Qui n’a pas rêvé d’allonger encore plus la durée de la journée ? C’est ce qu’à réussit à faire une ville, qui a créé son propre “soleil”.
Un hiver sans lumière
Située à la frontière entre la Suisse et l'Italie, la petite ville de Viganella se trouve nichée au creux d'une vallée entourée de majestueuses montagnes. Chaque année, de novembre à février, elle plonge dans l'obscurité totale, privée des rayons du soleil qui sont bloqués par les sommets environnants. Un phénomène qui remonte à plus de 800 ans, selon les archives historiques de la région, marquant chaque année la dernière lueur de soleil le 11 novembre, jusqu'à son retour tant attendu le 2 février.
Cette période prolongée d'obscurité a eu des conséquences sur la démographie de Viganella, qui ne compte plus que 163 habitants. Les hivers longs et sombres ont contribué au dépeuplement de la ville, laissant les habitants dans une semi-obscurité pendant une grande partie de l'année.
La lumière artificielle qui a changé la donne
Face à ce défi unique, en 1999, l'architecte Giacomo Bonzani a eu une idée audacieuse pour apporter de la lumière à Viganella. Initialement rejetée par le maire de l'époque, Franco Midali, l'idée consistait à installer un immense miroir sur l'un des sommets qui surplombent la ville. Ce miroir, mesurant huit mètres sur cinq, serait positionné de manière à refléter les rayons du soleil pendant six heures par jour, réchauffant ainsi la place principale et apportant une lueur naturelle dans les foyers de la ville.
Le 17 décembre 2006, grâce à un investissement considérable d'environ 100 000 euros, le miroir conçu par Bonzani avec l'aide de l'ingénieur Gianni Ferrari est devenu une réalité. Équipé d'un logiciel sophistiqué, le miroir suit la trajectoire du soleil dans le ciel, assurant une réflexion optimale de la lumière artificielle. Bien que moins intense que la lumière directe du soleil, cette lueur artificielle a réussi à réchauffer la place principale et à éclairer les rues pendant les trois mois d'obscurité hivernale.
L'initiative de Viganella, loin d'être uniquement pragmatique, a également une dimension poétique. L'ancien maire Midali a souligné que l'objectif du projet était de favoriser la socialisation pendant les mois d'hiver, lorsque la ville se ferme en raison du froid et de l'obscurité. Cette réalisation unique a également attiré l'attention d'autres communautés confrontées à des défis similaires.
Le succès de Viganella a inspiré des projets similaires dans le monde, notamment à Rjukan, en Norvège, où un miroir similaire a été installé en 2013. Des villages comme Seydisfjördur en Islande, qui connaissent des conditions lumineuses difficiles, pourraient également envisager une solution similaire pour éclairer leurs jours sombres.
Le miroir de Viganella est bien plus qu'une solution technique ingénieuse. Il incarne l'esprit créatif et la détermination d'une communauté face à un défi naturel unique, offrant une source de lumière et de chaleur pendant les mois les plus sombres. Une leçon inspirante sur la capacité de l'homme à surmonter les obstacles, même ceux imposés par la nature elle-même.