Un sprint vers le Soleil

Atteindre une vitesse de 635 266 km/h relève d'un exploit. Pourtant, le 27 septembre 2023, la sonde Parker Solar Probe a fait exactement cela lors de son dernier rapprochement avec le Soleil. À une telle vitesse, la sonde pourrait faire le tour de la Terre en moins de 6 minutes.

Ce record ne sort pas de nulle part. Un précédent avait déjà été établi par la sonde elle-même en novembre 2021, où elle avait atteint 586 863 km/h. L'augmentation significative de la vitesse a été rendue possible grâce à une assistance gravitationnelle fournie par la planète Vénus le 21 août dernier. Ce survol a permis de canaliser une partie de l'énergie orbitale de Vénus pour propulser la sonde encore plus près du Soleil. Cela a également permis à la sonde de pulvériser son propre record de proximité au soleil, en s'approchant à seulement 7,26 millions de km de sa surface brûlante. Cela paraît loin, pourtant c’est extrêmement proche pour un objet terrestre.

Il est important de souligner que ce n'était pas un simple exercice de vitesse. Chaque survol rapproché, appelé périhélie, représente une nouvelle occasion pour la sonde de collecter des données inestimables sur notre étoile la plus proche.

Mission : comprendre le Soleil

La vitesse n'est qu'un moyen pour atteindre un objectif beaucoup plus grand : explorer et comprendre la couronne solaire. La Parker Solar Probe est en mission depuis août 2018, avec pour objectif de décrypter cette partie extérieure de l'atmosphère solaire qui reste largement mystérieuse. Les chercheurs sont particulièrement intéressés par le comportement de la chaleur à travers cette couche, ainsi que par les changements dans les champs magnétiques et le plasma solaire. Ces connaissances pourraient offrir des réponses sur la nature des phénomènes comme les vents solaires et les éruptions solaires.

Au-delà de l'aspect purement scientifique, la mission a des implications très concrètes. En comprendre davantage sur la couronne solaire et les vents solaires nous permettra de mieux anticiper les conditions météorologiques de l'espace. Cela est crucial pour protéger les infrastructures spatiales et terrestres qui sont sensibles aux phénomènes solaires.

En 1989, par exemple, une tempête solaire avait provoqué une panne électrique majeure au Québec, plongeant des millions de personnes dans le noir et paralysant l'ensemble du réseau électrique de la région. À une échelle plus globale, une tempête solaire de grande envergure pourrait perturber les communications satellites, mettre hors service les systèmes de navigation GPS, et même endommager les infrastructures critiques comme les centrales électriques.

Le futur s'annonce également passionnant pour la Parker Solar Probe. Un autre survol est prévu pour la fin de 2024, où la sonde devrait se rapprocher à seulement 6,16 millions de km de la surface du Soleil. On peut s'attendre à de nouveaux records, tant en termes de vitesse que de proximité.

Chaque nouveau record que la sonde établit n'est pas qu'une démonstration de force technologique; c'est aussi une avancée dans notre compréhension de l’Univers. Cette sonde est sans doute l'un des projets les plus ambitieux et réussis de notre époque en matière d'exploration spatiale. À chaque nouvelle orbite, elle repousse les limites de ce que nous pensions possible et ouvre de nouvelles portes pour la science de demain. Ce n'est pas simplement un record de vitesse, c'est un bond en avant pour l'humanité.