Depuis sa naissance en 2004 sur PS2, la franchise Monster Hunter repose sur le même concept : le joueur doit abattre des créatures de plus en plus coriaces lors de quêtes dont les récompenses permettent d'améliorer toujours plus son équipement. Le frisson procuré lorsque l'on vient à bout d'un monstre massif au terme d'un long combat, son importante composante multijoueur et son gameplay aussi technique que gratifiant ont été les clés du succès de la saga, qui a longtemps été boudée par une partie du public repoussée par son manque d'ergonomie, sa rigidité et son concept redondant par nature. Oui, Monster Hunter n'est pas à mettre entre toutes les mains, mais Capcom a su faire évoluer et moderniser sa formule si addictive. Monster Hunter Rise poursuit la dynamisation entreprise par Monster Hunter World en introduisant une nouveauté majeure : le Filoptère, un outil polyvalent dont il faudra maîtriser les subtilités pour tirer le meilleur des armes et de l'environnement.

Rise and shine

Les mots d'ordre de MH Rise : mobilité et action. Prenant la forme d'un genre d'insecte-grappin, le Filoptère permet de se propulser rapidement sur une courte distance, de se balancer en l'air ou même de courir sur les murs, offrant une nouvelle façon de parcourir les environnements et de réaliser des attaques aériennes. Comme dans MH World, l'exploration se fait sans temps de chargement et les vastes terrains de chasse (au nombre de cinq pour le moment) mettent logiquement l'accent sur la verticalité avec des plateaux et autres recoins reculés à première vue difficiles d'accès, mais que l'on peut atteindre en quelques utilisations de Filoptère. Un outil qui demandera un certain temps d'adaptation même aux habitués de la chasse, d'autant que les commandes sont loin d'être intuitives (ZL+ZR pour se propulser dans la direction visée, ZL+X pour s'éjecter en l’air, ZL+A pour plonger en avant).

Les déplacements sont ainsi plus funs et rapides que jamais. C'est d'autant plus vrai si vous choisissez de partir en quête avec un Chumsky, un nouveau compagnon canin. Les habituels félins Palicos et leurs gadgets de soutien sont toujours de la partie, mais le Chumsky apporte une option plus offensive (il synchronise ses attaques à celles du joueur) et fait surtout office de monture, permettant de foncer à travers la carte sans consommer d'endurance, d'escalader des falaises ou même d'utiliser des objets tout en étant sur son dos (potions, aiguisoir...). Pratique pour traquer un monstre. C'est tout l'aspect navigation qui est facilité : oubliez les navicioles et les traces à suivre de MH World, les monstres sont affichés dès le départ sur la carte sous la forme de gros points d'interrogation. La récolte des ressources se fait également sans temps de mort : par exemple, un seul coup de pioche suffit désormais à récolter tous les minerais d'un gisement.

Les joueurs peuvent donc choisir de foncer directement vers leur proie ou prendre le temps d'explorer pour profiter des avantages que la faune locale peut offrir. Des petits oiseaux colorés présents à travers la carte peuvent être attrapés en vol afin d'obtenir, pendant toute la durée d'une quête, des boosts de vie, d'endurance, d'attaque ou de défense liés à un nouvel équipement (le Florelet). Autre nouveauté : les bidulons, des créatures que l'on peut capturer et utiliser en tant qu'objets, comme cet escargot qui répand une zone de soin ou ces scarabées qui permettent d'infliger des fléaux élémentaires (foudre, glace...) aux monstres. La préparation d'une chasse a toujours été importante dans Monster Hunter, et MH Rise offre plus de souplesse dans la manière d'aborder les défis qu'il nous réserve.

Plus accessible, mais toujours difficile ?

Les développeurs ont aussi voulu ajouter une couche de profondeur supplémentaire à chaque arme. De la Morpho-Hache aux Lames doubles en passant par le Fusarbalète, la Lancecanon ou encore l'Insectoglaive, les 14 types d'armes sont de retour et bénéficient de nouveaux coups (appelés attaques lien de soie) liés au Filoptère. La Grande épée gagne par exemple une attaque sautée, l'Épée longue une contre-attaque et l'Arc une esquive doublée d'un boost de régénération d'endurance. Des capacités puissantes rappelant les Arts de Monster Hunter Generations qui, là encore, demanderont un peu de pratique pour être exploitées judicieusement, sachant que leur utilisation est limitée par un court temps de recharge (comme toutes les actions liées au Filoptère).

Avec ces nouveautés, MH Rise apporte encore plus de technicité et de fluidité à un gameplay qui n'en manquait déjà pas. La prise en main risque toujours de dérouter les néophytes, notamment pour la gestion de la caméra (utiliser le lock est déconseillé), et l'essence même des combats difficiles et gratifiants de Monster Hunter reste présente. Une erreur de positionnement, une roulade ratée ou une mauvaise lecture du comportement du monstre et le joueur peut vite se faire réduire en poussière. Comme toujours, les quêtes de chasse peuvent s'étaler sur plusieurs dizaines de minutes et offrent trois permissions d'échec avant d'afficher l'écran de game over.

