Une récente étude menée par l’université de Séoul met en avant le faire que l’axe de rotation de la Terre a dévié de 80 centimètres en seulement 17 ans. La raison de ce phénomène est, sans surprise, liée à une activité humaine : celle qui consiste à exploiter les nappes phréatiques.
Entre 1993 et 2010, les humains ont extrait près de 2150 gigatonnes d’eau dans les nappes phréatiques du monde entier. Cette démarche s’avère nécessaire pour irriguer les plantations, faire boire le bétail, ou encore alimenter des industries toujours de plus en plus gourmandes. Une fois exploitée, l’eau prend ensuite le chemin des océans.
Oui, le cycle de l’eau opère, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas un déséquilibre dans cette démarche.Dans une étude publiée le 15 juin dernier, des chercheurs de l’université de Séoul, en Corée du Sud, révèlent que l’exploitation des nappes phréatiques est à l’origine d’un décalage de 80 centimètres de l’axe de rotation de notre planète. Une situation qui a mis moins de 20 ans à apparaître.
Un phénomène déjà connu, mais avec une autre explication
En 2018, la NASA s’était intéressée à ce phénomène. « La Terre n’est pas une sphère parfaite. Lorsqu’elle tourne sur son axe, la ligne imaginaire qui le traverse du pôle nord au pôle sud vacille », explique un article publié en septembre de la même année. À l’époque, l’explication donnée pour expliquer cette tendance était, selon la NASA, celle du « rebond glaciaire », soit la fonte des calottes glaciaires.
Ce phénomène est directement lié aux changements climatiques et donc l’homme en est, au moins en partie, responsable. Mais pour les chercheurs de Séoul, l’activité humaine est encore plus impliquée dans le mouvement de l’axe de la rotation de la Terre, puisque ce serait bel et bien sa manipulation de l’eau présente dans les nappes phréatiques qui accélèrerait la situation. « Comme si l’on ajoutait un tout petit peu de poids à une toupie, la Terre tourne un peu différemment lorsque l’eau est déplacée », détaillent les auteurs de l’étude.
Illustration du changement de l'axe de rotation de la Terre.
Ce n’est qu’en 2016 que la capacité de l’eau à modifier la rotation de la Terre a été découverte. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, le lien avec la manipulation des eaux souterraines était inconnu. Et pomper de l’eau dans le sol a d’autres conséquences néfastes : « Le nord-ouest de l’Inde et l’ouest de l’Amérique du Nord montrent des diminutions significatives du stockage des eaux souterraines », explique l’étude. L’eau est toujours présente à la surface de la planète, mais elle est ailleurs.
Une accélération de la montée des eaux
Non seulement puiser toujours plus dans les nappes phréatiques perturbe l’axe de rotation de la Terre, mais cela accélère aussi la montée des eaux. En 17 ans, le niveau de la mer s’est élevé de 6,24 millimètres, contre 11 millimètres pour les glaciers de montagne, 7 millimètres pour la calotte glaciaire du Groenland, et entre 2 et 8 millions pour celle de l’Antarctique.
Il y a bien une réponse à cela, mais il est difficile d’imaginer qu’elle soit mise en place dans le monde dans lequel nous vivons : « les efforts déployés pour ralentir les taux d’épuisement des eaux souterraines (…) pourraient théoriquement modifier l’évolution de la dérive, mais seulement si ces mesures sont maintenues pendant des décennies », explique l’étude.
En définitive, la modification de l’axe de rotation de la Terre n’apparaît pas comme le plus grand problème lié à cette pratique. « Les changements dus au pompage des eaux souterraines ne risquent pas de modifier les saisons », explique notamment Surendra Adhikari, chercheur au Jet Propulsion Laboratory. « Mais à des échelles de temps géologiques, la dérive polaire peut avoir un impact sur le climat », ajoute-t-il.
Ki-Weon Seo, géophysicien sud-coréen qui a dirigé l’étude, s’estime « très heureux d’avoir identifié la cause inexpliquée de la dérive du pôle de rotation ». « D’un autre côté, en tant qu’habitant de la Terre et père de famille, je suis inquiet et surpris de voir que le pompage des eaux souterraines est une autre source d’élévation du niveau de la mer », explique-t-il. De manière générale, cette étude confirme une nouvelle fois que l’activité humaine a un impact réellement immense sur le monde dans lequel nous vivons, et que nous avons encore trop tendance à regarder ailleurs.