Le caritatif 2.0 existe depuis plus de dix ans outre-Atlantique (Desert Bus for Hope, Marathon Mario, Games Done Quick…). Il aura fallu attendre quelques années pour voir ce concept accoster sur les rives du Vieux Continent (European SpeedRunner Assembly…), faire des émules, et enfin s’imposer comme une alternative crédible en France. Le Z Event est, sans nul doute possible, le fer de lance de ce mouvement avec ses 3,5 millions d’euros récoltés en faveur de l’Institut Pasteur en 2019 au point que ce dernier soit devenu un événement incontournable en l’espace de seulement trois éditions. Les initiatives du même genre commencent à émerger ici et là (parfois bien avant le Z Event), toutes cherchant à défendre une cause, une association parmi tant d’autres. Le Desert Bus de l’Espoir, le Téléthon Gaming, Anymal ou encore Le ReconduStream, pour ne citer qu’eux, sont autant d’opportunités afin d’apporter sa “petite” pierre à l’édifice du caritatif, une aide à la hauteur de ses moyens et/ou de ses compétences.

Attention toutefois à la surcharge du calendrier qui parfois frôle l’embouteillage. Le premier week-end de décembre 2019 se sont télescopés pas moins de trois initiatives portant sur des thèmes très différents allant de la lutte contre la myopathie à la protection et la défense des animaux en passant par le soutien aux mouvements de grève contre la réforme des retraites qui secouent actuellement le pays. Si je devais m’exprimer sur ce point précis, je n’irais pas par quatre chemins. J’aurais bien le temps, mais aucunement l’envie de tergiverser. Tous ces événements sont légitimes et les querelles de chapelle auxquelles nous assistons parfois n’ont pas lieu d’être. Elles ont le don de m’insupporter si je pousse l’honnêteté un cran plus loin. La solidarité des uns ne peut, que dis-je, ne doit jamais faire obstacle à celle des autres.

Cette vague 2.0 est une bénédiction pour de nombreuses associations qui touchent alors une audience plus large déconnectée des canaux traditionnels de diffusion et trouvent un nouvel élan, entendre ici sources de dons, alors que le marché du caritatif (je déteste au plus profond de moi cette association de mots) est en berne. Selon Médecins Sans Frontières, les dons auraient chuté de 6% sur la seule année 2018. Le jeu vidéo et le streaming qui en découle sont donc une aubaine pour ces institutions tributaires de la générosité versatile des gens. Les joueurs de jeu vidéo passent ainsi de spectateurs à acteurs d’une société à laquelle ils appartiennent déjà pleinement.

Cela a pour conséquences directes de dépoussiérer l’image vieillissante du “gamer” solitaire enfermé dans son garage devant ses écrans et de véhiculer un message positif emprunt d’espoir aux personnes encore sceptiques face à la pratique du jeu vidéo. Le président de la république française Emmanuel Macron a ainsi félicité les participants au Z Event 2018 puis 2019 sur Twitter tandis que la presse généraliste et spécialisée - de la radio France Inter au Journal L’Equipe - salue dignement, non sans une pointe de curiosité et c’est bien normal, ces hurluberlus à même de rassembler la France du jeu vidéo sous une bannière commune et solidaire. Cette passion pour le 10e Art, qui nous anime tous (joueurs, fans, journalistes, studios, éditeurs, professionnels, grand public…), pousse à l’ouverture et à tendre la main aux autres, à s’y intéresser, motivés que nous sommes par des personnalités que nous apprécions et galvanisés par un engouement palpable autour de ces initiatives qui poussent comme des champignons depuis maintenant trois ans.

Le jeu vidéo est aujourd’hui la première industrie de divertissement au monde devant le cinéma et aura un important rôle à jouer au cours des prochaines années dans le domaine du caritatif. Ses récents résultats en sont une preuve édifiante… du moins j’aime à le croire, et à encourager cette générosité et cet altruisme vidéoludique.