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Sujet : Un recueil de poésie,

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MP
Niveau 10
07 juillet 2015 à 01:11:13

Un choix surement contestable pour beaucoup mais à mes yeux c'est un des meilleurs poèmes français :

Sonnet en X

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore.)

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.

Stéphane Mallarmé, 1899.

Sinon, je voulais vous demander, que pensez-vous d'Un coup de dés jamais n'abolira le hasard ?

Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
07 juillet 2015 à 01:17:37

Je connais peu les poèmes de Mallarmé. En tout cas il est très beau.

Foreskin Foreskin
MP
Niveau 8
07 juillet 2015 à 01:36:20

« [...]
Par la lune d'été vaguement éclairée,
Debout, nue, et rêvant dans sa pâleur dorée
Que tache le flot lourd de ses longs cheveux bleus,
Dans la clairière sombre où la mousse s'étoile,
La Dryade regarde au ciel silencieux...
- La blanche Séléné laisse flotter son voile,
Craintive, sur les pieds du bel Endymion,
Et lui jette un baiser dans un pâle rayon...
- La Source pleure au loin dans une longue extase...
C'est la Nymphe qui rêve, un coude sur son vase,
Au beau jeune homme blanc que son onde a pressé.
- Une brise d'amour dans la nuit a passé,
Et, dans les bois sacrés, dans l'horreur des grands arbres,
Majestueusement debout, les sombres Marbres,
Les Dieux, au front desquels le Bouvreuil fait son nid,
- Les Dieux écoutent l'Homme et le Monde infini ! »

Soleil et chair, Arthur Rimbaud.

Timek7 Timek7
MP
Niveau 4
07 juillet 2015 à 01:40:31

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

La Mort des amants, Baudelaire

Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
07 juillet 2015 à 12:55:25

Bon, je me rends compte que je n'ai pas beaucoup contribué à ce recueil, alors je vais m'y mettre.
Tout d'abord, honneur au Roi ! Je vous propose un poème du Roi de France, Henry IV.

Après avoir forcé toutes leurs citadelles,
Il voit à ses genoux, les grands chefs des Rebelles,
Qui d'un zèle obstiné couvrans un attentat,
Pour affermir un Temple, ébranloient un État,
Et par leur malheureuse et fausse Politique,
Mesloient la Monarchie avec la République.
Le Roy, pour divertir de plus tragiques maux,
Sembloit avoir traitté ces subjects comme égaux,
Et pour les retenir sous son obéissance,
En leur donnant la Paix relasche sa puissance ;
Mais cette ambition qui veut tout desunir,
Leur ostant de ce bien le faible souvenir,
Renversoit leurs esprits par sa noire manie,
Et leur faisoit passer la Loy pour tyrannie :
On les voyait tousiours dans les extremitez,
Ou tantost abbatus, ou tantost agitez ;
Et par leurs passions, leurs ames inégalles
Entre mille fureurs avoient peu d'intervalles.
Ce Prince, après avoir leurs Temples demolis,
Replanté dans ces lieux, et la Croix, et les Lys ;
Battu leurs alliez et par mer et par terre.

Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
07 juillet 2015 à 13:00:50

« Tout se mêle en un vif éclat de gaieté verte
O le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,
Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

O le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le coeur du jour qui se meurt parfumé.

Je suis gai! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j'ai de la foule méchante !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l'Art !...
J'ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d'automne au loin passant dans le brouillard.

C'est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et objet du mépris,
De se savoir un coeur et de n'être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d'orage !

Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Ou l'Idéal m'appelle en ouvrant ses bras roses;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !

Pendant que tout l'azur s'étoile dans la gloire,
Et qu'un rythme s'entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n'ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !...
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre;
Enfin mon coeur est-il guéri d'avoir aimé ?

Les cloches ont chanté; le vent du soir odore...
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j'ai peur d'éclater en sanglots ! »

La romance du vin,
Émile Nilligan.

Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
07 juillet 2015 à 13:35:45

Une citation de Franz Kafka que je trouve très poétique, elle vient de son Journal Intime.

