Les affaires se compliquent pour Microsoft et son rachat d'Activision Blizzard : l'Union Européenne devrait approfondir l'enquête "en raison de sa taille, de la nature de l'acheteur et des préoccupations croissantes de ses rivaux".
Sommaire
- Call of Duty et WoW au cœur du problème
- L'Union Européenne s'en mêle ?
Call of Duty et WoW au cœur du problème
C'est un deal historique qui a eu lieu en début d'année. Le mardi 18 janvier, dans l'après-midi, Microsoft a annoncé le rachat d'Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars. Un accord jamais vu dans l'industrie du jeu vidéo qui devrait permettre à Xbox de mettre la main sur de nombreuses licences historiques : Warcraft, Diablo ou encore Call of Duty. Toutefois, l'accord n'est pas encore conclu. Il faut pour cela que les diverses instances chargées d'examiner les rachats estiment que cette acquisition XXL n'enfreinent pas les règles liées au droit à la concurrence. Quelque chose qui n'est pas gagné sur le papier avec l'examen de la Federal Trade Commission aux États-Unis.
En Europe, c'est l'Autorité de la Concurrence des Marchés (Competition Markets Authority) du Royaume-Uni qui a annoncé la semaine dernière que l'examen d'un tel accord allait peut-être être rallongé. En cause, des inquiétudes liées à la licence Call of Duty et à World of Warcraft :
À la suite de notre enquête de phase 1, nous sommes préoccupés par le fait que Microsoft pourrait utiliser son contrôle sur des jeux populaires comme Call of Duty et World of Warcraft après la fusion pour nuire à ses rivaux, y compris ses rivaux récents et futurs dans les services d'abonnement multi-jeux et les jeux du cloud.
À la suite de cette déclaration, le CMA avait alors donné cinq jours de réflexion à Microsoft et Activision Blizzard pour donner des pistes permettant de corriger ces inquiétudes.
L'Union Européenne s'en mêle ?
Une alerte et une demande qui sont restées lettre morte. Selon le Financial Times qui évoque des sources proches du dossier, "c'est un gros et difficile accord qui nécessite une enquête prolongée". Le média indique aussi à ce sujet que l'Union Européenne devrait bientôt s'emparer du sujet :
Les régulateurs et les autres parties concernées par l'opération s'attendent à une enquête européenne prolongée lorsque Microsoft déposera officiellement son dossier à Bruxelles dans les semaines à venir. Des personnes au fait de la réflexion de l'UE ont déclaré que les régulateurs prendraient leur temps pour examiner l'accord en raison de sa taille, de la nature de l'acheteur et des préoccupations croissantes de ses rivaux, notamment celles Sony.
Celle-ci arrive au moment où Phil Spencer et Jim Ryan, respectivement président de Xbox et président de Sony Interactive Entertainment s'écharpent concernant les négociations, surtout autour de la franchise Call of Duty dont Sony redoute le passage en exclusivité Microsoft : pourtant, le premier se veut rassurant en indiquant qu'elle continuerait d'arriver "plusieurs années après les accords déjà en place" sur les consoles PlayStation. Quelque chose d'insuffisant pour le deuxième qui estime que " leur proposition était inadéquate à plusieurs niveaux et ne tenait pas compte de l'impact sur nos joueurs".
Un clash qui en dit long sur l'affaire qui pourrait prendre plus de temps que prévu : en effet, les deux parties prenantes comptaient clore l'accord en juin 2023 malgré une première validation. Un délai qui peut être compliqué à tenir au vu des investigations à mener. D'autant qu'au Royaume-Uni, Sony doit faire face paradoxalement à une plainte inverse : elle a été accusé d'abus de position dominante à travers le PlayStation Store
Dans un article de gamesindustry.biz, Sony a réagi à l'annonce en indique que "donner le contrôle des jeux Activisions comme Call of Duty aurait des conséquences négatives majeures pour les joueurs et le futur de l'industrie. Nous voulons garantir la meilleure expérience de jeux aux joueurs PlayStation, et nous apprécions la volonté du CMA de les protéger".