Chiffres de ventes, rachats de studios, bilans financiers, mercato des développeurs, investissements… si ces sujets vous intéressent, vous êtes au bon endroit. Nous vous proposons un point sur l'actualité business de la semaine écoulée.
Sommaire
- L'Arabie Soudite prête à investir des sommes folles dans le jeu vidéo
- Ubisoft : l'erreur de communication qui fait du bruit
- E3 : le retour du salon en 2023 se précise !
- Tencent : L'ogre a faim !
- En bref dans l'actualité business
- Nos autres articles business de la semaine
L'Arabie Soudite prête à investir des sommes folles dans le jeu vidéo
Les critiques à l'égard du régime saoudien et de ses dirigeants sont nombreuses, en témoigne le retrait de Riot Games d'un partenariat suite à la pression des joueurs. Mais, incontestablement, il faudra compter sur le royaume dans les années à venir. Premier exportateur de pétrole brut au monde, le royaume Saoudien entame une transition vers d'autres secteurs, dont le jeu vidéo. Le pays, par l'intermédiaire de son fonds souverain, a déjà investi chez EA, Take-Two, Activision ou encore Nintendo, mais a également racheté ESL/FACEIT puis SNK.
Récemment, Savvy a annoncé son intention d'investir 1 milliard chez Embracer. Selon Axios, The Savvy Gaming Group, un fonds d'investissement dirigé par Brian Ward mais entièrement possédé par l'Arabie Saoudite, va investir 37,8 milliards de dollars dans le jeu vidéo. Sur ce montant, 13 milliards seront dédiés à "à l'acquisition et au développement d'un éditeur de jeux de premier plan pour en faire un partenaire de développement stratégique".
Pour le moment, on ignore qui est l'éditeur dont on parle, mais dans un contexte de concentration du marché, on parle de rachat pour EA ou encore Ubisoft. 18 milliards devraient ensuite être alloués à des investissements divers et minoritaires. Au total, ces dépenses devraient permettre la création de 250 entreprises et 39 000 emplois selon l'agence de presse. Evidemment, ces investissements à venir font beaucoup parler.
De nombreux observateurs y voient un potentiel blanchiment d'argent, d'autres pensent que le régime tente de faire oublier les polémiques autour du respect des droits de l'Homme, de la répression et du soutien à la guerre au Yémen. Mohammed bin Salman, prince héritier, Premier Ministre, et moteur de la transformation économie que pays, est également suspecté par la CIA d'avoir fait assassiner un journaliste dans l'ambassade saoudienne à Istambul. Des accusations démenties par le royaume.
Ubisoft : l'erreur de communication qui fait du bruit
Editeur français de niveau mondial, Ubisoft dispose d'énormes licences à l'image d'Assassin's Creed, dont l'avenir a été tracé lors d'un événement spécial début septembre, de Rainbow Six, Anno, Rayman, Les Lapins Crétins ou encore Ghost Recon. Comme vous le savez également, l'entreprise à été visée par une grande enquête, qui mettait en avant des comportements toxiques, des cas de harcèlement, ou encore des discriminations. Plusieurs personnes, dont l'ex-numéro 2, ont quitté le navire, et l'entreprise a annoncé avoir pris de nombreuses mesures pour améliorer la situation.
Récemment, Yves Guillemot a donné des interviews à plusieurs médias, dans lesquelles la question des conditions de travail et du bien-être des employés à été abordée. Le PDG reconnaît que l'entreprise n'était auparavant pas assez organisée pour faire face à ces problèmes mais que les choses avancent. Mais très récemment, dans le quotidien québécois La Presse, le PDG a fait une déclaration qui a immédiatement provoqué de vives réactions :
On avance vraiment à un bon rythme. On en parle moins, nous, dans l’entreprise. On a mis en place des systèmes qui permettent de régler les problèmes qu’il a pu y avoir. On avance très bien pour faire en sorte que la vie dans l’entreprise soit comme tout le monde le souhaite. On a une structure indépendante qui permet de s’exprimer quand quelque chose ne va pas.
Il faut mettre en place des techniques pour faire en sorte que tout le monde réussisse à bien trouver sa place. Pour créer, il faut un petit peu de friction parce qu’il faut que chacun réussisse à faire passer son idée. C’est un métier qui apporte énormément de récompenses quand on réussit mais qui est difficile.
Les premières réactions se sont concentrées sur le "on en parle moins", avant de se diriger vers "il faut un peu de friction". Une maladresse qui laissait sous-entendre que les cas de harcèlement ou de maltraitance au travail étaient nécessaires pour développer un jeu. Visiblement conscient de l'ambiguïté de la déclaration, '''Yves Guillemot a tenu à clarifier les choses'' auprès de nos confrères de Kotaku :
Je veux être clair. Comme je l’ai déjà dit, il n’y a absolument pas de place pour la toxicité chez Ubisoft ou dans notre industrie. Quand j’évoquais qu’il y avait parfois des frictions, je pensais à la tension créative qui est courante et vitale dans les entreprises innovantes comme la nôtre où les gens ont la liberté de défier les idées et d’avoir des débats houleux mais sains. Pour éviter que cette tension ne devienne négative ou pour y remédier si c’est le cas, c’est là que des politiques, des valeurs et des procédures correspondantes solides sont essentielles.
