Après l'opération séduction plus que réussie menée à l'E3, c'est plein d'espoirs et d'enthousiasme que l'on se dirige vers Amsterdam pour la grand messe de Microsoft version 2005, le X05. Heureux à l'idée de décortiquer les jeux next gen... Pourtant, c'est avec un sentiment mitigé de satisfaction et de déception, teinté d'inquiétude, que l'on revient de ce "trip" hollandais. C'est par une conférence bancale que se révèlent les premières failles. L'équipe de choc composée de J. Allard, Peter Moore, Robbie Bach et Chris Lewis nous sert une louche du discours tenu lors de la conférence E3, mais le public européen n'applaudit pas aussi facilement, laissant les chauffeurs de salle vivre un moment de solitude intense lorsque mister Allard nous montre une fois de plus les mini-jeux du Live Arcade. Tout au long d'une conférence torride, faute d'une salle assez vaste pour accueillir un gros millier de personnes, la dream team nous rappelle des features que tout le monde connaît déjà, la personnalisation du dashboard ou les façades interchangeables faisant office de "plus-produit" communautaire rappelant l'approche commerciale de Nokia avec ses téléphones. Le market place lui aussi revient sur les devants de la scène, plate-forme d'échange entre joueur ou joueur et développeur. On n'hésite pas non plus à rappeler les ambitieux objectifs du constructeur qui entend bien devenir le leader du marché, quitte, une fois encore, à perdre des sommes considérables. Un marché qu'il compte bien faire exploser en l'ouvrant à un public plus vaste que jamais grâce à une machine faisant office de media center. Vous avez le sentiment d'avoir déjà lu tout ça il y a quelque temps ? Aux environs du mois de mai ? Nous aussi. Alors oublions les beaux discours soporifiques et plein d'autosatisfaction pour nous pencher sur les jeux.
Mais là aussi, ce X05 laisse un goût doux-amer. Si on ne cesse de gratifier le nouveau pad pour son ergonomie, on se pose des questions sur son usage dans un proche avenir. Il est attristant de voir que les jeux les plus enthousiasmants sont sans doutes ceux dont la sortie est la plus lointaine. On pensera à quelques monstres tels que le superbe Gears Of War d'Epic, le prochain bébé de Bioware, Mass Effect ou encore le très prometteur Crackdown de Realtime Worlds. Plus près de nous, quelques titres tiennent leurs promesses, notamment celui qui attire toujours autant les foules, Project Gotham Racing 3. De même, le troublant Condemned : Criminal Origins ne laisse sûrement pas froid, pas plus que Kameo : Elements Of Power. Pourtant, combien de petites déceptions ramenons-nous d'Amsterdam. Pas de mauvais jeux à l'horizon, non, mais des titres manquant très clairement de finitions, techniquement peu aboutis à tout juste 2 mois de la sortie américaine de la console fixée au 22 novembre. Et que penser d'un Ghost Recon Advanced Warfighter qui se trahit par une version jouable fort éloignée des promesses de ses vidéos ? D'un Perfect Dark pas vraiment renversant et à l'IA plus que bancale ? Bien souvent, les jeux aperçus donnent tous le même sentiment : ils ne sont pas prêts. Et d'ailleurs, sont-ils les seuls ? Ce qui a finalement le plus manqué à ce X05, c'est la transparence nécessaire à l'évacuation de cette question lancinante. Peu de responsables à qui demander "de quand date la version ?" afin de nous rassurer sur l'état de la probable version finale et de nombreuses questions qu'on laisse sans réponse sous des prétextes parfois douteux. Paradoxalement, on rentre du X05 avec plus de questions et d'interrogations qu'en y allant. Microsoft n'a-t-il pas imposé des deadlines trop serrées à des développeurs qui peinent à terminer leurs jeux dans les temps ? Et lui-même, sera-t-il capable d'assurer sa propre part du marché, à savoir, alimenter les boutiques en console ? Une question à laquelle personne ne semble vouloir répondre. D'ailleurs, en passant, il est toujours impossible de définir un line-up de lancement clair et précis. Le manque de communication et de transparence a toujours eu le même effet pervers : attiser les paroles de mauvaises augures. Que Microsoft fasse mentir cette règle. Vouloir sortir le premier c'est une chose, mais au risque de donner dans le cliché en enfonçant une porte ouverte, gare à ne pas confondre vitesse et précipitation messieurs.