestes venues de l'espace éthéré
Hurlaient à la face sardonique de la lune.
Alors le lac s'enfonça dans son lit,
Aspiré dans les cavernes de la mort,
J'usqu'à ce que la terre infecte ainsi mise à nue
S'élèvent en volutes fétides des vapeurs délétères.
Aux alentours de la cité, presque découverte,
Les ombres monstrueuses dansaient de plus belle,
Quand, regardez ! Brusquement s'ouvre
Le portail de chaques sépulcres !
Aucune oreille ne saurait comprendre ; aucune langue ne saurait décrire
Quelle horreur surgit à cet instant.
Je vis le lac, cette lune grimaçante,
La cité et les choses en ses murs...
Eveillé, je prie pour que sur cette rive
Le lac du cauchemar ne s'enfonce jamais plus !

H.P Lovecraft.

Pseudo supprimé
Niveau 9
16 juillet 2015 à 18:24:50

Leconte de Lisle : on ne le médite pas, celui-là... on l'écoute juste ! :oui:

_____________________________________

Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L’horizon aux vapeurs de cuivre où l’homme habite.

Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l’antre éloigné de cent lieues,
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.

Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L’air épais, où circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos dont l’écaille étincelle.

Tel l’espace enflammé brûle sous les cieux clairs.
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes
Vont au pays natal à travers les déserts.

D’un point de l’horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l’on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur pied large et sûr crouler au loin les dunes.

Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine
Sa tête est comme un roc, et l’arc de son échine
Se voûte puissamment à ses moindres efforts.

Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux ;
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.

L’oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l’œil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l’air embrasé monte en brume ;
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.

Mais qu’importent la soif et la mouche vorace,
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé ?
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s’abrita leur race.

Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Où nage en mugissant l’hippopotame énorme,
Où, blanchis par la Lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.

Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité ;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l’horizon s’effacent.

Charles-Marie Leconte de Lisle, "Les Éléphants" dans Poèmes barbares

Message édité le 16 juillet 2015 à 18:26:02 par
]BestGeek[ ]BestGeek[
MP
Niveau 10
16 juillet 2015 à 20:34:31

Est-ce vous
Qui comprendrez pourquoi,
Serein,
Sous une tempête de sarcasmes,
Au dîner des années futures
J’apporte mon âme sur un plateau ?
Larme inutile coulant
De la joue mal rasée des places,
Je suis peut-être
Le dernier poète.
Vous avez vu
Comme se balance
Entre les allées de briques
Le visage strié de l’ennui pendu,
Tandis que sur le cou écumeux
Des rivières bondissantes,
Les ponts tordent leurs bras de pierre.
Le ciel pleure
Avec bruit,
Sans retenue,
Et le petit nuage
A au coin de la bouche,
Une grimace fripée,
Comme une femme dans l’attente d’un enfant
À qui dieu aurait jeté un idiot bancroche.
De ses doigts enflés couverts de poils roux, le soleil vous a épuisé de caresses, importun comme un bourdon.
Vos âmes sont asservies de baisers.
Moi, intrépide,
je porte aux siècles ma haine des rayons du jour ;
l’âme tendue comme un nerf de cuivre,
je suis l’empereur des lampes.
Venez à moi, vous tous qui avez déchiré le silence,
Qui hurlez,
Le cou serré dans les nœuds coulants de midi.
Mes paroles,
Simples comme un mugissement,
Vous révèleront
Nos âmes nouvelles,
Bourdonnantes
Comme l’arc électrique.
De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes,
Et il vous poussera
Des lèvres
Faites pour d’énormes baisers
Et une langue
Que tous les peuples comprendront.
Mais moi, avec mon âme boitillante,
Je m’en irai vers mon trône
Sous les voûtes usées, trouées d’étoiles.
Je m’allongerai,
Lumineux,
Revêtu de paresse,
Sur une couche moelleuse de vrai fumier,
Et doucement,
Baisant les genoux des traverses,
La roue d’une locomotive étreindra ton cou.

Si je croyais à l'outre-tombe...
Une promenade est facile.
Il suffit d'allonger le bras, –
la balle aussitôt
dans l'autre vie
tracera un chemin retentissant.
Que puis-je faire
si moi
de toutes mes forces
de tout mon cœur
en cette vie
en cet
univers
ai cru
crois.

