Nous entrons dans la dernière ligne droite, au bout de laquelle il faudra dire au revoir à nos consoles de 8ème génération. S’il n’est pas encore l’heure de faire le bilan, on peut déjà commencer à s’interroger sur notre rapport à ces machines et l’impact qu’elles ont eu sur notre façon de jouer, ou même de penser le jeu vidéo. Un premier constat : au fil des ans, les consoles de Nintendo, Sony et Microsoft ont peu à peu dessiné trois visions bien distinctes du jeu vidéo. Et c’est tant mieux.
Il faut toutefois le reconnaître : cette 8ème génération de consoles n’a pas démarré sous les meilleurs auspices. La Wii U de Nintendo a fait un vilain flop et la Xbox One n’a jamais réussi à connaître le succès de son aîné. Le résultat ? C’est que pendant plusieurs années, une seule et même console a dominé le marché, bon gré mal gré. Et si la PlayStation 4 a régalé des dizaines de millions de gamers, elle ne pouvait pas non plus se démultiplier et faire seul le travail de trois entités. Et donc reproduire ce que l’on avait connu lors de la génération précédente, avec la PlayStation 3, la Xbox 360, et la Wii. Pour autant, les échecs de Nintendo et Microsoft les ont forcé à s’adapter et à proposer quelque chose d’un peu différent, et je le crois sincèrement, ce sont les joueurs qui furent gagnants, en fin de compte. Aujourd’hui, si l’on observe les trois consoles de salon que sont la PlayStation 4, la Xbox One et la Nintendo Switch, on a trois façons totalement différentes de penser le jeu vidéo. Un véritable plus pour les gamers.
Trois promesses bien différentes
Car, soyons honnêtes, si l’on met de côté quelques exclusivités, la Xbox 360 et la PlayStation 3 proposaient peu ou prou la même chose. Ce qui explique, en partie, des ventes quasi-similaires en fin de cycle. La Wii, de son côté, était un véritable OVNI. Notez qu’aujourd’hui encore, Nintendo soigne son statut de constructeur un peu à part, mais cela ressort sans doute un peu moins parce que la Xbox One et la PlayStation 4 elles-mêmes sont assez différentes. l’une de l’autre. Je m’explique.
Sony a très largement fait le pari de l’expérience solo de qualité, en misant sur les hardcore gamers bien entendu mais aussi sur le grand public, qui apprécie plus facilement une belle histoire bien racontée qu’un gameplay hyper fouillé. Une vision du jeu vidéo qui, chez PlayStation, a connu son apogée ces deux dernières années, avec des titres comme Horizon : Zero Dawn, God of War, Marvel's Spider-Man, Detroit : Become Human, et d’autres titres encore à venir, comme Death Stranding ou The Last of Us Part II. Quoi qu’il en soit, on a affaire à des jeux à même de satisfaire les hardcore gamers ainsi que des joueurs plus casual, grâce à des graphismes souvent très impressionnants, des gameplay abordables, et des personnages iconiques que l’on peut facilement rattacher à la marque PlayStation. Et puis surtout, on le remarque, pas ou peu de online. Ces titres se concentrent sur l’expérience solo parce que de nombreux joueurs préfèrent s’amuser tranquillement de leur côté, sans être forcé d’une manière ou d’une autre à payer un abonnement ; ou sans devoir se plier aux disponibilités des copains pour pouvoir passer un bon moment.
À l’inverse, la Xbox One a beaucoup misé sur le jeu en ligne, et pour une bonne raison : le Xbox Live est la force vive de la marque Xbox depuis plus de 15 ans. Pour une autre catégorie de joueurs, le jeu en ligne, qu’il soit coopératif ou compétitif, est synonyme d’amusement continuel, de rencontres et d’amitié. Des joueurs qui, souvent, ne se satisfont pas pleinement d’un titre bouclé en 20h, sur lequel ils ne reviendront jamais. Cette différence de philosophie se constate d’ailleurs sur les ventes de jeu, depuis les lancements de la PS4 et de la Xbox One. Si l’on retrouve de nombreuses similitudes (GTA V premier des ventes Xbox One et PS4, beaucoup de Call of Duty…), on remarque aussi quelques belles différences. Par exemple, sur PlayStation 4, Red Dead Redemption II se classe à la seconde place du classement, tandis qu’il n’est "que" cinquième sur Xbox One. À l’inverse, on constate la présence de Destiny 2 dans le top 10 des ventes Xbox One, alors qu’il ne figure pas dans le classement PlaySation. Les productions Xbox Game Studios (Halo 5 : Guardians, Forza Horizon 4, Gears 5, Sea of Thieves...) possèdent toutes une dimension multijoueur très importante, ce dont les joueurs Xbox sont particulièrement friands. Xbox le sait bien et des jeux comme Halo : The Master Chief Collection, pourtant sorti en 2014, est encore mis à jour toutes les semaines ou presque.
Et puis, il y a Nintendo. Toujours un peu à la marge, d’abord avec sa Wii U, aujourd’hui avec sa Switch. Acheter une console Nintendo, c’est la promesse d’avoir accès à des jeux qui n’existent nulle part ailleurs, au style inimitable. Et puis il y a tous ces petits jeux, indépendants ou non, que l’on peut trimballer partout avec soi, dans sa poche. Encore une autre façon de jouer, de penser le jeu vidéo.
C’est pour cette raison que j’adore cette génération de consoles. Si je veux du gros AAA hyper léché, j’allume ma PlayStation Pro. Si je veux m’éclater en ligne avec avec des copains, sur des jeux au gameplay accrocheur qui sont régulièrement enrichis, je lance ma Xbox One X. Je veux du jeu à la Nintendo, ou avoir de quoi m’occuper dans l’avion ou lorsque je pars en vacances ? Je glisse ma Switch dans mon sac à dos. Voilà pourquoi malgré la pluie de remasters, les errements des deux premières années et les difficultés de Xbox, j’ai adoré cette 8ème génération de consoles. Ce n’est plus juste un choix entre trois marques : c’est une véritable variété de philosophies, trois façons complémentaires de « pratiquer » le jeu vidéo. Et c’est absolument essentiel.