Voyons ça...

J'avance, hein

Chacun son rythme, on t'en veux pas, Papybigrat

Académie de Fordhiver, un matin d’hiver, de bonne heure

- Désolé de mon retard ! J’ai été retenu par l’Archimage.

Le Dunmer Benus, historien et archiviste de l’Académie, prononça ces mots en franchissant la grande porte de la bibliothèque où s’étaient réunis les étudiants, qui avaient vocation à devenir les mages des prochains jours. Benus se faufila jusqu’à son bureau et y déposa les documents qu’il trimballait, protégés des intempéries par une pochette de cuir épais.

Il tourna son regard vers l’un des étudiants :

- Ernum, où en étions-nous, la dernière fois ?

Le jeune noble Maormer, envoyé sur le continent par ses riches parents pour y apprendre la magie mieux qu’il n’aurait pu dans les différentes écoles de magie de Pyandonée – depuis la mort d’Orgnum les Maormer étaient en effets désunis et le continent était régulièrement en proie aux conflits fratricides –, se leva et regarda son professeur :

- Nous en étions à la mort de la comtesse Corinna, maître-espion de l’Empire, assassinée durant la…
- Durant la grande guerre civile, oui ! Bon, reprenons donc !

Benus remarqua qu’il restait, sur une coupe de son bureau, un fond d’hydromel tiède, qu’il engloutit avant de poursuivre.

- Donc, pour rappel, nous sommes à la fin de l’année 613 de la Deuxième Ère. Toujours pour rappel, la comtesse Corinna était alors une proche de la famille impériale, puisque sa sœur Séléna était l’épouse de l’Empereur Moricar II, qui mourut au combat contre les Khajits en 2E 605 ; or à la mort de Moricar II, ce fut sa sœur Licinia qui lui succéda. Au moment de sa mort, Corinna était donc la belle-sœur du défunt frère de l’Impératrice. Mais pas seulement ! Puisqu’une autre sœur de Moricar et de Licinia, Orendra, était mariée à Quentyn Lorne, frère de Corinna.

Benus remarqua qu’il perdait une bonne partie de son auditoire.

- En résumé, fit-il, les Lorne étaient, à cette époque, très liés à la famille impériale. Plusieurs de leurs membres avaient épousé des membres de la famille impériale, et plusieurs candidats crédibles au trône impérial étaient soient mariés à des Lorne, soit avaient un Lorne pour parent ou grand-parent, ce qui est assez exceptionnel pour une famille à l’origine obscure.

Benus toussota.

- La comtesse Corinna était loyale à l’Impératrice Licinia, durant cette guerre civile, et c’est ce qui lui coûta la vie. Pour rappel, il y avait alors à cette époque quatre factions qui se disputaient l’Empire de Cyrodiil : premièrement les partisans de Licinia, à savoir les Loyalistes ; secondement les partisans d’Orendra, à savoir les Lornistes – un nom qu’ils avaient gagné parce qu’Orendra avait pris elle-même la tête de sa propre armée pour renverser sa sœur, or les opposants à Orendra craignaient que, si la fonction impériale venait à passer entre ses mains, alors le pouvoir impérial finirait par échoir entre les mains de ses enfants, qui portaient le nom et les armoires des Lorne, portés par leur père Quentyn – ; troisièmement il y avait encore les partisans de Canuleius, le frère de Licinia et d’Orendra, que l’on appelait les Traîtres, car Caneleius était marié à une comtesse crevassaise et avait accepté, par contrat de mariage, que ses enfants soient éduqués dans la culture et la foi de leur mère, ce qui aurait pu amener l’Empire à rejeter les Huit pour le culte des dieux de la Crevasse ; et enfin, quatrièmement, il y avait les partisans de Praxilla, la dernière de la fratrie impériale, partisans que l’on appelait les Inutiles.
- Les Inutiles ?! souffla un élève.
- Oui, car Praxilla était alors une femme de presque quarante ans, veuve d’un petit fonctionnaire auquel elle n’avait pas donné d’enfants. Ses opposants disaient donc qu’il ne servait à rien qu’elle accédât au trône, puisqu’en l’absence d’héritier direct, si elle venait à être Impératrice, l’Empire se déchirerait de nouveau à sa mort, dans une nouvelle crise de succession. Déjà que celle-ci eut pu être évitée si Moricar ne s’était pas fait bêtement occire par un chat…

