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Parmi tous les sous-genres de la fantaisie, certains sont plus connus que d'autres. Si l'on devait citer le plus célèbre, on se tournerait sans doute vers l'heroïc fantasy. Un terme qui peut sembler familier tant il est utilisé dans de nombreux domaines tels que la littérature, le cinéma, la bande dessinée ou encore les jeux vidéo. Néanmoins, le terme nécessite de prendre quelques précautions quant à son usage. Car sa définition est floue et son usage commun ne respecte pas toujours ses origines. Profitons-en pour revenir sur la signification de ce genre littéraire et sur ses possibilités d'adaptation dans l'univers des jeux en ligne.
Définitions
Comme dit ci-dessus, la définition d'heroïc fantasy telle que nous la connaissons est parfois biaisée et n'est pas toujours correctement utilisée par le grand public. C'est le cas du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien que l'on désigne souvent à tort comme de l'heroïc fantasy. Car, s'il est vrai que cette catégorie de la fantaisie désigne des chroniques héroïques et des histoires épiques, elle préférera centrer son intrigue sur un, voire deux, personnages au maximum. Ceux-ci étant souvent mis en scène dans un monde médiéval possédant d'autres caractéristiques comme la présence de peuples non humains intelligents, des royaumes en guerre ou un univers sombre.
On y retrouve également peu de traces de la magie et de ses implications. Celles-ci y sont d'ailleurs mal perçues la plupart du temps. Les créatures fantastiques seront donc moins présentes et les pouvoirs mystiques peu nombreux. De plus, ces récits présentent des enjeux humains et personnels. C’est souvent le désir ou l'égoïsme du héros qui sera le moteur de son voyage. On peut citer comme œuvre représentative de cette catégorie le cycle de Conan le Barbare et de Kull de Robert E. Howard ou encore celui d'Elric de Michael Moorcock.
Ainsi, on a couramment tendance à confondre ce sous-genre avec celui de la High fantasy, similaire en de nombreux points, mais qui présente tout de même quelques disparités. Ici, le focus n'est plus fait sur un personnage précis, on suivra l'aventure d'un groupe devant accomplir une quête afin de sauver le monde ou défaire un puissant ennemi. Le protagoniste principal est parfois un élu lié à une prophétie et voyage dans un monde imaginaire, fort développé et différent du nôtre. Celui-ci possédant sa propre géographie, sa propre histoire et ses propres règles. De même, la magie y est plus présente, les créatures imaginaires plus courantes, les enjeux plus importants et le ton plus moral. On retrouvera ici des œuvres connues comme le Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, la roue du temps de Robert Jordan ou même des oeuvres plus "amateurs" comme Reflets d'Acide de JBX. Du côté du jeu vidéo, la série Dragon Age en est un très bon représentant. Aussi mineurs soient-ils, les deux sous-genres présentent des différences ; pour certains, elles peuvent sembler innocentes, néanmoins, elles changent beaucoup de choses lorsqu'on parle d'adaptation dans les jeux vidéo et plus particulièrement dans les titres massivement multijoueurs.
Tous ensemble et pourtant si seul
Car si l'heroïc fantasy propose un récit centré autour d'un ou deux personnages principaux, peut-il être compatible avec le terme "Massively" de MMORPG ? Au premier abord, on serait bien tenté de dire « oui ». Après tout, l'expérience est avant tout destinée à être vécue en groupe et les enjeux du voyage relèvent souvent de l'avenir du monde dans lequel nous évoluons. Pourtant, n'est-ce pas là notre propre aventure que nous vivons ? Certes, les missions données sont les mêmes pour tous les joueurs, mais chacune d'entre elles ne s'adresse qu'à un individu en particulier. Même en groupe, les PNJ s'adressent la plupart du temps à un seul individu. Le texte, tout comme les interactions possibles, ne varient souvent pas. Un phénomène que l'on peut relever dans de nombreux titres : World of Warcraft, Everquest, Rift et bien d'autres. A contrario, un MMO comme Star Wars : The Old Republic tente de retrouver une dynamique de groupe avec des interactions sociales multiples lors des quêtes en groupe, en donjon notamment.
