
Bien souvent dans les jeux vidéo, le joueur incarne un personnage empli de bonnes intentions et combattant le Mal pour sauver le monde de son triste sort. Grand Theft Auto balaye d'un revers de main ce cliché et vous propose d'incarner un gangster sans foi ni loi qui mettra tout en œuvre pour se faire un nom dans le «milieu», au cœur de trois mégapoles américaines. Provoquer des accidents de voitures, tuer des innocents ou des rivaux de gangs adverses, se lancer dans des courses-poursuites avec la police locale, tel sera votre quotidien à Liberty City, Vice City et San Andreas.

Après avoir révolutionné le genre des puzzle-games avec Lemmings, le studio DMA Design (connu aujourd'hui sous l'enseigne Rockstar North) se lance dans un nouveau défi : proposer aux joueurs un jeu d'action-aventure offrant une liberté totale et s'affranchissant sans complexe de l'image type du gentil héros qui sauve des pauvres innocents et tue de vilains ennemis. Car en effet, Grand Theft Auto ne se gêne pas pour dépeindre avec un certain cynisme les travers d'une société américaine puritaine qui fait du « politiquement correct » son étendard.
En marge des véhicules, on note également la présence de nombreuses armes et objets divers qui vous seront très utiles pour venir à bout des gangs armés ou de la police devenant un peu trop insistante. Le soft faisant abstraction de tout sens de la moralité, vous avez également la possibilité de tirer sur n'importe quel véhicule qui croise votre route ou de simples passants pour vous adonner à une folie meurtrière.
Autre originalité que propose le soft, la bande-son n'est pas diffusée en continue mais n'intervient que lorsque que l'on conduit. Chaque musique émane en fait de la radio du véhicule conduit, ce qui est une excellente idée et renforce l'immersion.
Concluons par le mode multijoueur qui permet de deux à quatre joueurs de s'affronter au sein d'une course de voiture prenant place dans l'une des trois villes, ou de combattre jusqu'à que mort s'en suive. Cette option est disponible via un réseau LAN ou via Internet par échange d'IP.
En somme, DMA Design nous offre une nouvelle perle vidéoludique qui donnera naissance à une licence aujourd'hui connue de tous que ce soit à travers les diverses polémiques suscitées par l'orientation volontairement choquante du soft ou plus simplement par la reconnaissance de mécaniques de jeu novatrices et déjà très avancées sur leur temps.
- Graphismes13/20
Pourvu d'une vue aérienne et de zooms incessants variant en fonction de notre allure, l'aspect visuel n'est clairement pas le point fort du jeu et demeure même assez déroutant lors des premières parties. De plus, même si chaque ville à son propre cachet et dispose de nombreux modèles de buildings et véhicules différents, une pixellisation un peu trop prononcée joue en défaveur du soft. Néanmoins, la sensation de vitesse est vraiment bien retranscrite et ne souffre d'aucun ralentissement. L'altération de la carrosserie des véhicules en fonction des dommages subis est assez convaincante.
- Jouabilité14/20
Alors que le vol de voiture se veut particulièrement rapide et intuitif, se déplacer dans les mégapoles américaines demande un certain temps d'adaptation au vu de la prise en main atypique de notre véhicule et personnage. Une fois ce petit obstacle surmonté, vous pourrez voguer librement dans ces immenses étendues de béton et commettre pléthores de méfaits comme bon vous semble. Même si les missions sont un tantinet redondantes, elles n'en demeurent pas moins divertissantes et soutenues. En outre, bien qu'une flèche vous indique toujours la localisation de votre objectif, avoir sous la main la carte de la ville et savoir l'utiliser tout en jouant vous sera souvent d'un grand secours pour ne pas vous perdre dans les méandres des trois villes immenses.
- Durée de vie16/20
Grand Theft Auto dispose d'un contenu plutôt fourni, jugez plutôt : 88 missions réparties sur trois immenses villes ouvertes s'étalant sur des centaines de kilomètres de bitumes, 105 véhicules différents tous pilotables, des dizaines d'armes et objets, 4 à 8 gangsters jouables selon les versions, autant dire que vous avez de quoi faire. Comptez 5 à 10 heures rien que pour boucler la campagne et au vu de l'énorme rejouabilité offerte par le jeu vous n'êtes pas près de quitter les trois mégapoles afin d'en dénicher tous les secrets et de vous adonner à des passe-temps aussi illégaux que jouissifs. Seule l'absence de réel système de sauvegarde s'avère assez frustrant. En outre, le mode multijoueur même s'il n'est pas très étoffé a le mérite d'exister et prolonge un peu plus la durée de vie déjà conséquente.
- Bande son16/20
Alors que durant de vos pérégrinations pédestres aucune musique ne vous accompagne, une fois confortablement installé dans un véhicule fraîchement volé un thème musical émanant de la radio de l'engin égaillera votre conduite. Ces derniers s'avèrent en plus particulièrement variés et de qualité, à l'image des quelques bruitages qui résonnent dans les tréfonds de cet enfer urbain.
- Scénario/
Le soft ne dispose pas d'une réelle trame mais est plutôt constitué de petites histoires mises bout à bout que seuls quelques ordres de missions retranscrivent. On apprécie toutefois le ton décalé employé qui parodie à merveille le franc parlé des gangsters américains, en tout cas de l'image que l'on s'en fait.
Le premier volet de Grand Theft Auto intègre des concepts de jeu particulièrement novateurs, bien qu'encore à l'état embryonnaire, qui n'hésitent pas à jouer avec nos pulsions les plus sombres pour les transcender à travers une expérience vidéoludique unique. Seules la vue aérienne et une prise en main atypique seront diversement appréciées mais il serait réellement dommage de se priver d'une telle virée dans les rues des trois mégapoles américaines, au risque de passer à côté de la naissance d'une licence mythique : GTA.