Electronic Arts continue d’explorer la franchise Star Wars et enrichit le lore canonique avec un Shooter. Star Wars : Squadrons reprend le flambeau de feu la trilogie Rogue Squadron ainsi que de la série X-Wing, et se focalise exclusivement sur les combats spatiaux, élément central de la saga imaginée par George Lucas. Les studios EA Motive s’intéressent ici à l’art du dogfight et s’attardent sur la chute de l’Empire vue à travers le prisme d’un cockpit. Rebelles ou impériaux, qui sortira vainqueur de cet affrontement idéologique ?
Il y a bien longtemps,

… dans une galaxie lointaine, très lointaine, le conflit opposant la Nouvelle République aux restes de l’Empire Galactique fait rage. La destruction de l’Etoile de la mort ainsi que les morts de Dark Vador et de l’Empereur à la fin de Star Wars : Episode VI - Le retour du Jedi rééquilibrent les débats sur l’échiquier galactique. Les troupes impériales éparpillées aux quatre coins de la galaxie tentent de contrecarrer les plans de l’Alliance Rebelle et plus particulièrement le projet Starhawk qui permettrait à ces derniers de disposer de cuirassés en démantelant les Croiseurs Interstellaires. C’est dans ce contexte de guerre civile que nous rencontrons les unités Vanguard et Titan… deux escadrons, respectivement de l’Alliance Rebelle et de l’Empire, destinés à s’affronter sur le champ de bataille.

EA promettait de vivre cette guerre des étoiles dans la peau de deux pilotes appartenant chacun à un camp, et l’éditeur américain a tenu parole. Tout au long des 15 missions nécessitant entre 9 et 10 heures pour se terminer, le mode Histoire alterne parfaitement entre les deux protagonistes. Nouvelle République et Empire Galactique sont ici logés à la même enseigne. Mieux encore, le scénario respecte les idéaux des rebelles et des impériaux sans pour autant verser dans un manichéisme frontal. Certains personnages questionnent leur loyauté, d’autres émettent des doutes quant aux ordres donnés… le soldat formaté laisse parfois place à l’humain. A noter que l'aventure est intégralement doublée et sous-titrée en français.

Avec Star Wars, les fans sont en droit d’attendre du grand spectacle digne des oeuvres cinématographiques. Malheureusement, le Shooter d’EA Motive opte pour une mise en scène (trop) minimaliste faite de cinématiques éparses, mais toujours de bonne facture, et de simples dialogues pour faire avancer l’intrigue. Star Wars : Squadrons surprend par son manque d’audace et le conformisme de sa structure narrative. Les missions elles-mêmes tirent parfois en longueur, malgré des objectifs ainsi que des situations constamment renouvelés. Nos retrouvailles avec l’univers de George Lucas ne sont en rien gâchées, même s’il se dégage de cette aventure galactique un léger goût d’inachevé.
Le prologue du mode Histoire dans son intégralité (Spoiler)
L'académie impériale des fans

L’histoire devrait séduire les fans qui seront ravis de retrouver certains personnages iconiques, parmi lesquels l’Amirale Rae Sloane ou encore Wedge Antilles, tout en explorant le lore harnachés au fin fond d’un cockpit. Le récit s’insère simplement dans la chronologie Star Wars sans mettre à mal le canon “Disney”, et étoffe l’univers en mettant en lumière certains événements peu ou méconnus du grand public. Face à la complexité d’une saga quadragénaire, la guerre civile de Squadrons embrase simplement la galaxie sans y mettre le feu, point crucial que les initiés ne manqueront pas de relever.

Il se dégage de ce Shooter un amour sincère pour la création de George Lucas. Au-delà de sa fidélité narrative, Squadrons hume Star Wars par tous les pores. Les artistes ont apporté un soin tout particulier aux vaisseaux ainsi qu’aux uniformes, tous deux fidèles au matériau d’origine, et dépeignent à travers des environnements variés une galaxie propice au dépaysement. Star Wars : Squadrons est une invitation au voyage, à l’héroïsme guerrier sous une pluie d’effets pyrotechniques, servie par une réalisation soignée et digne d'un monument de la science-fiction. Puis que serait Star Wars sans ses thèmes emblématiques et son sound design reconnaissable entre tous ? Squadrons nous gratifie des deux ce qui parachève cet hommage, non seulement visuel, mais également sonore, des studios EA Motive à la franchise Star Wars.
L'escadron Vanguard découvre le projet Starhawk
L’Etoffe des Héros