Il s'agit en fait d'une variation de la théorie des mondes multiples. Dans l'un d'eux, nous sommes le héros et dans les autres, nous sommes relégués au rang de protagonistes. Ainsi, je suis le héros de mon aventure, mais je deviens un personnage secondaire dans celle d'un autre joueur. Malgré tout, l'expérience personnelle placera toujours notre personnage au rang de héros, de sauveur unique, quand bien même les aventuriers défilent face au même PNJ en danger.
Il existe pourtant des exceptions s'opposant à ce système et Lotro est un exemple assez atypique dans le domaine. Si le soft nous propose d'être le protagoniste principal de notre aventure, nous n'en sommes pas pour autant le héros du Seigneur des anneaux. Car si l'on prend en compte l’œuvre de Tolkien, nous ne représentons guère plus qu'un individu qui agit dans l'ombre aux moments les plus importants, une sorte de membre non officiel de la communauté de l'anneau. Cette remise en place du personnage dans son contexte intervient aussi dans la dernière extension de World of Warcraft : Warlords of Draenor. Frileux durant de longues années, le MMO de Blizzard n'hésite plus à nous placer aujourd'hui dans le rôle du chef, du commandant de l'Alliance ou de la Horde. Ici, la théorie des mondes multiples est exacerbée par la présence d'un phasing total dans notre fief. Nous sommes le leader de l'offensive en Draenor, un personnage crucial, puissant et respecté ; sans nous, le destin du monde est compromis. A moins que l'un des quelques 7,4 millions d'abonnés ne prenne notre place ? Dans sa logique themepark la progression dans WoW - et de bien d'autres MMO - prend bien souvent des airs de RPG solo.
Savoir ce que l'on veut
Si la plupart des caractéristiques restantes de l'heroïc fantasy (deux royaumes, peu de magie, peuples intelligents non humains, etc.) dépendent surtout de l'univers créé par les développeurs, il y en a une que l'on retrouve plus rarement dans les jeux massivement multijoueurs : celle des enjeux personnels et humains. En effet, l'objectif à accomplir dans la plupart des titres du genre demande souvent au joueur de sauver le monde - ou plus modestement un royaume - en détruisant un puissant ennemi qui le menace. Il s'agit bien souvent d'une guerre du bien contre le mal dans laquelle vous allez jouer un rôle clé qui déterminera le destin de l'humanité. A nouveau, les exemples sont légion : Neverwinter où il faut vaincre Valindra, Final Fantasy XIV où l'on doit protéger Eorza, World of Warcraft dans lequel il faut stopper la furie de nombreux ennemis emblématiques, l'avenir du monde est souvent entre nos mains.
Pourtant tous ne suivent pas cette route, certains se trouvent même aux antipodes de ce type d'objectifs. C'est le cas de Dofus par exemple. Si à la base le but est de réunir les six Dofus, ce n'est en aucun cas pour sauver le monde, mais pour acquérir la puissance d'un dieu. De plus, une fois en jeu, on ne vous propose aucune quête principale pour réaliser cette mission. Le cheminement est laissé au joueur afin qu'il puisse se forger une progression personnelle. Un autre exemple est celui d'Age of Conan où l'on doit se sauver de la malédiction qui pèse sur nous. Ici, hors de question de devenir le 152.687ème sauveur de l'univers, il faudra juste survivre au mal dont on est victime.
Au final, on voit qu'il existe des MMO proposant des éléments appartenant à l'heroïc fantasy, preuve que le genre est adaptable au format du massivement multijoueur. Mais sa proximité avec la high fantasy rend leur distinction parfois complexe car les deux genres viennent souvent se superposer. Un problème qui peut s’avérer bien plus prononcé dans un cadre vidéoludique où les normes diffèrent de celles du genre littéraire. C'est d'ailleurs pour cette raison que le terme d'heroïc fantasy est utilisé au sens large dans l'univers du gaming.