Hello !
Je ne connais pas encore très bien les plateformes sur lesquelles je pourrais poster le texte en parallèle, histoire qu'il soit plus lisible, sans les commentaires, etc ... Mais en attendant je peux te proposer un lien temporaire pour récupérer le fichier word par mp si tu veux

Elle sortit un vieux sac de couchage qu’elle positionna au pied du lit du jeune homme et il ne fallut pas plus de quelques minutes pour que de discrets ronflements emplissent la pièce. Kilian quant à lui mit un peu plus de temps à s’endormir, mais comme toujours le sommeil l’enveloppa bien vite de son doux voile, l’imaginaire cédant la place à la réalité.

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Debout au centre d’une petite pièce vide aux murs d’un blanc cotonneux, Ronan attendait. Il avait conscience qu’il rêvait, que le cube immaculé au sein duquel il se tenait n’était pas réel. Il savait aussi que Kilian allait venir d’une minute à l’autre. Il en avait la certitude. C’est pourquoi il ne fut nullement étonné quand la voix du jeune homme résonna dans son dos :
— Ronan, c’est toi ?
— Non, c’est le pape.
Il se retourna d’un mouvement brusque et s’avança vers Kilian. Ses joues s’empourprèrent sous le coup de la colère. Il serrât le poing, laissant apparaitre ses phalanges à travers sa peau. Il leva sa main sur laquelle les quatre trous avaient laissé place à de petites cicatrices de sang séché, et la colla devant le visage du jeune homme, criant presque :
— Tu m’expliques ?!
Kilian leva les deux mains devant lui en signe d’apaisement.
— Je suis désolé, il fallait que je vérifie un truc. Ça va te paraitre dingue mais je crois qu’on est en quelque sorte liés et …
— Non tu crois ? Je m’en serait jamais rendu compte tout seul, merci beaucoup ! rétorqua ironiquement Ronan.
— Ecoute, je m’excuse. Sincèrement. Mais bon, avoue que toi non plus tu m’as pas loupé quand t’es tombé de ton lit, lâcha-t-il dans un sourire gêné.
Ronan sentit la tension retomber. Le jeune homme n’avait pas tout à fait tort. Sans compter qu’il lui avait menti sur l’origine de sa blessure.
— Ça va t’inquiètes. Mais tu aurais pu me prévenir un peu avant c’est tout, répondit Ronan d’un ton plus calme. Bon, changeons de sujet. Viens, j’ai quelque chose à te montrer.

Ronan s’avança vers l’un des quatre murs uniformément blancs. Il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que Killian affichait assurément une mine intriguée. Cette pensée le fit sourire. Il leva les bras dans un geste théâtral et plia les doigts de la main droite, comme s’il tenait une baguette invisible, à la manière d’un chef d’orchestre. Il garda la position, créant un moment de flottement irréel durant lequel le temps semblait suspendu. Puis il abaissa sa « baguette », geste qui entraina instantanément l’apparition d’une mélodie se répercutant comme un écho contre les murs, bientôt reprise par des dizaines d’instruments à cordes suivis des bois, cuivres et percussions. Symphonie n°5 de Beethoven. Une réminiscence de ses cours de musique au collège. La puissante musique emplissait la pièce dans un magistral enchaînement de blanches et de croches. Tout en faisant tournoyer ses mains, Ronan se concentra, fixant le mur du regard. À sa surface, une tâche d’un bleu profond naquit, bientôt rejointe par une autre d’un rouge flamboyant. Elles se mouvaient au rythme des notes, s’étalant et se rétrécissant dans une danse sensuelle. Parfois elles s’éloignaient, mais ce n’était que pour mieux se rejoindre, se mélangeant pour donner un magenta éclatant qui épousait gracieusement la mélodie qui résonnait dans la pièce.

Tout fier, Ronan se retourna vers Kilian. Ce dernier qui affichait jusqu’à maintenant un sourire béat, plaça ses mains en porte-voix pour couvrir le bruit de l’orchestre et hurla :
— C’est incroyable ! Comment tu fais ça ?!
Ronan afficha un large sourire. D’un simple geste de la main il fit mine aux musiciens imaginaires de s’arrêter. La symphonie s’estompa peu à peu tandis que les tâches se figèrent sur le mur en une fresque colorée. Une fois le calme revenu il répondit d’une voix posée, semblable à celle d’un professeur :
— Pendant que je t’attendais je me suis rendu compte que ce monde, cet espèce de « rêve commun » est totalement modelable. Il suffit qu’on pense à quelque chose pour que ça apparaisse, que ce soit sons, images ou objets. Enfin, je dis « on » mais je sais pas si toi aussi tu peux le faire. Mais tu peux toujours tester !