Benus sursauta, se rendant subitement compte de sa maladresse. Il se tourna vers l’un de ses étudiants :

- Sans vouloir te vexer, J’Dato…
- Y’a pas de mal, grommela le mage félin en sortant nonchalamment une griffe.
- Comment cette guerre aurait-elle pu être évitée ? demanda une voix rauque.
- Bonne question, Grozhak ! C’est simple : Moricar II était le seul enfant de l’Empereur Léovic. Lorsque ce dernier fut tué par les Crevassais, ce fut sa femme, Clivia, qui lui succéda, et elle eut la mauvaise idée de se remarier, donnant naissance à quatre autre enfants. À la mort de Clivia, tous ses enfants étaient mineurs ; ce fut donc sa sœur Tavia qui lui succéda. Lorsque Moricar II, l’unique fils né du lit de Léovic et Clivia, arriva à l’âge adulte, il se rebella contre sa tante pour récupérer le trône qui lui revenait de droit, et l’obtint. Sa légitimité était grande, puisqu’il était le seul à être fils à la fois de Léovic et de Clivia. Mais sa stupide expédition contre les Khajits lui coûta la vie à un moment où tous ses enfants étaient mineurs, et où aucun ne pouvait assumer la charge impériale. Ses quatre demi-frères et sœurs, issus du remariage de Clivia, commencèrent donc à se disputer le trône… Clivia fut élue, mais la situation avec sa fratrie dégénéra en la guerre civile dont nous parlons. Ah ! Si Moricar avait été plus sage et se s’était pas jeté dans la gueule du loup – sans vouloir vexer J’Dato –, et s’il avait attendu la majorité de son fils Madnach pour prendre des risques, l’Empire aurait évité bien des soucis ! Combien de pauvres gens n’auraient pas été tués dans ces guerres inutiles !

La voix de Benus tremblait d’émotion. Les élèves ne connaissaient pas l’âge de leur professeur, mais en tant que Dunmer, il était fort possible qu’il ait vécu ces événements qui, pourtant, semblaient s’être déroulés à une époque définitivement révolue…

- Et donc, lorsque la comtesse Corinna fut traitreusement assassinée par le Crevaissais Alabcain, comte de Karthspire, qui était pourtant loyaliste envers la Couronne, le comté de la Brisure passa à sa fille aînée, Corinna II, avec la ville d’Helgen. La baronnie de Greymarch fut octroyée à la seconde fille, Hellena. Quant à la troisième fille, Cinia, née seulement quelques mois auparavant, elle ne reçut rien : sa mère n’avait, apparemment, pas eu le temps de mettre à jour son testament. Corinna II la prit cependant sous son aile, quoi que cela ait pu dire à l’époque, car la guerre civile qui faisait rage dévastait la Brisure, et alors que Corinna ne pouvait aligner pitoyablement que quelques dizaines de soldats pour protéger son territoire, il y en avait plus de huit mille qui le saccageaient au nom des rebelles.

- Corinna se contenta donc, les premiers mois de son accession au pouvoir, de composer avec les occupants. Le concept même de « pouvoir » est ici à prendre au sens théorique : quel pouvoir a-t-on quand une armée ennemie occupe votre ville, votre forteresse, vos villages et vos dépendances, et vous dit ce qu’il serait dans votre intérêt de faire sous peine de… Bref, je ne vous fais pas de dessin. D’ailleurs, Corinna était enceinte au moment de la mort de sa mère, et elle accoucha peu après d’une petite fille. C’est d’ailleurs grâce à cela que nous connaissons le prénom de l’épouse de Quentyn Lorne, le fondateur de la dynastie : sa petite-fille Corinna mentionne en effet dans une de ses lettres avoir « donné à la première de mes filles le prénom de Murcia, celui de ma chère grand-mère » ; or nous savons que sa grand-mère paternelle était la baronne Hellena Sosildor de la Brisure, il ne peut donc s’agir que de la grand-mère maternelle. Mais ce prénom assez rare ne se retrouve dans aucune généalogie des grandes familles de l’époque, ce qui ne nous aide pas à comprendre l’origine des Lorne…

Benus, qui était jusqu’alors resté debout pour donner son cours, s’assit enfin à son bureau, fatigué par le poids des ans.

