C’est l’heure du premier plongeon dans le Granblue

2024 est-elle une nouvelle année charnière pour les jeux de rôle, et plus exactement pour ceux qui nous viennent du Pays du Soleil Levant ? Lorsque l’on ouvre notre calendrier, il ne suffit pas de regarder bien loin pour comprendre que ce pourrait bel et bien être le cas. Au fil des journées de janvier, février et mars, le planning de sorties égrène des noms très connus. Il y a du Persona, du Final Fantasy, du Yakuza, du Unicorn Overlord (de Vanillaware) et, dans le lot, un petit nom qui ne résonne pas de manière familière à nos oreilles européennes : Granblue Fantasy Relink. De l’autre côté du globe, ce simple nom est synonyme d’avalanche de billets tant la licence s’est imposée comme un fleuron du marché mobile. Sauf que, petit à petit, le nom de Granblue a voulu défricher de nouveaux horizons : série d’animation (les premiers épisodes sont disponibles sur la chaîne YouTube Cygames EN), jeux de combat et, d’ici quelques jours, action-RPG en monde semi-ouvert doté de larges zones à explorer.

Néanmoins, cette dernière ambition n’était pas forcément la plus évidente à concrétiser. Cela fait actuellement huit ans que l’on entend parler de Granblue Fantasy Relink, n’en voyant que très peu la couleur. Comme on l’évoquait dans un précédent article, le développement ne s’est pas fait sans heurts, contrairement aux titres versus fighting qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin avec la sortie plus que récente de Granblue Fantasy Versus : Rising. Nous n’allons pas revenir sur la chronologie de ce développement houleux, mais plutôt nous intéresser à l’instant T. Jeudi 11 janvier, les développeurs de Granblue Fantasy Relink nous donnaient rendez-vous pour un showcase particulièrement attendu. Depuis des jours, il se murmure que la sortie d’une démo est en approche, histoire de mettre l’eau à la bouche des curieux et de canaliser l’impatience des amateurs de JRPG. Il aura donc fallu attendre les dernières minutes de cette présentation pour donner raison aux récents bruits de couloir : un avant-goût de Granblue Fantasy Relink est désormais disponible.

Mise à disposition des joueurs PlayStation (PS5 et PS4) dès minuit ce vendredi 12 janvier, celle-ci nous offre non pas une seule portion mais bien trois ! Enfin, plutôt deux. Au lancement de la démo - qui fait tout de même son poids, 26 Go et quelques ! -, vous avez le choix d’effectuer une première prise en main avec le mode Tutoriel, soit le moyen idéal de vous familiariser avec le gameplay qui, nous y reviendrons, s’avère être aussi limpide qu’accrocheur. Pour le reste, on reste sur une démonstration assez classique avec la possibilité d’explorer une petite portion du mode Histoire ou, à l’inverse, d’expérimenter le système de quête (mode Quêtes) qui fonctionne aussi bien en solo qu’en multijoueur grâce aux fonctionnalités en ligne. C’est l’heure, comme pour Gran et son équipage, de lever les voiles et de vous livrer nos premiers retours sur Granblue Fantasy Relink, prévu pour le 1er février.

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Un mode Histoire un peu trop timide pour nous convaincre : Granblue Fantasy Relink devra faire mieux !

Commençons peut-être par la portion de la démonstration qui aura moins retenu notre attention, à savoir le mode Histoire. Pour l’instant, il est encore difficile de connaître les véritables intentions du scénario tant le mystère est entretenu par les développeurs. S’agira-t-il d’une simple adaptation vidéoludique de la série animée ? Y aura-t-il un périple encore jamais vu ? Faut-il être connaisseur de l’univers pour suivre la trame et s'y retrouver dans tout ce casting ? Dans le flot de questions que l’on se posait, et que l’on se pose toujours, on a d’ores et déjà la certitude que Granblue Fantasy Relink disposera d’un mode Histoire complet à sa sortie, et ça c’est une excellente nouvelle pour celles et ceux qui veulent se jeter à corps perdu dans le mode solo.