Vladimir Maïakovski, Cela.

J'ai connu cet auteur avec une chanson de Noir Désir, en discutant avec mon frère, fan du groupe. Là j'ai juste choisi un poème qu'on peut trouver sur le net... Et il me plaît. :o))

Le_Pere_Vers Le_Pere_Vers
MP
Niveau 3
17 juillet 2015 à 00:33:05

Un poème de René Char, "Sur une nuit sans ornement", extrait du recueil La parole en archipel :

Regarder la nuit battue à mort; continuer à nous suffire à elle.

Dans la nuit, le poète, le drame et la nature ne font qu'un, mais en montée et s'aspirant.

La nuit porte nourriture, le soleil affine la partie nourrie.

Dans la nuit se tiennent nos apprentissages en état de servir à d'autres, après nous. Fertile est la fraîcheur de cette gardienne!

L'infini attaque mais un nuage sauve.

La nuit s'affilie à n'importe quelle instance de la vie disposée à finir en printemps, à voler par tempête.

La nuit se colore de rouille quand elle consent à vous entrouvrir les grilles de ses jardins.

Au regard de la nuit vivante, le rêve n'est parfois qu'un lichen spectral.

Il ne fallait pas embrasser le cœur de la nuit. Il fallait que l'obscur fût maître où se cisèle la rosée du matin.

La nuit ne succède qu'à elle. Le beffroi solaire n'est qu'une tolérance intéressée de la nuit.

La reconstruction de notre mystère, c'est la nuit qui en prend soin; la toilette des élus, c'est la nuit qui l'exécute.

La nuit déniaise notre passé d'homme, incline sa psyché devant le présent, met de l'indécision dans notre avenir.

Je m'emplirai d'une terre céleste.

Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime.

Et un petit poème d'Arthur Rimbaud, que je trouve formidable pour la manière dont le quotidien et le banal devient poésie et provocation en seulement 14 vers, "Au Cabaret-Vert" :

Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

Pseudo supprimé
Niveau 9
27 juillet 2015 à 15:09:53

Aujourd'hui, une fable de Florian qui me rappelle de bons souvenirs d'enfance :

"La guenon, le singe et la noix"

Une jeune guenon cueillit
Une noix dans sa coque verte ;
Elle y porte la dent, fait la grimace... ah ! Certe,
Dit-elle, ma mère mentit
Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.
Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes
Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit !
Elle jette la noix. Un singe la ramasse,
Vite entre deux cailloux la casse,
L'épluche, la mange, et lui dit :
Votre mère eut raison, ma mie :
Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.
Souvenez-vous que, dans la vie,
Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.

dans les Fables de Jean-Pierre Claris de Florian.

Pseudo supprimé
Niveau 9
27 juillet 2015 à 15:13:55

Le 17 juillet 2015 à 00:33:05 Le_Pere_Vers a écrit :
Et un petit poème d'Arthur Rimbaud, que je trouve formidable pour la manière dont le quotidien et le banal devient poésie et provocation en seulement 14 vers, "Au Cabaret-Vert" :

Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

J'ai envie de dire, une scène qui ne devient poésie qu'à l'achèvement du poème !... J'aime beaucoup cette pièce moi-même.

JorgeLuisBorges JorgeLuisBorges
MP
Niveau 10
27 juillet 2015 à 16:26:26

qui me rappelle de bons souvenirs d'enfance :d) T'as eu des difficultés avec l'apprentissage de l'utilisation du casse-noix :question:

Le texte sur lequel j'ai raconté beaucoup de conneries lors de mon premier oral de français. Qu'est ce que le baroque peut être cliché parfois :(
_______________________________

Un Corbeau devant moi croasse,
Une ombre offusque mes regards,
Deux belettes et deux renards
Traversent l'endroit où je passe :
Les pieds faillent à mon cheval,
Mon laquais tombe du haut mal,
J'entends craqueter le tonnerre,
Un esprit se présente à moi,
J'ois Charon qui m'appelle à soi,
Je vois le centre de la terre.

