C'est un véritable bras de fer qui oppose Ubisoft et Vivendi depuis déjà plus d'un an. La compagnie de Vincent Bolloré, bien décidée à investir dans l'industrie vidéoludique, a ainsi fait de multiples acquisitions au sein d'Ubisoft lui permettant de posséder aujourd'hui 26,8 % de son capital. Alors que Gameloft fait désormais partie du groupe Vivendi, nous apprenons que 2017 pourrait se révéler être une année déterminante pour l'autre société des frères Guillemot.
Tout est parti d'une rumeur publiée dans les colonnes de Reuters il y a quelques heures. L'agence de presse citait des proches d'Ubisoft expliquant que Vivendi souhaiterait accentuer sa présence dans les domaines du jeu vidéo et de la publicité, tout en précisant que cela passerait notamment par une prise de pouvoir chez Ubisoft et Havas.
Vivendi passe à la seconde phase, tout prendra place cette année.
Le plan logique serait d'acheter Ubisoft. - Source anonyme citée par Reuters
Toujours selon ces sources anonymes, Vivendi est bien conscient de la résistance que lui oppose la famille Guillemot et ne serait pas prêt à racheter le studio français à n'importe quel prix. Si celui-ci venait à s'envoler, Vincent Bolloré pourrait alors décider de se pencher sur d'autres cibles, notamment en Asie. Aucun nom n'a été mentionné concernant ces dernières.
Ce qui n'était qu'une rumeur a justement trouvé des réponses lors de l'assemblée générale de Vivendi qui s'est tenue hier à l'Olympia. Comme nous pouvons le voir grâce au Webcast vidéo tiré de cette dernière, après de multiples allocutions sur les résultats des différentes branches du groupe et notamment une partie consacrée à Gameloft, une séance de questions-réponses a été organisée avec les actionnaires. L'un d'eux a alors posé la question suivante : "Quelles sont vos intentions concernant Ubisoft ?".
Gameloft nous donne envie d'aller plus loin. Sur le mobile d'abord. C'est vrai que la séparation entre l'univers du mobile et de ce qu'on appelait les jeux sur consoles est moins évidente puisque l'on voit qu'on est sur plusieurs écrans.
Le fait que, pour des raisons de taille et pour ces raisons que je viens d'évoquer, on veuille accélérer sur notre présence dans les jeux est une évidence. Et ça passera peut-être par des acquisitions externes.
Sur Ubisoft pour être clair, on a déjà 26,8 % du capital et pour ne rien vous cacher, on regarde avec une attention particulière la réalisation des résultats faits par le management. On est donc très contents d'être à cette position là.
Pour finir, notre vigilance s'exerce aussi de manière autant attentive en termes de contrats signés et on n'hésitera pas à intervenir s'il y a des actes anormaux de gestion. - Stéphane Roussel, PDG de Gameloft
Les choses sont donc assez claires, Vivendi souhaite effectivement renforcer sa présence dans l'industrie vidéoludique et cela "passera peut-être par des acquisitions externes". Autrement dit, la firme n'exclut pas d'éventuels rachats et certainement pas celui d'Ubisoft dont les résultats sont observés très attentivement chez Vivendi. Reste maintenant à savoir si les frères Guillemot parviendront à faire reculer le géant qui reste bien placé avec plus de 20 % des droits de votes à l'assemblée générale.
Contacté par nos soins, Vivendi nous a expliqué ne rien vouloir ajouter sur ce qui a été prononcé par son représentant jeu vidéo, Stéphane Roussel. Côté Ubisoft, la réponse fut la même, rien n'est à ajouter, si ce n'est la phrase suivante : "Le maintien de l’indépendance d’Ubisoft est indispensable pour favoriser créativité et création de valeur". Une façon d'affirmer son besoin d'indépendance, déjà évoqué à de multiple reprises par les différents représentants du studio français. Yves Guillemot déclarait ainsi à nos confrères du journal Le Monde en 2016 :
Ce groupe ne saura pas faire grandir notre entreprise ni la faire prospérer. Nous pensons que Vivendi ne comprend pas le métier du jeu vidéo, et va s’y fourvoyer. Nous n’avons pas envie d’être passagers d’un bateau qui va échouer au fond de l’océan. - Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft