Sorti en 1998, Akuji The Heartless emprunte beaucoup au gameplay de Tomb Raider, au vu du succès de celui-ci. Inconnu au bataillon, le jeu est surtout perçu comme le brouillon d'un autre grand titre : Soul Reaver, développé par le même studio. Bien qu'étant similaires sur certains points, les 3 jeux possèdent toutefois des différences, et même si Akuji The Heartless est confronté à des adversaires de taille, il ne s'en sort finalement pas si mal que ça.
Ce qui fait l'originalité du jeu, c'est son thème en rapport avec la religion vaudoue, thème qui n'est pas très abordé dans le domaine vidéoludique. On peut donc trouver des personnages qui en sont inspirés ainsi que des lieux et des objets mythiques, comme le fleuve du Cocyte ou les célèbres poupées. D'autre part, Akuji The Heartless baigne dans une histoire de vengeance et possède parfois une allure plutôt glauque, tant par ses environnements que par son bestiaire et sa bande-son. Le jeu s'oriente plutôt vers le genre action / plates-formes, ce qui amène à la fois des énigmes et des combats, rappelant sa plus grande source d'inspiration, Tomb Raider. Toutefois, contrairement à ce dernier, il se déroule sur plusieurs niveaux se débloquant au fur et à mesure de l'avancement du joueur, dans une sorte de warp-zone.
Un voyage dans les enfers
L'histoire se déroule dans la région de Mamora, dans laquelle règnent les conflits entre clans. La paix est cependant prête à être instaurée par le supposé mariage entre Akuji, le fils du grand prêtre Murat, et Kesho, fille du clan Tanko. Malheureusement, le frère du héros, Orad, est particulièrement jaloux et méprise cette idée. Ainsi, il orchestre le meurtre de son propre frère, et intervient pendant son mariage pour lui arracher le coeur. La perte de l'organe soumet Akuji à un maléfice : celui d'errer dans les enfers, royaume du baron Samedi, pour l'éternité. Le héros fait rapidement sa rencontre, et celui-ci lui promet de le renvoyer dans le monde des vivants à la condition de rapporter les âmes de chacun de ses ancêtres, perdues dans les différents vestibules de l'enfer. Enfin, Kesho lui apparaît sous forme fantomatique, paniquée, et le supplie de revenir le plus vite possible car Orad compte la sacrifier pour déclencher une nouvelle guerre. Le scénario est donc plutôt bon, certes classique, mais suffisant pour ce type de jeu. Malheureusement, on rencontre rapidement un premier point noir : l'histoire ne se développe pas assez lors de l'avancement du joueur. Pourtant, Akuji présente un monologue dans la plupart des niveaux mais il est difficile de s'attacher au personnage, ce qui n'est pas arrangé par le doublage particulièrement mauvais. D'autre part, peu de cinématiques sont présentes, et on ne s'intéresse plus très longtemps à l'histoire une fois le jeu entamé.
Tuer ce qui est déjà mort...
Vous commencez donc à explorer les niveaux du premier vestibule, afin de trouver les âmes permettant d'accéder au premier boss du jeu. Akuji est plutôt agréable à prendre en main et beaucoup plus maniable qu'un personnage comme Lara Croft. Il n'y a donc aucun problème du côté de la plate-forme, il nous obéit au doigt et à l'oeil. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour les combats qui sont parfois confus. D'une part, la caméra est particulièrement capricieuse et pourra vous gêner lors de vos affrontements. Ensuite, bien qu'il n'y ait pas trop de difficultés au niveau du combat rapproché, c'est tout autre chose pour le combat à distance. Les sorts que vous trouvez sont bien choisis, mais il est assez difficile de les utiliser contre vos ennemis. En effet, vous vous rendrez rapidement compte que vous gaspillez toutes vos munitions pour tuer un seul adversaire. Mais les pires sont les ennemis volants car ils sont très durs à toucher, à la fois en combat rapproché et à distance. En fait, ce qu'il manque essentiellement au jeu, c'est une touche de ciblage automatique qui aurait permis de viser un ennemi et d'éviter de sauter dans tous les sens.
Des boss et des énigmes
On s'attaque maintenant à un point positif du jeu, un point sur lequel on ne pourra rien lui reprocher, c'est d'avoir des boss particulièrement sympathiques à combattre, et des énigmes bien pensées. Rien d'absolument fantastique non plus, mais c'est tout de même appréciable, surtout lorsque l'on ne s'y attend pas. En général, vous ne rencontrez pas de soucis pour terminer un niveau car la difficulté est assez faible. Néanmoins, vous vous y reprendrez à plusieurs fois lorsque vous devrez affronter certains boss, surtout lorsque vous n'aurez pas prévu que la difficulté monte subitement. Pour les énigmes, c'est grosso modo la même chose, il est possible que vous soyez soudainement bloqué parce que vous ne savez pas comment atteindre un certain endroit. C'est donc plutôt une bonne chose, car la difficulté est plus ou moins rehaussée par ces deux aspects. Néanmoins, il n'y aura pas autant de réflexion que dans Tomb Raider, un titre amenant la prudence du joueur par son ambiance stressante. C'est pourquoi vous avancerez plus rapidement, sans vous faire trop de soucis.
Une ambiance glauque et psychédélique
Akuji possède une ambiance particulière donnant au joueur l'impression d'être brouillé, fatigué et perdu. Celle-ci passe majoritairement par le biais des musiques, qui, bien que peu marquantes, sont complètement en accord avec les thèmes du vaudou et des enfers. On a un peu l'impression d'être dans un cauchemar : on ne ressent pas un sentiment de peur, mais plutôt un sentiment de mal-être. Les graphismes, quant à eux, auraient pu avoir un plus grand rôle dans l'immersion et la terreur du joueur. En effet, bien que le design des personnages et des monstres soit très beau, les environnements sont parfois pauvres et vides. Malgré tout, l'ambiance du jeu est réussie, mais aurait été encore plus convaincante avec un scénario plus poussé et une profondeur plus grande du personnage principal.
Points forts
- Bonne maniabilité du personnage
- Graphismes tout à fait corrects pour l'époque
- Boss recherchés et très sympas à combattre
Points faibles
- Histoire sympathique mais malheureusement pas assez poussée
- Problèmes de caméra
- Manque de visée automatique
- Manque de contenu, ce qui rend le jeu un peu répétitif
Akuji The Heartless n'est pas un mauvais jeu, loin de là. Malheureusement, il n'est pas non plus exceptionnel. Il n'est pas marquant parce qu'il lui manque quelque chose d'essentiel : une identité. En y jouant, bien qu'il soit tout à fait correct, on a un peu l'impression de jouer à un jeu banal, classique, sans prétention. L'histoire n'est pas assez développée, le gameplay n'est pas particulièrement original, et le seul point qui le fait sortir du lot, c'est son univers autour du vaudou. Néanmoins, il possède des musiques et des graphismes tout à fait corrects, et est quand même agréable à jouer. C'est pourquoi, quoiqu'il ne soit pas particulièrement mémorable, je vous conseille de l'essayer.