- C’est peu après son accouchement que Corinna fut nommée au Conseil de l’Empire, comme simple Conseillère. Cette nomination ne dura cependant pas longtemps, car bientôt Licinia fut forcée d’admettre sa défaite, et renonça au trône impérial en faveur de sa sœur Praxilla. Le camp des Inutiles avait gagné la guerre… Praxilla édicta rapidement une loi pour punir quiconque utiliserait d’ailleurs ce terme pour parler de ces partisans. Mais bon, c’est du passé maintenant, je ne pense pas risquer ma tête si je l’emploie…

Quelques rires fusèrent dans la salle.

- Corinna II se rallia à Praxilla, et reconnut sa victoire. En échange, elle fut nommée Intendante de l’Empire. Cependant la guerre civile n’était pas encore finie, car Orendra demeurait à la tête de son armée dans les régions du nord ; cependant, à la même époque, Corinna fut admise au Conseil des Anciens, siégeant donc au gouvernement de la capitale impériale.

- Ce fut également à cette époque que les fréquentations de la comtesse de la Brisure se… comment dire…

Benus se frotta le menton de longues secondes, cherchant le mot approprié.

- Disons simplement qu’elle fut régulièrement vue en compagnie de gens étranges, à la nuit tombée. Particulièrement d’une femme venue de Bordeciel, qui disait représenter les intérêts de son père, un seigneur du nord de la province nordique. Aucune archive n’a cependant été conservée concernant l’identité de ce seigneur, et la tenue de cette femme, ainsi que sa démarche et ses mœurs, firent penser à certains qu’elle n’était pas réellement qui elle prétendait être. Quoi qu’il en soit, cette femme fut bientôt nommée Mage de la Cour à Helgen.
- Ce n’est pas à cette femme-là que l’on doit la Pierre de Corinna à Helgen ? demanda un élève.
- Si, si, Baldur ! C’est bien elle qui insuffla à Corinna l’idée d’ériger une pierre à la mémoire de sa mère, une coutume prisée dans le Nord. La pierre est toujours visible aujourd’hui, même si son texte a souffert des intempéries et du temps qui passe, il est toujours visible pour celui qui a de bons yeux.

- C’est aussi à cette époque que Corinna subit l’humiliation de sa vie : la Bataille d’Helgen. Alors qu’elle avait déclaré la guerre au comte de Falkreath pour conquérir la baronnie de Morgate, sur laquelle sa tante avait des revendications légitimes, elle vit une armée de Nordiques de Falcreath contre-attaquer ; Corinna subit une lourde défaite, alors que ses troupes étaient supérieures en nombre, elle dut s’enfuir et laisser Helgen tomber aux mains de l’ennemi. Heureusement pour elle, ses accointances avec les membres du Conseil des Anciens et sa vaste descendance lui permirent de négocier des alliances, et elle put revenir peu après avec ses alliés, libérer Helgen, vaincre l’armée de Falkreath, et finir d’appuyer les prétentions de sa tante sur Morgate.