D’autre part, ce petit segment du jeu ne permet pas non plus de jauger la qualité globale du scénario élaboré par les équipes narratives de Cygames. En l’occurrence, ici, on est parachuté, entouré d’une multitude de personnages encore inconnus, dans des sortes d’îles célestes pour sauver quelques villageois des griffes d’un rassemblement de gobelins, bien décidés à investir ces lieux jusqu’à ce qu’ils soient les leurs. Vous en conviendrez, une portion du mode Histoire qui nous fait arpenter une sorte de donjon dirigiste - semblable à un long boyau avec quelques renflements offrant plus de liberté d’exploration -, parsemé de quelques affrontements avec un objectif aussi simpliste et peu profond, ça ne permet pas vraiment de savoir si l’intrigue saura se montrer réellement surprenante.

Malgré cela, si vous êtes des amateurs du genre, vous y trouverez votre compte puisque la portion s’avère bien rythmée et monte crescendo - encore une fois, un très bon moyen de s’adapter au gameplay - avec des combats un poil plus ardus à chaque fois. Rien qu’avec ce petit segment, on parvient à identifier les multiples références que Cygames avait en tête avec Granblue Fantasy Relink : un (très) large casting de personnages à la Tales of, un univers assez vaste à explorer à la Genshin Impact, un cheminement ponctué de micro-événements (par exemple, un coffre qui ne se dévoile qu’en ayant récupéré un certain nombre d’items dans un temps imparti) comme le font de nombreux jeux en monde ouvert et ceux de type MMO. On note, cependant, que la manière de récompenser l’exploration n’est pas toujours cohérente puisque l’on se retrouve à récupérer des ressources sur des lieux incongrus, à l’image du passage où l’on empoche deux galets en fouillant le toit d’une habitation en feu alors qu'il suffirait de les ramasser sur un sentier...

D’un point de vue esthétique, la démo du mode Histoire de Granblue Fantasy Relink, testée en mode de résolution Qualité (soit en 4K et 30 FPS), nous a permis de découvrir une somptueuse direction artistique (mention spéciale aux artworks de Hideo Minaba) qui compense légèrement l’aspect graphique du jeu, loin d’être une claque même s'il est de très bonne facture. Dans ce domaine, on peut également souligner de petits détails qui nous chagrinent comme le mouvement saccadée des monstres au lointain, des modélisations faciales assez sommaires lors des échanges entre les personnages et, surtout, un fort contraste entre le soin apporté aux cinématiques et autres cutscenes et les interactions avec les PNJ qui se font par le biais d'une alternance champ/contre-champ quelque peu datée. Après cette petite aventure, il était temps pour nous d’aller plus en profondeur dans le gameplay et d’avoir un meilleur aperçu du fonctionnement des quêtes.

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Varié, fluide, grisant : côté gameplay, Granblue Fantasy Relink est un élève quasi-parfait... qui laisse entrevoir des lacunes

Pour l’occasion, ce changement de mode de la démonstration a également été l’occasion d’essayer la seconde variante de résolution qui est davantage basé sur les performances, c’est-à-dire un affichage plus faible (1080p) au profit d’un meilleur taux d’images par seconde (60 FPS). À vrai dire, c’est peut-être le mode graphique le plus approprié pour parcourir l’ensemble de Granblue Fantasy Relink puisque la fluidité que cette option implique sied à merveille au gameplay haletant et nerveux du titre de Cygames. Si l’on a parcouru le mode Histoire dans la peau de Gran, c’est un boulevard qui s’ouvre à nous avec le mode Quêtes puisque ce sont pas moins de onze personnages que l’on pouvait contrôler. À ce propos, mettons directement les choses au clair (même si nous l’évoquions déjà il y a quelques mois) : on ne fait que contrôler le leader du groupe. Lors d’un combat, il n’est pas possible d’alterner entre les personnages d’une simple pression. Cependant, en dehors des affrontements, libre à vous d’établir un groupe de quatre personnages parmi ceux qui ont rejoint vos rangs.

Pour rebondir sur les personnages, on ressent, de manière quasi-instantanée, que le travail de Cygames sur le gameplay de ses héros (notamment, le système de combo) dans les jeux de combat Granblue a été un peu plus pour le développement de Relink. Vous allez l’expérimenter par vous-même, chacun à ses propres compétences et attributs liés au système de combo. Par exemple, Gran gagne un niveau d’Arts (jusqu’à 4) lorsqu’il réussit un combo complet et, grâce à ça, décuple l’efficacité de ses compétences (plus de dégâts, plus de passifs, plus de soins). À termes, avoir un roster de dix-neuf personnages (voire bien plus, comme l’ont suggéré les développeurs en évoquant les mises à jour ultérieures) est un véritable point positif qui élargit la richesse du gameplay et nous apprend à jouer de multiples façons, histoire d’éviter de se retrouver piégé dans une routine ludique.

