En Charente, des paléontologues ont récemment fait une incroyable découverte : un tronc d’arbre fossilisé âgé de 140 millions d’années. Mais si cette trouvaille méritait clairement de s’afficher dans un musée, ce ne sera, pourtant, jamais le cas. On vous explique pourquoi.
Le site des carrières Audoin à Angeac-Charente se trouve, sans grande surprise, en Charente. C’est un lieu privilégié pour les fouilles paléontologiques, et après 14 campagnes de fouilles, il peut s’avérer surprenant de constater que les équipes sur place continuent d’y faire des découverts surprenantes.
C’est ainsi que, le jeudi 27 juillet, les paléontologues y ont découvert un tronc de conifère fossilisé, datant de 140 millions d’années.
Un arbre fossilisé de 15 mètres de long
Chaque année, chercheurs et étudiants en paléontologie investissent le site d’Angeac-Charente, dans l’espoir d’y découvrir de nouveaux vestiges venus d’un passé lointain. Si le site a déjà permis de mettre à jour une immense collection de fossiles de dinosaures, il arrive parfois que d’autres découvertes fortuites y soient faites.
Cette année, c’est donc un tronc d’arbre fossilisé de 15 mètres de long, toujours attaché à ses racines, qui a été déterré par l’équipe sur place. Si, de l’aveu de Jean-François Tournepiche, ancien conservateur du Musée d’Angoulême, cette pièce « ne va pas révolutionner la paléontologie », elle reste tout de même spectaculaire à observer.
C'est sans doute la découverte la plus spectaculaire cette année à Angeac. Un tronc d'arbre fossilisé de 15m de long, avec ses racines (à droite de l'image). Pas (peu) de plante à fleur il y a 140 millions d'années: c'est un conifère ressemblant aux araucarias actuels. pic.twitter.com/JAxWfKAQIJ
— Vincent Reneleau 🦕 (@VincentReneleau) July 29, 2023
« C’est un conifère ressemblant aux Araucarias actuels », explique le paléontologue Vincent Reneleau sur Twitter. Ce type de conifère est, aujourd’hui, essentiellement présent en Amérique du Sud, en Australie ou encore en Nouvelle-Calédonie. Le fait d’en découvrir un spécimen âgé de 140 millions d’années en Charente démontre que notre monde a bien changé depuis. Par ailleurs, le fait que les racines soient toujours en place prouve que l’arbre n’a pas été déplacé : il est tombé, et il est resté sur place, jusqu’à être découvert.
Une découverte qui ne va pas pouvoir être déplacée
Malheureusement, aussi incroyable soit-elle, cette découverte ne va pas pouvoir être présentée dans un musée pour lui rendre hommage : elle est condamnée à rester là où elle est. « Le tronc ne peut malheureusement pas être extrait et va rapidement se dégrader à l’air libre », détaille le paléontologue Vincent Reneleau. En réponse à un internaute qui lui demande pourquoi il va se dégrader alors qu’il est fossilisé, l’expert répond : « Il va se dessécher et éclater. Fossile ne veut pas dire “En pierre”. Le charbon c’est du bois fossile… mais pas de la pierre. »
C’est finalement la mise à jour de cet arbre de 140 millions d’années qui va définitivement sceller son destin. Néanmoins, pour en garder une trace à exposer, un moulage intégral a été réalisé : celui-ci pourra être exposé dans un musée, à condition de trouver une salle adaptée, faisant soit 15 mètres de long, soit 15 mètres de large. Cela met hors-jeu le musée d’Angoulême, où Vincent Reneleau aurait pourtant aimé le présenter.
Famille des Cheirolepidiaceae. Le tronc ne peut malheureusement pas être extrait et va rapidement se dégrader à l'air libre. Il a donc été moulé intégralement pour en garder une trace. pic.twitter.com/gYv8fkFpCw
— Vincent Reneleau 🦕 (@VincentReneleau) July 29, 2023
Cette découverte met en avant le fait que de nombreux vestiges restent sans doute à être déterrés à Angeac-Charente. Pour d’autres révélations, il faudra probablement attendre la prochaine campagne de fouilles, qui devrait avoir lieu l’année prochaine.