- C’est peu après cela que l’Impératrice Praxilla accorda à Corinna le titre de « Comtesse de Greymarch ». La sœur de Corinna, Hellena, qui était déjà baronne de Greymarch, se révolta contre sa sœur, estimant que le comté devait lui revenir. Elle fut vaincue, n’ayant pas la moindre chance face au nombre d’alliés qu’avait Corrina ; en pénitence, elle fut dépossédée de sa baronnie, divorcée de force, et forcée à entrer dans les Ordres monastiques, puis bannie dans le monastère le plus inhospitalier que Corinna put trouver…

La porte de la bibliothèque s’ouvrit sur la silhouette d’un Argonien d’un âge certain, à la mine patibulaire et vêtu de haillons. Il s’avança de quelques pas en direction des étudiants puis, d’une voix assurée, s’adressa à l’archiviste de l’Académie :

- Maître Benus, l’Archimage vous fait demander.
- Mais, je suis en train de donner cours… maugréa le Dunmer.

L’Argonien haussa les épaules sans rien dire, mais les quelques étudiants qui avaient des prédispositions naturelles pour les pouvoir psychiques l’entendirent très distinctement penser « Je transmets juste le message, moi, rien à battre que tu y ailles ou pas ». Quelques rires étouffés troublèrent le silence de la pièce.

- Bon, grommela Benus, nous reprendrons donc demain, même heure.

Puis, se tournant vers l’Argonien :

- Mush-Mere, pourriez-vous demander au professeur Thelerodor de venir s’occuper de nos étudiants ? Qu’ils bénéficient d’un cours supplémentaire en magie de la conjuration, cela leur sera profitable…
- Entendu, j’y vais.

L’Argonien quitta la pièce, bientôt suivi du Dunmer. Certains étudiants furent ravis à l’idée de voir ce cours d’histoire de Tamriel écourté, car ils étaient venus à Fortdhiver pour apprendre les arts magiques et non pas l’histoire du continent ; d’autres, qui comprenaient que le professeur Benus se servait de l’histoire de la famille Lorne pour donner à ses élèves de véritables leçons de vie, se réjouissaient de reprendre le fil de l’histoire au prochain cours.

Le lendemain…

- Bon, souffla Benus en s’installant à son bureau, espérons pouvoir finir ce cours, cette fois-ci !
- Nous en étions à…
- Merci, Ernum, souffla Benus, je me souviens où j’en étais resté. Donc, nous avions vu comment la révolte de la sœur de Corinna II avait amené à la dissolution forcée de son mariage, à la saisie de tous ses biens et ses titres, et à son envoi précoce dans un monastère. J’espère que vous avez compris que la leçon que j’essayais de vous faire assimiler avec cette histoire ne se résume pas à une simple anecdote historique…
- C’est une illustration de l’importance de la loyauté envers le Clan, et des justes sanctions qui sont toujours infligées aux traîtres, déclama une voix rauque d’un air sûr.

Benus fit un signe à l’attention de Grozhak, lui indiquant qu’il avait parfaitement lu entre les lignes de la leçon. Le Dunmer s’y attendait, cependant : qui de mieux qu’un Orsimer ayant grandi au sein d’un clan tribal pour comprendre l’importance de la loyauté au sein d’un groupe ?

- Continuons donc sur l’histoire des Lorne. Ce fut peu après cette histoire que Corinna II fut appelée à l’aide par son mari, le jarl Jorunn II d’Ironbind et d’Estemarche, dans sa guerre contre les Dunmers de la Maison Redoran. Le jarl voulait mettre la main sur la baronnie de Blacklight qui, bien que géographiquement située en Morrowind, avait été conquise par le Haut-Roi Jorunn de Bordeciel, le père de Jorunn d’Ironbind, en 2E 590. Blacklight était restée en possession des Nordiques pendant quarante ans avant que les Redoran ne parviennent à reprendre la ville et sa province. Cependant, en quarante ans, les autochtones étaient partis de Blacklight, retournant vivre au sein des différentes entités politiques de Morrowind, et laissant la place à une population nordique, immigrant de Bordeciel en nombre. Or, lorsque les Dunmers reprirent la ville qui était la leur depuis des temps immémoriaux, sa population était devenue presque intégralement nordique, aussi le jarl Jorunn ne souhaitait-il pas tant conquérir un lopin de terre que libérer ses frères et sœurs nordiques du joug des Dunmers. Cependant le Tribunal des Dunmers envoya des renforts aux Redoran, si bien que le projet de Jorunn fut avorté ; d’autant que ce génie militaire eut la bonne idée de lancer l’attaque avant l’arrivée des troupes de sa femme, ainsi, lorsque l’armée de Corinna arriva à la frontière, elle ne trouva que quelques centaines de Nordiques survivants dans l’armée de son mari, pour la plupart blessés et démoralisés.