« […] Je suis de pierre ; je suis ma propre pierre tombale, sans nul interstice pour le doute ou pour la foi, pour l’amour ou pour la répulsion, pour le courage ou pour l’angoisse, en particulier ou en général ; seul un vague espoir vit, mais à la façon des inscriptions funéraires. Pas un mot, lorsque j’écris, qui convienne à un autre, j’entends les consonnes se heurter, sonnant creux, les voyelles chanter comme des nègres d’Exposition. Mes doutes cernent chaque mot avant même que je le discerne, que dis-je, ce mot je l’invente ! Encore le malheur ne serait-il pas grand si je pouvais au moins inventer des mots susceptibles de chasser l’odeur cadavérique pour que ni moi ni le lecteur n’en fussions incommodés. Assis à ma table de travail, je ne me sens pas plus à l’aise que quelqu’un qui sur la place de l’Opéra, se casserait les jambes en pleine circulation. Toutes les voitures, en dépit du vacarme, silencieusement, venant de tous les côtés, se hâtent vers tous les côtés, mais mieux que les agents de police la douleur de cet homme assure l’ordre, qui lui fait fermer les yeux et qui vide la place et les rues sans que les voitures rebroussent chemin. La vie nombreuse le fait souffrir, puisqu’il obstrue la circulation, mais le vide n’est pas moins éprouvant car il libère sa douleur proprement dite. »

:oui:

Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
07 juillet 2015 à 13:36:55

Je suis content que vous ayez tous joués le jeu au moins une fois sur ce topic. Je vous remercie très sincèrement pour chacune de vos contributions. En très peu de pages, nous avons réussi à recueillir plusieurs auteurs, poèmes, tous très variés, tous très beaux, de différentes nationalités, dans différents contextes et différentes époques.

Je vous propose donc un récapitulatif des auteurs qui ont été partagés ici, c'est une liste que je mettrais régulièrement à jour, par période.

Je pense n'avoir rien oublié, si c'est le cas, n'hésitez pas à me le signaler. Bonne lecture à ceux qui découvrent la liste, vous avez tout un choix de découverte. :rouge:

Al-Mutanabbī (Abou T̩ayeb Ah̩mad) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738113712

Apollinaire (Guillaume) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738121384
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742040440

Baudelaire (Charles) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738012040
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/739220600
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742507976

Bertrand (Aloysius) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741502488

Bousquet (Joe) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/739009608

Campos (Alvaro) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742040440

Corneille (Pierre) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738034520

Faulkner (William) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742243280

Fort (Paul) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741530720

Hafez (Khouajeh Chams) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738113712

Heredia (José-Maria) :d) ' https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741360112

Henry IV :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742575472

Kafka (Franz) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742583776

Machado (Antonio) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741368952

Mallarmé (Stéphane) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/739009880
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742501992

Manrique (Jorge) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741364360

Michaux (Henri) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741572344

Nerval (Gérard) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741502488

Nietzche (Friedrich) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741359368

Niligan (Emile) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742576488

Pessoa (Fernando) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742040440

Ponge (Francis) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/739777840

Prévert (Jacques) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742040440

Rimbaud (Arthur) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/740067104
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742247568
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742507312

Roy (Claude) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738126208

Rutebeuf :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/739683952

Sappho :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741381088

Valéry (Paul) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742472280

Verlaine (Paul) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738126208
https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/740222768

Vian (Boris) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/741374688

Wilde (Oscar) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/739558248

Withman (Walt) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738371232

_________

Célèbre correspondance entre Georges Sand et Alfred de Musset. :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742306640

________
Le corbac et le goupil (parodie) :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/738067032
Poésie écrite par BonneAventure :d) https://www.jeuxvideo.com/tom-h/forums/message/742226488

Message édité le 07 juillet 2015 à 13:39:56 par Tom-XIV
Pseudo supprimé
Niveau 5
07 juillet 2015 à 13:44:31

In Xanadu did Kubla Khan
A stately pleasure-dome decree:
Where Alph, the sacred river, ran
Through caverns measureless to man
Down to a sunless sea.
So twice five miles of fertile ground
With walls and towers were girdled round;
And there were gardens bright with sinuous rills,
Where blossomed many an incense-bearing tree;
And here were forests ancient as the hills,
Enfolding sunny spots of greenery.