Star Wars : Squadrons fait le pari de se focaliser sur une expérience de jeu unique, celle d’un pilote de chasse plongé au beau milieu d’un conflit d’envergure, et le résultat est à la hauteur du symbole que représentent les combats spatiaux dans la saga Star Wars. Le Shooter d’EA Motive nous immerge pleinement dans des dogfights intenses et passionnés nécessitant un temps d’adaptation pour en maîtriser tous les paramètres. “Easy to learn, hard to master” (“facile à apprendre, difficile à maîtriser”) résume parfaitement les intentions d’Electronic Arts. Le gameplay résolument arcade se veut accessible au plus grand nombre, mais parvient par d’habiles touches à offrir aux joueurs chevronnés un challenge à la hauteur de leur talent.

L’immersion est véritablement au coeur de la proposition des studios canadiens qui délaissent volontairement les points de vue extérieur, pourtant un grand classique du genre, au profit d’une caméra à la première personne, et uniquement à la première personne. Le pouvoir immersif du cockpit s’en trouve décuplé tout comme ce sentiment grisant qui vous prend aux tripes lorsque vous êtes aux commandes. Les pilotes gèrent désormais l’énergie de leur vaisseau et plus précisément la répartition entre les moteurs, les boucliers et l’armement. Ce “Power Management System” permet de s’adapter en temps réel à la situation et ainsi répondre présent avec un maximum d’efficacité lors des combats. Les joueurs contrôlent précisément la répartition des boucliers, privilégient l’armement et/ou les moteurs. Et ce n’est pas la seule subtilité intégrée par EA Motive.

Les vaisseaux, au nombre de 8 (X-Wing / A-Wing / U-Wing / Y-Wing / Chasseur Tie / Intercepteur Tie / Faucheur Tie / Bombardier Tie), participent à la dimension stratégique de Star Wars : Squadrons. Chaque classe de vaisseaux (Chasseur, Intercepteur, Bombardier et Support) possède des spécificités qui la rendent indispensable sur le champ de bataille et qu’il convient de mettre à profit selon les objectifs à accomplir. De plus, l’asymétrie entre les unités rebelles et impériales s’ajoute dans l’équation à l’heure de s’affronter dans le vide de l’espace, ce qui complexifie les débats. L’approche “Brute de décoffrage” des unités de l’Empire Galactique privée en majorité de bouclier est compensée par une vitesse et/ou une puissance de feu accrue, à la différence des bolides de l’Alliance Rebelle qui se distinguent par leur puissante protection et leur capacité d’adaptation. Sous ses airs de Shooter arcade, Star Wars : Squadrons dissimule un système de jeu bien plus sophistiqué qu'il n'y paraît. Les dogfights y sont âpres, sans merci, et exigent un apprentissage à la dure sur le terrain pour espérer survivre.
L'escadron Titan attaque des vaisseaux de transport
Le Baron Rouge

Le mode Histoire n’est en réalité qu’un tutoriel scénarisé idéal pour se familiariser avec les commandes, et les aptitudes variées des différents vaisseaux arrimés dans le hangar. La véritable guerre civile galactique débute avec le multijoueur et ses différents modes. Dans Combat Aérien et Bataille de Flottes, deux escadrons composés de 5 pilotes s’affrontent sur une demi douzaine de cartes aux ambiances variées parmi lesquelles Yavin Prime, Esseles, le chantier naval de Nadiri, Sissubo, Galitan et l’abysse de Zavian. Le premier mode cité est un classique du genre, le seul objectif étant d’anéantir l’ennemi dans le temps imparti. Bataille de Flottes (jouable seul, en coopération ou en 5v5) s’avère plus complexe. EA Motive scénarise, comme le nom du mode le laisse à penser, des batailles de grande envergure au cours desquelles rebelles et impériaux remplissent des objectifs précis.