Kilian hocha la tête, d’un air entendu. Il plissa les paupières, fixant un point imaginaire devant lui. Le jeune homme se concentra. Muscles tendus. Corps parfaitement immobile.
Soudain, un ballon émergea de nulle part. Matérialisé à partir du vide. D’un jaune criard, il s’élevait inexorablement vers le plafond, semblant gonflé à l’hélium. Kilian le fixa d’un air émerveillé, des étoiles pleins les yeux
— Mais c’est génial !
À peine ces quatre mots prononcés, une détonation se fit entendre, accompagnée d’une pluie de lambeaux de latex. La déception se lut sur son visage.
— Qu’est-ce que …
— T’inquiète pas ! le rassura Ronan. C’est assez facile de faire apparaitre des choses mais les tenir sur la longueur c’est une autre histoire. Faut de l’entrainement. Va pas croire que mon petit numéro de tout à l’heure était pas préparé ! Si tu m’avais vu avant que t’arrives … rien que pour avoir une mélodie potable il m’a fallu une bonne demi-heure, alors pour synchroniser ça avec la coloration du mur, je te dis pas !
— Mais je comprends pas, comment tu t’es rendu compte que t’était capable de faire ça ? fit Kilian d’une mine étonnée.
Le visage de Ronan s’assombrit. Pendant quelques secondes il hésita à parler mais face à l’insistance du jeune homme, il s’exécuta :
— Hier soir, le sable. C’était moi, avoua-t-il
— Tu veux dire que c’est toi qui a changé la fille en sable ?
— Oui mais de façon inconsciente. Quand tu as commencé à poser des questions sur elle, tout ce dont j’avais envie c’était qu’elle disparaisse sur le champ. Et c’est exactement ce qui s’est passé.
— Je vois je vois. Mais puisque tu en parles, c’était qui en fait cette fille ?
Ronan rougit jusqu’aux oreilles. Il sentit la chaleur envahir son corps tout entier. Se tortillant sur place comme un enfant après voir fait une bêtise, il lâchât d’une petite voix :
— C’était Clara Kaine
— Qui ?
— Clara Kaine, la top model.
Un léger sourire narquois se dessina sur le visage de Kilian :
— Attends deux secondes. Ne me dis pas … ne me dis pas que t’était en train de faire un rêve érotique quand je suis arrivé ?!
Le jeune homme éclata de rire alors qu’un incendie semblait s’être déclaré sur le visage de Ronan. Touché. Ce dernier, un peu honteux, lui rétorqua :
— Ah parce que toi t’en as jamais fait peut-être ?
La remarque sembla désarçonner Kilian qui cessa progressivement de rire. Il s’apprêtait à répondre mais se retint. Le jeune homme prit ce silence comme une confirmation.
— C’est bien ce que je pensais, reprit Ronan d’un ton plus assuré.
Un léger silence s’installa. Les deux garçons se tenaient face à face, près du seul mur ayant perdu sa blancheur parfaite. Le tableau coloré qui l’habillait faisait penser à une peinture abstraite, qui aurait tout aussi bien pu représenter un puissant cataclysme que la symphonie numéro 5 de Beethoven. Le regard de Kilian sembla se perdre dans ce mariage de couleurs. Rouge aquatique et bleu flamboyant.

Ce fut finalement Ronan qui brisa le silence :
— Tu connais le café Sunrise, près du Vieux Port ?
— Oui bien sûr, pourquoi ? s’étonna Kilian.
— Et bien je me disais qu’on aurait pu s’y retrouver demain midi. J’ai pas grand-chose à faire et pour être honnête j’aimerais bien te rencontrer en chair et en os, histoire de m’assurer que je suis pas fou.
— Pourquoi pas ! J’ai quelques cours demain matin, mais j’ai une bonne partie de l’aprèm de libre donc si ça te va je pourrais passer vers …
Sa phrase fut brusquement interrompue par un grondement lointain, comme si un géant hurlait depuis les entrailles de la terre. Le sol trembla, légèrement au début puis de façon plus intense à mesure que le bruit sourd se rapprochait.
— Encore ce son soupirât-il. Si j’ai bien compris c’est en quelque sorte annonciateur de notre réveil ?
— Il semblerait. Midi trente demain, ça te va ?
— C’est exactement l’horaire que j’allais te proposer.
Ronan eut juste le temps d’esquisser un sourire avant que le sol de la pièce ne se désagrège, entrainant leur chute. Le jeune homme ferma les yeux, plus rassuré qu’anxieux. Il sentit un air frais caresser son visage à mesure qu’il tombait. La sensation n’était pas désagréable et le fait de savoir qu’il ne craignait rien, que ce qui l’attendait en bas n’était qu’un doux réveil, rendait l’expérience plutôt plaisante. Et alors qu’il sentait son esprit quitter lentement l’endroit, son corps s’évanouit dans le néant.

bon alors j'ai pas spécialement trouver ça lourd, c'est effectivement moins fluide que les autres chapitre (en même temps ça va être dure de faire mieux que le chapitre III a ce niveau la) mais c'est pas lourd du tout franchement j'ai tout lu d'une traite sauf le rêve (mais j’attends trop le moment ou je me dis : la il va me faire un truc de fou) sans soucis.

il se passe un truc a la lecture on sens que les choses vont évoluer, j'aime bien cette monté en puissance (la prise de conscience des pouvoirs dans le rêve) clairement c'est du très très bon !

Ah ben merci pour le retour !
Ben justement cette prise de conscience des pouvoirs dans les rêves je trouvait que je l'avais un peu mal amené
Mais bon on verra les avis des autres.
Quelques infos pour le prochain chapitre : Il sera centré uniquement sur Ronan ( Dsl pour ceux qui aurait préféré Kilian mais vous inquietez pas, y aura pas de gros pavés de descriptions )
Mais c'est un chapitre qui est vraiment necessaire pour amorcer la prochaine partie de l'histoire

Chapitre lu. Je n'ai pas trouvé le chapitre si lourd que ça. C'est de la transition avec aussi un peu de mythologie et déjà tes théories sur le fameux lien entre les deux garçons

Me voilà en coach d'écriture maintenant, au travail (claquement de fouet) les écrivains

Plus sérieusement tu n'a pas de soucis à te faire, c'est vraiment bon

C'est drôle comment tout le monde retiens une partie différente du texte, a propos tu dis que tu a mal amené le moment avec les pouvoirs, je trouve pas, c'est sur que ça tombe un peu comme ça mais et alors ?

Je ne vois aucune incohérences , ça passe tout seul

Ben merci beaucoup HelpingFR et soutien-george pour vos retours, peut être que je me prends trop la tête pour rien
Et oui c'est justement le fait que "ça tombe un peu comme ça" qui me dérangeais mais bon apparement ça passe.
D'ailleurs soutien-george j'espère que tu nous fera un jour partager un de tes textes

C'est expliqué et ca paraît cohérent donc à partir de la !

Moi des textes, oui mais non, déjà j'ai plus d'ordinateur fixe et rien que écrire un avis avec un téléphone c'est assez désagréable alors un texte entier

Ensuite je traîné ici un peu avant l'arrivée de toi et Dreams, bah depuis je me trouve absolument pas de niveau

Effectivement sans ordi portable ou fixe c'est compliqué !
Et personnelement je pense pas avoir un si bon niveau que ça, surtout quand je vois ce que les autres personnes du forum arrivent à ecrire
Mais franchement si un jour t'as l'occasion ce serais cool que tu nous fasse partager un de tes écrits

je crois que soutien-george ce défile oui !

Bon, je n'ai pas hésité, je me suis enchaîné les cinq chapitres d'un coup (dans l'ordre numéraire concernant les deux premiers) et je dois avouer que c'est peut-être l'écriture/style qui m'a fait le plus d'effet depuis que je suis arrivé ici, il y a peu certes, mais quand même. J'y ai trouvé ce que j'aime avoir sous les yeux: de la fluidité, des passages descriptifs qui emportent le lecteur et font vivre le récit, un vrai sens de l'imagerie, une introduction bien pensée qui ouvre sur certaines perspectives et sur certaines portes scénaristiques. Et encore, je pourrais continuer comme ça pour bien d'autres choses.

Je ne suis pas d'accord avec pa-m concernant le côté "brut" de l'écriture car justement, je trouve qu'elle se suffit à elle-même en étant déjà parfaitement dosée selon moi. Il n'y a pas besoin de plus, ce qui pourrait un sens de l'artifice, pour qu'elle puisse convaincre totalement.

Peu avant neuf heures, Ronan reçut un message de Kilian lui indiquant qu’il devait bientôt aller en cours et qu’il allait devoir le laisser. Sans réfléchir, il envoya :
« Tu crois qu’on va se revoir cette nuit ? »
La réponse fut immédiate.
« J’en sais rien. Mais j’espère que oui. »

J'ai beaucoup aimé ce passage du Chapitre IV car j'ai eu l'impression, pendant un court instant être très attaché à ces deux personnages que sont Kilian et Ronan. J'adore avoir ce sentiment aussi soudain qu'un flash car en général, il finit par rester.

DomDomZ, je vais faire très simple et très court pour donner mon avis: c'est excellent !

Non je me défile pas j'ai vraiment rien comme matos

Je crois que écrire un long texte avec un téléphone c'est un véritable exploit.

soutien-george Effectivement, écrire uniquement avec le tel c'est juste impossible, je te comprends

BluePeaks Je t'avouerais que je suis un peu sans voix. Je sais pas quoi dire à part merci, ça fait vraiment plaisir ! Je suis tellement content qu'autant d'élements aient pu te plaire dans ce que j'ai écrit. J'écrit bien sur pour moi mais aussi pour ceux qui me liront et savoir que tu as pris du plaisir à me lire c'est juste génial.
Et je vais rebondir sur ton commentaire pour parler plus largement, je voudrais remercier tout ceux qui me lisent, parce que sincerement je ne pensais pas que ce texte aurait droit à un aussi bon accueil, alors un grand merci à tous

Voilà le chapitre VI qui va me permettre d'amorcer une nouvelle phase de l'histoire.
Par contre le rythme de publications risque d'être drastiquement réduit, entre les cours, les rapports à rendre et les oraux à préparer je risque de pas avoir beaucoup de temps libre

Chapitre VI

« De ce côté-ci, » dit le Chat, décrivant un cercle avec sa patte droite, « demeure un chapelier ; de ce côté-là, » faisant de même avec sa patte gauche, « demeure un lièvre. Allez voir celui que vous voudrez, tous deux sont fous. »

Un ronflement guttural dissipa bien vite la brume matinale qui embrouillait l’esprit de Ronan. Il ouvrit les paupières, fixant les fissures qui lézardaient le plafond. Ce ronflement familier, il l’aurait reconnu entre tous. Combien de fois l’avait-il entendu au cours de sa maigre existence ?
Combien de fois l’avait-il trouvé rassurant ?
Combien de fois en avait-il eu peur ?
Le jeune homme se leva et gagna la salle de bain à pas de loup. Il tourna légèrement le robinet, laissant un mince filet d’eau s’échapper et en profita pour se rafraichir le visage. De retour dans sa chambre, il enfila rapidement quelques habits, en gardant pour objectif de faire le moins de bruit possible. Dernière étape : traverser le salon pour atteindre l’entrée.