But oh! that deep romantic chasm which slanted
Down the green hill athwart a cedarn cover!
A savage place! as holy and enchanted
As e’er beneath a waning moon was haunted
By woman wailing for her demon-lover!
And from this chasm, with ceaseless turmoil seething,
As if this earth in fast thick pants were breathing,
A mighty fountain momently was forced:
Amid whose swift half-intermitted burst
Huge fragments vaulted like rebounding hail,
Or chaffy grain beneath the thresher’s flail:
And mid these dancing rocks at once and ever
It flung up momently the sacred river.
Five miles meandering with a mazy motion
Through wood and dale the sacred river ran,
Then reached the caverns measureless to man,
And sank in tumult to a lifeless ocean;
And ’mid this tumult Kubla heard from far
Ancestral voices prophesying war!
The shadow of the dome of pleasure
Floated midway on the waves;
Where was heard the mingled measure
From the fountain and the caves.
It was a miracle of rare device,
A sunny pleasure-dome with caves of ice!

A damsel with a dulcimer
In a vision once I saw:
It was an Abyssinian maid
And on her dulcimer she played,
Singing of Mount Abora.
Could I revive within me
Her symphony and song,
To such a deep delight ’twould win me,
That with music loud and long,
I would build that dome in air,
That sunny dome! those caves of ice!
And all who heard should see them there,
And all should cry, Beware! Beware!
His flashing eyes, his floating hair!
Weave a circle round him thrice,
And close your eyes with holy dread
For he on honey-dew hath fed,
And drunk the milk of Paradise.

Kubla Khan Samuel Taylor Coleridge

Pseudo supprimé
Niveau 9
07 juillet 2015 à 15:58:16

Quelle bonne idée de récapituler tous nos partages.
En voici un que j'aime tout particulièrement, tout ce que j'aime dans la poésie.

"Marizibill"

Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes

Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Changaï

Je connais gens de toutes sortes
Ils n'égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs cœurs bougent comme leurs portes.

Guillaume Apollinaire, dans Alcools

Pseudo supprimé
Niveau 2
07 juillet 2015 à 17:33:43

Cé qu’è lainô, le Maitre dé bataille,
Que se moqué et se ri dé canaille;
A bin fai vi, pè on desande nai,
Qu’il étivé patron dé Genevoi.

I son vegnu le doze de dessanbro
Pè onna nai asse naire que d’ancro;
Y étivé l’an mil si san et dou,
Qu’i veniron parla ou pou troi tou.

Pè onna nai qu’étive la pe naire
I veniron; y n’étai pas pè bairè;
Y étivé pè pilli nou maison,
Et no tüa sans aucuna raison.

Cé qu'è lainô.

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
07 juillet 2015 à 21:14:51

Le 07 juillet 2015 à 01:04:56 Tom-XIV a écrit :
Ptittxete :d) C'est absolument énorme, je ne connaissais pas du tout ce poème de Rimbaud, âgé de 15 ans. C'est bluffant, je me suis permis de l'enregistrer. :rouge:

Je t'en pris. Eh oui, Rimbaud c'est le vraiment le talent à l'état pur. :oui:

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
07 juillet 2015 à 21:51:59

Poème de Abû `Abd Allah al-Husayn Mansur al-Hallaj, certainement une des plus grandes figures mystiques en Islam avec Rumi ou encore Ibn Arabi, je vous conseille les nombreux travaux du célèbre Louis Massignon dessus :

J'ai un Bien-Aimé que je visite dans les solitudes
Présent et absent aux regards
Tu ne me vois pas L'écouter avec l'ouïe
pour comprendre les mots qu'Il dit
Mots sans forme ni prononciation
Et qui ne ressemblent pas à la mélodie des voix
C'est comme si en m’adressant à Lui
Par la pensée, je m'adressais à moi-même
Présent et absent, proche et lointain
Les figures des qualificatifs ne peuvent Le contenir
Il est plus près que la conscience pour l'imagination
Et plus caché que les pensées évidentes

Poème de Abou el Kacem Chebbi, un des symboles de la poésie arabe du XXe, poète national de la Tunisie, une oeuvre incandescente et une vie si courte de seulement vingt-cinq ans. Je vous conseille vraiment le recueil Diwane des Cantiques de la Vie, compilation de la quasi-totalité de ses poèmes traduits en français. Ici son poème emblématique, non extrait du recueil mentionné au-dessus :

