En effet, si Arnaud de Puyfontaine indiquait que "l'intégration de Gameloft est réussie, ce qui confirme la capacité d’intégration de Vivendi", et que le vice président exécutif Alexandre Pelletier-Normand déclarait que la rétention des employés atteint un niveau historique, la réalité semble moins positive.

Pour étayer cette étude réalisée par BFM Business, on nous indique que tous les cadres dirigeants, au nombre de 14, ont activé les parachutes dorés promis par l'ex-direction en cas d'OPA hostile, partant ainsi avec deux ans de salaire brut. Cependant, la porte-parole de l'entreprise indique que seuls deux dirigeants de studios sont partis immédiatement après le changement d'actionnaire.

De surcroît, sur l'année 2017, l'étude montre que le turnover des effectifs a augmenté avec le départ de 2372 salariés, dont 2/3 de démissions, soit 40 % des effectifs. Ces derniers ont été compensés par 2066 recrutements cette même année, mais ont principalement pris la forme de CDD. À nouveau, la porte-parole s'est exprimée, en indiquant que :

Cela fait des années que ce taux de départ existe. Ces départs concernent essentiellement les emplois de testeur quality assurance (QA) et déploiement. Gameloft a fait le choix stratégique d’internaliser ces métiers et ces processus. Ce sont des postes occupés par de jeunes diplômés, qui très souvent restent une année à ces postes puis évoluent. C’est quelque chose de très courant dans l’industrie du jeu vidéo et sur ces missions considérées comme répétitives.

Côté objectifs, les résultats ne sont pas plus brillants. En 2018, le chiffre d'affaires a déjà chuté de 7,8% au premier trimestre, ce que Gameloft explique par l'absence de nouvelles sorties sur la période. L'objectif de rentabilité a quant à lui purement été abandonné, alors que l'entreprise a même été dépassée par Ubisoft dans le classement des téléchargements d'AppAnnie, pointant désormais à la 10ème place (elle était première en 2016 et 2017). Pour le traduire en chiffres, Alexandre de Rocherfort, directeur financier, avait promis un bénéfice opérationnel de 25 millions. Lorsque les comptes ont été faits, ce dernier avait stagné à 10 millions, ce que Gameloft impute à des taux de changes défavorables.

Pour l'activité, même chanson, les promesses n'ont pas été tenues. En effet, Gameloft comptait en 2017 sur une croissance de 10%, soit deux fois inférieure à la croissance globale du marché. Au final, le chiffre d'affaires est resté stable, et a de plus été augmenté par les revenus publicitaires, générés par Havas, société également détenue par Vivendi. Enfin, l'étude nous informe que l'ensemble de ces promesses et objectifs non tenus ou réalisés sont la conséquence d'un recul des résultats commerciaux, avec un recul de joueurs quotidiens actifs de 38% depuis 2015.

Gameloft compte ainsi que le lancement d'Asphalt 9 : Legends, son principal titre, pour relancer la machine.