Alors que les sons qui s’échappaient de la bouche du Diable se faisaient plus intense à mesure qu’il ouvrait la porte, il pénétra dans la grande pièce. Ses yeux se posèrent instinctivement sur le vieux fauteuil qui trônait au centre, mais personne ne semblait s’y être endormi. Intrigué, il balaya l’endroit du regard. Rien. Pourtant les ronflements étaient bel et bien présents. Il avança sur la pointe des pieds, tentant d’identifier à l’oreille la source des sons rauques qui semblaient sortis d’une gorge torturée. Soudain, sa semelle rencontra une surface poisseuse. Il retira son pied dans un bruit de succion.
Le jeune homme toucha le bout de sa chaussure et porta la main à son visage. De la bière. Il suivit des yeux les gouttelettes qui constellaient le plancher. Celles-ci le menèrent jusqu’au canapé. Ronan ne l’avait pas remarqué au premier abord, mais ce dernier semblait avoir été déplacé d’une trentaine de centimètres par rapport à sa position initiale. Il le contourna et découvrit à même le sol un corps imposant. Celui de son père. Endormi.
Il baignait dans une petite mare d’alcool et serrait contre son ventre rebondi une bouteille vide. Son pantalon kaki présentait une large tâche sombre au niveau de l’entrejambe. Sa poitrine se soulevait et retombait, au rythme de sa lourde respiration. Ronan le contempla. C’était le genre d’instant qui déchirait son être tout entier. Le genre d’instant durant lesquels il ne voyait plus le Diable, mais une personne mal en point envers laquelle il était difficile d’éprouver autre chose que de la pitié. Son père, et rien d’autre. Conserver de la rancœur, de l’animosité ou de la haine envers celui sans qui l’on n’existerait pas est un acte compliqué. Les liens du sang demeurent puissants, et lorsque les yeux de Ronan se posèrent sur ce visage bourru, creusé, comme façonné par les épreuves et le temps, il ne pouvait s’empêcher d’y voir la personne qui l’avait élevé.
La personne qui l’avait aimé.
La personne qu’il avait aimé.

Sentant un sanglot remonter dans sa gorge, il détourna le regard. Laissant derrière lui le corps assoupi, il se dirigea vers la porte d’entrée. Entrouverte. Son père n’avait même pas pris la peine de refermer. Il sortit et s’engouffra vivement dans l’escalier. Une fois dehors, il s’adossa un instant au mur de l’immeuble pour regarder sa montre. Dix heures trente. On était mercredi, c’était donc la plage horaire idéale pour pouvoir croiser Ghalib qui, s’il était de sortie, avait neuf chances sur dix de se trouver au Mont. C’est donc tout naturellement vers la décharge que Ronan se dirigea. Sur le chemin, une gouttelette s’écrasa sur son front, annonciatrice d’une pluie fine qui ne tarda pas à se répandre sur la ville. Le fond sonore, à base de clapotis réguliers avait quelque chose de doux, d’apaisant.

À peine arrivé, Ronan sentit que quelque chose clochait. Une agitation peu habituelle animait le Mont. Les paroles semblaient fuser au sein des différents groupes de personnes et le brouhaha ambiant contrastait avec le temps gris et morne. La décharge semblait, à ses yeux, s’être transformée en un salon de thé et cette pensée amusa beaucoup Ronan. Cette impression se confirma lorsqu’il vit débarquer Ghalib, qui le rejoignit à grande enjambées :
— Hé mon gars, t’était où ?!
— Comment ça ?
— Hier ! T’était passé où ? reprit Ghalib. Je t’ai pas vu de la journée.
— Je suis resté chez moi, la flemme de sortir. Pourquoi, j’ai loupé quelque chose ? s’intrigua Ronan.
— Et comment ! Tu te rappelles de Georges ? Georges Dumail, le mec qui est en seconde ?
— Le petit gros ? Ouai vaguement.
— Hé ben ce gars-là a escaladé le Mont hier aprèm ! Tout le monde ne parle plus que de ça, c’était épique !
— Tu déconnes ? Georges Dumail ? Mais ce type pèse au moins cent kilos ! s’exclama Ronan.
— Ouaip ben en attendant c’est le seul à avoir eu les couilles de le faire. Il est pas arrivé jusqu’en haut mais il a attaché un ruban là où il s’est arrêté, juste avant de redescendre. Viens voir.

Tu devrais supprimer ton chapitre et le reposter, car là, il est divisé en deux pages, je trouve que ça fait pas très beau
Mon post pourra servir de tampon pour que ton chapitre soit direct sur la page suivante
(Je lis demain )

(Effectivement, c'est mieux, merci HelpingFR pour ce post tampon )
Voilà le chapitre VI qui va me permettre d'amorcer une nouvelle phase de l'histoire.
Par contre le rythme de publications risque d'être drastiquement réduit, entre les cours, les rapports à rendre et les oraux à préparer je risque de pas avoir beaucoup de temps libre

Chapitre VI

« De ce côté-ci, » dit le Chat, décrivant un cercle avec sa patte droite, « demeure un chapelier ; de ce côté-là, » faisant de même avec sa patte gauche, « demeure un lièvre. Allez voir celui que vous voudrez, tous deux sont fous. »

