
Un an après sa parution au Japon, Dragon Quest XI débarque enfin dans nos belles contrées, sur PC et PS4. Le retour d’un J-RPG qui aime faire dans la tradition, portée par une direction artistique exemplaire depuis des années. Voyons ensemble si la formule marche toujours.
Il était une fois...

Il suffit d’entendre les premières notes puissantes de trompette pour être embarqué dans un autre monde. Dragon Quest a toujours opté pour un univers joyeux et des personnages charismatiques, avec un enrobage JRPG qui sert surtout à nous raconter des histoires. Le pitch de base, comme toujours avec la série, fait dans l’ultra-classique : Un jeune garçon de 16 ans découvre qu’il est une sorte de messie appelé l’Eclairé, et part à la capitale afin de rencontrer le Roi. Je n’ai pas l’intention de vous raconter quoique ce soit de plus, néanmoins sachez que la narration de cet opus ne déroge pas à la règle de la série. Tout en constituant un tout (plein de petits secrets et rebondissements), l’idée est de faire voyager le joueur en lui faisant rencontrer des personnalités attachantes. Il est impossible de ne pas sourire quand on joue à un Dragon Quest, devant un prince trop trouillard pour assumer ses responsabilités ou face à la classe retentissante du soi-disant saltimbanque de la bande. Gardez le plaisir de la découverte, mais sachez qu’un DQ se joue avec l’esprit ouvert, sans prise de tête.

Cela dit, j’aimerais apporter un léger bémol, qui peut potentiellement s’avérer pesant pendant l’aventure. Compte tenu de l’importance de la narration dans un Dragon Quest, la mise en scène est censée être d’une importance capitale. Pourtant, elle fait partie des rares éléments qui accusent parfois le poids de l’âge. En voulant constamment ramener le conte à la dynamique JRPG, le titre casse régulièrement son rythme avec des passages de gameplay très courts ponctués de micro-chargements. Cela est sans compter les quelques fondus au noir et passages lents dus à une structure archaïque et à des animations qui ne plus autant adaptées à une dimension narrative prenante. Dragon Quest XI nous rappelle un peu trop souvent qu’il est un JRPG à l’ancienne, à des moments où ce n’était pas vraiment nécessaire.


Let's Fight !

« A l’ancienne », c’est le terme qui caractérise le mieux l’oeuvre de Yuji Horii, ce qui se retrouve notamment dans les combats au tour par tour. Attaque, magies, compétences, défense et objet, on fait dans le simple et très accessible, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de finesse par moments. Comme les volets précédents, Dragon Quest XI s’appuie surtout sur la gestion des buffs et altérations d’état pour ce qui est de la stratégie, même si la possibilité de changer d’équipements ou de combattants en plein combat le rend très permissif. Le véritable et seul nouvel atout du système tient en l’existence de l’état hypertonique, une sorte de « limit break » qui booste les stats des persos et donnent accès à des attaques combinées qui dépendent non seulement des équipiers présents, mais aussi des compétences débloquées. Les combinaisons sont nombreuses et diverses, certaines provoquant d’impressionnants dommages alors que d’autres augmenteront drastiquement les caractéristiques d’un ou plusieurs persos. Un concept qui n’est pas sans rappeler un certain Chrono Trigger, en plus évolué.

En matière de difficulté, Dragon Quest XI profite heureusement de sa sortie internationale pour accentuer le challenge grâce à la quête draconique. On dispose de plus d’options pour se compliquer la tâche, comme rendre les monstres plus forts, s’interdire les nuits à l’auberge voire même la possibilité d’acheter des objets et équipements. Si on apprécie un défi plus corsé, le fait de devoir passer par un système de handicap rend quand même la difficulté quelque peu factice. Disons clairement que vous ne jouerez pas à cet opus dans le but de souffrir, mais juste pour l’aventure qu’elle procure. Notez toutefois que les donjons ont le mérite de proposer quelques idées intéressantes que l’on vous laissera découvrir. Ne vous attendez pas à des énigmes complexes à la Zelda, cependant ça permet d’éviter d’en faire de simples couloirs à monstres.

L’exploration reste un pan important de Dragon Quest XI, et c’est plutôt tant mieux tant le jeu est par moments magnifiques ! Les larges environnements sont colorés et vifs, et malgré une certaine impression de vide par moments, ils proposent des panoramas enchanteurs. Les combats n’étant pas aléatoires, on voit les monstres gambader gentiment et cela donne de la vie à l’ensemble. Néanmoins ce sont les villes qui remportent la palme de la beauté, avec une construction inspirée appuyée par l’indémodable direction artistique de la série.
Gameplay : Exploration et combats
Les à-côtés

Enfin, toujours sans spoiler, n’oublions pas que Dragon Quest XI regorge d’activités annexes. La principale est la forge, qui vous permet de façonner des équipements avec dextérité. Dans la pratique, il s’agît d’un mini-jeu dans lequel on frappe différentes zones de l’objet à créer afin d’arriver dans la bonne partie d’une jauge. En gagnant des niveaux, on gagne en concentration pour donner plus de coups de marteau, mais on accède aussi à des compétences qui permettent d'être bien plus précis ou de frapper plusieurs zones en même temps. Intéressante et complète, la forge permet d’amener un peu d’excitation à un élément qui consiste souvent, dans d’autres jeux, à amener des objets à un NPC. DQXI propose aussi des courses de chevaux dont le gameplay est bien trop pauvre pour s’avérer d’un quelconque intérêt, ainsi que d’autres surprises (il y a bien un casino, rassurez-vous, mais on vous laisse voir ça par vous-même, sinon ce ne sont plus des surprises).
Gaming-Live de Dragon Quest XI - La forge
Points forts
- Une direction artistique sensationnelle !
- Les villes sont magnifiques
- Des personnages attachants
- L’ambiance Dragon Quest au rendez-vous
- La forge, vraiment intéressante
- Les combos d’équipe, variés
- Le gameplay à l’ancienne
Points faibles
- La mise en scène archaïque
- Pas le plus inspiré des Dragon Quest
- Les courses de chevaux sont d’une platitude absolue
- Une bande-originale en deçà des habitudes de la série
- Les menus manquent toujours de praticité
Dragon Quest XI fait ce qu’il sait faire de mieux : raconter des histoires drôles et touchantes dans un cadre heroic fantasy. Les amateurs de JRPG à l’ancienne seront ravis devant un titre qui ne fait aucune concession quand il s’agît de faire du old-school. Parfois à l’excès ? Sans aucun doute, mais c’est aussi ce qui fait son charme. Avec ses personnages charismatiques, ses combats simples mais efficaces et sa direction artistique à couper le souffle, il s’inscrit comme une très bonne expérience que l’on conseillera surtout aux fans du genre et à ceux qui veulent vivre une aventure sans prise de tête.