Un peu trop d’affaires à porter ou de choses à faire en même temps et on se dit, un brin rêveur, qu’on pourrait faire beaucoup de choses si l’on avait un troisième bras à disposition. Et bien bonne nouvelle si vous faites partie des personnes qui ont déjà eu cette idée en tête : grâce à des ingénieurs suisses, cette opportunité s’offrira peut-être à vous prochainement.

En effet, c’est une équipe de chercheurs de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse qui se penche sur cette possibilité. L’équipe, menée par Giulia Dominijanni, a mis au point un bras robotique qui peut être contrôlé par la respiration, mais aussi par le regard.

Un troisième bras, ça vous fait rêver ?

Nommé Extra Robotic Arm, ou XRA, ce bras a été présenté le 13 décembre dernier dans un article publié dans la revue scientifique Science Robotics. « Les bras robotiques supplémentaires font l’objet d’un intérêt croissant dans les domaines des neurosciences et de la robotique, car ils présentent comme de potentiels outils pour la vie quotidienne », explique l’article. « Cependant, cette fascinante opportunité s’accompagne de nouveaux défis pour les stratégies de contrôle sensorimotrices et les interfaces homme-machine. »

La principale question tourne autour de la manière de manipuler un tel « outil » sans pour autant entraver les capacités motrices déjà existantes du corps humain. Car généralement, lorsqu’on parle de bras robotique, c’est surtout pour remplacer un bras amputé. Ici, l’objectif est très concrètement d’ajouter un troisième bras à une personne. Alors l’équipe de Giulia Dominijanni a décidé que le XRA devrait être positionné sur la cage thoracique de son porteur, une zone centrale, située entre les deux « vrais » bras de la personne. Pour le contrôler, ce sont les mouvements de la respiration, mais aussi ceux des yeux, qui sont utilisés.

Un extrait de l'expérience

Un troisième bras, c’est super, mais pour quoi faire ?

Les scientifiques suisses ont mené des expériences sur 65 volontaires, et les conclusions démontrent qu’un bras robotique positionné à cet endroit n’interfère pas avec les capacités motrices existantes de l’être humain. « Nos résultats montrent que l’interface homme-machine proposée n’interfère pas avec l’expression orale ou l’exploration visuelle et qu’elle peut être utilisée pour contrôler un bras virtuel supplémentaire indépendamment des branches biologiques ou en coordination avec eux », explique l’étude.

Cependant, elle souligne aussi que la capacité des sujets de test à se servir efficacement du bras robotique varie énormément en fonction de l’expérience acquise et des capacités de base. En somme, avoir un troisième bras ne fait pas forcément de vous un surhomme d’emblée : cela peut prendre beaucoup de temps pour parvenir à le maîtriser, et vous pouvez même ne jamais y arriver.

Enfin, il faut souligner un point important : l’étude consiste essentiellement à constater si l’usage d’un troisième bras est possible sans nuire à la motricité d’une personne. En pratique, le bras robotique de Giulia Dominijanni n’a pas vraiment d’utilité réelle au quotidien. Tout du moins, pas pour le moment : cette première étude mènera peut-être vers des contextes plus concrets, mais une fois encore, il faudra être capable de maîtriser l’outil pour pouvoir réellement en tirer avantage.