Un ronflement guttural dissipa bien vite la brume matinale qui embrouillait l’esprit de Ronan. Il ouvrit les paupières, fixant les fissures qui lézardaient le plafond. Ce ronflement familier, il l’aurait reconnu entre tous. Combien de fois l’avait-il entendu au cours de sa maigre existence ?
Combien de fois l’avait-il trouvé rassurant ?
Combien de fois en avait-il eu peur ?
Le jeune homme se leva et gagna la salle de bain à pas de loup. Il tourna légèrement le robinet, laissant un mince filet d’eau s’échapper et en profita pour se rafraichir le visage. De retour dans sa chambre, il enfila rapidement quelques habits, en gardant pour objectif de faire le moins de bruit possible. Dernière étape : traverser le salon pour atteindre l’entrée.

Alors que les sons qui s’échappaient de la bouche du Diable se faisaient plus intense à mesure qu’il ouvrait la porte, il pénétra dans la grande pièce. Ses yeux se posèrent instinctivement sur le vieux fauteuil qui trônait au centre, mais personne ne semblait s’y être endormi. Intrigué, il balaya l’endroit du regard. Rien. Pourtant les ronflements étaient bel et bien présents. Il avança sur la pointe des pieds, tentant d’identifier à l’oreille la source des sons rauques qui semblaient sortis d’une gorge torturée. Soudain, sa semelle rencontra une surface poisseuse. Il retira son pied dans un bruit de succion.
Le jeune homme toucha le bout de sa chaussure et porta la main à son visage. De la bière. Il suivit des yeux les gouttelettes qui constellaient le plancher. Celles-ci le menèrent jusqu’au canapé. Ronan ne l’avait pas remarqué au premier abord, mais ce dernier semblait avoir été déplacé d’une trentaine de centimètres par rapport à sa position initiale. Il le contourna et découvrit à même le sol un corps imposant. Celui de son père. Endormi.
Il baignait dans une petite mare d’alcool et serrait contre son ventre rebondi une bouteille vide. Son pantalon kaki présentait une large tâche sombre au niveau de l’entrejambe. Sa poitrine se soulevait et retombait, au rythme de sa lourde respiration. Ronan le contempla. C’était le genre d’instant qui déchirait son être tout entier. Le genre d’instant durant lesquels il ne voyait plus le Diable, mais une personne mal en point envers laquelle il était difficile d’éprouver autre chose que de la pitié. Son père, et rien d’autre. Conserver de la rancœur, de l’animosité ou de la haine envers celui sans qui l’on n’existerait pas est un acte compliqué. Les liens du sang demeurent puissants, et lorsque les yeux de Ronan se posèrent sur ce visage bourru, creusé, comme façonné par les épreuves et le temps, il ne pouvait s’empêcher d’y voir la personne qui l’avait élevé.
La personne qui l’avait aimé.
La personne qu’il avait aimé.

Sentant un sanglot remonter dans sa gorge, il détourna le regard. Laissant derrière lui le corps assoupi, il se dirigea vers la porte d’entrée. Entrouverte. Son père n’avait même pas pris la peine de refermer. Il sortit et s’engouffra vivement dans l’escalier. Une fois dehors, il s’adossa un instant au mur de l’immeuble pour regarder sa montre. Dix heures trente. On était mercredi, c’était donc la plage horaire idéale pour pouvoir croiser Ghalib qui, s’il était de sortie, avait neuf chances sur dix de se trouver au Mont. C’est donc tout naturellement vers la décharge que Ronan se dirigea. Sur le chemin, une gouttelette s’écrasa sur son front, annonciatrice d’une pluie fine qui ne tarda pas à se répandre sur la ville. Le fond sonore, à base de clapotis réguliers avait quelque chose de doux, d’apaisant.