- Ce fut au même moment que l’Empire passa à côté d’une autre guerre civile lorsque l’Impératrice Praxilla reçut un ultimatum : celui des partisans de Cuhleric, son neveu, le fils de son frère Canuleius. L’Empire avait été affaibli par la récente guerre contre les Rougegardes : à cette époque les Alik’r avaient lancé une offensive pour récupérer les territoires de Lenclume qui étaient tombés entre les mains des Impériaux, et avaient réussi à reprendre leurs terres après avoir littéralement anéanti l’armée de Praxilla. L’Impératrice, qui n’avait plus d’armée propre et ne pouvait alors plus compter que sur le soutien de ses vassaux pour conserver son trône, se heurta au refus des Crevassais, particulièrement ceux qui régnaient sur le sud de Cyrodiil, et bientôt ce fut l’un des leurs qui fut élu à la dignité impériale, remplaçant Praxilla. La première action de Cuhleric en tant qu’Empereur fut de demander au Conseil des Anciens de faire passer une loi autorisant le pouvoir impérial à pratiquer des purges sur les populations civiles, à la bonne discrétion de l’Empereur. Vous en conviendrez : son règne ne s’annonçait pas particulièrement bien.

- Les années suivantes, Corinna revendiqua l’héritage de sa famille paternelle, à savoir le comté de Sancre Tor, au sud de ses frontières. Elle attaqua Adrianne Tor, la comtesse, une cousine éloignée de son père appartenant à une branche cadette de la famille ; grâce à ses nombreuses alliances, la guerre ne fut qu’une formalité et Corinna put s’imposer dans la région. Plus important encore, elle contrôlait désormais la totalité du passage occidental entre les montagnes qui séparaient Cyrodiil et Bordeciel ; sachant que le passage oriental, lui, était gardé d’un côté par les Nordiques indépendants et de l’autre par le roi du Nibenay tout aussi indépendant, Corinna bénéficiait contrôlait entièrement le seul point de passage emprunté par tous les citoyens de l’Empire qui souhaitaient passer de Bordeciel à Cyrodiil ou inversément.

- La mort de Lurian Tor, le père de Corinna, survint dans les années suivantes et permit aux Lorne d’hériter de la baronnie de Bannermist. Les relations se tendirent alors avec le comté de Falcrenth, une fois de plus, car cela faisait une nouvelle baronnie qui échappait à l’autorité de la famille Skjoralmor, les anciens comtes de Falcrenth. En outre, Corinna estima que, puisqu’elle contrôlait désormais la majeure partie du comté de Falcrenth, elle devait posséder elle-même le titre comtal et la capitale historique de cette région, ce qui amena à une nouvelle guerre entre la Brise et Falcrenth. À la même époque, le Haut-Roi de Bordeciel, Kleppr Cruellemer dit le Vaniteux, estima que l’alliance entre Jorunn d’Ironbind et Corinna était trop dangereuse pour son propre pouvoir, et il voulut révoquer les titres de Jorunn pour empêcher que leur héritage ne permette à des Impériaux de s’emparer de davantage de terres en Bordeciel. Jorunn refusa de se laisser faire et entraîna une vaste révolte contre le roi, à laquelle Corinna participa pour soutenir les prétentions de son époux.