Au cours des deux dernières années et demie, nous avons fait beaucoup de progrès sur ce front afin d’offrir des expériences sûres et formidables à toutes nos équipes. Des environnements de travail sains et respectueux sont notre priorité absolue et nous sommes heureux de dire que selon nos derniers sondages, les membres de notre équipe sont rassurés que nous sommes sur la bonne voie.
E3 : le retour du salon en 2023 se précise !
En déclin, l'E3 a progressivement été délaissé par certains des plus grands acteurs du jeu vidéo, Sony PlayStation. Alors qu'on se demandait si le salon, organisé par l'ESA, allait réussir à se réinventer, la pandémie de COVID-19 a frappé. Annulé en 2020, à distance en 2021, l'E3 a fait l'impasse sur 2022 pour préparer son vrai retour en 2023. Le salon reviendra en physique du 13 au 16 juin 2023, organisé par Reedpop (PAX, New York Comic Con, Star Wars Celebration, Minecraft Festival), avec l'ambition de redevenir l'événement incontournable qu'il était.
Il faut dire que la multiplication des événements en lieu et place du salon n'a que moyennement convaincu, et seul Geoff Keighley a réussi à tirer son épingle du jeu en tant que "tiers" avec le Summer Game Fest. Il y a quelques années, et afin de se renouveler, l'E3 a ouvert ses portes au public. Autrefois réservé aux professionnels, le salon fut arpenté par les développeurs, les éditeurs, les journalistes, mais également par le public, qui n'a pas hésité à mettre la main à la poche pour faire partie de la fête. En 2023, et à l'occasion du retour du salon, le public sera toujours le bienvenu, mais la formule a été repensée.
Pour faire simple, les événements numériques débuteront le 11 juin, après quoi les professionnels seront invités à se rendre au Convention Center du 13 au 15 juin. Puis, du 15 au 16 juin, ce sera au public d'en profiter. Un bon moyen pour permettre à tous d'en profiter au mieux, sans encombrer les allées. Après avoir été critiqué, aussi bien du côté de l'industrie que du public, l'E3 semble manquer à une partie des joueurs, qui, sur les réseaux sociaux, ont indiqué qu'ils appréciaient cette "semaine" où les annonces étaient concentrées au même endroit. A l'E3 de convaincre les développeurs et les éditeurs de venir faire leurs annonces et présenter leurs jeux.
Tencent : L'ogre a faim !
Lorsqu'on prête attention aux noms des éditeurs, aux différents labels, ou encore à l'actualité de l'industrie, il est devenu très difficile d'éviter Tencent. Le géant chinois de la tech, leader mondial du jeu vidéo en termes de revenus, a énormément investi ces dernières années, avec des parts chez Activision Blizzard, Ubisoft, Krafton, PlatinumGames, FromSoftware ou encore Marvelous Inc. et beaucoup d'autres.
Tencent possède également 40% d'Epic Games, ainsi que l'intégralité des parts de Riot Games, Splash Damage, Turtle Rock, Sumo ou encore Funcom. Jusque-là, la stratégie de Tencent était essentiellement de prendre des parts minoritaires dans les entreprises, et s'en servir comme des leviers de croissance en dehors du marché chinois.
Car en Chine, malgré la taille du marché, la croissance ralentit à cause des nombreuses restrictions imposées par le gouvernement aux plus jeunes joueurs, mais également en raison de l'approbation des jeux, au ralenti quand elle n'est tout simplement pas gelée. Mais cette stratégie "douce", ce sera bientôt de l'histoire ancienne. Selon Reuters, la firme va devenir beaucoup plus agressive, en mettant l'accent sur le rachat pur et simple des studios et éditeurs hors de Chine.
Tencent envisage donc de prendre le contrôle direct des entreprises par des prises de participation majoritaires, notamment en Europe. Le géant a toutefois précisé à Reuters que les investissements avaient débutés bien avant la mise en oeuvre des nouvelles réglementation, et qu'il recherchait des "entreprises innovantes dotées d'équipes de direction talentueuses".
En bref dans l'actualité business
- Take-Two et People Can Fly (Outriders) ont annoncé la rupture de leur partenariat autour de Project Dagger. Le jeu reste en développement.
- Aaron Greenberg a été promu chez Xbox, auparavant directeur général du marketing des jeux Xbox, il est désormais vice-président.
- L'auteur présumé du piratage de Rockstar (Grand Theft Auto VI a plaidé non-coupable devant le tribunal de Londres.
- Splatoon 3 s'est imposé en tête des ventes physiques et en valeur sur le marché français pour la semaine 37. Il devance l'indéboulonable Mario Kart 8 Deluxe, NBA 2K23 (PS4), NBA 2K23 (PS5) et Horizon : Forbidden West (PS5)
- Nintendo : Un ancien testeur d'assurance qualité a indiqué avoir posé des questions sur la tendance à la syndicalisation en janvier, et avoir été licencié en février en représailles.