Ici, on déploie des attaques plus ou moins lourdes en fonction des touches, on accède à une croix de compétences à l’aide d’une sur-gâchette, on utilise un système d’affinités élémentaires pour prendre le dessus sur nos ennemis et, surtout, on entretient la synergie qui se met en place, lors des combats, avec nos compagnons d’armes pour prendre l’avantage. Dans les faits, plusieurs choses peuvent se déclencher : une attaque liée, un ralentissement lié au pourcentage de Link accumulé ou encore une succession d’Arts Célestes (des sortes de compétences ultimes) qui, si elles sont activées de manière instantanées (Chain Burst ; ou avec un peu de latence, via la Chance de Chain), aboutit à une ultime attaque dévastatrice (appelée Full Burst). Avec tout cela sous la main, en plus d’une action de garde et d’esquive, il y largement de quoi déclencher un état de choc (Break) où la vitesse d’action de l’ennemi est grandement réduite. Ceci étant dit, si les combats ne vous branchent pas plus que ça, vous avez la possibilité de les paramétrer en fonction de votre volonté d’implication avec : le mode assistance (les commandes, hormis les attaques de base, sont automatisées) ou le mode assistance totale (où vous n’avez qu’à diriger le personnage).

À l’inverse, les boss disposent d’une jauge d’Overdrive, leur permettant de se transcender pendant quelques secondes, que vous devrez réduire à néant, comme pour celle qui les déstabilise. D’ailleurs, puisque l’on parle des boss, on peut d’ores et déjà reprocher leur aspect sac à PV. Bien que l’on se montre tatillons à cet égard, il faut aussi reconnaître que cela confère une teneur palpitante à ce type d’affrontement où l’on doit souvent garder un œil sur le boss et les ennemis qui débarquent en renfort. Il est vrai que le tout sonne comme une expérience très dynamique mais il y a peut-être un tout petit manque de maîtrise car la déferlante d’effets visuels débouche sur une mise en scène un peu brouillon lors des combats. Néanmoins, les plus fidèles joueurs de Monster Hunter pourraient y voir une alternative fort sympathique, dans la lignée de Wild Hearts sorti l’an dernier.

Enfin, quelques mots plus généraux sur le contenu même du mode Quêtes. Pour l’instant, on émet quelques réserves puisque dans le cadre de la démo, ce système de missions se résume à se rendre à un comptoir et à être transposé dans une arène pour y affronter des groupes de monstres ou une créature colossale. De ce fait, on espère que ces contenus annexes au scénario principal sont mieux inclus dans l’expérience finale, qu’ils bénéficient de suffisamment de liant. Bref, un défaut qui dispose de ses qualités puisque les joueurs apprécieront peut-être ce cloisonnement si c’est l’aventure principale qui les intéresse avant tout.

Noter que ces missions sont rejouables, notées selon un système de rang (débouchant sur des récompenses plus ou moins rares, on imagine) et peuvent être réalisées en ligne : le joueur choisit son personnage principal puis il rejoint et crée son propre groupe en ligne (avec des amis ou en aléatoire). Aussi, Granblue Fantasy Relink vous met sur la voie des héros à privilégier selon les quêtes, d’où l’importance d’être versatile dans sa manière d’aborder le gameplay : parfois, les joueurs en ligne auront besoin d’un profil particulier pour éliminer tel ou tel monstre. Par extension, la préparation tient également compte de vos équipements. On ne sait pas encore si les héros disposent d’armures, mais l’on sait déjà qu’ils fonctionnent via un système de niveau et d’armes. Ces dernières, en plus d’être tributaires d’un niveau et d’une rareté, détiennent des passifs différents et peuvent être agrémentées de sceaux (jusqu’à trois), augmentant les statistiques du personnage qui la tient. Il n’y a pas à dire, même si cette découverte souffle le chaud et le froid, Granblue Fantasy Relink a du potentiel et l’on ne demande qu’à s’y investir davantage !

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