- La mort de Kleppr le Vaniteux durant cette guerre la fit s’arrêter, puisqu’un nouveau Haut-Roi dut être élu, Lokir Brundl. Celui-ci ambitionnait cependant également les terres de Jorunn, et la guerre reprit de plus belle, très peu de temps après, avec le même objectif. Jorunn perdit les premiers affrontements, mais son épouse Corinna vint le soutenir avec quatre mille hommes et, alors que la guerre semblait perdue, Corinna réussit l’exploit de s’emparer de Vendeaume. Ceci contraignit le Haut-Roi Lokir à parlementer, et un traité de paix – une paix blanche, diront certains – fut signée entre Lokir et Jorunn. Ce dernier fut extrêmement reconnaissant envers sa femme, qui l’avait sorti d’affaire.

- Peu après eut lieu la Grande Humiliation, maugréa Benus. Je suppose que vous avez déjà entendu parler de cet événement, malgré les efforts que le pouvoir impérial a bien pu déployer pour qu’il soit oublié.

Les élèves acquiescèrent.

- Gardons donc en mémoire cet événement afin qu’il nous serve d’avertissement, mes chers apprentis : ne jamais faire confiance aux Harfreuses, et ne jamais permettre à un grand nombre de leurs partisans de s’établir dans une même ville. Sinon, ils peuvent se révolter, se soustraire au joug de l’Empire, l’humilier en capturant l’Empereur lui-même, et expulser le pouvoir impérial de sa propre capitale avant d’en massacrer tous les habitants…

- La nomination de Corinna comme Haute Chancelière du Conseil des Anciens eut lieu peu après. Respectée de tous alors que l’Empereur subissait l’humiliation de la perte de la Cité impériale, Corinna en profita pour augmenter les pouvoirs de son Conseil au détriment du trône ; ainsi, le Conseil des Anciens disposait désormais d’un droit de veto quant à la nomination des membres du Conseil Impérial.

- Le jarl Jorunn, l’époux de Corinna, mourut peu après, de son grand âge. Ses titres furent scindés entre les deux aînés des enfants que Corinna lui avait donnés : Murcia Lorne devint jarl d’Estemarche, et Jorun III Lorne devint jarl d’Ironbind. Ce fut à la même époque que l’Empereur Cuhleric mourut, et qu’il fallut lui trouver un successeur. À la tête du Conseil des Anciens, Corinna fit un discours enflammé en faveur de Bedastyr, le fils aîné du défunt empereur, qui fut élu grâce à son intervention. Or ledit Bedastyr était marié depuis peu à Murcia, fille de Murcia, elle-même fille aînée de Corinna, comme nous en avions parlé hier.

- D’où les remarques d’hier concernant le prénom de Murcia qui était porté par la femme du comte Quentyn Lorne ! lâcha un étudiant.

Benus acquiesça, heureux de voir qu’il y en avait au moins un qui suivait.

- Corinna devenait donc, par ce fait, la grand-mère de l’Impératrice consort. Suite à cette montée en grade, si l’on peut dire, elle passa de plus en plus de temps à la capitale impériale… qui avait été temporairement relocalisée à Blackrock, puisque l’île impériale était toujours occupée par les sauvages adeptes des Harfreuses. Elle commença à déléguer ses fonctions à ses enfants, durant les années suivantes, pour leur faire acquérir de l’expérience. Ce fut là la dernière leçon que nous pouvons apprendre de Corinna II de la Brisure : au lieu de transmettre ses titres à l’aîné de ses enfants, elle les testa afin de choisir celui qui, parmi sa vaste marmaille, était le plus à même de lui succéder. Une décision de grande sagesse.

Benus tira un parchemin des documents qui étaient posés sur son bureau.

- Corinna mourut quelques années plus tard, après avoir aidé l’Empereur Bedastyr à repousser plusieurs attaques des Nordiques et des Rougegardes. Pour terminer le cours sur l’histoire de sa vie, je vous ai apporté ici un document conservé dans nos archives : il s’agit du testament de Corinna. Enfin, pas l’original, qui est conservé dans les archives de Helgen, il s’agit d’une copie. Je vais vous la lire.

