![Profil de OldSchoolBobby, Jeuxvideo.com](https://image.jeuxvideo.com/avatars/o/oldschoolbobby-1410510932-b.jpg)
La nostalgie n'est pas toujours bonne conseillère. Quand elle nous permet d'échapper à la bêtise d'un mode de vie pour retrouver celui d'antan, elle nous empêche en même temps de goûter les belles nouveautés de notre époque. Avec l'évolution rapide du jeu vidéo, la nostalgie occupe ainsi dans notre loisir une place de plus en plus importante : phénomène du rétrogaming, retour en force de la 2D à travers la scène indépendante, les récents New Super Mario Bros., développement de nouveaux moyens pour accéder aux anciennes machines (émulation, cartouches flash, rééditions et compilations...), tout ceci nous ramène bon an mal an vers un supposé "Age d'or" du jeu vidéo. Ce n'est pourtant pas toujours pour le meilleur, comme nous allons le voir avec Astal...
![Astal Astal](https://image.jeuxvideo.com/images-md/sa/a/s/astal-saturn-00a.jpg)
Astal ? C'est, sur le papier, une 2D superbe, des graphismes réalisés à la main, une animation très poussée, un univers taillé dans les pierres précieuses et des effets en veux-tu en voilà. Bref c'est une démo graphique, destinée à montrer sans détours que la nouvelle console de Sega est bien la reine de la 2D. L'offensive commence d'entrée de jeu par deux séquences animées, durant lesquelles une narratrice nous conte l'histoire du monde de Quartilia, façonné par la déesse Antowas à l'aide de pierres précieuses. Astal, né d'un rubis, est chargé de protéger la jeune Leda, née d'une émeraude et capable de créer la vie. Ils vivent dans la paix jusqu'au jour où le démon Jerado crée Geist, son homme de main, afin de capturer Leda et de transformer Quartilia. A vous de l'en empêcher ! Non, car en fait Antowas se réveille, détruit elle-même Jerado, puis bannit Astal qui, dans sa folie protectrice, avait ravagé le monde de Quartilia. Alors que la déesse replonge dans son sommeil, Geist resurgit et kidnappe de nouveau Leda pour reprendre les sinistres desseins de Jerado... A vous de l'en empêcher, cette fois ! Au-delà de son petit faux-départ, l'histoire enfantine d'Astal se laisse suivre à condition de ne pas trop lui en demander. De très jolies illustrations parsèment le jeu et compensent un casting de voix tantôt correct tantôt ridicule (notamment sur version américaine), au service d'un récit qui, dans le fond, reste lui-même au service de la patte graphique du jeu.
- Graphismes17/20
''Astal'' n'est pas beaucoup plus qu'une démo graphique, mais reste une excellente démo graphique pour la jeune Saturn. L'œuvre de Sega est souvent comparée à ''[http://www.jeuxvideo.com/jeux/jeu-58639/ Rayman]'', autre bijou de la 2D sorti quelques mois plus tard. Cependant le jeu de Michel Ancel éclaire les limites de son rival : manque de personnalité, pixellisation parfois importante et regrettable (Volcanic Valley), bestiaire d'ennemis certes cohérent avec l'univers des pierres précieuses mais totalement inintéressant... Incontestable réussite technique embellie par son style fait main, ''Astal'' souffre trop de gros et de petits défauts pour s'imposer comme un chef-d'œuvre.
- Jouabilité11/20
Avec un level design tout ce qu'il y a de plus plat et une difficulté risible dans l'ensemble, ''Astal'' n'est tout simplement pas un bon jeu de plates-formes. Sega déçoit beaucoup ici, de façon assez incompréhensible, et on a finalement l'impression que le titre est destiné aux plus jeunes (qui seraient alors – comme trop souvent – pris pour des attardés). Les combats contre les boss servant fréquemment de gourmandises graphiques, ils ne relèvent malheureusement pas le niveau (sans parler des quelques fois où, en mode solo, votre oiseau s'occupe du boss à lui tout seul...). Le mode coopératif fondé sur l'entraide de personnages différents est en revanche bien fichu, et c'est peut-être par lui qu'il est conseillé de découvrir le jeu, malgré tout.
- Durée de vie7/20
La réalisation flatteuse est à peu près le seul élément de rejouabilité ici, si on en apprécie le style et si l'on souhaite s'y replonger le temps d'une petite partie en solo ou en coopération. L'aventure est dans tous les cas très courte, et peut même agacer par ses pics de difficulté (surtout sur version américaine). En mode solo, faites attention car l'oiseau rapporte parfois une vie au lieu d'un fruit. Ça peut vous éviter de devoir tout recommencer à cause des problèmes de gameplay vers la fin du jeu...
- Bande son13/20
Il y a certaines erreurs impardonnables. Une bande-son qui mutile l'atmosphère du jeu en fait partie. Et les musiques ont beau être sympathiques et de plus en plus recherchées, les effets sonores et les voix manquent trop souvent leur sujet. Le doublage japonais, davantage en accord avec l'univers propre à ''Astal'' (créé par Sega of Japan rappelons-le), reste plus convaincant que les voix anglophones assurées par Lani Minella.
- Scénario11/20
Simpliste, prévisible, banale, l'histoire du jeu ne cherche pas les complications et s'évertue principalement à rendre un peu vivant ce monde minéral. On peut sans problème s'en contenter pour un jeu de plates-formes, et même être touché par certains moments, mais encore une fois la qualité des doublages laisse à désirer.
Astal est un beau gâchis. Un de ces jeux qui s'illustrent dans les magazines et nous font rêver, mais se révèlent décevants manette en mains. Aujourd'hui idole des nostalgiques de la Saturn, la console mal aimée du grand Sega, Astal continue de s'illustrer et de décevoir, même si une bonne dose d'indulgence ou de mauvaise foi permet d'apprécier le titre. C'est à vous de voir si le jeu en vaut la chandelle. Puisque vous semblez aimer les jeux de plates-formes en 2D, nous vous conseillerons plutôt l'excellente version Saturn de Rayman, le cocktail déjanté Gex, ou encore l'adorable et méconnu Keio Flying Squadron 2.