La volonté de vivre

''Lorsqu'un jour le peuple veut vivre,
Force est pour le Destin, de répondre,
Force est pour les ténèbres de se dissiper,
Force est pour les chaînes de se briser.
Avec fracas, le vent souffle dans les ravins,
au sommet des montagnes et sous les arbres

Disant :

"Lorsque je tends vers un but,
je me fais porter par l’espoir
et oublie toute prudence ;
Je n’évite pas les chemins escarpés
et n’appréhende pas la chute
dans un feu brûlant.
Qui n’aime pas gravir la montagne,
vivra éternellement au fond des vallées".
Je sens bouillonner dans mon cœur
Le sang de la jeunesse
Des vents nouveaux se lèvent en moi
Je me mets à écouter leur chant
A écouter le tonnerre qui gronde
La pluie qui tombe et la symphonie des vents.

Et lorsque je demande à la Terre :
"Mère, détestes-tu les hommes ?"
Elle me répond :
"Je bénis les ambitieux
et ceux qui aiment affronter les dangers.
Je maudis ceux qui ne s’adaptent pas
aux aléas du temps et se contentent de mener
une vie morne, comme les pierres.
Le monde est vivant.
Il aime la vie et méprise les morts,
aussi fameux qu’ils soient.
Le ciel ne garde pas, en son sein,
Les oiseaux morts
et les abeilles ne butinent pas
les fleurs fanées.
N’eût été ma tendresse maternelle,
les tombeaux n’auraient pas gardé leurs morts".

Par une nuit d’automne,
Lourde de chagrin et d’inquiétude,
Grisé par l’éclat des étoiles,
Je saoule la tristesse de mes chants,
Je demande à l’obscurité :
"La vie rend-elle à celui qu’elle fane
le printemps de son âge ? "
La nuit reste silencieuse.
Les nymphes de l’aube taisent leur chant.
Mais la forêt me répond d'une voix
aussi douce que les vibrations d'une corde :
" Vienne l'hiver, l'hiver de la brume,
l'hiver des neiges, l'hiver des pluies.
S'éteint l'enchantement,
Enchantement des branches
des fleurs, des fruits,
Enchantement du ciel serein et doux,
Enchantement exquis des prairies parfumées.
Les branches tombent avec leurs feuilles,
tombent aussi les fleurs de la belle saison.
Tout disparaît comme un rêve merveilleux
qui brille, un instant, dans une âme,
puis s'évanouit.
Mais restent les graines.
Elles conservent en elles le trésor
d'une belle vie disparue..."

La vie se fait
Et se défait
Puis recommence.
Le rêve des semences émerge de la nuit,
Enveloppé de la lueur obscure de l'aurore,
Elles demandent :
"Où est la brume matinale ?
Où est le soir magique ?
Où est le clair de lune ?
Où sont les rayons de la lune et la vie ?
Où est la vie à laquelle j'aspire ?
J'ai désiré la lumière au-dessus des branches.
J'ai désiré l'ombre sous les arbres"

Il dit aux semences :
"La vie vous est donnée.
Et vous vivrez éternellement
par la descendance qui vous survivra.
La lumière pourra vous bénir,
accueillez la fertilité de la vie.
Celui qui dans ses rêves adore la lumière,
la lumière le bénira là où il va."
En un moment pas plus long
qu'un battement d'ailes,
Leur désir s'accroît et triomphe.
Elles soulèvent la terre qui pèse sur elles
Et une belle végétation surgit pour contempler la beauté de la création.

La lumière est dans mon cœur et mon âme,
Pourquoi aurais-je peur de marcher dans l'obscurité ?
Je voudrais ne jamais être venu en ce monde
Et n'avoir jamais nagé parmi les étoiles.
Je voudrais que l'aube n'ait jamais embrassé mes rêves
Et que la lumière n'ait jamais caressé mes yeux.
Je voudrais n'avoir jamais cessé d'être ce que j'étais,
Une lumière libre répandue sur toute l'existence.
''
Et ici en arabe à l'oral :

https://www.youtube.com/watch?v=N4tVxDiO9JQ

Bonne lecture et écoute :)

Message édité le 07 juillet 2015 à 21:53:31 par Ptittxete
Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
08 juillet 2015 à 02:26:27

Tu semble avoir fait de la littérature/poésie arabe ta spécialité. Puis-je connaître tes références ?