Benus but une gorgée d’eau et se racla la gorge avant d’entamer la lecture du document :

- « L’an Nous rendons grâce aux Divins de Nous avoir donné une si longue et si heureuse vie, ainsi que dix enfants qui, toujours, ont glorifié le nom de nos ancêtres et contribué à faire rayonner notre nom. Mais, puisque la nature des choses nous a faits d’une race mortelle et éphémère, Nous voici, au crépuscule de Notre existence, dans l’obligation de répartir l’œuvre de Notre vie entre Nos héritiers. Ainsi, avec l’aval de Notre Conseil et la confirmation de Sa Majesté l’Empereur Bedastyr, par la grâce des Huit Empereur de Cyrodiil, Nous, Corinna Lorne de la Brisure, seconde du nom, arrêtons ce qui suit.
À Notre premier enfant, Murcia Lorne, jarl d’Estemarche en son nom propre et vassale de la Haute-Reine Fryfnhild de Bordeciel, Nous n’accordons nulle terre, car l’intégrité de l’Empire en serait menacée, et Nous ne saurions supporter que l’Empire n’en vienne un jour à envahir Bordeciel pour récupérer les territoires qui, par cette succession qui ne manquerait point d’être controversée, auraient été soustraits à l’autorité impériale ; cependant, à défaut de terres et de titres, nous ordonnons qu’il soit versé à Murcia une somme équivalente à dix-huit mois de revenus du comté de la Brisure, et nous lui permettons, en payement de son droit d’aînesse, de porter en son nom propre le titre honorifique de Comtesse de Bannermist, sans que jamais ce titre ne puisse être attaché à aucun droit ni privilège quelconque.

À Notre deuxième enfant, Jorunn Lorne, jarl d’Ironbind en son nom propre et vassal de ladite Fryfnhild de Bordeciel, Nous n’accordons nulle terre pour les mêmes motifs, et ordonnons qu’il lui soit versé une indemnité pécuniaire de même grandeur.

À Notre troisième enfant, Lurian Lorne, Nous accordons la baronnie de Toadstool et le titre de Comte de Bruma, ce qui s’accompagne de la suzeraineté de la baronnie de Cloudruler, sur laquelle règne notre bon cousin Quentyn Lorne, ainsi que de la baronnie d’Applewatch et des baronnies de Bruma et d’Anga, qui toutes deux doivent demeurer sous contrôle direct des Prêtres des Huit, sous la suzeraineté du Comte du Bruma ; et ordonnons que ledit Lurian Lorne soit placé sous la suzeraineté directe de l’Empereur.

À Notre quatrième enfant, Corinna Lorne, duchesse-mère de Gauvadon et de Goroven, Nous accordons la baronnie de Greymarch et le titre de Comtesse de Greymarch, ce qui s’accompagne de la suzeraineté de la baronnie de Greymoor et celle de Rorikbourg ; et ordonnons que ladite Corinna Lorne soit placée sous la suzeraineté directe de l’Empereur.

À Notre cinquième enfant, Quentyn Lorne, roi consort de Haafingar, Nous accordons la baronnie de Sancre Tor, et le plaçons sous suzeraineté directe du comte de la Brisure.

À Notre sixième enfant, Moro Lorne, jarl consort du Clos, Nous accordons la baronnie d’Underpall, et la plaçons sous suzeraineté directe du Comte de la Brisure.

À Notre septième enfant, Eorlund Lorne, Nous accordons la baronnie de Pale Pass, et le plaçons sous suzeraineté directe du Comte de la Brisure.

À Notre huitième enfant, Logrolf Lorne, qui s’est le mieux distingué par ses capacités à Nous succéder, Nous accordons les baronnies de Helgen, Falcrenth et Bannermist, ainsi que les titres de Comte de la Brisure et Comte de Falcrenth, et faisons de lui notre légataire universel, en ce sens qu’il héritera de la suzeraineté sur toutes les baronnies dont Nous n’aurons pas spécifiquement précisé de quel Comté elles deviendraient vassales.

À Notre neuvième enfant, Veraxia Lorne, duchesse consort de Nimbel, Nous accordons la baronnie d’Applewatch, et ordonnons qu’elle soit placée sous la suzeraineté de son frère Lurian, légitime Comte de Bruma.

