Au deuxième semestre 2002, alors que Tales of Destiny 2 est attendu de pied ferme au Japon, Namco propose quelques semaines avant sa sortie un opus secondaire en guise d'apéritif, comme il l'avait déjà fait pour Eternia. S'il s'agit encore d'un Narikiri Dungeon dont le principe est de proposer une pléthore de costumes différents pour faire évoluer ses combattants, le titre principal est cette fois inédit : Tales of the World. Derrière ce nom bien énigmatique se cache la possibilité de réunir les héros des différents opus de la série pour combattre à leurs côtés ! Tous ont répondu à l'appel, puisqu'il est possible de rencontrer les vingt-deux protagonistes bien connus, qu'il s'agisse de personnages principaux ou de figures secondaires telles que Suzu, Kongman ou Ras. Accros de la série de jeux de rôle, voici pour vous le premier épisode d'une longue lignée de fan service de qualité.

Outre cette approche originale, la recette reste la même dans les grandes lignes. Vous incarnez au choix un jeune homme ou une jeune fille, Frio ou Kyaro, dont la ressemblance avec les héros du premier Narikiri Dungeon est loin d'être fortuite, qui devront partir à l'aventure afin de résoudre le mystère qui entoure le grand arbre Yggdrasill. Pour les aider, la déesse Ada invoquera les héros de Tales of Phantasia, Destiny et Eternia, qui apparaîtront au compte-gouttes au fil des missions accomplies. En effet, le jeu se présente sous la forme d'une succession de quêtes à compléter, confiées par les différents habitants du village dans lequel vous passerez une grande moitié de votre temps. Cueillette de légumes, secours de villageois, chasse aux monstres… C'est uniquement en suivant ce chemin assez répétitif que vous avancerez dans une histoire très longue à se mettre en place, dans laquelle vos compagnons légendaires seront un à un possédés par un mystérieux Thanatos. Par ailleurs, une multitude de conversations entre les différents personnages reprenant le système de saynètes amené par Phantasia viendra agrémenter l'aventure d'humour et de bonne humeur.

Principale qualité de la série au fil des épisodes, le système de combat en 2D impose une fois encore son efficacité. Reprenant certains éléments instaurés dans Tales of Eternia, soit le mode manuel et la possibilité de sauter à volonté, il permet en effet des affrontements en temps réel rapides, dynamiques et bourrés d'effets spéciaux, dans lesquels un maximum de trois protagonistes affrontent un groupe d'ennemis. Chaque héros de la série est joliment reproduit et jouit de sa voix officielle pour crier à tout va le nom des attaques utilisées, techniques de corps-à-corps ou invocations destructrices. En outre, on prend plaisir à retrouver les mouvements caractéristiques de chacun ainsi que leurs phrases de victoire devenues cultes pour certaines, ce qui témoigne de l'application fournie pour respecter fidèlement les œuvres d'origine. L'unique bémol au milieu de ce sans-faute est l'obligation de garder les deux personnages principaux dans l'équipe, ce qui ne permet l'utilisation que d'un seul personnage star par combat, dont il est par ailleurs impossible de prendre le contrôle. Mais rassurez-vous, il existe bien un moyen de faire combattre Cless aux côtés de Stahn.

C'est là qu'intervient tout le large système de costumes. En effet, pas moins de deux cents habits différents sont proposés – dont beaucoup sont en réalité identiques mais dans des couleurs différentes – qui influent directement sur les capacités de vos héros. On retrouve donc les jobs les plus courants tels que l'épéiste, l'archer, le sorcier, le voleur ou encore le ninja. Outre diverses attaques spécifiques propres à chaque vêtement et à débloquer au fil de l'expérience, l'élément spécifique qui leur est assigné entre aussi en considération pour être plus efficace face à tel ou tel groupe de monstres. Enfin, certains costumes spéciaux permettent de se glisser directement dans la peau de certains personnages des Tales of. Contrôler Dhaos, le grand méchant de Phantasia, et lâcher son rayon laser à volonté ? Oui, c'est bien possible, et c'est on ne peut plus jouissif.

La carte du monde se présente sous la forme d'un paysage dans lequel les différentes destinations sont à sélectionner simplement avec un curseur. Directement issues des précédents volets, elles reprennent de célèbres donjons tels que la Mine de la Moria, le vieux Château de l'eau ou encore le Bois des chasseurs, dont l'intérieur vous sera fortement familier, et aussi certaines énigmes restituées à l'identique. S'il est clair que parcourir des dizaines de fois les huit seuls environnements du jeu s'avère très répétitif, on ne peut nier que leur modélisation est tout à fait irréprochable, offrant des graphismes beaux, soignés, colorés et vraiment réussis. Par ailleurs, le bestiaire regroupant un total de cent quarante-deux monstres issus également des opus de la série atteste lui aussi d'une diversité clairement appréciable. Pour finir, au milieu des quelques thèmes issus des précédents épisodes et plutôt bien convertis au format GameBoy Advance se trouvent des musiques originales qui collent parfaitement au ton de la série, comme celle des combats qui n'attendra pas pour se graver dans votre tête. En conclusion, Tales of the World Narikiri Dungeon 2 est une expérience de jeu nouvelle et réussie. Si la redondance incontestable des quêtes et des lieux visités peut rapidement lasser, c'est tout le vaste aspect customisation et surtout le contenu collector de la série qui fait son charme et qui rend ses parties agréables et prenantes. A conseiller surtout aux fans des contes de Namco qui, en attendant l'arrivée du prochain opus sur la nouvelle Playstation 2, rêvaient d'un regroupement entre les mondes de Phantasia, de Destiny et d'Eternia.