Dans le but de rendre la courbe d'apprentissage plus douce, la structure du jeu marque un retour à la séparation entre les quêtes du village, uniquement jouables en solo et qui font progresser l'histoire, et les quêtes de "hub", que l'on peut accomplir aussi bien en solo qu'à plusieurs (jusqu'à quatre joueurs en ligne ou en local sans fil). Les nouveaux joueurs sont ainsi invités à appréhender les nombreux systèmes de jeu et le gameplay grâce aux quêtes du village, avant de chercher un défi plus relevé dans le hub. La zone d'entraînement a par ailleurs évolué et permet de se faire la main tranquillement grâce à un crapaud mécanique géant faisant office de mannequin, dont on peut paramétrer le comportement (agressif, statique...) et la position.

MH Rise hérite également de nombreuses améliorations de confort de jeu introduites par son prédécesseur. En vrac, on retrouve la possibilité de revenir au campement depuis n'importe quel endroit de la carte et d'y changer d'équipement, une interface personnalisable, un menu radial pour utiliser rapidement un objet dans le feu de l'action, l'affichage des améliorations de vos équipements sous la forme d'une arborescence complète, ou encore la liste de souhaits pour suivre la progression de la récolte des matériaux nécessaires à leur confection.

À ce sujet, les développeurs ont décidé de réduire la quantité de matériaux nécessaires pour obtenir certains équipements. Leur volonté est d'encourager les joueurs à expérimenter et découvrir différents types d'armes et de builds. Pour autant, n'espérez pas obtenir une arme surpuissante contre une simple écaille de Rathalos : il faudra toujours consacrer du temps et chasser inlassablement les mêmes monstres pour obtenir les meilleurs équipements. MH Rise semble bien parti pour trouver le bon équilibre entre satisfaire les chasseurs vétérans et se montrer accueillant pour les nouveaux venus sans pour autant renier son identité.

Monster Hunter Riders

Qu'en est-il du contenu ? Capcom n'a pas encore révélé l'étendue du bestiaire de Rise, mais a annoncé que des quêtes additionnelles apporteront de nouveaux défis et équipements après la sortie du jeu. La firme a également donné un aperçu des quêtes "Calamité", qui demanderont de défendre le village face à une horde de créatures enragées, dont des monstres dits "supérieurs" plus puissants que d'ordinaire. Un contenu présenté par les développeurs comme "hautement rejouable" et taillé pour le end game qui laisse entrevoir un joyeux bordel avec la nouvelle mécanique "Chevauchée de wyvernes". Il n'est plus seulement possible de monter sur le dos d'un monstre pour le projeter contre un mur, mais aussi de le contrôler pendant un temps limité après l'avoir affaibli grâce aux attaques avec le Filoptère. Le panel d'actions est limité (esquive, attaque forte ou faible, et un finisher), mais la perspective d'utiliser le rayon de foudre d'un Rajang pour dérouiller un Tigrex ou de faire des combats entre monstres a quelque chose de séduisant. Reste à voir si cette mécanique ne pourra pas être utilisée abusivement en multijoueur, au risque de nuire au rythme des chasses.

Terminons avec un point sur la technique. Le bond est évidemment flagrant par rapport à Monster Hunter Generations Ultimate, qui reste un portage d'un jeu 3DS. MH Rise a la particularité d'être le premier jeu Switch - et le premier jeu de la licence - à tourner sous le moteur propriétaire RE Engine, qui a fait ses preuves sur les derniers Resident Evil (depuis le 7) et Devil May Cry 5. Le résultat est pour le moins convaincant que ce soit en mode portable ou TV, la différence entre les deux étant minime. Surtout, le framerate est stable (30 FPS), du moins dans la zone testée sur la démo (Temple oublié), et c'est là le principal pour un titre qui brille avant tout par son concept et son gameplay.

Jusqu'à trois grands monstres peuvent se retrouver sur une même carte. Ne soyez donc pas étonnés si un ou plusieurs invités surprise viennent se mêler à votre chasse, occasionnant parfois des séquences de combats entre monstres scriptées dans la veine des "Guerres de Territoires" de MH World. Comparé à ce dernier, les décors de MH Rise sont logiquement moins foisonnants et paraissent plus ternes avec des textures qui font parfois un peu tâche, mais les amateurs du Japon féodal et du folklore nippon seront aux anges avec cette direction artistique japonisante et ces monstres inspirés de yōkai, qui présagent des armures de toute beauté comme celle du Magnamalo et son style samouraï.