
Il y a des jeux qui n'ont pas connu le destin qu'ils méritaient. Les raisons à cela peuvent être diverses et variées : ces titres ne sont peut-être pas sortis au moment opportun, ou ils ont été édités sur une console qui n'a pas eu beaucoup de succès et qui n'a donc pas été à même d'assurer correctement leur promotion. C'est en partie pour ces deux motifs que Mr. Bones est à classer dans la catégorie peu enviable des jeux très réussis, mais qui ont traversé leur époque dans l'anonymat le plus total. Sorti en 1996 sur Saturn, une machine qui n'a pas connu un succès foudroyant (du moins en Occident), Mr. Bones est aussi un jeu essentiellement réalisé en deux dimensions, ce qui était considéré comme rétrograde à l'époque. Il s'agit pourtant d'un titre novateur à bien des égards, qui a beaucoup à offrir. Voyons dans ces quelques lignes ce qui le rend si spécial.

Développé par Zono Incorporated, le titre propose au joueur de prendre le contrôle d'un squelette, lequel répond au doux nom de Mr. Bones. Ce dernier était tranquillement en train de roupiller dans sa tombe, avant qu'un sorcier malintentionné du nom de DaGoulian ne se mette en tête de ressusciter tout le cimetière pour en faire une armée dont l'objectif sera de prendre le contrôle du monde. Seulement voilà, Mr. Bones n'est pas tout à fait d'accord et refuse de suivre le mouvement : le gentil squelette aux yeux bleus (alors que tous les autres ont les yeux rouges, signe de leur soumission à DaGoulian) est en effet un ancien joueur de blues qui souhaite propager paix et harmonie sur cette bonne vieille Terre. C'est donc à lui que revient la lourde tâche de contrecarrer les funestes plans du mage.
- Graphismes16/20
Si Mr. Bones n'est pas le titre de la Saturn le plus impressionnant techniquement, il n'en demeure pas moins très agréable à regarder. Les lieux visités, en plus d'être très variés, bénéficient de décors très bien dessinés et il se dégage de l'ensemble une grande impression de cohérence visuelle, notamment au niveau des couleurs utilisées qui donnent au titre un aspect gothique des plus sympathiques. L'animation du héros est d'excellente facture (y compris dans les phases en trois dimensions), et il bouge de manière fluide et déliée. Dommage que quelques ralentissements fassent leur apparition quand l'écran est un peu trop chargé. Mais cela ne gêne en aucun cas la progression.
- Jouabilité15/20
Vu le nombre de gameplays différents proposés, la jouabilité s'en sort vraiment bien. La plupart des stages qui font appel à la dextérité du joueur sont très maniables, et on ne peut vraiment s'en prendre qu'à soi-même en cas d'échec. Seuls les quelques niveaux de pure plate-forme peuvent parfois poser problème, dans la mesure où les sauts du squelette sont un peu flottants (et manquent donc un tantinet de précision) et qu'il est parfois difficile de s'accrocher aux éléments de décor.
- Durée de vie18/20
Mr. Bones est un jeu assez long (il tient d'ailleurs sur deux CD), et il faut en moyenne entre sept et huit heures pour en voir le bout, ce qui est tout à fait correct pour un jeu de cette génération. La progression est très agréable, puisque le jeu sauvegarde automatiquement une fois que l'on a passé un niveau. Il n'est donc pas nécessaire de refaire les stages déjà terminés lors d'une nouvelle partie. La difficulté est bien présente et, sans être aussi ardu que certains de ses contemporains (qui a dit Shinobi X ?), Mr. Bones demandera un véritable investissement à ceux qui veulent le terminer. Certaines séquences bien précises demanderont même de longues heures de pratique avant d'être validées.
- Bande son18/20
Le jeu baigne dans un univers de blues, et les différentes compositions originales du guitariste Ronnie Montrose (qui a entre autres accompagné des artistes comme Van Morrison, avant de fonder son propre groupe) plongent vraiment bien dans l'ambiance. Les bruitages sont excellents, et les différents bruits d'ossements sont très bien retranscrits.
- Scénario18/20
L'infâme DaGoulian a réussi à sortir les squelettes de leurs tombes pour en faire une armée qui l'aidera à conquérir le monde. Tous les squelettes sont d'accord sauf un : Mr. Bones, un ancien joueur de blues. Cette histoire nous est racontée dans de très belles et très nombreuses cinématiques en images de synthèse, qui ont très bien vieilli et sont très agréables à regarder aujourd'hui. Il est cependant nécessaire de bien comprendre l'anglais pour saisir toute la subtilité et l'humour des dialogues qui sont présents dans ces cut-scenes.
Un peu à l'image de la console sur laquelle il tourne, Mr. Bones est une pépite oubliée du jeu vidéo qui mérite d'être redécouverte. Le soft est bien réalisé, il est en plus maniable, mais c'est surtout par son originalité de tous les instants (que ce soit dans la mise en scène ou dans les différents types de gameplays proposés) qu'il arrive à séduire. Durant la progression, on n'a vraiment pas envie de lâcher sa manette tellement on est curieux de voir ce que donnera le niveau suivant et ce que les développeurs ont pu y mettre comme idées farfelues. Mr. Bones est donc un titre rare (dans tous les sens du terme), qui mérite de sortir d'un anonymat dans lequel il n'aurait, vu sa classe, jamais dû sombrer.