Dans un premier temps, les forces en présence s’affrontent pour saper le moral adverse en repoussant la ligne de front, puis s’attaquent aux vaisseaux amiraux secondaires avant de lancer l’assaut final sur le vaisseau amiral et ses sous-systèmes. Sa destruction est alors synonyme de victoire totale. Ce mode multijoueur exige de la coordination entre les membres d’un même escadron et une connaissance poussée des unités impliquées pour s’imposer. Toutefois, certains pilotes pourraient rester sur leur faim. Aussi intense et palpitant soit ce multijoueur en 5v5, un mode plus ambitieux impliquant une cinquantaine de joueurs ainsi que d’autres modes de jeu manquent à l’appel. Pour terminer avec le multijoueur, Star Wars : Squadrons est Cross-Play. Les pilotes PC, consoles, en réalité virtuelle ou non, partagent le même champ de bataille... ce qui s'avère être une excellente nouvelle.
L'Empire lance un assaut sur le mode "Bataille de Flottes"
Pimp my Ship

Star Wars : Squadrons récompense la témérité et la loyauté de ses pilotes en intégrant au multijoueur un système d’expérience. Les joueurs débloquent les composants et les cosmétiques disponibles pour les 8 vaisseaux via deux devises distinctes qui sont respectivement les Points de Réquisition et de Gloire. A la lecture du mot "devise", certains joueurs pourraient prendre peur. Mais n’ayez crainte, le Shooter d’EA Motive n’est pas un “Game as a Service”. Aucune microtransaction ne vient parasiter la progression et l'obtention des récompenses. L’ensemble des items s’obtient sur le champ de bataille et uniquement de cette façon. De plus, aucune politique “post launch” n’est pour le moment à l’ordre du jour, exception faite des événements en ligne régulièrement renouvelés par les studios en charge du projet. Néanmoins, la mise en place de challenges et d’opérations suite au lancement du jeu assure une certaine longévité au titre en ajoutant des items rares à collectionner, mais uniquement cosmétiques.

L’expérience Squadrons se caractérise par une personnalisation poussée des vaisseaux, et des pilotes. Tout ou presque sur les unités rebelles et impériales peut être modifié pour coller au plus près de votre style de pilotage et augmenter vos chances de survie. Armes principales et auxiliaires embarquées, coques, moteurs… la cinquantaine de composants disponibles altère en profondeur le comportement et les capacités des vaisseaux afin de répondre à un besoin précis sur le champ de bataille. La dimension tactique de ce Shooter spatial débute avant le décollage, encore arrimé aux quais. EA Motive parvient même à conserver un certain équilibre entre toutes les combinaisons de vaisseaux / composants. Si la victoire dépend en grande partie des pilotes et de leur talent, l’importance des équipements n’est clairement pas à négliger. Pour finir, les cosmétiques risquent bien de stimuler la fibre artistique des amateurs de customisation que ce soit à l’extérieur et à l’intérieur des vaisseaux… des cosmétiques qui sont autant de rappels de leurs faits d'armes.
Personnalisation et amélioration d'un Intercepteur Tie
- Une vraie “Star Wars Story” originale et respectueuse du lore
- Les 15 missions aux objectifs renouvelés du mode Histoire
- La durée de vie de la campagne solo (entre 9 et 10 heures)
- Une aventure doublée et sous-titrée en français
- Les sensations grisantes de pilotage à mi-chemin entre arcade et simulation
- Les 8 vaisseaux, leurs composants et la dimension stratégique qui en découle
- La réalité virtuelle et son pouvoir immersif
- Une réalisation technique irréprochable
- Le multijoueur compétitif et ses modes Combat aérien / Bataille de Flottes
- Un système de progression qui récompense les pilotes
- L'absence de microtransaction
- Une mise en scène minimaliste trop souvent en retrait
- Des missions qui tirent parfois en longueur
- Un multijoueur limité à du 5v5 (+ IA) et 2 modes de jeu
EA Motive adresse une lettre d’amour aux fans de la saga de George Lucas et aux amateurs de dogfights. Le gameplay orienté arcade, non sans une pointe de simulation, capture l’essence même des combats spatiaux à la Star Wars, challenge les pilotes chevronnés et accompagne les non initiés. Le mode Histoire explore avec la manière une période troublée... celle de la guerre civile galactique, malgré un manque d’audace notable dans la mise en scène. Le multijoueur et son système de progression promettent une belle expérience compétitive et coopérative, si on omet le nombre restreint de joueurs et de modes de jeu. Star Wars : Squadrons est au final le Shooter spatial tant attendu par les fans, à la réalisation soignée et toujours respectueux du matériau d’origine… une réussite ni plus ni moins.