Enfin, à Notre dixième et ultime enfant, Surian Lorne, duc consort de Glenmorill, Nous accordons la baronnie de Greymoor, et ordonnons qu’il soit placé sous la suzeraineté de sa sœur Corinna, légitime Comtesse de Greymarch.

Et ordonnons à chacun de nos héritiers de ne jamais chercher à faire la guerre à leurs parents, ni à chercher à revendiquer des terres et honneurs que Nous n’avons pas jugé bon de leur octroyer, et leur enjoignons d’éduquer leurs propres enfants dans le respect des valeurs de notre famille ; puisse la famille Lorne rester unie à travers les siècles face à l’adversité et ne point céder aux querelles intestines dictées par la cupidité, la jalousie et la folie.
Ainsi est-il Notre volonté, à Nous, Corinna de la Brisure, seconde du nom ; et ainsi est-il confirmé par Notre Empereur Bedastyr, et pour témoins et garants de Notre charte en appelons-nous à la force des signatures des présents seigneurs Seliulus, Régent des États Coloviens ; Volcatius, Comte de Bravil ; Atius, Comte de Linchal ; Rilia, Dame de Kvatch ; et Jerae, Légate et représentante de la volonté de Monseigneur Braic, Archprimat des Divins. »

Benus sourit.
- Je laisse le texte sur mon bureau, si vous souhaitez le relire. Demain, vous m’expliquerez quels enseignements vous avez tiré de l’histoire de Corinna Lorne, deuxième du nom…
L’archiviste de l’Académie se leva et laissa ses étudiants seuls, en simple compagnie de leurs pensées.

Corinna à sa mort :
Le principal héritier :
Les territoires des Lorne + le territoire dont ils devraient bientôt hériter :
L’état de l’Empire :
L’état de Tamriel :

La save : https://1fichier.com/?aln4vflmf413b857kdel

Voilà. À noter que la culture crevassaise commence à se répandre chez nous et en Cyrodiil, de même que la religion des anciens dieux, et on a une province qui a commencé à adorer Malacath, j’ai pas réussi à les reconvertir.

WOah sacré récit !
Et sacré partie !!

Très sympa le partage final entre tous les enfants

Le 11 février 2022 à 18:21:35 :
WOah sacré récit !
Et sacré partie !!

Très sympa le partage final entre tous les enfants

Je voulais faire un meilleur partage, mais j'ai pas compris pourquoi le successeur a hérité de deux duchés.
Et il me manquait un comté pour créer le duché de Sancre Tor...

Beau récit
La capitale impériale Pas glorieux l'empire quand même

Le 11 février 2022 à 18:40:12 :

Le 11 février 2022 à 18:21:35 :
WOah sacré récit !
Et sacré partie !!

Très sympa le partage final entre tous les enfants

Je voulais faire un meilleur partage, mais j'ai pas compris pourquoi le successeur a hérité de deux duchés.
Et il me manquait un comté pour créer le duché de Sancre Tor...

C'est pas plus mal, l'héritier garde un domaine supérieur aux autres quand même.

N'empêche, avoir récup le comté de Bruma dans notre famille, c'est une sacré prise

La Capitale Impériale souillée par les simps des Harfreuses, quelle indignité, nous sommes humiliés !!!

Va falloir aller la récupérer nous-même !!!

Ces chad crevassais qui se sont installés dans la cité impériale et ont virés tout le monde
En tout cas, sacré expansion de la famille, qui a maintenant pas mal de gens titrés... A voir si ça se passe aussi bien que prévu sous le règne de Logrolf
Y'a aussi la famille qui a finir sur le trone impérial par mariage et ça c'est pas mal

- SergentF4N1 - 1 tour
- Papyruso - 1 tour
- Bigrat - 1 tour
- DeathLawli - en cours
- Reginwald
- SerialKillerYo [SKY]
-TheCody

Ptain ils me font peur vos résumés, y a plein de personnages, plein de factions, je connais pas du tout le lore des Elder Scrolls