Sorte de STR survivaliste hardcore et post-apocalyptique, They Are Billions a de quoi intriguer. Disponible en Early Access depuis le 12 décembre pour une vingtaine d'euros, le jeu de Numantian Games s'est très vite fait un nom sur Twitch. Cette popularité soudaine est-elle méritée ?
Ce jeu est disponible en accès anticipé (early access). Son contenu est donc susceptible d’évoluer significativement dans un avenir proche. Le test de la rédaction est valable pour la version évaluée le 04/01/2018 et sera mis à jour si nécessaire.
Avec son look steampunk et ses mécaniques de jeu de stratégie relativement basiques, They Are Billions n'a de cesse de surprendre son joueur au fil des parties. En apparence, rien ne différencie drastiquement de la concurrence ce titre qui tente de raviver la flamme quelque peu chancelante du STR PC : on doit ici construire une ville, gérer une demi-douzaine de ressources différentes, s'étendre, débloquer des technologies et produire des unités militaires. La particularité vient ici du fait que l'on est la "seule puissance" sur la map et que vos ennemis sont bien plus dangereux qu'ils n'en ont l'air... et sont potentiellement déjà dans vos rangs...
Zombies + habitations = Game Over
Jeu post-apocalyptique oblige, à peu près tout ce qui vous entoure, littéralement, est hostile. Les terres désertiques et dévastées que l'on arpente sont peuplées de zombies qui seront attirés par le bruit, la vue et l'odeur de vos troupes. En fonction de la difficulté que vous vous imposez, ils erreront sur la carte et viendront vous titiller de temps en temps, attirés par votre inévitable expansion. Et si un petit soldat et sa mitraillette peut facilement se défaire de trois ou quatre zombies, aussi lents que fragiles, le constat sera différent lorsque vos constructions se rapprocheront dangereusement de certaines poches de morts vivants lesquels pourront briser vos défenses en douce et commencer à s'attaquer à vos bâtiments.
Comme dit plus haut, le danger viendra des vôtres et c'est un mélange de gourmandise et de négligence qui entraineront la première brèche dans les défenses. Après quoi, c'est l'effet domino : une maison contaminée génère 5 à 6 zombies qui iront s'attaquer à d'autres constructions et ainsi de suite. En moins de trente secondes, une partie d'une heure trente peut être ruinée par une petite erreur de calcul au moment d'établir la ronde d'un soldat ou par le manque de réactivité face à une palissade qui subit des dégâts... Impossible de sauvegarder sauf si vous souhaitez quitter la partie, et vous tenez là l'une des expériences la plus hardcore du STR moderne, voilà qui fait tout le sel de They Are Billions.
Alors oui, vous allez surement dire qu'il faut avant tout penser à fortifier sa base pour éviter ce genre de déconvenue, et c'est tout à fait vrai. Le souci, c'est que They Are Billions vous forcera constamment à vous étendre et à transformer votre même ville en optimisant ses moindres recoins pour avoir un minimum de zones exposées à d'éventuels raids de zombies. Chaque entreprise d'expansion est donc un danger potentiel, et pourtant, le manque de place et les dispositions des ressources vous forceront a sans cesse bouger et fortifier, créant ainsi un véritable oignon dont la défense du cœur est une question de vie ou de mort.
Apprentissage par l'échec
Perdre régulièrement, ce n'est pas grave, les die and retry prouvent bien que même une énorme frustration émanant de la difficulté peut être contrebalancée si la courbe de progression du joueur est clairement ressentie par ce dernier. Or, à ce niveau là, They Are Billions nous impose, de par son type de jeu, une expérience très lente dans laquelle la première heure, est assurée sans échecs la plupart du temps. A dire vrai, le challenge pour les 10 premières heures de jeu sera de s'étendre sans faire d'erreurs stupides, d'apprendre à se fortifier, et de tanker efficacement les attaques grâce à une armée bien construite et bien dispatchée.
L'ultime difficulté de votre partie sera par ailleurs de résister à l'"attaque finale", programmée à un moment que vous avez fixé et qui définira la difficulté de la partie. Une planification de l'attaque au bout de 80 jours sera bien plus difficile à gérer qu'une attaque au bout de 150 jours puisque le temps alloué à votre fortification sera moindre. Cette perspective, couplée au nombre de zombies déjà en présence sur la map, définira un ratio de scoring qui traduira la difficulté globale de votre partie et vous permettra de débloquer les environnements suivants si vous réussissez à "finir" une partie. Un challenge déjà coriace.