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
08 juillet 2015 à 03:00:05

Je suis encore loin d'être spécialiste en littérature arabe (et persan aussi d'ailleurs), mais pour moi c'est vraiment des langues de poésies et de connaissances assez remarquables. Je suis bien plus "calé" en littérature française, par exemple.

Mes références ? Mes œuvres préférés ?

Message édité le 08 juillet 2015 à 03:01:01 par Ptittxete
Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
08 juillet 2015 à 03:06:03

Quelques courts extraits du célèbre et gigantesque (au sens propre) poème de Dante Alighieri, intitulé La Divine Comédie (que je n'ai pas encore lu). Voici deux passages très célèbres : les deux premières strophes et l’entrée des Enfers, suivies de leur traduction.

Nel mezzo del cammin di nostra vita
Mi ritrovai per una selva oscura,
Chè la diritta via era smarrita.

Ah! quanto a dir qual era è cosa dura
Esta selva, selvaggia e aspra e forte,
Che nel pensier rinnova la paura !

Au milieu de la course de notre vie,
je perdis le véritable chemin,
et je m'égarai dans une forêt obscure :

Ah ! Il serait trop pénible de dire combien cette forêt,
dont le souvenir renouvelle ma crainte,
était âpre, touffue et sauvage.

Dans le chant Troisième, avec Virgile (pour ceux qui connaissent Les Bucoliques), son guide, ils arrivent à la porte des Enfers où ils voient, écrits en grosses lettres.:

Per me si va nella città dolente,
Per me si va nell’eterno dolore,
Per me si va tra la perduta gente.

Dinanzi a me non fur cose create,
Se non eterne, ed io eterno duro,
Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate.

Par moi l’on va dans la cité dolente,
Par moi l’on va dans l’éternelle douleur,
Par moi l’on va parmi la gent perdue.

Avant moi il ne fut rien créé
Sinon d’éternel, et moi je dure éternellement.
Vous qui entrez, laissez toute espérance.

Message édité le 08 juillet 2015 à 03:08:45 par Tom-XIV
Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
08 juillet 2015 à 03:10:12

Ptittxete :d) Oui, en littérature arabe ou persane (ou française, ou peu importe). D'où vient cette attirance pour cette culture ?

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
08 juillet 2015 à 03:25:46

D'abord, mon petit classement-sélection d'oeuvre, surtout poétique :

Arabe :

Le Collier de la colombe de Ibn Hazm
Le vin, le vent, la vie de Abu Nawas
Le Roman d'Antar de Antara Ibn Chadded el'Absi

Perse :

Le Mathnawî de Djalâl ad-Dîn Rûmî
Le Cantique des Oiseaux de Farid ud-Din' Attar
Le Livre des rois ou Shâh Nâmeh de Ferdowsî

Tom-XIV Tom-XIV
MP
Niveau 7
08 juillet 2015 à 03:37:16

Farid ud-Din' Attar, je suis un admiratif de ses peintures. :oui:

Ptittxete Ptittxete
MP
Niveau 8
08 juillet 2015 à 03:46:07

Le 08 juillet 2015 à 03:10:12 Tom-XIV a écrit :
Ptittxete :d) Oui, en littérature arabe ou persane (ou française, ou peu importe). D'où vient cette attirance pour cette culture ?

Eh bien c'est surtout de la curiosité, notamment avec mes origines, je dois bien l'avouer, mais surtout avec le début de mon apprentissage de la langue arabe et bientôt du persan je l'espère. Ce qui me fascine c'est surtout le ravinement de la pensée surtout pendant l'âge d'or arabe, l'émulation créative et imaginative, l'adoration du beau mot et de la belle phrase dès le plus jeune âge, notamment au niveau de la place du poète, de l'érudition, c'est assez fascinant, je trouve. Et puis il y a aussi toute la pensée mystique, la philosophie arabe dans un premier temps, puis la pensée persane avec entre autres Sohrawardi.

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