Ce ruisseau remonte en sa source,
Un bœuf gravit sur un clocher,
Le sang coule de ce rocher,
Un aspic s'accouple d'une ourse,
Sur le haut d'une vieille tour
Un serpent déchire un vautour,
Le feu brûle dedans la glace,
Le Soleil est devenu noir,
Je vois la Lune qui va choir,
Cet arbre est sorti de sa place.

Théophile de Viau, "Un corbeau devant moi croasse..."

Pseudo supprimé
Niveau 9
27 juillet 2015 à 16:39:15

Le 27 juillet 2015 à 16:26:26 JorgeLuisBorges a écrit :
qui me rappelle de bons souvenirs d'enfanhce :d) T'as eu des difficultés avec l'apprentissage de l'utilisation du casse-noix :question:

Mon père la savait par cœur et j'ai toujours son rythme dans ma tête, qui me semble parfait.
Sans instruction ou si peu, il avait cette intuition de la poésie... j'ai d'autres exemples qui me le font croire.

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
27 juillet 2015 à 20:53:44

Extrait de La Conférence des Oiseaux de Farid-Ud-Din Attâr

La Vallée de l'Amour

Après la première vallée (continua la huppe), celle de l’amour se présente. Pour y entrer il faut se plonger tout à fait dans le feu ; que dis-je ? on doit être soi-même du feu, car autrement on ne pourrait y vivre.

L’amant véritable doit être en effet pareil au feu ;
il faut qu’il ait le visage enflammé ;
qu’il soit brûlant et impétueux comme le feu.

Pour aimer, il ne faut pas avoir d’arrière-pensée ;
il faut être disposé à jeter volontiers dans le feu cent mondes ;
il ne faut connaître ni la foi ni l’infidélité, n’avoir ni doute ni certitude.
Dans ce chemin il n’y a pas de différence entre le bien et le mal ;
avec l’amour, ni le bien ni le mal n’existent plus.

O toi qui vis dans l’insouciance ! ce discours ne saurait te toucher ;
tu le repousses,
tes dents ne peuvent y mordre.
Celui qui agit loyalement joue argent comptant,
il joue sa tête pour s’unir à son ami.
Les autres se contenteront de la promesse qu’on leur fera pour demain ;
mais celui-là recevra la chose argent comptant.

Si celui qui s’engage dans la voie spirituelle ne se consume pas lui-même en entier, comment pourra-t-il être délivré de la tristesse qui l’accable ?

Tant que toute essence ne sera pas radicalement consumée, pourras-tu faire de ton coeur un objet de rubis et le vendre ?

Le faucon est toujours en proie au feu de l’agitation tant qu’il n’arrive pas à son but.
Si le poisson tombe de l’Océan sur la plage, il s’agite jusqu’à ce qu’il soit retourné dans l’eau.

Dans cette vallée, l’amour est représenté par le feu, et sa fumée c’est la raison.
Lorsque l’amour vient, la raison fuit au plus vite.
La raison ne peut cohabiter avec la folie de l’amour ;
l’amour n’a rien à faire avec la raison humaine.

Si tu acquérais du monde invisible une vue réellement droite, tu pourrais alors seulement connaître la source de l’amour mystérieux que je t’annonce.
L’existence de l’amour est peu à peu complètement détruite par l’ivresse même de l’amour.

Si tu possédais la vue spirituelle (du monde invisible), les atomes du monde visible te seraient aussi dévoilés ;
mais si tu regardes avec l’oeil de l’intelligence (humaine), tu ne comprendras jamais comme il faut l’amour.

Un homme éprouvé et libre peut seul ressentir cet amour spirituel.
Or tu n’as pas l’expérience voulue, et d’ailleurs tu n’es pas réellement amoureux ;

tu es mort ; comment serais-tu propre à l’amour ?

Pseudo supprimé
Niveau 9
27 juillet 2015 à 21:25:29

"Adieu" est en prose, on ne peut pas parler de vers.

Moi j'aime beaucoup ces images :
"Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin"

Pour moi, c'est ça l'adieu.

Une saison en enfer est un de mes livres préférés. :oui:

Azherka Azherka
MP
Niveau 10
27 juillet 2015 à 23:28:26

Ophélie, d'Arthur Rimbaud.

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or

II

O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits,
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !

III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

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