Plutôt maigre en contenu...
Early Access oblige, on fait pour le moment assez vite le tour des possibilités de productions de votre civilisation de rescapés. Vous passerez donc une bonne partie de votre temps à installer puis moderniser vos installations, les faisant passer du bois à l'acier en passant par la pierre. Tout ceci vous permettra surtout de faire le plein d'or et de technologies, deux mânes essentielles pour établir votre fort imprenable, d'y installer des tours, différentes strates de fortifications, des pièges plus efficaces en cas de brèche et, évidemment, de produire des armées conséquentes pour venir à bout des hordes zombies qui peuvent se constituer de plusieurs milliers d'unités. On compte 5 unités d'attaque à l'heure actuelle : l'archer silencieux, le soldat et sa mitraillette, le sniper, le méchas équipé de lance-flammes, le soldat au lance-roquettes et enfin, le mécha avec deux énormes sulfateuses. C'est peu, mais c'est tout à fait suffisant pour constituer différentes armées et gérer les différents types de zombies.
Le jeu de la persévérance
Comprenons-nous bien, les débuts sont extrêmement difficiles et le jeu est très punitif. Pour autant, il constitue un véritable challenge personnel et aborde un pan du jeu vidéo stratégique que nous ne voyons que trop rarement : survivre sans jamais faillir. Certaines parties, visibles sur internet, durent littéralement des heures car le joueur, prudent, met très régulièrement le jeu en pause. Grâce à cela, on dispatch efficacement ses troupes, mais l'on peut aussi étudier un repli stratégique, quitte à laisser quelques fermes et structures aux zombies, tant que les fortifications suivantes tiennent... Après quelques échecs, on apprend à sacrifier pour survivre et c'est en cela, notamment, que They Are Billions est assez brillant. Il repose sur des stratégies survivalistes réalistes et vous forcera par exemple à attirer vos ennemis le plus loin possible des constructions tandis que vos troupes mitraillent le contingent hostile : un réflexe qu'il faudra s'imposer et maitriser pour éviter les catastrophes. C'est une toute nouvelle manière de jouer un STR, basé sur le compromis et la vigilance, un bol d'air frais duquel on ressort stressé, souvent frustré, mais ô combien satisfait en cas de victoire...
Sorti depuis une vingtaine de jours au moment du test, They Are Billions propose pour le moment qu'un seul mode : le mode survie, dans lequel on se fixe l'objectif à tenir, avec un total de 4 maps différentes. Les développeurs planifient l'arrivée prochaine de challenges hebdomadaires sur une map commune à tous et le support de différentes langues au fil des mois. Le jeu n'est actuellement qu'en anglais et espagnol, mais le niveau est assez basique. Un mode Campagne est également prévu pour le printemps 2018 et devrait représenter l'autre pan du titre final. Dommage, on aurait préféré un mode multijoueur mais ce n'est pas vraiment à l'étude pour l'instant. Le jeu se veut stable la plupart du temps et l'on remarquera surtout au rang des ratés le pathfinding des unités.
Points forts
- Des parties de très très très longue haleine (entre 2 et 10 heures suivant votre usage de la pause)
- Un concept on ne peut plus original : la moindre attaque peut étendre l'infection et ruiner votre partie
- On éprouve un certain plaisir morbide en voyant sa ville se faire réduire en cendres après plusieurs heures de jeu
- Un des rares STR à mettre en avant le sacrifice pour la survie
- Des fins de partie épiques faites de compromis stratégiques face à des milliers de zombies
- La pause active pour planifier sans perdre de temps et réagir aux situations de crise
- Une seule sauvegarde : impossible de faire marche arrière sur vos décisions
Points faibles
- Les débuts sont vraiment très difficiles et plutôt redondants : courage, persévérez !
- Très peu de bâtiments et de constructions à l'heure actuelle
- Pathfinding parfois aux fraises et interface un peu rigide
Attention, They Are Billions n'est pas vraiment à mettre entre toutes les mains. Si vous ne supportez pas d'être frustré à la moindre erreur, ne vous y essayez même pas. Le titre demande une attention permanente et un bon sens de la gestion stratégique. Une fois ces deux paramètres réunis, vous voilà parti pour une aventure de longue haleine, dans un genre rarement vu auparavant. Votre sens du sacrifice et votre capacité à vous adapter aux situations critiques seront également mises à rude épreuve dans cette aventure mais une victoire suffira à vous convaincre que oui, vous avez fait le bon choix en recommençant encore, et encore, et encore... Et encore.