À peine arrivé, Ronan sentit que quelque chose clochait. Une agitation peu habituelle animait le Mont. Les paroles semblaient fuser au sein des différents groupes de personnes et le brouhaha ambiant contrastait avec le temps gris et morne. La décharge semblait, à ses yeux, s’être transformée en un salon de thé et cette pensée amusa beaucoup Ronan. Cette impression se confirma lorsqu’il vit débarquer Ghalib, qui le rejoignit à grande enjambées :
— Hé mon gars, t’était où ?!
— Comment ça ?
— Hier ! T’était passé où ? reprit Ghalib. Je t’ai pas vu de la journée.
— Je suis resté chez moi, la flemme de sortir. Pourquoi, j’ai loupé quelque chose ? s’intrigua Ronan.
— Et comment ! Tu te rappelles de Georges ? Georges Dumail, le mec qui est en seconde ?
— Le petit gros ? Ouai vaguement.
— Hé ben ce gars-là a escaladé le Mont hier aprèm ! Tout le monde ne parle plus que de ça, c’était épique !
— Tu déconnes ? Georges Dumail ? Mais ce type pèse au moins cent kilos ! s’exclama Ronan.
— Ouaip ben en attendant c’est le seul à avoir eu les couilles de le faire. Il est pas arrivé jusqu’en haut mais il a attaché un ruban là où il s’est arrêté, juste avant de redescendre. Viens voir.

encore un chapitre qui se mange littéralement

la partie du milieu est parfaite et j’aime bien ces petites histoire en parallèle et c’est particulièrement bien amener.

2,3 petits truc :

Quand Ronan s’en va je verrais bien un petit dialogue du genre :
Ghalib a Ronan

-tu fais quoi la ?

-je m’en occuperais plus tard

pour la fin évidement c'est top mais a un moment je m'en suis douter, tu devrais peu être faire planer un peu plus le doute je sais pas trop comment avec une personne qui pourrais être Killian par exemple, je sais pas trop a voir !

bref encore un très bon chapitre ça va être dur d'attendre la suite

ON retourne un peu dans la vie quotidienne de Ronan. Décidément, cette montagne de déchet semble avoir une place importante pour qu'on s'y attarde autant
Le plot twist à la fin est vraiment pas. Hâte d'en savoir plus

Bon DomDomZ je viens de lire tes deux derniers chapitres (j'avais du retard à rattraper) et je dois dire que tu m'as plutôt impressionné ! A aucun moment ce n'était maladroit, je trouve que t'as progressé ! Ca y est je suis accro à ton histoire et j'ai vraiment envie de savoir, bravo, tu m'as eu... J'ai lu des débuts de romans publiés de soit disant auteurs français à la mode bien moins percutants... Je n'ai tiqué sur aucun passage contrairement aux premiers chapitres... C'est fluide et captivant jusqu'à ce dernier twist là... Hâte de te lire encore.

Bon j'arrête le cirage de pompes après ça va paraître pas sincère

Bon alors déjà je suis super content que ça vous plaise !

dream-writer Pour le dialogue c'est vrai que je pourrais le rajouter mais il faut que je vois comment je pourrais l'imbriquer là dedans.
Pour ce qui est de la fin par contre, je retiens ton idée pour la réecriture plus tard. Peut être que de la façon dont je l'ai écrit, le twist est pas hyper percutant parce qu'on s'en doute mais pourquoi pas un perso qui ressemble à Kilian, bonne idée !

HelpingFR Oui, je part du principe que quand je parle d'un élement, il n'est jamais anodin ou inutile, y compris les descriptions ( Bon à part pour un truc en particulier mais je vais voir si y a pas moyen de réintégrer ça à l'histoire )
Par contre j'ai pas compris ta phrase : " Le plot twist à la fin est vraiment pas." ?
Et ça me fait penser qu'il faut vraiment que je reprenne la lecture de l'esprit de l'école 2.0, ça fait un petit moment

pa-m Rhaaa merci pour tous ces compliments ( s'ils sont sincères bien sur ) Ça fait vraiment plaisir que tu vois une progression dans mon écriture dans les derniers chapitres. Et la fluidité c'est quelque chose que j'aimerais vraiment que mon récit ait donc heureux de savoir que t'as trouvé ça fluide !

Bon par contre voilà, pour les prochains chapitres non seulement il y a le temps à consacrer à l'écriture qui risque d'être réduit ( Mais ça c'est pas un gros problème, je trouverais toujours du temps) mais il y a aussi le scénario que j'aimerais vraiment consolider. Pour l'instant j'ai un plan assez précis des 5 prochains chapitres ( Bien que j'hésite à le modifier d'ailleurs ) mais il faut vraiment que je me penche sur l'après.
Donc voilà, je m'excuse si jamais le prochain chapitre arrive tard